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Épisode 101 – Circuit Huemul; LE Trek Ultime en Patagonie
*IMPORTANT*
Ce trek est TOUT SAUF pour les randonneurs du dimanche. Il faut avoir beaucoup de « millage » dans ses souliers de montagne, de l’expérience sur glacier, du sang froid à revendre et un brin (ou 2) de stupidité, pour s’attaquer à ce trek.
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13 Janvier 2016 – El Chalten
J’avais donc réussi à louer un harnais (Voir Fin de l’Épisode 100)…
Un stop au (tout sauf super)marché du coin et j’étais fin près à 4 jours d’autonomie complète (encore) sur le Circuit Huemul.
Huemul est le nom d’un mammifère, qui ressemble à une antilope, et qui est très commun en Patagonie. C’est aussi le nom d’une montagne située à quelques 20km au sud-ouest de El Chalten; le Cerro Huemul, autour duquel le Circuit Huemul zigzague… un Circuit réputé comme une randonnée exigeante de 4 ou 5 jours, en dehors des sentiers battus, avec un sentier compliqué à suivre (parfois inexistant), avec quelques sections assez techniques (dangereuses), de la marche sur glacier (ça sonne amusant… pas vraiment), aucun service (oubliez la douche le soir… et les toilettes)… et beaucoup BEAUCOUP B E A U C O U P de vent.
Bref, le genre de randonnée où on ne croise pas beaucoup de monde… mon genre de randonnée…
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Jour 1 – QUAND LES ÉTOILES S’ALIGNENT
Départ; Info Touristique de El Chalten
Arrivé; Camp Toro
Distance; 17km
Dénivelé; +660m, -400m
11.00 – Avec déjà 13km dans les jambes en matinée, je me trouvais au départ du Circuit à l’Information Touristique à l’entrée de El Chalten… un peu nerveux.
Pour faire le Circuit Huemul, il fallait en théorie (et en pratique) s’enregistrer auprès des gardiens du parc, être au moins 2 personnes et avoir TOUT l’équipement obligatoire (j’avais presque tout sauf des crampons et une corde… trucs que j’avais jugé non essentiel).
Voyant qu’il n’y avait pas vraiment de point de contrôle, je passais en coup de vent sans m’enregistrer (pas que je ne voulais pas m’enregistrer… mais si je m’étais enregistré, ils auraient vu que j’étais seul…) et je commençais mon périple. Une personne, rencontrée quelques jours après la fin de ma randonnée, me confiait qu’elle avait tenté de faire le Circuit Huemul et qu’un garde du parc lui avait refusé l’entrée à ce même endroit 🙂
Direction le 1er campement sur le bord du Laguna Toro… 17km plus loin.
Dès le départ, le sentier proposait une ascension de +600m, avec Fitz Roy qui brillait de tous ses feux sur la droite… et le soleil qui tapait solidement sur la tête.
À mi-chemin, je débouchais sur une clairière avec une vue époustouflante sur le Lago Viedma, l’un des plus gros lac d’Argentine. Si tout se passait bien, je serais sur ses berges dans 2 jours.
À partir du 8ème km, s’en était fini de Fitz Roy. Je descendais alors jusqu’au fond d’une vallée avec le Cerro Huemul impossible à manquer devant moi. Je pouvais alors voir une rivière bleu zigzaguer jusqu’au fond de la vallée et remonter jusqu’à un lac se trouvant au pied d’un glacier… le Laguna Toro… ma destination du jour.
Si le Circuit Huemul comportait une journée facile, c’était DE LOIN celle-là, avec un sentier sans difficulté et bien balisé.
En voyant le Camp Toro pour la 1ère fois, on pourrait penser qu’il s’agit d’un décor pour une reconstitution de bataille lors de la guerre de sécession aux États-Unis; dans une petite forêt juste à coté d’une clairière, avec des barricades de bois partout. Ces barricades mes amis sont ce qu’on appelle « se protéger du vent le mieux possible avec les moyens du bord ». Parce qu’il ventait fort quand je suis arrivé, mais il allait venter TRÈS (trop) FORT toute la nuit.
Le vent venait par rafale (extrêmement puissante), repartait… revenait aussi fort… et ainsi de suite. Tu es couché dans ta tente, il ne vente pas du tout… et puis tu entends un bruit qui se rapproche de plus en plus… fouettant les arbres au passage… comme si une chute d’eau te fonçait dessus… le bruit gagne en intensité jusqu’à devenir assourdissant… et le vent frappe… et ça fesse… et tu te blottis dans ton sleeping en ayant les yeux bien ronds et en souhaitant que ta tente résiste et que tes piquets soient solidement plantés.
Puis… tout redevient tranquille… en attendant la vague suivante.
Après quelques rafales, tu relaxes un peu en te disant que si ta tente a résisté à toutes les rafales précédentes, elle devrait faire de même avec les suivantes… et tu t’endors… zzzzz
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Jour 2 – PASO DEL VIENTO
Départ; Camp Toro
Arrivé; Refugio Paso del Viento
Distance; 12km
Dénivelé; +850m, -650m
07.30 – Par un matin gris & venteux, et alors que tout le monde dormaient encore à poing fermé (il y avait 7 autres tentes la veille), je prenais mon petit déjeuner, rangeais le campement et puis scram gram.
Direction la « Paso del Viento (le Col du Vent) » quelques +800m plus haut. Avec un nom pareil, je n’osais imaginer comment il pourrait venter… puisqu’il ventait déjà à écorner des boeufs. Je ne voyais alors que des montagnes devant moi;
– Sur ma gauche… des nuages noirs et une dangereuse montagne,
– Sur ma droite… un glacier perdu dans les nuages.
– Tout droit devant… un mélange de nuages blancs et de ciel bleu et une toute gentille montagne,
L’une de ces destinations serait l’heureuse élue…
Une rivière à passer via une tyrolienne (simple corde d’acier) bien accroché avec son harnais et je quittais les berges du Laguna Toro pour marcher en périphérie du Glacier Rio Tunel (nom de merde).
C’était la fin de la promenade dans le parc et le début d’une solide journée de travail.
J’empruntais un section hyper délicate à traverser en ligne droite un champs d’éboulement instable et sans véritable sentier. Je tentais bien que (plus) mal de suivre les rares totems.
J’avais beau marcher sur de la roche en bordure du glacier, je savais fort bien que j’étais SUR le Glacier Rio Tunel… sur une portion recouverte de cailloux… certaines portions de glace noire étaient sans équivoque sur ce point.
J’étais tour fin seul au milieu de nul part et remplis d’un mélange de peur et de joie. Aussi belle soit la nature qui m’entourait, le tout pouvait rapidement se transformer en catastrophe si je n’étais pas 100% attentif à où je posais les pieds.
Une fois atteint le Laguna Tunel, s’en était fini de longer le glacier; je montais maintenant directement à la Paso del Viento par la paroi d’une des montagnes… +600m d’ascension sans relâche sur un « beau » sentier avec un petit glacier sur la droite.
11.29 – J’atteignais la Paso del Viento après avoir marché 7.1km en 4 heures. Le vent ne faisait alors aucun compromis; c’était comme si un immense sèche-cheveux me soufflait dessus en permanence. Je devais attendre le bon moment pour mettre un pas en avant sinon je reculais et perdais du terrain.
Je basculais ensuite dans une nouvelle vallée entièrement occupée par l’immense Glacier Viedma. La vue était I N C R O Y A B L E… à perte de vue une mer de glace figée dans le temps (les photos ne rendent aucunement justice à l’endroit puisqu’il n’y a pas de référence humaine pour juger de l’ampleur).
13.02 – J’atteignais le Refugio Paso del Viento après avoir emprunté un sentier tout en descente dans une toundra rocheuse adjacente au Glacier.
Ne vous emballez pas avec le mot Refugio; la vieille cabane avait été construite dans les années 50/60 par l’armée argentinienne afin de préparer leur troupe aux rigueurs de l’Antarctique… ça vous donne une idée des conditions qui peuvent prévaloir ici. L’endroit servait dorénavant de salle à manger avec quelques très vieilles chaises et tables.
Peu importe, c’était tout ce que j’avais besoin pour afficher mon plus beau sourire après une dure journée au bureau 🙂
Ce que je ne savais pas encore c’est que la pire partie de cette dure journée allait être la nuit… avec de terribles rafales de vent s’abattant sur le site (pire que la veille). Par 3 fois, je devais aller replanter les piquets et replacer les roches sur les coins de ma tente.
Des 8 tentes qu’il y avait la veille au Camp Toro, il n’en restaient que 3 ce soir… tous les autres ayant rebroussés chemin à un moment ou à un autre durant la journée.
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Jour 3 – LE VENT M’EMPORTERA
Départ; Refugio Paso del Viento
Arrivé; Bahia de Hornos (Lago Viedma)
Distance; 16km
Dénivelé; +400m, -800m
En regardant la carte et une section du sentier, j’aurais pu croire (et je l’ai cru) que cette journée serait facile. En effet, le sentier était assez plat dans la 1ère partie, pour ensuite descendre « tranquillement ». C’est avec cette mentalité (d’avoir une journée facile devant moi) que je quittais le Refugio Paso del Viento…
Erreur… moi qui croyais avoir subi le pire vent de ma vie à Torres del Paine (Voir Épisode 98)… mon 3ème jour sur le Circuit Huemul allait me faire changer d’idée radicalement.
Je marchais sur un sentier en montagne russe, au travers d’un paysage sculpté depuis des millénaires par la glace et le vent, avec une montagne sur ma gauche et une vue I M P R E N A B L E sur le Glacier Viedma en contrebas sur ma droite. Le sentier était en théorie très facile à suivre, mais en pratique rendu extrêmement difficile en raison du vent.
Voyez-vous, le vent changeait constamment de sens. Quand celui-ci poussait vers la montagne, dans mon dos ou de face, il n’y avait (relativement) aucun problème… mais plus souvent qu’autrement il venait latéralement en dévalant la montagne… et essayait de me pousser tout en bas de la montagne. Vu l’étroitesse du sentier, un pied placé au mauvais endroit aurait pu résulter à rendre une visite au Glacier quelques centaines de mètres plus bas.
Quand j’entendais une rafale descendre de la montagne, j’arrêtais de marcher, m’encrais solidement les pieds et tentais de prendre appui avec une main sinon 2 (c’était aussi pire que cela).
Si j’avais eu l’impression d’avoir un sèche-cheveux devant moi durant la journée d’hier, j’étais aujourd’hui dans une soufflerie industrielle. Je me faisais rabattre par terre par le vent une bonne demi-douzaine de fois comme si j’étais une vulgaire poupée de chiffon (et je suis très solide sur mes pieds)… heureusement du coté de la montagne.
