
Épisode 114 – Guyana; A feel of India
Un arrière gout d’Inde… Un arrière gout de chaos… À peine arrivé, que je ne voulais pas y rester une minute de plus…
Bienvenue en Guyana!!!
Ce n’est pas le bout de l’Amérique du Sud géographiquement parlant, mais ça l’est culturellement.
À peine sorti du traversier en provenance du Suriname que la réalité frappait fort; j’avais l’impression d’être de retour en Inde… un Inde qui aurait fusionné avec l’Afrique noire. C’était le BORDEL dans les rues; pollution, animaux en liberté (vaches, ânes, chevaux, chèvres, name it) & pollution sonore (klaxon).
On raconte que la population de Guyana se trouve sur la route longeant l’atlantique entre le Suriname et la capitale, et que le reste du pays est vide. Je l’espère de tout coeur puisque tout ce que nous pouvions voir durant le trajet de 200km entre la frontière et Georgetown était une interminable succession de bâtiments s’entassant les uns sur les autres sur le bord de la seule route du pays. Les villages se succédaient à un rythme infernal sans que l’on voit une véritable limite entre chacun… la bande de bâtiments ne s’arrêtait jamais.
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GUYANA POUR LES NULS
Colonie hollandaise de 1607 à 1814, puis colonie anglaise de 1814 jusqu’à son indépendance en 1966, la « République Co-operative de Guyana » est la plis populeuse des 3 Guyane. Ses 800000 habitants sont bien peu, mais assez pour être supérieure au total du Suriname et de la Guyane Française.
Faits particuliers;
– plus de 45% de la population est d’origine indienne, 30% noir, 15% créole, 10% amérindien et moins de 1% blanc,
– Bien que situé sur le continent sud américain, Guyana fait officiellement parti des Caraïbes.
– Guyana a une frontière terrestre commune avec le Venezuela, mais il n’y a aucun moyen de traverser d’un pays à l’autre.
– Guyana recoit moins de 10000 touristes par année. C’est moins de touristes que Machu Picchu en 1 mois. La Guyana n’est pas du tout faite pour les backpackers, étant totalement orienté sur le touriste de luxe. Il est rare de voyager dans le pays sans guide… rare mais pas impossible 😉
– Guyana a le plus haut taux de suicide de tous les pays sur Terre.
– La langue officielle du pays est l’anglais, mais la plupart des habitants parlent un créole à base d’anglais totalement incompréhensible.
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GEORGETOWN – IL FUT UN TEMPS…
Cela fait maintenant 50ans que la Guyana a obtenu son indépendance du Royaume-Unis. Cela fait très probablement 50ans que Georgetown, la capitale du pays, tombe en décrépitude.
Surnommée « The Green City (La Ville des Jardins) », on peu facilement imaginer que la ville a autrefois été très belle, avec des canaux (petites rivières) dans presque toute les rues et de vieilles constructions en bois, de grands espaces verts… mais toute cette beauté est enseveli sous une énorme couche de poussière et de pollution. Soyons honnête, Georgetown version 2017 est un trou à ras, la plus laide capitale d’un pays sud américain.
Seawall / La Digue
Pourquoi faire simple quand on peu faire compliquer?
Georgetown et presque toute la cote de Guyana se trouve quelques mètres en-dessous du niveau de la mer (typiquement hollandais).
Au milieu du 19ème siècle, un gigantesque mur de béton de 250 KILOMÈTRES de long fut construit pour séparer l’océan de la terre et éviter les inondations. Le mur débute à Georgetown et se rend jusqu’à la frontière avec le Suriname au sud.
N’empêche, les terres sur lesquelles sont construit Georgetown et la plupart des villages sont des terres inondables. Il a plu durant 2 heures à notre arrivé et les rues se sont transformées en piscines. Je n’imagine pas comment ça peut-être durant la mousson, alors qu’il pleut continuellement.
L’architecture des bâtiments de Guyana s’est d’ailleurs adapté à cette conditions; la plupart des bâtiments sont des constructions de 1 étage sur pilotis.
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LE VÉHICULE MAUDIT
Au Revoir océan Atlantique et cote est de l’Amérique du Sud. Nous quittions Georgetown et commencions notre périple vers le centre du continent sud américain, périple qui nous mènerait éventuellement à l’amazone (le fleuve et la jungle).
