Aller au contenu principal

Archives de

Épisode 87 –  « Surfin’ U.S… » oups… Peru 

16 octobre 2016

Pas besoin d’aller en Égypte pour visiter des pyramides. Il suffit de se rendre sur la cote pacifique du nord du Pérou.
Un bus de nuit plus tard et j’en avais fini des canyons de Chachapoyas. Le paysage devant mes yeux avait changé du tout au tout, un paysage totalement désertique.
Je me trouvais désormais à Huanchaco. Petit village de pêcheurs il y a 20 ans à peine, depuis devenu le repère des surfeurs, l’endroit étant même classé « World Surfing Reserve (Réserve Mondiale de Surf) » en 2013. Les vagues y sont grosses… un peu trop pour mes talents (extrêmement limités) de surfeur. De toute façon, l’eau était glaciale… il fallait vraiment être un maniaque de surf pour s’y mouiller.
img_6162
Il était cependant intéressant de regarder les locaux pêcher sur leur embarcation remontant à l’époque pré-colombienne. Surnommé « Caballito de Tortora », ces bateaux faits entièrement de paille pouvait supporter au plus 2 personnes.
img_6414img_6411img_6409
Du haut de l’église dominant le village, j’avais l’impression d’être de retour au Moyen-Orient; océan + architecture de merde + paysage désertique. L’ajout d’un minaret et l’illusion aurait été parfaite.
img_6179img_6192img_6307img_6312
À l’horizon, le paysage côtier était pour le moins surprenant avec d’immense dunes de sables et de grosses montagnes semblant surgir de nul part. Le désert se poursuivait ainsi sur plus de 1000km sur la cote jusqu’à la frontière avec l’Équateur au nord.
Huanchaco était situé à moins de 30min de Trujillo, la 3ème plus grande ville du Pérou. Fondé par le conquistador Francisco Pizarro en 1528, l’endroit était rapidement devenu le port le plus important pour le transit (vol) des richesses sud américains par l’Espagne.
La Trujillo d’aujourd’hui est une ville sans grand intérêt pour le voyager moyen. Ce qui m’a impressionné le plus était le nombre de casinos dans la vieille ville.
img_6209-1
CHAN CHAN
Plus qu’un tas de ruines dans une plaine désertique bordant l’océan, les pans de murs de terre sortant du désert ici et là ressemblent plus à un décor post apocalyptique digne de Mad Max qu’à la plus grands cité pré-colombienne du continent. Et pourtant…
img_6371
img_6325
Ces grands pans de mur appartiennent à Chan Chan, jadis la capitale de l’ancien Empire Chimor, dont le territoire s’étendait sur la cote pacifique jusqu’à l’emplacement actuel de Lima du 6ème au 15ème siècles. Contrairement aux Incas, qui vénéraient le Soleil, les Chimu adoraient la Lune.
Vers l’an 1470, les Chimus capitulaient devant les Incas, si bien qu’à l’arrivé des conquistadors 50ans plus tard, Chan Chan, était un port majeur pour les incas.
Les espagnols fondait délibérément Trujillo à moins de 10km. Après avoir essuyé quelques rebellions incas, ceux-ci prenaient totalement le contrôle des environs, signant ainsi la fin pour Chan Chan.
Pour les archéologues en herbe, il y a 2 sites à ne pas manquer;
Le Temple Nik An
Tel un labyrinthe, on se promène dans les dédales de corridors des ruines de l’ancien palais.
img_6340img_6349img_6351
Huaca Arco Iris
Quelques km plus loin, la pyramide cérémonielle surnommée le « Temple Arc-en-ciel »  serait sympathique s’il ne se trouvait pas au beau milieu de la banlieue de Trujillo. Mais quelle idée les Chimus avaient-ils eu de construite un temple au beau milieu d’une banlieue…
img_6379img_6384
L’EMPIRE MOCHE
Une journée plus tard, j’allais visiter l’ancienne cité moche… pas moche… Moche, ayant prospéré sur la cote pacifique du Pérou de l’an 100 à 700.
Huaca del Sol
Surnommé le « Temple du Soleil », cette pyramide est réputée comme étant la plus grande de la multitude de pyramides se trouvant sur la cote pacifique péruvienne.
img_6275img_6276img_6282img_6287img_6273-1Huaca de la Luna
Juste à coté, le « Temple de la Lune » est plus petit, mais tout autant intéressant. Par temple, on veut plutôt dire « lieu de sacrifice » avec une arène et des espèces de gladiateurs version sud américaine. Contrairement à Rome, ce n’était pas pour divertir les foules, mais bien pour satisfaire le Dieu Lune… parce que tout le monde sait que la Lune est assoiffée de sang.
img_6263img_6255img_6236Bref, une tonne de guerriers s’entassaient dans un arène pour faire un espèce de Royal Rumble mortel. Le but n’était alors pas de tuer les autres combattants, mais de les capturer. Une fois que vous aviez capturé un autre guerrier, vous pouviez aller le faire sacrifier devant le prêtre… et vous pouviez vivre un autre jour (jusqu’à ce que vous soyez vous-même capturé).
img_6237
Après 3 jours à Huanchaco, il était temps de bouger. Je n’étais plus capable d’endurer la douce mélodie jouée par les fortes vagues durant la nuit 😉
Direction Lima.
LA VILLE DES ROIS
Fondé par Francisco Pizarro (encore lui) en 1535, Lima est rapidement devenue le centre du royaume espagnol en Amérique.
Lima ne m’inspirait rien de bon. En fait, si j’avais pu, je l’aurais évité complètement… mais je ne pouvais pas. Le 23 octobre en fin d’après-midi, je devais me trouver à l’aéroport international de Lima afin d’y « ramasser » un « colis ».
Tant qu’à devoir être dans le coin, j’allais lui donner une chance.
Dans la vie, tout est une question d’attente. J’imaginais cette cité de 8.5millions d’habitants chaotique et sale. Je trouvais plutôt une Lima moderne et cosmopolite. Définitivement la plus nord américaine de toutes les grandes villes que j’avais visité en Amérique du sud jusqu’à maintenant. Il y avait aussi une différence extrêmement marquée entre Lima et le reste du Pérou. Ouverte sur le monde, beaucoup d’étrangers semblaient y vivre.
La ville manquait cependant un peu de charme. Rien à voir avec Quito. Tout était un peu (beaucoup) banal et rien ne sortait vraiment de l’ordinaire.
À bien y penser, certains éléments sortaient de l’ordinaire; toutes les grandes chaines de restauration, voitures, banques et hôtels s’y trouvaient. Loin d’être un grand fan en temps normal, j’étais tout excité de voir les McDonalds, Burger King, Subway, Pizza Hut et Starbuck de ce monde… première fois depuis Medellin 2 mois plus tôt.
Vous auriez du voir ma figure quand je suis rentré dans un supermarché; il y avait du choix… une première depuis trop longtemps. J’en bavais tellement j’étais heureux.
3 quartiers valent le détour pour un visiteur;
CENTRAL LIMA
Quartier historique quelques 8km à l’intérieur des terres et classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, je n’ai vraiment pas été impressionné par l’endroit; grand et fade…
MIRAFLORES
Quartier moderne sur le bord de l’océan pacifique, il n’y a pas grand chose à voir (rien à voir), mais c’est l’endroit où se retrouve la plupart des bars et auberges/hôtels.
img_6437-1img_6508img_6514
BARRANCO
Voisin de Miraflores et bordant aussi l’océan, c’est le quartier authentique et un peu hippie de la ville.
img_6470img_6485img_6489
Bien que moderne et ouverte sur le monde, tout n’est pas parfait à Lima. Il y a beaucoup de pauvreté et de bidonvilles sur les extrémités. Beaucoup de gens ont migré de la campagne vers la grande ville dans l’espoir d’y trouver du travail ou suite à la purge orchestré par la mouvement terroriste « le sentier lumineux » dans les années 80 et 90.
Lima est aussi l’une des plus grandes villes du monde à ne pas avoir de système de métro. Les bouchons de circulations y sont monstres.
APRÈS-MIDI DU 23 OCTOBRE 2016
Je me rendais à l’aéroport pour collecter mon colis… un colis qui prenait la forme d’une grande russe dans la fin vingtaine.
Après maintenant 7 mois de voyage, mon aventure prenait un tournant. À partir de ce 23 octobre, je ne voyagerait plus en solo… j’allais avoir une « aspirante backpacker » à mes cotés pour quelques mois.
Elle allait (espérons-le) ajouter (un peu mais pas trop) de jugement à ma folie (sérieux?!?).
Bon… fini la grande ville… il est temps de retourner à la montagne.