Je croyais cette section difficile… mais je n’avais encore rien vu…
Tranquillement, mais surement, je me dirigeais jusqu’au point le plus haut du Circuit Huemul à la Paso Huemul, après quoi le sentier descendrait jusqu’au niveau du Lago Viedma -750m plus bas.
J’atteignais Paso Huemul au final d’une courte, mais pénible ascension. Le vent ne donnait aucun répit. Quand il se calmait, c’était simplement pour revenir plus fort.
Paso Huemul est le genre d’endroit (qui pourrait être) magnifique, avec une superbe vue sur le Glacier ET le Lago Viedma… mais il est impossible d’en profiter puisque tu luttes pour ta vie.
Pour avoir une vue panoramique complètement dégagée du Lago et du Glacier, j’avais (la TRÈS MAUVAISE) idée de monter au sommet d’une colline surplombant la Paso.
Soyons bien clair; j’ai eu ma photo, mais à quel prix. Je n’ai JAMAIS eu à lutter (et le mot est très bien choisi) contre un vent aussi fort. Je me faisais frapper par des vagues de vent. C’était comme si j’étais en apnée depuis un peu trop longtemps sous l’eau; j’avais de la misère à respirer tellement le vent m’essoufflait (ce qui est assez contradictoire en soit).
Je me retrouvais coincé au sommet de la Paso. Le vent décidait où j’allais… et il était futile d’offrir quelconque opposition… sauf à partir du moment où il décidait de me pousser en bas d’une falaise. De toute ma vie, j’ai rarement eu aussi la chienne qu’à ce moment.
Pendant un bon 4-5minutes (qui semblent avoir durée des heures), j’avais les 2 pieds bien ancrés dans le sol, et le vent réussissait quand même à me faire reculer… et me pousser tranquillement vers le précipice. Je criais (sacrais) de toute mes forces en pensant que c’était extrêmement stupide de ma part d’être venu ici seul et sans m’enregistrer.
Puis, le vent me donnait une petite fenêtre de répit. Je m’empressais alors de descendre et regagner le (non) sentier. J’étais sauvé…
Si moi, qui ai des jambes de béton, a bien failli me faire emporter, je ne souhaite à personne d’avoir la mauvaise idée de monter au sommet sommet de la Paso Huemul.
Remis de mes émotions, j’entamais la dernière section du jour; la descente vers le Lago Viedma, que j’avais maintenant droit devant moi.
La journée était loin d’être terminée puisque la descente se faisait via un sentier plus vertical qu’horizontal, sur une paroi à plus de 70 degrés d’inclinaison… au travers d’une forêt d’arbustes piquants sur un sentier à peine débroussaillé. En faisant abstraction du vent, ce serait assurément la section la plus difficile du circuit.
Cette section était un mur difficilement (voir impossible) à descendre par jour de pluie. Je comprenais maintenant pourquoi il était fortement déconseillé de faire le circuit dans le sens des aiguilles d’une montre; monter cette paroi aurait nécessité quelques (grosses) heures.
Toute la fatigue, accumulée durant ma lutte contre le vent, me descendait désormais dans les jambes. Et moi qui avait osé penser que cette journée serait facile.
14.35 – J’atteignais le bord du Lago Viedma et trouvais un site convenable pour installer mon camp pour la nuit.
Il me restait alors 4 petits pains, 1 sachet de soupe et un sachet de riz. Il ventait beaucoup trop pour utiliser mon bruleur. Je prenais donc le pari que demain matin sera moins venteux et gardais le riz pour déjeuner.
Ce soir, mon dinner serait 4 petits pain et une soupe froide. Comme on dit; c’est mieux que rien. Avez vous déjà eu un repas où le pain était le gout… moi oui. Sur le bord du lac à manger mon festin, je me perdais dans mes pensées à penser à Tom Hanks dans « Seul au Monde »… au moins moi j’avais de l’eau potable à profusion.
J’avais le sourire fendu jusqu’aux oreilles en pensant que j’allais passer la nuit tout fin seul sur le bord du Lago Viedma (je ne sais pas ce qui était advenu des 3 autres tentes), perdu quelque part dans le Parque Nacional Los Glaciares, à moins de 17km à vol d’oiseau d’une des villes les plus touristiques d’Argentine (et de tout le continent sud américain).
Surprise… ce n’était pas le vent, mais bien mon vieil ami la pluie, qui allait me « bercer » lors de cette 3ème et dernière nuit sur le Circuit Huemul. Je rêve au lendemain; douche chaude, lit douillet et bar open sur la nourriture et la bière.
NOTE
La description de cette journée de randonnée semble tirée par les cheveux et sensationnaliste. Well… si vous faites un jour le Circuit Huemul, vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenu. Il y a fort à parier que je suis tombé sur une de ces journées où le vent se déchaine, et que vous pourriez passer la Paso Huemul, sans trop d’opposition du vent, mais bon…
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Jour 4 – LE SENTIER QUI VA NUL PART
Départ; Bahia de Hornos (Lago Viedma)
Arrivé; El Chalten
Distance; +/-25km (difficile à évaluer)
Dénivelé; (impossible à évaluer)
06.30 – Une forte pluie, jumelée à d’intenses rafales de vent me souhaitaient « Bon Matin ». Je décidais de dormir 1h de plus.
07.30 – Ma patience avait rapportée; la pluie avait cessé et j’avais un ciel bleu au-dessus de ma tête.
08.05 – J’avais bien l’intention d’en finir au plus vite avec le Circuit. Direction El Chalten par delà champs et collines.
Comme il fallait s’y attendre, cette journée ne s’avérait pas aussi facile que prévue; le sentier était impossible à suivre en raison de la présence de beaucoup de sentier alternatif créés par le bétail.
Résultat; après avoir perdu beaucoup de temps à zigzaguer et me faire leurré par ces « faux » sentier, j’avais décidé de marcher en droite ligne en me fixant un point à l’horizon.
Une 2ème (et dernière) tyrolienne sur le Circuit et j’arrivais à Bahia de Hornos, à la fin du Lago Viedma.
De là, il ne me restait plus qu’à couper au travers des collines avec El Chalten à moins de 9km.
La fin du Circuit se terminait en queue de poisson alors que toute les « sorties » du Circuit, indiquées sur ma carte, avaient des clotures avec de gros écriteaux « No Pasar (Interdit de Passer) ». Quelqu’un avait du clôturer ces « sorties » sans penser aux randonneurs, de sorte que ceux-ci se retrouvaient « prisonniers » du Circuit et devaient faire de gros détour, sans la moindre trace de sentier, pour rejoindre El Chalten.
13.15 – Je posais les pieds à Chalten.
Chow Bye Patagonie…
Direction Bariloche dès demain…
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TIC TAC
Autant je viens de passer les 2 derniers mois à ratisser chaque coin du Chili, autant à peine arrivé en Argentine que mon temps y est déjà compté.
En effet, mon nouvel objectif est d’atteindre Rio (Brésil) pour le Carnaval à la fin février. Pour ce faire, je devrais être à Buenos Aires début février pour obtenir mon visa de touriste (pour le Brésil).
Comme quoi, même quand on a tout le temps du monde pour voyager, il faut quand même faire des choix déchirants (je sais… je sais… ça vous attriste au plus haut point).
Épisode 98 – Torres del Paine; Entre Glaciers et Granites
Que faisiez vous le 25 décembre 2016?
Moi?
Facile!!!
J’avais les couilles ratatinées comme des raisins secs à m’émerveiller devant l’une des plus belles vues que j’avais pu voir dans ma vie…
Retournons quelques jours en arrière.
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07.00 – 21 Décembre 2016
Par un matin frisquet (glacial), des dizaines, voir des centaines de randonneurs convergaient vers la station d’autobus de Puerto Natales avec un seul et même but; prendre l’un des 3 bus en partance pour le Parque Nacional Torres del Paine à 07.30.
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TORRES DEL PAINE POUR LES NULS
Le parc se situe dans la Cordillera del Paine et se concentre autour de massifs de granites pointant vers le ciel; les Torres (tours). En plus des massifs, les forêts majestueuses et les glaciers abondent. Tout cela mélangé ensemble fait de Torres del Paine un petit paradis sur Terre pour la randonnée.
« Paine » signifie « Bleu » en language Patagon… et les lacs et rivières à l’eau plus bleu que bleu n’y manquent pas.
Pour ceux qui rêve de la Patagonie, vous ne le savez peut-être pas, mais Torres del Paine est l’étoile d’entre toute les étoiles de la région… et pour cause…
Élu 5ème plus bel endroit sur Terre par le National Geographic, Torres del Paine fut l’une des première réserve naturelle classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO (1978).
Avec Macchu Picchu, le Parque Nacional Torres del Paine est assurément le sentier d’Amérique du Sud le plus fréquenté. J’irais jusqu’à placer Torres del Paine dans le Top5 des trucs à ne pas manquer en Amérique du Sud… Top5 complété par les Iles Galapagos, Machu Picchu, les chutes d’Iguazu et le Salar de Uyuni (il m’en reste 3 à voir… j’y travaille… ne vous inquiétez pas ;-).
Le parc reçoit plus de 140000 visiteurs par année, principalement durant l’été Austral (octobre à mars). Durant l’hiver Austral (avril à septembre), le nombre d’heure d’ensoleillement est minimal… et donc pas très propice à la visite.
Beaucoup viennent pour une randonnée d’un jour, la majorité pour faire la trek W (randonnée de 4-5jours), et quelques braves pour faire le Circuit O, soit le tour complet du parc (de 6 à 10jours).
Je vous laisse deviner quelle randonnée nous allions faire.
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Jour 1 – 🎶 IT STARTS TO LOOK A LOT LIKE CHRISTMAS 🎶
21 Décembre 2016
Départ; Puerto Natales
Arrivé; Camp Torres Central
Distance; 28km de marche
Nous quittions Puerto Natales chargé comme des mules; tente, sleepings et 8jours d’autonomie complète en nourriture. La dernière fois que j’avais eu à faire un trek si long en autonomie complète remontait à ma randonnée de 21jours dans la vallée de Zanskar au Cachemire dans le Nord-Ouest de l’Inde. Espérons que celle-ci tournerait mieux…
Le bus roulait sur la « Ruta del Fin del Mundo (La route de la Fin du Monde) » au travers d’une contrée reculée habitée par des moutons, guanacos (parents éloignés des lamas) et autruches.
Un massif, enveloppé dans un manteau blanc, se pointait tranquillement le bout du nez, jusqu’à accaparer tout l’horizon devant nous. Pas de doute, c’était bien Torres del Paine.
