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Articles de la catégorie ‘Nepal’

Épisode 16 – Retour à la civilisation… asiatique

Nous étions donc au lendemain de la fin du trek…

Après avoir séjourné à Naya Pul l’instant d’une nuit… de trop… nous avons pris le premier bus en direction de Pohkara dès le lendemain matin.

2ème plus grande ville de Népal, Pohkara est renommée pour son superbe lac et l’impressionnant panorama sur les montagnes qu’il est possible de voir par temps clair; il y a donc le lac en avant-plan, la ville et la chaine de montagne en arrière plan.

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Dès notre arrivé à Pohkara (Lakeside), un constat s’imposait par lui même; nous étions désormais très loin des sentiers de l’Annapurna dans un endroit très (trop) touristique. La rue principale longeant le lac n’est qu’une succession d’hôtel, de magasins, de restaurants, d’agences de voyage, etc. C’est ok, mais troublant après 1 mois dans la « nature ».

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Parce que tous nos vêtements sont sales et détrempés et que nos sacs de voyage sont à Katmandou (le matériel que nous n’avons pas amené durant le trek est resté à notre hôtel à Katmandou), Roark a décidé de porter les vêtements achetés en Inde… par Liselot. Durant la majorité de notre séjour là-bas, il a donc porté un ensemble très ample de couleur beige et rouge… qui pourrait au mieux faire une horrible nappe. Son accoutrement attirait les regards dans la rue et faisait étrangement penser à Homer Simpson dans l’épisode où il était hyper gros et travaillait à partir de la maison. Certains pourraient aussi dire qu’il ressemble à un télétubbies ou à un popsiccle géant et je comprendrais totalement…

Aussi, je ne sais pas dans quel genre d’hôt

el on est tombé, mais il y a plein de… comment dire… plein de… ouin… ok je le dis… il y a plein de LADYBOY (leur déguisement n ‘est vraiment pas fameux) qui font des aller-retour dans les chambres à l’étage supérieur. Le plus drôle là-dedans… et par là-dedans, je ne fais pas référence à « dans le ladyboy »… c’est qu’à chaque fois qu’illes aperçoivent moi ou Roark, illes se moquent de nous en raison de ma grosse barbe et de son accoutrement. Mais bon, la vue depuis l’une des nombreuses terrasses nous fait vite oublier le tout…

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Nous avons aussi profité de notre séjour là-bas pour renouer avec Alval et Dan… 2 anciens trekkeurs reconverti à la vie en société.

Sinon, parmi les faits d’arme de mon séjour là-bas, mentionnons la course à moitié nu (je vous rassure, le moitié nu était le haut du corps), sous la pluie, en flip flop, … et pas du tout ajun… que j’ai faite avec Alvar d’un bout à l’autre de la rue principale (elle doit faire un bon 4-5km) longeant le lac. Ahhh, j’ai oublié de dire que c’était en pleine nuit (certains pourraient appeler cela le matin) et qu’il n’y avait aucun éclairage. Bref, quelque chose de vraiment intelligent… J’ai fait un acte de fois, dans la mesure où je courrais sans me soucier de si j’alla

is marcher dans un nid de poule (il y a beaucoup de poule au Népal… et plus particulièrement sur cette rue) et me casser une cheville. Heureusement il n’y a eu aucun accident, mais oh combien de népalais médusés de nous voir ou encore des touristes, pas plus ajun que nous, nous siffler.

Le matin de notre dernière journée à Pohkara, je me suis levé déterminé à retrouver mon visage (donc raser ma barbe). Le plan initial était de retourner à Katmandou, de retrouver mon stock et de couper le tout avec mon propre matériel… mais ce monstre était rendu complètement insupportable avec la chaleur.

Je me suis donc levé, j’ai regardé Roark de l’autre coté de la chambre et je lui ai lancé « Roark, I’m going to a barber shop this morning for you know what… (Roark, je m’en vais de ce pas chez le barbier pour faire tu sais quoi) » et lui de me répondre « ok, I’ll go with you… (ok, je viens avec toi) ». Nous sommes donc allé au barber shop juste à coté de l’hôtel. On s’est donc fait raser pendant que Liselot prennait des photos de l’opération.

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1 heure plus tard, nous étions tous les 2 comme des bébés naissants avec la peau lisse comme de la peau de fesse. Sans barbe j’ai été en mesure de constater comment j’avais pu perdre de poids durant le trek; mon visage est présentement découpé au couteau tellement il n’y a plus de gras.

Liselot était complètement subjuguée. À ce qu’il parrait, Roark parrait maintenant 5ans plus jeune et j’aurais pour ma part perdu une bonne décennie et même plus. Il faut savoir que mis à part Roark, j’ai rencontré tous mes amis à un moment où à un autre sur les sentiers de l’Annapurna… avec ma barbe de vétéran de la guerre. Je ne crois pas qu’il m’aurait suivit et fait confiance aussi aveuglément si j’avais eu cette gueule de blanc bec.

Alvar est celui qui a le mieux résumé la situation

; « you’ve lost the trekker Spirit… now you look like normal tourist (vous avez perdu l’esprit du trekkeur… maintenant vous ressemblez à de simples touristes) ». Ouin pis…

Nous prenons donc la direction de Katmandou dès demain (23 juin), après 4 jours de farniente à Pohkara.

On serait resté volontiers plus longtemps ici, mais moi et Roark avons vraiment hâte (le mot n’est pas assez fort) de retourner à Katmandou afin de retrouver notre stock et enfin pouvoir changer de vêtements.

Comment dire, j’ai beau prendre des douches de manière quotidienne depuis notre arrivé à Pohkara, j’ai seulement 3 chandails, dont 2 hyper chauds… donc très peu adapté au climat chaud et humide d’ici. De plus, les 3 sentent à des milles à la ronde. Même chose pour mes 2 paires de shorts et mon pantalon. Bref, vivement Katmandou…

Si il y a 1 chose dont je vais véritablement m

‘ennuyer à propos de Pohkara, ce sont les nombreux restaurants hyper abordables. Pour de bons restaurants pas cher, allez à l’extrémité droite (en faisant face au lac) de la rue principale. Vous allez manger comme des rois pour une bouchée pain.

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Ce n’est pas un « Adieu », mais bien un « Au revoir et à la prochaine » que je fais présentement à Annapurna, Machhuputchre et cie en les regardant au loin derrière la ville. Pendant plus de 1 mois vous nous avez tenu compagnie, c’est donc difficilement concevable de quitter cet endroit.

BOYS ARE BACK IN TOWN

Prendre le bus de Pohkara à Katmandou est un véritable acte de foie; pendant 6h, tu n’es plus maitre de ton destin, c’est plutôt entre les mains d’un chauffard qu’il se trouve… Heureusement pour nous (moi, Roark et Liselot) tout s’est bien passé.

Après 1 mois et des poussières en exil, j’étais de retour à Katmandou.

Autant je ressentais un grand vide depuis la fin du trek, autant j’étais hyper content de revenir dans cette ville où je me sens extraordinairement bien et où je suis capable de m’orienter sans carte avec 2 doigts dans le nez.

Après avoir séjourné 1 nuit à notre ancien hôtel et récupérés nos bagages, nous avons entrepris de changer de paysage. Cet hôtel est hyper nice, mais il se trouve en plein milieu du bourdonnant quartier Thamel. Ce quartier est fantastique pour se préparer à faire un trek, mais nous sommes présentement à la recherche d’un endroit plus calme afin de mettre de l’ordre dans nos idées et tourner officiellement la page du trek (classer photo, finir blogue, etc.).

Nous déménageons donc dans un auberge un peu moins chic, mais qui possède un aura spécial. Dès le moment où nous sommes entrés dans le bâtiment, nous avons eu l’intention d’y séjourner, et ce même avant d’avoir vu les chambres…

Située à 2 pas du Durbar Square (l’un des lieux les plus importants en ville), notre nouvel auberge a pignon sur « Freak Street », une rue qui bourdonne, mais où les activités s’apparentent plus à une vie de quartier (petits magasins et restaurant beau/bon/pas cher) qu’à un quartier totalement pensé en fonction des touristes comme Thamel. Bref, c’est notre havre de paix…

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Malgré la grande tranquilité des lieux, il ne se passe pas une minute sans qu’on entende un coq hurler, un chien japper et/ou un népalais… se racler la gorge. Après tout, je suis quand même en Asie, il ne faut pas l’oublier…

Nous avons donc passé 5 jours là-bas. La très grande majorité du temps, nous étions enfermés dans notre auberge (soit dans notre chambre, soit sur le super toit terrasse) à classer nos photos et rédiger une histoire à partir des nombreuses notes prises tout au long du trek. En fait, c’était comme si je travaillais. Je me levais vers 9h, pour ne faire que cela jusqu’à 1 ou 2 heure du matin.

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Vous auriez du voir l’amanchure; 2 gars toute la journée sur leur ordinateur dans une chambre digne d’un motel décrépit… avec des bébelles qui trainent partout.

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En fait, on sortait de l’auberge pour les besoins essentiels; manger, acheter de la bière et… aller au cinéma (On a pu visionner dans une salle à la presque fine pointe de la technologie « Man of steel » et « World War Z »).

Sinon, avez-vous déjà vu des pigeons « fucker » à 2 pas de votre fenêtre de chambre?!? Eh bien moi oui… je n’ai rien d’autre à ajouter sur le sujet.

Autrement, l’autre jour j’étais dans un bar à écouter un groupe népalais démolir classique après classique, quand j’ai cru reconnaitre la chanson « Alive » de Bon Jovi. À un certain moment dans la chanson, il dit « I just wanna live when i’m alive (je veux profiter de la vie pendant que je en vie) »

VOILÀ… depuis le début de mon voyage que je cherche à résumer mon expérience en une toute petite phrase et voilà que Bon Jovi m’apporte la réponse.

I JUST WANNA LIVE WHEN I’M ALIVE (se traduit très mal)

Sinon, cela fait maintenant presque 2 semaines que nous avons terminé le trek et c’est toujours quelque chose d’inconcevable pour mon cerveau de penser que c’est terminé. Je me suis levé tôt le matin pour ensuite marcher toute la journée pendant si longtemps que j’ai l’impression que c’est toute ma vie… mais bon, il fallait bien que ça se termine un jour et je dois tourner la page et commencer un nouveau chapitre.

Je vais avoir besoin d’un sérieux coup de pied dans le cul pour redémarrer mon voyage. J’ai pris des mauvais plis dans la dernière semaine et je suis devenu paresseux. De plus, mon mois de marche au Népal m’a fait perdre la grande majorité des repères/trucs que j’avais développés pour survivre à la jungle asiatique. Bref, je me sens vulnérable et faible présentement.

En fait, je me sens comme Rocky Balboa dans Rocky III; après avoir réalisé un rêve qui me tenait à coeur depuis si longtemps (faire un trek au Népal), j’ai perdu « l’oeil du tigre » (la flamme de voyager). Il me faut sortir de la zone de confort dans laquelle je suis tombée et me trouver de nouveaux défis.

Pour ce qui est de la suite de mon voyage, après avoir jonglé avec plusieurs options, j’ai finalement décidé que j’allais poursuivre ma route un peu plus longtemps avec Roark. Celui-ci doit prendre un vol pour l’Indonésie à partir de Kolkata à la mi-juillet.

Je prendrais ensuite la direction du Nord-Ouest de l’Inde; Chandigarh, Manali, Amritsar, Dharamsala, le Cachemire et le Ladack.

Alors que c’est la mousson presque partout en Asie, c’est présentement le meilleur moment de l’année pour aller dans cette région de l’Inde. En fait, la route qui mène au Ladack est bloquée par la neige du début septembre à la mi-juin.

De tous les lieux énumérés, c’est définitivement le Ladack qui me motive le plus. C’est l’endroit dans le monde où la culture tibétaine a le mieux subsistée depuis que la Chine a envahi le Tibet. De plus, les paysages désertiques sont apparemment complètement fous.

Cela devrait donc me tenir occupé pour AU MOINS le prochain mois et demi.

Ensuite, ce sera le temps de changer d’air et de quitter définitivement l’Inde. Mais bon, cela ne sert à rien de se projeter dans le futur. Il faut plutôt focuser sur le moment présent afin de le vivre à fond…

20 HEURES DE PUR BONHEUR

C’est aujourd’hui le grand jour… je dois me résigner à quitter la ville que je considère comme étant mon chez moi.

La sensation était très bizarre ce matin lorsque je me préparais à mettre mon gros sac sur le dos. Habitué à voyager avec une plume durant plus de 1 mois, je me retrouve maintenant avec une tonne de briques sur le dos.

Le bus que nous allons prendre se dirige vers Ilam, à l’extrémité Est du Népal. De là, nous avons l’intention de passer la frontière indienne afin de nous rendre à Darjeeling.

Après être passé outre votre première impression qui vous dit que le bus que vous vous apprêtez à prendre ressemble à une épave, que vous avez un banc inclinable, et non une couchette… la bile qui vous remonte tranquillement dans la gorge en pensant que vous allez passer 20 heures de votre vie dedans s’estompe tranquillement. Vous commencez même à trouver confortable votre siège… puis, quand vous êtes enfin en train de vous endormir, après avoir cherché une position confortable en vain, vous mettez le pied sur une « substance » étrange. Vous allumez votre lampe frontale pour vous apercevoir que 2 poussins, sorti d’on ne sait où, s’apprêtent à vous picosser les pieds tout en faisant de mignon cui cui…

Oui, vous avez bien lu, 2 poussins sont à vos pieds… bienvenue en Asie.

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N’ayant aucune idée à qui ils peuvent bien appartenir… et même si vous le saviez, vous ne parlez pas un traitre mot dans sa langue… vous décidez d’endurer les poussins à vos pieds.

Puis… 1 heure plus tard et sur le point de pogner les nerfs, vous vous dites qu’assez c’est assez… vous empoignez les 2 poussins et les foutez dans l’allé au milieu du bus, vraisemblablement voués à finir sous une semelle de chaussure durant la nuit.

Dernière halte bouffe de la soirée avant de s’attaquer à la nuit. À la réception de votre plat, 2 bestioles sortent de vos pâtes… mais vous faites comme si de rien était puisque vous avez trop faim… vous poussez même l’audace jusqu’à en redemander.

De retour dans le bus, vous vous endormez sans vous en rendre compte à la minute ou le foutu film indien se termine et que le chauffeur éteint le foutu bruit (ils appellent ça de la musique ici).

Quelques minutes ou heures plus tard, vous vous rendez compte que vous dormiez quand un autre foutu poussin vous joue dans les pattes. Depuis votre première expérience avec eux, leur propriétaire s’était rendu compte de leur disparition et les recherche activement.

C’est donc un peu beaucoup en colère que vous prenez le poussin et que vous faites semblant de le « pitcher » par la fenêtre en fixant le propriétaire du regard et en disant lui disant; « next time (la prochaine fois) ».

Malheureusement, vous n’avez pas réellement fait semblant de pitcher le poussin par la fenêtre puisque vous n’êtes pas un sadique. En réalité, vous l’avez plutôt envoyé jouer à la roulette russe du hasard dans l’allé au centre du bus comme les poussins précédents.

Sachez qu’aucun animal n’a été maltraité dans l’histoire. Tous les poussins que vous avez envoyés à une mort certaine dans l’allé ont été rescapés.

LA FONTAINE DE JOUVENCE

À peine le soleil levé que nous étions arrivés à destination. Les courbatures n’entendaient pas à rire. Pour ajouter au drame, le ciel était couvert de nuage et un orage se tramait. Rien ne laissait donc présager que ce village était exactement ce qu’il me fallait pour restarter la machine à motivation (je vous ai parlé plus tôt que j’ai perdu l’oeil du tigre du voyageur).

Après avoir passé le plus clair de la journée à finaliser le classement de mes photos et l’écriture de mon énorme blogue sur l’Annapurna (si j’avais su dans quoi je m’embarquais au départ avec l’écriture de ce blogue, je ne l’aurais JAMAIS fait… moi et mes idées de grandeur), j’ai daigné lever les yeux de mon ordinateur pour apercevoir le ciel qui s’éclaircissait. Dame Nature était en train de nous concocter un de ses coucher de soleil dont elle seule connait la recette.

J’ai donc laissé mon ordi en plan pour enfourcher mon appareil photo et monter sur le dessus de la montagne (peu importe où tu te trouves au Népal, il y a toujours une montagne quand tu en as besoin). Je n’ai pas été déçu. Reconnu comme la capitale du thé népalais, les montagne environnantes sont tapissées de plantation.

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À la vue de ce paysage, j’avais le sourire pour 2 raisons. D’une part, je trouvais l’endroit de toute beauté. De l’autre, justement parce que j’étais à nouveau capable de m’émerveiller, cela voulait dire que mon syndrome post partum de trek était terminé. J’avais retrouvé la flamme dans mes yeux… celle qui me pousse jour après jour, à vouloir découvrir de nouveaux endroits avec ma maison sur le dos.

MERCI ILAM

C’est dommage qu’Ilam soit à l’extrémité du Népal, parce que l’endroit ne reçoit pas la visibilité touristique qu’un endroit de ce calibre pourrait avoir. Oui, quelques touristes un peu téméraires comme nous décident de s’y aventurer, mais le crédit ne nous revient aucunement; la seule raison pour laquelle nous sommes ici c’est parce que c’est le passage obligatoire pour aller de Katmandou à Darjeeling.

LA LIGNE IMAGINAIRE

En ce 1 juillet, nous quittons officiellement le Népal pour retourner en Inde.

Le trajet ne s’annonce pas de tout repos. La frontière Indo-népalaise la plus proche (Pasupati), qui sépare Ilam de Darjeeling (notre destination) de seulement 100km, et donc hyper facile à faire en 3-4 heures… N’EST PAS OUVERTE AU TOURISTES. En fait, elle n’a pas les infrastructures pour acceuillir les étrangers, seul les locaux (indiens et népalais) peuvent la franchir.

Nous sommes donc très heureux d’avoir pris une journée de repos à Ilam puisque notre plan en quittant Katmandou étant de passer la frontière à cet endroit. Bref, futur visiteur de l’Est du Népal et/ou du Nord-Est de l’Inde, prenez en bonne note.

Un trip qui aurait nécessité 1 bus de 60km du coté népalais + passer la frontière + 1 autre bus de 60km du coté indien, se transformait donc en 1 bus de 80km jusqu’à Charaali (un peu plus au sud de Ilam) + 1 autre bus de 10km de jusqu’à Kakarbhitta/Panitanki (nom de la frontière coté Népal/nom de la frontière coté Inde) + passer la frontière + 1 bus de 60km jusqu’à Silighuri + 1 bus de 60km jusqu’à Darjeeling. Bref, quelques heures supplémentaires de plaisir.

Comprenons nous bien, lorsque j’emploi le mot bus, je sous-entend des jeeps inconfortables (le mot suspension ne réfère pas à une pièce d’auto en Asie) et chargés au maximum.

Aussi, dois-je vous rappeller que mon visa népalais est échu depuis le 10 de juin héhé. Si je quittais le pays via l’aéroport, je serais un peu inquiet, mais comme je le fais via la frontière terrestre, j’ai très bon espoir de glisser un petit 19$ dans les poches du garde et de dire « ciao chow bye… »

Durant le premier trajet de bus en partance de Ilam, j’ai ressenti l’urgent besoin d’apprendre quelques mots en népalais. Mon nouvel ami népalais, un ingénieur s’en allant à un meeting dans la ville voisine, dont j’étais le siamois l ‘instant de quelques heures (on était serré comme des sardines l’un contre l’autre) allait me rendre service puisque nous avions un problème commun.

Pourquoi cet envie soudaine d’apprendre des mots népalais à quelques heures de passer la frontière et de ne plus les utiliser avant très longtemps, alors que je n’ai fait aucun effort pendant presque 2 mois pour apprendre autre chose que « namaste ». Eh bien, il y avait un gars complètement saoul assis à coté de Roark et il n’arrêtait pas de crier tout le temps. J’ai donc demandé à mon frère siamois de m’apprendre comment dire « shut up (tais-toi) » en népalais. C’est ainsi que j’ai pu dire au saoulons « chupo laga » sur un ton ferme en le regardant dans les yeux. Il prenait ensuite son trou pour une dizaine de minutes, pour recommencer de plus belle par la suite. C’est alors que, sans lui avoir demandé, mon siamois m’a appris la nouvelle phrase « kino de re boledo (comment?!? Tu parles encore!) ». J’ai donc joué à ce jeu tout le trajet au plus grand plaisir des autres népalais qui ne pouvaient pas le sentir non plus.

Ce saoulons entre donc dans la liste très restreinte des « népalais dont j ‘aimerais foutre mon poing dans la gueulle ». Jusqu’à maintenant, cette liste ne comprenait qu’un seul nom; le gérant de l’auberge de Tilicho Lake. Ces 2 énergumènes rejoignent par contre la centaine de milliers d’indiens anonymes sur la liste des gens qui m’ont faient chier durant mon voyage… liste qui ne comprend qu’un sri lankais, soit celui qui a volé mon portefeuille…

Donc, après une ride de jeep de 3h de Ilam à Charaani, un court bus (un bus, un vrai, et il fallait que ce soit le trajet le plus court du parcours grrrr), nous étions à Kakarbhitta près à passer la frontière.

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De là, nous avons pris un ricksaw (je DÉTESTE les ricksaws – vélo à 3 roues – la dernière fois où j’en ai pris un, c’étais lors de mon premier jour à mon arrivé à Delhi et il m’a escroqué en plus de m’amener au bout de la ville) pour passer la frontière… à cet endroit, les 2 pays sont séparés par une plaine innommable de 2-3km de large. C’est une très belle promenade à faire, si il ne commence pas à pleuvoir à siaux quand tu entreprend la marche grrrrrr.

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Une fois les papiers de retour en Inde signé auprès d’un officier n’aimant vraisemblablement pas son travail et attendant la retraite, nous avons pris un bus complètement bondé durant 2h jusqu’à Sirighuri. De là, un petit jeep taxi de 3 petites heures et nous étions finalement arrivé à Darjeeling.

Fait très cocasse, durant notre dernière ride de jeep, moi et Roark étions assis avec le conducteur à l’avant et Roark avait le bras de vitesse entre les jambes (pas besoin de vous dire que le jeep était manuel). C’est donc dire que le conducteur devait mettre sa main vous savez où pour shifter. Cela a donné lieu à quelques situations cocasses lorsque le conducteur a voulait embrayer sans regarder… et qu’il se trompant de levier…

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C’est donc un AU REVOIR Népal. Il n’y a aucun doute dans mon esprit que j’y reviendrais un jour… et plus d’une fois… ne serais-ce que pour aller à Lumbini, Chitwan, faire le trek du Upper Mustang, le trek du Langmung et bien sur celui du Camp de base de l’Everest, pour retourner à Bhaktapur et évidemment chez moi à Katmandou.

P.S. – J’ai une question à vous poser mes vous autres; que pouvez-vous faire dans 1 journée avec 20$? Vous payez un bon lunch sur l’heure du midi et un magazine ou aller su cinéma en couple?!? Autant dire que vous ne faites pratiquement rien…

Eh bien, sachez que depuis maintenant 4 mois, je vis avec moins de 20$ par jour; chambre d’hôtel, 3 repas par jour, 1 ou 2 bières, etc. En fait, quand je dépense 20$ et + c’est que j’ai eu une grosse journée, que j’ai visité un endroit couteux ou que j’en ai viré toute une.

Pensez-y bien lorsque vous aller sortir un petit 20$ de rien du tout de votre poche…

Épisode 17 – DARJEELING UNLIMITED
À suivre…

Épisode 15 – Annapurna; Walk Hard

Starring / Mettant en vedette; Roark Brewster and Nicolas Pare

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Du 20 mai au 18 juin 2013

SYNOPSYS
Voici le récit au jour le jour du trek que j’ai effectué en compagnie de mon ami Roark, sans guide et sans porteur.

Table of contents/ Table des matières;
(title of the day / titre du jour – number of km this day / nombre de km ce jour là (total km))

A dream come true
D Day – On our way to Annapurna / Jour J – En route pour l’Annapurna
Day 1 – Ready or not, here I go / Près pas près j’y vais – 19km (19km)
Day 2 – School’s out for summer – 17km (38km)
Day 3 – Fields of dream / Champ de rêve – 14km (52km)
Day 4 – A walk in the clouds / La tête dans les nuages – 9km (61km)
Day 5 – Sunrise in Paradise / Lever de soleil au paradis – 23km (84km)
Day 6 – A bulletproof stomach… well… / Un estomac à tout épreuve… ou presque… – 8km (92km)
Day 7 – Silent Hills / Silence! On marche – 7km (99km)
Day 8 – We rented a cinema / Nous avons loué un cinéma – 5km (104km)
Day 9 – Cold as Ice – 23km (127km)
Day 10 – In the middle of nowhere / Au beau milieu de nul part – 12km (139km)
Day 11 – Danger Zone / Attention en-dessous -16km (155km)
Day 12 – Waiting for sunshine / On demande le Soleil à la caisse 4, Soleil à la caisse 4
Day 13 – White Desert / Rafale blanche – 16km (171km)
Day 14 – « My body is a cage » – 13km (184km)
Day 15 – Night and day / Le jour et la nuit – 9km (193km)
Day 16 – Up and Down / Tout ce qui monte doit redescendre – 15km (208km)
Day 17 – Taste of REAL Nepal / Le VRAI Népal – 10km (218km)
Day 18 – Gone with the wind / Autant en emporte le vent – 30km (248km)
Day 19 – « Where is Dan?!? » / « Mais où est Dan?!? » – 15km (263km)
Day 20 – Am I dreaming?!? / Pincez-moi je rêve – 20km (283km)
Day 21 – « Slow ride, take it easy… » NOT / Un jour de repos qu’il (moi) disait… – 32km (315km)
Day 22 – One day in Tatopani; Sex, Drugs and Rock n’… uh… Momos, Book n’ Lazyness
Day 23 – All those f#ck$ng stairs / En veux-tu des escaliers, en vla… – 23km (338km)
Day 24 – Leech day / Le jour de la sangsue – 15km (353km)
Day 25 – Shoots and ladders / Serpents et échelles – 15km (368km)
Day 26 – The Sanctuary / Le Sanctuaire – 19km (387km)
Day 27 – ABC, let it rain over me / ABC sous la pluie – 5km (392km)
Day 28 – Boot Camp – 27km (419km)
Day 29 – « Black hole sun, won’t you come and wash away the rain »… but it will never show up
Day 30 – « There’s no easy way out, there’s no shortcut home » – 20km (439km)

This is the END…
Guide de survie
Top 5
To all my dear Annapurna friends

A DREAM COME TRUE

Le rêve est devenu réalité… mais tout d’abord, commençons cet épisode avec un bourrage de crâne nécessaire à la compréhension du périple que je m’apprête à vous raconter.

Je rêve du Népal depuis aussi longtemps que je puisse remonter dans mes souvenirs. Ce rêve a débuté il y a un peu moins de 20 ans lorsque j’ai écouté pour la première fois le film « 7 ans au Tibet », mettant en vedette Brad Pitt. Bon, la grande majorité du film se déroule au Tibet (voisin du Népal), mais c’est tout comme pour moi.

J’ai donc réalisé une partie de ce rêve en posant les pieds sur la piste d’atterrissage de Katmandou (capitale et ville principale du Népal) en ce matin nuageux du 10 mai 2013 (voir épisode 14).

Les visiteurs accourent au Népal pour une multitude de raisons, que ce soit pour un pèlerinage (bouddhiste principalement), en faisant parti d’un programme d’aide humanitaire (c’est un pays très pauvre), etc. Pour ma part, je me présente au Népal dans le but d’y faire un trek (randonnée), mais lequel?!?

Le trek du camp de base de l’Everest (le plus connu pour une raison évidente), le trek de l’Annapurna (moins connu par le grand public, mais reconnu comme l’un des plus beaux treks, sinon le plus beau, au monde) ou un autre trek comme celui dans la région du Langtang, dans le Mustang (région éloignée limitrophe au Tibet), etc. Bref, les options ne manquent pas…

Aussi fort soit mon désir de voir l’Everest, mon choix s’est porté sur le « circuit de l’Annapurna ». Réputé pour sa grande diversité de paysage (forêt sub-tropicale, toundra, hautes montagnes, 2 des plus hauts lacs au monde, désert, etc.), le Circuit passe tout près de 3 ou 4 des 10 plus hautes montagnes au monde. Bref, de quoi mettre l’eau à la bouche et remplir à pleine capacité la carte mémoire de mon appareil photo.

Plus précisément, le circuit fait le tour de la chaine de montagne des Annapurna. D’une durée d’au moins 2 semaines, le départ se fait à environ 700m d’altitude, pour atteindre un sommet à plus de 5400m et ensuite redescendre. Au final, si on s’en tient uniquement au sentier principal, sans tricher (prendre un bus – jeep – de village en village) ou sans faire de « side trek » (tout au long du circuit, il est possible de faire des randonnées de 1 ou plusieurs jours en addition au sentier principal), le circuit consiste à marcher plus de 200km.

Ensuite, si mes jambes et mon cerveau me le permettent, c’est possible de prendre un embranchement à la toute fin du circuit pour faire le trek du « Sanctuaire de l’Annapurna » d’une durée d’environ 1 semaine. Tandis que le circuit fait le tour de l’Annapurna, il s’agit de se rendre jusqu’au Camp de Base de l’Annapurna, communément appelé ABC, situé au cœur de la chaine de montagnes. C’est de là que les expéditions désirant monter Annapurna I installent leur camp… de base.

Sommet de plus de 8000m, Annapurna I est réputée comme étant la montagne la plus difficile du club des 8000m et + à monter; plus de 2 expéditions sur 3 ayant tentées de vaincre cette montagne ont perdu au moins 1 homme, ce qui est le pire ratio du club de 8000m.

MISE EN GARDE
Sachez que tout le texte a été écrit au jour le jour sur mon iphone durant le trek. L’épisode approche les 35 000 mots, j’ai donc écrit l’équivalent de 2 essais de maitrise en architecture sur un clavier de Iphone.

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Aussi, j’ai essayé d’écrire avec le même temps de verbe tout le long… mais j’ai lamentablement échoué. Vu la longueur du texte, mettre tout au même temps aurait pris une éternité… et j’ai autre chose à faire… comme voyager héhé.

Malgré tout, sauf les inconditionnels de la langue française, vous ne devriez pas trop être incommodé. Si c’est le cas, je m’en excuse et vous proposes de ne plus jamais remettre les yeux sur mon site web…

Aussi, vous excuserez les nombreuses fautes d’orthographes. Je me fais habituellement un devoir de bien écrire en français, mais même si j’ai fait une révision, je suis convaincu que j’ai échappé une TONNE de fote…

Au final, j’ai mis tous mon coeur, ma passion et ma folie dans ce récit. C’est ma manière à moi de rendre justice à l’Annapurna et j’espère que vous aller apprécier.

D Day – On our way to Annapurna / Jour J – En route pour l’Annapurna

Après avoir passé 1 semaine dans la vallée de Katmandou à attendre Roark (après s’être rencontré dans le Sud de l’Inde et convenu de faire un trek au Népal ensemble à la mi-mai, il a remonté l’Inde jusqu’à Katmandou, tandis que je suis allé au Sri Lanka, pour ensuite voler directement à Katmandou), à finaliser les préparatifs, à se procurer les 2 documents nécessaires pour aller dans l’Annapurna et à faire un trek d’entrainement (voir épisode 14), nous étions fin près à prendre notre envol.

