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Épisode 126 – Guajira Peninsula; À l’Extrême Nord de l’Amérique du Sud
Plusieurs « barrage » improvisés, faits avec des cordes à linge et quelques morceaux de vêtement, barraient la « route » ici et là.
Des enfants gardaient ces barrages. À la minute où le 4×4 s’arrêtait, notre chauffeur ouvrait sa portière, tendait la main, et les enfants s’empressaient de collecter ce qu’il tenait. Le manège se répétait une bonne vingtaine de fois.
Du jamais vu!
Les habitants de la région demandaient des biscuits/bonbons ou une bouteille d’eau en échange du droit de passage.
Antichitia (Bienvenue) dans la Guajira Peninsula; une bande désertique s’avançant dans l’océan à l’extrême nord de l’Amérique du Sud.
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Une contrée demeurée relativement inchangée depuis l’époque pré colombienne et habitée depuis toujours par le peuple semi-nomade Wayuu… qui ont leur language propre…
Une contrée où la vie est au mieux extrêmement rudimentaire… où la plupart des gens vivent dans des huttes de terre cuite, quand ce n’est pas tout simplement un simple toit en paille avec des hamacs en-dessous…
Une contrée où rien ne pousse… autre que du sable, des cactus et des chèvres…
Une contrée balayée en quasi permanence par de fortes rafales de vent chargées de sable…
Une contrée où l’eau (potable) est une denrée rare et précieuse ($$$)…
Une contrée labyrinthique faite de sentier (qu’ils appellent « routes ») partant dans toutes les directions…
Une contrée où il fait tellement chaud & humide qu’on a l’impression d’être un oeuf qui rôti sur la poêle (même à l’ombre)…
Une contrée dévastée où il règne une ambiance de « Fin du Monde »… parfaite pour filmer le prochain Mad Max…
Une contrée surprenante et d’une beauté singulière…
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JOUR 1 – FAIT CHAUD EN TITI
20 Juin 2017
Tout voyage en Guajira commence à Riohacha, 180km à l’est de l’exubérante et très touristique Santa Marta.
08.00 – Départ de Riohacha dans un jeep bondé (6 touristes + 1 conducteur/guide) faisant parti d’un convois de 2 4×4. Vous ne rêvez pas, nous (anti voyage organisé) sommes embarqué dans un tour tout inclus de 3 jours 2 nuits.
Encore à l’écart du tourisme de masse, et peu peuplée, c’est la seule façon de visiter l’ensemble de la péninsule.
Manaure
Premier stop dans une ville où on « cultive » le sel; de vaste champs sont inondés d’eau de mer, on laisse ensuite évaporer l’eau, pour récolter le sel et le vendre. Un processus similaire au Salar de Uyuni en Bolivie.
Uribia
Autoproclamé « Capitale Indigena de Colombia », Uribia est la porte d’entrée officielle de la Péninsule Guajira.
À partir de là, il n’y avait plus de route pavée… que des sentiers au mieux en mauvais état.
Plus on roulait et moins la végétation était dense, jusqu’au point où il n’y avait plus rien d’autre que des cactus, des troncs d’arbustes séchés et beaucoup beaucoup de sable à 360.
Cabo de la Vela
Jusqu’à il n’y a pas si longtemps un simple village de pêcheurs anonyme baignant dans une baie aux eaux turquoise, l’endroit s’est transformé en quelques années en une véritable Mecque mondiale du Kitesurf (beaucoup de vent).
Résultat; l’endroit regorge de petits hostels et restaurants éparpillés le long de la plage.
Pas besoin de faire parti d’un tour pour se rendre à Cabo de la Vela. Il est possible de s’y rendre avec un minubus de Riohacha à Uribia, suivit d’une camionnette de Uribia à Cabo.
Petite randonnée jusqu’au sommet du « Pilon de Azucar », une petite montagne bordant l’océan.
L’endroit offre un superbe panorama aux couleurs contrastée; le sable orange, des traces de lacs asséchés tout blanc (sel), un océan bleu azur et le ciel.
