
Épisode 128 – Viva Cuba; La Havana
29 Juin 2017
Quelques heures après avoir quitté l’Amérique du Sud pour de bon, notre avion se posait sur le tarmac de l’aéroport de la capitale de la plus grande ile des Caraïbes.
Une fois passé au travers de l’INTERMINABLE queue pour l’immigration, nous étions officiellement à Cuba.
Bienvenue à La Havana!
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CUBA POUR LES NULS
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’ile de Cuba a une histoire qui sort de l’ordinaire.
Ce serait faite une grave erreur que de résumer cette histoire à la Révolution Castriste, au régime « communiste (socialiste) » qui s’en suivit, et à l’embargo américain qui prévaut depuis.
1492
Christophe Colomb foule le sol de Cuba (à Baracoa) lors de son 1er voyage dans le Nouveau Monde… croyant que c’était l’Asie. Il fait alors connaissance avec le peuple indigène Taino, qui occupait la partie sud de l’ile.
1511
Baracoa devient la 1ère installation permanente espagnole sur l’ile.
1515
Avant 1515, les espagnols créeront 5 autres colonies sur l’ile, dont Santiago de Cuba, Trinidad et San Cristobal de la Habana.
1550
Les Taino furent presque complètement exterminés en moins de 40 ans d’occupation espagnole.
Malgré tout, ils laissèrent leur marque dans l’histoire. C’est sur l’ile de Cuba que les européens ont été introduit au tabac (tobacco) pour la 1ère fois.
Les mots « Cuba », « Habana », « Canoe » « Tobacco », « Tornado » et plusieurs autres sont d’ailleurs des mots Taino qui ont été adoptés par les langues latines.
1898
Sucre, café et tabac étaient (et sont encore) les principales cultures sur l’ile. Comme presque toutes les autres colonies du Nouveau Monde, l’ile fut fortement marquée par l’esclavage.
Vers la fin du 18ème siècle, l’ile fut momentanément capturée par les britanniques, qui la retournèrent aux espagnols en échange de la Floride (alors colonie espagnole).
Cuba demeura une colonie espagnole jusqu’en 1898, alors que les États-Unis « chassèrent » les espagnols de l’ile… simplement pour installer un Protectorat Militaire avec à sa la tête une série de Dictateurs à la solde des USA.
1952
Du début du 20ème siècle, jusqu’à la fin des années 50, Cuba, principalement La Havane, était LA destination par excellence pour les américains.
À l’époque, plus de 80% des entreprises & hôtels de l’ile étaient contrôlés par des propriétaires américains. À elle seule, la Mafia New-Yorkaise contrôlait tous les casinos de l’ile (comme on peut le voir brièvement dans le film « Le Parrain II »).
Fulgencio Batista, le Dictateur de l’époque, n’était qu’un pantin à la solde des intérêts américains. La classe dirigeante s’enrichissait au détriment du peuple qui mourait de faim.
C’est dans ce contexte que Fidel Castro, alors à la tête du mouvement étudiant de la Universidad de La Habana, commença à pourfendre publiquement la dictature, demandant qu’on rende Cuba aux cubains.
1953
Le 26 Juillet 1953, le groupe étudiant allait laisser tomber les manifestations pacifiques, se radicaliser et perpétrer leur 1ère action armée; l’attaque du Baraquement Militaire Cuartel Moncada, situé en plein coeur de Santiago de Cuba (2ème ville du pays).
La « Lucha Revolucionara » était née…
L’attaque fut un échec sur toute la ligne, la plupart des rebelles furent tués, et les quelques survivants (notamment Fidel & Raul Castro) furent condamnés à 15ans de prison.
1955
Après 2 ans de prison, les rebelles reçurent un Pardon et furent envoyés en Exil au Mexique.
C’est au Mexique que le Movimiento 26 de Julio (mouvement de libération de Cuba… avec à sa tête Fidel) allait véritablement prendre forme.
1956 – 1er Janvier 1959
Le 2 décembre 1956, Fidel et 81 guérilleros quittaient le Mexique à bord du bateau « Granma ».
Les troupes du Régime Batista avaient eu vent de leur arrivé. Le débarquement fut une véritable boucherie; seul une dizaine de guérilleros survécurent, dont les frères Castro et un dénommé Ernesto « Ché » Guevara… alors un pur inconnu.
Les survivants se réfugièrent dans la Sierra Maestra, la jungle montagneuse au sud de l’ile, pour reprendre des forces et rallier de nouveaux membres à leur cause.