Épisode 86 – Hike & HitchHike

On n’entend jamais parler de celui qui termine 2ème ou 3ème. Tous n’en ont que pour le 1er. Eh bien c’est la même chose pour les sites archéologiques. Pouvez-vous me nommer le principal site archéologique en Amérique du Sud?

Tic Tac
Je parierais que la plupart d’entre-vous avez pensé à Macchu Picchu… avec raison.
Maintenant, pouvez-vous me nommer les 2ème et 3ème plus importants sites archéologiques d’Amérique du Sud?
Tic Tac
C’est un peu plus difficile n’est-ce pas? Je paris que la très grande majorité d’entre-vous n’avez AUCUNE ESPÈCE D’IDÉE.
Je vous le donne en mille; nahhhh… j’ai changé d’avis. Il vous faudra plutôt parcourir cet épisode pour le découvrir… un épisode qui parle du nord du Pérou… endroit où peu de voyageurs se donnent la peine de visiter… trop pressés de gagner le centre du pays depuis l’Équateur (ou vice versa).
DE L’ÉQUATEUR AU PÉROU EN 12 ÉTAPES « FACILES »
Le 7 octobre 2016 restera dans les annales de ma vie pour avoir été ma plus longue et pénible journée de voyage. On m’avait mentionné que je prenais tout sauf l’option facile en tentant de franchir par la jungle la frontière entre l’Équateur et le Pérou, mais je ne me serais jamais imaginé peiner autant. À vaincre sans difficulté, on triomphe sans gloire…
ACTE 1 – ZUMBA
Réveil à Zumba/Équateur au son des coqs à 05.00… 2 heures avant l’heure prévue… Grrrrr
ACTE 2 – RANCHERA
Je sautais dans un « Ranchera » (étrange mélange entre un bus et un tracteur) pour me rendre jusqu’à La Balsa, la frontière avec le Pérou, 1.5h plus loin. Sans aucune suspension, je me faisais brasser à souhait sur les routes défoncées en terre. En étant submergé par la jungle, j’avais alors beaucoup plus l’impression de faire une visite guidée dans un parc national que de me rendre à un poste frontalier.
 img_5660img_5661
ACTE 3 – LA FRONTIÈRE
Passer la frontière s’avérait plus compliqué que prévu. Tout d’abord, je ne trouvais pas le poste frontalier de l’Équateur (sans joke). Je décidais de passer le pont en me disant que peut-être les 2 pays avaient combiné leur fonction.
img_5667
Erreur… en arrivant au poste frontalier du Pérou, l’homme cherchait le tampon de départ de l’Équateur dans mon passeport… sans succès. Il me renvoyait de ce pas en Équateur de l’autre coté du pont.
De retour en Équateur, je trouvais finalement une cabane sans aucune identification avec un policier (beaucoup trop relax).
ACTE 4 – MARCHE ou CRÈVE
Ayant mon tampon d’arrivé au Pérou fraichement apposé dans mon passeport, je me mettais à la recherche d’un transport… sans succès.
On m’expliquait que tous les Collectivos (espèce de taxi transport en commun) avaient quittés quelques minutes plus tôt et qu’il y en aurait surement de nouveaux dans 30 à 40 minutes. On m’expliquait aussi que le village le plus proche était à plus de 6km.
Toute personne sensée aurait attendu un transport à la frontière… pas moi. J’entreprenais de marcher les 6km sur la route pavée traçant à travers la jungle… avec mes 2 sacs sur le dos. Pas exactement ce que j’imaginais comme arrivé au Pérou.
Heureusement que pour une fois j’avais mangé un déjeuner et que j’avais de l’eau sur moi parce que la chaleur suffocante jumelée à une humidité très intense auraient surement eu raison de moi.
Je me répétais que ce qui ne me tuait pas me rendait plus fort et que j’avais vu bien pire. Après tout, je n’avais pas eu d’accident de moto (sud de l’Inde), j’avais toujours mon passport et mon porte feuille (Sri Lanka) et je marchais sur une route pavé en direction d’un village… je n’étais pas au Cachemire seul perdu au milieu de nul part à 1 ou 2 journées du village le plus proche.
ACTE 5 – HERNANDO
Après 1h et 4km de marche, j’entendais des pneus grincer sur la chaussée; une voiture s’était brusquement arrêtée derrière moi. Je n’étais pourtant pas sur son chemin…
Un homme sortait du véhicule; « amigo… de donde va? (l’ami… où tu vas comme ça?) »
Moi – « San Ignacio » (la plus grosse ville des environs quelques 50km plus loin).

10.20 – L’homme me lançait un « vamonos (allons-y) » en me faisant un signe de monter dans la voiture. Difficile de dire non…