Le thermomètre affichait alors 16 degrés celsius. C’est probablement le plus chaud que nous allions avoir durant toute la semaine. Bienvenue dans l’été austral de la Patagonie; peu importe le moment de l’année, il faut se préparer à la possibilité de vivre les 4 saisons dans une même journée. Il était très improbable d’avoir 7jours de beau temps en ligne. Peu importe, nous étions prêt à tout…
09.30 – Laguna Amarga (Entrée du parc)
Un vent glacial nous acceuillait à la sorti du bus… une manière comme une autre pour Torres del Paine de nous souhaiter la bienvenue.
Après avoir passé au travers d’une interminable file d’attente (2 minuscule guichets pour la centaine de randonneurs arrivant tous en même temps) pour entrer dans le parc, nous faisions un autre 20km en bus. J’étais rivé à la fenêtre tellement la vue du massif était grandiose… avant de nous faire déposer au poste de garde Pudeto.
De là, nous faisions une courte randonnée jusqu’à Mirador Cuernos, offrant une grandiose vue d’ensemble de tout le massif des Torres del Paine.
Avez-vous déjà expérimenté de la pluie sans nuages? Le vent soufflait tellement fort par moment, que nous avions de la difficulté à avancer et le vent transformait l’eau des lacs en pluie qui nous tombait dessus à l’horizontale.
Nous entreprenions de retourner jusqu’à l’entrée du parc afin de prendre l’embranchement en direction du Camping Torres Central, le plus gros (et le plus laid) des campings dans le parque, signifiant la fin d’une première journée (en dehors du Circuit) de plus de 28km de marche.
22 Décembre 2016
Départ; Camp Torres Central
Arrivé; Camp Seron
Distance; 14km
Nous avions tout un dilemne devant nous; monter jusqu’au Mirador Torres, LA vue par excellence du parque au beau milieu du massif, ou passer notre chemin et y aller à la fin de notre randonnée dans 7 jours.
Le hic c’est que l’ascension prenait 10km (allé) et que le temps s’éclaircissait tout autour… sauf dans cette direction. Rien ne nous indiquait que ce serait meilleur dans 7 jours, mais absoluement rien ne nous indiquait que le temps s’éclaircirait aujourd’hui non plus. Les histoires de randonneurs qui étaient monté au Mirador pour ne rien voir abondaient… et nous ne voulions pas y aller 2 fois.
Après avoir longuement débattu, nous décidions d’attendre dans 7 jours.
09.40 – C’est donc sous une fine pluie et par un temps instable que nous entamions donc officiellement le Circuit O en direction du camping Seron… dans une jolie forêt boueuse à souhait.
Le sentier débouchait ensuite dans une vallée toute verte entourée de montagnes enneigés, où serpentait une rivière à l’eau bleu clair. L’endroit me faisait beaucoup penser à l’ouest canadien.
14.00 – En ayant marché hyper lentement, nous atteignions Seron, situé dans une plaine exposée au vent mais dans un paysage enchanteur. Quelqu’un qui arrive au camping Seron sans boue sur les jambes/pantalons, n’a pas vraiment marché jusqu’à Seron. En effet, les 2 derniers km étaient un véritable massacre.
Contrairement au camping hyper loadé de Torres Central la veille, il ne devait pas y avoir plus de 12 tentes.
23 Décembre 2016
Départ; Camp Seron
Arrivé; Camp Dickson
Distance; 19km
06.50 – Le réveil se faisait au son d’une fine pluie qui frappait notre tente.
Nous marchions dans la plaine avec la rivière et les montagnes comme décor. L’endroit respirait la tranquillité; aucun vent, ni bruit, mis à part les quelques oiseaux. Nous avions l’impression d’avoir l’endroit pour nous tout seul.
Après avoir franchit la difficulté du jour, une petite montagne, nous basculions dans une nouvelle portion de la vallée avec un grand lac entourée de sommets enneigés. Nous nous dirigions lentement, mais surement vers le fond de la vallée, où un mur de montagnes se dressait. Pas aujourd’hui, ni demain, mais dans 2 jours nous allions devoir nous attaquer à la bête.
La vue d’approche du Camp Dickson était sublime; entouré de montagnes chargés de neige, sur le bord du lago Dickson… avec le glacier Dickson tout au loin.
La rivière était composé d’eau plus bleu que bleu qui faisait parti du glacier il n’y a pas si longtemps et qui était revenu à la vie après des millénaires d’hibernation.
Juste à coté du campement se trouvait un cimetière de blocs de glace. Ceux-ci s’étaient décrochés du glacier il y a quelques jours/semaines et s’étaient échoués à un endroit de la rivière où il n’y a très peu d’eau. Ils allaient fondre petit peu à petit peu avant de complètement disparaitre.
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Jour 4 – UN RÉVEILLON SOUS LA FLOTTE
24 Décembre 2016
Départ; Camp Dickson
Arrivé; Camp Los Perros
Distance; 12km
09.15 – Sur papier cette journée s’annoncait la plus facile du circuit; direction le Camp Los Perros 12km et +350m plus loin.
Nous marchions en forêt au son des rapides de la rivière, et remontions jusqu’au Lago Los Perros (Le lac des chiens), au pied du glacier Los Perros.
Le Camp se trouvait tout près du glacier au travers d’une forêt détrempé; tout sauf l’endroit rêvé pour passer le Réveillon du 24 décembre. Un peu à l’image du Christ, qui est née dans une étable le 25 décembre (je sais que la date est fausse, mais on va dire une seconde que c’est vrai), j’allais dormir dans une tente par un froid glacial.
Mon repas de Noel de cette année serait une très grosse portion de pates inondée dans de la sauce tomate avec des biscuits aux pépites de chocolat fourré à la mayonnaise (on fait ce qu’on peu avec ce qu’on a 😉
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Jour 5 – UN NOEL BLANC… ET BLEU
25 Décembre 2016
Départ; Camp Los Perros
Arrivé; Camp Grey
Distance; 17.5km
06.40 – Nous quittions le camp complètement gelé, alors que les premiers rayons du soleil ne nous avaient pas encore atteint.
L’ascension était brutale dès le départ. Après quelques minutes à marcher le sentier, je comprenais un peu mieux pourquoi on mentionnait 6h pour franchir cette section de 7.5km; on avancait à petit pas dans un champ de boue… en prenant bien soin de l’endroit où on posait chacun de nos pieds. fallait regarder où on mettait chacun de nos pieds, et avec les 2 yeux grands ouvert en permanence pour ne pas commettre l’irréparable.
Au sortir de la forêt, la boue était dorénavant remplacée par un champ d’avalanche.
Malgré le soleil et le ciel bleu, il faisait un froid glacial. Nous étions complètement exposé au vent glacial et violent.
Nous croisions quelques sections de neige… ou ou… de la neige le jour de Noel… j’avais le sourire accroché d’une oreille à l’autre.
09.00 – Nous atteignons le sommet de la « Paso John Gardner », le point le plus haut du Circuit à 1200m.
De là, nous avions une vue impressionnante sur le Glacier Grey, un mastodonte de glace préhistorique, faisant parti du « Campo de Hielo Sur (Champ de Glace du Sud de la Patagonie) », le 3ème plus gros champ de glace sur Terre après celui de l’Antarctique et du Groenland. Nous avions devant nos yeux une quantité incalculable de neige qui s’était compacté durant des millénaires au point de se transformer en glace… et qui se liquéfiait jour après jour.
Les 10 prochains km se résumaient à descendre jusqu’au Lago Grey via le sentier panoramique qui longeait le glacier. Difficile de faire mieux en terme de vue, avec le glacier sur la droite, le massif de granite sur la gauche et le Lago Grey qui prenait de plus en plus de place à l’avant.
Je me risquerais à dire que c’était une journée parfaite… peut-être ma plus belle journée en Amérique du Sud.
2 ponts suspendu, aussi long qu’étroit & à donner le vertige même à quelqu’un qui n’a pas le vertige (moi), et nous arrivions au Camp Grey.
Avec notre arrivé au Camp Grey, le Circuit O fusionnait avec le trek W… il y avait maintenant beaucoup beaucoup de randonneurs.
Qu’est-ce qu’on fait une fois la journée de marche terminé? On marche un autre 3km jusqu’au Mirador faisant face au glacier et on regarde ce mastodonte préhistorique se liquéfier.
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Jour 6 – LE VENT SE DÉCHAINE
26 Décembre 2016
Départ; Camp Grey
Arrivé; Camp Paine Grande
Distance; 18km
09.15 – Après l’équivalent d’une grâce matinée en camping, il était temps de partir pour d’autres cieux.
Au menu, un petit 11km, sans véritable obstacle, jusqu’au Camp Paine Grande.
À mi-chemin, nous disions « Au Revoir » au Lago & Glacier Grey… puis le Lago Pehoe se pointaient le bout du nez. Le lac avait l’air de sortir tout droit d’une peinture tellement sa couleur était d’un bleu surréel.
12.15 – Camp Paine Grande, sur le bord du lago, dit « le pire camping spot ever »; une plaine sans arbre, complètement exposée aux forts vents qui frappent l’endroit en permanence.
Paine Grande étant accessible delà route via un service de catamaran, le camp constitue le départ ou la fin de la randonnée W. J’ai vu des touristes sortir du catamaran avec des valises sur roues (on est en camping chose). C’était actuellement très amusant de voir tous ces gens, pour qui cela semblait être la 1ère expérience de camping, essayer de monter leur tente par grand vent. J’avais arrêté de compter le nombre de personnes qui s’étaient planté à cause du vent. J’ai aussi vu quelques tente s’envoler.
Le clou du spectacle résidait dans la promenade que nous faisions jusqu’au Mirador Lago Pehoe, quelques 3.5km plus loin. Le sentier, dans une forêt calcinée parsemée de troncs d’arbre pétrifiés, et la vue sur le massif Torres del Paine, étaient à couper le souffle.
27 Décembre 2016
Départ; Camp Paine Grande
Arrivé; Camp Francés
Distance; 22km
Frappé par d’intense rafale de vent toute la nuit, mais ma petite tente avait survécu.
08.20 – Notre destination, bien en vue devant nous, était tout sombre et ressemblait au Mordor. Nous espérions que les choses changeraient durant les 3-4h qu’il nous faudrait pour l’atteindre.
Une fois notre camp monté au Camp Francés, nous entreprenions de monter dans la Valle del Francés, l’une des 2 vallées donnant accès à l’intérieur du massif Torres del Paine; une vallée magnifiquement inhospitalière; un torrent infernal au milieu, entouré d’arbres torturés par le vent, de glaciers et de titans de granite insurmontable.