S’en suivirent de violents combats en 1957 & 1958, les troupes de Castro prenant petit à petit l’ile… jusqu’à la capitulation officielle du régime Batista le 1er janvier 1959.
Fidel Castro était désormais le seul maitre à bord!
1959
La Révolution Cubaine fit en sorte de faire basculer Cuba dans un régime socialiste (communiste), de se rapprocher de l’Union Soviétique et de s’aliéner les États-Unis.
Au beau milieu de la Guerre Froide, les États-Unis ne supportaient pas que Cuba, située à moins de 100km nautique de la cote américaine, se rapproche de leur ennemie jurée. Cela représentait une menace directe à la sécurité du pays de l’Oncle Sam.
Avril 1961 – La Batalla de Giron
La fameuse bataille de la « Baie des Cochons » (un baie situé sur la cote est de Cuba). La CIA, avec l’aide d’opposants au Régime Communiste sur l’ile, avait planifié l’invasion de Cuba avec pour but de destituer le gouvernement Castro (leur mettre une balle dans la tête), et d’installer un nouveau Dictateur à la tête du pays… un Dictateur favorable aux intérêts américaines.
L’Invasion fut un échec sur toute la ligne et renforça la méfiance de Castro envers les américains.
À partir de ce moment, Castro se mit à éliminer ses opposants politiques et toutes personnes s’opposant au Régime.
Février 1962 – Embargo
Après l’échec du Coup d’État et que le gouvernement Castro ait nationalisé la totalité des entreprises américaines en sol cubain, il apparaissait maintenant clair que Cuba n’avait pas les intérêts américains à coeur.
Le 3 Février 1962, les États-Unis apposèrent un Embargo Économique sur l’ile de Cuba.
L’Embargo interdisait à toutes entreprises américaines de faire affaire avec Cuba, et interdisait aux américains de voyager sur l’ile.
L’Embargo concernait uniquement Cuba & les USA, si bien que les autres pays continuèrent à faire affaire avec Cuba.
Les États-Unis ont travaillés fort en coulisse pour menacer (de représailles ou de tout simplement cesser de faire affaire avec eux) chaque pays ayant des liens avec Cuba… si bien que Cuba se retrouva rapidement isolée sur la scène internationale.
L’Embargo fut assoupli par l’administration Obama, mais demeure toujours en vigueur de nos jours.
1962 – Crisis de Octubre
La Crise d’octobre, plus connu sous le nom de « La Crise des Missiles Cubains ».
Les États-Unis ayant installé une panoplie de missiles nucléaires dans les pays bordant l’URSS, l’Union Soviétique avait bien l’intention de faire de même.
Les États-Unis avaient cependant eu vent de cargos russes m faisant route vers Cuba… avec tout sauf de l’aide humanitaire à leur bord.
Ils donnèrent alors un Ultimatum à la Russie; les cargos devaient rebrousser chemin, avant de franchir une frontière imaginaire fixée par les américains, sinon…
Fidel, et surtout Ché Guevara (alors ministre important sous le gouvernement Castro), insistaient pour que la Russie n’acquiesce pas aux demandes américains.
À Minuit Moins Une sur l’Horloge de la Fin du Monde, la Russie et les États-Unis en venaient à un accord; la Russie allait retirer tous ses missiles déjà en sol cubain. En échange, les États-Unis n’envahiraient pas Cuba.
Octobre 1962 passa à un cheveux d’être le Jour J du début de la 3ème Guerre Mondiale. Le monde comme on le connait aujourd’hui ne serait pas le même si les astres n’avaient pas été alignés ce jour là.
Si vous voulez voir la version américaine de cette Crise, je recommande l’excellent film JFK mettant en vedette Kevin Costner.
1990
Jusqu’aux années 90, Cuba fut plongée dans un Système Isolationnisme (refermée sur elle-même).
L’effondrement de l’Union Soviétique fit en sorte que Cuba perdit son plus grand allié… et le support financier qui venait avec.
Cuba dû alors s’ouvrir sur le monde pour trouver de nouvelles sources de financement.
C’est ainsi que l’ile commença à offrit ses plus belles plages (Varadero, Cayo Coco et GuardaLaVaca) au tourisme international (principalement les européens et canadiens).
« Hasta Siempre Comandante Fidel »
De nos jours, Fidel Castro est mort et enterré (depuis peu), Raul Castro a prit sa succession depuis une dizaine d’années, Cuba est toujours considéré comme un pays du Tier Monde (pauvre), mais ils ont l’un des meilleurs système de santé & d’éducation au monde.