Une fois installé dans la voiture avec la sueur qui perlait de partout sur mon chandail, Hernando et son pote se tournaient vers moi et me lançaient un « Bienvenidos en Perou » avec une poignée de main bien senti.
Hernando avait un seul problème; il se prenait pour un chauffeur de Formule 1 et aimait (beaucoup) prendre les virages trop rapidement en faisant grincer ses pneus… et comme il n’y avait que cela des virages sur cette route, j’avais une petite crainte.
ACTE 6 – SAN IGNACIO
11.20 – Arrivé sain et sauf à San Ignacio, je m’empressais de gagner la station d’autobus en marchant la ville au complet.
ACTE 7 – CEINTURE NON COMPRISE
11.50 – J’étais confortablement assis dans un collectivo roulant à vive allure sur les routes goudronnées du nord du Pérou. Ici, il n’y avait pas de bus, le collectivo était Roi.
J’étais au Pérou depuis moins de 3h et je n’en pouvais déjà plus de leur musique.
ACTE 8 – JAEN
13.30 – Arrivé à Jaen, une grande ville agricole, je traversais à nouveau la ville de long en large pour me rendre à la station d’autobus. Parce que oui, comme en Inde, les péruviens vous déposent à l’entrée de la ville pour vous forcer à prendre un taxi…
ACTE 9 – MINIBUS
14.00 – Direction Bagua Grande, 1h plus loin, dans un minibus bondé. La dame devant moi n’arrêtait pas de refermer la fenêtre de sorte que je frôlais l’évanouissement avec la chaleur intense qu’il faisait à l’intérieur. Vous savez, quand l’air est tellement chaud que c’est pénible de respirer? J’aurais facilement pu faire cuire un oeuf sur mon front.
img_5680
ACTE 10 – BAGUA GRANDE
Alors que je marchais sur la route juste après la frontière (acte 4), quelqu’un m’aurait dit; « tu vas être à Bagua Grande à 15.00 » et je serais parti à rire. Eh bien c’était pourtant vrai.
Comme pour les autres villes au préalable, le bus me déposait à l’entrée de la ville (gang d’enf@ir$) et je marchais plus de 3km jusqu’à la station de bus. J’étais crevé (tellement fatigué que les yeux voulaient me sortir de la tête), les poumons plein de poussière et le chandail imbibé de plusieurs couches de sueurs.
ACTE 11 – DESTINATION FINALE
16.30 – Ça y était… j’étais dans un bus en direction de ma destination finale; Chachapoyas… quelques 130km plus loin… à écouter des films de Jackie Chan en espagnol.
ACTE 12 – CHACHAPOYAS
18.45 – Quelques 11 heures après avoir quitté Zumba, j’arrivais à Chachapoyas.
Pour conclure une journée qui ne finissait pas de ne pas finir, il commençait à pleuvoir quelques minutes avant mon arrivé et mon auberge était mal localisé sur ma carte (du genre à l’extrême opposé de la station de bus). Je marchais et cherchais sous la pluie en flip flop sur les dalles de pierre hyper glissantes… je marchais comme un handicapé au plus grand plaisir des locaux qui se foutaient de ma gueulle. Vaut mieux faire rire de soit que de se planter/briser quelque chose.
Comme première journée au Pérou, s’en avait été toute une. C’était aussi ma 1ère journée en Amérique du Sud où je n’avais pas dit 1 mot d’anglais; toutes mes interactions s’étaient passées en espagnol.
PÉROU POUR LES NULS
Capitale; Lima
Population; : 30 millions d’habitants
Monnaie; Nuevo Sol
Langues Officielles; Espagnol et Quechua (la langue des incas)
Le territoire actuel du Pérou fut le siège du pouvoir de l’ancien Empire Inca (la capitale était Cuzco)… qui fut défait par les conquistadors. Je reparlerais plus en détails des Incas lors de mon passage à Cuzco.
LA CITÉ DE BOUE
Étais-je au Pérou ou de retour en Inde? Je me posais sérieusement la question en marchant dans les rues boueuses/poussiéreuses de Chachapoyas.
Situé dans une contrée de canyons très profonds, Chachapoyas avait très peu à offrir, mais l’endroit servait de camp de base pour explorer les environs qui regorgeaient de merveilles géologiques et de sites archéologiques pré-Inca.
Un manque flagrant de transport en commun, les grandes distances entre les divers sites et la piètre qualité des routes allaient cependant mettre mon moral à rude épreuve. Je ne le savais pas encore, mais j’allais passer de longues heures à « patienter’ (perdre mon temps) au Terminus de Chachapoyas. Dès lors, je me rendais compte que je l’avais eu très facile en Colombie et Équateur.
img_5737-1img_5739-3
CATARATA DE GOCTA
Du haut de ses 771m, la Catarata de Gocta est supposément la 5ème plus haute chute au monde.
On y accède via un sentier long de plus de 5km depuis les villages de Cocachimba ou San Pablo.
Je n’avais pas le choix, pour voir la chute je devais avoir un guide. Du coup, je me ramassais à faire la randonnée avec une famille dans un groupe organisé. Le père de famille, en flip flop et portant un maillot de bain, avait l’air désespéré d’apprendre qu’il faudrait marcher 5km dans la jungle pour voir la chute. F U C K…
Le guide, un local, habillé d’un polo et d’un jeans, était aussi cohérent qu’un ivrogne. On m’aurait dit qu’il sortait à peine de bar et je n’aurais pas eu de difficulté à y croire.
Devant tout cet amateurisme, je décidais de m’éclipser et d’y aller solo. Rapidement, je larguais le guide & les touristes, et me retrouvais fin seul.
Une fois seul, la randonnée devenait agréable. À peine quitté San Pablo que le sentier pénétrait sous le couvert végétal de la jungle, tout en offrant de belles percés sur la vallée en forme de cuvette. La chaleur accablante se transformait alors en agréable fraicheur. Quand les architectes et urbanistes vous disent de favoriser la végétation à l’asphalte & au béton en milieu urbain, vous devriez les écouter. Pas besoin de plan d’eau et la canicule d’été serait beaucoup plus agréable.
Gocta se pointait finalement le nez au fin fond de la cuvette. La chute était séparée en 2 parties distinctes; la partie inférieure faisant plus de 500m de haut et la partie supérieure pointant à environ 250m… avec des sentiers menant à chaque endroit.
img_5691-1img_5708img_5697thumb_gopr6019_1024thumb_gopr6023_1024
Une belle randonnée, mais on ne me reprendrait pas à faire un tour organisé de sitôt. Même si cela compliquait ma visite des environs, j’allais dorénavant y aller en solo.
CATARATA DE YUMBALLA
895m… c’est 3 fois la Tour Eiffel ou plus haut que le Burj Khalifa de Dubai (édifice le plus haut au monde si l’on exclue les crétins d’Arabie Saoudite).
895m c’est aussi la hauteur de la Catarata de Yumballa, considérée comme étant la 3ème plus haute chute au monde. Fait intéressant, Yumballa fut découverte en 2007.
Comment est-ce possible de ne pas avoir découvert une aussi haute chute avant 2007? Cette question rejoint beaucoup d’autres mystère comme « comment Donald Trump a-t’il pu se ramasser candidat républicain aux élections américaines? » ou « comment diable mettre le caramel dans la caramilk? ».
Dans les dernières années, une organisation internationale de volontaires a « construit » un sentier pour atteindre la chute au milieu de la jungle. Tous les profits reliés sont remis à la communauté de Cuispes, un village très pauvre à proximité. La randonnée se targue aussi d’être l’une des randonnée les plus éco-responsables au monde.
Un collectivo de 2h pour Pedro Ruiz et un mototaxi de 40min plus tard que je me trouvais sur la place centrale de Cuispes, perché haut dans les montagnes au milieu de nul part.
De là, il ne me restait plus qu’à m’enregistrer et marcher les 5km de route de terre me séparant… du début du sentier.
Une fois la route derrière moi, je m’enfonçais dans la jungle, la jungle très dense d’un vert radioactif. L’endroit était sublime. Une mince couche de brouillard rendait l’endroit totalement magique, et ce même si il me pleuvait sur la tête.
img_5766
Je passais une jolie chute…
thumb_gopr6215_1024
Suivit d’une 2ème…
J’arrivais ensuite à un embranchement. J’avais le choix d’aller à la base ou au milieu de la chute.
Je décidais de visiter la base en premier.
La descente s’avérait infernale au moyen de cordes sur une section de sentier presque vertical. La pluie avait rendu le tout hyper boueux et glissant. J’avais une peur réelle de perdre pied. J’étais même pris de panique quand je regardais en bas. À certains endroits, une chute aurait pu sérieusement me blesser sinon pire… et j’étais seul dans la jungle. Bravo Champion!
Par 2 fois je perdais pied et m’accrochais In Extremis à des branches de buissons.
Plus de peur que de mal, j’arrivais à la base de la chute. Magnifique.
thumb_gopr6099_1024thumb_gopr6118_1024thumb_gopr6160_1024
Il fallait maintenant remonter… ce qui se faisait surprenamment assez facilement.
thumb_gopr6148_1024thumb_gopr6179_1024
De retour à Cuispes, mon plan initial était de dormir dans le village… mais le prix exorbitant de la seule auberge du village me faisait changer d’avis.
Après avoir marché 20km (5km chemin + 5km sentier allé/retour), je décidais de descendre à Pedro Ruiz… à la marche (7km tout en descente).
Une fois à Pedro Ruiz, je ne tardais pas à me dénicher un transport pour retourner à Chachapoyas. Les gens autour de moi dans le collectivo devaient maudir le ciel (je devais sentir TRÈS mauvais).
Il m’avait plu sur la tête presque toute la journée, j’étais couvert de boue et plein d’égratignures, mais j’avais la tête pleine d’images après une superbe randonnée seul au monde dans la jungle.
PUEBLO DE LOS MUERTOS
Un autre jour qui commençait au Terminal de Chachapoyas. Cette fois, direction le village de LAMUD (fouillez-moi pourquoi toutes les lettres sont en majuscules).
Le village était accessible via une route de gravelle étroite à flanc de montagne… sans garde fou. J’avais des flashbacks de ma virée en Georgie… sauf que cette fois je ne tenais pas le volant.
Arrivé au village sain et sauf, j’entreprenais de marcher 10km jusqu’au Pueblo de los Muertos (Le Village des Morts).
Sans véritablement avoir la confirmation que je me dirigeais au bon endroit… c’était beaucoup trop difficile de demander mon chemin au village… j’avais une confiance aveugle en mon application maps.me.
J’étais donc tout fin seul à marcher dans les plaines et valons sur une route de terre.
Les indications que j’avais recueillis au préalable m’indiquait que c’était une marche de 45min tout en descente de LAMUD. Or, je montais sans arrêt durant les 7 premiers km.
Plein de doutes m’envahissaient; est-ce que l’endroit valait la peine de marcher 10km allé et retour? Est-ce que c’était le bon chemin?
