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Épisode 134 – Bad Ass Honduras
Je pari que vous en savez bien peu sur le Honduras!
Tout comme son voisin immédiat (El Salvador), le Honduras a la réputations la plus Bad Ass de tous les pays des Amériques en terme de dangerosité sur l’Échelle de « Va Pas Là ».
À l’heure actuelle, le Honduras se mérite même le titre peu flatteur de « pays le plus dangereux sur Terre en dehors des zones de guerre »! Un pays gangréné par une corruption systémique, des guerres de gangs… bref, vous voyez l’image.
Un peu stupide sur les bords, et désireux de découvrir le pays, je fesais fit des recommendations; je n’allais pas passer en coup de vent avec ma queue entre les jambes, comme la grande majorité des voyageurs. En fait oui… j’allais passer avec ma queue entre mes jambes… mais bon… vous comprenez l’expression 😉
Après tout, je n’étais pas « la plupart des voyageurs » et j’étais bien décidé à donner une chance au Honduras avant de le juger. On recommande de voyager avec les bus spécialement prévu pour les touristes ($$$)… j’allais voyager à la manière des locaux. Un peu de danger n’a jamais tué personne? Non?!?
Ajoutez à cela que je planifiais éviter le seul endroit vraiment touristique du pays; les Islas de la Bahia (les Iles de la Baie). Situées dans les Caraïbes, les iles Roatan & Utila sont de petits paradis sur Terre et peut-être le meilleur endroit dans les Amériques pour la plongé sous-marine.
Bref… vous comprenez l’idée…
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LE HONDURAS POUR LES NULS
Assurément le pays le moins touristique de l’Amérique Centrale, Honduras signifie « profondeur » en espagnol. C’est ainsi que le territoire fut nommé par nul autre que Christopher Colomb lors de son 3ème passage en 1502.
2ème plus grand pays d’Amérique Centrale, cette terre de café a la particularité d’avoir très peu (ou pas?!?) de volcan et d’être relativement à l’abri des tremblement de terre… dans les 2 cas une rareté en Amérique Centrale.
À l’arrivé des conquistadors, le peuple Lenca habitait les environs. Voyant clair dans le jeu des espagnols, ils les combattirent farouchement… en vain. La monnaie du Honduras (Lempira) est ainsi nommée en l’honneur du chef lenca qui mena la charge.
À l’époque coloniale, l’histoire est identique aux autres pays d’Amérique Centrale (sous la gouverne de la Capitainerie du Guatemala)… à la différence que le Honduras était le seul endroit de l’isthme à avoir des richesses à exploiter (de l’or).
Comme les autres, le Honduras obtint son indépendance de l’Espagne en 1821, joint le Mexique, se sépara du Mexique avec le reste des provinces d’Amérique Centrale pour former les Provinces Unis d’Amérique Centrale, et devint le pays que l’on connait aujourd’hui en 1838.
L’indépendance fut suivit par une succession de dictateurs… plus souvent qu’autrement à la solde des États-Unis.
1963 – Pour la 1ère fois de l’histoire, le gouvernement en place voulait réformer le pays pour lutter contre les iniquités, mais les États-Unis et les grandes entreprises internationales… qui faisaient leur pain et leur beurre sur le dos des honduriens… ne voyaient pas cela d’un bon oeil. La CIA fomenta alors un Coup d’État pour placer à la tête du pays un dirigeant qui avait à coeur les intérêts étrangers (en se foutant de la population).
L’histoire se répète en 2009 alors que le gouvernement voulait mener des réformes sociales qui déplaisaient aux multinationales. BOUM… l’armé hondurienne destituait le gouvernement (aidé par les États-Unis).
Le Honduras version 2017 est une contrée de forêts et de collines qui semblent s’étendre jusqu’à l’infini dans tous les sens… un pays à la paix fragile et en permanence à 2 doigts d’une guerre civile.
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TEGUCIGALPA
En plus d’être un nouveau mot utile pour les amateurs de Scrabble, c’est aussi le nom de la capitale du Honduras.
T E G U C I G A L P A, Tegus pour les intimes… que j’ai amicalement rebaptisé Ti-Gus…
Je m’attendais à une ville chaotique et bruyante. J’avais devant les yeux tout le contraire; une ville relativement tranquile et silencieuse… beaucoup mieux que 99% des villes sud américaines que j’avais vu auparavant.
N’empêche, il n’y avait rien à faire…
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LAGO DE YOJOA
Le « Vrai Honduras », comme plusieurs locaux se plaisent à le dire; loin de la criminalité de Tegucigalpa & San Pedro de Sula (la 2ème plus grande ville du pays… réputée pour être la 2ème ville la plus dangereuse au monde (en dehors des zones de guerre)), loin de toute ruine Maya (ci-bas), et des iles paradisiaques de la Islas de la Bahia.