Sur notre gauche se trouvait le Mordor (communément appelé « Paine Grande » du haut de ses 3050m), ses nuages perpétuels, et son impressionnant glacier accroché à la paroi intérieure du Mordor. On pouvait entendre des blocs de glace se décrocher du glacier à tous les 10-15min… le son résonnait dans toute la vallée.
Sur notre droite des tours de granite et le soleil.
Devant, une cuvette de granite.
Derrière, une vue en contre plongé sur le Lago Nordenskjold et son eau plus bleu que bleu.
14.00 – Nous atteignions le Mirador Britanico, à 720m d’altitude, dans le fond de la cuvette… au coeur de la bête.
Ne restait plus qu’à défaire notre route jusqu’au Camp Francés et notre plus longue journée de travail serait terminée.
16.35 – Parce que Tanzi avait oublié nos ustensils à l’autre camp la veille, et parce que nous avions gardé les pates à sauce tomate pour la dernière soirée… en vue d’avoir l’estomac plein pour la dernière et plus longue journée de notre randonnée, j’avais fabriqué (gossé est un terme plus approprié) 4 bouts de bois pour faire des baguettes.
Plus qu’une nuit et ce serait le retour à la civilization.
…
Jour 8 – CONTRE LA MONTRE
28 Décembre 2016
Départ; Camp Francés
Arrivé; Puerto Natales
Distance; 36.5km
Tic Tac Tic Tac
03.30 – Le réveil sonne. Dernier jour et non le moindre. À peine levé que le temps est déjà compté.
Nous avons 10h pour franchir 36.5km, voir le Mirador Torres et sauter dans le bus de 14.30 pour retourner à Puerto Natales.
J’avais passé plus d’une heure la veille à analyser le sentier avec la carte officielle du parc et mon application maps.me (les distances, dénivelé, etc.). Nos sacs étaient maintenant très léger (presque plus de nourriture) et l’aspect contre la montre ferait en sorte que notre adrénaline serait dans le tapis. J’avais établi des checkpoint un peu partout sur le sentier avec une heure limite pour y être sans quoi nous abandonnions et allions directement à l’entrée du parc.
Seul impondérable qui pourrait venir tout foutre en l’air; Dame Nature. Est-ce qu’il allait mouiller à notre réveil (ce serait pénible de tout remballer en pleine nuit sous la pluie) et est-ce qu’il y aurait du beau temps au Mirador Torres. Le Mirador Torres est l’image emblématique du parque; au coeur du massif, il y a un lac bleu clair avec 3 Torres juste derrière… Torre Central (2800m), Torre Sur (2850m), Torre Norte (2248m).
Retournons à nos moutons…
Tic Tac Tic Tac
04.04 – C’est un départ dans la noirceur la plus totale et sous la pluie.
Alors que l’aube se levait très (trop) tranquillement à l’horizon, nous marchions à la lampe frontale le long du Lago Nordenskjold.
Nous prenions alors le mauvais embranchement… et marchions sur un semtier à peine débroussaillé. Les braches et herbes longues toutes mouillées ne tardaient pas de nous tremper jusqu’au os.
07.30 – Désormais seul puisque Tanzi avait décidé de prendre le sentier menant directement à l’entrée du parc, sans tambour ni trompette, j’avais déjà 12km dans les jambes en plus de 3h de marche et étais toujours en direction du Mirador Torres.
Mon prochain checkpoint était le Refuge Chileno, que je devais atteindre avant 08.45.
08.30 – J’atteignais le Refugio Chileno atteint avant l’heure limite.
Allez… on continu… la pizza et la bière de ce soir à Puerto Natales seront bien meilleurs avec le sentiment d’avoir tout donné.
La dernière section, à monter au travers d’une zone d’avalanche à plus de 60 degrés d’inclinaison et se frayer un chemin parmi les pierres, n’était pas pour tout le monde.
09.55 – Presque 6h de marche et 21 km plus tard, j’atteignais le Mirador Torres.
20 petites minutes à me les geler sur le bord du lac avaient suffi à me mettre le sourire au lèvre et recharger mes batteries. J’en aurais bien besoin puisque je devait maintenant me transformer en ultra marathonien pour marcher les 16.5km et descendre -850m jusqu’à l’entrée… avant 14.30.
13.50 – 9h45 et 37km de marche plus tard, c’est en marchant à peine et C O M P L E T E M E N T VIDÉ que j’arrivais à l’entrée du parque où Tanzi et le bus m’attendaient.
…
Direction Puerto Natales pour la nuit. Même si nous avions relativement bien dormi durant toute la randonnée, nous avions BEAUCOUP de fatigue accumulée… fatigue pouvant seulement être rattrapé avec un sommeil réparateur dans un bon lit.
Nous avons été hyper chanceux avec la température. Oui nous avons eu notre dose de pluie, mais nous avons toujours pu admirer les paysages grandioses qui nous entouraient.
Punta Arenas dès demain afin de prendre notre avion…
À suivre…
Épisode 100 – Hola Argentina; Perito Moreno & Fitz Roy
7 Janvier 2016
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Déjà 3h que le bus avait quitté Puerto Natales… 3h durant lesquelles les montagnes avaient faites place à une grande plaine où rien ne poussait autre que des buissons à l’infini de tous les cotés.
Un paysage vaste et immense qui rompait brusquement avec les paysages chargés et tout sauf plat de la Patagonie Chilienne.
Bienvenue en Patagonie Argentinienne…
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ARGENTINA POUR LES NULS
De son nom officiel « Republica Argentina », l’Argentine est le 9ème plus grand pays sur Terre (8ème si on compte les territoires revendiqués en Antarctique). Avec seulement 43 millions d’habitants, c’est donc l’un des pays les moins densément peuplé sur Terre.
– Capitale; Buenos Aires,
– Langue; Espagnol,
– Monnaie; le Peso Argentin,
Amerigo Vespuci fut le 1er européen à venir sur le territoire actuel de l’Argentine en 1502 (l’explorateur qui donna son nom à l’Amérique… Amerigo… Amérique).
À l’époque coloniale, le territoire était connu sous le nom de « Vice-royauté du Rio del Plata » (Le Rio del Plata est la rivière qui sépare l’Argentine & Buenos Aires, de l’Uruguay) et servait principalement de port pour envoyer en Espagne les métaux recueillis dans les mines de Bolivie.
Ayant obtenu son Indépendance de l’Espagne en 1810, le pays nouvellement crée fut nommé « Les Provinces Unis du Rio del Plata », pour rapidement adopter le nom de Argentina… dérivé du mot latin « Argentum », qui signifie « Argent » (le métal).
L’Indépendance fut suivit d’une longue guerre civile de plus de 50ans… qui fut suivit par la plus grande période de prospérité de l’histoire du pays.
En effet, la seconde parti du 19ème siècle fut le théâtre d’une immigration massive d’européens vers l’Argentine (principalement des espagnols et italiens, mais aussi beaucoup de français et d’allemands). On raconte que seuls les États-Unis reçurent plus d’immigrants à cette époque.
C’est en bonne parti grâce à cette immigration que l’Argentine est de nos jours le pays le plus blanc d’Amérique du Sud… où il y a le moins de natifs (originaire d’Amérique du Sud… avant l’arrivé des espagnols) et de métis (mélange entre les natifs et les espagnols).
Au début du 20ème siècle, l’Argentine était considéré comme le 7ème plus riche pays au monde… devant le Canada, les pays scandinaves, etc. Malheureusement pour eux, cette prospérité fut gaspillé par un 20ème siècle marqué par une série de coup d’états et beaucoup d’instabilité politique… dont le pays peine encore à sortir de nos jours.
Autres faits à ne pas négliger;
– En 1904, l’Argentine fut le premier pays à envoyer une mission en Antarctique. Tout comme le Chili, le pays revendique des territoires en Antarctique… même si un traité international de 1961 stipule que l’Antarctique est un territoire neutre qui ne peut appartenir à personne.
– L’Argentine est dans le Top5 des plus grands pays producteurs de vins.
– L’Argentine a le plus grand réseau de chemin de fer de toute l’Amérique du Sud.
– L’espagnol parlé par les argentins est complètement différent de celui du reste de l’Amérique du Sud. On raconte que l’espagnol argentin a beaucoup été influencé par la langue italienne.
– L’Argentine compte sur son territoire la plus haute montagne sur Terre en dehors de la chaine des Himalayas (donc en dehors de l’Asie); l’Aconcagua. Du haut de ses 6959m, cela en fait la plus haute montagne de l’hémisphère sud et ouest sur Terre.
– En 2010, l’Argentine fut le 1er pays d’Amérique du Sud (et seulement le 2ème) à légaliser le mariage entre personnes du même sexe.
– L’actuel Pape (Francois?!?) est argentin. Son véritable nom est Jorge Mario Bergoglio. C’est le 1er pape à ne pas être originaire d’Europe.
– L’Argentine compte sur la plus grande communauté de musulmans et de juifs de toute l’Amérique du Sud.
– Finalement, l’Argentine est le Royaume du Tango (danse), le pays où il se consomme le plus de viande au monde… et le lieu de naissance du très célèbre révolutionnaire Ernesto « Ché » Guevara.
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EL CALAFATE
Après 5h de route, notre bus s’arrêtait finalement; Terminus El Calafate.
Le nom « Calafate » est en l’honneur de ces petits fruits qui ressemblent à s’y méprendre à des bleuets et que l’on retrouve en abondance dans les environs.
Petite ville anonyme sur les berges du Lago Argentino (le plus grand lac d’Argentine), El Calafate devint rapidement une destination touristique des plus en vue lors de la création du « Parque Nacional Los Glaciares » en 1937.
El Calafate d’aujourd’hui transpire le touriste… nous n’avions heureusement pas fait tout ce chemin que pour visiter cette ville sans aucun intérêt… oh que non. Nous étions ici pour rendre visite à Perito Moreno.
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PARQUE NACIONAL LOS GLACIARES
Comme 1ère activité en Argentine, nous allons visiter le Glacier Perito Moreno. Probablement le glacier le plus connu/touristique au monde, l’endroit DÉBORDE de touristes… avec les prix sont (malheureusement) en conséquence ($$$).
Découvert par Perito Francisco Pascasio Moreno en 1877, le glacier fait parti du Parque Nacional Los Glaciares; 2ème plus grand parque en Argentine, dont plus du 1/3 de la superficie est recouverte de glace… pouvant faire plus de 1500m d’épaisseur à certains endroits.