J’arrivais finalement à la fin de la route… avec un gros signe « Pueblo de los Muertos ». Il ne restait plus qu’à descendre un sentier en lacet dans le canyon. J’avais alors une vue imprenable de toute la vallée et de la chute Gocta en face de l’autre coté. C’est dans ces moments là que j’aimerais avoir une bonne caméra.
Le sentier descendait et descendait… toujours rien à l’horizon. J’avais l’impression d’être plus près du fond du canyon que du sommet.
img_5820img_5860
Et puis au tournant du sentier, sur la partie la plus escarpé de la falaise, apparaissait le Pueblo.
Creusé à même le rock de la falaise, au beau milieu de la paroi verticale, se trouvait le Pueblo de los Muertos, une ancienne ville et lieu de sépulture.
img_5839img_5842img_5857img_5846
Ceux qui avait décidé de se construire à cet endroit voulaient définitivement avoir la grosse paix et/ou une chambre avec une vue imprenable pour l’éternité. Toute cette marche en valait définitivement la peine. Je marchais au travers de ce qui restait du Pueblo en prenant bien soin de mettre mes pieds au bon endroit. Le Pueblo était sur une très étroite corniche et un ravin d’une bonne centaine de mètres m’attendait si je faisais un faux pas.
À peine arrivé qu’il fallait déjà se dire adieu. Je devais remonter les 1.5km du sentier jusqu’en haut de la falaise et retourner à LAMUD. Cela ne se ferait pas tout seul…
Je sautais ensuite dans un collectivo afin de me rendre dans le village de Cohechan un peu plus loin… village où j’allais passer la nuit.
La salle de bain du seul « auberge » du village étaient tellement sale que je décidais de pisser dans l’évier (je suis toujours éligible pour une place au Paradis?!?). Je mettais du même coup une croix sur une douche bien méritée. C’est sans parler du lit qui était à peine plus mou que le plancher de béton.
KARAJIA
06.05 – À peine réveillé que je prenais mes clics et mes clacs et marchais en direction de CruzPata, autre village quelques 9km plus haut.
Je marchais dans la journée naissante aux sons des oiseaux dans une contrée de collines vertes encore endormi sous une nappe de brouillard.
But de l’exercice; voir le site archéologique de Karajia, réputé pour ses sarcophages construits à même une paroi rocheuse.
Bon… Karajia… une fois arrivé là, le seul truc à voir était minuscule et perché haut dans les airs; 6 petits monuments en l’honneur d’anciens chefs et chamans de la tribu, avec 2 crânes humains déposés sur 2 d’entre-eux pour montrer leur puissance.
img_5889
Je m’empressais de sauter dans un collectivo en direction de de Luya, pour ensuite sauter dans un autre pour Chachapoyas… des collectivos qui ressemblaient à de la conduite de rallye sur des routes rendues boueuses en raison de la pluie durant la nuit.
Un peu de repos (et une douche) à Chachapoyas ne ferait pas de tort.
LA FORTERESSE DU CIEL
J’avais gardé la Cerise sur le Sunday pour la fin de mon séjour à Chachapoyas; Kuélap… l’un des plus importants sites pré-inca sur le continent, construit dans les environs du 6ème siècle de notre ère. Dans l’ombre de Macchu Picchu, si Kuelap se trouvait dans n’importe quel autre pays d’Amérique du Sud, il serait une attraction majeure.
Pourquoi? Si je vous dit « forteresse de pierre perchée à plus de 3000m dans les nuages »… ça vous donne le gout de visiter? Moi oui…
Il est possible de s’y rendre directement en bus, et un téléphérique est actuellement en construction pour relier Kuelap au fond de la vallée :-(, mais j’avais entendu parler d’un sentier partant du village de Tingo, au plus profond du canyon, 9km et 1200m plus bas.
Après avoir perdu 3h de ma vie au Terminus de Chachapoyas, je prenais finalement la route pour Tingo, village situé dans une portion désertique du canyon. Je n’y croisais personne… tous les magasins étaient fermés… pas moyen de me faire des provisions avant de débuter l’ascension.
Je me retrouvais encore une fois tout fin seul. « Seul au Monde » version montagne… sans ballon… mais avec une boule de quille sur le dos.
Parti de Tingo à 1800m d’altitude sur les coups de midi, je remontais la rivière dans le fond de la vallée sur les 2 premiers km. Pour seuls compagnons; une tonne de cactus.
Le bruit de la rivière finissait par s’éloigner et le fun commençait. Kuelap dominait la vallée du haut de la plus haute montagne. Cela voulait dire que ce que je voyais au-dessus de moi devait être sous mes pieds avant de pouvoir admirer la forteresse.
img_5968img_5971
Après une ascension sans trop d’histoire, je quittais le canyon au km 7 pour pénétrer sur un haut plateau à plus de 2700m. Alors que le canyon était aride, le plateau était tout vert et remplis de champs et pâturages.
Au sortir d’un village, je distinguais désormais une grosse masse jaunâtre au sommet de la montagne à proximité. Un oeil peu averti aurait pu croire que c’était une paroi rocheuse, mais mon petit doigts me disait que c’était une construction humaine; Kuelap.
14.20 – 2h20 après mon départ de Tingo, je me trouvais devant la porte principale de Kuelap.
Je peinais à trouver l’hospedaje (pension) qu’on m’avait recommandée. Je demandais à un guide où se trouvait l’hospedaje « Chez Theodula » et quelques-uns de ses touristes partaient à rire. L’un d’eux lançait même; « il n’y a aucun hébergement à 2h à la ronde »… et quelques autres riaient. Le guide l’interrompait et me lançait « l’auberge est juste 100m plus bas par là »… ce qui avait pour effet de faire taire tous les touristes. J’en entendais même murmurer « si j’avais su qu’il y avait un auberge dans les environs… ». Rira bien qui rira le dernier hehe…
Je m’attendais au pire en ce qui concerne l’hébergement. Les coups de foudre sont bien souvent inexplicables. Eh bien, j’en avais eu un instantanément pour cet endroit.
Tenu par une très gentille dame et son mari, je dois admettre que c’est dans cet endroit perdu que j’ai eu la plus belle chambre de mon court séjour au Pérou. Le bâtiment avait fière allure, en plus d’offrir une vue imprenable sur l’ensemble de la vallée. Le souper était un plat de riz blanc avec des patates frites sur le dessus… mais bon, personne n’est parfait.
La visite allait attendre à demain… j’avais tout mon temps.
06.00 – Le réveil se faisait naturellement au bruit des coqs. Le ciel était bas et la vallée enveloppée de brouillard.
Le déjeuner n’était pas vraiment mieux que le souper de la veille; des biscuits soda avec 1 oeuf… même moi je pouvais faire mieux. Le Pérou n’est pas réputé pour sa cuisine, mais il y avait des limites.
08.00 – À l’heure où les visites guidés partent de Chachapoyas pour visiter Kuelap, j’étais seul sur le site. Les 3h qu’ils leur faudrait pour atteindre la forteresse étaient amplement suffisant pour moi afin de visiter tranquillement l’endroit.
 img_5988img_5995img_5978img_6005
De l’extérieur, Kuelap était submergé par le brouillard. Son imposant mur de fortification semblait sortir tout droit d’un passé lointain. Faisant plus de 12m de haut, 600m de long, par 100m de large, des scientifiques estimaient qu’il avait fallu plus de pierres pour construire Kuelap que pour construire la Grande Pyramide de Gizeh.
img_6128
Pour entrer dans la cité, suffisait de passer par l’une des 2 ouvertures entonnoirs; entre 2 murs de 20m de haut, l’ouverture était de 3 personnes de large à l’extérieur, mais ne devenait pas plus large qu’une seule personne au bout d’un long corridor.
 img_6144
À l’intérieur de la cité, la nature avait repris le dessus. Il ne restait que des ruines de la cité qui jadis comptait plus de 400 bâtiments, des constructions de forme cylindrique avec toit conique en paille.
img_6036img_6039img_6049img_6056
L’endroit était tout simplement immense avec ses multiples niveaux. Dorénavant habité par un troupeau de lamas, la cité avait plus de 3000 habitants à son apogée.
Les historiens et archéologues en savent peu sur Kuelap si ce n’est que la forteresse ne ressemble à aucune autre construction datant de l’époque pré-inca sur le continent.
La cité aurait été le siège du pouvoir régional et aurait été pillée/incendiée par « je-ne-sais-qui » un peu avant l’arrivé des conquistadors au milieu du 16ème siècle. Des ossements de centaines de personnes furent trouvés entassés près d’une falaise. Ces ossements, principalement de femmes et d’enfants, laissent à penser que Kuelap fut saccagé et que ses derniers habitants furent tous exterminés. La cité sombra dans l’oubli jusqu’au milieu du 19ème siècle alors qu’une première véritable fouille archéologique fut conduite seulement en 1997.
J’avais été subjugé par la grandeur des lieux, qui surprenamment n’est pas un site de l’UNESCO. On raconte qu’en terme de site archéologique, seul Macchu Picchu pouvait rivaliser en Amérique du Sud. C’est ce qu’on allait voir dans quelques semaines.
Kuelap était le genre d’endroit qui me faisait rêver à l’existence d’une machine à voyager dans le temps pour retourner voir au temps où les gens y vivaient. Quoiqu’à bien y penser, ils m’auraient très probablement exécuté m’exécuté à la minute où j’aurais posé les pieds… à moins qu’il n’existe une sorte de machine touristique à voyager dans le temps où les voyageurs seraient invisibles… je peux toujours rêver.
J’avais eu l’un des sites archéologiques majeures du continent pour moi tout seul durant 2h30, difficile de me plaindre. Je devais maintenant me résigner à défaire ma route jusqu’à Tingo.
img_6142img_6104
La pluie qui débutait ne tardait pas à transformer la sentier en une véritable patinoire de boue. Heureusement pour moi, j’avais les meilleurs patins sur boue possible et beaucoup d’entrainement.
LE PÉROU AUTREMENT
Après maintenant 8 jours à explorer les environs de Chachapoyas, j’avais finalement fait le tour. Il restait BEAUCOUP de trucs à voir, mais j’avais vu les principaux… et j’étais un peu tanné de l’endroit.
Direction la cote pacifique pour y admirer l’océan pour la 1ère fois depuis mon arrivé en Amérique du Sud, et y prendre un repos des montagnes afin de repartir en force pour la suite des choses.
P.S. I – Après seulement quelques jours passés au Pérou, il est clair que la qualité des services a baissé de beaucoup par rapport à la Colombie et l’Équateur. Alors que la Colombie était extrêmement abordable et que tout était super, que l’Équateur était sensas, le Pérou est simplement très abordable.