Nous avons quitté Katmandou en matinée en destination de Besisahar, départ « officiel » du Circuit (pour les plus paresseux ou ayant un horaire serré, vous pouvez vous rendre jusqu’à Chame en jeep). Il y a 2 stations de bus à Katmandou. L’une d’elle est assez bordélique, digne des pires stations d’autobus en Inde. Pour ce qui est de l’autre, elle n’est pas vraiment bordélique dans la mesure où ce n’est pas une station, mais un boulevard de plusieurs kilomètres le long duquel des bus sont stationnés sans la moindre indication de leur destination. Pourquoi je suis en mesure de décrire les 2 stations?!? C’est simple… l’imb$c%l€ de manager de notre hôtel nous a envoyé à la mauvaise en premier…

5 heures plus tard, nous étions rendus à destination… non sans peine. Disons simplement la run a été trèèèèèès longue; l’idée de virer une brosse la veille pour « célébrer » le début de l ‘aventure, jumelée à une journée trop chaude et un bus trop chargé parcourant une route qui ferait paraître la plupart des routes de terre que j’ai parcouru dans ma vie pour de superbes routes pavées, s’est avéré un cocktail explosif pour mon estomac… ne jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

Concernant Besisahar, que dire de plus que c’est un village sans grand intérêt, sinon qu’il est sensé être la plus grande agglomération que nous allons rencontrer jusqu’à la fin du parcours. Aussi, je ne sais pas où sont passé les personnes agées et même les adultes, mais le village semble peuplé par une tonne de jeunes… Ce n’est pas compliqué, si je résidais ici, je serais un vieux.

Besisahar

Day 1 – Ready or not, here I go / Près pas près j’y vais

Info trek;
– Besisahar – 760m
– Khuri
– Bhulbule – 840m
– Ngadi – 940m
– Lampata
– Bahundanda – 1310m

Trek de 19km aujourd’hui

Description;
« The trek is just a walk from
town to town » – Roark… j’ai bien hâte de te voir ravaler, ou plutôt marcher, tes paroles…

La première journée en fut une sans histoire. Nous avons marché 19km de village en village, sur une route de terre aussi empruntée par des jeeps (ils appellent cela des bus ici), le long d’une rivière serpentant au creux d’une vallée entourée d’immenses montagnes.

Bulbule

Vers la fin de la journée, un premier défi se présentait; monter jusqu’au village de Bahundanda, notre arrêt pour la nuit. Le meilleur moyen de vous décrire l’endroit est de vous imaginer une montagne de 300-400m de hauteur, disposée au milieu d’une vallée. Bien installé sur une petite crête à mi-hauteur en flanc de montagne, se trouve le village. Imaginez ensuite des maisons disposées sur le dessus de cette crête avec un petit sentier serpentant sur le bord d’un ravin pour les relier.

Une fois rendu dans le village, nous avons eu le plaisir d’apprendre que hors saison (donc présentement), les auberges s’arrachent les trekkeurs. Pour ce faire, ils offrent leurs chambres gratuitement en échange de la garanti de diner et déjeuner à leur restaurant. Bref, c’est vraiment plate héhé…

L’auberge que nous avons finalement choisie (parce que presque tous les proprios nous attendaient dans le square (parc) au milieu du village) est tenue par un jeune couple de népalais HYPER sympathique. Je me suis même fait une nouvelle petite amie à la minute où je suis arrivé à l’auberge; la très jeune fille du couple n’arrêtait pas de grimper sur moi comme si j’étais une montagne. Si elle avait 20 ans de plus (elle doit en avoir 5), je l’aurais demandée en mariage sur le champ.

IMG_9097Moi et ma futur femme... enfin... euh

En fait… pour dire vrai… comment dire… je l’ai fait… je lui ai demandé « will you marry me? (veux-tu m’épouser?) » et elle a répondu oui du tac au tac, alors que moi, Roark et sa mère éclations de rire.

Concernant l’auberge, ne partez pas en peur. Les chambres s’apparentent beaucoup à un locker. Pour tout dire, si j’étais dans l’histoire des 3 petits cochons, je serais assurément dans la maison de paille. Le plafond de ma chambre est fait de tiges de bambou, les murs sont faits avec les moyens du bord avec les 2×4 sont apparents d’un côté. Enfin, le plancher est en terre cuite et je ne sais pas si ce sont mes yeux, mais j’ai l’impression qu’il n’est pas au niveau (feeling comme ça). Ahhh, mon lit est un peu petit et est squeezé entre les murs. J’ai donc peur de me réveiller et d’avoir transpercé la planche de bois avec mes jambes.

Profitant des derniers rayons de soleil, j’ai marché dans le village… jusqu’à ce qu’un professeur d’anglais vienne à ma rencontre. Il m’a expliqué que le village compte 2000 habitants et qu’avec tous les villages de la vallée, le total passait à 7000 âmes. Ici, les enfants vont à l’école de 6 à 18 ans et certains peuvent marcher jusqu’à 2 heures le matin et 2 heures le soir pour faire le trajet maison/école (certains villages sont très haut perchés sur les montagnes adjacentes).

En terminant la discussion, il m’a invité à venir faire un tour à l’école le lendemain matin pour en faire la visite et y rencontrer les enfants. À suivre…

Day 2 – School’s out for summer

Info trek;
– Bahundanda – 1310m
– Lily
– Khanigaon
– Ghermu – 1160m
– Syanje – 1095m
– Srichaur
– Jagat – 1300m
– Ghatte kholagaon
– Chamje danda
– Chamje – 1425m

Trek de 17km aujourd’hui
Total; 38km

Description;

À mon réveil, j’entendais Roark réciter les lettres de l’alphabet et je me demandais quelle mouche avait bien pu le piquer. À mon grand étonnement, il se trouvait avec ma fiancée qui était en train de lui réciter toutes les lettres en anglais. En plus de parler un assez bon anglais, elle se débrouillait aussi à l’écrit… j’avais définitivement fait le bon choix…

En déjeunant, j’ai mentionné à Roark qu’un professeur nous avait invités à aller faire un tour à l’école. Ni une, ni deux, nous avons repoussé notre départ l’instant d’une visite éclaire.

Arrivé à l’école, le professeur que j’avais rencontré la veille nous a fait faire le tour du propriétaire. Au moment où nous nous apprêtions à quitter les lieux, il nous a demandé si ça nous intéresserait d’enseigner aux enfants?

Moi – Roark
Vous voulez dire que nous pourrions enseigner aux enfants aujourd’hui?!?

Professeur
Oui, c’est bien cela…

Moi – Roark
Tous les 2 seuls dans une classe avec des élèves… sans aucun vrai professeur?!?

Professeur
C’est bien cela…

Après avoir discuté des Pour et des Contre, on en est venu à la conclusion que c’était le genre de chance qui ne se reproduirait surement pas. Après tout, que ceux qui ont déjà enseigné à des jeunes népalais lèvent la main? Personne?!? C’est bien ce que je pensais…

Après avoir accepté, le professeur nous a présenté au directeur de l’école et nous a référé à un autre professeur qui serait en charge de nous indiquer la classe où aller, etc.

Moi – Roark
On est sensé leur enseigner quoi aux enfants?!?

Professeur
Vous aller trouver quelque chose j’en suis sur…

L’instant de 2 classes de 40minutes, moi et Roark auront donc été professeurs au Népal. L’expérience était tout simplement magique. Les jeunes népalais sont TRÈS disciplinés. Tous les matins avant d’aller à leur cours, ils sont tous réunis dans la cour au centre de l’école à chanter et à réciter des consignes. La discipline est alors de rigueur comme si nous étions dans l’armé. En entrant dans notre première classe, c’était le calme plat jusqu’à ce que Roark s’écrit ‘’namaste (bonjour)’’ et eux de nous répondre tous ensemble de même. La glace étant brisée, nous avons commencé notre cours…

Coté éducatif, on repassera, on s’amusait à dessiner une personne au tableau avec des mots représentants des parties du corps à placer au bon endroit… à des enfants de 10-12ans qui paraissaient être beaucoup plus avancés en anglais. En bout de ligne, tous le monde a eu beaucoup de plaisir et c’est ça l’important (l’éducation c’est secondaire héhé).

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En sortant de la première classe que nous avons donnée, je suis passé devant une classe de tout petit… sans professeur… qui me suppliaient de venir les voir. Ni une, ni deux, j’ai ouvert la porte et j’ai commencé à faire le clown. Puis, j’ai sorti mon appareil photo… C’est à ce moment qu’ils sont tous devenus fous. Ils voulaient tous prendre l’appareil photo pour prendre des photos. J’ai donc tendu mon appareil en toute insouciance à l’un d’entre-eux… pour passer les 5 minutes suivantes à essayer de la récupérer (ils se bataillaient pour avoir l’appareil et celui-ci passait de l’un à l’autre) en priant pour qu’aucun de ces jeunes ne l’échappe…

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Lors de notre 2ème classe, nous avons répété le même manège que lors du premier cours. Cette fois, nous étions un peu plus préparés et les jeunes étaient fous de joie. À certains moment, j’ai même aperçu quelques professeurs qui nous espionnaient par les fenêtres et qui avaient l’air de se bidonner.

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Lors de notre passage à l’école, en plus de faire et dire beaucoup de conneries devant les élèves, nous avons aussi appris plein de choses sur le mode de vie des népalais en milieu rural (donc en montagne comme ici).

En ce qui concerne les multiples champs que nous pouvons apercevoir partout dans les montagnes, ils n’appartiennent pas à la communauté, comme nous pouvions le croire, mais à des particuliers. C’est donc chacun pour soit…

Dans le même ordre d’idée, les champs en terrasses sont principalement utilisés pour cultiver le riz durant la mousson (il faut que ce soit plat pour retenir l’eau), tandis que tous les autres types de plantations peuvent pousser en pente (donc pas besoin de travailler la montagne en terrasse au préalable).

Une fois l’épisode de l’école terminé, j’ai fait mes adieux à ma fiancée et nous avons pris la route.

Au menu aujourd’hui; longer encore une fois la rivière au fur et à mesure que la vallée se resserrait et que les montagnes environnantes prenaient de l’ampleur… puis vint Chamje. Situé le long de la rivière, à un endroit où la vallée est très étroite, ce serait notre stop pour la nuit.

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J’envisage une très bonne nuit de sommeil dû à la présence d’une chute à 2 pas de la fenêtre de ma chambre. Déjà que le son d’une chute m’endors, cela couvrira en plus le bruit des animaux…

Day 3 – Fields of dream / Champs de rêve

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Info journée;
– Chamje – 1425m
– Sattale
– Talbesi
– Tal – 1760 m
– Khotro
– Kharte – 1850m
– Dharapani – 1910m

Trek de 14km aujourd’hui
Total; 52km

Description;
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À notre départ de Chamje ce matin, nous étions accompagné par 3 nouveaux compagnons rencontrés la veille au souper;
– Alex – Français de 24ans – voyage avec un jeune guide népalais
– Mateo – Suisse de 20ans – Fait particulier, il trimbale un sac en plastique plein de linge sale et un autre sac remplis de bonbons en dessous de son sac principal… vous devez donc vous rappeler lequel est lequel si vous voulez lui piquer quelque chose. Son look me fait beaucoup penser aux premiers alpinistes au début du siècle passé. En fait, il ne lui manque que les bas remontés jusqu’aux genoux et les pantalons qui vont avec et l’illusion serait parfaite.

Pour les premières heures, le trek d’aujourd’hui était tout en monté au creux d’une vallée, à traverser une multitude de ponts, apercevoir de nombreuses chutes et passer à côté d’une quantité de maisons perdus au milieu de nulle part en flanc de montagne. Bref, c’étais trèèèèès ennuyant héhé…

Mon livre indiquait qu’après avoir monté tout en haut de la vallée, ‘’the first view of Manang District is dramatic : just past the gateway, the trail descends to a beautiful broad valley…’’, nous allions donc passer une arche, signifiant notre entré dans le district de Manang, et à partir de là, nous aurions une vue incroyable sur un petit village du nom de Tal.

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Le livre n’aurait pas pu mieux décrire la situation. À peine passé l’arche que nous débouchions sur une nouvelle section de la vallée avec des parois rocheuses tranchées au couteau et un petit village blotti tout au creux sur le bord de la berge d’une rivière peu profonde.

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L’endroit me faisait penser au film « Le seigneur des anneaux I », lorsque Gandalf parcours à tout allure des plaines et des rivières peu profondes sur son cheval avec les 2 Hobbits dans ses bras.

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Après avoir fait un pit stop dans ce petit village, nous avons repris le sentier pour nous retrouver au beau milieu d’un champ de… comment dire… je peux cocher de ma To Do List « marcher/courir dans un champ de majijuana en toute légalité » nananananère. À beaucoup d’endroit, comme dans le mot BEAUCOUP, il y a de la marijuana qui pousse le long du sentier. Tant qu’à y être, je peux aussi cocher « faire pipi sur de la marijuana ». Je m’excuse à tous ceux qui pourraient être offusqué par mon geste, mais bon, le champ ne finissait pas de ne pas finir et j’avais envi bon…

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Un peu avant notre destination d’aujourd’hui, nous avons traversé le village de Kharte. J’avais lu que ce village était le point de départ d’un trek se rendant jusqu’au 2ème plus haut lac du pays. À 4700m, le lac Dona git au pied de Manaslu, la 8ème plus haute montagne au monde à 8100m.

Dans le livre, il était clairement mentionné que l’ascension était de 3000m. Bon… dans un livre, monter 3000m, 1000m ou 100m, il y absolument rien là. Cependant, quand nous sommes arrivés à la jonction pour prendre le sentier, un mur avec un sentier zigzagant jusqu’en haut, se dressait devant nous. Disons que ça a diminué… un peu… beaucoup… annihilé… mes ardeurs.

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Au final, nous sommes arrêtés pour la nuit à Dharapani. Situé à la rencontre de 3 rivières à un endroit où la vallée est très étroite, l’illusion d’optique est telle que j’ai l’impression que les montagnes se trouvant de l’autre côté de la rivière sont directement au-dessus de nos têtes.

Contrairement à notre auberge de Bahundanda, où ma chambre ressemblait à un locker raté, je comparerais notre actuelle auberge à un camp en bois rond de luxe. C’est donc une très bonne amélioration. Je vais encore une fois dormir comme un bébé puisque nous sommes toujours en bordure de la rivière à un endroit où il y a des rapides.

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Fait inutile; un super trognon petit chien est venu nous voir. Je l’ai surnommé affectueusement « Meat (viande) »… parce qu’il avait l’air très appétissant (ça fait une éternité que j’ai mangé de la viande) en plus d’être très beau. Bon, je n’ai rien d’autre à dire à propos de ce chien… et vous, ça va la vie?!?

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Après maintenant 3 jours de marche, un élément me frappe; il n’y a personne sur le sentier. Incluant moi et Roark, nous sommes 10 touristes à faire le trek à plus ou moins une journée de marche. Nous avons donc l’embarras du choix en ce qui concerne les accommodations. Comme je l’ai mentionné dans mon compte-rendu du jour 1, la très grande majorité des auberges nous proposent de ne pas payer la chambre… et on a même pas besoin de négocier, c’est eux qui le propose.

Il ne faut cependant pas se méprendre. On nous a raconté que durant les hautes saisons (mars-avril-septembre-octobre-novembre), la situation est tout autre. Les auberges sont quasiment tout le temps pleines, il faut préférablement réserver à l’avance et malgré tout, des touristes doivent bien souvent coucher dans la cuisine, la salle à manger ou même dehors à la belle étoile.

Je crois donc très personnellement faire ce trek au meilleur moment dans l’année. Nous sommes tout juste avant la mousson, il pleut parfois 1 heure par jour, mais sans plus, il y a quelquefois du brouillard, mais rien pour cacher les vues magnifiques, et surtout, les sentiers sont désert et on peu improviser notre parcours selon notre feeling du moment sans avoir à réserver une journée ou plus à l’avance.

Day 4 – A walk in the clouds / La tête dans les nuages

Info trek;
– Dharapani – 1910m
– Bagarchap
– Danagyu
– Timang – 2590m (via la Upper trail)

Trek de 9km aujourd’hui
Total; 61km

Description;

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Peu après avoir pris notre déjeuner et que « Meat » soit venu nous dire adieu (moment très émouvant…), nous avons pris la route.

C’était non sans peine pour Mateo qui avait… mmm… comment dire sans répugner ceux qui pourraient me lire en mangeant… qui avait un problème de plomberie (« Liquid In, liquid Out » comme dirait Roark). Bref, il devait souvent courir dans de petits locaux qui empestent… vous comprenez… non… grrrr… ahhh pis allez dont chier…

Le parcours en fut un sans histoire jusqu’au village de Danagyu. Après, il fallait faire un choix entre continuer sur la « Lower Trail » (suivant la rivière dans le fond de la vallée), ou de prendre la « Upper Trail » (qui monte dans les hauteurs de la vallée et qui est sensée offrir des vues impressionnantes sur les environs).

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Nous avons donc dit adieu au fond de la vallée, dans lequel nous marchions depuis déjà quelques jours, pour prendre la direction de Timang, 400m plus haut.

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Tout juste avant d’arriver en haut, nous avons été dépassé par un népalais en chemine et pantalon propre qui s’en allait probablement au travail. Disons que le feeling est assez étrange quand un gars en tenu de ville vous dépasse en vous disant un beau « namaste », tout content de vous voir, alors que vous êtes tout en sueur et que vous avez peine à reprendre votre souffle.

Quelques minutes plus tard, nous faisions notre entré dans le minuscule village de Timang. Malheur pour nous, les nuages et le brouillard nous avaient précédés, nous empêchant d’admirer pleinement le moment.

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Après avoir rechargé nos batteries, la situation de Mateo ne s’améliorait pas. Moi et Roark avons donc décidé de passer la nuit en sa compagnie ici, dans l’espoir qu’il irait mieux demain matin.

Ayant un guide ($$$) et peu de flexibilité dans son horaire, Alex allait continuer son chemin jusqu’à Chame (notre objectif en début de journée). Si tout allait bien, nous allions le rattraper dès demain.

Disons que moi et Roark n’avons pas eu à se faire prier pour rester un peu plus longtemps ici. Pour ma part, Timang est décrit dans mon guide comme un des endroits où on peu avoir l’une des plus belles vues, notamment de Manaslu, et puisqu’il y a du brouillard aujourd’hui, je croise les doigts pour demain matin. Pour ce qui est de Roark, il est tout simplement tombé en amour avec l’endroit… et avec les ânes (sans commentaire).

Le soir venu, le fait que Timang soit perché en haut d’une vallée ne paraissait plus du tout en raison du brouillard. En fait, quand nous étions à boire une première bière du trek au magasin général du village, je me sentais comme dans le film « Sleepy Hollow », mettant en vedette Johnny Depp, un endroit surréaliste où il pourrait facilement se passer des choses étranges.

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La bière que nous avons pris à 2600m d’altitude est donc la plus haute bière que j’ai pu boire dans ma vie… jusqu’à maintenant. À ce sujet, un guide, nous a avertis que boire de l’alcool n’était pas la meilleure idée pour s’acclimater à l’altitude (ben voyons toé), en prenant toutefois la peine de nous mentionner que les sherpas (porteurs) qui montent l’Everest boivent quotidiennement un flasque de whisky chacun (une bonne dose de courage).

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La bière bien installée dans notre estomac, nous sommes retournés en direction de notre auberge… pour apercevoir 2 jeunes qui jouait au ballon. Il n’en fallait pas plus pour 2 gars complètement exténués… et un peu pompette… pour se joindre à la partie. Constat de l’expérience, jouer au ballon avec des babouches n’est pas l’idéal (vous allez pouvoir juger de mon accoutrement avec la photo qui suit).

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À 8h, le soleil était couché depuis déjà une bonne heure et nous allions l’imiter afin de se réveiller un peu avant lui et espérer avoir un bon spectacle.

Day 5 – Sunrise in Paradise / Lever de soleil au paradis

Info trek;
– Timang – 2590m
– Thanchok – 2630m
– Koto
– Trichyungalta
– Chame
– Thaleku
– Bhratang
– Dhuki Pohkara
– Lower Pisang – 3200m

Trek de 23km aujourd’hui
Total; 84km

Description;
Le pari que nous avons pris la veille en restant à Timing pour la nuit… à savoir que Mateo prendrait du mieux et que le ciel serait clair afin d’observer le superbe panorama… a finalement rapporté sur toute la ligne.

En sortant à l’extérieur pour aller à la toilette durant la nuit, j’ai pu constater que les nuages et le brouillard avaient complètement disparus et que c’était même la pleine Lune. J’ai alors pu prendre conscience de la beauté des environs et de mon erreur…

En arrivant par un épais brouillard hier, j’étais convaincu que le village était au sommet de la vallée. Je n’aurais pas pu me mettre le doigt plus profond dans l’œil. J’ai été complètement renversé de constater que le village était entouré de hautes montagnes de tout bord, tout coté en plus d’avoir une vue plongeante (un décolleté dans une robe moulante serait moins attrayant) sur la vallée et le village de Danagyu tout en dessous.

Après avoir contemplé le spectacle pendant plusieurs minutes, je me suis finalement résigné à retourner me coucher. Maintenant conscient de ce qui m’attendait au lever du soleil, j’étais très anxieux de me fermer les yeux et de passer tout droit… puisque mon Iphone (réveil-matin) n’avait plus de batterie. J’ai donc eu beaucoup de difficulté à retourner dans les bras de Morphée…

Comme dans tous bons films de Disney, où le héros parvient à ses fins, j’étais à mon poste aux premières lueurs du soleil, bien installé sur la superbe terrasse de notre auberge surplombant le village avec mon ami suisse… qui pétait le feu (cette fois au sens figuré et non propre – sale – comme hier).

Pendant l’heure et demi qui allait suivre, le spectacle auquel nous avons été convié est tout simplement l’une des plus belles choses que j’ai pu voir de ma vie. On aurait dit que l’endroit avait été spécialement conçu par Dieu lui-même pour regarder le lever du soleil; bien adossé sur une espèce de cuvette formée par les montagnes (comme un théâtre), le village de Timang se trouve sur un plateau à mi-hauteur dans la montagne. La vallée plonge ensuite tout juste devant avec son décolleté des plus alléchants. Cependant, on l’oubli vite pour se concentrer sur le plat de résistance en arrière plan, j’ai nommé Manaslu. Pas assez arrangé avec le gars des vues vous dites?!? Eh bien ajoutez comme cerise sur le sunday, le soleil qui se lève dans la « craque » au milieu de la montagne. WOWe

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Comme j’ai dit, c’est l’un des plus beaux spectacles que j’ai pu voir dans ma vie. Certains vont probablement me dire « eille… pousse, mais pousse égal… je veux bien comprendre que c’est beau, mais la ça va faire… ». Eh bien, je répondrais à ces personnes; prenez 1 semaine de vacance… non 2… achetez un billet d’avion pour Katmandou, prenez un bus pour Besisahar, marchez pendant 3-4 jours jusqu’à Timang et levez-vous tôt dans l’espoir d’avoir un lever de soleil exempt de nuage et on en reparlera…

Seule ombre au tableau; Roark. Étant exténué, il m’avait fait promettre que « by any means… and by any I say A N Y… I don’t want you to wake me up tomorrow morning (Je ne veux pas me faire réveiller sous aucun prétexte… je dis bien A U C U N) ». Même si par 2 ou 3 fois j’ai dit à Mateo que je devrais probablement aller réveiller Roark, je suis finalement resté fidèle à ma parole…

Après avoir digéré le spectacle auquel mous avions eu droit et le déjeuner (cette fois en compagnie de Roark), nous avons commencé notre randonné du jour.

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Première ville à l’horizon, Thanchok, petite ville où nous avons passé en coup de vent. Nous avons tout de même trouvé juste de la rebaptiser affectueusement « Pooville », vu la quantité industrielle de merdes d’animaux (j’espère que c’était seulement de la merde d’animaux) dans la rue. Il fallait quasiment sauter, comme si on jouait à la marelle, pour les éviter.

Puis vint Chame (à ne pas confondre avec Chamje il y a quelques jours), la ville administrative (capitale) du district de Manang. Nous avons profité de ce stop pour aller sur internet pour la première fois depuis le début du parcours. À ce sujet, j’ai utilisé internet simplement pour donner un signe de vie, mais l’absence d’internet est tellement super. Au début c’est comme un sevrage, tu veux aller sur internet avec ton iphone, comme tu le fait toujours, mais ensuite tu finis par ne plus y penser, pour finalement te rendre contre que la vie continue et que c’est même très agréable.

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Par la suite, ce fut une succession de route de terre, village ennuyant, reroute de terre, village abandonné, route de terre, pont… et c’est à partir de là que le fun a commencé. Après avoir passé le dernier de 3 ponts, dont un qui nous a donné la chair de poule après avoir vu sa structure, ça a commencé à monter drastiquement.

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Les nuages nous ont courus après toute la journée sans jamais pouvoir nous attraper; il y avait toujours beaucoup de nuages derrière nous, mais un ciel bleu droit devant…

Les dernières heures du parcours d’aujourd’hui nous nous offert des vues complètement sublimes d’Annapura, principalement quand on se tournait pour regarder derrière nous complètement par hasard. À un certain moment Roark s’est écrié « this is a great Annaporn » en admirant le panorama.

Annaporn: masculin, adjectif, terme absolument non scientifique utilisé pour désigner une vue ‘’jouissive’’ de la montagne. Ce terme allait devenir un désormais classique du Circuit de l’Annapurna… il allait désormais être utilisé à toute les sauces pour parler de la montagne et être adopté par tous nos compagnons.

Nous avons finalement enlevé nos bottes poussiéreuses dans une très belle auberge (ça ressemble à s’y méprendre à une cabane à sucre) à Pisang, un village ayant la particularité d’être à moitié dans le bas de la vallée d’un coté de la rivière (Lower Pisang) et à moitié dans les montagnes de l’autre côté (Higher Pisang… qui ressemble à un château fort).

À partir de Pisang, la prochaine destination logique est Manang. Pour ce faire, il y a 2 sentiers; 1 passant dans le haut de la montagne (Upper Trek), sensé offrir une superbe vue sur les montagnes, et l’autre (Lower Trek), passant dans le creux de la vallée, donc plus facile. Une fois rendu à Manang, on est sensé prendre une journée de repos pour s’acclimater à l’altitude (après Manang ça va monter drastiquement). On se dit donc que de prendre cela relax le long de la Upper Trek pourrait être une bonne idée puisque le sentier est majoritairement plus haut de 300-400m que Manang.

De ce fait, nous avons maintenant dépassé la barre des 3000m (se compte à partir du niveau de l’océan) d’altitude. Pour vous donner un ordre de grandeur, le Mont-Tremblant est à 875m, le Massif de la Petite Rivière St-Francois est à 806m, le Massif du Sud est à 915m et Stoneham est à 632m.

En maintenant 5 jours, nous avons parcouru 82km (le kilométrage officiel de cette randonnée est une gracieuseté de l’application « Running » de Nike sur mon Iphone) et monté plus de 2400 mètres. Pour ce qui est de l’altitude, il nous reste à monter un peu plus de 2200m par 2 fois (pour passer la Thorung La Pass à 5500m et pour aller au lac Tilicho à 5400m).

Ahhh… aussi, très utile pour ceux qui ne le savent pas (genre moi il y a 6 jours). Si vous avez un Iphone et que vous prévoyez aller en forêt… où à un endroit ou il n’y a pas d’internet… votre localisation en temps réel se met à jour sur google maps quand même. Pour ce faire, vous n’avez qu’à cadrer la carte où vous allez au préalable. Par exemple, avant de quitter la civilisation, Mateo a cadré toute la zone du circuit de l’Annapurna sur google maps. Depuis, à chaque fois qu’il ouvre l’application, elle nous donne notre localisation. Bon, on n’en a pas vraiment besoin, mais je trouve que ça peut être très pratique pour quelqu’un qui part faire une randonné en forêt. Jumelé à l’application boussole, qui vient par défaut sur l’Iphone, il n’y a plus de raison pour se perdre… à moins de manquer de batterie.

Day 6 – A bulletproof stomach… well… / Un estomac à tout épreuve… ou presque…

Info trek;
– Lower Pisang – 3200m
– Upper Pisang
– Ghyani – 3670m
– Ngawal – 3660m

Trek de 8km aujourd’hui
Total 92km

Description;
En nous levant ce matin, tout le monde était top shape. Nous avons donc décidé de passer par la Upper Trail. Réputé pour offrir parmi les plus belles vues, sinon les plus belles vues, de tout le trek, il fallait donc battre les nuages de vitesse (il n’y a généralement pas de nuages le matin jusqu’à environ 10h).

Dans un premier temps, nous sommes montés visiter Upper Pisang. De là, nous avons attrapé le sentier Upper trail qui commençait de Upper Pisang.

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Il faut savoir que la Upper trail peut être attrapé à partir de Lower Pisang ou Upper Pisang. Je recommande fortement de passer par Upper Pisang puisque la vue de la vallée, du village et des montagnes en background est tout simplement MAGNIFIQUE. Ce n’est pas compliqué, je m’arrêtais à tous les 20m pour prendre une nouvelle série de photos et vidéos. Mateo me regardait faire en me demandant « vous n’avez pas cela chez vous?! »… « Non Mateo, moi je ne vis pas en Suisse… les montagnes dans l’Est du Canada ne seraient même pas considérées comme des montagnes au Népal… »

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S’en est suivit le défi du jour; 400m d’ascension d’une montagne très abrupte dans un sentier en zigzag pour atteindre le très petit village de Ghyani.

Par la suite, la promenade a suivit un sentier en flanc de montagne qui ne nécessitait aucune autre ascension. C’était donc un ‘’walk in the park’’ jusqu’à Ngawal, prochain village à l’horizon.

Perché à mi-hauteur dans la vallée, à un endroit où il vente à écorner des bœufs, cet endroit restera toujours gravé dans ma mémoire pour une mauvaise raison. Durant le lunch que nous prenions là-bas, mon estomac a flanché pour la première fois de mon voyage en Asie. En l’espace de 5 secondes, j’ai eu d’atroces crampes qui ont perdurées jusqu’en début de soirée.

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Il y a 3 raisons qui peuvent expliquer ce problème soudain.

D’une part, je me sentais en grande forme aujourd’hui et mon égo a voulu le montrer à tout le monde. J’ai donc monté les 300-400m de dénivelé en un temps record. Or, les maux de ventre son l’un des nombreux signes précurseurs du mal des montagnes. Cependant, je doute fort que ce soit la raison puisque j’ai marché environ 2h après l’ascension sans rien ressentir et c’est arrivé soudainement quand je mangeais.

La 2ème option serait mon repas. Si c’est le cas, c’est donc dire que mon fameux estomac à tout épreuve, comme je me le plaisais à dire, aura finalement trouvé chaussure à son pied… et cette chaussure lui aura botté le cul. Cependant, mes compagnons doutent de cette option puisque si ça avait été une indigestion, la nausée ne se serait pas pointée sur le champ, mais plus tard.

Cela ouvre donc la porte grande ouverte à la 3ème option. Comme tout bon trekkeur, je remplis ma gourde d’eau dans n’importe quel point d’eau sur le bord de la route pour ensuite purifier l’eau (il y a plusieurs systèmes de purification, mais le mien consiste à mélanger de l’iode avec l’eau et ensuite attendre 15minutes avant de la boire). Je fais cela plusieurs fois par jours depuis le début du trek sans aucun problème.

Comme je l’ai dit, je fais très souvent cet exercice, tellement que c’est rendu routinier. Au début du trek, je me doutais qu’un jour j’allais être un peu tête en l’air et que j’oublierais d’attendre les 15min. Or, durant le lunch, je me suis tourné vers Mateo et je lui ai dit que je pensais ne pas avoir attendu assez longtemps avant de boire. C’est l’option la plus logique puisque la nausée s’est présentée quelques minutes plus tard.

Bref, peu importe la raison, j’ai l’intention de me servir de ce petit problème technique comme d’une bonne leçon; je ne dois pas tomber dans une zone de confort, je dois redoubler de vigilance autant en ce qui concerne l’eau que l’altitude. Après tout, c’est TRÈS RARE, mais en moyenne 1 ou 2 randonneurs meurent de problèmes reliés à l’altitude chaque année. Le mot d’ordre est donc tranquillement, mais surement.