Le parque compte plus de 40 glaciers, mais la grande vedette est sans nul doute Perito Moreno. Haut de plus de 60m, profond de plus de 150m sous la surface de l’eau, la grande particularité de ce glacier est qu’il peut être admiré de TRÈS PRÈS.
Une fois face au glacier, vous oubliez comment le prix du billet et du bus pour s’y rendre étaient exorbitants… et vous êtes en extase.
Vous avez ni plus, ni moins un gigantesque mur de glace à quelques mètres devant vous. Regarder le Glacier Perito Moreno est comme prendre und pilule anti stress; vous oubliez tous vos problèmes et êtes en paix avec vous-même devant cette bête pré-historique faite de glace.
Puis, le silence des lieux est brusquement déchiré par une explosion qui résonne sur des centaines de mètres; un morceau du glacier se décroche. Le son, véritable coup de tonnerre, est si jouissif que même un aveugle apprécierait une visite à Perito Moreno. Et quand vous avez la chance de voir l’un de ces morceaux se décrocher devant vos yeux… nous étions émerveillés comme des enfants visitant le Père Noel pour la 1ère fois.
Fait intéressant, contrairement à la plupart des glaciers sur Terre, qui fondent à vue d’oeil et pourrait bien disparaitre avant le tournant du prochain millénaire, le glacier Perito Moreno est stable depuis une centaine d’années et a même gagné du terrain.
Difficile de rester de glace devant Perito Moreno.
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EL CHALTEN
Cap sur El Chalten, un peu plus au nord.
Pour El Chalten, aucune difficulté à rester de marbre…
Fondé dans les années 1985, c’est la plus jeune ville du pays et un incontournable pour toute personne visitant l’Argentine… même si c’est probablement l’endroit le moins chaleureux au monde (dans tous les sens du terme), étant constannent balayé par des vents glacials.
Malgré son statut de « capitale du plein air en Argentine », El Chalten est aussi une ville que tout architecte ou urbaniste aurait en horreur; faite à la va vite sans aucune trame urbaine ni la moindre organisation. La ville est laide sans bon sang.
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SENDERO AL FITZ ROY
Nous entamions notre randonnée jusqu’au Lago de los Tres pour y admirer l’une des montagnes les plus emblématique au monde.
Les 10 premiers km se faisait les doigts dans le nez via un sentier relativement plat et très bien balisé.
Passé le camping Poincenot, les choses se corsaient sur les 2 derniers km… pour arriver au Laguna de los Tres à 1170m, la bête juste devant nous; le Cerro Fitz Roy, ou tout simplement Fitz Roy, une gigantesque aiguille de granite de 3405m de haut nommée en l’honneur du capitaine du HMS Beagle… à bord duquel Darwin prenait place lors de son voyage historique…
Malgré sa petitesse comparé aux géants de ce monde, Fitz Roy est l’une des montagnes les plus difficile à escalader sur Terre. Alors que l’Everest fut « vaincu » pour une 1ère fois dans les années 50/60, il fallu attendre jusqu’en 1975 pour qu’un 1er alpiniste atteigne le sommet. Alors que plus d’une centaine d’alpinistes atteignent le sommet de l’Everest chaque année, il peut se passer 2 ou 3 ans sans que personne n’atteigne le sommet de Fitz Roy.
Même par un temps un peu nuageux, le charme opérait. C’est sur le bord de ce lac à contempler cette vue majestueuse que mon chemin allait diverger de celui de Tanzi pour quelques semaines.
En effet, Tanzi retournait à El Chalten pour ensuite se rendre d’urgence à l’ambassade canadienne de Buenos Aires pour collecter son visa étudiant… et en avait un peu sa claque de faire de la randonnée. Après Buenos Aires, elle allait se diriger vers le Paraguay pour y faire du volontariat… tandis que j’allais dormir au Camp Poincenot (que nous avions croisé plus tôt) et ensuite remonter tranquillement l’Argentine… en y faisant un maximum de randonnées… et en la ramassant en chemin.
Je profitais du reste de l’après-midi pour me promener dans les environs, et tombait sur le Glacier Piedra Blanco… d’une monstrueuse beauté… comme si des rapides s’étaient figé à jamais en dévalant la montagne.
Aussi bizarre que cela puisse paraitre après presque 10mois de voyage, ce soir serait ma 1ère nuit seul dans une tente. J’avais fait BEAUCOUP de randonnées avant que Tanzi se joigne à moi, mais avait toujours dormi en refuge ou dans des fermes/homestay.
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D’UN GÉANT À L’AUTRE
À mon réveil, le ciel était quasi exempt de nuage. Je décidais de remonter au Lago de los Tres… une décision que je n’allais pas regretter; il n’y avait aucun vent, presque aucun nuage et le lago formait un miroir presque parfait (pas de vent donc pas de vague).
Je restais assis sur les berges du lac un bon 2h à admirer Fitz Roy et ses potes.
Puis… le vent se levait, le lac se brouillait, les nuages se pointaient et une masse de touristes se pointaient… le champ du cygne; Adieu Fitz Roy.
Retour au Camp Poincenot, remballe le camp, pour me diriger 13km plus loin au Camp De Agostini sur le bord du Lago Torre, lago faisant face au plus petit, mais presque aussi impressionnant Cerro Torre.
Du haut de ses 3102m, cette aiguille de granite est réputé encore plus difficile à escalader que Fitz Roy… en raison des vents violents qui l’entoure en quasi permanence et de ses parois recouvertes de givre/glace 365jours par année.
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LE RIO ELECTRICO
À la première heure, je retournais à El Chalten avec l’intention de me trouver un lit afin de reprendre des forces, et de me louer un harnais pour ma prochaine aventure.
Une fois en ville, je faisais le tour des auberges recommandables… et moins recommandables… pour toujours recevoir la même réponse; « nous sommes plein… pour les prochains jours ».
Ma seule option pour dormir en ville était de tenter ma tente sur l’un des nombreux campings improvisés… qui coutaient la peau des fesses.
Je décidais de laisser tomber la journée de repos, de louer un harnais, et de commencer ma nouvelle aventure dès maintenant.
Encore là, tous les harnais en ville étaient déjà loués…
13.00 – Avec le moral dans les talons, la dernière chose que je voulais était de camper dans cette ville de merde.
Je décidais de mettre le cap sur la vallée du Rio Electrico, 21km de marche plus loin, avec l’intention de camper au Refugio del Fraile.
Les 15 premiers km se passaient sur une route de gravelle dans le fond d’une vallée exposée aux vents violents… qui me trimbalaient de tout bord tout coté. Pire encore, le vent transformait la gravelle de la route en mini tornade de poussière.
Après 11km, la route bifurquait dans une nouvelle vallée. Je pouvais alors apercevoir pour la 1ère fois la vallée du Rio Electrico… ma destination… qui ressemblait à un mur noir. Mon petit doigt me disait qu’il ne faisait vraiment, mais vraiment pas beau là-bas.
Décidément, rien ne tournait en ma faveur aujourd’hui.
Au moment où je songais sérieusement à retourner à El Chalten, je croisais un camping sur le bord d’une rivière toute bleue (il n’y a pas de hasard dans la vie) et décidais de m’y arrêter pour la nuit.
Tenu par un charmant jeune couple, le Camping Bonanza me chargeait « seulement » 12$ pour un spot de camping… pas cher en Argentine… mais le prix d’un super auberge avec déjeuner inclus (et probablement une piscine) en Colombie.
Quand il me posait la question « comment tu es arrivé ici » et que je répondais « j’ai marché depuis Chanten », la jeune femme se montrait très surprise.
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TENTATIVE ULTIME
À mon réveil, la vallée du Rio Electrico était encore aussi noire que la veille. Je mettais une croix dessus.
Direction El Chalten en quête d’un harnais.
Je passais 2h à marcher sur la route à me faire brasser/geler par le vent qui soufflait encore plus fort que la veille.
Une fois à la 1ère des 2 shops qui louent de l’équipement de montagne, j’étais tellement préparé à ce que le gars me disent « non on en a pas » que quand il m’a dit « oui j’en ai 1 », j’étais déjà en train de faire mon mouvement pour partir… j’ai retourné la tête en vitesse… et j’ai laché un « WHAT!!! (Quoi) ».
Direction le Circuit Huemul sans tarder… pour vous il faudra attendre au prochain épisode…
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P.S. – LA QUESTION QUI TUE
Cerro Fitz Roy ou Torres del Paine?
Sans rien enlever à Torres del Paine, j’ai été beaucoup plus impressionné par Fitz Roy.
Fitz Roy m’a décroché la mâchoire… W O W. Je commence à en avoir vu pas mal des montagnes… mais celle-là, c’est comme la cathédrale Notre-Dame de Paris des montagnes; un temple construit par des millénaires de glace et de vent.
Ajoutez à cela que l’accès à Fitz Roy est gratuit, qu’il y a un peu moins de touristes, et qu’il est possible de camper gratuitement et sans avoir à réserver à l’avance.
Épisode 99 – La Terre de Feu; Randonnée Au Bout Du Monde
Lima – Fin Octobre 2016
« J’aimerais célébrer le Nouvel An dans un endroit hors du commun »; l’une des premières choses que Tanzi m’avait dite en me rejoignant en Amérique du Sud.
« Que dirais-tu de célébrer le jour de l’an en Terre de Feu » lui avais-je lancé (sans trop y croire). Après tout, nous étions à plus de 5000km à vol d’oiseau et rien ne disait que nous serions rendu là 2 mois plus tard.
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11.30 – 30 Décembre 2016
Chose promise, chose dû…
Le petit avion bimoteur, dans lequel nous prenions place, survolait le Canal de Beagle, pour finalement atterrir à Puerto Williams…
Bienvenue en Terre de Feu!
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LA TERRE DE FEU POUR LES NULS
Après 4.5 mois et 6900km (à vol d’oiseau), depuis la Colombie, à l’extrême nord du continent sud américain, j’ai enfin atteint l’extrême sud du continent… l’endroit le plus reculé et le moins visité (difficile d’accès et $$$) de tout le Chili; là où la Cordillère des Andes rencontre les 2 océans.
Ferdinand de Magellan, voyant beaucoup de feux sur les plages (allumés par les tribus autochtones), lors de son célèbre passage du désormais Détroit de Magellan (1520), surnomma l’endroit « Terre de Fumée » (un peu poche). L’endroit fut plus tard rebaptisé « Tierra del Fuego (Terre de Feu) ».
Auparavant territoire autonome habité par des tribus indépendantes, le Chili et l’Argentine ont commencé à revendiquer les terres vers la fin 19eme siècles. La Terre de Feu est aujourd’hui un archipel partagé entre l’Argentine et le Chili, et séparé du continent par le Détroit de Magellan.