Épisode 85 – La vallée de la longévité

30 septembre 2016

MISE EN GARDE
Cet épisode NE contient PAS de randonnée en haute altitude, pas de volcan, pas de personne qui s’évanouisse et je n’y dis pas de mensonge à des gardiens de parc.
C’est toujours en Équateur?!?
Oui!!!
UN PUBLIC AVERTI EN VAUT 2
C’est avec Chimborazo dans les nuages, mais avec le sommet dégagé, que je disais Au Revoir à Riobamba et à l’Avenue des Volcans. À partir d’ici et jusqu’à la frontière avec le Pérou au sud du pays, les hauts volcans aux sommets enneigés feraient maintenant place à des montagnes de moyenne altitude.
Au Revoir Pichincha, Pasachoa, Ilinizas, Quilotoa, Tungurahua et Chimborazo (soupir)… il fallait maintenant passer à un autre appel.
L’intérieur des terre du sud de l’Équateur n’était que collines/montagnes. À perte de vue, tout ou presque est couvert de prés aux diverses teintes de jaune et vert. Rare était les forêts ou endroits non aménagés par l’homme, même sur les flancs les plus escarpés. Le bus montait et descendait sur les routes sinueuses de montagne comme si nous étions sur une montagne russe.
Terminus Cuenca, 3ème ville en importance du pays.
EL DORADO
Réputé pour son architecture coloniale, qui lui a valu une place au patrimoine de l’UNESCO, Cuenca, de son nom complet « Santa Ana de los cuatro rios de Cuenca », se situe à la confluence de 4 rivières et possède une histoire trouble.
Les vestiges de civilisations remontent à il y a plus de 8000 ans. Plus près de nous, la ville de Guapondeleg fut fondée en l’an 500 de notre ère par le peuple Cañari. Signifiant « la terre aussi grande que le Paradis », Guapondeleg allait passer aux mains des Incas au début du 16ème siècle.
Une fois sous l’influence Inca, la ville allait être renommée « Tomebamba » et gagner en importance, jusqu’à être considérée comme la seconde Cuzco (capitale de l’Empire Inca).
Les chroniques de Conquistadors racontent que des (amér)indiens avaient vanté la grandeur de Tomebamba… avec ses nombreux temples d’or. Or, les Conquistadors trouvèrent la cité Inca en cendre.
2 hypothèses persistent à ce sujet. D’une part, la ville aurait été détruite par une guerre interne chez les Incas quelque temps avant l’arrivé des espagnols.
L’autre hypothèse veut que les Incas aient détruit Tomebamba en sachant l’arrivé imminente des Conquistadors… pour que ceux-ci ne puissent pas « profiter » de cette cité (d’or?!?).
Il faut savoir qu’à leur arrivé sur le continent, les Conquistadors avaient eu vent d’une cité Inca faite de temples d’or… qu’ils avaient surnommé « El Dorado ». El Dorado ne fut jamais découverte…
1 + 1 = 2… certains historiens croient que Tomebamba pourrait avoir été cette fameuse El Dorado. Le mystère persiste toujours et on ne saura probablement jamais la vérité.
Dans tous les cas, l’actuelle ville de Cuenca fut fondée en 1557 par les espagnols sur les cendres de Tomebamba.
Cuenca version 21ème siècle est une ville qui respecte son passé, tout en étant définitivement tournée vers l’avenir.
Tout commence dans le Parque Calderon, centre de la ville, avec 2 églises qui se font face; la vieille et la nouvelle (moins vieille). Ville très croyante, on dénombre pas moins de 50 églises pour environ 300000 habitants.
img_5380img_5391
Autres faits d’arme, Cuenca est réputée pour être la grande ville la plus sécuritaire d’Équateur, c’est la seule ville d’Équateur où l’on peut boire l’eau l’eau du robinet, un tramway sera mis en service sous peu & desservira l’ensemble de la ville, et plus de 70km de pistes cyclables urbaines seront aménagés dans la prochaine décennie.
img_5402
C’est sans mentionner qu’il fait bon de vagabonder dans les rues de la vieille ville avec de l’histoire à tous les coins de rue… une marche urbaine… sans boue et avec aucune difficulté à respirer… pour faire changement.
Je me laissais entrainer dans une visite du « Museo del Sombrero » pour y voir comment on fabrique les fameux « Panama Hat ».
img_5408
Chapeaux fabriqués en Équateur, ils doivent leur nom au Président américain Roosevelt. En visite à Panama pour y voir la construction du Canal… de Panama il y a environ 1 siècle, celui-ci remarquait que les travailleurs portaient de jolies chapeaux… qu’il surnommait « Panama Hat »… avant d’en commander une tonne. L’histoire est une succession d’erreurs. N’a-on pas « découvert » l’Amérique en cherchant une nouvelle route pour les Indes.
Bref, hyper intéressant (je ne suis pas sarcastique) et beaucoup plus compliqué qu’il n’en paraît de fabriquer des chapeaux en « paille ».
img_5411img_5417
CAJAS NACIONAL PARK
Moins de 3 jours après Chimborazo, et même si je m’étais promis de me reposer une bonne semaine, je remettais mes bottes de montagne. Que voulez-vous, c’est comme une drogue, mes pieds ne peuvent se passer de l’odeur de mes bottes.
Direction le Parque Nacional Cajas dans les hauteurs de Cuenca à moins de 30km.
Avec plus de 250 lacs, Cajas est l’endroit le plus riche en lacs de toutes les Andes (et les Andes font tout le continent sud américain). Entre 3400 et 4500m d’altitude, on y a aménagé 8 super sentiers allant d’une marche de 2 heures à une randonnée de 2 jours. Bref, pour tous les gouts… à condition d’aimer la nature et les paysages jaune délavés.
Pour ma part, j’entamais le sentier numéro 2 jusqu’au sommet du Cerro (mont) San Luiz culminant à 4300m. Parti à 3850m, je réalisais assez vite que mes jambes n’avaient aucune envi de marcher. Cerise sur le Sunday, le sentier était vraiment glissant et remplis de boue.
img_5452img_5481img_5486img_5488img_5495
LOJA… OU COMMENT ALLER DANS UN ENDROIT OÙ JE NE VOULAIS PAS VRAIMENT ALLER
J’en avais fini avec Cuenca, et il n’y avait pas de place à l’endroit où je voulais aller.
On fait quoi dans ce temps là? On reste une journée de plus dans une superbe ville comme Cuenca… ou on prend une chance d’aller voir ailleurs.
Je sautais donc dans un bus encore un peu plus en direction du sud.
Terminus Loja…
Ville réputée pour son architecture coloniale, il m’aura fallu 5 minutes à marcher dans les rues pour comprendre que je n’aurais jamais du venir ici… que Loja n’était qu’une grande ville bruyante et sans charme. Tout ce que mon guide me disait de visiter était laid. Qu’on se le tienne pour dit; mis la part la nourriture (le restaurant El Tamal Lojano est à ne pas manquer si vous faites la gaffe d’arrêter à Loja), RIEN (architecture et/ou culture) ne justifie d’arrêter à Loja. J’irais même jusqu’à dire que Loja donnait à Riobamba (épisode précédent) des airs de ville touristique.
J’allais donc faire ce que je fais de mieux quand je m’emmerde; trouver un supermarché, m’acheter une bouteille de vin et boire seul comme un grand.
Vous savez les vieux motel crado sur le bord d’autoroute. Eh bien ma chambre ressemblait à cela… mon lit avait même un sommier en forme de coeur (sans commentaire).
LA VALLÉE DE LA LONGÉVITÉ
À peine réveillé que je sautais dans un nouveau bus. Bye Bye Loja… direction le sud… encore.