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Ce malencontreux incident nous a incités à passer la soirée dans ce village. Nous y avons trouvé un super auberge… probablement le plus beau et mieux construit que j’ai pu voir depuis… jamais au Népal; de vrais poutres au plafond, des murs épais en terre cuite, un plancher de bois qui mérite qu’on l’appelle plancher de bois, une superbe salle à manger entièrement faite en boiserie et un corridor menant aux chambres ayant une sorte de puit de lumière très élégant. Encore une fois, la facture pour avoir chacun une chambre double… je vous le donne en mille; 0$

En fait, je crois que c’était écrit dans le grand livre en haut que j’allais séjourner dans ce village, dans cette auberge et dans cette chambre.

Pourquoi?!?

Après avoir choisi ma chambre, j’ai remarqué qu’il y avait un collant sur la poigné de ma porte avec uniquement les 4 lettres suivantes de marqués; N i c o. Si ce n’est pas un signe, je ne sais pas c’est quoi… puisqu’après avoir fait le tour des portes de l’auberge, c’est la seule poignée à avoir ce collant.

Note intéressante; l’altitude où nous nous trouvons présentement (entre 10000 et 12000 pieds) est l’altitude à laquelle les cabines d’avions sont pressurisées. C’est donc dire que quand vous prenez l’avion, vous êtes dans un environnement (quantité d’air, etc.) s’apparentant à l’environnement où nous sommes présentement.

Day 7 – Silent Hills / Silence! On marche…

Info trek;
– Ngawal – 3660m
– Munji – 3330m
– Braga – 3360m
– Manang – 3540m

Side trek individuel de 8km
Trek de 7km aujourd’hui
Total; 99km – sans compter mon side trek individuel

Description;

Mon intention première était de me réveiller à 3h du matin pour monter en haut de la montagne derrière le village (3-4h allé) afin d’admirer le lever du soleil sur l’ensemble de la chaine Annapurna (décrit dans mon guide comme étant probablement la plus belle vue, des plus belles vues du circuit). En effet, si on monte assez haut dans la montagne, la montagne de couleur noir qui est devant fini par ne plus obstruer la vue et on peut admirer l’ensemble, tel un mur blanc qui se dresse devant vous.

Vous êtes probablement un peu confus présentement par rapport à la fin de mon compte-rendu d’hier; « eille chose, t’étais pas cloué à ton lit hier… kessé que tu vas faire à monter des montagnes en plein milieu de la nuit?!? ». Et bien, je vous dirais que j’ai dormis depuis 2h de l’après-midi hier et quand mon réveil à sonné à 3h du matin, j’étais top shape… mais il y avait beaucoup de nuages dehors. J’ai donc décidé de me recoucher jusqu’à 4h.

À 4h, le ciel était clair, j’avais tout mon stock sur le dos, mais au moment d’ouvrir la porte de ma chambre, j’ai été pris de panique. Pourquoi?!? Eh bien, mes 2 compagnons ne voulaient pas faire le trek avec moi. Jusqu’au moment de franchir la porte de ma chambre, j’étais très confiant, mais ensuite, le doute s’est emparé de moi… essentiellement en raison du fait qu’il faisait encore nuit et que je n’avais pas fait de reconnaissance du parcours hier. Bref, ma conscience a gagné (pour une rare fois) et je suis retourné me coucher… pas pour très longtemps.

À 5h30, ne pouvant plus fermer les yeux, j’ai décidé d’aller marcher en ville. À ce moment, la vallée était toute éclairée par la lumière indirecte du soleil qui n’avait pas encore franchit le sommet des montagnes.

Après 10minutes, j’avais fait le tour du propriétaire et puisque le ciel était quasiment sans nuages (autrement dit les conditions idéales), j’ai décidé de monter admirer le village et les montagnes du monument blanc, qui surplombe le village sur une petite montagne à tout au plus 100m plus haut.

Pour ce faire, j’étais armé de ma bouteille d’eau, de 3 barres de chocolats, de mon cache coup, d’une paire de short et d’un chandail long; « pas besoin de plus, je monte seulement voir la vue à partir du monument et dans 30minutes je serais de retour » que je me disais. Ouin… J’ai atteint le monument en seulement 10min sans même m’essouffler. J’ai ensuite aperçu un temple beaucoup plus haut… je vous laisse deviner la suite.

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À partir de là, le sentier ne laissait pas une seconde de repos (ascension constante). J’ai atteint le « temple » et j’ai eu la belle surprise de voir qu’on pouvait apercevoir la chaine de l’Annapurna continue de cet endroit. N’eut été de quelques petits nuages un peu gênant, j’aurais été en mesure de voir l’ensemble sans problème. J’ai attendu un bon moment dans l’espoir que les nuages disparaissent, mais en vain.

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Au final, j’aurais monté la montagne sur 4km (donc 8km allée-retour) et monté un peu plus de 400m, pour ainsi atteindre le cap des 4000m pour une première fois. Ce genre de petit trek d’une journée est très bon dans la mesure où tu montes pour un court laps de temps, pour ensuite redescendre sans coucher à cette altitude, ce qui minimise les risques et aide à s’acclimater à l’altitude.

De retour au village, j’ai profité de l’avant-midi avec mes compagnons pour ensuite prendre la route pour Manang. Nous quittons ce petit village à reculons (je vous rassure, nous ne marchons pas vraiment à reculons…) puisque l’endroit est un véritable havre de paix; il n’y a peu ou pas de bruit durant la nuit et c’est encore mieux durant le jour.

Je recommande à tous de passer une nuit dans ce village. C’est simplement à 8km de Pisang et 7km de Manang, donc très tentant de simplement passer sans s’arrêter (comme nous aurions fait si je n’étais pas tombé malade) vu la courte distance qui le sépare des 2 autres villages beaucoup plus importants. Bref, je vous le recommande fortement, ne serait-ce que pour la très belle architecture de pierre des bâtiments, la vue complètement débile de l’Annapurna (notamment de la place publique au centre du village) et bien sur la tranquillité.

Ce séjour à Ngawal aura aussi contribué à resserrer le très bel esprit d’équipe que moi, Roark et Mateo avons maintenant… Malgré notre différence d’âge (20, 28 et 33), nous avons beaucoup d’affinités et nous sommes tous les 3 du même calibre en montagne. Dès le départ du trek, je me souciais autant de la santé de Roark que de la mienne et maintenant j’oserais dire la même chose à propos de Mateo.

Le programme d’aujourd’hui consistait donc à marcher dans une forêt très clairsemée, comportant seulement de petits conifères et quelques plaines marécageuses. Le parcours n’était pas des plus intéressants, mais il suffisait simplement de lever les yeux pour apercevoir Annapurna.

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Disons qu’avec 8km de plus dans les jambes (mon ascension solitaire du matin), j’avais un peu de difficulté à suivre le tempo de Roark et Mateo et ce, même si ce fut assurément la journée la plus facile jusqu’à maintenant (plat ou tout en descente). Il faut aussi savoir qu’à la très grande surprise de Roark, j’ai cru bon de ne pas prendre de petit déjeuner entre mon trek matinal et le moment de reprendre la route (je ne sais pas quelle mouche m’a piquée). J’ai ensuite regretté chèrement ma décision…

Une fois rendu à Munji, j’ai admis mon erreur et Roark m’a lancé une réplique pleine de sens « Since I met you, I learned that you like to learn things the hard way…that’s why I didn’t say anything this morning (depuis que j’ai fait ta connaissance, j’ai appris que tu aimais apprendre de la manière difficile… C’est pour cela que je n’ai pas dit un mot ce matin) « .

À partir d’ici, s’en était fini de la belle forêt. La Lower et Higher trail se combinaient pour devenir une route de terre en plein milieu de la plaine.

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À partir de là, Bragha (petite ville charmante avec un superbe temple bouddhiste) peut être atteint en moins de temps pour dire « Anticonstitutionnellement »… et puis, nous étions à Manang.

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Que dire de cette ville, sinon que c’est un incontournable le long du circuit de l’Annapurna. Que vous le vouliez ou non, c’est un stop quasi-obligatoire afin de s’acclimater à l’altitude (à 3500m) avant de commencer à monter drastiquement jusqu’à 5500m.

La ville semble sortie tout droit d’un vieux western américain. En fait, je n’aurais pas été surpris de voir des cowboys entrer dans la ville sur le dos de leur cheval en tirant des coups de fusils.

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Pour ceux qui ne sont pas trop des amateurs de western, la ville me fait beaucoup penser à Jasper dans l’ouest canadien; une longue rue avec en arrière plan la chaine de montagne… à la différence de Jasper que la chaine de montagne est à 2 pas du village et non à des kilomètres.

Depuis le début du trajet, l’un de mes soucis principal est de gérer convenablement ma consommation d’énergie (les batteries de ma caméra et de mon Iphone). Il est très difficile de trouver des prises de courant et j’ai l’impression que ça deviendra de plus en plus difficile au fur et à mesure. Bref, quelque chose que vous à la maison n’aurez jamais à vous soucier…

Day 8 – We rented a cinema / Nous avons loué un cinéma

Info trek;
Journée de repos/acclimatisation à Manang.
Petite randonnée dans les environs; 5km (104km) – 4000m

Description;

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Aujourd’hui est notre jour de repos. Le programme de la journée consiste à R I E N.

Il est donc hors de question de marcher le moindre kilomètre ou de se lever à l’aurore pour admirer le lever du soleil ou autre connerie de voyageur.

J’ai très clairement dit à mes compagnons que celui qui viendrait cogner à ma porte pour me réveiller devrait être en mesure de courir plus vite que moi afin d’éviter que je l’étripe. Même si le Canada a été détruit accidentellement par des bombes nucléaires américaines destinées à la Corée du Nord… Même si il s’est produit une avalanche à proximité de Manang et que nous sommes en danger de mort… Même si ma mère est au bout du fil et qu’elle veut me parler… NE ME RÉVEILLEZ PAS.
J’ai donc pu faire la grâce matinée jusqu’à 8h30… un record.

En fait, nous avons l’intention de faire une toute petite chose. Mettre nos flip flop, aller déjeuner et nous diriger vers le cinéma du village pour s’y enfermer et écouter des films toute la journée.

Oui, oui, vous avez bien lu; cinéma. En fait, c’est comme un club vidéo crado avec plein de DVD; vous pouvez sélectionner le film que vous voulez et aller l’écouter dans la petite salle adjacente (une vingtaine de place). Autrement, il y a une représentation quotidienne à 5pm du film ‘’7 ans au Tibet’’…

Il y a en fait 2 cinéma en ville, mais l’un d’eux est présentement fermé puisque nous sommes en basse saison… à moins que vous soyez un groupe de 4 et +.

Si vous êtes le moindrement bon en mathématique, vous pourrez vous rendre compte que notre groupe actuel est composé de 3 membres; moi, Roark et Mateo. Il nous fallait donc trouver le moyen d’agrandir notre groupe. Heureusement pour nous, nous avons fait la connaissance de Alvar (Espagnol, voyageant en solo et ayant tout le temps du monde) hier à l’auberge. Il s’est montré très emballé par notre idée de passer une journée complète dans un cinéma à regarder des films. Problème résolu…

Il ne restait plus qu’à sélectionner un film parmi la très large collection de copies illégales DVD de film américain, nous assoir confortablement dans la coquette salle de cinéma (un sous-sol pas fini serait plus beau) et poser les yeux sur le très bel écran d’au moins 2m x 4m. Voilà.

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Le film que nous avons écouté « Into thin air », raconte l’histoire vraie d’un groupe de personnes très fortunées et sans aucune expérience, qui ont tenté l’ascension de l’Everest en 1996. Bien entouré de guides, parmi les plus connus et qualifiés au monde à ce moment, l’expédition a tournée à la catastrophe; avant la fin de la journée du 10mai 1996, plus de 10 personnes avaient péries en route ou sur le chemin du retour du sommet. Malheureusement, le film est un affreux série B. J’ai par après lu le livre du même nom écrit par l’un des survivants, l’auteur Jon Krakauer (qui a aussi écrit le livre « Into the wild » dont le film du même nom est tiré) et le film ne rend AUCUNEMENT justice aux évènements.

L’une des informations qui m’a le plus fascinée est l’altitude du Camp de Base de l’Everest. À un peu plus de 19000 (5800m), donc 300m plus haut que le plus haut endroit où nous irons sur le Circuit, c’est le bas de la montagne… l’endroit où vous commencez l’ascension. C’est seulement après 3 semaines d’acclimatisation au Camp de Base que les aventuriers peuvent commencer l’ascension qui culminera à 8800m.

Après ce film, nous avons décidé de faire une petite randonnée jusqu’au « Viewpoint (belvédère) » de la ville. L’idée d’aujourd’hui était de ne rien faire, mais bon… on a fait un tout petit… minuscule… de rien du tout… trek de 3-4h. Pour les gens de Québec, la randonnée ressemble au « sentier des Loups » au Parc de la Jacques Cartier… à 4000m d’altitude. Une journée de repos quoi…

Le viewpoint est une petite montagne (je dirais que la montagne est au moins 1,5 à 2 fois plus haute que le Mont Royal… une petite montagne comme je disais) qui surplombe la ville de l’autre coté de la rivière.

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Au passage, nous avons pu apercevoir un magnifique lac au pied d’un glacier (ennuyant quoi…). Une fois en haut du « belvédère », un népalais rencontré la veille, nous avais mentionné de continuer un peu plus haut pour trouver un village typique de montagne.

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Ce village a été le highlight de la randonnée d’aujourd’hui. Bien qu’il soit à proximité de Manang, il est encore à 100% intact (pas « corrompu » par l’arrivé de touristes); il n’y a aucun hôtel, aucun restaurant, aucun dépanneur, il n’y a en fait rien d’autre qu’un tapon (gros max 50m x 50m) de petites maisons en pierres.

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Nous sommes ensuite redescendu à Manang pour s’enfermer à nouveau dans le « cinéma » de 15h30 à 21h30 afin de regarder « War Horse (Cheval de guerre) » et « Braveheart » un à la suite de l’autre sans jamais sortir dehors (les 2 films sont d’une durée d’au moins 2h30).

Un frisson m’est passé à travers tout le corps quand Mel Gibson crie « Freedom (liberté) » à la fin du film; je suis en train de la vivre ma liberté. Dans les jours qui allaient suivre, on allait crier LIBERTÉ (en anglais, francais, espagnol et suisse-allemand) à chaque fois que nous parvenions au sommet d’une montagne.

Terminons avec la chronique jardinage. Ma barbe pousse très bien. Pour vous donner une idée, c’est I M P O S S I B L E pour quiconque ayant déjà croisé mon chemin avant mon voyage en Asie (même pas mes parents et amis proches) de mesurer son ampleur. Elle est très dense et certains des poils font au moins 4-5cm. J’ai fait un pari avec Roark, à savoir que je la laisserais pousser jusqu’à la fin du trek avant de la couper.

Day 9 – Cold as Ice

Info trek;
Manang – 3500m
Braga
Ice Lake – 4600m
Braga
Manang – 3500m

Trek allé/retour de 23km
Trek total; 128km

Description
« I can feel the air, but I can’t breath it (je peux sentir le vent, mais je ne peux pas respirer) » – Roark

Aujourd’hui, le programme consiste à se rendre jusqu’au Ice lake, l’un des plus haut lac au Népal. C’est une excursion d’un jour en dehors du sentier principal du Circuit de l’Annapurna. C’est donc dire que nous partons très tôt de Manang, nous montons au lac, pour revenir par la suite. Au total, nous allions monter/descendre 1100m et parcourir 23km… une véritable promenade dans le parc…

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Première épreuve de la journée, traverser une congestion de Yaks (des vaches avec des poils très long et des cornes) sur le sentier. Comme c’était la première fois qu’on en rencontrait, et qu’on nous avait dit de ne pas s’en approcher puisqu’ils étaient dangereux, on n’a pas osé s’approcher en espérant qu’ils s’en iraient par eux-mêmes.

Après 20-25min à attendre que ces foutus bêtes pleines de poils déguerpissent du sentier… j’ai finalement perdu patience et j’ai commencé à leur lancer des roches et à courir après eux. On a fini par s’apercevoir que les yaks n’étaient pas du tout dangereux; derrière leur accoutrement un peu farfelu, ils sont aussi peureux que les vaches, à la différence qu’ils ont l’air plus menaçant avec leurs cornes bien effilées.

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Une fois le problème résolu, nous avons continué notre ascension sur un sentier zigzagant jusqu’à l’infini vers le haut de la montagne. À tout moment, il suffisait de s’arrêter pour contempler la vue spectaculaire qui s’offrait à nous de la vallée et d’Annapurna.

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5 heures après notre départ de Manang, il n’y avait toujours pas de lac à l’horizon, loin de là. Nous sommes plutôt tombés sur un campement. Chaque année, durant 1 ou 2 mois (mai et juin), beaucoup de népalais montent s’installer dans les montagnes dans l’espoir de trouver de très petits insectes/plantes du nom de Yarsagumba. Ces insectes sont ensuite vendus à l’étranger, principalement en Chine, et seraient apparemment de très bon aphrodisiaque (tu mets l’insecte dans de l’eau chaude, comme d’une poche de thé, et ensuite tu as la libido dans le tapis). Ces insectes peuvent rapporter une très bonne somme d’argent, d’où l’engouement qu’ils produisent à chaque année.

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Mémo très important à tous ceux qui pourraient faire ce trek un jour; prendre note qu’il n’y a aucun point d’eau, aucun restaurant, aucune cabane qui pourrait vendre quoi que ce soit, entre Bragha (le village où le sentier commence) et le lac tout en haut. Vous allez donc monter 10km, avant d’avoir une source d’eau et marcher plus de 20km avant de pouvoir acheter quelque nourriture que ce soit… Ne faites donc pas l’erreur que nous avons fait (une seule gourde chacun et très peu de barres de chocolat)…

C’est donc complètement vidé et sans eau, avec encore environ 1h à marcher pour atteindre le lac, que j’arpentais le sentier sinueux. Comme mes compagnons, j’espérais qu’il serait possible de boire l’eau du lac sinon il n’y avait aucune chance que je survive au chemin du retour. À ce stade-là, chaque pas était plus difficile que le précédent. Si il nous était impossible de boire la moindre goutte d’eau une fois rendu au lac, le chemin du retour serait très dangereux (la très grande majorité des gens qui meurent sur l’Everest, meurent sur le chemin du retour après avoir atteint le sommet) puisqu’il ne faut pas oublier qu’après le lac, il nous restait toujours la moitié du chemin à faire…

Cet donc avec cet état d’esprit que j’ai atteint le sommet de la montagne et commencé à arpenter le sentier serpentant sur le dessus de la crête. WOWe

Il n’y a aucun mot pour décrire le feeling que j’ai ressenti. C’est comme si quelqu’un m’avait shooté une pleine seringue d’énergie pur dans les veines. Du haut de la montagne, on se sentait à égalité avec les Annapurna qui vous font face de l’autre coté de la vallée (c’est entièrement faux puisqu’ils sont à 8000m et vous à 4600m, mais l’illusion est parfaite.

Une fois arrivé au lac, le spectacle était complètement différent. Il y avait 2 lacs d’un bleu clair, entourés de petites montagnes aux allures lunaires, le tout avec les Annapurnas en arrière fond de l’autre coté.

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Nous avons passé un bon bout de temps sur les berges du lac. À une certains moment, j’ai regardé Alvar (qui semblait le genre de personne à relever des défis) et je lui ai dit « pas game d’aller te baigner dans le lac ». En faite, je cherchais simplement quelqu’un pour sauter dans le lac avec moi afin de ne pas être le seul con à le faire… et à le regretter par la suite… au cas où ce serait hyper froid.

Il n’en fallait pas plus pour que 5min plus tard moi et lui soyons dans l’eau. Je peux donc cocher de ma To Do List « me baigner dans un lac à 4600m d’altitude ». Je mets quiconque au défi de battre mon record.

Une fois les gourdes remplies à pleine capacité, le chemin du retour s’est fait par le même sentier. Ce qui était un très beau sentier pas trop abrupt en montant, s’est transformé en une descente infernale et le manque de nourriture commençait à se faire sentir; il était 3 ou 4h de l’après-midi et mon dernier repas remontait à mon déjeuner vers 7h du matin.

Un peu avant de quitter le sentier, moi et Roark avons eu droit à toute une frousse. Alors que je venais tout juste de demander à Roark « est-ce que tu as une idée de où peuvent bien aller les yaks, que nous avons vu plus tôt, pour passer la nuit?!? », un troupeau de yaks a coupé (c’est un terme gentil) le sentier à quelques mètres en avant de nous en galopant à toute vitesse vers le bas de la montagne.
Ce n’est pas compliqué, imaginez un troupeau d’animaux courant à toute allure dans la plaine et mettez ce même troupeau sur une pente très inclinée sur un flanc d’une montagne. De la façon dont ils descendaient, tout être vivant normal (ayant un cou et des jambes qui peuvent se briser au moindre faux pas) se seraient tués en 10 secondes… mais on dirait que les yaks échappent à cette logique.

Ce troupeau de yaks nous a donné la frousse pour une raison bien simple; qu’est-ce que déclenche un troupeau d’animaux dévalant une montagne?!? Quelqu’un a une idée?

Ça déclenche la fin du monde?!? Pas tout à fait, mais bien essayé…

Bon, puisque personne ne trouve, je vous le donne en mille; ça déclenche un éboulement de pierres. Des grosses roches, de la taille d’une boule de quille, dévalaient la montagne à toute allure de manière complètement imprévisible en notre direction. Ayant les yeux rivés sur les yaks qui passaient à coté de nous, je n’ai pas daigné jeter un coup d’oeil vers le haut. Heureusement pour moi, Roark l’a fait et en apercevant les roches, il m’a lancé un cri de mort.

Heureusement, plus de peur que de mal. Autrement, quelqu’un sait ce qu’une pierre grosse comme une boule de quille peut faire à une tête? Je garde la question sans réponse…

Au final, ce fut assurément notre journée la plus difficile physiquement, mais aussi l’une des plus belles, sinon notre plus belle.

Depuis maintenant quelques jours, chaque pas en avant me conduit à l’endroit le plus haut où je suis allé dans ma vie. À l’altitude où nous sommes présentement, je dois prendre mon souffle pendant un bon 1-2min avant de boire, sinon je m’étouffe. En fait, peu importe le moment, si je bois sans avoir préalablement pris une inspiration d’air, je m’étouffe…

Ahhh… aujourd’hui moi et Roark avons rencontré une fille qui vient du Groenland. Puisqu’ils sont seulement un peu plus de 50 000 habitants sur cette île appartenant au Danemark, je vous met au défi de rencontrer une personne de ce pays. Puisque c’est aussi rare sinon plus qu’un trèfle à 4 feuilles, j’imagine que ça va me porter chance. Voila, c’est tout ce que j’avais à dire à ce sujet…

Day 10 – In the middle of nowhere / Au beau milieu de nul part

Info trek;
– Manang – 3500m
– khangsar
– Shree Karka – 4066m
– Auberge BlueSheep – 4200m

Trek de 12km aujourd’hui
Trek total; 139km

Description;
« This place is breath taking (cet endroit est à couper le souffle) ». Normalement, cette expression est utilisée pour décrire un endroit d’une beauté inimaginable, mais cette fois elle était utilisée à son premier sens (l’endroit coupe le souffle). – Roark, alors que nous marchions

Aujourd’hui, nous entreprenons notre périple vers le Tilicho Lake, le plus haut lac du Népal et peut-être le plus haut au monde… c’est du moins ce qu’ils disent et écrivent partout, mais je suis loin d’être convaincu (après vérification sur wikipédia, c’est le plus haut lac du Népal, mais il n’est même pas dans le top 10 dans le monde).

Ce périple est en fait un détour par rapport au circuit principal et il devrait nous prendre de 3 à 5 jours. Ensuite, nous reviendrons dans le sentier principal tout près de l’endroit où nous l’avons quitté.

Puisque notre ascension du Ice lake a laissée des traces, nous avons décidé de couper le premier jour d’ascension en 2 jours. Du coup, nous aurons une journée assez relax aujourd’hui puisque toutes les difficultés se trouvent dans la seconde moitié. Nous avons donc fait une belle petite promenade, sans ascension majeure, le long de la vallée dans laquelle nous nous trouvons depuis une éternité, pour ensuite bifurquer dans une toute nouvelle.

Premier… et dernier village sur la route, Khangsar, village sans histoire et sans grand intérêt. Fait amusant, en plein milieu de ce village perdu dans les montagnes, tous les habitants étaient réunit sur la place publique pour participer/assister à un… tournoi de volleyball. Disons que c’était assez surprenant de voir une partie de volley dans un endroit aussi reculé…

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Un peu plus haut dans la vallée, nous sommes tombés sur Shree Karka, un ensemble de 2 auberges au milieu de nul part.

C’était notre objectif de la journée, mais une fois sur place, l’endroit était un peu reculé et n’offrait pas une belle vue de la vallée. Du coup, nous avons décidé de prendre une chance en continuant un peu plus loin. Moins de 20minutes plus tard, nous étions devant une superbe auberge (Blue Sheep) très haute perchée dans la vallée et l’endroit, perdue au milieu de nul part, offrait une vue panoramique sur l’ensemble de la vallée.

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À gauche, on peu voir le sentier que nous avons emprunté aujourd’hui et qui descend jusqu’au fond de la vallée. À droite, on aperçoit le sentier qui monte dans les montagnes jusqu’à ce qu’on le perde dans les nuages. Tout droit devant nous, la vallée plonge très profondément et l’arrière plan est occupé par la chaine de montagnes aux sommets chargés de neige éternelle. En fait, peu importe de quel coté on se tourne, on voit des montagnes à perte de vue. Bref, un endroit de merde héhé…

C’est donc dire que ce soir, mis à part moi, Roark, Mateo et le vieil homme qui s’occupe de l’auberge, il n’y a pas une âme qui vive à des kilomètres à la ronde.

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Ahhh, et comme si l’endroit n’était pas déjà assez parfait, la vallée dans laquelle nous sommes est presque parfaitement orientée Est (bas de la vallée) Ouest (haut de la vallée). Ça veut dire quoi en bon français?!? Que si le temps est beau demain, nous aurons droit à un super lever de soleil.

Terminons le compte-rendu de cette journée sur une bonne odeur…

Depuis maintenant quelques jours, mes shorts et mon chandail principal sont un véritable désastre. En fait, j’ai l’impression qu’avant la fin du trek, ils vont être capables de marcher par eux-mêmes. Juste avant de commencer le trek, moi et Roark avons fait un serment à savoir qu’il nous est interdit de laver notre chandail et de raser notre barbe avant au moins la fin du trek…

À ce sujet, tout ce qui se trouve dans mon sac à dos est essentiel à ma survie. Il n’y a donc pas de « passager clandestin » qui se la coule douce et qui me cause un excédant de poids. Tout le reste de mon matériel est resté bien au chaud dans mon sac principal à mon hôtel de Katmandou. Voici donc à quoi ressemble mon sac à dos pour 3-4 semaines en montagnes;

– Poids; beaucoup moins de 10kg
– 1 chandail à manche courte pour les journées normales (c’est lui qui est déjà un désastre),
– 1 chandail à manche longue normal,
– 1 chandail à manche longue fait pour les journées froides et me servant de manteau,
– 1 coupe-vent/manteau de pluie,
– 2 paires de bas,
– 3 paires de caleçon,
– 1 paire de babouche hyper légère,
– 2 paires de short (1 pour les journées de randonnée et l’autre chaude pour les soirs)
– 1 tuque,
– 1 paire de gant,
– 1 trousse médicale,
– brosse à dent et papier hygiénique (pas de savon ni de shampouin),
– kit de purification d’eau (essentiel),
– guide (livre) de l’Annapurna,
– lampe frontale,
– caméra et iphone + leur chargeur,
Et c’est tout…

Day 11 – Danger Zone / Attention en-dessous

Info trek;
BlueSheep – +/-4200m
Upper trail – +/- 4850m
Tilicho Base Camp – 4150m

Trek de 16km aujourd’hui
Trek total; 155km

Description;
Que je le veuille ou non, mon réveil s’est fait à 4h30 du matin. Autant nous étions les seuls dans la montagne hier soir, autant quand j’ai ouvert ma porte, j’ai trouvé une tonne de népalais qui se servaient de l’auberge comme halte café/thé à mi-chemin de leur périple dans la montagne à la recherche de Yarsagumba.

C’est donc avec un air de boeuf ayant vu Rouge que j’avais l’intention « d’accueillir » le premier népalais qui me lancerait un « namaste ». J’avais juste envi de leur dire « heille gang de tetons, y’a des gens qui dorment ici, pouvez-vous arrêter de parler comme si vous étiez devant un auditoire sans micro ».

En ouvrant ma porte, soit quelques secondes avant de les apostropher, mes yeux se sont tournés vers le paysage. Toute la frustration que j’avais à ce moment est disparue en un instant. Je me suis alors empressé d’aller cogner à la porte de la chambre de mes 2 compagnons pour leur dire de sortir au plus vite.

Le spectacle était grandiose. Durant l’heure qui allait suivre, nous allions voir le soleil se lever dans la vallée telle que je l’avais imaginé la veille… sans aucun nuage à l’horizon.

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Ça allait commencer par une petite lueur, puis les plus hauts sommets allaient se teinter de rose (c’est un bon moyen de savoir quelle montagne est la plus haute… celle qui s’éclaire en premier… autrement elles ont toutes l’air d’avoir la même hauteur) et le soleil allait finalement commencer à dépasser les montagnes, mettant ainsi fin au spectacle avec sa lumière qui éblouissait l’ensemble du panorama.

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C’était vraiment impressionnant. En fait, il faut que j’ai vraiment envi de prendre des photos pour sortir dehors par un froid intense, sans chandail, en babouche et en short. Puis, après quelques minutes à ne plus sentir mes extrémités et à avoir de plus en plus de difficulté à peser sur le piton de ma caméra, je me suis finalement résigné à aller mettre des vêtements chauds…

Dans ces moment là (pas quand je me les gèles, mais plutôt quand la montagne nous offre ce genre de spectacle), Mateo se plait à répéter ce que beaucoup lui ont dit avant qu’il entreprenne sont trek dans l’Annapurna hors saison; « You’ll never see the himalayan because there’s to much clouds at this time of the year (tu ne verras jamais les montagnes parce qu’il y a trop de nuages à ce temps-ci de l’année) »… et on s’échange un sourire.

Pour tout dire, le trek pourrait difficilement être mieux que présentement, alors vive les voyages hors saison. Si votre trip c’est de payer cher, d’avoir à booker vos auberges à l’avance puisque chaque endroit est plein à 150% chaque soir (bonsoir l’improvisation) et vous lever hyper tôt pour ne pas marcher en file indienne… eh bien bookez tout de suite votre vol pour venir ici entre la mi-septembre et la mi-novembre ou en avril…

Après avoir assisté au spectacle, la journée était loin d’être fini. Il fallait toujours marcher et le parcours d’aujourd’hui, quoique très court sur papier, allait finir par devenir infernal.

Dans un premier temps, tout allait bien. Nous marchions dans un beau petit sentier dans la vallée. Puis, un choix s’est offert à nous: prendre la Upper trail ou la Lower trail.

Bien que directe et plus courte, la Lower trail semblait comporter plusieurs sections techniques très dangereuses, comprendre par là qu’il faut passer par plusieurs parois très inclinées (70 à 80 degrés).

Où passe le sentier dans tout cela?!?