La découverte d’or au tournant du 20ème siècle amena une immigration massive d’européens… et l’extermination quasi totale des communauté autochtones…
L’extrême sud de la Terre de Feu est le tristement célèbre Cap Horn (Cabo del Hornos), passage maritime réputé comme étant le plus dangereux/difficile à négocier sur Terre, aujourd’hui considéré comme étant le plus grand cimetière de bateaux au monde (épaves de tous les bateaux ayant tenté de franchir le Cap Horn… sans succès).
La plus grande ile de l’archipel appartient à l’Argentine; Isla Grande de Tierra del Fuego. C’est sur cette ile que se trouve Ushuaia, sans le moindre doute la ville la plus connue (et touristique) de la région. Avec Christchurch (en Nouvelle-Zélande) et Punta Arenas (Chili), Ushuaia est l’un des 3 points de départ sur Terre pour les excursions scientifiques et touristiques vers l’Antarctique.
Triste note pour finir, le « célèbre » trou dans la couche d’ozone se situe tout près de Isla Navarino. On dénombre un taux très élevé de cancer de la peau chez les habitants… et les moutons du coin (pas des jokes).
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PUERTO WILLIAMS
L’expression « au bout du monde » semble avoir été inventée pour décrire Puerto Williams.
Contrairement à la croyance populaire, largement répandue par l’Argentine, la ville la plus au sud sur Terre n’est pas Ushuaia (Argentine), mais Puerto Williams (Chili).
En effet, Isla Navarino, sur lequel se trouve Puerto Williams, se situe à plus de 1km au sud de Isla Grande de Tierra del Fuego, sur laquelle se trouve Ushuaia, par delà le Canal de Beagle… fin de la discussion.
Le Canal de Beagle fut nommé en l’honneur du bateau HMS Beagle. Le bateau britannique et son capitaine Fitzroy firent 2 voyages en Terre de Feu. Lors du 1er voyage, Fitzroy rapporta (le terme exact serait « fit prisonnier ») avec lui 4 indigènes en Angleterre. Il revint en Terre de Feu pour un second voyage avec les 3 survivants… et un certain Charles Darwin… qui entreprenait alors son périple historique qui le mènerait éventuellement aux Iles Galapagos, où il formulerait sa désormais célèbre Théorie de l’Évolution.
Fondé en 1953 en tant que base militaire chilienne, pour faire sur que l’Argentine ne revendiquerait pas Isla Navarino, Puerto Williams est aujourd’hui une ville de moins de 3000 habitants, qui allait nous servir de point de départ pour notre prochain défi.
Fait intéressant (ou non), la circonférence de la Terre est de 40075km, ce qui veut dire que de chez vous, l’endroit le plus éloigné sur Terre est à 20037.5km… parce que si vous allez plus loin vous commenceriez à revenir sur vos pas. Tout cela pour dire qu’à Puerto Williams, j’étais à 14500km de chez moi, tandis que Tanzi était à exactement 17000km de chez elle. Nous sommes sur à 99% que Isla Navarino est l’endroit terrestre tle plus éloigné (excluant les océans et l’Antarctique) que Tanzi puisse aller de chez elle.
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LES DENTS DE NAVARINO
Seulement 3 jours après avoir terminé notre randonnée de 8 jours dans le Parque Torres del Paine (nos bottes n’avaient pas eu le temps de sécher), nous quittions le confort (relatif) de notre auberge de Puerto Williams, pour entreprendre le sentier de Grande Randonnée (sur plusieurs jours) le plus au sud de la planète; la randonnée très en dehors des sentiers battus « Dientes del Navarino (Les Dents de Navarino) ».
Créé de toute pièce par un auteur du Lonely Planet en 1991, le circuit est d’une longueur d’environ 50km, fait le tour des Aiguilles de Navarino, une chaine de montagnes constituée de plusieurs sommets pointant vers le ciel tels des aiguilles, et passe au travers d’une contrée perdu, faite de forêts vierges, de lacs et de montagnes.
On raconte que le sentier n’en est pas vraiment un; il n’y a pas de sentier à proprement parler, que de rares totems/poteaux à repérer… un sentier réservé au expert ayant un excellent sens de l’orientation.
Autre fait intéressant, il n’y a pas de parc national sur Isla Navarino. L’ensemble de l’ile fait cependant parti de la « Reserva Cabo del Hornos (La Réserve du Cap Horn) », une réserve nommée au Patrimoine de l’UNESCO dans la catégorie « Natural Biosphere Reserve ». Seuls 37 endroits sur Terre ont reçu ce titre.
En clair, la Réserve est à l’état quasi vierge (une présence humaine minimale). C’est donc dire que le circuit Dientes de Navarivo ne comporte aucune installation, aucun espace de camping officiel (tu campes où tu veux), et donc aucun frais à payer (ce n’est pas un Parc National).
Pour ceux qui n’ont pas encore compris, notre randonnée serait dans la nature la plus totale.
Nous ne le savions pas encore, mais « I lost the trail / Where is the trail (J’ai perdu le sentier / Où est le sentier) » seraient les 2 phrases que moi et Tanzi allions employer le plus souvent durant nos 4 jours de randonnée.
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Jour 1 – NOUVEL AN SAUVAGE
31 Decembre 2016
08.00 – Puerto Williams
La dame de notre auberge était épatée (le mot n’est pas assez fort) par la petitesse de nos sacs de randonnée. Elle en avait vu passer des randonneurs depuis la dizaine d’années qu’elle tenait son auberge, et me disait qu’elle n’avait jamais vu 2 sacs aussi petits et légers. Et pourtant, dans nos sacs de 7 et 11kg, se trouvait sleepings, matelas de sol, tente, vêtements chauds et une autonomie de 5 jours en nourriture (pates, riz, chocolats, peanuts, salamis, pains, fromages, des biscuits… et du vin).
10.30 – Après avoir marché quelques km sur un chemin forestier, nous atteignions le début officiel du sentier. En chemin nous avions rencontré 2 cabots qui avaient décidé de se joindre à nous.
L’ascension se faisait via un beau sentier forestier, la « Ruta Patrimonial Cabo de Hornos (Sentier Patrimoniale du Cap Horn) ».
Premier objectif; le Cerro Bandera, le sommet d’une petite montagne derrière Puerto Williams, facilement reconnaissable de par son drapeau chilien. Le Cerro Bandera dominait le Canal du Beagle et Puerto Williams du haut de ses 610m. Nous pouvions même apercevoir Ushuaia tout au loin à l’ouest.
Nous marchions ensuite sur le sommet de la montagne, une toundra où presque rien ne poussait sauf du lichen. À partir de là, il n’y avait plus de sentier à proprement parler, que des signes (poteaux) de temps en temps.
Nous disions Au Revoir à Puerto Williams et au Canal de Beagle pour basculer dans la Valle Robalo, ceinturée par des montagnes sur 3 cotés et avec 3 lagunas (lacs) en contrebas.
C’est sur les berges du dernier de ces 3 lacs, le Laguna del Salto, que nous installerions notre campement pour la nuit.
La pluie nous attrapait sur le final, juste avant d’arriver au Laguna del Salta, faisant sur que la dernière section (toute en descente dans un champ d’éboulement sur 200m de haut) soit bien glissante et que notre site de camping soit détrempé.
15.05 – Laguna del Salto après 12km de marche, une journée facile pour les jambes, mais éprouvante pour le cerveau.
Nous pouvions entamer les célébration du Nouvel An avec le vin qui coulerait « à flot » (1L en boite).
23.55 – 31 Décembre 2016
Le réveil sonnait juste à temps pour moi et Tanzi de sortir de la tente et d’entamer le décompte sous la nuit étoilée.
10… 9… 8… 7… 6… 5… 4… 3… 2… 1…
Chow Bye 2016!
Bienvenue 2017!
Pas de feu d’artifice… Pas de fancy souper au resto… Pas de party entre amis… Juste une tente détrempée avec une jolie fille prête à me suivre jusqu’au bout du monde (littéralement).
Certains disent que votre nouvelle année sera comme vous la commencez… mmm…
Allez… dodo…
…
Jour 2 – PAR DELÀ LA FIN DU MONDE
1 Janvier 2017
Un nouveau jour… une nouvelle année… les mêmes bottes détrempées…
Programme du jour; rejoindre le Lago Windhond se situant à l’écart du circuit Dientes de Navarino tout au sud de l’ile.
08.30 – Faux départ en me plantant 2 fois dans la boue lors des 5 premières minutes. La journée allait être longue.
Dès le départ, nous montions sans relâche pour rejoindre la Paso Austral 350m plus haut; bienvenue en 2017!!!
L’ascension se passait dans un sentier que je surnommais « la rivière » (devinez pourquoi); quand nous n’avions pas les 2 pieds dans l’eau, nous avions les pieds dans la boue…
Quelques km plus loin, nous arrivions à la jonction du sentier menant au Lago Windhond.
Après être descendu dans une vallée toute verte, nous pouvions apercevoir les ravages que les castors font sur l’écosystême de l’île. Introduit ici il y a moins d’un siècle (ils ont en faitvété introduit en Argentine… et ont nagé jusqu’à Isla Navarino), le castor canadien détruit des forêts, bloque des rivières et se reproduit en quantité industrielle (aucun prédateur sur l’ile).
Le sentier entreprenait de monter au sommet du Cerro Bettinelli, un immense tas de gravas qui dominait les environs et offrait un formidable panorama à 360 degrés. Nous avions alors l’impression d’être au sommet du bout du monde.
Un brouillard cachait alors le sud de l’ile et le Cap Horn. Comme si Isla Navarino nous disait « attendez à demain »… puisque nous aurions à reprendre le même sentier en sens inverse dès demain.
En guise de sentier, des totems à tous les 200-300m. Dans une mer de roche, il fallait avoir les yeux grand ouvert pour localiser ces petits tas de pierre faits par l’homme.
13.45 – Nous pénétrions dans une espèce de forêt enchanté… qui se transformait rapidement en une patinoire de boue à la verticale. Comme si ce n’était pas suffisant, la présence de nombreux troncs d’arbre tombés sur le sentier ne facilitaient en rien notre tâche.
Une grosse heure et demi de contortion et d’équilibre était nécessaire pour franchir cette forêt de moins de 2km (et nous avions descendu tout le long). Sortir de cette forêt sans être couvert de boue relevait du miracle… miracle que ni moi, ni Tanzi n’étions en mesure d’accomplir.