Situé à seulement 30km de Loja, on prend tout de même plus de 1h30 à négocier la route en lacet qui mène jusqu’à Vilcabamba. Ces 30km sont assez pour faire changer le décor du tout au tout. D’un paysage verdoyant et à plus de 2500m d’altitude autour de Loja, je me retrouvais maintenant sous la barre des 1500m dans un environnement semi-aride jaune.
On ne vient pas à Vilcabamba pour le village (sans grand intérêt), mais pour l’esprit des lieux (l’intangible). La vallée est d’ailleurs appelée « la vallée de la longévité ». Bon… comme pour l’oeuf et la poule, je ne sais pas qu’est-ce qui est arrivé en 1er; la vallée fait vivre les gens plus longtemps… ou une tonne de vieux sont venu habiter ici et on nomma la vallée ainsi parce qu’on croit que les gens vivent plus vieux parce qu’ils sont tous vieux? Posez la question c’est y répondre…
Bref, je ne sais pas si la vallée allonge la durée de vie, mais ce que je sais c’est que l’endroit pullule de vieux hippies à la barbe blanche et aux chemises hawaïennes. J’avais l’impression qu’il y avait plus de blancs que de locaux dans le village.
J’atterrissais à l’auberge Izhcayluma. Dominant la vallée et signifiant « entre 2 collines » en quechua, ça allait me couter 9.5$ pour un super dortoir, un bar avec tables de ping pong et de billard, une piscine, de la nourriture allemande et des séances de yoga gratuites. Qui dit mieux?
img_5608
FORGOTTEN ROAD TRAIL
J’entreprenais de faire l’un des sentiers pédestres balisés des environs. Je choisissais (bien sur) le plus long (boucle de 8 heures) et le plus difficile (5 étoiles sur 5 en terme de difficulté). J’entreprenais de faire le graaaaasnd tour de la vallée afin de faire partir la rouille (alcool) de la dernière semaine.
Je m’en remettais entièrement aux petits points rouge (aménagé par les gens de mon auberge) délimitant le sentier à travers cette contrée labyrinthique.
img_5564img_5579
Quelques collines à monter plus tard que je me retrouvais dans le village extrêmement pauvre de Tumanuma. Il fallait vraiment aimer l’endroit pour rester dans cette contrée ou rien ne semble vraiment pousser outre des cailloux et de la mauvaise herbe.
img_5585img_5586
À partir de là, le sentier passait par une ancienne route de terre abandonnée par les voitures en raison de glissements de terrain répétés (LA Forgotten Road). Ne me restait plus qu’à zigzaguer dans le fond de la vallée entre les montagnes. J’y croisais un fermier habillé en businessman avec ses 2 chiens et son troupeau de vaches.
img_5594-2img_5598-1
Parti à 08.00, je revenais à mon auberge sur les coups de 14.00. 6 heures pour marcher plus de 25km sous une chaleur accablante.
AVENIDA AMAZONAS
Une fois fini avec Vilcabamba, il ne me restait plus qu’une chose à faire; direction Pérou.
Il est possible de passer de l’Équateur au Pérou par la voie terrestre, ou vice-versa, via 3 postes frontaliers; l’un sur la cote pacifique (où 95% des voyageurs passent), l’autre un peu plus dans les terres, mais quand même desservi par une grande route (où 4.99% des voyageurs passent) et celui que j’avais décidé de franchir… en plein coeur de la jungle.
Pourquoi faire comme tout le monde et prendre le chemin facile quand on peu prendre celui difficile? C’était décidé; j’allais passer par la jungle. Je ne le savais pas encore, mais j’allais en baver.
J’entamais donc mon (beaucoup plus long que je ne l’aurais imaginé) périple avec un bus en direction de Zumba via une route sinueuse (vous l’avez déjà entendu souvent cette expression… mon petit doigt me dit de vous dire de vous habituer à l’entendre parce que je n’ai pas de synonyme et que 60% des routes que je prends son des « route sinueuse de montagne ») au travers des montagnes.
En bon québécois, on peux dire que le bus « rushait » un bon coup avec les cotes. Le conducteur avait soit les 2 pieds sur les freins, soit la pédale d’accélérateur bien enfoncée dans le plancher. À regarder le plan de la route sur ma carte, on aurait cru regarder un rythme cardiaque sur un électrocardiogramme; monter une vallée, basculer dans une nouvelle, la descendre, la remonter de l’autre coté, basculer dans une nouvelle… et ainsi de suite.
Environ 1h après mon départ de Vilcabamba, les paysages semi-arides avaient complètement disparus pour faire place à de la jungle… de la jungle très dense avec presque aucune trace humaine sauf pour la route et quelques très rares villages. Nous étions loin des grands centre d’Équateur. Ici les gens vivaient dans des cabanes en bois sans vitre en bord de route à flanc de montagne.
On pouvait voir plein d’anciens glissements de terrain partant du haut des montagne et qui avaient dû emporter la route dans les dernières années… ou des rivières qui étaient parti avec des ponts. Bref, Le nom de la route était très révélateur « Avenida Amazonas ».
img_5617
À un certain moment, la route cessait d’être pavé et se faisait de plus en plus étroite, mais les ravins eux restaient tout aussi profond.nPar moment, j’avais l’impression de faire une randonnée en montagne… en autobus. Je bouclais les 128km séparant Zumba de Vilcabamba en 6h de bus… ça dit tout.
Ma derbière nuit en Équateur allait donc être dans un trou… oups… à Zumba… dans la jungle à la frontière du Pérou. Rendons à César ce qui lui revient, je dois admettre que je m’attendais à tomber sur un minuscule village perdu au milieu de nul part. Je tombais plutôt sur une petite ville en plein essor économique avec la construction de beaucoup de bâtiments un peu partout… assurément du à l’ouverture d’une mine à proximité.
Le registre de mon hôtel montrait que le dernier étranger à avoir séjourné ici remontait à il y a 5 jours…
img_5643
Après exactement 30 jours passés en Équateur, il est maintenant temps d’aller voir ailleurs si j’y suis.
J’ai aimé la Colombie, mais adoré l’Équateur. Je quitte la tête pleine de paysages magnifiques, le corps endolori et avec une excitation réelle d’y revenir très bientôt… ce que je ferais assurément avant de quitter le continent sud américain dans quelques mois. En effet, il y a 2 grands absents de ma tournée actuelle de l’Équateur (je ne vous dit pas lesquels) et j’ai bien l’intention de remédier à la situation.
Pérou me voilà!
P.S. I – Après maintenant 2 mois en Amérique du Sud, je dois admettre que mon espanol a fait un bon de géant. Je suis encore nul, mais je peux maintenant avoir de courtes conversations et comprendre presque à tout coup ce qu’on me dit/demande. J’ai même pu suivre l’histoire d’un film dans le bus l’autre jour.
Mon truc; ne pas avoir peur d’avoir l’air fou. En fait, je sais que j’ai l’air fou donc ça facilite les choses.
P.S. II – Tel que mentionné dans un blog précédent, il en coute un peu plus cher de voyager en Équateur qu’en Colombie. En excluant mon ascension guidée du Chimborazo, j’ai dépensé en moyenne 40$ canadien par jour. Comptez;
– 2 à 5$ pour le déjeuner (quelquefois compris avec l’auberge)
– 2-5$ pour le lunch
– 5-12$ pour le souper
– 8-15$ pour un lit en dortoir
Le $ canadien qui est aussi bas par rapport au $ américain plombe mon budget.