Le Honduras à l’état pur, avec le plus grand lac du pays, entouré de la 2ème et 3ème plus hautes montagnes du pays, le tout enveloppé dans une forêt dense et à 2 pas de l’autoroute reliant Tegucigalpa à San Pedro Sula, la plus importante route du pays.
Ajoutez à cela que je tombais sur un hostel (D&D Brewery) qui brassait sa propre bière… pour faire changement des bières nationales de tous les pays d’Amérique Centrale… qui sont de véritable eau embouteillé…
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COPAN RUINAS
Après avoir passé en coup de vent San Pedro de Sula, je mettais le cap sur le nord-ouest du pays à la frontière avec le Guatemala; une contrée où la grande majorité des hommes portent des chemises longues, bottes de cuir, jeans et chapeaux de cow boy.
Bienvenue à Copan Ruinas, petit village perdu dans les montagnes, avec ses vieilles rues en pierre qui montent et descendent les collines.
Le village est la porte d’entrée de l’un des plus important site archéologique de l’Amérique Centrale. J’allais faire mes 1ers pas dans le monde Maya.
Parque Arqueologico Copan Ruinas
Avec les Incas (Amérique du Sud) et les Aztèques (Mexique), les Mayas sont assurément le peuple pré-colombien (avant l’arrivé des européens) le plus célèbre.
À leur apogée, l’Empire Maya s’étendait du Nord du Honduras, au Yucatan (sud-est du Mexique), en incluant la totalité du territoire du Guatemala et El Salvador.
La civilisation Maya est probablement la seule des grandes civilisations pré-colombienne à ne pas avoir été anéanti par les conquistadors. La raison est fort simple; l’Empire Maya était mort et enterré depuis 500-600ans à l’arrivé des européens. Les historiens s’expliquent mal qu’est-ce qui a pu causer son déclin, mais il est très probable qu’elle ait connu le même sort que la quasi totalité des grandes civilisations avant elle (Égyptiens, Grec, Romain, Perse, etc.); l’autodestruction.
De l’an 250 à 900 de notre ère, Copan fut l’une des cités phares de l’Empire Maya. La civilisation Maya était avancée dans bien des domaines (calendrier maya, etc.), si bien qu’ils ont installé Copan au beau milieu d’une vallée fertile, où passait une importante rivière, et ceinturé de collines recouvertes de forêts. Climat parfait à longueur d’année, sol fertile et paysage intéressant.
Dans la plaine, les Mayas cultivaient le mais, les pois chiche, le tabac, le café et le chocolat (toutes des espèces endémiques au Nouveau Monde). De la forêt, les Mayas obtenaient tous le reste; viande, bois et médicaments.
À son apogée au 8ème siècle, plus de 28000 personnes vivaient dans la cité. Tout ce qui monte doit redescendre… qui dit apogée dit déclin… de cette grande cité Maya, aux nombreux temples et pyramides, ne reste plus que de gros tas de pierres recouverts de végétation.
Peut-être qu’un jour les humains du futurs regarderont ce qui reste de notre civilisation actuelle de la même façon que nous regardons ces ruines?
Quoique se trouvant au beau milieu du Honduras loin des océans, Gracias fut le 1er village fondé au Honduras.
Fondé en 1522 sous le nom de « Gracias a Dios (Merci à Dieu) », on raconte que ce nom lui fut donné puisque les conquistadors marchaient depuis déjà plusieurs jours dans la jungle, et étaient un peu désespéré, lorsqu’ils sont tombé sur cette vallée parfaite pour y installer une colonie.
Gracias fut nommé la Capitale de la colonie espagnole en Amérique Centrale de 1544 à 1548… avant que les pouvoirs soient transférés à Antigua (Guatemala).
La ville tomba rapidement dans les oubliettes de l’histoire dû à son isolement, de sorte que marcher dans ses rues colorées donne l’impression de retourner plusieurs siècles en arrière.
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Seulement 7 jours au Honduras. C’est bien peu!
En 7 jours j’aurais tout de même vu la capitale, le plus grand lac du pays, l’ancienne capitale d’Amérique Centrale et le 3ème plus important site de la civilisation Maya.
Sans dire que la réputation du Honduras est non fondé, elle est largement exagéré. À entendre tout ce qu’on racontait à propos de ce pays, je m’étais construit une chimère plus vrai que vrai. La vérité est tout autre; le pays me donne l’impression d’être l’un des plus civilisé que j’ai vu en Amérique Latine.
Pour l’heure, direction le El Salvador!