Cette forêt désenchantée était suivit d’une marche de 5km dans une plaine… que dis-je… dans un marais… un espèce de labyrinthe sans mur composé de trous d’eau rouge… où flottaient d’étrange substance ressemblant à du vomis… et d’espèce de tapis végétal spongieux et dangereusement instable. Bref, pas l’endroit où tu veux remplir ta gourde.
16.30 – Nous installions notre camp sur le bord du Lago Windhond. Le lac en lui-même n’avait rien de spécial, mis à part du sable noir. C’est plutôt le chemin pour s’y rendre qui avait été hors du commun.
Il nous avait fallu 8 intense heures de marche pour franchir les 18km, +800m de dénivelé positif et tout autant en descente… 18km qui nous avaient fait marcher par delà de hautes montagnes, des forêts et des marais, et sur tous les terrains imaginables; roche, neige, eau, sable, boue, bois, boue, etc.
Déjà que le circuit Dientes de Navarino était très peu fréquenté, ce sentier alternatif jusqu’au Lago Windhond l’était encore moins. J’avais le sourire fendu jusqu’aux oreilles à penser que depuis le début de l’histoire de l’humanité, nous étions parmi les rares à être venu ici.
Un peu au sud de la 55ème latitude, à 56km au sud de Ushuaia et 96km au nord du dernier rocher du Cap Horn, cette nuit serait notre nuit la plus au sud sur Terre (sauf si nous allons un jour en Antarctique… $$$).
Regardez la flèche BLEUE
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Jour 3 – DU RÊVE AU CAUCHEMARD
2 Janvier 2016
Copier Coller inversé de la veille alors que nous devions retourner sur nos pas pour rejoindre le circuit; marais, forêt (dés)enchantée, plaine stérile, sommet en tas de gravas, forêt ravagée par les castors et finalement la jonction avec le circuit.
L’ayant vécu la veille ne rendrait pas la tâche plus facile. Nous étions simplement conscient de l’ampleur de la tâche à accomplir.
Comparativement à la veille, nous avions une vue dégagée au sommet de Cerro Bettinelli. Nous pouvions ainsi voir la fin de l’ile et l’archipel inhabité du Cabo del Hornos (Cap Horn) tout au fond… donc la fin de l’Amérique du Sud.
Il nous fallait pas moins de 7 heures pour retourner sur nos pas et aller dormir sur les berges d’un petit lac quelques km après notre retour sur le circuit.
Cette journée, qui avait jusque là été fantastique, se transformait en cauchemar à peine arrivé au lac; une pluie diluvienne nous tombait dessus alors que j’installais la tente.
La pluie allait gagner en intensité et perdurer toute la nuit, si bien que ma petite tente prenait tranquillement l’eau; au milieu de la nuit, le sol était imbibé d’eau si bien que nos 2 sleepings étaient rapidement détrempés eux aussi… tout comme nous à l’intérieur.
Le bruit de la pluie qui frappe ma tente est normalement un bruit qui m’aide à dormir… mais pas cette nuit là… il me rendait fou…
Par je ne sais quel miracle, et malgré le fait que nous étions mort de froid, nous parvenions à fermer l’oeil quelques heures.
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Jour 4 – SKYFALL
(Le Ciel Nous Tombes Sur La Tête)
3 Janvier 2016
08.35 – La pluie avait finalement cessée et le soleil était de retour.
Après passé plus d’une heure à tout faire sécher sur des rochers, nous étions reparti pour un tour.
Nous marchions au travers de champs d’éboulement, à chercher les rares totems, jusqu’au sommet de la Paso Ventarron. Du haut de ses 680m, nous disions Au Revoir aux paysages des 2 derniers jours pour basculer dans une nouvelle vallée.
10.00 – Nous pensions avoir passé au travers du pire la nuit dernière… ERREUR. Nous étions sur le point d’entreprendre le plus pénible Boot Camp (marche forcée) de notre vie.
Nous ne le savions pas encore, mais c’était la dernière fois de toute la journée que nous verrions le soleil. Dès lors, la pluie allait prendre toute la place et nous tomber férocement dessus sous toutes ses formes; pluie, grêle et même tempête de neige.
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PASO VIRGINIA; LE BAIN DE BOUE
Après avoir longé plusieurs lacs, marché sur le flanc de montagnes, traversé des torrents sur des roches glissantes, évité du mieux possible les trous de boue et négocié des sections de forêts glissantes, il fallait maintenant s’attaquer à la dernière (et plus grosse) difficulté du circuit; l’ascension de la Paso Virginia.
Pour atteindre le sommet de Paso Virginia, il nous fallait négocier un sentier de 1.5km avec un dénivelé positif de +700m… une section qui nous prenait 2h à négocier.
Jusque là, même si le circuit avait été très boueux, nous avions presque toujours pu éviter la boue en prenant des sentiers alternatifs. Durant l’ascension du Paso Virginia, nous n’allions pas avoir ce luxe; il y aurait un sentier et un seul pour atteindre le sommet… un sentier défoncé comme je n’en avait encore jamais vu à ce point de toute ma vie.
De la base jusqu’au sommet de la montagne, le sentier était un champ de boue aussi profond que dense. Chacun de nos pas était une bataille. Plus souvent qu’autrement, nous perdions de vue nos bottes dans la boue, et nous devions lutter/tirer très fort pour les en sortir… et ainsi de suite.
C’est impossible de décrire la sensation de dégout que vous avez lorsque vous savez que vous devez poser les 2 pieds dans la boue, que vous allez probablement en avoir jusqu’au genou, et que tout ce que vous voyez en avant de vous est de la boue. Vous le savez, votre cerveau le sait, mais la sensation reste totalement répugnante.
Au début de l’ascension, Tanzi était en larme et sur le bord de la crise de nerf (j’étais à peine mieux). Je ne l’avais jamais vu aussi à fleur de peau (j’ai appris de nouveaux mots en russe ;-).
Vers le sommet, toujours dans cette mer de boue, à avancer à pas de très vieille tortue dans cette mer de boue, avec la pluie qui s’abattait violemment sur nous, complètement détrempé et gelé, nous avions tous les 2 le sourire aux lèvres et trouvions le moyen de rigoler. Au début, votre cerveau lutte pour vous empêcher de faire une chose pareille… puis… il lâche prise… comme si il se disait « ahh… tu veux marcher dans la boue… fais donc ce que tu veux ». Le corps humain a une capacité extraordinaire d’adaptation. Même les endroits les plus inhospitalier pour l’homme peuvent devenir « agréable ».
Une fois au sommet de Paso Virginia, je regardais le chemin parcouru en contrebas et lâchais un « FUCK YOU NAVARINO » bien senti qui résonnait dans toute la vallée. Tanzi me lançait alors; « il y a certains endroits sur Terre qui ne sont pas fait pour l’homme. Cette montagne est l’un de ces endroits ».
Dès lors, nous marchions pendant plus de 2km sur le sommet plat de la montagne. L’endroit n’était qu’un tas de gravas, mais la traversée était rendu difficile par une tempête de neige intense qui soufflait sur nous (oui… une tempête de neige). Ce fut probablement l’un des seuls moment dans ma vie où je n’ai pas apprécié la neige.
Après s’être fait pleuvoir dessus toute la journée, et avec tous nos vêtements ayant dépassé depuis très longtemps le niveau « détrempé », cette neige mixée avec un fort vent d’hiver nous refroidissait les ardeur.
Une fois de l’autre coté, nous étions au sommet d’une montagne escarpée avec un lac tout en bas. Le sentier descendait alors en droite ligne dans la zone d’éboulement… de loin la section la plus rapide que nous allions négocier durant la journée… à courir à la verticale dans les gravas (comme skier… sans ski).
15.30 – Nous étions à l’extrémité opposé du lac où se trouvait le dernier campement avant la fin du circuit.
Officiellement, nous avions alors parcouru 17km en 7h. Officieusement, avec tous les détours que nous avions fait, la distance devait exploser les 25km.
Vous pensez que c’est lent? Eh bien sachez que durant la journée, nous avions dépassé (et ensuite largué) plus de 8 randonneurs. Tous ces randonneurs étaient dans la force de l’âge comme nous (il n’y avait pas de randonneurs faible sur ce circuit).
16.00 – La pluie n’ayant pas arrêté de nous tomber dessus depuis la matinée, et avec encore à l’esprit la nuit passée, nous décidions d’y aller tout pour le tout; nous allions rallier Puerto Williams dès ce soir.
L’avenir nous donnait raison de pousser jusqu’à Puerto Williams dès ce soir puisque la pluie redoublait d’ardeur et perdurait jusqu’au lendemain. Le lendemain, il tombait 30cm de neige sur toute la cordillère de Dientes de Navarino… en plein milieu de l’été austral (imaginez en hiver). Tous les randonneurs sur le circuit étaient bloqués; il était absolument impossible de localiser le sentier et était très dangereux de se fouller/casser une jambe en marchant dans les sections rocheuses recouvertes de neige.
Nous allions donc descendre les 2 derniers km en moins d’une heure pour atteindre le niveau de la mer et la route… pour ensuite nous faire ramasser en stop et être à Puerto Williams avant 18.00.
Trop beau pour être vrai…
Les 2 derniers km jusqu’à la route nous prenaient finalement 2h à franchir; il y avait une tonne de section de boue (pas nouveau) et une quantité industrielle d’arbres tombés au travers du sentier. Nous allions en ligne droite dans la boue sans s’en soucier. Après tout, nous étions détrempé et le moindre espace dans nos bottes était occupé par un mélange d’eau, de boue et de végétation quelconque. Qu’est-ce que plus d’eau/boue allait changer; RIEN.
18.00 – Après avoir perdu (pour une dernière fois) le sentier, nous terminions le Dientes de Navarino dans la cour arrière d’une ferme après avoir marché durant quelques centaines de mètres dans un marais. Je manquais perdre mes bottes quelques fois tellement l’endroit était profond et visqueux.
Nous rejoignions finalement la route principale de l’ile (route de gravelle), reliant les 2 seules villes sur Isla Navarino (Puerto Navarino et Puerto Williams). Avec encore 7.5km à faire, ne restait plus qu’à prier pour qu’une voiture passe… et quelle daigne nous prendre en stop.
18.45 – 2 très gentils samaritains nous ramassaient en stop. Ils s’étaient arrêté par eux-même puisque nous n’avions pas osé lever le pouce tellement nous étions détrempé et couvert de boue (je ne m’aurais pas pris en stop).
19.15 – Nous étions dans une chambre d’hôtel de Puerto Williams… complètement exténué.
C’est impossible pour moi de décrire à quel point cette journée fut difficile mentalement (parce que le corps est entrainé). Toute la journée, du début à la fin, il fallait avoir des yeux tout le tour de la tête pour ne pas se blesser ou pire; marcher sur une roche instable, se ramasser un tronc d’arbre en pleine face ou se casser une jambe en perdant pied dans une section boueuse en pente, etc. les dangers étaient constant.