Tout en haut? – Non…

Tout en bas près de la rivière? – Non…

Au beau milieu des parois, nous exposant à un effondrement du sentier ou à un éboulement venu de plus haut dans les parois? – BINGO

En plus de passer au milieu des parois, le sentier ne semblait vraiment pas très large et faits de sables et de petites pierres. Les risques de tomber ou de recevoir des roches étaient donc très importants.

En clair, vous n’avez pas droit à l’erreur et il faut avoir des yeux et des oreilles tout le tour de la tête. La moindre faute peut s’avérer fatale. Si vous tombez, vous aller vous ramasser au mieux dans la rivière quelques centaines de mètres plus bas et… au pire… vous allez vous fracasser contre des rochers. Pour ceux qui n’auraient toujours pas compris, c’est GAME OVER si tu tombes et il n’y a aucun moyen de recommencer la partie…

Tout cela étant dit, bien que très dangereux, la Lower trail est le sentier le plus emprunté par les gens désirant se rendre au Tilicho Base Camp et au Tilicho lake.

En ce qui concerne la Upper trail, eh bien c’est un « raccourci » qui, au lieu de contourner la montagne (Lower trail), passe par-dessus celle-ci pour redescendre de l’autre coté. C’est un sentier en apparence sans grande difficulté mise à part le fait de devoir monter la montagne via un sentier qui serpente jusqu’en haut.

Après avoir discuté des Pour et des Contre, nous avons choisi la Upper trail.

2 heures plus tard, alors que nous étions rendu au sommet et que nous nous apprêtions à redescendre de l’autre côté, nous nous sommes buté à un sentier qui avait été balayé par le vent, etc. En clair, le sentier avait disparu…

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À ce moment, il faisait froid à vous glacer le sang et ce, même si le soleil était à son zénith. Le vent pinçait comme par une très froide journée d’hiver où tu as beau avoir le nombre d’épaisseur de vêtements, il va faire froid quand même. Cependant, la vue était à couper le souffle… si j’avais eu un souffle.

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J’ai donc eu l’idée de tenter de passer par le sommet de la montagne (voir la photo ci-joint de moi assis sur le dessus de la montagne avec un pied dans le vide de chaque coté à avancer en me soulevant avec mes mains… je suis sur que tu vas aimer l’image mom).

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Convaincu que c’était l’idée du siècle, j’ai fait 20 mètres avant de m’arrêter, de me retourner et de voir les visages de Mateo et Roark. C’est à ce moment là que j’ai réalisé que c’était tout sauf une bonne idée… et que j’ai commencé à avoir la chienne. Il faut savoir que si j’avais basculé d’un coté comme de l’autre, c’était une chute d’une bonne centaine de mètres minimum qui m’attendait…

Bref, je suis revenu sur mes pas en essayant d’éliminer ces images de ma tête. Pour ce qui est de la vue, on ne pourrait pas trouver mieux, mais bon, j’avais d’autres chats à fouetter… comme sauver ma peau. Avec un peu de recul, c’est assurément le truc le plus dangereux que j’ai pu faire de tout mon voyage en Asie jusqu’à maintenant.

Ce que nous allions apprendre un peu plus tard, lors de notre arrivé de l’autre coté de la montagne, ce n’était pas seulement le sentier au sommet de la Upper trail qui avait été balayé de la carte, mais tout le 2ème versant du sentier sur la montagne. Bref, nous avons fait un bon choix en revenant sur nos pas…

Après cette tentative soldée par un échec cuisant, nous sommes descendus de la montagne pour prendre la Lower trail. Je ne répèterais pas ce que j’ai déjà dit à propos de ce sentier (les images vont parler d’elles-mêmes), mais bon, malgré une bonne frousse, nous en sommes sorti tous les 3 sains et saufs.

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Une fois le danger passé, l’objectif de la journée se trouvait tout droit devant; Tilicho Base Camp. C’est le dernier arrêt avant Tilicho lake. En d’autres mots, si tu veux aller voir le lac Tilicho (plus haut au Népal et un des plus haut au monde), tu dois coucher là, à moins d’avoir un kit de camping. L’endroit est composé de 3 bâtiments (tous des auberges) dont 1 en construction.

À notre arrivé là-bas. Nous avons eu la grande joie d’apprendre qu’en période hors saison, donc présentement, seulement 1 des auberges est ouverte, ce qui fait en sorte de créer un monopole… Tout cela pour dire que l’enfoiré de gérant peut nous changer le prix d’une chambre à Katmandou pour la pire chambre que j’ai pu avoir depuis le début de mon voyage en Asie.

Notre plan de match pour demain est de se lever à 3h30 du matin, de prendre un déjeuner rapide, pour ensuite commencer l’ascension d’environ 2-3heures, en espérant être au lac pour le lever du soleil. On reviendra ensuite ici avant 10h, soit avant que le temps se gâte (il y s généralement du brouillard, etc. à partir de 9-10h).

Day 12 – Waiting for sunshine / On demande le Soleil à la caisse 4, Soleil à la caisse 4

Le réveil a sonné plus d’une fois ce matin; à 3h… 3h30… 4h… 4h30… 5h et 6h.

À chaque fois, le constat était le même; complètement nuageux et pluie battante.

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Nous avons donc passé la journée dans la pire auberge que je suis allé en Asie, à jouer aux cartes avec une dizaine de personnes en attente d’une percé de soleil… qui ne viendra finalement jamais… afin de monter au lac.

To Do List; jouer une parti de carte marathon d’une journée à 9 (dont 8 nationalités différentes); Check

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That it, c’est l’histoire de la journée…

Ahhh… j’allais presque oublier, cela veut dire que nous allons devoir passer une 2ème nuit dans ce superbe auberge…

Avec le recul, cette journée a été l’une des plus importantes du trek. Jusqu’alors notre groupe était composé de moi, Roark et Mateo. Cette journée, enfermé entre 4 murs, nous a permit de souder les liens avec Alvar (rencontré plus tôt à Manang) et de rencontrer Julien et Dan, qui allaient tous les 3 se greffer à notre groupe dès le lendemain.

Day 13 – White Desert / Rafale Blanche

Info trek;
Tilicho Base Camp; 4150m
Tilicho Lake – 4970m
Tilicho Base Camp
BlueSheep – +/-4200m

Trek de 16km aujourd’hui
Trek total; 171km

Description;

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Ce matin, le réveil a sonné à 3h30 et il ne pleuvait plus… DÉLIVRANCE

Le ciel était un peu nuageux, mais on s’en foutait éperdument… on avait attendu 1 journée complète à rien faire pour monter voir ce foutu lac… il ne pleuvait plus, alors c’était tout ce qu’il nous fallait pour accrocher un sourire à nos visages.

Le cuisinier de l’auberge n’entendait pas nous laisser faire aussi facilement…

La veille, nous avions pris la peine de demander notre déjeuner pour 4h du matin (tout au long du trek, tu peux demander un déjeuner à n’importe quelle heure et il t’attend bien chaud sur la table au moment demandé), mais le cuisinier allait finalement nous livrer le tout autour de 5h30. Pas besoin de vous décrire mon état d’esprit au moment où j’ai reçu mon plat.

Mince consolation, nous étions quand même les premiers sur la montagne… mais il faisait déjà soleil depuis un bon moment.

Moi, Roark, Mateo et Julien avons donc commencé l’ascension de 5km vers l’un des plus haut lacs au monde à 4900m.

Pour l’occasion, la montagne s’était drapée de sa plus belle robe blanche. Il faut savoir que la pluie de la veille n’avait pas eu que des désavantages. Au lieu d’avoir des montagnes ternes en terre, elles étaient toutes recouvertes de neige… une très bonne chose du point de vue ‘’ohhh, je vais avoir de belles photos’’, mais l’ascension allait se compliquer.

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À certains endroits, il devait y avoir un bon pied ou deux de neige dans le sentier et j’étais l’heureux élu qui allait ouvrir le sentier (ils m’ont surnommé TrailBlaizer)… en short et en manche courte (je te rassure mom, je n’ai pas attrapé la grippe).

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Tout au long de l’ascension, nous avions droit au spectacle d’une vallée aux apparences lunaires qui s’éveillait au rythme de la lumière du soleil qui se frayait un chemin au travers des montagnes. Ce spectacle était rythmé au son de la quantité industrielle d’avalanches qui se déclenchaient sur l’un des nombreux glaciers recouvrant les flancs de montagne.

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Rendu en haut, le brouillard a commencé à faire son apparition. Il fallait donc faire vite pour franchir le dernier kilomètre nous séparant du lac.

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Une fois rendu, même si le brouillard avait déjà commencé à recouvrir le sommet des montagnes et une partie du lac, la vue valait le coup d’avoir passé une journée de merde la veille à attendre. Le lac était d’un bleu foncé que je n’avais jamais encore vu avant et il était un miroir parfait, reflétant les montagnes, même celles qui nous étaient cachées par les nuages.

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Une fois le brouillard bien installé et recouvrant l’ensemble du lac, il était désormais temps de lever le feutres.

En peu de temps, on ne voyait plus à 2 mètres devant nous. En fait, TOUT était blanc, le ciel (brouillard) et le sol (neige) ne faisant qu’un. Avec les rayons du soleil qui perçaient le brouillard, mes yeux brulaient et il m’était désormais impossible de regarder autour de moi sans lunette de soleil.

On m’avait déjà parlé de ce phénomène, qui se produit en altitude avec la neige, mais de le vivre c’est toute une expérience. Ce n’est pas compliqué, ne pas avoir eu de lunette de soleil, j’aurais très probablement souffert d’une cécité temporaire aux yeux. D’ailleurs, une personne qui voyage présentement avec nous n’avait pas de lunette au sommet et a souffert tout le reste de la journée… elle avait les yeux tout enflé en fin de soirée et ne voyait absolument rien le lendemain). Bref, toute une expérience…

Les avalanches, qui durant l’ascension était belles à voir et à entendre, foutaient désormais la chair de poule. Ne voyant pas plus loin que les quelques traces de pas devant nous et sachant très bien que le sentier passait dans une zone d’avalanche à ce moment, disons que je me sentais tout petit dans mes shorts.

Une fois quitté le sommet de la montagne, le brouillard a commencé à se dissiper un peu. Cela ne signifiait pas que la partie était gagnée puisque la descente allait s’avérer tout sauf une partie de plaisir. Le sentier que j’avais ouvert quelques heures plus tôt avait depuis été emprunté par une bonne quinzaine de personnes. En quoi se transforme un sentier recouvert de neige après avoir été piétiné?!?

Pour ceux qui n’auraient pas encore la réponse, eh bien sachez que si vous piétinez assez longtemps de la neige, il en résultera de la glace… Pas très pratique pour un sentier tout sauf sécuritaire par temps optimal.

Donc, qu’est-ce qui résulte de l’équation suivante; sentier glacé en flanc de montagne + descendre la montagne + bottes… qui se sont depuis transformées en 2 beaux grands lacs… bref, j’ai eu pour la première fois la confirmation que mes bottes étaient waterproof… elles gardent toutes l’eau à l’intérieur?!?

Pour ceux dur d’oreilles, qui n’auraient pas encore compris, cela résulte en une belle heure à manquer perdre l’équilibre me ramasser en bas de la très haute montagne plus vite et beaucoup moins en santé que je l’aurais voulu. Heureusement, ce fut plus de peur que de mal.

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De retour à notre « super » auberge sain et sauf, nous ne nous sommes pas fait prier pour quitter les lieux en vitesse. Au revoir Tilicho et son merveilleux camp de base.

Il fallait maintenant défaire le chemin que nous avions parcouru 2 jours plus tôt pour éventuellement reprendre le circuit de l’Annapurna. Oui, oui… pour ceux qui ont lu attentivement le récit du jour 11, il fallait repasser par la section hyper dangereuse avec le sentier en flanc de montagnes à 70-80 degrés d’inclinaison… donc pas du tout glissant et totalement sécuritaire après la journée de pluie de la veille…

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Nous sommes donc de retour à l’auberge Blue Sheep où nous étions avant d’aller au Tilicho Base Camp. Demain, nous allons reconnecter avec le sentier principal en se dirigeant vers Yak Kharka, le village tout juste après Manang sur le Circuit de l’Annapurna.

Au final, le trek du Tilicho lake fut MÉMORABLE… mais attention, le trek n’est pas fait pour tout le monde. Il ne faut pas avoir le vertige et être un peu fou pour monter jusqu’au lac. Autrement, ceux qui vont entreprendre le périple ne le regretteront pas.

Day 14 – « My body is a cage »

Info trek;
BlueSheep – +/-4200m
Shree Kharka – 4070m
Old Khangsar – 4100m
Sommet de la montagne après Old Khangsar – +/-4300m
Yak Kharka – 4020m

Trek de 13km aujourd’hui
Trek total; 184km

Description;

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Il y a de ces jours ou en te levant, ton corps te dit; « tu vas aller nul part aujourd’hui mon beau » et si tu décides de faire à ta tête, ton cardio et tes jambes se liguent contre ton cerveau et ta motivation. Eh bien, c’est exactement ce qui s’est produit aujourd’hui.

Pourtant, la journée avait commencée par une superbe grâce matinée jusqu’à… 7 heure du matin, donc 2h de plus qu’habituellement.

Puisque la journée se résumait à faire un « petit » trek de 10-12km (on va reparler de ce ‘’petit’’ trek) tout en descente pour retourner sur le sentier principal de l’Annapurna, nous avons pris cela trèèèèèès beaucoup trop relax en avant-midi. Même avant d’avoir commencé à marcher, on se voyait déjà à la prochaine destination.

Pour la randonné d’aujourd’hui, au groupe habituel composé de moi, Roark et Mateo, s’est greffé Alvar, Julien (Francais) et Dan (Britannique).

On a donc joué aux cartes de 8 à 10h. ERREUR

Puis, on a daigné commencer à marcher. Après un début de randonné plus que respectable, nous sommes tombés sur un village abandonné surplombant la vallée. Old Khangsar (nom du village) est abandonné depuis que les habitants ont construit un nouveau village (New Khangsar) en contrebas de la montagne près de la rivière.

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Rendu là, on a décidé de jouer aux cartes sur le dessus d’une maison abandonnée qui offrait une superbe vue. Encore une fois, nous étions complètement insouciants.

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Une fois retourné sur le sentier, nous avons vite déchanté quand nous avons vu la montagne à monter et le sentier escarpé… qui semblait ne jamais finir… pour descendre de l’autre coté (vous savez, quand vous descendez sur les orteils… pendant plus de 2 heures). Une fois rendu en bas du sentier sans fin (il avait finalement une fin), soit juste avant de traverser un pont nous faisant retourner sur le sentier principal de l’Annapurna, je n’étais plus un être humain, mais un zombie qui avançait sans penser (ce département avait fermé boutique depuis très longtemps). Mes compagnons étaient à peine en meilleure condition que moi.

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C’est probablement le poids des kilomètres parcourus depuis 2 semaines, jumelé à l’altitude, qui commençait à faire effet.

Au moment ou mon moral allait abdiquer devant le duo jambe/cardio qui avait des arguments de plus en plus convaincants, j’ai trouvé dans le fin fond de mon sac à dos un sachet d’électrolite.

À peine 10min plus tard, on aurait dit que j’avais des ailes. De dernier de peloton, qui peinait à trouver un second souffle, je me suis retrouvé en avant à tirer le groupe.

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La destination finale d’aujourd’hui pointait désormais à l’horizon; Yak. J’hésite à appeler cet endroit un village puisque c’est en fait un ensemble de 5-6 auberges/restaurants le long du sentier à l’endroit où 3 rivières se rencontrent dans le fond d’une vallée.

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La bonne nouvelle c’est que nous résidons dans une auberge plus que respectable (selon les standards nord-américains). Le pavillon principal avec la salle à manger est de loin le plus confortable et chaleureux (dans le sens de chaud) depuis des lunes…

Dans la catégorie « fait très bizarre », nous avons eu l’énorme privilège de voir une vache faire pipi. Qui a-t-il de spécial? Eh bien, une autre vache est venue boire derrière elle pour boire son pipi… Bref, je voulais partager l’expérience avec vous; bon appétit.

Day 15 – Night and day / Le jour et la nuit

Info trek;
Yak Kharka – 4020m
Letner –
Thorung Phedi – 4450m
High Camp – 4860m

Trek de 9km aujourd’hui
Trek total; 193km

Description;
Après l’une des meilleures nuits qu’il m’ait été donné de dormir depuis le début du trek, je me suis réveillé dans une forme plus que resplendissante. En fait, je pétais le feu… Pour une rare fois depuis 2 semaines, mon cerveau, mon cardio et mes jambes poussaient dans la même direction.

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De Yak Kharka, nous avons suivit une magnifique vallée aux allures lunaires (flanc de montagne en sable fin ou en roches concassés) avec Annapurna derrière nous et une magnifique montagne comprenant des sédiments multicolores tout juste devant nous.

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La vallée que nous suivions depuis le début a finalement donné sur un cul de sac qui correspondait à notre premier stop de la journée.

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À 4450m, Thorung Pheri est l’avant dernier arrêt avant la Thorung La (La signifiant ‘’passe’’ en népalais), l’endroit le plus haut du parcours à environ 5500m. C’est à peine 700m de moins que le plus haut sommet en Amérique du Nord (Le mont Mackenzie – Alaska – environ 6200-6300m) et 700m de plus que la plus haute montagne en Europe (Mont Blanc – France – 4807m… si on exclu la Russie de l’Europe).

Beaucoup de trekkeur font de Thorung Phedi leur dernier arrêt avant la Passe, tandis que les plus téméraires montent 400m de plus pour coucher au High Camp, à un peu plus de 4800m. Je vous laisse deviner si moi et mon groupe sommes un groupe de trekkeurs traditionnels ou téméraires…

Coucher à Thorung Phedi apporte l’avantage de coucher à une altitude moindre, réduisant les risques de problèmes reliés à l’altitude. En contrepartie, la journée suivante, qui est sensé être la plus difficile du parcours sera plus longue. Ceux qui couchent à High Camp ont les avantages des inconvénients de Thorung Phedi et vice-verca.

Nous prenons donc le pari de monter coucher à High Camp. Après avoir pris un lunch et s’être reposé à Thorung Phedi, l’une des sections les plus difficiles du trek allait commencer. Tout juste derrière se dresse une paroi en pierre d’environ 70 degrés d’inclinaison (si ce pan de mur était une piste de ski, il y aurait au moins 1 ou 2 diamants). C’était notre chemin…

Ceux qui auront pris un trop gros repas à Thorung Phedi vont le payer chèrement, puisque pendant au moins 1 heure, il fallait monter ce pan de mur. L’important est de trouver VOTRE rythme et de bien respirer… Si vous allez trop lentement ou trop vite, vous aller vous fatiguer ou vous essouffler. Pour ma part, mon rythme était très rapide, mais c’était ma vitesse afin de coordonner mes pas et ma respiration (mon Égo n’avait rien à voir là-dedans… euh).

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J’étais rendu en haut à High Camp 45 minutes plus tard. J’étais en fait très surpris d’y être aussi rapidement puisqu’on m’avait raconté que les gens prenaient en moyenne 1h30 et une auberge nous attendait pour la nuit la plus froide et la plus haute en altitude (4800m) du présent trek.

Nous avons passé la soirée dans le chalet principal, le seul endroit un temps soit peu chauffé, qui donne l’impression de vouloir débouler la montagne tellement le plancher de la salle à manger penche vers l’avant.

Demain, on s’attaque à la Thorung La. Pour ce faire, le plan de match est de se réveiller à 3h30, de manger en vitesse et de commencer à monter. Nous avons entre 600 et 700 mètres à monter, ce qui n’est pas un record en soit, mais à l’altitude où nous sommes, ce sera difficile de trouver un bon tempo. Après, le sentier descend de plus de 1600m pour atteindre la ville de Muktinath. Bref, une grosse journée en perspective…

Day 16 – Up and Down / Tout ce qui monte doit redescendre

Info trek;
High Camp – 4860m
Thorung La Pass – 5419m
Chabarbu – 4200m
Muktinath – 3800m

Trek de 7km en montée et 8km en descente
Trek total; 208km

Description;Les népalais s’occupant de l’auberge ne voulant pas nous servir le déjeuner à 3h30 du matin comme nous le voulions, nous avons commandé notre déjeuner la veille avant d’aller nous coucher. Pas assez vite à notre goût (on voulait aller se coucher au plus cr&ss), Roark a mis la main à la pâte…
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Après une nuit glaciale, nous étions donc tous les 6 réunis dans la chambre toujours glaciale que je partageais avec Roark et Mateo… à manger du pain froid, des oeufs à la coque et du thé/café tiède au mieux.

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À 4h30, nous étions déjà sur le sentier depuis quelques minutes. En tant que chef de file à ce moment, j’avais peine à voir le sentier tellement le brouillard était dense dans la nuit froide népalaise et ce, même avec ma headlight allumée.

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Même si nous sommes en groupe, l’épreuve d’aujourd’hui représente avant tout un duel contre la montagne. Aussi sympathique soient-ils (et ils l’étaient tous), tes amis ne te seront d’aucune utilité pour mettre un pas en avant et trouver le moyen de respirer. À cette altitude, tu as beau prendre 10min de repos, à la minute où tu recommences, tu es fatigué.

Contrairement à la veille, j’ai eu beaucoup de difficulté à trouver un rythme de marche qui, combiné avec ma respiration, ferait en sorte que je me sente bien et que je ne m’épuise pas trop rapidement. En d’autres mots, c’était la randonné la plus pénible de ma vie…

J’étais en train d’écrire sur mon Iphone quand tout à coup, je me suis levé la tête. J’ai alors aperçu Roark qui me souriait du sommet d’une montagne… sans son sac à dos. Cela voulait dire une chose; qu’on avait atteint le sommet.

En le voyant, mes jambes qui souffrait, mon cardio qui peinait à prendre un second souffle, mon moral qui descendait à mesure que je montais… tout cela étaient oubliés en 1 seconde et j’étais énergisé comme jamais.

Depuis 16 jours, moi, Roark et Mateo avons marché chaque maudit mètre du parcours. Contrairement à beaucoup de randonneurs que nous avons croisés, nous n’avons jamais pris de raccourcis d’un point à un autre durant le trek. Nous avons monté chaque mètre qui nous séparait de Besisahar (700m) à la Thorung la Pass (5500m). Ce fut un périple parsemé de haut et de bas (au sens propre, comme littéraire), mais le sentiment du devoir accompli est incroyable.

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Au sommet de la Thorung La, nous étions à la frontière entre le district de Manang (où nous avions passé la majeure partie du trek et qui englobe une grande partie de l’Annapurna) et le district du Mustang, l’endroit le plus reculé au Népal, où vous avez le plus de chance d’observer les népalais vivres d’une manière traditionnelle. Aussi, ce district est de loin l’endroit qui ressemble le plus au Tibet d’avant la conquête par la Chine. En faisant le circuit de l’Annapurna, on ne fait qu’effleurer le Mustang. Pour ceux qui serait intéressé à faire un trek là-bas (le Lower Mustang), c’est possible mais sachez que le permit coute très cher.

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Penser que la journée était terminé après avoir atteint le sommet de notre parcours aurait été une grave erreur. Après avoir savouré le moment pendant une bonne heure au sommet, il était maintenant temps de faire ce que nous faisons se mieux; marcher.
Direction Muktinath quelques 8km et 1500m plus bas.

Dans un premier temps, la descente s’est fait à travers un no man’s land fait de pierre et de sable, avec une absence totale de son et de vent. Le brouillard qui enveloppait l’endroit lors de notre passage donnait une allure lugubre. Il était difficile de voir à 30-40m autour de nous, de sorte que cela ne nous donnait aucunement l’impression d’être au milieu d’une très vaste vallée qui s’étendait a perte de vue de tous les cotés, mais bien d’être dans un endroit restreint où la vie avait cessé d’exister il y a bien longtemps. Pour dire vrai, on aurait dit qu’on était coincé dans une boucle sans fin à marcher le même tronçon de sentier encore et encore et encore jusqu’à la fin des temps…

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Et puis bang… le brouillard s’est ouvert devant nous en l’espace de quelques secondes. Sorti de nulle part, une vallée désertique avec quelques endroits luxuriants avait fait son apparition. Notre prochaine destination était désormais en vue…

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Eh oui, un désert au Népal… qui l’eu cru…

À partir de ce moment, le fun tirait à sa fin. De la paisible descente dans la vallée sans son et dans le brouillard, nous étions désormais dans une section beaucoup plus abrupte, qui allait mettre à rude épreuve nos genoux.

Finalement, Muktinath s’est pointé à l’horizon. À partir du moment où j’ai vu ce village, j’ai eu un étrange feeling. Je n’ai pas arrêté de dire « I have a stange feeling (j’ai un étange sentiment) » au point où après quelques minutes, les autres m’ont dit d’arrêter de répéter cette phrase.

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Pourquoi?!? Eh bien, c’est très simple; cet endroit jure par rapport aux 2 dernières semaines. C’est trop… « civilisé » (civilisé à la manière asiatique, donc aucunement civilisé pour un Nord-Américain moyen). Je m’explique… ça fait plus de 2 semaines que nous voyageons de village en village, sans trop se soucier de notre hygiène, etc. et là, on arrive dans une « ville », où on se fait klaxonner dans la rue, où il y a des immeubles contemporains et surtout, un hôtel qui semble tout droit sorti d’un rêve; on a à notre disposition des toilettes occidentales, des douches avec de l’eau chaude, de la bouffe pas chère, un bar jouant de la musique occidentale, etc. Tout le contraire de notre situation des 2 dernières semaines et surtout d’il y a quelques heures, où on était complètement isolé, à bout de souffle et gelé ben raide dans les hauteurs du Circuit. J’en ai même profité pour faire mon lavage…

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Bref, j’ai l’étrange feeling d’avoir terminé le trek, même si ce n’est aucunement le cas (nous sommes au 3/4 et c’est sans compter si on va faire le Sanctuaire).

Après réflexion avec mes nouveaux amis Nepal Ice et Ghorka (bières), j’ai décidé d’apprécier le moment présent et de laisser de coté cet étrange feeling…

Day 17 – Taste of REAL Nepal / Le VRAI Népal

Info trek;
Muktinath – 3800m
Purang
Dzong
Jharkot
Muktinath – 3800m

Trek d’environ 10km aujourd’hui
Total trek; 218km

Description;
Aujourd’hui, le programme consiste à ne RIEN faire; grâce matinée farniente, voila mon plan de match…

La grâce matinée a pris le bord assez vite quand je me suis réveillé à 5h du matin avec les yeux bien ronds. J’étais debout beaucoup trop tôt pour une journée sans programme. J’en ai donc profité pour faire un bilan de cette première partie de trek.

Bilan de santé – Je suis top shape. Mes jambes ne diraient pas la même chose si elles pouvaient parler, mais mis à part cela, je n’ai que des coups de soleil superficiels et un problème à la lèvre inférieure.

Look – Je pourrais me trouver un rôle comme vétéran de la guerre de cession ou dans un film d’époque à la Braveheart demain matin. Je n’aurais jamais pensé avoir une barbe aussi grosse. Les poils de ma barbe sont en fait plus longs que mes cheveux. J’ai toujours l’impression d’être un jeune homme de 28 ans un peu fou et hyperactif, mais l’image que je projette présentement est celle d’un vétéran de 35-40ans qui en a vu d’autre. Coté sex appeal, on repassera héhé…

Pour ceux qui sont sur le bord de vomir, je vous rassure, on ne parlera pas plus longtemps de look. Parlons plutôt de ma journée de… non… repos.

Tandis que les autres voulaient simplement se la couler douce à ne rien faire à l’hôtel, Julien (français) a décidé d’aller visiter les villages pittoresques et quasiment intact de la présence des touristes autour de Muktinath et de l’autre coté de la rivière au Upper Mustang.

Quand j’ai entendu l’idée, il devait être 9h du matin et j’en avais déjà assez de ma journée de farniente; mes pieds demandaient à aller dehors, comme un chien regardant son maitre d’un air piteux pour qu’il lui ouvre la porte.
En 2 temps 3 mouvements, j’étais de retour au bureau (sur les sentiers).

Première destination; Purang.

Bien que le village était visible de Muktinath, moi et Julien avons eu toutes nos difficultés à trouver le chemin. Puisque le village se trouve en dehors du circuit touristique, le sentier s’y rendant n’est aucunement balisé; il faut parfois marcher dans le lit d’une rivière, d’autre fois passer au milieu des champs, etc. Bref, la route est très facile pour les népalais, mais quasi impossible à trouver pour un touriste, spécialement quand toutes les cartes mettent le village d’un coté de la rivière et qu’il se trouve en fait de l’autre coté.

Si c’est un casse-tête de trouver le chemin pour le village, c’est un véritable labyrinthe une fois dedans et c’est un calvaire d’en sortir de l’autre coté pour aller au prochain village. Merci au petit monsieur avec un chapeau et un veston sport pour nous avoir aidé à trouver la sorti. Sa méthode était rudimentaire, mais très efficace; un grognement quand nous allions au mauvais endroit et un hochement de tête quand c’était la bonne direction…

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En cherchant la sorti du village, j’ai manqué me faire pisser dessus par un homme qui faisait ses besoins naturels du haut de son toit… En fait, le « jet » a commencé une fraction de seconde après que je sois passé…

Une fois trouvé la sorti de l’autre coté… et remis de mon presque golden shower… on s’est dirigé de l’autre coté de la vallée pour se rendre officiellement dans le Upper Mustang (la rivière est la limite).

Encore une fois, traverser la rivière ne se fait pas à la manière touristique; il faut chercher un peu pour finalement trouver un pont de fortune en amont ou en aval du sentier le long de la berge jonché de roches. Par pont de fortune, j’entends un pont fait de 2-3 branches d’arbre, qui donnent l’impression de vouloir casser à tout moment, avec parfois de la pierre en signe de recouvrement, le tout aucunement fixé bien sur (je vous très fortement de ne pas marcher au centre).

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Une fois passé l’épreuve de la rivière et monté une montagne par un sentier, qui s’apparentait plus à de l’escalade qu’à de la randonnée, le village de Dzong pointait à l’horizon. Le village était perché sur une montagne très escarpée avec des bâtiments colorés et des montagnes qui percent les nuages en signe d’arrière plan.
À la minute où on a mi les pieds dans le village, plein de petites chèvres sont venus à notre rencontre en nous submergeant… littéralement…

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Comme l’autre village d’avant, l’endroit semblait désert, mis a part un jeune qui faisait sa lessive dans ce qui semblait être la fontaine au milieu du village. L’endroit semblait avoir été figée dans le temps il y a de cela plusieurs siècles. Il n’y avait absolument rien de contemporain… jusqu’à ce qu’on aperçoive la seule auberge du village… et sa gigantesque antenne satellite sur le dessus.

Après le lunch, c’était le temps de retraverser la rivière pour retourner au Lower Mustang. Même si la pratique est assez connu des touristes et autorités, nous ne sommes pas à l’abri d’un policier zélé qui nous collerait une amende salée pour être allé au Upper Mustang sans le permit adéquat.

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Donc, une fois redescendu la montagne, traversé la rivière et remonté la montagne de l’autre coté, nous avions une vue à couper le souffle de Dzong et Jharkot, chacun perché sur sa montagne et se faisant face de part et d’autre de la rivière. Chacun des 2 villages a une ancienne forteresse, je gagerais donc un petit 2$ (c’est beaucoup ici) que les 2 villages ont eu leur part de chamaillage durant les siècles passés.

Le sentier nous a donc mené jusqu’au village de Jharkot, tout petit village entassé en tapon sur le dessus d’une petite colline très étroite au milieu de la vallée désertique. Julien a décidé d’élire domicile pour la nuit, tandis que c’est mon dernier stop avant de rentrer au bercail à Muktinath tout de suite à coté.