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P.S. I – Aussi surprenant que cela puisse paraitre pour un pays dangereux et peu touristique, les 4 Auberges où j’ai séjourné au Honduras sont facilement dans mon Top 10 (sinon mon Top5) de TOUS les auberges où j’ai séjournée depuis le début de mon voyage il y a plus de 500jours
– La Ronda Hostel – Tegucigalpa
– D&D Brewery – Los Naranjos / Lago de Yojoa (WOW)
– Iguana Azul – Copan Ruines
– Jardin Cafe – Gracias
P.S. II – le Honduras marque un changement radical dans la nourriture. Alors que l’alimentation de base de quasi tous les pays d’Amérique Latine plus au sud tournait autour du arroz & frijoles (riz et fèves), avec le Honduras on se tourne définitivement vers la nourriture mexicaine à base de pita/quesadillas/pain de mais.
Épisode 133 – Nicaragua; Granada vs Leon… et des Volcans Surprenants
🎶 Vive le chauffeur d’autobus… d’autobus… d’autobus…
Vive le chauffeur d’autobus… c’est un bon gars… 🎶
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Le Nicaragua… où comment transformer un trajet de bus en une aventure…
Retour en enfance au Nicaragua! Pas le genre de retour en enfance nostalgique… oh que non!!!
Voyager au Nicaragua à la manière des Nicas signifie voyager à bord de bus jaune!
Vous savez les bus scolaires pour les enfants du Primaire/Secondaire? Eh bien ils utilisent les mêmes bus pour leurs transports publics. Au passage, ils ont trafiqué les mufflers pour avoir un son d’enfer (c’est réussit!) et les ont rebaptisés « Chicken Bus (Transport de Poulet) ». Le nom n’a pas été choisi au hasard; on y est (au mieux) entassé comme des sardines…
Donc… les bus où on corde 3 enfants de large sur des sièges étroits, et où j’avais de la difficulté à entrer mes jambes entre les banc à 12ans… eh bien au Nicaragua ils tentent (et réussissent) à corder 3 adultes par banc… et mes jambes ne rentrent toujours pas entre les bancs à 32ans.
À la minutes où le bus arrive, les gens se ruent (le mot n’est pas assez fort) à l’intérieur; tout le monde veut entrer en même temps et de partout (devant, derrière, les parents font passer les enfants par les fenêtres, etc.)… et pour cause. Ça va brasser! Avez-vous déjà vu un bus scolaire rouler à plus de 100km/h sur une route de campagne?!Et si vous faites la gaffe d’aller au milieu du bus, et que vous n’allez pas jusqu’au bout du trajet, bonne chance pour sortir!!!
Bref… fini le pleurnichage. J’imagine qu’un gars qui voyage depuis 500 jours aura de la difficulté à vous faire pleurer 😉
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GRANADA VS LEON
Granada et Leon; les 2 plus vieilles villes du Nicaragua, et 2 des 10 plus vieilles villes sur le Nouveau Monde.
Granada et Leon; 2 villes qui n’ont jamais pu se sentir! 2 éternelles rivales qui ont multipliées les coup bas au fil du temps pour prendre l’ascendant sur l’autre (allant même jusqu’à la Guerre Civile et mettre à feu et à sang l’autre ville).
Granada et Leon; 2 villes qui n’ont tellement jamais pu s’entendre, que lors de la création du pays, toutes les 2 voulaient devenir la Capitale, mais voulait encore moins que l’autre soit l’heureuse élue… si bien que Managua, une ville obscure à mi-chemin, fut l’heureuse élue.
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GRANADA
Fondé en 1524 en l’honneur de Granada (Espagne), le dernier bastion Moors (musulman) qui venait de tomber lors de la reconquête, Granada (Nicaragua) est réputée comme la plus vieille et plus belle ville du Nicaragua.
À l’époque coloniale, et aussi bizarre que cela puisse paraître en regardant la carte du Nicaragua, Granada était un important port… dans les Caraïbes. En effet, le Rio San Juan (qui longe la frontière avec le Costa Rica) relie la mer des Caraibes au Lago Nicaragua… et Granada se trouve sur les berges du Lago Nicaragua.
Si les espagnols pouvaient accéder au Lago Nicaragua, les pirates anglais/hollandais/francais le pouvaient aussi, si bien que la ville fut souvent attaquée par les pirates.
Granada Version 2017 est une ville pleine de couleurs, qui me faisait beaucoup penser à Tribidad (Cuba).
À 2 pas de la ville se trouve le Volcan Masaya. Encore actif de nos jours, il est parfois possible de voir de la lave dans le cratère. Les experts disent que le volcan fut le théâtre d’une des plus grosses explosions que la Terre ait jamais connu il y a environ 10000 ans.
Laguna de Apoyo
Aussi à proximité de Granada se trouve un autre volcan… un peu différent.