La route jusqu’à notre prochaine destination s’annonçait longue et pénible; 400km à travers jungle et savane… 400km à rouler sur une tranchée orange (ils appellent ça une route ici) complètement défoncée… 400km entassé comme des sardines dans un vieux minibus.
Oubliez les bus de nuit version Amérique du Sud avec a/c et siège inclinable, le transport en Guyana se compare plutôt avec celui au Madagascar.
Dans un premier temps, la « route » pénétrait dans la forêt Iwokrama, considéré comme l’une des plus vieille forêt et l’un des endroits offrant la plus grande biodiversité sur Terre.
00.30 – Après avoir fait un flat quelques heures plus tôt, c’était maintenant au tour de la batterie du véhicule de rendre l’âme. Résultat; nous allions passer le reste de la nuit entassé dans le minibus, au milieu de la jungle et sous une pluie diluvienne.
14.00 – Après avoir été remorqué jusqu’à un poste militaire quelques km plus loin, et avoir attendu toute l’avant-midi notre chauffeur aille chercher un mecano à moto, le véhicule était enfin réparé et nous pouvions reprendre la route.
18.00 – Nous arrivions juste à temps à la rivière Essequibo pour prendre le dernier traversier de la journée, admirer le coucher de soleil au passage, et continuer notre route.
21.30 – Quelques 27 heures et 400km après avoir quitté Georgetown, nous émergions de la jungle et l’horizon s’ouvrait devant nous. C’était la fin de ce qui avait été ma pire run de « bus » sur le continent.
Bienvenue à Annai, l’un des premiers villages du Rupununi, la savane guyanaise, communément appelé le Far West Guyanais!
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LE FAR WEST GUYANAIS
La Guyana offre un contraste des plus marqué entre la cote Atlantique, où 95% de la population du pays habite, et est à majorité noire et indienne, et l’intérieur des terres, composé de jungles et de grands espaces vide, et habité par des communautés amérindiennes depuis la nuit des temps.
Nous voici donc au coeur de la savane guyanaise, un endroit qui ne manque pas de me rappeler les grands espaces sauvages de la savane africaine (Tanzanie); terre rouge orangé sur fond de plaines toutes vertes.
Annai, est un minuscule village situé sur une toute aussi minuscule colline au milieu de la savane. Ses 450 habitants en font le village le plus important à des centaine de kilomètres à la ronde. Partout autour, nous pouvions apercevoir d’autres minuscules villages pousser dans la savane.
Le village en sois était sans aucun intérêt, tout le contraire du paysage environnant. D’un coté, il y avait la jungle qui se terminait tel un mur. De tous les autres cotés, il n’y avait que le tapis vert de la savane qui s’étendait jusqu’à perte de vue… et encore plus.
La vie dans le Runupuni est des plus simple; pas d’électricité le jour, générateur la nuit, les constructions sont principalement de simples constructions en paille, au mieux il y aura une petite construction en brique, construction qui servira de chambre pour toute la famille. Il ne semblait pas non plus y avoir de « pattern » pour où les gens construisaient leur maison dans la plaine. Cela donnait l’impression que la totalité de l’endroit appartenait à la communauté.
Nous pouvions difficilement étre dans un endroit plus reculé; une région reculé de Guyana, un pays que personne ne connait.
Je crois que ce qui m’a le plus marqué de l’endroit est l’absence totale de clôture. Nous aurions pu marcher dans n’importe quelle direction sans aucun obstacle. Encore plus surprenant, nous n’avons vu aucun champ de culture (pas même un petit jardin à coté des maisons). On raconte que le sol du plateau guyanais est trop pauvre pour qu’il pousse autre chose que de l’herbe. Cette herbe est cependant bonne pour nourrir le bétail. Les habitants du coin ont donc beaucoup de vaches.
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LETHEM
Annai désormais derrière nous, nous étions en route pour Lethem; capitale du Rupununi, endroit tout sauf mémorable et… ville frontière avec le Brésil.
Brésil nous (re)voila!
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P.S. I – Commentaire le plus drôle que j’ai entendu en Guyana; s’adressant à moi et tentant de m’impressionner « il peut faire vraiment froid la nuit… des fois le thermomètre descend à +23 degrés celsius »… eh ben… difficile à croire… 😉