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En bout de ligne, je ne regrette aucunement d’avoir troqué ma journée de congé pour des bottes puantes. Ce trek d’un jour est assurément dans mes coups de cœur du circuit. Tous les villages sont à 20-30min de marche l’un de l’autre et de chacun, on peut avoir une superbe vue de la vallée et autres village.

Aussi, contrairement au circuit de l’Annapurna qui est très bien balisé, cette promenade en est un hors des sentiers battus. On peu avoir un aperçu de comment les népalais vivait il y a plusieurs siècles sans tout le flafla touristique (auberge, restaurant, magasin, etc.)… pour l’instant en tous cas.

Cette journée fut aussi un bon rappel que le trek n’est pas fini et que nous sommes toujours à plus de 3800m. Au début de la journée, je suis tombé dans le panneau de penser que ce serait une journée facile… Erreur. Même si on est descendu drastiquement hier, l’altitude est encore assez haute, ça prend du temps pour reprendre son souffle, bref il est facile de se bruler en quelques heures.

À mon retour à Muktinath, j’ai croisé Mateo, Roark et Diana (Écossaise, rencontrée pour la première fois il y a 2 jours) qui s’en allaient à la chasse aux momos… que demander de mieux.

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Une fois les momos trouvés, nous avons eu la chance de discuter avec un très sympathique propriétaire d’hôtels à Muktinath. En plus d’avoir un anglais impeccable, il en savait beaucoup sur son pays, plus particulièrement sur les développements futurs de son pays, des développements qui vont littéralement changer le visage du Népal.

D’une part, le gouvernement est en train de construire une route qui reliera le district de Manang à celui du Mustang via la Thorung La (vous savez, l’endroit le plus haut et isolée de mon trek). La route changera assurément le visage de la région, du trek que je viens de faire et du touriste dans cette partie reculée du Népal. Il faut présentement être en très bonne forme physique pour faire l’Annapurna circuit, mais avec la route je prédis l’arrivé des ‘’fat tourists’’ venus d’occident et de groupes d’asiatiques à bord d’autobus. Bon, cela n’arrivera pas du jour au lendemain, mais un jour je reviendrais ici et je ne reconnaitrais plus l’endroit… je serais probablement gros à ce moment.

Après avoir entendu cette histoire, je me plaisais à dire que le circuit de l’Annapurna sera dans l’avenir un road trip d’une journée ou 2. Je reviendrais alors dans la cinquantaine avec mes enfants et je leur dirais qu’autrefois j’ai fait ce parcours en marchant. Ils me regarderont alors d’un air médusé en se disant que moi, leur père complètement out of shape et dégoulinant de gras, n’aurais jamais pu faire cela.

Sinon, autre changement qui changera cette fois le visage du Népal au complet… Dans le but de moderniser le pays, le gouvernement a décidé d’appliquer des règlements d’urbanisme vieux de 40 ans qui n’avait été relégués aux oubliettes depuis. Ils ont un plan afin de moderniser le pays et ils ont l’air d’y tenir mordicus. L’un des règlements fera particulièrement mal; l’application de la marge de recul par rapport aux rues. Les autorités sont présentement à faire le tour des villes et villages afin d’identifier les bâtiments illégaux et le gérant nous disait que plus de 70% des bâtiments de Katmandou sont en infractions et devront soient être modifiés, soient être complètement démolis. Les propriétaires auront une certaine période de temps pour corriger le tout et si la situation n’est pas corrigée, les autorités utiliseront la méthode forte (bulldozer).

Du point de vue d’un touriste comme moi, c’est triste… mais d’un autre coté, qui sommes nous pour leur refuser la modernité que nous jouissons à chaque instant en Occident.

Day 18 – Gone with the wind / Autant en emporte le vent

Info trek;
Muktinath – 3800m
Jharkot – 3550m
Khingar – 3200m
Kagbeni – 2800m
Eklebhatti – 2740m
Jomsom – 2720m

Trek de 30km aujourd’hui
Trek total; 248km

Description;
Aujourd’hui est une journée de trek en solo pour moi. NON… je ne me suis pas chicané avec mon groupe. J’ai plutôt tellement parlé en bien du trek que j’ai fait hier que mes compagnons veulent aussi y aller. Comme c’est un détour d’au moins 2h pour moi et que la journée s’annonce déjà très longue, j’ai décidé de marcher en solo pour la première fois du trek.

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Premier village à apparaitre dans mon pare-brise, Jharkot, l’endroit où j’ai terminé mon trek d’hier. Pas que je voulais absolument y retourner, mais c’est sur le sentier principal du circuit donc…

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Deuxième village sur le chemin, Khingar donnait l’impression d’avoir été bombardé la veille de notre passage. Au moins la moitié de la ville était en ruine, avec bien souvent de simples pans de murs restants au milieu de décombres. De plus, au moins une douzaine d’aigles faisaient des cercles de manière continue au-dessus de la ville… j’avais la chienne qu’un d’entres-eux me prenne pour un casse-croute et plonge en piqué sur moi… j’avais donc constamment les yeux rivés vers le ciel. J’ai donc pris la poudre d’escampette au plus cr#ss.

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Ma prochaine destination, Kagbeni, était désormais à plus d’une heure et demie de marche. S’en était fini de la petite vallée verdoyante entourée de désert. L’instant d’une journée, je n’avais plus du tout l’impression d’être au Népal puisque le chemin passait au milieu de paysages désertiques d’une beauté inouïs (tu adorerais frero… 1 désert de plus où je suis allé et toi pas héhé… mais tu as été dans le Sahara, le meilleur des meilleurs, donc peu importe mon total, c’est toit qui détient la pole… pour l’instant).

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Je me détournais à tout moment pour observer la petite vallée verdoyante qui rapetissait au fur et à mesure que mes pieds me guidaient dans l’autre direction. Un dernier coup d’œil derrière moi avant un virage et hop… un tout nouveau paysage s’offrait à moi… un paysage complètement désertique, qui aurait très bien pu être l’Arizona, le Nevada ou l’Utah, mais que mon cerveau avait beaucoup de difficulté à associer avec un endroit au fin fond du Népal.

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Je ne sentais infiniment petit dans ce paysage désertique. C’est probablement en raison du fait que j’étais tout fin seul sur la route; pas de compagnons de voyages, pas de népalais, pas d’auto/moto, pas de son, etc. TOUT FIN SEUL… point à la ligne. J’éprouvais un sentiment d’extrême liberté…

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Puis, ma solitude a été interrompu momentanément par un tracteur qui est passé à coté de moi avec à son bord 6 népalais tous plus souriants les uns que les autres. Après le traditionnel échange de « namaste », j’étais de retour dans ma bulle.

Le chemin que j’empruntais alors plongeait jusque dans une gorge profonde comprenant une rivière quasiment asséchée.

À ce point du trajet, je devais arriver à Kagbeni, où à tout le moins être tout près, et il n’y avait rien à l’horizon autre qu’un chemin serpentant dans les plaines arides jusqu’à l’infini. Au moment où je commençais à paniquer… un peu… et que je pensais rebrousser chemin (depuis le début du trek, quand un moment comme cela arrivait, je me tournais vers Roark pour lui demander conseil)… le village a décidé de se pointer le bout du nez.

Situé au plus profond de la gorge, dans une petite vallée toute verte, située à la rencontre de 3 confluents, Kagbeni demeure bien caché jusqu’à la dernière seconde… de sorte que sans une carte, il est absolument impossible de savoir qu’un village d’une assez grande dimension se trouve là… et même avec une carte assez précise (comme j’avais), vous commencez à paniquer.

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En l’espace de quelques secondes, j’étais donc passé d’une vallée désertique et complètement hostile à l’homme, à un endroit qui se donne des airs d’oasis.

Mon arrivé là-bas signifiait 2 choses; que j’avais descendu 1000m depuis mon départ de Muktinath et que j’étais revenu sous le seuil psychologique des 3000m (le feeling est incroyable de ne plus avoir à prendre mon souffle avant de boire de l’eau ou de boire pendant plus de 3-4sec sans m’étouffer parce que je manque d’air…).

Arrivé en ville, je n’ai pu m’empêcher d’aller manger au désormais célèbre YakDonald. Non, ce n’est pas votre vu qui baisse, vous avez bien lu. J’ai ainsi pu profiter d’internet pour la première fois depuis 2 semaines afin de souhaiter bonne fête à ma chère mère… un peu en retard. Sache que je n’avais pas oublié…

Kagbemi aurait définitivement mérité que j’y passe 1 nuit, et j’en avais très envi, mais puisque j’étais très à court d’argent (il n’y a pas de guichet le long du parcours, il a donc fallu « guesser » au début comment ça allait couter et disons qu’on est arrivé un peu short) et que Jomson, la prochaine ville, comprend le 1er guichet depuis Besisahar, je dois absolument m’y rendre ce soir sinon je vais laver de la vaisselles… ou pire.

À partir de Kagbeni, le sentier allait désormais être au plus profond d’une gorge exposée à d’énormes rafales de vent venant de la direction dans laquelle je me dirige… directement dans ma face si ce n’était pas assez clair.

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J’ai vite compris pourquoi on mentionnait dans mon livre de faire attention au vent. Au tournant d’un virage, le vent m’attendait avec toute sa force. J’ai été tellement surpris que j’ai failli perdre pied et tomber dans la rivière une vingtaine de mètres plus bas (vous savez quand vous avez les 2 pieds ancrés et que vous reculez quand même). Quand vous avez besoin de vous braquer vers l’avant à 30 degrés pour avancer… ou à tout le moins ne pas reculez… eh bien c’était cela par moment. Dois-je vous rappeler qu’à ce moment j’avais les jambes les plus en formes que je n’ai jamais eu…

À certains moments, on aurait dit que le vent voulait me dire; « vous ne passerez pas! »

C’était marqué « attache ta tuque avec de la broche »… et souhaite d’avoir bien attaché tes flip flop à ton sac… parce que tu ne la reverras pas de sitôt. Bref, une gorge tout sauf hospitalière où on veut passer beaucoup de temps…

La bonne nouvelle c’est que pour une fois je n’avais AUCUNE difficulté à respirer et à trouver mon souffle… il était dans ma face.

Pendant que j’y pense, si vous avez l’idée d’arrêter pour pisser, assurez-vous de vous orienter EXACTEMENT en direction du vent. Une petite erreur de quelques degrés aura des répercutions sur la propreté de vos vêtements… Croyez-moi sur parole…
Autre bonne nouvelle, le sentier officiel zigzag dans la montagne, mais puisque la rivière est présentement asséchée, il y a une route temporaire à même le lit de la rivière. Cela m’a donc épargné une bonne heure à monter et descendre. Merci Été népalais et trek hors saison…

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Ayant moins de 10 bâtiments, Eklebhatti a retenu mon attention pour la simple et unique raison que le village est construit DANS la rivière. Je vous avouerais que je ne comprends pas trop. Au moment où je suis passé, la rivière était complètement asséchée, mais j’imagine qu’en période de cru c’est complètement inondé. Bref, où et qui que tu sois oh grand génie, ayant décidé de créer ton village dans la rivière, je te lève ma tuque…

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Tout juste après cet étrange village, j’ai vu le plus long pont suspendu qu’il m’ait été donné de voir depuis le début. Autant à chaque fois qu’on traversait un pont depuis le début du trek je voulais toujours qu’il soit plus long et plus haut, autant celui-ci ne m’inspirait rien qui vaille avec le vent qu’il faisait. Heureusement, je n’avais pas à le traverser héhé.

Puis soudain, après seulement 1h de marche, une grosse ville est apparue dans mon écran radar. Je croyais que c’étais un mirage puisque la prochaine ville/village sur ma carte était Jomsom et qu’elle était sensée être à au moins 2, sinon 3h de Kagbeni. J’ai fini par y croire quelques instants plus tard quand j’ai vu que la ville était des 2 cotés de la rivière et qu’il y avait un semblant d’aéroport. C’était donc bien Jomsom…

En Jomsom, nous retrouvons un semblant de civilisation (j’ai dit un semblant), l’instant d’une journée, avec la présence d’internet et de banque/guichet, avant de retomber dans la grande et agréable noirceur.

Autrement, Jomsom a le charme d’une balayeuse. Je ne me suis jamais senti aussi perdu au Népal que là-bas. Pourtant, cette ville est comme une rue qui n’a pas de fin; tu rentres et tu marches, tu marches, tu marches et tu n’es pas encore arrivé. Ce n’est pas compliqué, sur le sens de la largeur, ça prend un gros 2min à traverser, mais sur le sens de la longueur, ça prend un bon 45min-1h… toujours sur la même maudite rue qui continue de part et d’autre de la rivière. Que dire de plus que cette ville entre dans la sélection officielle des villes que j’aime le moins en Asie.

Cette nuit est une nuit de première. C’est la première fois depuis très longtemps où il fait assez chaud dans ma chambre pour dormir sans vêtements. Autre première, j’ai une salle de bain à même la chambre, avec même une toilette occidentale (donc pas un simple trou dans le sol). Encore plus fou, il y a des napkins dans la salle à manger. Je n’aurais pas à m’essuyer avec mon chandail…

Autre première hyper importante, quand j’ai demandé une bière, la petite fille qui nous servait… et qui parlait un anglais impeccable, mais qui parlait comme un robot… 1 mot a la fois et T R A N Q U I L E M E N T… m’a apporté un bière FROIDE. Première fois depuis… depuis quand dont?!?… probablement depuis que j’ai quitté le Québec. Sur ce, bonne nuit ma gang de vous autres…

Day 19 – « Where is Dan?!? » / « Mais où est Dan?!? »

juste après le titre

Info trek;
– Jomsom – 2720m
– Syang
– Marpha
– Lucky
– Tukuche – 2590m

Trek de 15km aujourd’hui
Trek total; 263km

Description;
« Walking is now my life (marcher c’est maintenant toute ma vie) » – Roark

Ce matin, en me promenant en ville, j’ai trouvé une faille dans la sécurité de l’aéroport (il faut savoir que New Jomsom – coté Est de la rivière – se résume à une rue le long de la piste d’atterrissage). Donc, j’aurais pu, si j’avais voulu aller me promener sur la piste d’atterrissage tout seul comme un grand.

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Le plan initial d’aujourd’hui était de mettre en veilleuse notre trek pour prendre un bus de Jomsom à Tatopani, comme la très grande majorité des randonneurs font une fois rendu à ici.

À la dernière minute, Roark a proposé de continuer à marcher jusqu’à Tatopani (ce qui représente entre 2 et 3 jours de marche) puisque marcher était désormais la seule chose que nous étions capable de faire dans la vie. J’ai tout de suite dit oui et 3 autres de nos compagnons ont décidés de nous accompagner.

Le groupe se résultera maintenant à moi, Roark, Julien (le français), Dan (le britannique) et Liselot (une belge rencontrée à Muktinath).

Cela veut donc dire que Mateo, notre compagnon de longue date, ne fera pas le voyage avec nous, ainsi que Alval et une dizaine de trekkeurs avec qui on s’était lié d’amitié dans les derniers jours (Diana, Dror, Makea, Alenka, Pearl, etc.).

Une fois le bus arrivé, j’ai lancé un regard à Liselot en lui disant « my feet looks good right now (j’ai très envi de marcher présentement) ». Le bus avait tellement l’air en mauvais état et plus que bondé que nous étions content de marcher.

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Une fois le bus parti, s’en était fait de nos compagnons des dernières semaines. Je me suis tourné vers Roark en lui disant « is Mateo really gone?!? (est-ce que Mateo est vraiment parti?!?) ». Cela fait très bizarre de penser que Mateo ne sera plus là. J’ai l’impression que ce trek est toute ma vie et de perdre quelqu’un avec qui je marche depuis plus de 2 semaines est complètement inconcevable pour mon moi.

Il fallait nous mettre en route nous aussi…

Alors qu’hier c’était le désert dans toute sa splendeur, comme tout le monde s’imagine un désert, aujourd’hui c’est le désert dans toute sa brutalité, un désert en apparence dévasté.

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J’utilise le mot « dévasté » dans le sens que ça semble extrêmement difficile de vivre ici. La vie (végétation, animaux, humain) tente de s’installer, mais à quel prix…

De tous les endroits où nous sommes passés, c’est de loin le dernier endroit où je voudrais habiter.

Tout est beau, mais d’une manière différente. C’est d’une beauté à l’état sauvage (dans le sens de rude), où il faut que tu mérites chaque petit pouce de ce qui t’appartient.

Même les couleurs sont différentes. Hier tout était lumineux, tandis qu’aujourd’hui, tout est un peu sombre et du coup dramatique. Seule constante, le ciel d’un bleu immaculé, sans la moindre trace de nuages.

Ce n’est pas compliqué, à tout moment, je m’attendais à voir surgir de nul part Mad Max pourchassé par une horde de vilains. Cela aurait été complètement normal pour moi dans cet environnement.

Tu regardes autour de toi et tout semble mort, ou à tout le moins inerte, et puis au tournant d’un virage hop, tu tombes sur une vallée verdoyante dans le delta de la rivière.

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Premier village à l’horizon; Syang, un endroit où rien ne semble facile et où la dernière maison à dû avoir été construite il y a plus de 500ans.

Marpha, capitale de la pomme au Népal, était la prochaine ville dans le collimateur. Bien emmitouflé dans les bras de la montagne, à l’abri du vent sur le coté de la vallée, Marpha nous a donné une bonne impression, dans la mesure où la rue principale est très bien pavée et tous les bâtiments sont faits de pierres peintes à la chaud d’un blanc immaculé. Il y a aussi un immense monastère bouddhiste dans la montagne, mais c’était trop de marche pour nous…

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Si vous allez là-bas, je recommande très fortement de vous y arrêter pour le nuit, ou à tout le moins vous arrêter pour déguster la lasagne (leur spécialité – pas comme vous pouvez vous l’imaginer) et SURTOUT gouter à leur Apple Brandy.

Il nous restait encore la moitié du chemin et un seul verre a réussi à me mettre knock out. Par la suite, j’avais les jambes molles, le rire facile et je marchais tout croche. Heureusement, aucune promenade en bordure de précipice n’était au programme, que de la route bien large où j’étais en mesure de zigzaguer comme bon me semblait.

À noter que si vous allez au Népal, vous aller souvent voir des ‘’Apple Brandy Marpha’’ sur les étagères, mais plus souvent qu’autrement, c’est de la m&rde. J’ai essayé souvent de trouver le brandy que j’ai gouté à Marpha ce jour là, mais toutes mes tentatives se sont soldées par des échecs.

En sortant de Marpha, nous avons pris un sentier en marge de la route qu’un panneau décrivait spécifiquement « if you want to avoid car and moto, take this path (si vous voulez éviter de marcher avec les motos et voitures, prenez ce sentier) ». Pas moins de 2 minutes plus tard, une moto nous beepait dans le petit sentier… J’ai alors regardé Roark et Julien d’un air dubitatif en leur demandant; « wow… the brandy was really strong, I think I just saw a motobike in the trail…am I that drunk?!? (wow… le brandy était vraiment fort, je crois que je viens de voir une moto dans le sentier… est-ce que je suis aussi saoul que cela?!?) ».

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Nous marchions alors dans un sentier fait de pierres toutes plus mal disposées les unes que les autres. Disons que cela cadrait parfaitement avec mon état d’esprit un peu pompette.

Depuis Marpha, s’en était fini de la vallée désertique et rude… enfin je crois…

La vallée était dorénavant verdoyante et le vent était omniprésent. On aurait cru s’être téléporté dans la forêt canadienne à marcher au travers de tous conifères, etc. Bref, nous étions passés du désert de l’Utah, au Québec en l’espace d’un clic… ou d’un hic… burp…

L’instant d’une heure, j’étais de retour au Québec, à marcher dans le parc de la Jacques Cartier, par une fin d’après-midi d’automne… avec du linge extrêmement sale sur le dos (ce serait injuste pour tous les morceaux de linges sales dans le monde de dire que mon linge était sale…). Puis tout à coup, FIN du rêve et retour au Népal de manière brutale… un tracteur… oui oui, un tracteur… remplit de népalais venait à notre rencontre dans le petit sentier.

Wake up men, tu as encore une bonne heure de marche devant toi (que je me dis présentement en tapant ce texte, en évitant les roches au mieux de mes présentes capacités, etc.

Moi – Qu’est-ce que tu fais à écrire sur ton Iphone si tu as besoin de tout ton petit change de concentration pour mettre un pas devant l’autre?!?

Moi – Je ne sais pas… j’écris c’est tout…

Moi – Cesse tout de suite cette conversation inutile avec toi-même et concentre toi sur tes pieds espèce de…

Moi – Oui captain…

Arrêt de la soirée à Tukuche, charmant petit village sur la berge d’une rivière partiellement asséchée, au fin fond d’une vallée enveloppée de conifères et surveillée par le regard attentif de hautes montagnes aux sommets enneigés.

Pour dire vrai, on dirait qu’on se trouve dans un petit village sur le bord de la rivière St-Maurice au Québec.

Nous posons donc nos sacs à dos à Tukuche ce soir, dans une auberge qui a dû être rénovée pour la dernière fois il y a 50 ou 60ans, slash aurait besoin d’un coup de peinture…

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En terminant, je ne peux pas aller me coucher sans vous expliquer le titre de la journée « where is Dan?!? (mais où est Dan?!?) ». À tout moment dans la journée et pour une raison ou pour une autre, Dan prenait du retard. Il disparaissait et l’un d’entre nous disait « where is Dan? ». Tout ce qu’il y a à savoir c’est qu’on s’est fait beaucoup de fun avec cela aujourd’hui et que c’est devenu un running gag qui allait perdurer jusqu’à Pohkara, soit bien après que Dan ait cessé d’être notre compagnon de voyage.

Day 20 – Am I dreaming?!? / Pincez-moi je rêve

Info trek;
– Tukuche – 2590m
– Khanti
– Larjung – 2550m
– Kokhethanti – 2545m
– Titi lake – 2679m
– Kunjo –

Trek de 20km aujourd’hui
Trek total; 283km

Description;
Quel bonheur de se faire réveiller vers 5h du matin par son voisin de chambre népalais qui décide d’allumer sa radio bien forte afin que tout le monde sache qu’il est réveillé.

Quel bonheur d’ouvrir sa porte en tab$rn#k, avec la ferme intention de lui faire passer un mauvais quart d’heure, et de voir le gars me sourire et me dire un beau « namaste ». Tu peux faire quoi après cela, c’est impossible de l’engueuler…

Aujourd’hui s’annonce une journée pénible… pas en raison du trajet de 20 petits kilomètres, mais plutôt en raison de mon état psychologique. Malgré le fait que j’ai bien dormi, que je sois au sommet de ma forme physique, comme jamais je ne l’ai été auparavant dans ma vie, et que je me nourrisse hyper bien depuis des lunes… ça ne me tente tout simplement pas aujourd’hui.

Pourquoi?!? Aucune idée… Je crois que le « département de la passion, de l’entrain et de la joie de vivre » est fermé dans mon cerveau aujourd’hui, laissant ainsi toute la place au « département du moindre effort ». C’est le premier jour depuis le début du trek que cela m’arrive. J’ai eu des passes où les jambes et/ou le cardio ne suivaient pas, mais tant et aussi longtemps que la motivation est là, tu peux te dépasser et accomplir de grande chose. Or, quand les jambes et le cardio sont là, mais que la tête est absente, c’est très difficile d’avancer.

Pourquoi?!? Bien sur nous allons bientôt commencer le Sanctuaire, mais le cerveau n’a aucune attente du genre « il faut marcher comme des déchainés pour être au sommet de cette montagne dans 2 jours/ 1 semaine ». Tous les « exploits » que nous avions à accomplir ont été accomplis…

À l’image de la face cachée de la Lune, que nous ne voyons jamais, nous sommes présentement à marcher la face cachée du Circuit de l’Annapurna, dans la mesure où peu de trekkeurs marchent cette section, réputée comme étant moins attrayante que la section entre Besisahar et Jomsom. Je le sais très bien et mon cerveau le sait très bien aussi, d’où mon manque d’intérêt.
Comme le disait Julien, « quand ça m’arrive, je m’enferme dans mon petit monde imaginaire afin d’oublier la souffrance et l’ennui ».

Nous continuons donc notre parcours le long de la rivière St-Maurive au Québec aujourd’hui, sans trop de choses à se mettre sous la dent; un troupeau de chèvres sur la route, un vieux pont complètement détruit, un chemin monotone en flanc de montagne, un plan de marijuana, un autre plan, un champ de marijuana…

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Puis, un premier village, Khanti, qui ne réussit pas à faire démarrer mon moral, bien au contraire. Son charme sibérien invitait beaucoup plus au suicide (façon de parler) qu’à toute forme d’entrain. Ce qui m’épate le plus (aucunement dans le sens de me donner de l’entrain) c’est comment ce village est directement au niveau de la rivière juste à coté. Comme pour l’autre village l’autre jour, j’ai peine à imaginer ce qui doit arriver quand le niveau de l’eau monte.

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Au tournant du village, le sentier a pris une charmante petite route de campagne faite de pierres rondes avec des murets de roches. L’instant de quelques minutes, nous étions dans « La Comté » (film Seigneur des Anneaux). Ce petit sentier s’est ensuite transformé en charmant petit village… comme nous en avons vu des tonnes jusqu’à maintenant. En l’espace de 5min Larjung était derrière nous, comme la très grande majorité des villages croisés depuis le jour 1. Dans quelques heures tout au plus, il ne me resterait probablement aucun souvenir de cet endroit.

Un peu plus loin, j’ai ensuite tenté de nous faire passer par le lit d’une rivière quasiment asséchée afin d’éviter d’aller chercher un pont plus loin et d’ensuite revenir sur nos pas. Les 2 mots importants dans la dernière phrase sont « quasiment asséchée ». Après avoir tenté de lancer des pierres dans l’eau pour marcher dessus ou encore enlever nos souliers, plusieurs des petites rivières demeuraient infranchissables. Résultat, au lieu de gagner une demi-heure, nous avons perdu 1 heure… mais bon, il n’y a que ceux qui ne prennent pas de décision qui ne font jamais d’erreur…

Encore aujourd’hui, mis à part les villages qu’on rencontre, je n’ai pas l’impression d’être au Népal, mais au Québec en plein cœur de la forêt canadienne.

Puis vint Kokhethanti, village hyper minuscule, sans intérêt spécial… Pourquoi je vous en parle… eh bien, c’est probablement dans ce petit bled perdu au fin fond du Népal, que la plupart des népalais n’ont jamais entendu parler, que j’ai mangé la meilleure pizza depuis le début de mon voyage. Comme toute bonne chose a une faim, nous avons ensuite repris la route.

On aurait dit que la pause m’avais donnée des ailes; de gars complètement démotivé, j’étais revenu à mon état normal et même plus. J’avais l’impression de flotter tellement mes jambes étaient top shape et mon sac à dos donnait l’impression de peser une plume, au point où je me suis demandé si j’avais oublié quelque chose au restaurant.

Après avoir descendu drastiquement d’altitude depuis 4 jours, nous avions maintenant un très petit défi devant nous; monter au Titi lake. En marge du sentier principal, ce lac devait en pratique être un endroit formidable qui s’atteignait après une ascension de 200m (je me retiens pour rire). Autant dire qu’à l’altitude où nous étions, 200m d’ascension se faisait les doigts dans le nez.

C’était comme si quelqu’un m’avait demandé d’aller chercher du lait au dépanneur; pas une goutte de sueur et le cœur ne s’est même pas emballé malgré une ascension à un rythme très intense. C’est devenu une espèce de compétition à l’intérieur du groupe à savoir qui serait le moins fatigué et de lancer des insultes à cette petite montagne.

« This hike is an insult to the Annapurna circuit (cette ascension est une insulte au Circuit de l’Annapurna) » – Roark

« I’m getting out of shape right now » – Dan

Le gagnant? Avec une véritable fusée dans le cul, Roark a disparu des écrans radars à mi-hauteur.

Pour ce qui est de Titi lake en soit, disons que le lac est très décevant. La piste pour s’y rendre est par contre très intéressante. Un panneau indicatif près du lac mentionnait que c’était le lieu de reproduction de plusieurs espèces d’oiseaux et le meilleur endroit pour faire de l’observation d’oiseau… dommage que moi et l’observation d’oiseaux ça fasse 3 sinon 4. Pas que je n’aime pas les oiseaux, mais bon… changeons de sujet.

J’ai aussi lancé l’une de mes phrases d’antologie « Birds go here for fuck »… Même un étudiant de secondaire 1 tout boutonneux aurait pu mieux conjuguer cette phrase que moi à ce moment… mais bon, j’étais fatigué… Tout cela pour dire que mes compagnons ont réutilisés cette phrase à mes dépends pour se moquer de moi durant le reste du trek…

Ahhh, aussi, un petit conseil, si vous arrêtez près du lac pour fumer un joint… on se fou des oiseaux… et qu’un petit garçon vient à votre rencontre en vous demandant des crayons et des sucreries, faites attention, il pourrait bien s’agir d’un fantôme. Prenez une photo de lui pour être bien sur qu’il apparait (tout le monde sait que les fantômes n’apparaissent pas sur les photos).

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Et puis BANG… nous sommes tombés sur un plateau, à mi-hauteur dans la montagne, comprenant un village au travers d’une multitude de champs. Le gros du village est sur le bord d’une falaise qui fait face à une vallée en contrebas et orientée parfaitement avec le coucher de soleil.

Lorsque nous sommes passé en fin de journée, c’était tout simplement PARFAIT. En fait, on se regardait tous un peu subjugué en se demandant si c’était un rêve ou si nous étions mort et rendu au paradis… paradis ayant pour nom Kunjo, un endroit à peine mentionné dans mon guide.

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C’est donc dire qu’en moins de 15min, une journée ennuyeuse à mourir s’est transformée en journée magique avec la découverte de ce village. Sans trop me tromper, ce village n’a pas du accueillir beaucoup de touristes occidentaux puisque nous étions sans le moindre doute l’attraction à ce moment. Cela s’explique assez facilement. Déjà que peu de trekkers marchent cette section du trajet de Jomsom à Tatopani, encore moins de trekkeurs décident de prendre le chemin du Titi lake, ce qui fait en sorte que ce village est un secret extrêmement bien gardé. Cependant, avec ce qu’il a à offrir, je l’imagine très bien devenir très populaire dans quelques années. Pour l’instant, il n’y a aucune trace d’une quelconque « corruption touristique »; pas de restaurant, pas de magasin et 1 hôtel fait avant tout pour les népalais.

Sur un coup de tête, nous avons décidé de rester dans la seule auberge du village. Les propriétaires semblaient complètement pris au dépourvu par notre désir de rester pour la nuit dans leur établissement.

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C’était un hôtel, mais il n’y avait pas de chambre à proprement parler. Ils nous ont donc improvisé une chambre dans un locker dans la cours arrière. Au final, la chambre avait 1 gigantesque lit, prenant toute la pièce, pour les 5. Quand le mot « bedroom (chambre en anglais) » prend tout son sens… nous allions coucher dans une chambre-lit.

Nous sommes tous très emballé à l’idée de passer la nuit dans un endroit typiquement népalais. Tellement qu’on se fou de combien ça pourra bien couter (ce sera assurément moins cher qu’à l’habitude anyway).

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En fin de soirée, alors que nous venions de manger le meilleur Dal Bhat EVER et que nous étions complètement intoxiqués par le Roxy (alcool népalais que tous et chacun font eux-mêmes), nous avons écouté la télé avec toute la famille dans le salon/salle à manger. Pour ceux qui n’ont jamais regardé « Indian Idol » ou vu un américain un peu beaucoup pompette s’emparer d’une télécommande, au grand dam du père de famille, en quête d’un film américain « I’m American, I want to see an American movie », cela valait le détour.