Éteint depuis plus de 23000ans, le cratère de Apoyo s’est depuis transformé en un immense lac aux eaux plus bleu que bleu et atteignant une profondeur de plus de 200m. Je n’ai JAMAIS nagé dans un lac aux eaux aussi clair. Apoyo est réputé comme étant le lac aux eaux les plus pure de l’Amérique Central.
C’est un espèce de Beach Resort… dans un volcan…
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LEON
Fondé en 1524, Leon, de son nom complet (prenez une grande respiration) « Santiago de los Caballeros de Leon » se trouve à quelques km de l’océan pacifique.
L’actuel Leon est en fait le 2ème Leon; le 1er site ayant été détruit par une éruption volcanique, pour être reconstruit à une cinquantaine de km du site original en 1610.
Quoique moins « historique » que Granada, la ville comporte la plus grande Cathédrale d’Amérique Centrale et 3ème en Amérique Latine.
La véritable attraction des environs est la Cordillera de Los Maribios; une chaine de volcans formant une ligne presque droite qui découpe la plaine en parallèle à l’océan à une cinquantaine de km de la cote.
Vous ne battrez aucun record d’altitude en atteignant le sommet de ces volcans, mais des volcans surprenant chacun à leur facon.
Le Volcan Momotombo (@1279m), sur le bord du Lago Managua, est le volcan qui transforma Leon Viejo (le 1er site) en un tas de cendre, est réputé comme la plus belle ascension au Nicaragua, tandis que le Volcan San Cristobal (@1745m) est réputés comme étant la plus difficile… mais tout 2 sont inaccessibles en ce moment en raison d’une activité volcanique trop importante.
J’allais donc me rabattre sur 2 (surprenant) volcans de « consolation ».
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Volcan Cerro Negro (@725m)
Formé en 1850, Cerro Negro est le plus jeune volcan du Nicaragua. Au cours de ses 150 années d’existence, il a « grandi » de plus de 400m, mais est toujours exempt de toute végétation, étant un gros tas de roches/sable volcanique, ce qui contraste grandement avec son environnement verdoyant.
Cerro Negro est le théâtre d’une activité hors de l’ordinaire; le « Volcano Boarding »… qui consiste à descendre les flancs du volcan en luge… oui oui en luge… (presque) comme sur la neige… sauf que ça fait mal si tu te plante.
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Volcan Telica (@1061m)
Avez-vous déjà rêvé de vous tenir sur l’arête d’un volcan actif, à 2 pas (littéralement!!!) du cratère crachant une immense colonne de fumée en permanence?
Vous voulez voir le Centre de la Terre… sans aller au Centre de la Terre?
Le Volcan Telica est l’occasion rêvé pour cocher ces 2 éléments de votre « Liste de Choses à Faire »!
La majorité des randonneurs passent par une agence de plein air, mais il est tout à fait possible d’y aller en solo.
Un chicken bus depuis Leon jusqu’au village de San Jacinto (trajet de 30min) et vous vous trouvez au début du sentier.
Quelques heures à arpenter un sentier rocheux passant au travers de plantations, puis bifurquant dans une forêt, et vous vous retrouverez dans une plaine parsemée de roches volcaniques et avec la bouche fumante de Telica directement devant vous.
Telica est comme une gigantesque marmite qu’on aurait laissée bouillir trop longtemps sur le four et dont le capot peut exploser à tout moment…
Vous vous approchez, et vous approchez encore… et encore… jusqu’au point au vous êtes sur l’arête du cratère. Vous êtes tellement près du rebord qu’un pas de plus résulterait à une mort quasi certaine (et extrêmement pénible). À vos risques et périls. Aucune barriere, ni signe ne vous dira de faire attention ou de ne pas avancer trop près.
On raconte que le plus grand danger n’est pas une éruption, mais plutôt d’être sur l’arête du volcan lors de l’un (des très fréquents) tremblement de terre qui frappe l’Amérique Centrale (risque d’effondrement).
Sur le rebord, une intense senteur de sulfure (ça sent les oeufs pourris) envahi vos narines, la fumée brule vos yeux quand le vent souffle dans votre direction, et vous entendez la lave dans le fond du cratère… comme si de l’eau bouillait. Bref, un endroit charmant!
Une fois le super coucher de soleil passé et la nuit tombée, c’est là que le véritable spectacle commence; vous pouvez apercevoir la lave rouge dans le fond du cratère.
Et j’allais dormir à moins de 100m du cratère (il y a un site de camping) 😉
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05.40 – Le soleil sur le point de se lever, j’admirais le panorama, déjeunais en vitesse, remballais mes trucs, redescendais la montagne, et partais sous d’autres cieux.