Épisode 84 – Chimborazo; Voyage à l’Extrême Opposé du Centre de la Terre 

26 septembre 2016

Après avoir passé plus de 2 semaines à faire copain copain avec les volcans autour de Quito sur l’Avenue des Volcans, je quittais définitivement la capitale pour une seconde et dernière fois. Quito, une ville dont je n’avais AUCUNE attente et qui (franchement) me faisait un peu peur, avait confondu le sceptique en moi. J’allais m’ennuyer.
Direction le sud. Terminus Riobamba.
Malgré un nom qui incite à la fête, Riobamba n’avait rien de très festif. C’était une ville sans intérêt que la très grande majorité des voyageurs évitent.
Ce n’est tellement pas touristique que l’hébergement que je trouvais était un hôtel 3 étoiles… à 18$ la nuit (il serait au moins à 100$ en Europe/Amérique du Nord). Exception faite de mon séjour au Canada, je ne me rappelais pas la dernière fois où j’avais eu ma propre chambre (je dors toujours en dortoir/auberge jeunesse) et ma propre salle de bain. À voyager autant que je le fais, on fini par oublier certains petits plaisirs de la vie… comme de prendre une douche ayant une forte pression d’eau et dans laquelle on peu régler la température (parce que plus souvent qu’autrement on subit la température de la douche dans un auberge jeunesse… soit hyper chaud ou glacial).
Mais pourquoi donc aller à Riobamba si la plupart des touristes l’évite. Eh bien, d’une part je ne suis pas « la plupart des touristes » et de l’autre, la ville surnommée « le Sultan des Andes » est entourée de 3 géants; le El Altar (5319m – volcan éteint), le Carihuairazo (5018m – volcan dormant) et le Chimborazo (volcan dormant).
Toute ces randonnées et ascensions de volcans des dernières semaines avaient un but bien précis; me préparer au mieux à réaliser l’ascension de Chimborazo.
Venant des mots Quechua « Chimba » & « Razu » qui signifient « la neige de l’autre versant » ou « glace de l’autre coté », Chimborazo est le géant des géants du pays, du haut de ses 6310m. Surnommé « Taita Chimborazo », c’est à dire Papa Chimborazo, Chimborazo est considéré comme étant le « père » de tous les autres volcans d’Équateur… la « mère » étant Mama Tungurahua (épisode précédent).
Plus que cela, le sommet de Chimborazo est réputé comme étant le point le plus éloigné du Centre de la Terre sur la surface de la planète. Eh oui, si vous voulez être le plus près des étoiles avec les 2 pieds sur Terre, il ne faut pas aller au sommet de l’Everest, mais bien sur le Chimborazo. La Terre n’étant pas parfaitement ronde… le diamètre est plus grand à l’Équateur. Pour être exact, le sommet de l’Everest est à exactement 6382.467km du centre de la Terre alors que Chimborazo est à 6384.687km. Pour les nuls en math, Chimborazo est plus de 2km plus près des étoiles.
img_5276
En fin de journée, je me réveillais tout juste à temps pour aller admirer le coucher du soleil du « Parque 21 de Avril », meilleur point de vue en ville. Je fixais Chimborazo pendant de longue minutes. Je peinais à croire que le sommet était à plus de 3450m d’altitude de l’endroit où je me trouvais tellement la montagne avait l’air « petite ».
img_5224
LA VIE NOUS RÉSERVE PARFOIS DE BIEN DRÔLE DE SURPRISE
Dans la vie, tout ne va pas toujours comme nous l’avons prévu. Toutefois, cela ne veut pas dire que les choses ne vont pas tel qu’elles sont supposées aller.
J’avais décidé de faire une dernière randonnée d’entrainement en haute altitude avant Chimborazo. Direction le volcan El Altar.
Ancien méga volcan, El Altar fut autrefois la plus haute montagne d’Équateur… jusqu’à il y a 500ans alors que sa dernière éruption fit exploser la montagne et créa une multitude de sommets (coiffés par des glaciers) entourant le Laguna Amarillo, un lac situé dans l’ancienne caldeira.
img_5218-1
Je me réveillais à la première heure pour me diriger à la station d’autobus… pour apprendre que le premier bus en direction de La Candelaria (village au pied de El Altar) partait seulement à 11.00am. Durant 4 heures, je me gelais le cul dans ce dépotoir qu’ils osaient appeler station d’autobus… alors que j’aurais pu être confortablement dans mon lit.
11.00 – Le bus ne venait jamais. On me disait que le bus partirait finalement à 14.00…
Fuck El Altar… je n’allais pas passer ma journée à attendre un bus qui ne viendrait probablement jamais. Je me dirigeais d’un pas déterminé à l’agence de voyage; j’allais monter Chimborazo dès demain (il est interdit de grimper au sommet de Chimborazo sans guide).
À peine arrivé à l’agence qu’on m’indiquait que quelqu’un d’autre était intéressé à faire l’ascension de Chimborazo. Hip Hip Hip, les frais (astronomiques) d’ascension allaient être divisés par 2.
Je demandais à rencontrer l’autre gars pour être sur qu’on soit sur la même longueur d’onde.
Moi – « Where are you from? (de où viens-tu?) »
L’Autre – Canada
Moi – « Seriously… I’m Canadian too… Where about? (Sérieux… Moi aussi… Tu viens de où?) »
L’Autre – Québec
… j’étais sans mot…
Il fallait bien un autre québécois pour faire un truc de fou comme ça.
J’allais donc faire équipe avec Alex (24ans / Montréal / en voyage 2 semaines en Équateur) et un guide pour tenter l’ascension de Chimbo.
Ne restait plus qu’à retourner à ma chambre pour m’imbiber d’eau et me reposer afin d’être fin près pour le lendemain.
LE REFUGE CARREL
28 septembre 2016
11.00 – Moi, Alex et notre guide partions de l’agence en route vers la montagne. Objectif du jour; dormir au refuge Carrel situé au pied du volcan à 4800m.
Passé 4000m d’altitude, plus rien ne poussait sur les flancs du volcan. Il n’y avait que du sable et de la roche volcanique. Nous étions dans un paysage lunaire avec des collines désertiques… et une grosse boule de crème glacée au milieu.
img_5275
13.00 – Arrivé au refuge Carrel, nous nous retrouvions dans une mer de nuages. Impossible de voir le volcan… mais les 2-3 gros bus de touristes étaient bien visibles. Alors que tous portaient des vêtements d’hiver, je sortais du véhicule en short et en flip flop. Pas besoin de vous dire (je vous le dis quand même) qu’une tonne de paires d’yeux se pointaient sur moi.
Peu m’importait, ma concentration était ailleurs. Ne restait plus qu’à me reposer et m’acclimater à l’altitude.
Au refuge nous tombions sur Florence, jeune québécoise voyageant en solo et tentant aussi l’ascension le lendemain. C’est donc dire que sur les 8 personnes qui allaient tenter l’ascension, 3 seraient québecois, 3 espagnols (très expérimenté en montagne… je les avais croisé sur Ilinizas) et un couple australien (je ne leur donnait pas grand change d’atteindre le sommet).
Les québécois ont probablement cette dose de folie qui les poussent à faire des trucs stupides.
18.30 – Dodo… à 4800m… ma nuit la plus haute en altitude à vie… seulement 1 semaine après avoir amélioré mon record à Ilinizas.
HARDCORE TREK – CHIMBORAZO
29 septembre 2016
23.00 – 28 septembre – À l’heure où beaucoup d’entre-vous écoutez vos séries TV et songez à aller au lit, moi et mon équipe étions debout.
La vérité me sautait aux yeux; Chimborazo. J’étais pris d’un mélange de panique & d’excitation et comme à la veille de toutes mes aventures rocambolesques, mon cerveau tentait (en vain) de me faire changer d’idée.
On raconte que 60% des gens qui tente l’ascension du Chimborazo atteignent le sommet… j’allais savoir dans quelques heures de quel coté du % j’allais me trouver.
00.00 – 29 septembre 2016 – Le déjeuner bien installé dans l’estomac, les bottes rigides de montagne au pieds, le casque sur la tête, le piolet à la main, les crampons dans le sac et bien encordé à mes 2 compagnons, je quittais le refuge dans la nuit noire sous un ciel étoilé exempt de nuages.
Nous commencions une marche qui allait nous mener 1400m plus haut à temps (espérons-le) pour le lever du soleil… beaucoup plus facile à dire qu’à faire.