Ahhh… vous vous demandez peut-être pourquoi les photos sont rendues en noir et blanc. Eh bien, depuis mon accident de scooter en Inde, l’écran pour visualiser les photos que je prends avec ma caméra ne fonctionne plus. Je prends donc toutes mes photos à l’aveuglette depuis… pas si mal non. Bref, tout cela pour dire qu’hier soir j’ai par mégarde changé les settings de mon appareil photo… grrrr. Une fois rendu à Katmandou, j’ai commencé à classer mes photos sur mon ordinateur et c’est alors que je me suis rendu compte de ma gaffe. C’est donc dire qu’à partir d’aujourd’hui et jusqu’à la fin de mon trek, toutes mes photos sont en noir et blanc…

Day 21 – « Slow ride, take it easy… » NOT / Un jour de repos qu’il (moi) disait…

Info trek;
– Kunjo
– Chhayo
– Ghaumane
– Kaiku – 2085m
– Ghasa – 2010m
– Pairothapla
– Kopchepani
– Gadpar
– Dana – 1440m
– Guithe – 1320m
– Tatopani – 1190m

Trek de 32km aujourd’hui
Trek total; 315km

Description;
En me réveillant ce matin, j’avais un rayon de soleil dans les yeux et la figure de Julien à 2 pouces de la face. C’est à ce moment que je me suis rappelé où j’étais… dans une BEDroom avec mes 4 compagnons qui dormaient à moins de 2 mètres de moi. Je me suis levé la tête pour apercevoir Roark et Dan cordés derrière Julien et Lisbet à nos pied. Pour une touche réalisme, ajoutez une odeur alliant puanteur de linges sales et parfum de lendemain de veille. Bref, un endroit charmant héhé…

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En attendant les autres pour le déjeuner, j’ai regardé Roark très sérieusement dans les yeux pour ensuite lancer « happy 3 weeks trek anniversary (bon 3 semaines se trek) ». À l’image de Tom Hanks dans « Seul au monde », c’est comme si l’Annapurna était une île et que j’étais coincé dessus, mais à défaut d’avoir Wilson comme fidèle compagnon, je dois me contenter d’un américain qui commence à faire de la calvitie.

La chaleur du début de journée, jumelé à un taux d’humidité assez important et l’absence de vent, font en sorte que si la tendance se maintient, nous auront de la difficulté à atteindre Tatopani, notre objectif de la journée à quelques 30km. Seul point positif, le sentier est sensé être très facile et sur une pente descendante qui allait nous mener 1000m plus bas.

Il fallait tout d’abord rejoindre le sentier principal. Après un village sans histoire et un pont surplombant une rivière ayant des rapides d’une intensité que je n’avais jamais vu auparavant… un autre pont et nous étions dorénavant à marcher sur la route de terre et de glaise… quelle joie.

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Nous avons croisé plus d’auto dans notre première heure sur cette route que durant les 3 dernières semaines combinés.

Une fois passé Ghasa, nous avons emprunté une section de sentier qui plongeait jusqu’au fond de la gorge très profonde, très étroite et tapissée de vert; chaque millimètre des parois rocheuses étant recouvert d’un tapis verdoyant.

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Depuis la construction de la route il y a quelques années, cette section du sentier a été laissé à l’abandon et la nature a reprit son dû. Bref, un bon vieux sentier qui joue à la montagne russe en flanc de montagne, avec la rivière qui gronde tout en bas, une quantité incalculable de chutes et les oiseaux et insectes de toute sorte au-dessus de nos têtes.

Tout cela pour dire que nous étions à nouveau plongés dans un environnement totalement nouveau. Depuis Ghasa, nous avions quitté la forêt canadienne pour nous retrouver dans une forêt d’Amérique du sud avec un taux d’humidité intenable. Pour une première fois, nous prenions conscience que c’était présentement l’été ici au Népal. Les gouttes de sueurs qui perlaient sur nos corps n’étaient non pas le résultat d’un effort physique intense comme à l’habitude, mais bien en raison de la chaleur.

C’est donc dire qu’en l’espace de quelques jours, soit depuis Muktinath, le district du Lower Mustang nous a offert un spectacle des plus diversifiés, passant du désert, à la forêt canadienne pour finir en Amérique du Sud. Le Lower Mustang est sensé être un très bref apercu de ce que réserve le Upper Mustang. Je n’ose donc pas imaginer ce que cela doit être. Je me réserve la surprise pour mon prochain voyage au Népal…

Puis, on est entré dans un petit village, Pairothapla, qui avait l’air tout sauf habité. Il y a longtemps, ce village a du être un arrêt important le long du sentier, mais avec la nouvelle route qui passe de l’autre coté de la rivière, sans possibilité de traverser directement, il est voué à l’abandon. Ce village passera à la postérité parce que nous avions tous très faim à ce moment et le seul restaurant était fermé. Les aléas du trek hors saison…

Une fois de l’autre coté du village, notre bon vieux sentier nous attendait pour nous mener jusqu’au prochain village, qui nous l’espérions bien, aurait un semblant de quelque chose qui vend de la nourriture.

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Notre vœux a été exaucé, mais il fallait tout d’abord descendre un interminable escalier fait de pierre toutes de forme et de grandeur différente. Il fallait faire très attention ou on posait les pieds de peur d’être « retiré »… 3 strike your out.

Juste avant d’arriver à Gadpar nous avons été pris dans un bouchon de circulation causée par des vaches. Elles n’entendaient pas à rire et prenait toute la place dans l’étroit sentier. Chaque tentative de dépassement risquait de se terminer par un coup de corne dans le ventre… nous sommes donc resté sagement derrière… mais pas trop près de peur d’avoir un golden shower.
Gadpar et Dana, sa voisine immédiate en face de la rivière, ont comme principale activités la culture du maïs (il y a des champs partout) et la culture/production/distribution de marijuana (il y a des champs partout).

À partir de là, le reste du trajet s’est fait sur la route poussiéreuse de l’autre coté de la rivière pour moi, Dan et Liselot, alors que Roark et Julien restaient dans la vieille montagne russe. Pourquoi avoir choisi la route poussiéreuse et les jeeps?!? Parce que Dan marchait comme un prisonnier qui aurait échappé son savon dans la douche commune, que Liselot était à bout de force et que j’avais tout simplement d’arriver A.S.A.P.

Avance rapide jusqu’en fin de soirée puisque vous ne voulez pas vraiment avoir la description du dernier segment de notre randonné… ahhh, vous voulez?!? Eh bien, que dire de plus qu’on a marché, qu’on s’est fait empoussiérée par les jeeps, qu’on est arrivé à Tatopani et qu’on a vécu heureux en ayant beaucoup d’enfants. Bon… content maintenant? Je peux continuer mon histoire?!?

Je disais donc avance rapide jusqu’en fin de soirée où j’ai pu réaliser un vieux rêve… bon, ce n’est pas un vraiment un « vieux » rêve, encore moins un rêve, mais ça sonnait bien dans la phrase.

Tout d’abord, il faut vous expliquer que Tatopani, qui signifie « eau chaude » en népalais, est réputée pour une chose auprès des trekkeurs; ses hotsprings. Qu’est-ce que j’ai donc fait qui est en rapport avec les hotsprings?!? Me promener à moitié nu dans un village népalais pour aller de mon auberge aux hotsprings… OUIIII…

Vous auriez du voir la face des vieilles dames à la vue de mon torse tout poilu… et depuis peu sans le moindre gras héhé.

Les hotsprings représentaient ma 1ère douche depuis, euh… depuis quand?!? C’est une très bonne question. Autant ne pas répondre que de dire la vérité…

Bon, j’ai écris assez de conneries pour aujourd’hui, je vais me coucher. On se reparle demain…

P.S. – Tout au long de mon périple, beaucoup de mes compagnons, la dernière en liste étant Liselot, se sont émerveillés du fait que je ne me sois jamais planté en marchant et écrivant sur mon iphone. J’écris et je marche au même rythme que les autres. C’est vrai, je n’ai aucune bèche à mon actif, mais j’ai pilé dans un nombre incalculable de bouses d’animaux.

Day 22 – One day in Tatopani; Sex, Drugs and Rock n’… uh… Momos, Book n’ Lazyness

Info trek;
Il est INTERDIT de mettre… que dis-je de même oser penser de mettre… mes bottes. Elles resteront bien tranquillement dans un coin de ma chambre à puer toute seule.

Description;
Tadopani git sur le bord de la rivière, au creux de la forêt sub-tropicale (voir humidité et chaleur dans le tapis) avec des montagnes luxuriantes de part d’autre. Au loin et par temps clair, on peu y apercevoir l’une des Annapurna qui domine la vallée.

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Le village se résume à une seule rue, bordée par une multitude d’auberges, de magasins et de restaurants.

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Si j’avais à décrire l’endroit en 1 mot, j’utiliserais le mot « Tranquillité ». Malgré le fait que le village soit l’un des plus grands que nous ayons rencontré depuis le début, tout ici est très serein. L’ensemble du village est bercé par le bruit des petits rapides de la rivière. Il n’y a pas de bruit de voiture, personne qui cri à tue tête et pas d’animaux sauvages qui gémissent.

Probablement que tout ce beau monde est comme nous présentement, c’est à dire à la recherche d’un endroit ombragé afin d’éviter le soleil qui plombe tout sur son passage.

Moi, Roark et Julien prenons donc 1 journée de repos ici avant de continuer notre route vers Ghorepani demain. Ce sera un dur retour au boulot puisque le trajet se résume à environ 20km et 1500m d’ascension… par une chaleur accablante.

Pour ce qui est des autres, Dan met fin à son aventure ici et Liselot a décidé de couper la poire en 2 en se rendant à mi-chemin dès aujourd’hui.

En ce jour 22 de trek, c’est la première fois que je prends un véritable repos de mon propre chef. Il y a bien sur eu la journée perdu à Tilicho en raison de la pluie, mais nous n’avions pas besoin de repos à ce moment. J’ai donc passé la journée à avancer mon livre « Seven Summits » racontant l’histoire des 2 premiers gars ayant réussit l’ascension du plus haut sommet de chaque continent; McKinley (Alaska – Amérique du Nord), Acongua (Amérique du Sud), Elbrus (Russie – Europe), Kosciusko (Australie – Océanie), Everest (Népal – Asie) et Vinson (Antartique). Disons que cela me donne des idées… Si 2 gars de 50ans out of shape et sans expérience de montagne au préalable ont pu le faire, pourquoi pas moi… me reste plus qu’à trouver un sponsor pour payer tout cela héhé.

Sinon, en fin de journée Roark m’a demandé combien de kilomètres nous avions parcouru jusqu’à maintenant. J’ai sorti la Iphone calculette, pour finalement arriver à un chiffre de 315km. Non, ce n’est pas une faute de frappe… 315km en 21 jours. Habituellement, le Circuit est d’environ 205km, mais nous avons fait beaucoup de Side Trek (détour).
C’est une moyenne d’environ 15km par jour, la plupart du temps de montagne. Ajoutez à cela l’altitude…

En terminant, nous sommes aujourd’hui le 10 juin… qu’est-ce que cela signifie?!? C’est le jour où je dois en principe quitter le Népal puisque mon visa prend fin. Si j’étais à Katmandou, je pourrais facilement le renouveler, mais en montagne ce n’est pas le cas. Je croise donc les doigts pour qu’il n’y ait aucune complication par la suite.

Day 23 – All those f#ck$ng stairs / En veux-tu des escaliers, en vla…

Info trek;
– Tatopani – 1190m
– Gharkhola
– Durbindanda – 1580m
– Birauti
– Ghara – 1700m
– Sikha – 1940m
– Phatale – 2270m
– Chitre – 2330m
– Ghorepani – 2750m

Trek de 23km aujourd’hui
Trek total; 338km

Description;
Tel que mentionné dans le compte rendu d’hier, nous partons pour Ghorepani ce matin… 1500m plus haut.

Dans mon guide, on recommande de séparer ce trajet en 2 journées, mais comme nous avons pris une journée de congé hier, j’ai proposé un itinéraire de 7 ou 8 jours pour faire le Sanctuaire à mes compagnons, et ils ont acceptés. De toute façon, au pire on ne sera pas capable de se rendre à la destination voulu et on arrêtera dans une auberge le long du parcours.

Le réveil s’est donc fait à 4h30 du matin. Comme nous avions commandé notre déjeuner pour 5h00, nous étions près à prendre la route avec le lever du soleil afin d’éviter au maximum la chaleur et l’humidité suffocante.

Après avoir passé le pont en acier le moins sécuritaire qu’il soit (garde à moitié pas là et il penche d’un coté), nous avons passé en coup de vent le premier village pour s’attaquer à la première ascension. À ce moment, peu importe le flanc de montagne sur lequel on posait notre regard, il y avait toujours un village perché tout en haut.

Puis, au sommet de la première montagne, nous avons emprunté un sentier qui serpentait de village, en village… en village (je crois que vous voyez l’image… si ce n’est pas le cas, ajoutez un autre village).

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Le nombre de marches que nous avons alors eu à monter est tout simplement impressionnant.

Après 3h de marche, mes jambes étaient comme 2 blocs de béton qui refusaient d’avancer. J’étais sur la batterie de secours… en mode survie… pour tenter de peine et de misère de suivre le rythme imposé par mes 2 compagnons.

Peu après 8h, ce n’est pas la chaleur qui s’est pointée, telle que nous l’avions prévue, mais la pluie, transformant les escaliers, généralement faites de pierres, en une véritable patinoire. La pluie s’est ensuite intensifiée jusqu’à ce qu’un épais brouillard recouvre la vallée. À ce moment, il était hors de question de continuer.

Le timing était excellent pour un second déjeuner (9h du matin) dans le village de Shikha. Après tout, nous étions partis très tôt et en 3h, nous étions déjà rendus à la mi-parcours. Nous avions donc le luxe de pouvoir attendre quelques heures.

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De l’auberge où nous avions pris refuge, nous avons pu assister à une étrange cérémonie mettant en vedette un joueur de tambour, un gars tenant un étrange drapeau, quelques habitants et 1 poule. Nous n’avons pas tout vu, mais ce qu’on peut dire, c’est que tout le monde est revenu sain et sauf, sauf la poule…

Sur le coup de midi, la pluie a graduellement diminuée, pour éventuellement cesser, nous laissant à nouveau apercevoir l’ensemble de la vallée. Nous étions donc de retour dans nos bottes de montagnes pour en terminer avec cette journée infernale. Après un avant-midi marqué par la pluie et le brouillard, le ciel était maintenant complètement clair et l’humidité était à peine supportable.

Du haut de Shikha, joli petit village perché tout en haut d’une montagne qui surplombe la vallée, le spectacle était tout simplement magnifique. Ce village semble être un super endroit pour séjourner une nuit… en fait, si nous avions écouté mon guide et que nous avions splitté la journée d’aujourd’hui en 2, nous aurions séjourné ici.

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Une fois sorti du village, une route de terre boueuse nous attendait et devinez quoi? Il fallait encore monter. Ce viewpoint était un espèce de cadeau empoisonné, qui voulait dire « bravo les gars, vous avez monté jusqu’ici alors voici votre récompense (la vue), mais… il vous reste un bon 500m à monter nananère… ».

Bref, comme la montagne vient de vous le dire, il nous restait toujours 500m à monter… autant arrêter d’écrire, manger une barre de chocolat, pour se donner un peu d’énergie, et se remettre à l’ouvrage.

Après le sentier de boue, c’était le retour à nos bonnes vieilles marches. Des tonnes de marches encore une fois. C’est ainsi que les villages de Phalate et Chitre ont défilés sous nos yeux.

Plus rien ne nous sèparait maintenant de notre destination d’aujourd’hui… Ghoropani… mis à part une ascension de 400m… Au tournant d’un autre escalier interminable, nous l’avons aperçu au travers des arbres, bien perché tout en haut de la montagne qui nous faisait face. la route était encore longue, mais au moins l’objectif était en vue… ce qui fit en sorte de me donner le regain d’énergie nécessaire pour finir la journée.

J’étais maintenant de nouveau frais comme une rose… qu’on aurait laissée trainer trop longtemps sur le comptoir avant de mettre dans l’eau. Somme toute, j’avais maintenant plus d’énergie qu’avant. Puis… pouf, disparu de notre champ de vision pendant 45min à l’entrée d’une forêt très dense, nous sommes sortis du bois tout d’un coup pour arriver dans le village.

Ghoropani, est un village turn off et je m’explique; tu vois l’arche à l’entrée du village et quelques bâtiments, tu es donc convaincu que ton calvaire est terminé et puis BANG… on te replonge dans une forêt avec des marches qui n’en finissent pas.

Une fois arrivé au vrai début du village, donc au moment où j’étais à activer mon mode « recherche » afin de trouver dans quelle auberge Liselot avait élu domicile… elle est sortie pour nous accueillir.

L’auberge où nous sommes surplombe la vallée (je sais j’ai souvent utilisé ce mot aujourd’hui, mais cette fois Ghoropani surplombe TOUTE la vallée).

Faits particuliers à propos de Ghorepani, d’une part, tous les immeubles on un revêtement et un toit en tôle bleu. D’une autre, il y a plein de chevaux et ânes en libertés dans la rue principale. Il faut donc les contourner pour circuler, puisqu’ils n’ont aucunement de bouger d’un poil… Je suis convaincu que tu aurais détesté ma sœur.

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En terminant, en faisant le repérage du sentier que nous allions emprunter demain, je suis tombé sur un viewpoint qui offrait un super sunset; il y avait la vallée en contrebas, puis une bande de nuages rosés tout juste au-dessus et finalement 3 des plus hauts sommets du monde qui pointaient vers le ciel; le Dhaulagiri (8000m et +), le Tukuche (un peu moins de 7000m) et un autre. Bref, vraiment laid comme vue…

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Après avoir apprécié le panorama quelques instants, je me empressé d’aller chercher Roark et Julien pour partager ma trouvaille… aussi vite qu’un homme peut courir avec des flip flops sur un sentier de pierres coupantes en tenant ses shorts d’une main pour qu’ils ne tombent pas, parce qu’il a perdu beaucoup de poids.

Day 24 – Leech day / Le jour de la sangsue

Info trek;
Ghoropani – 2750m
Deurali – 3050m
Banthanti – 2660m
Tadopani – 2700m
Chuile – 2300m

Trek de 15km aujourd’hui
Trek total; 353km

Description;
Nous avons commencé notre rsndonné sous un ciel bleu en montant un escalier infernal et infini au milieu d’une forêt.

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Après un peu moins d’une heure, nous étions rendus au sommet de la vallée (cette fois c’est le vrai sommet), sur la crête qui sépare cette vallée de l’autre. Malheureusement pour nous, le brouillard avait déjà envahi entièrement l’autre vallée et s’apprêtait à faire de même avec celle que nous quittions à l’instant.

À partir de là, bien que sur le sommet de la montagne, le parcours était encore tout en monté, dans un foret de feuillus, qui était tranquillement mais surement enveloppée par le brouillard.

De Deurali, nous avons donc sorti nos quadriceps des grands jours (muscle de la jambe le plus sollicité en descente) pour entamer la descente d’un sentier serpentant une rivière au fond d’un canyon étroit jusqu’à Banthanti, un minuscule village perdu au milieu de nul part, comme tant d’autre avant. À noter que depuis que nous avons quitté Tatopani hier matin, l’ensemble des villages que nous croisons ne sont relié que par les sentiers… il n’y a pas de route.

Dans ce village, le premier restaurant que nous avons croisé portait très bien son nom « hungry eyes ». C’est un nom très bien choisi puisque la grande majorité des gens arrêtant ici auront comme nous 2h de monté intense en quittant Ghoropani, suivit d’une heure et demi de descente abrupte dans le canyon. Bref, nos yeux avaient très faim…

Après la désormais pluie quotidienne du midi, qui ne dure jamais plus d’une heure, nous avons repris la route…

Au sortir du canyon, le sentier longeait le flanc de la montagne dans un environnement dénué d’arbres. En temps normal, nous aurions eu une vue 180degrés de la vallée, mais nous avions plutôt un mur blanc (brouillard) devant nous, ce qui était assez impressionnant merci vu la densité de celui-ci.

Il fallait ensuite descendre une forêt sur pan de mur à au moins 70 degrés d’inclinaison, transformé en champ de boue par la pluie. Une fois rendu en bas, nous avons appris qu’il fallait remonter tout l’autre versant de la vallée… même âs de ‘’bravo les gars, vous pouvez marcher sur du plat un peu…’’ HOURRA

Depuis ce matin, nous avons quitté la forêt sub-tropicale, qui nous enveloppait depuis presque 1 semaine, pour se transporter dans une forêt de type « rainforest » comme on en voit beaucoup sur Vancouver Island et dans l’état de Washington, tout juste au sud de la frontière juste en bas de Vancouver. Ici, on su à grosse goutte non pas en raison de l’effort physique ou de la chaleur, mais en raison de l’humidité accablante. C’est pas compliqué, TOUT ici transpire l’humidité, les arbres, l’air, les pierres, etc. et nous n’y faisons pas exception…

Puis, la forêt s’est écartée pour faire place à un long sentier de pierre débouchant sur Tadopani. Avec le brouillard et les cloches (qui faisaient penser à des cloches de bateaux), le village ressemblait beaucoup plus à un village de pêcheurs en bord de mer (comme on peu en voir beaucoup sur la cote Est des États-Unis ou dans les provinces des maritimes) qu’à un village perdu dans l’Annapurna…

Après être passé en coup de vent au travers du village, nous nous sommes à nouveau enfoncés dans la forêt. Le trajet jusqu’au prochain village n’était que de 45min, mais il fallait descendre 400m… pas l’idéal dans un sentier mouillé (c’est beaucoup plus facile de monter quand il pleut).

Quelques minutes après avoir quitté Tadopani, le ciel nous est littéralement tombé sur la tête… un vrai déluge, au point de transformer le sentier en rivière. À peu près au même moment, on s’est rendu compte que nous n’étions pas seul dans la forêt… nos jambes étaient couvertes de sangsues.

Notre petite marche en forêt s’était donc transformée en course contre la montre afin de ne pas être dévoré tout rond par ces petites vermines. À chaque fois qu’on s’arrêtait pour en enlever 1, 3 autres s’accrochaient à nous. Avec la pluie qui ne faisait que s’intensifier, nous n’avions qu’une idée en tête; sortir de cette forêt infernale et trouver la première auberge…

Après 2 chutes dans la boue, un nombre incalculable de sacres prononcés et l’équivalent d’une colonie de sangsues enlevés de sur mes jambes (il y en avait toujours), nous sommes finalement sorti de la forêt pour tomber sur une auberge…

Avant même d’avoir vu le manager, visité les chambres et négocié le prix, tout le monde s’est empressé d’enlever ses souliers et ses vêtements pour enlever les sangsues restantes…

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Du groupe, Roark et Liselot s’en sont bien tirés, alors que moi et Julien avions les jambes en sang (surtout Julien).
Après coup, nous nous considérons très chanceux puisque nous étions près à arrêter à n’importe quelle auberge, en autant que ce soit la première sur le chemin après la forêt, et nous sommes tombé sur un très bel endroit.

Après maintenant 24 jours de trek à porter mon sac, tout est à une place bien précise et simplement en posant mon sac sur mon dos, je suis en mesure de savoir si c’est le bon poids et le cas échéant, si j’ai oublié quelque chose (ce qui n’est pas encore arrivé).

Bref, je suis réglé au quart de tour. Exception faite des quelques endroits où nous avons séjournés plus d’une nuit, à la minute ou j’arrive dans ma nouvelle chambre, je sors tout mon stock sur mon lit, je trouve un endroit pour faire sécher mon linge, je met mon chandail et mes short de « repos », je prend mon kit de purification pour me faire de l’eau, je sors mes appareils électronique pour les recharger et je descends dans la salle à manger (qui sert d’espace commun) pour commander mon souper.

En attendant qu’il soit près (environ 1h), je lis un livre ou je joue au carte avec les autres… selon l’humeur, je mange et avant d’aller me coucher je lis dans mon guide la parcours du lendemain…

Le matin, je me réveille, je déjeune, je monte dans ma chambre remballer mes affaires et je ferme la porte derrière moi, près pour de nouvelles découvertes…

Day 25 – Shoots and ladders / Serpents et échelles

Info trek;
– Chuile – 2300m
– Siprong – 1950m
– Gurjung – 2050m
– Chomrong – 2170m
– Tilche
– Bhanuwa – 2080m
– Sinuwa – 2340m

Trek de 15km aujourd’hui
Trek total; 368km

Description;
Par un beau ciel bleu, la matinée a commencé par une descente jusque dans le fond d’une magnifique vallée, faite de plantation en terrasse, au son des chutes environnantes…

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Une fois au fond de la vallée, il fallait faire quoi?!? Ceux qui ont dit « marcher bien relax le long de la rivière » peuvent baisser leur main. Je vous le donne en mille; il fallait remonter de l’autre coté… Eh oui, pas plus compliqué. Le jeu de serpents et échelles était donc de retour en force.

À notre départ ce matin, tout mon équipement était trempé de bord en bord; caleçon, bas, bottes, short et chandail… pas besoin de vous dire que ça été une joie de mettre tout cela. Eh bien, après moins d’une heure de marche, tout était sec. Cela n’a cependant pas duré très longtemps puisque l’humidité nous a fait suer comme des porcs par la suite.

Le temps de se faire dépasser par un petit groupe d’écoliers, composé principalement de fillettes de moins de 10ans, (mon égo a disparu à mesure que ma barbe poussait) nous étions en haut de l’autre coté.

Par la suite, c’était la routine; sentier en flanc de montagne alternant les montées et descentes, les très petits villages, les chutes, les petits villages, un pont tout sauf sécuritaire selon mes standards et une succession d’auberges avec des vues plus imprenables les unes que les autres. Si j’avais eu 1 semaine pour parcourir le trajet de ce matin, j’aurais passé 1 journée à chaque endroit.

Bien que le paysage d’aujourd’hui n’ait rien de très remarquable par rapport à ce que nous avons vu plus tôt dans le trek, le charme opérait toujours. J’étais littéralement rempli d’une joie de vivre en parcourant ce sentier… et non je n’étais pas complètement stone.

Après une ascension assez pénible d’environ 1 heure, nous avons pu apercevoir Chomrong au loin. « Ça mange quoi en hiver ste chose la », me demanderez-vous?!? Non ce n’est pas un met asiatique, non plus une espèce d’arbre, non, non et renon… C’est un village… le village marquant l’entrée dans le Sanctuaire de l’Annapurna.

Le circuit de l’Annapurna se terminait officiellement à Ghoropani et depuis, nous avons pris le raccourci qu’emprunte les trekkeurs ayant fait le Circuit et désirant continuer dans le Sanctuaire.

S’accaparant une montagne entière, le village de Chomrong est construit sur 2 versants (Est et Ouest) et de haut en bas… autant vous dire que les marches ne manquent pas… grrrr

Le village est à l’image d’un mini-wheat, dans la mesure où le versant Est de la montagne est très rural, étant parsemé de petites maisons et de plantations en terrasse. Pour sa part, le versant Ouest est la section « urbaine », avec la majeure partie des habitations et une tonne d’auberges. La situation est facilement explicable dans la mesure où le versant Ouest offre une vue imprenable sur les hautes montagnes du Sanctuaire par temps clair.

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C’est assez facile de comprendre qu’en haute saison, le Sanctuaire doit être un endroit couru par les trekkeurs et le village est un passage obligatoire pour entrer et sortir. Le village est tellement éparpillé dans la montagne qu’après 1h de marche, nous ne l’avions toujours pas quitté.

À partir de maintenant, le sentier que nous prenons jusqu’au Camp de Base de l’Annapurna, communément appelé ABC pour Annapurna Base Camp, sera la même route pour le retour.

Le temps de luncher, les nuages avaient recouvert l’ensemble du ciel et les hautes montagnes. Nous avons donc repris la route puisque rien ne laissait présager une averse… et puis BANG… au plus bas de la vallée, la pluie nous est tombée dessus et, comme si c’était arrangé avec le gars des vues, le brouillard s’est pointé à la vitesse grand V.

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Entretemps, nous avons localisé un bâtiment qui semblait être une auberge tout en haut de la montagne. C’était devenu notre objectif. La cabane que nous avions aperçu était en fait la première de 3 auberges qui formait le village de Sinuwa, notre stop improvisé pour la nuit.

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Le constat de moi et mes 3 compagnons est sans équivoque; le parcours est beaucoup plus éreintant depuis notre départ de Tatopani que durant le reste du Circuit.

Il y a bien sur la fatigue mentale et physique à considérer, mais le fait demeure que durant le Circuit, c’était soit des journées tout en monté ou tout en descente, pas des journées en montagnes russes, à descendre et monter des vallées constamment, comme c’est le cas présentement.

En bout de ligne, aujourd’hui on a officiellement monté 200m (entre notre village de départ et celui d’arrivé), mais officieusement c’est 600-800m, peut-être même 1000m, ce qui change la donne. Nous qui étions habitué de scorer des 25-30km par jour en haute altitude, on est maintenant réduit à faire des 15-20km en étant beaucoup plus fatigué.
Bref, tout cela pour dire que l’ennemi à abattre présentement prend la forme de foutus marches, alors qu’avant c’était l’altitude.

Day 26 – The Sanctuary / Le Sanctuaire

Info trek;
– Sinuwa – 2340m
– Khuldigarh – 2470m
– Bamboo – 2340m
– Dovan – 2580m
– Himalaya – 2900m
– Deurali – 3200m
– Machha Puchhre Base Camp – 3700m

Trek de 19km aujourd’hui
Trek total; 387km

Description;
C’est un parcours tout en serpents et échelles qui nous attendait encore une fois.

L’endroit faisait penser au film « Pan’s labyrinth »; toutes ces grosses racines à enjamber et un éclairage diffus au travers du couvert végétal très dense.

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Plus nous avancions et plus Dame Nature plaçait tranquillement mais surement ses pions (nuages) en vu de son spectacle « son et pluie » de mi-journée.

Les villages de Bamboo et Dovan ont défilés devant nos yeux sans capter notre attention, puis vint celui d’Himalaya.

Le prochain village en liste, Deurali (oui, oui, le même nom qu’un autre village il y a 2 jours…) était maintenant à 2h de marche.

Les escaliers avaient alors fait place à une forme beaucoup plus archaïque qui consistait en un tas de roches empilées n’importe comment au travers desquels tu devais te faufiler pour monter. Plaisir garanti pour les genoux…

Juste avant d’arriver à Deurali, nous avons traversé une zone d’avalanche (en hiver c’est dangereux, mais pas présentement). Le paysage était parsemé de très grosses pierres emportées par des avalanches à un moment ou à un autre en provenance du sommet de la montagne. En plus de ce terrain très accidenté, nous avons eu à passer 2-3 ponts de fortunes (en bois, pas très solide et pas fixé), d’un peu moins de 10m de porté, et qui passait par dessus des rapides tout sauf invitant. C’est assurément parmi les ponts les plus dangereux que nous ayons eu à traverser. Le brouillard, jumelé au paysage de roches et aux torrents violents me faisaient beaucoup penser à l’image que je me fais de l’Écosse.

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Le temps d’apercevoir Deurali à l’horizon que le brouillard nous enveloppait totalement, en plus de la pluie qui faisait son apparition. Cette fois, nous étions bien au chaud dans une auberge quand le gros de l’averse a commencé et Dieu sait qu’il en a plu un coup.

Le temps de casser la croute que Dame Nature avait fini son petit numéro; le brouillard s’était complètement dissipé, la pluie avait cessée et le bleu du ciel commençait à réapparaître. Bref, une fois reparti, le paysage avait changé du tout au tout et le feeling était tout simplement incroyable.

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Tout autour de nous, il y avait des montagnes plus vrais que vrai, d’un noir très sombre et aux arrêtes hyper tranchantes. Au travers de tout cela se trouvait une quantité incalculable de chutes, toutes plus impressionnantes les unes que les autres, qui se déversaient dans une rivière déchainée.