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TIERRA DEL JUVIA
*Nous avons rebaptisé Tierra del Fiego, Tierra del Juvia (Terre de Pluie), un nom qui lui va comme un gant.
C’est fait! Nous avions survécu aux sévices du Dientes de Navarino. Nous avions bouclé le circuit Dientes de Navarino + un extra de 30km jusqu’au Lago Windhond en 4jours 3 nuits. La plupart des gens prennent 4 à 6 jours simplement pour faire le circuit.
Malgré toute la pluie et la tonne de boue dans les bottes, une randonnée sur le circuit Dientes de Navarino est une expérience unique dans un endroit difficile d’accès et presque vierge de toute présence humaine. Dientes de Navarino n’est cependant pas pour n’importe quel randonneur. Il faut avoir fait beaucoup de randonnée dans sa vie, et vouloir se challenger, pour apprécier cette randonnée.
Si quelqu’un cherche à organiser une Spartan Race, ou une course à obstacle du genre, sur un vrai sentier, le Dientes de Navarino est tout désigné.
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De retour à Puerto Williams, nous étions quitte pour un repos bien mérité de 2 jours.
Je ne manquais pas d’essayer le plat typique du coin (Centolla… du crabe géant) et de visiter la communauté de Ukika. Située juste à coté de Puerto Williams, le village est habité par les derniers descendants de la tribu Yámana, premiers habitants de l’ile, comptant désormais moins de 70 membres.
Ce sont les bottes encore détrempé, même après avoir passé 2 jours complet à sécher sur le bord d’un feu, que nous sautions dans l’avion pour retourner à Punta Arenas. Pour l’occasion, toutes les montagnes autour du Canal de Beagle avaient mise leur grand manteau blanc.
Notre séjour au Chili tirait à sa fin. Dès le lendemain, nous allions sauter dans un bus pour l’Argentine.
Au Revoir Bout du Monde.
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ÉPILOGUE CHILE
Difficile à croire, mais nous avons passé presque 2 mois au Chili. Je suis entré au Chili en ne connaissant absolument rien du pays et je pars comme si je quittais un vieil ami.
En une phrase; le Chili c’est le Canada version sud américaine. J’ai trouvé BEAUCOUP de similitudes entre le Chili et le Canada; qualité de vie, peuple aux origines similaires et paysages quasi identiques (exception faite des volcans).
Rare sont les endroits où nous n’avons pas posé les pieds. Mis à part quelques destination soleil au nord, la Carretera Austral est le seul endroit qui manque à mon tableau de chasse. Il me faudra revenir au Chili un jour pour faire cette route de Puerto Montt (Chili) à Villa O’Higgins (Chili), pour ensuite marcher de Villa O’higgins à El Chalten (Argentine).
Nous pouvons dire que nous avons fait un tour quasi complet de ce pays longiligne… un pays que peu de gens connaissent comparativement à ses très connus voisins l’Argentine, le Pérou et même la Bolivie, mais qui gagne à être découvert.
Il faut cependant avoir un bon compte en banque pour visiter le Chili. Alors que je dépensais en moyenne de 25-35$ canadien par jour en Colombie, Équateur, Pérou et Bolivie, la facture est montée à 60/65$ canadiens pour le Chili.
On se revoit un jour Chili.
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P.S. – Notre départ de Isla Navarino marque la fin d’un mois de décembre complètement fou. Du 1er décembre au 3 janvier (34 nuits), nous avons dormi 15 fois dans une tente.
Épisode 97 – La Route Des Fjords De La Patagonie
16 décembre 2016
La veille d’entrer officiellement en Patagonie… je perdais ma casquette Patagonia. Je ne pourrais donc pas tenir la promesse que je lui avais faite en quittant Dubai…
Peu importe, je fessais vite mon deuil et nous quittions définitivement Puerto Montt, et la région des Los Lagos, sur un traversier à destination de Puerto Natales, quelques 1200km plus au sud à vol d’oiseau, en plein coeur de la Patagonie.
Le ferry marquait la fin de 15 jours de fou après notre départ de Santiago de Chile le 1 décembre… 15 jours qui nous avaient conduits dans plusieurs endroits magnifiques; Altos de Lircay, Pucon, la vallée de Cochamo, Puerto Varas/Frutillar, Parque Pumalin et Isla Grande de Chiloé.
Un 4 jours/3nuits de repos bien mérité sur un bateau ferait le plus grand bien afin de recharger les batteries pour la suite du voyage qui allait repartir sur les chapeaux de roues dès notre sorti du bateau.
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LA PATAGONIE POUR LES NULS
Tout le monde a déjà entendu le mot Patagonie/Patagonia, mais que connaissez-vous vraiment de cet endroit plus vrai que nature?
De la forêt, des tonnes de granite, des lacs et rivières aux eaux bleu clair et des glaciers, c’est ça la Patagonie; une contrée sauvage d’une grande beauté où l’homme doit constamment se battre pour garder sa place.
Le mot Patagonie est un dérivé du mot « Patagon ». Magellan, lors de son fameux voyage (1520), où il fut le premier à contourner (avec succès) l’Amérique du Sud par le Cape Horn, baptisa les gens de l’endroit « Patagon », nom tiré de la mythologie grec et faisant référence à des géants, en référence au fait que les habitants du coin mesuraient plus de 2mètres.
La majorité des gens associent la Patagonie avec Argentine. Effectivement, quand on regarde la carte du territoire, on se rend compte que la majeure partie de la Patagonie se trouve en Argentine. Or, la majeure partie des endroits intéressants à visiter se trouvent au Chili ou à la frontière avec le Chili. Peu importe qu’ils soient chiliens ou argentiniens, les habitants de la Patagonie se considèrent avant tout Patagonien.
Les autochtones patagons ayant presque complètement été rayés de la carte, les patagons chiliens d’aujourd’hui sont essentiellement originaires de l’Archipel de Chiloé.
Fait non négligeable, il fait jour quasi en permanence; Bienvenue dans l’été austral (Austral désigne tout ce qui se trouve au sud de la ligne de l’Équateur) du sud du continent sud américain; le soleil se lève vers 04.30 et se couche vers 23.00, de sorte que nous ne voyons quasi jamais la noirceur. Le phénomène allait s’amplifier plus nous allions descendre au sud.
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Le moins que l’on puisse dire c’est que la Patagonie n’est pas à la porte d’à coté.
Du coté argentinien, c’est assez facile puisque le territoire est relié au continent et accessible par la route ou les airs. En ce qui concerne le coté chilien, il est coupé du reste du pays par le Champs de Glace du Sud de la Patagonie, le 3ème plus grand champ de glace sur Terre après celui de l’Antarctique et du Groenland.
La grande route qui relie le nord et le sud du Chili s’arrête à Puerto Montt. Il est ensuite possible de descendre un peu plus au sud via la Carretera Austral, l’une des routes les plus reculées du monde. La Carretera s’arrête cependant au nord du Champ de Glace du Sud de la Patagonie. Il faut ensuite passer en Argentine pour continuer sa route vers l’extrême sud.
Le moyen le plus efficace de se rendre jusqu’à la pointe sud du Chili est d’embarquer à bord d’un des traversiers ou de voler.
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RUTA FIORDOS DE LA PATAGONIA
(La Route Des Fjords De La Patagonie)
JOUR 1
Alors que nous étions embarqué sur le bateau la veille très tard dans la nuit, nous entreprenions d’explorer le bateau à peine le soleil levé.
Nous étions à bord du traversier Evangelistas, un bateau construit dans les années 70. C’était comme faire une croisière… dans un foyer pour personnes agées. Sans plaisanter, l’intérieur du bateau avait l’air d’un foyer pour personnes âgées avec son look rétro démodé. Pour prouver mon point, on nous proposait des parties de Bingo le soir…
La 1ère journée passait à vitesse très petit V sans rien à se mettre sous la dent en terme de paysage (nous naviguions loin de la cote).
Le 2ème jour pourrait se résumer en quelques mots; journée de merde/pluvieuse… et pour cause, l’endroit où naviguions reçoit entre 5000 et 7000mm de pluie par année, avec certains endroits recevant plus de 11000mm par année. Pour vous donner une idée, 5000mm par année donne une moyenne de 14mm de pluie chaque jour de l’année… 11000mm donne 30mm par jour.
La première moitié de journée se passait sur l’océan pacifique, avec de fortes vagues. La houle était tellement intense que les escaliers étaient difficiles à monter, qu’il était impossible de marcher en ligne droite (on marchait comme des saoulons) et que la grande majorité des passagers avaient le coeur sur la main. À certains moments, le bateau tanguait tellement que tout le mobilier du lounge passait d’un coté à l’autre du bateau.
Sur les coups de midi, nous quittions l’océan pacifique… et les vagues, pour entrer dans le Canal de Messier, situé entre l’ile de Wellington (une endroit complètement reculé) et le continent.
Nous passions le Cotopaxi Shallow, un groupe de roches qui avait faits quelques victimes (bateaux) par le passé.
En fin de journée, le bateau faisait une halte à Puerto Eden (qui porte très mal son nom), un village M I N U S C U L E de seulement 76 habitants, situé sur l’ile de Wellington, qui se méritait le titre de village le plus reculé du Chili. Vivant de la pêche aux crabes, moules et poissons, le village est coupé du reste du monde mis à part pour le traversier qui y fait halte 2 fois par semaine; il n’y a pas de route, encore moins de piste d’atterrissage (il fait trop mauvais à longueur d’année pour y aller en avion ou hélicoptère).
Nuageux, mais non pluvieux, nous pouvions enfin espérer voir quelque chose… et quel spectacle nous avons eu.
Les fjords dans lesquels nous naviguions… zigzaguions serait plutôt le terme, étaient époustouflant; tout autour se trouvait des massifs de granite et des glaciers sortant de l’eau glacé. L’endroit était tout sauf hospitalier et propice à la vie.
À un certain moment, le traversier, faisant plus de 30 mètres de large, avait du négocier un passage très délicat avec moins de 80m de large entre les 2 rochers.
Bravo Capitaine!
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Terre en vue!!!
Bienvenue à Puerto Natales dans le « Seno Ultima Esperanza (L’estuaire du Dernier Espoir) », la Porte d’Entrée du célèbre Parque Torres del Paine.
De la manière que les gens me regardaient, ils n’avaient pas du voir de gars en short & flip flop depuis très longtemps… et pour cause, il devait faire 5degrés.
À suivre…