Après avoir passé le 2ème refuge, le refuge Whymper (en l’honneur du 1er à avoir atteint le sommet de Chimborazo) à 5000m, le choses devenaient tout de suite sérieuses en négociant une section de sentier dans une zone de glissement de terrain. Nous ne le savions pas encore, mais c’était la section de sentier la « plus facile » de l’ascension… plus facile ne veut pas dire facile.
À 2 reprises, nous devions nous abriter sous des rochers pour éviter d’être frappé de plein fouet par une pluie de roches venant du sommet. Essayez d’évitez des roches qui vous foncent dessus pleine nuit; dans la nuit silencieuse, vous entendez le bruit des roches qui descendent à vivent allure, vous avez les yeux grand ouvert… et vous entendez un bruit de mort quand votre guide se fait frapper sur le genou par l’une de ces roches. Après s’être tordu de douleur durant quelques minutes, il était prêt à repartir.
Une fois à 5200m au sommet de la zone d’avalanche, et après avoir négocié quelques section d’escalade pur et dur, nous atteignions la neige, qui se transformait lentement en glacier pour recouvrir tout autour de nous.
C’est à ce moment que le « fun » commençait véritablement. De 01.30 à 06.30 du matin, nous allions négocier un sentier à plus de 60/70 degrés d’inclinaison… sans aucun relâchement du début à la fin… pas de section plane ou moins inclinée… JAMAIS… une ascension sans interruption et brutale. C’est sans aucun doute le sentier le plus abrupte que j’ai eu le « plaisir » de marcher dans ma vie.
L’ascension pouvait se résumer ainsi; marche durant 2-3 minutes… suivit de moi et/ou Alex qui s’effondrait par terre à bout de souffle…  suivit d’un repos de 2-3 minutes pour reprendre le contrôle de notre rythme cardiaque… et ainsi de suite. Des fois on pouvait se reposer 5 minutes, recommencer à marcher, et s’effondrer par terre après 30 secondes. À chaque arrêt, nous devions creuser un siège dans le glacier avec notre piolet pour éviter de glisser tellement la pente était abrupte.
Et dire que je me considérais dans la forme de ma vie après Ilinizas il y a quelques jours (épisode précédent). J’avais passé les 2 dernières semaines à grimper tous les volcans que j’avais pu faire afin de m’acclimater au mieux à l’altitude, et j’avais quand même l’impression d’être dans une forme physique minable en montant la paroi enneigée de Chimborazo. Mon coeur battait à tout rompre & donnait l’impression qu’il voulait sortir de ma cage thoracique, et je sentais le battement de mon coeur sur ma tempe… j’avais l’impression que la veine allait éclater.
À ma décharge, il faut dire que j’étais diminué par une grosse grippe depuis 3 jours. Un homme sensé aurait repoussé l’ascension de quelques jours… mais je ne suis pas réputé pour mes choix sensés.
Passé 6000m cela faisait plus de 5 heures que j’avais le RPM du coeur dans le tapis et que je faisais un effort physique intense. J’étais à bout de souffle (le mot n’est pas assez fort), je n’étais plus qu’une loque humaine incapable d’avoir un raisonnement logique et je titubais sur le sentier.
img_5288img_5287thumb_gopr5931_1024
Je puisais au plus profond de mes ressources comme rarement je ne l’avais fait auparavant. Mon corps commençait à faillir; je crachais abondamment de sang par la bouche et ma narine gauche était rouge.
À quoi bon faire tout cela si ça n’apporte que souffrance psychologique et physique? « Ain’t no mountain high enough »… la phrase qui décrit le mieux ma vie; au sens propre comme au figuré, il n’y a pas de montagne assez haute… je ne recule pas devant un obstacle un point c’est tout.
Je vous mentirais si je vous disais que je n’avais pas pensé abandonner durant l’ascension. J’avais bien failli rebrousser chemin une bonne vingtaine de fois. Mon moral avait abdiqué et j’étais prêt à tout à redescendre. À chaque fois je continuais, puisque je ne voulais pas laisser tomber Alex. Si j’abandonnais, cela voulait dire que nous abandonnions puisque le guide n’aurait pas voulu nous séparer.
Heureusement pour moi, nous avons persévéré. Abandonner aurait été un soulagement sur le moment présent, mais une amère déception pour le reste de ma vie.
06.30 – Le sommet…
Je lâchais un L I B E R T É bien senti (à la Mel Gibson dans « Coeur Vaillant ».
Le soleil à peine levé, il n’y avait aucun son, aucun vent et les nuages tout juste au-dessus de nos têtes semblaient former un toit. La vue était à couper le souffle (au sens propre comme au figuré); on pouvait voir au loin Tungurahua, Ilinizas, Cotopaxi et compagnie. Je quittais le sentier balisé pour prendre des photos et calais jusqu’à la taille dans la neige du glacier.
img_5292img_5295
J’avais les 2 pieds à l’endroit le plus éloigné du centre de la Terre sur la surface de la planète et mon nouveau record d’altitude du même coup. Ma première fois au-dessus de 6000m. Mon record allait surement durer jusqu’en janvier/février et ma tentative d’ascension de l’Aconcagua.
Le sommet m’avait revigoré alors que je retrouvais alors tous mes sens… tout le contraire pour Alex dont la condition était devenue inquiétante. Il était complètement intoxiqué par l’altitude. Tout le temps que nous avions passé au sommet, il s’était recroquevillé sur lui même en boule par terre sans bouger.
La descente se transformait en un espèce de secours en haute montagne. Alex pouvait à peine se tenir sur ses jambes et n’avait plus toute sa tête. Premier de cordée en avant, je redoublais de prudence et devais m’assurer de descendre à un rythme assez lent pour ne pas tendre la corde et lui faire perdre pied. Je devais aussi me battre avec notre guide (un véritable emmerdeur) qui faisait fit de l’état d’Alex et me demandait d’aller plus vite.
J’étais toujours près à planter mon piolet dans la neige au cas où il perde pied. Nous étions tous les 3 encordés; si il tombait, nous tombions…
4 heures de descente dans ces conditions. Heureusement, le paysage était incroyable.
thumb_gopr5956_1024thumb_gopr5960_1024thumb_gopr5966_1024img_5302img_5304img_5306img_5310-2img_5308-1img_5311
C’est alors que je réalisais à quel point le sentier était incliné. Cela n’avait aucun bon sang. Je n’avais plus aucune difficulté à comprendre pourquoi nous étions plié en 2 à toutes les 2 minutes lors de l’ascension.
thumb_gopr5949_1024
11.00 – De retour au refuge Carrel après 11 heures de marche, nous étions complètement vidé. C’était drôle de penser qu’on était levé depuis maintenant 12 heures alors que pour beaucoup la journée venait de commencer.
img_5315
Je me retournais pour regarder la montagne et me rappelais alors avoir trouvé Chimborazo petit en le regardant de Riobamba la veille. PLUS JAMAIS je n’allais utiliser les mots « petit » et « chimborazo » dans la même phrase, autre que pour dire « je me sens petit en montant Chimborazo ».
Même si c’est la plus haute montagne d’Équateur, Chimborazo n’obtient pas tout le respect qu’elle devrait avoir puisque tout le monde n’a de yeux et ne parle que de Cotopaxi (je l’avoue, j’étais de ces personnes).
Chimborazo est un monstre… un géant de glace qui a gagné toute mon admiration.
img_5319
Au final, 6 des 8 personnes ayant tenté l’ascension avaient atteint le sommet. Seul le couple d’australien avait abandonné…
Je ne suis pas docteur, mais je me donne un billet de médecin spécial; pas de marche en haute montagne pour au moins quelques jours histoire de récupérer un peu.
Direction Cuenca encore plus au sud… ça sent de plus en plus le Pérou.
P.S. I – Pour les adeptes de randonnées en haute montagne et/ou d’escalades, voici un Top5 des montagnes les plus techniques d’Équateur;
1. Altar
2. Ilinizas Sur
3. Antisabe
4. Cayambe
5. Chimborazo
Concernant Chimborazo, l’ascension n’est pas vraiment technique… si un sentier très incliné était considéré comme technique, Chimborazo serait assurément premier de cette liste.n’est pas vraiment technique.