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Ce paysage, d’une beauté dangereuse, jumelé à une musique assourdissante (rivière) était à vous glacer le sang. Il suffisait de penser une seconde que toutes les immenses pierres qui se trouvaient au fond de la vallée avaient un jour ou l’autre été propulsé par une avalanche du haut d’une de ces montagnes.

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Le terme « Sanctuaire » prenait alors tout son sens. Nous ne pouvions que nous incliner… et sourire à pleines dents… devant le spectacle offert par une nature dans toute sa splendeur.

Encore une fois, quand on pensait avoir tout vu d’Annapurna, nous étions confondus… et notre timing était pile poil. Dame Nature, et sa soit disant mousson, allait devoir repenser sa stratégie afin de contrecarrer nos plans.

Pour reprendre les termes exacts de Julien « ça ressemble à la Norvège, mais en beaucoup plus impressionnant » (il a vécu 6 mois là-bas). D’un point de vue personnel, la section de sentier entre Deurali et MBC passe assurément par l’un des plus beaux endroits que j’ai pu voir dans Annapurna.

Alors que nous aurions volontiers continué à admirer le spectacle, notre destination pointait désormais à l’horizon; MBC (Machha Puchhre Base Camp) se trouvait sur le dessus d’une butte (bon, la butte était aussi grosse que le Mont Royal), au beau milieu d’un amphithéâtre formé par 5 ou 6 sommets. L’image donnait l’illusion des 5 doigts d’une main se refermant sur un caillou.

Fait intéressant; en discutant avec un guide, nous avons appris que les ânes (ou tout autre animaux servant à transporter des choses) ne sont pas permis dans le Sanctuaire. Déjà qu’il n’y a aucune route (voiture), tout doit passer par le sentier pédestre (parfois très difficile) et TOUT ce qui est dans le Sanctuaire (donc depuis Chomrong) a été transporté à bout de bras par des népalais (sur leur dos) à un moment où à un autre. On parle ici du bois et des autres matériaux qui ont été nécessaire pour construire chaque bâtiment, chaque accessoire à l’intérieur des bâtiments (lit, table, etc.), chaque aliment pour préparer la nourriture, etc. Il n’est donc pas surprenant de croiser des népalais transporter de lourde charge tout au long du parcours.

Day 27 – ABC, let it rain over me… / ABC sous la pluie…

Info trek;
– MBC – 3700m
– ABC – 4130m

Trek de 5km aujourd’hui
Trek total; 392km

Description;
Hier soir a été la première nuit depuis celle passé à High Camp où j’ai eu besoin de tous mes vêtements (tuque, 2 chandails, gants, short, pantalon, 2 paire de bas, etc.) en plus d’une couverture pour ne pas trop geler (parce que oui, je gelais malgré tout). Voila, je n’ai rien d’autre à dire sur le sujet héhé…

Passons donc au programme principal sans plus tarder…

Aujourd’hui est une journée qui se rapproche beaucoup d’une journée de congé. La journée se résume à se lever tôt afin de regarder le lever du soleil à MBC et ensuite monter jusqu’à ABC (Annapurna Base Camp) quelques 5km plus loin.

Bon, le lever de soleil sur les montagnes a été gâché par le brouillard et il a plu toute l’avant-midi. Voyant que les conditions ne s’amélioreraient probablement pas, nous avons décide de commencer l’ascension vers ABC. En un peu moins de 2h, c’était dans la poche.

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Bien que les hautes montagnes fussent cachées par le brouillard et malgré la fine pluie qui s’abattait sur nous, la promenade était intéressante. Nous étions dans un paysage similaire à la veille, un territoire parsemé de roches de toutes tailles provenant d’avalanches.

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On se croisait donc les doigts pour avoir de bonne condition le lendemain, afin d’avoir un lever de soleil digne de ce nom. Après tout, on pouvait difficilement se permettre de rester ici 1 jour de plus, puisque nos poches commençaient à être pas mal vide et qu’il nous restait encore au moins 2 autres jours de marche.

Avec cette journée ponctuée de pluie, jumelé avec les 3-4 derniers jours où nous avons été saucés au milieu de la journée, la mousson est définitivement arrivée. Les paysages en reste toutefois impressionnant et je nous considère très chanceux puisque tous les jours avant cela ont été tout simplement parfait sauf le jour de pluie à Tilicho.

Day 28 – Boot Camp

Info trek;
– ABC – 4130m
– MBC – 3700m
– Deurali – 3230m
– Himalaya – 2900m
– Dovan – 2580m
– Bamboo – 2340m
– Sinuwa -2340m
– Chomrong – 2170m

Trek de 27km aujourd’hui
Trek total; 419km

Description;
« Cold shower today » – Une phrase lancée par un népalais se foutant de ma gueule en me voyant marcher sous une pluie torrentielle… ne manquait plus que le savon.

Quand nous allons commencer à marcher aujourd’hui, cela fera officiellement 1 mois que nous marchons en montagne; 1 mois… WOW. Ce mois a passé en slow motion; chaaaaaque seconde, chaque pas, chaque respiration, je les ai ressenti et je m’en souviens… bon, je ne me souviens pas vraiment de chacune de mes respirations, mais bon… vous comprenez l’idée…

Nous quittons donc ABC ce matin avec l’intention d’aller jusqu’à Chomrong. C’est donc dire de nous taper le sentier du Sanctuaire au complet en 1 journée (nous avons fait l’allé en 3 jours…).

Comme je viens de le dire, nous empruntons le sentier que nous avons parcouru lors des 3 derniers jours. Donc, si vous voulez avoir une description du parcours que nous avons emprunté aujourd’hui, simplement lire le compte-rendu des jours précédents en commençant par la fin… parce qu’il est hors de question que je me tape un résumé de ce sentier une nouvelle fois héhé.

Cependant, contrairement aux derniers jours, ajoutez une très bonne dose de pluie TOUTE LA JOURNÉE.

En raison de la pluie intense, c’est le genre de journée très difficile sur le mental, puisque la randonnée prend des allures de leçon de danse. Il faut constamment être attentif à placer les pieds aux bons endroits sur/entre les roches mouillées, pour ne pas se péter la gueule, se casser une cheville, tomber en bas de la falaise… bref, vous comprenez l’idée.

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Comme le titre de la journée l’indique, la marche d’aujourd’hui s’est transformée en entrainement militaire… vous savez le genre d’entraînement où les instructeurs prennent plaisir à mettre les aspirants soldats dans des situations extrêmes…

Il y avait donc au menu… sangsues incluses;
– Des sections de sentier complètes étaient désormais des rivières,
– Les gentilles petites chutes, qu’il fallait traverser sur des roches à peine sortis de l’eau à l’allé, étaient devenu des torrents,
– Les sections de sentier parsemé de roches étaient devenues des patinoires,
– La grande majorité des escaliers s’étaient transformés en chute,
– Le reste du temps, nous marchions dans la boue,
– Finalement, ajoutez à cela que la pluie nous canardée de manière continu et à fort débit toute la journée,

Bref, quand l’expression « trempé jusqu’au os » prend tout son sens.

Le seul moment amusant de la journée fut que nous avons eu à dépasser un gigantesque troupeau de chèvres. Ce n’est pas compliqué, pendant au moins 15min, il y en avait partout. Bien qu’amusant, il fallait faire gaffe à leurs mouvements imprévisibles pour ne pas aller dire bonjour à la rivière beaucoup plus basse…

À partir à Sinuwa, on pouvait apercevoir notre destination finale Chomrong sur la colline voisine. Cependant, il ne fallait pas crier victoire trop vite puisque voir l’objectif ne signifie pas être arrivé à destination. Il fallait encore descendre jusqu’au fond de la vallée, traverser un pont et on serait arrivé.

Le mot « arrivé » après le pont est une demi-vérité. Oui, en passant le pont on est officiellement à Chomrong, mais pour ceux qui s’en rappellent, Chomrong est l’équivalent d’une montagne de la hauteur de Stoneham sur laquelle on aurait aménagée une ville de haut en bas. Il nous fallu donc environ 1h à partir du pont tout en bas pour atteindre les auberges qui se trouvent tout en haut de la colline.

En fait, je n’ai aucune idée de ce que peut pouvoir signifier Chomrong en français, mais si ça voulait dire « escalier jusqu’à l’infini » je n’en serais aucunement surpris.

Pas besoin de vous dire que la bière va être bonne ce soir…

Day 29 – « Black hole sun, won’t you come and wash away the rain »… but it will never show up… – Soundgarden

Info trek;
Sacrez moi la paix avec votre marchage, aujourd’hui je me repose…

Description;
Étant à 1 seule journée de marche de la civilisation, nous pouvons presque la sentir. Cependant, ça attendra encore une journée…

En nous réveillant ce matin, il tombait des cordes pour une 3ème journée d’affilée. Sans même avoir besoin de dire un mot, nous avons décidé de ne pas jouer au canard à la patte cassé encore une fois aujourd’hui. Nous allions plutôt prendre 1 journée de repos bien mérité.

Nous avons donc passé la journée autour de la table dans la salle à manger. Bien fenestré, l’endroit offre une vue à 280 degrés sur l’extérieur, nous permettant ainsi de voir tomber la pluie, voir apparaitre le brouillard, voir disparaitre le brouillard, voir la pluie s’arrêter… nahhhhh, ce dernier évènement ne s’est jamais produit et cet enfoiré de soleil est resté bien caché.

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On se donne donc rendez-vous demain pour la grande finale et ce, peu importe la température…

Depuis quelques temps déjà, mes compagnons se moquent de moi quand je dis certaines phrases. Ils ont donc développé un dictionnaire pour décortique chacune d’entre-elles;
– « I’m pretty sure (Je suis pas mal sur…) » veut donc dire que j’en ai aucune idée,
– « In the book it’s written (Dans le guide c’est écrit) » veut dire que j’en suis à mon dernier recours pour les convaincre,
– « I have no problem… (je n’ai aucun problème) » veut dire que l ‘idée ne m’enchsnte pas trop, mais puisque vous y tenez…

Day 30 – « There’s no easy way out, there’s no shortcut home » – Roger Tepper / Rocky III

Info trek;
– Chomrong – 2170m
– Jhinu – 1780m
– New Bridge – 1440m
– Kyumi – 1350m
– Syauli Bazar – 1170m
– Chimrong
– Birethanti – 1020m
– Naya Pul – 1070m

Trek de 20km aujourd’hui
Trek total; 439km

Description;

Let it rain over me… I don’t care now (je me fou éperdument que la pluie me tombe dessus maintenant) » – Moi

À notre réveil, nous avons eu l’agréable surprise de constater que la pluie avait diminuée de beaucoup par rapport à hier. Il pleuvait donc encore, mais c’était très léger.

C’était donc un départ…

Quelle sensation extraordinaire de remettre nos vêtements et accessoires (bottes, semelles, bas, short, chandail, tuque, gants) encore COMPLÈTEMENT trempés d’il y a 2 jours. En commençant la journée, j’avais donc 2 lacs à la place des pieds, sans même avoir quitté l’auberge et affronté la pluie. Ne vous y méprenez pas, ce n’est pas parce que j’ai négligé le séchage, tous mes compagnons sont dans la même situation que moi.

Encore une fois aujourd’hui, ce n’est pas tant la pluie qui dérange, c’est plutôt l’humidité étouffante qui vient avec. Nos vêtements sont donc mouillés de pluie à l’extérieur et complètement trempés de sueur à l’intérieur. Bref, une sensation extraordinaire…

L’image la plus marquante en ce début de journée revient à Roark. Comme je l’ai dit, nous étions déjà trempés de bord en bord avant même le départ. Avant de partir, Roark est donc allé laver ses souliers avec un boyau d’arrosage … avec ses bas… et ses pieds… DEDANS… sans aucune considération pour le fait ou non que de l’eau pourrait entrer dedans puisque c’était déjà 2 piscines. Cette image est simplement pour vous montrer notre état d’esprit en début de journée…

Concernant le trek d’aujourd’hui, rien pour écrire à sa mère… Nous avons commencé par terminer la montée de Chomrong, pour ensuite descendre toute la montagne de l’autre coté et suivre la rivière le long d’un sentier monotone jusqu’à Kyumi, petit village à la mi-parcours.

Comme le titre du compte-rendu d’aujourd’hui l’explique si bien, ce serait une erreur de penser avoir déjà terminé le trek avant de l’avoir véritablement terminé, sous prétexte qu’il nous reste une seule journée… Nous avons entre 20-25km à marcher aujourd’hui et ils ne se marcheront pas tout seul. Ce sera fini quand je retirerais mes bottes ce soir à l’auberge…

Le highlight de la journée fut de passer un groupe de 4 grosses vaches dans un petit sentier étroit en flanc de montagne juste avant Kyumi (pour vous dire comment la journée a été banale). Après avoir marché tranquillement pendant 10 minutes derrière elles, j’ai pris mon courage à 2 mains pour les dépasser du coté ravin… en priant qu’elles ne se tournent pas pour me donner un coup de corne qui m’enverrait à coup sur dans la rivière… (Vous êtes en mesure de lire cet épisode, donc tirez votre propre conclusion).

Nous allions donc finir notre trek comme nous l’avons commencée il y a 30 jours, c’est-à-dire sur une route de terre. À partir de Syauli Bazar, nous quittions définitivement les sentiers pour marcher le reste du chemin sur la route de terre empruntée par les jeeps. Cette fois, la poussière avait laissé sa place à une route boueuse, complètement défoncée par les derniers jours de pluie. Éviter les trous d’eau se révélait en dehors de mes capacités tellement le tout ressemblait à un champ de mine… en fait, tu évitais un trou d’eau pour simplement marcher dans le suivant… et de toute façon, on était trempé de bord en bord, on s’en foutait bien de marcher dans l’eau. Comme je prenais plaisir à le dire aux autres depuis quelques jours « we have the proof that our shoes are waterproof… the water stay inside (nous avons la preuve que nos souliers sont imperméables… l’eau reste à l’intérieur) ».

Pour tout dire, nous avons eu à passer 2 rivières (la route était COMPLÈTEMENT défoncée par la pluie) et nous sommes passés au travers sans même chercher une alternative au préalable. À certains moment, j’ai eu de l’eau jusqu’en haut des genoux, mais je m’en foutais (c’est vous dire à quel point la pluie et l’eau ne nous faisaient plus aucun effet).

Quelques instants plus tard, toujours sous une pluie batante, Naya Pul pointait à l’horizon.

Puisqu’il se faisait tard, nous avons alors pris la décision de passer la nuit à Naya Pul avant de prendre un bus le lendemain matin pour Pohkara (il était 6h et un bus/taxi pour Pohkara aurait pris au moins 2h et nous n’avions aucune intention d’arriver là-bas aussi tard (mauvais pour les négociations).

Après avoir eu toute les misères du monde à trouver une auberge (normalement c’est la première chose qui nous saute aux yeux en entrant dans un village), nous avons finalement trouvé chaussure à nos pieds. Vous auriez du voir le visage du manager de l’auberge quand nous lui avons demandé 2 chambres pour la nuit. Il avait l’air d’être pris complètement au dépourvu. En fait, je lui aurais appris que son fils était mort d’un accident de moto et il aurait eu l’air plus heureux.

Après s’être promené un peu en ville, j’ai compris sa réaction. Cette ville n’a aucun charme. En fait, je vais lui faire l’insulte extrême… elle me fait beaucoup plus penser à l’Inde qu’au Népal; c’est sale et pollué à l’extrême.

Je comprends donc la majorité des touristes de prendre tout de suite prendre un bus ou un taxi pour Pohkara sans s’éterniser ici.

Moi, Julien, Roark et Liselot étions donc à enlever, de peine et de misère, notre linge complètement détrempé dans le corridor défraichi de notre auberge miteuse de Naya Pul. Tous les 4 silencieux, on ne pouvait croire qu’une si belle aventure puisse finir de cette façon… et pourtant, c’est bel et bien la fin.

Nous prenons donc un bus dès demain matin pour Pohkara… mais bon, tout cela c’est pour un prochain épisode… oui oui, ça finit en queue de poisson comme ça…

This is the END…

Avec ce trek, je suis allé bien au-delà de toute mes attentes; 30 JOURS – 415km

C’est difficile à croire, mais entièrement vrai. Ce trek est bien plus qu’une simple randonnée, c’est une expérience de vie, l’expérience de ma vie jusqu’à maintenant.

À chaque jour, chaque instant où j’ai arpenté le sentier, j’ai été émerveillé et ré-émerveillé par le paysage qui m’entourait. Quand je pensais avoir vu tout ce qu’Annapurna avait à m’offrir, j’avais le souffle coupé au détour du virage suivant.

Au final, nous avons eu 23 magnifiques journées, 4 journées de pluie intermittente et 3 journées de pluie battante. C’est un excellent bilan compte tenu du fait que nous avons fait notre trek en début de mousson. Je vais cependant revenir faire le sanctuaire un jour pour l’apprécier à sa juste valeur.

Annapurna fut aussi un lieu d’expérimentation; voici ce qui arrive si je laisse pousser ma barbe sans jamais la couper durant 7 semaines (j’avais commencé au Sri Lanka). Gardez bien cette image en mémoire puisque c’est la première et dernière fois que vous allez me voir dans cet état… Au moment d’écrire ces lignes, je suis en direction du salon de coiffure pour faire vous savez quoi…

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Pourquoi la couper?!?

Depuis 3 semaines, quand je dis que je suis architecte et que j’ai 28 ans, les gens me regardent d’un air perplexe… On m’a donné 36 et 41ans à un certains moment. Donc, si je veux à nouveau avoir une vie sociale (autre que des vieux/vieilles hippies), je n’ai pas d’autre choix… Héhé

GUIDE DE SURVIE
Démystifions les « mythes » entourant un trek dans l’Annapurna;

– Il y a des auberges à tous les 2-3h, donc pas besoin d’apporter de la nourriture/trucs de camping,
– Au mois de mai/juin, pas besoin de sleeping bag, tous les hôtels offrent des couvertes et même parfois plus d’une par client,
– Buvez beaucoup d’eau. À ce sujet, il vous faut un système quelconque pour purifier l’eau – pastille, iode, lightstick, etc.,
– Dépassé 3000m d’altitude, montez tranquillement afin d’éviter toute complication. Moi et mes compagnons n’avons jamais pris de Diamox. Nous avons tous eu des maux de tête, maux de ventre ou étourdissement à un moment où à un autre, mais de manière très superficielle et sur une très courte période. Le truc est de monter lentement et de prendre du repos si vous ne vous sentez vraiment pas bien. À Manang, j’ai personnellement eu presque tous les symptômes du mal de l’altitude, mais après 1 journée de repos, j’allais beaucoup mieux.
– Plus vous montez en altitude et plus ça devient cher (bouffe, etc.). Même si vous aller rarement dépenser ce montant, prévoyez 2000rs par jour. Vous êtes mieux d’en avoir plus que moins puisqu’il n’y a pas de guichet ATM outre à Besisahar (tout début du parcours), Jomsom (vers la fin du parcours) et à Pohkara et Katmandou (une fois terminé le parcours),
– Pas besoin de guide, encore moins de sherpa (porteur). Le sentier est extrêmement bien balisé, assez linéaire et c’est très difficile de se perdre. J’ai vu beaucoup de trekkeurs (Mateo, Alvar, etc.) commencer le circuit en solo. Il est ensuite hyper facile de rencontrer d’autres randonneurs et partager leur route. Cependant, je ne recommande pas d’aller plus loin que Manang en solo puisque les risques de maladie de reliée à l’altitude et autre danger sont important,
– Il y a 2 choses avez lequels vous devez être très confortable avant le début du trek; vos bottes et votre sac à dos (son poids et le sac à dos en tant que tel),
– Quand il pleut et que vous marchez en forêt, faites gaffe au petites sangsues népalaises. En moins de temps qu’il en faut pour dire « I love India, but I hate indians », vos jambes seront recouvertes de vos nouveaux amis…

TRÈS UTILE
Avant de faire mon trek, je me suis procuré un guide (livre) sur l’Annapurna; Annapurna; Trekking Map and Complete Guide Third Edition – Partha S. Banerjee (Auteur) – Milestone Himalayan Series (Éditeur)

Ce livre contient TOUT ce que vous devez savoir à propos du Circuit de l’Annapurna et du Sanctuaire de l’Annapurna. Il propose des cartes très détaillées, une description de chaque ville et village sur le chemin, les meilleurs auberges/restaurants à chacun de ces endroits, l’histoire des lieux et des différents peuples rencontrés, toutes les routes alternatives ou trek d’un jour possibles le long du parcours et beaucoup plus encore.

Pour dire vrai, j’étais le seul à avoir ce guide et avant la fin, tout le monde me l’empruntait. Plusieurs guides (népalais) ont été surpris qu’un néophyte de l’Annapurna, marchant avoir de guide, en connaissance autant sur les sentiers/villages à venir…

C’est le meilleur 1000rs que vous pouvez investir si vous aller faire l’Annapurna. Il vous fera éviter bien des tracas et vous n’aurez pas besoin d’une grande carte encombrante.

IMPORTANT

Bien qu’il soit possible de faire le Circuit de l’Annapurna dans les 2 sens (Besisahar à Ghorepani comme nous avons fait ou le contraire), en aucun temps, je dis bien aucun temps, je conseille à une personne saine d’esprit de faire le circuit dans le sens inverse. Pourquoi?!? Vous aller vouloir mourir le jour où vous aurez à faire Muktinath (à 3800m) et Thorung Phedi (à 4800m) en passant par la Thorung La Pass (à 5400m). Il n’y a AUCUN auberge/restaurant entre Muktinath et High Camp, vous devez donc faire le parcours d’une shot.

Si vous vous reconnaissez dans la plupart des affirmations suivantes, vous êtes probablement près pour l’Annapurna;
– Pour vous une salle de bain peut se résumer à un trou dans le plancher
– Dans le même ordre d’idée, le papier de toilette n’est pas fourni, alors si vous n’avez pas le votre… je vous laisse imaginer le reste. Indice, il est impoli et impropre d’utiliser la main gauche pour manger…
– Vous n’avez aucun problème à dormir tout habillé et à porter les mêmes vêtements pour 1 semaine et +,
– Pour vous, une douche est un concept obscur qui relève plus du rêve que de la réalité,
– Vous acceptez de devenir un hippie, l’instant de 1 mois, même si vous n’aimez pas les hippies,
– Vous être près à mettre de coté une bonne partie de votre intimité,
– Vous acceptez que vous êtes dans un environnement à risque et, bien que vous soyez la personne la plus prudente au monde, un évènement hors de votre contrôle (avalanche, mauvais conducteur, éboulement, etc.) pourrait vous blesser gravement et même pire,
– Vous pouvez vous passer d’internet, de la télévision et de votre cellulaire,
– Vous aimez jouer aux cartes et/ou au échec et/ou lire des livres,
– Vous aimez vous lever/coucher en même temps que le soleil,
– Pour vous, une chambre peut se résumer en une pièce pas du tout isolée (froid) et insonorisée (le silence, connait pas),
– Vous aimez les animaux, mais après un certain temps, il y a de grande chance que vous vouliez tuer un chien sauvage qui vous empêche de dormir avec ses hurlements,
– Vous n’avez pas peur de marcher dans la merde (sens propre du mot… euh… sale je veux dire),
– Vous aimez marcher toute la journée sans trop savoir quand/où vous allez vous arrêter,
– Marcher 10km dans une journée représente une journée de vacance,
– Malgré toute la préparation possible que vous allez faire avant le trek, vous acceptez d’être complètement dépassé par les effets de l’altitude,
– Vous êtes près à aller au bout de vos limites et même bien au-delà,
– Vous êtes en quête de défi et vous voulez vivre une expérience exceptionnelle,
– Vous n’avez aucune idée de ce que veulent dire les mots « Momo », « Dal Bhat » et « Gurung/Tibetan bread », mais vous brulez désormais d’envi de le savoir,
– etc.

TOP 5
Après avoir passé mon trek à dire « c’est le plus bel endroit où je suis allé dans ma vie », il est maintenant temps de dresser les palmarès de l’Annapurna;

Top 5 – Endroits/vues magiques;
– Lever de soleil à Timang
– Lever de soleil à l’auberge Blue Sheep (situé juste après Shree Kharka sur le chemin de Tilicho lake)
– Tilicho lake
– Sentier menant à Ice lake
– Sentier Upper trail de Upper Pisang à Manang

Top 5 – Village qui valent la peine de s’y attarder;
– Kenjo (rural, loin de tout le flafla touristique, super panorama)
– Marpha (propre, tranquille et belle architecture)
– Kagbeni (véritable oasis dans le désert)
– Bahundanda (aller faire un tour à l’école en matinée et apporter des livres si possible)
– Ngawal (calme, belle architecture de pierre, superbe vue sur Annapurna)

Top 5 – Village à éviter (ne pas y coucher… si possible)
– Besisahar (passage quasi obligé)
– Chame (gros village sans aucun charme)
– Tilicho Base Camp (pas vraiment le choix si vous allez à Tilicho lake)
– Jomsom (continuez 1 village plus loin à Marpha)
– Sinuwa (arrêtez à Chomrong juste avant ou continuez jusqu’à Bamboo)

TO ALL MY ANNAPURNA FRIENDS

I would like to thank all the friends I met along this Annapurna trek. We shared joy, deception, laugh… we saw the pain and discouragement in each other faces… we heard burp, snore and fart (I don’t know who did that…)… we played several card games… for all those moments we saw someone drop his backpack in the middle of nowhere and run for his life with toilet paper… for every joint you rolled… and a lot more… THANK YOU ALL!

Like Duracell, we ‘’keep on going, and going… and going’’.

Mateo – Suisse
Day 3 @ 18

mateo

Alvar – Spain
Day 8 @ 18

alvar

Julien – France
Day 12 @ 30

julien

Dan – England (left/gauche) / Liselot – Belgique (left center/centre gauche)
Day 12 @ 22 / Day 12 + 18 @ 30

dan et liselot

And all the others; Alex, Diana, Pearl, Alejandro, Barbara, Alenka, Makea, Dror, etc.

Finally, a special THANK YOU to my buddy Roark, who did the whole trek with me. When I met you more than 2 months ago in South India, you came to me because I was wounded (bike accident 3 days before). We then travelled 6 days together. At the end, I told you about this crazy idea of doing a trek in Nepal a month from there. Without having the time to say ‘’I love India, but I hate Indians’’, you told me « I’m IN ».

We did it man… It’s impossible for me to imagine this trek without you. I figure it wasn’t always easy to be with me 24/7 for more than a month, so thank you bro…

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Writer/Écriture; Nicolas Paré
Pictures/Photos – Nicolas Paré with special contribution from Roark Brewster and Liselot Devos

Épisode 14 – En direct du sommet du monde

L’expression « sommet du monde » est souvent employée pour désigner le Népal.

Depuis le temps que je rêve d’y poser les pieds, je peux enfin savourer le moment. En fait, j’en rêve depuis la première fois que j’ai vu le film « 7 ans au Tibet », mettant en vedette Brad Pitt. Je ne suis pas au Tibet présentement, mais c’est tout comme pour l’enfant en moi… et ce n’est pas dit que je n’irais pas au Tibet aussi (à suivre).

Commençons par le commencement…

À la fin de mon dernier épisode, j’étais assis dans un McDo à Colombo avec encore 4 heures à attendre avant d’avoir le verdict si j’avais ou non un nouveau visa indien.

J’ai donc passé ces 4 belles heures à savourer mon smoothi jusqu’à la dernière goutte. J’ai ensuite entrepris de mâcher ma paille… Bon, c’est pas que cela m’ennuis de vous compter mes histoires de machage de paille, mais si vous le voulez bien, passons outre (pour ceux qui voudrais savoir la couleur de la paille, vous n’avez qu’à m’écrire en privé).

Je me suis donc dirigé vers le centre des visas indiens pour 4 heures, l’heure à laquelle ont m’avait dit qu’ils commençaient à donner les documents. Arrivé là-bas, j’ai appris que ce n’était pas à 4h, mais bien à 5h30. J’ai donc attendu comme un con dans une salle d’attente qui ferait probablement rougir de honte tout peintre, qu’il soit amateur ou professionnel.

Tic-Tac – 4:35

Tic-Tac – 4:42

Tiiiiiic-Tac – 4:58 et 32 secondes

Tac-Tic – 4:32 (j’avais par moment l’impression que le temps reculait)

Tic-Tac – 5:14

Tic-Tac – 5:27… 5:28… 5:29… 5:29 et 45 secondes… 5:30 – rien ne se passe

5:42 – finalement j’entend « mister Nicolas ». Je sors de l’état végétatif dans lequel j’étais tombé 1 heure plus tôt en bondissant de mon siège. La fille me tend alors une enveloppe cachetée contenant mon passeport.

C’est maintenant le moment fatidique, est-ce qu’il y a un visa dans mon passeport ou non?!? La première page est vierge, la seconde aussi et puis BANG; nouveau visa indien valide jusqu’à la fin novembre.

La joie que j’ai ressenti à ce moment est l’un des meilleurs feeling que j’ai pu avoir dans ma vie. Ce petit bout de papier avec ma photo dessus mettait fin à 3 semaines d’angoisse. J’avais donc un passeport, un visa indien et mes blessures étaient guéris. Que demander de plus sinon de retourner à Negombo (où je résidais), à 6 heure du soir en plein heure de pointe dans un bus complètement bondé et sans lumière. Si ça ce n’est pas le paradis, eh bien éclairez-moi quelqu’un.

Le lendemain après-midi, je me présentais donc à l’aéroport de Colombo.

Cet aéroport est un spécimen rare en son genre. Je me risquerais même à dire unique et cela vaut la peine de s’y attarder un peu. Tout d’abord, à la minute où vous entrez à l’intérieur du bâtiment, un étrange sentiment de « mais où je dois aller dont » vous habite du début à la fin. La raison est bien simple; bien qu’intuitif et logique, chaque étape que vous devez franchir est très peu ou pas du tout indiquée.

C’est aussi très bizarre dans la mesure ou les étapes habituelles ne sont pas toutes là, ou pas nécessairement dans l’ordre habituel.

En entrant dans l’aéroport, j’ai subit une fouille très légère de moi et mes sacs. Une fouille du genre on tapoche un peu et on ouvre 1 zipper puis on pose 2-3 questions du genre;

Agent – Ça va?
Moi – Oui

Agent -De quel pays tu viens?
Moi – Canada

Agent – Rien de spécial à signaler?
Moi – Non… et si j’avais quelque chose à signaler, je te le dirais pas anyway, c’est ta job de le trouver (le dernier bout en français).

Agent – Quoi?!?
Moi – Non rien

Agent – Bon ben merci d’être venu au Sri Lanka!
Moi – De rien…

Ensuite, tu dois encore passer par une fouille à peine plus sérieuse avant d’aller à l’enregistrement.

Puis, sorti de nul part, tu dois te diriger vers un comptoir identique au comptoir de douane que l’on retrouve… en entrant dans un pays (pas en sortant chose bine). À partir de là, tu es dans le terminal.

Phénomène assez particulier, le gros du terminal est un loooong corridor linéaire avec plein de salles d’embarquement fermés. C’est un peu stupide puisqu’à la minute où les gens entrent dans la salle d’attente de leur porte, ils ne peuvent plus sortir pour aller au toilette, etc. Résultat, la plupart des gens restent dans le corridor, comprenant peu de sièges, jusqu’à la dernière minute.

J’ai aussi eu le plaisir de découvrir que tout ce qui se vend à l’intérieur de l’aéroport est en dollar américain et au prix américain. J’aurais donc dû débourser l’équivalent d’une demi journée de voyage pour un sprite et un frite (le moins cher). Le plus drôle dans tout cela c’est que j’étais constamment à demander combien ça coute en roupie puisque mon cerveau ne réussit plus à analyser les prix en dollar américain (je me fais tu fourrer ou pas?!?).