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LA HABANA
La Havane, La Havana, Habana (nom original)… du pareil au même…
Bienvenue dans la plus grande ville des Caraïbes (12 millions d’habitants). Ce fut un coup de foudre au 1er coup d’oeil entre moi et Habana.
Un peu vieux, pas mal délabré, mais la magie opère; de vieilles voitures américaines et russes dans les rues (que les cubains se lèguent de père en fils), des bâtiments de toutes les couleurs (surtout pastel), des rues dignes de cartes postales… Habana ressemble à un musée à ciel ouvert…
Fondé en 1515 sous le nom de San Cristobal de la Habana, un mélange de nom catholique (San Cristobal) et indigène (Habana), La Habana fut la 6ème ville fondée sur l’ile par les espagnols.
N’ayant aucune véritable richesse (or, argent, etc.), Cuba, et particulièrement La Havane, était d’une grande importance dû à leur position en chemin entre le Nouveau Monde et l’Espagne.
Vers la fin du 16ème siècle, les espagnols commençaient à en avoir ras le bol des attaques de pirates anglais, français et hollandais sur leurs galions chargés de richesse lorsqu’ils faisaient route vers l’Espagne.
La couronne espagnole ordonna donc à tous bateaux devant franchir l’Atlantique de se regrouper dans la baie de La Havane, un endroit naturellement protégée et seulement accessible de l’océan par un étroit canal protégé par 2 grosses forteresses, notamment la « Fortaleza de San Carlos de la Cabana », aujourd’hui reconnue comme la plus grande forteresse de toutes les Amériques.
La flotte de bateaux voguerait ensuite vers l’Espagne escortée par l’Armada Espagnole (navires de guerre).
Dès lors, La Habana allait devenir un lieu de transit impossible à manquer.
Au milieu du 18ème siècle, La Habana comptait plus de 70000 habitants, faisant d’elle la 3ème plus grande ville des Amériques (derrière Lima et Mexico City, et devant Boston et New York).
Au début du 20ème siècle, et jusqu’à la Révolution de 1959, La Havane était LA Capitale du jeu, devançant de très loin Las Vegas.
Tout cela est un passé désormais révolu… mais il n’est pas loin le temps où La Havane regagnera ses lettres de noblesses.
Pour l’heure, Habana ressemble à une ville de l’ancienne Union Soviétique. Les gens ont accès à l’eau potable seulement quelques heures par jour et les magasins sont toujours en rupture de stock. Il vaut mieux se lever tôt et être patient pour se procurer des trucs élémentaires (dentifrices, etc.); il faut attendre une bonne heure à la file indienne pour se faire servir dans les magasins… et il faut prier pour que notre truc soit encore là à notre tour.
La Malecon est le coeur et l’âme de Habana.
Du lever au coucher du soleil, tout ce que vous risquez de trouver sur l’avenue de plus de 8km bordant l’océan sont des pêcheurs.
L’ambiance change du tout au tout au coucher du soleil alors que les cubains transforment la promenade en un party à ciel ouvert. Les samedi soir, tout Habana descend faire la fiesta sur la Malecon. Des fêtes de quartiers, avec des BBQ et des concert, sont présents un peu partout sur le boulevard.
En plus d’être un boulevard/promenade, la Malecon a aussi une fonction pratico pratique; c’est une digue de 6 mètres de haut protégeant La Havana contre les sévices de la mer.
Fondée au 18ème siècle, l’université est l’Alma Mater des frères Castro et de plusieurs autres activistes cubains.
Au fait, l’école (de la maternelle à l’université) est entièrement gratuite pour tous les cubains.
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P.S. I – À presque tous les coins de rue, il est possible de trouver à bon prix de la bière, du rum et même du bon vin chilien ou français… mais bonne chance pour trouver de l’eau.
P.S. II – Cuba possède 2 monnaies officielles;
– CUP, communément appelée la Moneda Nacional. C’est la monnaie utilisée par les cubains,
– CUC, communément appelée le Peso Convertible. Les touristes voyageant à Cuba sont seulement autorisé à utiliser le CUC. Il faut 24CUP pour faire 1CUC.
En clair, le CUC fut crée pour faire plus d’argent sur le dos des touristes.
Ce système de monnaie à 2 vitesse fait en sorte de créer un système de richesse où les chauffeurs de taxi, restaurateurs et hôteliers (bref tout le monde qui font affaire avec les touristes) sont BEAUCOUP MIEUX PAYÉS que tout le monde. Cela crée une société où il vaut mieux être chauffeur de taxi que docteur pour bien gagner sa vie (sérieux).