Quand viens le temps de pénétrer la salle d’embarquement correspondant à ta porte, tu dois passer par quoi? Une autre fouille. Tu attends ensuite dans cette salle pendant 30-45 minutes pour qu’enfin ils procèdent à l’embarquement.

« Flight AI 274 is now boarding (l’embarquement du le vol AI 274 est maintenant commencé) ». Ohhh yesss, je quitte enfin cette île. Moi qui commençais à croire que ça n’arriverais jamais. Mon voyage au Sri Lanka est comme une relation dont la flamme s’était éteinte depuis un bon moment, mais dont on a attendu trop longtemps pour tirer la plug. Comprenez-moi bien, j’ai ADORÉ ce pays, mais pour des raisons n’ayant aucun rapport avec lui, j’ai fini par le détester et vouloir foutre mon camp au plus cr&ss.

Pour finir le tout en beauté, dans le long couloir menant à l’avion, une autre fouille nous attendait.

Cela faisait donc 4 fouilles que je subissais depuis mon entrée dans l’aéroport. Du nombre, aucune n’était vraiment sérieuse. Tellement qu’avoir été un peu fantaste, je me serais essayé pour entrer avec mon couteau dans l’avion je suis pas mal sur que ca aurait marché (sans joke). Ils ont passé au rayon x mes bagages, mais j’ai pu passer dans la porte bip bip avec mon cellulaire et ils n’ont fait qu’un tapochage pour dire qu’ils avaient fait leur job et qu’ils m ‘avaient fouillé… sans regarder ce que j’avais dans les mains. Mon cellulaire aurait très bien pu être mon couteau.

Je ne suis pas sur, mais j’ai la forte impression qu’ils n’ont pas lu le manuel d’instruction concernant « à quoi sert une machine à rayon X pour les bagages »; tu mets les bagages dans la machine, tu regardes sur ton petit écran si tu vois pas quelque chose de dangereux (tu me demandes d’ouvrir mon sac le cas échéant ou tu me laisses passer).

Tout cela pour dire que j’aimerais beaucoup parler au grand champion qui a pensé à faire cet aéroport; regarde chose, tu me fouilles 1 fois de long en large, de haut en bas et de l’extérieur à l’intérieur si il le faut, mais ensuite, tu me fous la paix.

Rendons cependant à César ce qui lui revient, c’est un aéroport très zen, dans la mesure où je me sentais hyper relax tout le long. C’est pas compliqué, j’avais l’impression qu’ils mettaient du chloroforme dans l’air puisque personne ne parlait fort ou ne s’énervait, tout le monde était calme et somnolent. Plus sérieusement, je crois que le bon mélange d’éclairage naturel et artificiel et le choix des matériaux et couleurs font toute la différence. Donc, très bonne note au niveau de l’ambiance, mais tout le contraire en ce qui concerne la sécurité.

Une fois entré dans l’avion et assis à mon siège, il y avait quelque chose qui clochait. Tout était tranquille, trop tranquille… beaucoup trop tranquille pour un avion remplis à moitié d’indiens. Mon mauvais feeling s’est confirmé 5 minutes avant le décolage; c’est devenu un capharnaüm total, une vraie classe de primaire/secondaire quand tu apprends que tu vas avoir une remplaçante. Bref, les indiens comme je les connaissais.

Je retournais donc en Inde l’instant de 2 transits en direction du Népal; Chennai et Delhi (frisson dans le dos… c’est probablement les 2 endroits que j’ai le plus détestés depuis le début de mon voyage).

Au final, dans un pays où l’éléphant est roi (l’emblème du pays) et ou on est sensé en croiser partout, j’en aurait croisé 2… C’est à dire moins que mon premier jour au centre-ville de Delhi. Bon, il faut dire que je n’ai fait aucun effort en ce sens (j’ai évité les parcs nationaux), mais je n’avais fait aucun effort non plus en Inde et j’en ai vu à la pocheté.

Vol sans histoire de Colombo à Chennai

À mon arrivé à Chennai, j’ai enfin compris une chose; j’ai la pouasse et elle est contagieuse.

À Colombo, j’avais reçu mes 3 billets d’avion (mes 3 vols, donc 2 transit, pour aller à Katmandou, avec la même compagnie aérienne… Air India pour ne pas la nommer) et on m’avait dit que je n’aurais pas à récupérer mon bagage qui va en soute à chaque endroit, qu’il allait aller directement à ma destination finale.

Pour vous cher lecteur qui avez déjà fait un transit, vous vous direz surement dans votre fort intérieur; « voyons Nik, c’est normal… arrête de nous prendre pour des caves ». Effectivement, on a pas à sortir, passer par les douanes, aller chercher son bagage, sortir de l’aéroport, réentrer dans l’aéroport, aller au kiosque d’enregistrement, passer par les douanes et finalement se retrouver dans le terminal à chaque fois. C’est entièrement logique, et c’est ce que tout le monde a toujours fait lors d’un transit depuis le début de l’aviation commerciale.

Bon, j ‘ai dit depuis le « début de l’aviation », mais probablement que c’était pas comme ça au début et que le premier qui a eu à sortir de l’aéroport lors d’un transit s’est dit; « ta peu là, et si… (éclair de génie) ». C’est ainsi que le petit corridor de « transit », juste avant de passer aux douanes et sortir dehors, a été créé entre la section Arrivé et Départ de l’aéroport.

Pourquoi je vous dit tout cela. Eh ben, croyez le ou non, à notre descente de l’avion (il faut savoir qu’à l’arrivé à Chennai, on descend de l’avion sur la piste et un bus vient nous collecter) un petit bonhomme (gros… en fait je crois qu’il n’avait pas l’habitude de se lever de derrière son bureau. Il devait sortir juste en situation d’extrême nécessité…) avec un veston « Air Indian » nous attendait pour nous dire que tous ceux qui avaient un transit devaient faire comme le premier colon (dans le sens de découvreur) de l’aviation puisque pendant l’heure et demi que j’ai passé dans les air entre Colombo et Chennai (mon 1er vol), le système électronique de Air India a planté. Résultat, tous ceux pour qui Chennai était un simple transit on du aller chercher leur bagage, sortir de l’aéroport, passer à nouveau au comptoir d’enregistrement, se taper les douanes et finalement atteindre le terminal (le couloir transit aurait pris maximum 30 secondes).

Le hic, c’est que mon vol pour Delhi partait un peu moins de 2.5 heures après mon arrivé a Chennai et que l’aéroport était bondée. Pas besoin de vous dire que j’avais la patate qui pompait. Heureusement, tout s’est bien passé et j’ai pu prendre mon vol sans problème. C’est cependant des sueurs froides que je me serais bien passé… En plus de l’espace perdu que prend les 2 étampes (entré Inde, départ Inde) dans mon passeport.

Ce que je vais dire là est sérieux. Des fois je me dis que peut-être, je dis bien peut-être, quelqu’un en haut en sait plus que moi à propos de mon avenir (peut-être qu’une chose vraiment, mais vraiment mauvaise s’en vient) et qu’il tente par tous les moyens de m’avertir et de me dissuader de continuer mon voyage pour que je rentre à la maison.

Eille chose, oui je m’adresse à toi en haut, un texto ce serait beaucoup plus simple. Tu sais, si je recevais un texto qui me disait de stopper tout de suite mon voyage parce qu’un grand danger me guette, mais qu’il ne pouvait en dire plus sans risquer de chambouler l’espace temps (bon, j’ai peut-être trop écouté Retour vers le Futur)… Oui, si je recevais ce genre de texto sur mon cellulaire qui est toujours en mode avion et qui n’a plus aucun distributeur (je suis donc dans l’impossibilité de faire/recevoir un appel/texto)… peut-être, je dis bien peut-être, je prendrais l’avertissement au sérieux. Le gars en haut doit s’arracher les cheveux (je présume qu’il en a toujours) à essayer de trouver un moyen de m’arrêter. Après tout, trouvez moi quelqu’un qui a eu un accident de scooter, subit un vol de portefeuille/passeport, vu son visa indien (qu’il avait besoin) non renouvelé et subit un shut down de l’électronique d’une compagnie aérienne dans un voyage de 2.5 mois. Trouvez moi un voyageur qui a subit tout cela et qui n’a pas craqué et pris le premier vol pour rentrer chez lui la queue entre les 2 jambes (justement, en terme de chose bizarre, cet expression m’a toujours fait rire, mais bon, n’élaborons pas trop il y a peut-être des mineurs à l’écoute).

Bon… le délire s’arrête là… pour l’instant (comment écrire plus de 1000mots sur du vent).

Vol de Chennai à Delhi

Encore et toujours, au moment où le pilote met les gaz et que l’avion prend de la vitesse pour finalement quitter le sol… Ce moment là, ces 15-30 secondes, je les vivrais encore et encore et encore. Il n’y a pas grand chose sur cette Terre qui m’accroche un sourire fendu jusqu’au oreille aussi facilement et à tout coup. Cependant, c’est juste pour les décollages, on repassera pour les atterrissages (j’ai peut-être été un terroriste dans une autre vie?!?).

Lors de ce vol, j’ai eu toute une frousse. Au moment de m’assoir dans l’avion, je n’avais plus mon petit portefeuille contenant ma carte de débit, un peu de monnaie et qui se trouve TOUJOURS dans la poche qui zip (le zipper était ouvert) de ma paire de short que je porte 90% du temps. J’étais complètement en panique. Tellement que l’hôtesse de l’air a senti le besoin de venir me rassurer à propos du vol… que tout irait bien.

Yo mistress… j’en ai rien à cirer qu’on se crash dans 30 minutes, j’ai perdu mon portefeuille… Encore. Un peu après le décollage, alors que j’avais fait mon deuil, j’ai décidé d’ouvrir mon sac qui se trouvait dans le compartiment au-dessus de moi. Je ne mets jamais mon portefeuille là et je n’ai aucun souvenir de l’avoir mis là, mais bon… Quel ne fut pas mon soulagement de le trouver qui me souriait comme en voulant me dire; « ça t’apprendra de me mettre dans ce sac puant ».

C’est donc un retour où tout a commencé: Delhi (mon pire cauchemar).

Disons simplement que le terminal de l’aéroport n’a rien à voir avec la ville. Je pourrais vivre dans ce terminal sans problème. Il est Gi Gan Tesque et à la fine pointe de la technologie. Il y a même un hôtel dans le terminal. Le terminal est tellement grand que je ne suis assurément pas le seul canadien dans la cabane et je ne parirais pas grand chose sur le fait que je sois le seul québécois.

Avec 7 heures à tuer avant mon 3ème et dernier vol pour Katmandou, j’ai tout d’abord fait du lèche-vitrine pour enfin trouver LE livre que je voulais lire (cela fait plus de 1 mois que je veux m’acheter un livre de poche. Le premier élu sera « 20 000 lieux sous les mers » de Jules Verne. Il vaut mieux lire ce classique tard que jamais.

J’ai ensuite eu l’idée d’aller me coucher… par terre… à ma porte d’embarquement, pour découvrir avec la plus grande joie qu’il y avait un embarquement 1 heure plus tard. Je me suis donc réveillé dans un capharnaüm et entouré de personnes qui me regardaient comme si j’étais un extraterrestre. J’ai donc commencé la recherche d’une porte inoccupée pour un très long moment afin d’y élire domicile, ce que je fit. Vous auriez du voir l’amanchure… pas trop chic, d’un confort discutable, mais très sécuritaire pour mon sac allant en cabine.

« Flight 214 with Air India to Kathmandu is now bording (nous procédons maintenant à l’embarquement du vol 214 en direction de Katmandou) ». Ohhh yesss, cette phrase a résonné comme une douce mélodie à mes oreilles. Bon… ça m’a réveillé en sursaut à 6h30 du matin, mais c’est quand même mieux que de me faire réveiller par des chiens ou un minaret.

Nepal here I come

Du moment où je suis sorti de l’aéroport, j’ai ADORÉ Katmandou. Bien sur, il y avait les éternels chauffeurs de taxi qui voulaient me convaincre d’aller à leur guesthouse, mais ils n’étaient aucunement insistants comme en Inde. Ils le faisaient d’une manière amicale et j’avais l’impression qu’ils voulaient sincèrement nous aider avant tout. Pour tout vous dire, j’ai tellement aimé le chauffeur que j’ai demandé son numéro de téléphone au cas où j’aurais besoin d’un taxi.

C’est aussi à ce moment que j’ai rencontré Yekaterina (russe immigrée aux États-Unis). Nous avons décidé de partager un taxi jusqu’à un hôtel, où j’avais déjà pris contact, en plein coeur du quartier touristique de la ville; le Thamel District.

À ce sujet, si vous avez à prendre un taxi de l’aéroport, ne prenez pas un taxi au comptoir prépayé. Normalement c’est moins cher que d’aller discuter avec les chauffeurs, mais ici, vous allez avoir un meilleur prix en parlant directement au chauffeurs.

Bon, là je suis en train de vous dire que c’est super à Katmandou et que vous aller A D O R E R à votre arrivé ici, mais pour ceux qui viendraient ici directement depuis l’occident, sans avoir déjà été en Asie, ce sera assurément un choc. C’est en fait à partir de maintenant, et pour le reste de mon voyage, que mon expérience de 1 mois et demi en Inde va payer; après avoir vu et vécu le « pire », tout semble maintenant facile.

Concernant le quartier Thamel, eh bien si vous venez à Katmandou un jour, c’est le quartier où rester. Il y a beaucoup de guesthouses (pour tous les budgets) et c’est remplit à craquer de boutiques de plein air. Pour vous imaginer le tout, prenez un magasin M.E.C. (Mountain Equipment Coop) et transformez le en une très longue rue, voir un quartier, et vous aurez une image de ce à quoi ressemble le Thamel District

Autant depuis le début du voyage, les choses que j’ai achetés autres que de la nourriture et les magasins où je suis entrés outres les restaurants se comptaient sur les doigts d’une main, je me suis littéralement transformé en une jeune fille entrant dans un centre d’achat avec la carte de crédit de son père. Je voulais entrer dans toutes les boutiques et il fallait que je me batte avec moi même pour en sortir sans rien acheter.

C’est pas compliqué, Katmandou est le paradis pour moi. Les rues sont « tranquilles » et beaucoup de népalais savent ce qu’est le sarcasme et l’utilise à bon essient (contrairement à leurs voisins indiens ou chaque mot que tu prononces est prit au pied de la lettre). En plus, le gérant de notre hôtel est assurément mon « locaux » (le terme n’est aucunement diminutif, c’est simplement pour parler des habitants des pays où je vais) préféré depuis le début du voyage. Il a vécu 3 ans en France, parle très bien français et anglais, est plus que serviable et comprend/manie très bien le sarcasme. C’est donc très intéressant de parler avec lui.

En marchant du Thamel District au Durban Square (un carrefour historique de la ville), je me serait cru quelques siècles en arrière. La plupart des bâtiments sont d’époque (c’est facile à remarquer, ils sont tout croches et les portes et fenêtres sont hyper petites… même pour un népalais d’aujourd’hui).

En fait, l’illusion aurait été parfaite n’eut été des nombreux scooters et des gens parlant au cellulaire. Mais bon, si Ben Hur a droit de porter une montre lors d’une course de chevaux dans la Rome Antique, j’ai aussi droit à mes anachronismes.

Sinon, vous voulez savoir comment entrer dans un site touristique, en occurence le Durbar Square (section de la ville où les touristes doivent généralement payer pour entrer) de Katmandou, sans payer? D’une part, vous vous approchez de la billetterie, vous restez là assez longtemps pour que le garde croit que vous avez acheté un billet et ensuite vous vous promenez sur le site as usual.

Fait intéressant à savoir, il y a un Durbar Square dans presque chaque ville au Népal et à chaque fois, c’est pas mal à ne pas manquer. Outre le palais, qui jure un peu vu sa modernité, il est facile de voir que les autres bâtiments et temples du square ont beaucoup de vécus.

Concernant Katmandou, le meilleur conseil que je puisse vous donner est de vous perdre dans les rues. J’ai passé ma 1ère journée à marcher, marcher et marcher et le feeling est tout simplement indescriptible. Je ne sais pas qu’est-ce qui rend le tout spécial, peut-être parce que tu n’es pas constamment sous pression d’acheter quelque chose, surement parce que la plupart des bâtiments son très vieux (comme dans très très très vieux) et définitivement parce que j’ai l’impression que les gens vivent de la même manière qu’il y a des siècles.

Pour ce faire, vous avez une seule chose à ne pas oublier; votre sens de l’orientation.

Bref, déjà que je suis épaté par Katmandou, je n’ose pas imaginer le reste du pays puisque je n’avais aucune attente envers cette ville.

Fait assez cocasse (mes dents ne la trouve pas drôle, mais ces pas eux qui décident), j’ai acheté un sac de fromage séché (plein de petites bouchées) en me disant que ça ferait un bon snack en marchant. Je trouvait le tout un peu cher, mais j’avais faim. Écoutez moi bien… dans la vie il y a du fromage séché et du fromage SÉCHÉ. Cela fait maintenant 3 heures que j’ai ma première bouché dans la bouche et je ne sais toujours pas qui de mes dents ou le fromage va rompre en premier. À suivre…

En revenant de souper lors de mon 2ème soir à Katmandou, je suis sorti de ma chambre avec mon ordi (qui fonctionne par miracle) dans le but d’aller un peu sur internet dans le lobby. En sortant de ma chambre, j’ai entendu une voix familière en provenance de la terrasse à proximité de ma chambre. À mon grand étonnement, c’était Roark qui venait d’arriver à l’instant et qui avait déja fait copain/copain avec les filles de l’hostel. Quelle joie ce fut de voir un visage familier.

Bon, on a voyagé ensemble durant 6 jours il y a un mois, mais j’ai l’impression de le connaitre depuis toujours. C’est la personne qui se rapproche le plus d’un vieil ami que je peux rencontrer présentement.

L’équipe était donc au complet avec en plus l’ajout d’un membre; Yekaterina (la russe de l’aéroport).

J’ai donc passé le jour suivant au complet à aider mes 2 futurs compagnons de randonné à acheter leurs équipements. Pour ma part, j’avais déjà tout prévu (tuque, gant, manteau de pluie, pantalon chaud, chandail chaud et botte) avant de partir en voyage et il ne me restait que quelques petites affaires à me procurer.

La randonné que nous allons faire se nomme « le circuit de l ‘Annapurna » et si nous avons encore des forces à la fin, nous allons aussi faire le « sanctuaire de l’Annapurna ». Puisqu’il est hors de question que nous prenions un guide ou même des porteurs, j’ai acheté un très bon guide (livre) qui décrit ce à quoi la randonné devrait ressembler au jour le jour.

Qu’est-ce que l’Annapurna? Eh bien c’est une chaine de montagne au même titre que les Laurentides ou les Appalaches, mais bon… comment dire… au Népal ce sont de vraies montagnes. Le circuit de l’annapurna fait un grand cercle autour de la chaine de montagne. En ce qui concerne le sanctuaire, eh bien il pénètre directement au coeur de la chaine de montagne, d’où son nom sanctuaire (entouré de montagne).

Le trek dans l’Annapurna est reconnu comme étant l’un des plus beau au monde. L’une des choses les plus intéressantes à propos de cet endroit comparativement à la région de l’Everest est la diversité de paysages offert tout au long du parcours; on passera donc de la forêt tropicale près de Besisahar, à la moraine près de Manang, à la neige éternelle en passant par la Thorung Pass, à des paysages lunaires dans les vallées du Mustang et de Muktinath.

Afin de voir où nous en étions en ce qui concerne notre équipement et nos jambes, nous avons décidé de faire un pré-trek. Nous sommes donc allé à Bhaktapur, ville à 20km de Katmandou. De là, nous avons marché 24km pour nous rendre jusqu’à Nagarkot.

En chemin, nous avons fait un stop dans un charmant petit village du nom de Changu Narayan. Ce fut en fait le highlight de notre journée. Ce microscopique village n’est en fait qu’une seule rue qui serpente sur le haut d’une petite montagne avec plein de vieilles maisons de part et d’autre et l’un des plus vieux temple de la vallée de Katmandou à la fin. À ce sujet, il faut savoir qu’il y a une différence à faire entre la ville de Katmandou (capitale et plus grande ville du pays) et la vallée de Katmandou, qui est en fait une grande vallée comprenant plusieurs villes (Katmandou, Bhaktapyr, Patan, etc.) et villages.

Sinon, le village de Nagarkot est très charmant aussi. Il se trouve sur le dessus d’une montagne et fait face à 2 vallées, l’une plein Est et l’autre plein Ouest. Cet endroit est renommé pour ses lever et coucher de soleil. Malheureusement pour nous, à ce temps-ci de l’année, il y a beaucoup de brouillard alors nous n’avons pas pu voir ni l’un ni l’autre. Si vous y allez, organisez-vous pour demeurer dans un hôtel bien en haut de la montagne et ayant une vue sur les 2 vallées.

Fait très inusité; j’ai découvert après cette journée de trek que… mes bas… sentaient… une odeur identique… aux crottes de fromages héhé. Résultat, alors que certains puent des pieds comme jamais (Xavier Martinez est by far le pire que je jamais pu sentir), moi je sens mes bas, je me ferme les yeux et cela me rappelle ma vie d’avant mon voyage… Ok, vous pouvez dire que je suis un tout croche, moi je mets cela sur le dos des symptômes dû à l’altitude… euh

Après cette journée de marche, mes compagnons de voyage m’ont officiellement affublé du surnom de « Father (père) » puisque apparemment je suis le team leader de l’équipe même si je suis by far le cadet de l’équipe (j’ai passé 5 ans de moins sur cette Terre que le 2ème plus jeune de l’équipe). Ils ont ensuite modifié mon nickname pour « Godfather » puisque je siffle constamment la chanson thème des films Godfather (Le Parrain). Quand je parle beaucoup, Roark s’amuse aussi à me surnommer « the caveman (l’homme des caverne) » parce qu’il se moque de mon anglais.

Le lendemain matin, pendant que mes 2 compagnons faisaient la grâce matinée, je me suis levé à l’aurore pour savourer mon désormais habituel masala tea (thé hyper sucré auquel j’ajoute au moins 2-3 cuillères de sucre) sur la terrasse située sur le toit. Il y avait un peu beaucoup de brouillard, mais la vue était quand même magnifique. J’ai ensuite pris la direction du sommet de la montagne (View Tower) pour voir le soit disant 360 degrés de la régions… une belle marche de 10km.

Le long du parcours jusqu’à View Tower, la vue était magnifique sur les 2 vallées. Une fois rendu en haut, le panorama était cependant très décevant. Sensé avoir un beau 360 degrés, j’ai plutôt eu une vue très obstruée avec une tour de communication en plein milieu.

Au moment où j’allais reprendre mon chemin pour Nagarkot, les locaux m’ont dit de monter en haut de la tour. Je les ai regardés avec un air un peu dubitatif puisqu’il n’y avait pas d’échelle pour les 5 premiers mètres de la tour. Ils m’ont alors regardé avec un air du genre « ouain pis… ». Mon égo n’en demandait pas plus pour se lancer dans l’escalade de la tour. Une fois en haut, la vue était un peu mieux, mais pas tant.

Avant de redescendre en ville, j’en ai profité pour manger un peu de bouffe locale. Alors que j’engouffrais la nourriture à la vitesse grand V, le patron du « restaurant » est venu me taper sur l’épaule et d’un air très sérieux il m’a dit « you know this food is very spicy… take your time your stomach will have a hard time (tu sais que cette nourriture est très épice… tu devrais prendre ton temps sinon ton estomac va passer un mauvais moment) ». Je l’ai regardé en lui disant « it’s fine trust me (ne vous inquiétez pas pour moi) » et j’ai continué à manger à la même vitesse. À voir son visage, je crois qu’il n’était pas habitué à voir des touristes ingérer sa nourriture à une aussi grande vitesse. Je profite de cet instant pour remercier encore une fois mon estomac à toute épreuve. Toutes ces années à manger des cochonneries auront finalement servit à quelques choses.

Quand tu fais ce genre de marche, tu passes dans les chemins qu’empruntent les gens pour se rendre de leur domicile à la ville et tu croises beaucoup d’écoliers en route pour l’école. Ils sont tous hyper heureux de nous voir et tu te retrouves à dire
Namaste des tonnes de fois avec le signe de main traditionnel (se coller les 2 paumes de mains) tout le long. Ces mêmes étudiants sont aussi ceux qui te clenchent comme si de rien était en fin de journée quand il reviennent de l’école alors que toi tu fais un trek.

En début d’après-midi, nous avons pris un bus pour retourner à Bhaktapur. Faute de temps, nous avions décidé de ne pas visiter la ville la veille. Au retour, nous avons décidé d’y passer un peu de temps avant de retourner à Katmandou.

Que dire de plus que c’est l’une des meilleures décisions de ma vie. Cette ville est sans aucun doute l’une des plus belles villes où j’ai pu lâcher un pet dans ma vie (je vous rassure, ils étaient silencieux et inodores). L’endroit transpire l’histoire à tous les coins de rues. La très grande majorité des bâtiments ont au moins quelques siècles (facile à voir… ils n’y a rien au niveau et les proportions ne sont pas faites pour les népalais d’aujourd’hui… imaginez pour moi… j’ai une tête de plus que la plupart d’entre-eux). À quelques exceptions près (on ne peut pas échapper à la modernité), j’ai l’impression que cette ville est figée dans le temps depuis quelques siècles. Beaucoup des bâtiments n’ont pas l’électricité, les femmes doivent aller chercher l’eau potable dans les quelques puits dispersés dans la ville, la plupart des boutiques vendent des choses qui auraient très bien pu être vendu à l’époque, etc.

Ce n’est pas compliqué, j’aurais pu prendre des photos à chaque 5 secondes tellement j’étais hypnotisé par l’endroit… mais ma batterie de caméra ET mon iphone avaient rendus l’âme en l’espace de quelques minutes peu de temps après être arrivé là-bas. Damn…

Sur une note historique (pas trop je vous rassure), il faut savoir que Bhaktapur est l’ancienne capitale du Népal. Il y a 3 principaux squares et chacun comporte son lot de temples plus impressionnants les uns que les autres. Bref… j’imagine mal quelqu’un ne pas aimer cette ville.

Nous devions absolument retourner à Katmandou en soirée pour finaliser la préparation de notre trek le lendemain (c’est vendredi demain… alors si nous n’allons pas chercher les 2 permis qu’il nous faut, nous allons devoir attendre à lundi). C’est par contre unanime, nous allons retourner passer quelques jours à Bhaktapur après notre trek. Katmandou est géniale, mais Bhaktapur a un quelque chose de plus.

C’est dans cette ville que j’ai pu y déguster l’un des meilleur gâteau au chocolat que j’ai pu gouter de ma vie. Si vous allez là-bas un jour, trouvez le magasin appelé « Black cup coffee shop » et commandez un gâteau truffe au chocolat… vous m’en redonnerez des nouvelles. Au pire, ça vous aura couté un gros 50 cents.

Nous sommes donc de retour à Katmandou, nous nous sommes procuré les 2 permis nécessaires pour aller dans l’Annapurna et il nous reste seulement quelques petits cossins à acheter avant d’entreprendre notre trek de 3 semaines et + dans l’Annapurna. Si tout va bien, nous allons prendre un bus dimanche le 19 mai pour Besishahar (à 6-8h de Katmandou… donc à surement juste 100km) et le 20 mai nous allons commencer à marcher.

Le prochain épisode paraîtra donc à mon retour vers la mi-juin. À ce moment, j’aurais la plus grosse barbe que j’ai jamais eu de ma vie (j’établi déjà un nouveau record jour après jour présentement) et je serais surement plus maigre que je l’étais au primaire (j’ai commencé le voyage à 195-200lbs et en date d’hier j’étais à 185lbs).

Jusque là, portez-vous bien ma bande de vous autres.

Info pratique à propos de notre trek;
Nom; Annapurna Circuit et Annapurna Range
Distance; au moins 205km à marcher
Altitude; de 700 à 5500m
Temps nécessaire estimé; AU MOINS 21 jours, vraisemblablement 25-30 jours
Température:
Jour – de 5 @ 20 degrés
Nuit – jusqu’à -5, -10
Porteur et guide; c’est quoi ça?!?

Pour plus de renseignement, je vous conseille d’aller sur google et de taper « annapurna circuit wikitravel » et voys aller tomber sur un site très détaillé parlant de l’aventure… en anglais.

Le quétaine en moi a eu l’idée de faire des aikou afin de vous décrire les 2 premiers pays de mon voyage.

INDIA

I. mpossible de s’y préparer mentalement.

N. ourriture – L’expression « non végétarien » me fera toujours bien rire, mais sérieusement, ne pas manger de nourriture/breuvage indien revient à ne pas avoir vraiment visité l’Inde (thali, dosa, dal, idly, masala tea, chai et j’en oubli tellement).

D. iversité – C’est fou la diversité qu’il peut exister au niveau des paysages et surtout de la culture, l’histoire et l’éducation des gens d’un endroit à l’autre.

I. rrespectueux, répugnant, immature, collant, envahissant, nommez-les, tous ces qualificatifs sont bon pour décrire ce que je pense d’une majorité d’indien.

A. voir su, je n’aurais pas commencé par l’Inde, mais je ne le regrette aucunement maintenant.

(en anglais parce que les lettres I et A m’arrangent mieux que E bon…)

Sri Lanka

S. uisse – on dirait que tous les voyageurs viennent de là.

R. ien que pour la nourriture, j’y reviendrais un jour; Rice and Curry, Kottu, Roti, etc. Mmmmm

I. gnorer le centre de l’île pour se contenter des plages au Sud serait une erreur.

L. ittle Obama, tu me manques.

A. ussi bien vous acclimater à un environnement extrêmement humide.

N. ‘attendez pas trop avant d’y aller parce que le pays change à la vitesse Grand V.

K. enya – Saviez-vous que le Sri Lanka est le 2ème exportateur de thé au monde derrière…

A. u revoir portefeuille/passeport.

P.S. I – Fait inusité, à mon arrivé au Népal, j’ai dû gosser au moins 20 minutes avec toutes les foutus prises de courant que j’ai pu voir dans l’hôtel et aucune ne marchait. Quelqu’un, me voyant me casser la tête, m’a alors lancé tout bonnement; « you don’t need adaptator in Nepal (tu n’as pas besoin d’adaptateur au Népal) ».

À ce sujet, pendant que j’y pense, si vous allez au Sri Lanka un jour, n’oubliez pas d’apporter un crayon de plomb (n’essayez pas de comprendre, faites-le c’est tout… ca vous évitera bien des casse-têtes avec les prises de courant 🙂

P.S. II – Savez-vous que, même quand mon ordi fonctionnait, j’ai écris chacun des mots qui se trouvent dans mes articles sur mon iphone (vous savez, dans le bloc-note jaune qui vient par défaut). Je marche dans la rue et j’ai un flash, je m’arrête pour le marquer (des fois j’arrête en plein milieu de la rue)… je vis une situation cocasse, je m’empresse de le marquer… je suis au resto seul et j’attends ma commande, j’en profite pour me relire, peaufiner mes textes et ajouter des remarques stupides. Je peux passer une soirée entière (quand je n’ai pas de compagnie) à écrire et réécrire mes histoires jusqu’à ce qu’elles soient entièrement à mon gout. Je peux réécrire un paragraphe en entier parce qu’un mot ne fait pas mon affaire ou le lien se fait difficilement avec les autres paragraphes. Bref, j’ai beaucoup de plaisir à écrire mes épisodes et j’espère que vous aimez le résultat… si non, ce n’est pas plus grave que cela, c’est impossible de plaire à tout le monde. Je sais qu’une image vaut 1000mots, mais moi j’aime ça écrire 1000mots

Cet épisode s’autodétruira dans 10… 9… 6.5… 7… 2… Poufffff (j’aurais pas du laisser mes pétards dehors la nuit passé…)