Cueva del Diablo
Faro (phare)
Cette journée bien remplis se terminait en assistant au coucher de soleil du haut du phare surplombant Cabo de la Vela.
De retour à Cabo, nous en étions quitte pour une nuit en hamacs à la (presque) belle étoile (pas de mur, juste un toit en paille).
À 2 pas du Vénézuela, il est plus facile (et moins cher) pour les habitants de s’approvisionner dans le pays voisin. Du coup, la seule bière disponible sur la péninsule est la Polar du Venezuela.
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JOUR 2 – LE NORD DU SUD
21 Juin 2017
Le programme du jour était simple; s’enfoncer encore plus loin dans la péninsule.
Passé Cabo de la Vela, nous entrions dans la parti peu fréquentée de la péninsule; le Alto Guajira, où seuls les locaux et des 4×4 chargés de touristes pouvaient (et voulaient) s’y rendre. Un No Man’s Land fait de zones désertiques, ponctués de plages à faire rêver.
Plage dans une baie de couleur azur.
Dunas de Taroa
En s’enfonçant encore plus loin, la végétation disparaissait complètement. Il n’y avait que du sable à perte de vue dans toutes les directions.
Puis les dunes bordant l’océan du mini désert de Taroa apparaissaient devant nous.
Un peu avant le coucher du soleil, nous atteignons Punta Gallinas.
« Quel endroit formidable » – Pour sur, personne ne dira jamais cela à propos de Punta Gallinas tellement l’endroit est sans aucun intérêt… et laid.
Sans aucun intérêt… ne serait-ce que c’est le Nord du Sud. Alors que nous avions atteint l’extrême sud du continent sud américain (Puerto Williams en Terre de Feu) pour le jour de l’an presque 6 mois plus tôt, nous étions cette fois à l’extrême nord de ce même continent pour le solstice d’été (21 juin).
En ce lieu précis, nous étions à plus de 7500km à vol d’oiseau de Puerto Williams… et à « seulement » 3600km de Montréal.
Difficile de trouver un endroit plus symbolique pour finir notre Tour de l’Amérique du Sud. En effet, plus que 5 jours et nous quittions définitivement l’Amérique du Sud après respectivement 11mois pour moi et 8 pour Tanzi. À sa décharge, Tanzi avait visité les 12 pays et le territoire constituant le continent sud américain… il me manquait pour ma part le Paraguay…
Pour l’heure, nous passions la nuit dans le minuscule village de Punta Gallinas, avec une forte impression de bout du monde (métaphoriquement parlant) et une 2ème nuit en hamac (hyper confortable… pas des jokes).
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Toute bonne (et même mauvaise) chose ayant une fin, nous remballions nos trucs à la première heure le lendemain, pour traverser toute la péninsule d’un coup et retourner à Riohacha.
Nous avions débuté cette aventure avec l’unique intention d’atteindre l’extrême nord du continent. Ce serait cependant faire une grosse erreur de réduire la Guajira Peninsula à cela.
Visiter la Guajira Peninsula c’est visiter un endroit hors du commun, qui coupe le souffle au niveau des paysages et qui offre un mini choc culturel lorsqu’on se retrouve confronté à la qualité de vie du peuple Wayuu. Je crois qu’ils échangeraient sans hésiter ces panoramas pour des terres fertiles.
Oui la Guajira Peninsula fait parti de la Colombie, mais c’est un tout autre monde!
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Petit conseil avant de terminer. Peu importe ce que vous faites sur la Guajira Peninsula, ne pissez surtout pas contre le vent 😉
Épisode 125 – Colombia + Caraïbes =
Mon Premier est réputé comme LA plus belle ville de Colombie,
Mon Second est réputé comme LA plus belle ville des Caraïbes,
Mon Troisième est LA ville la plus touristique de Colombie,
Mon Tout est une seule et même ville.
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Cartagena de Indias… l’une des premières villes fondées par les espagnols (en 1533) sur le Nouveau Monde… alors qu’ils pensaient avoir atteint les Indes.
Décrit comme un parfait mélange des cultures africaine, espagnole et caribéenne, se perdre dans les dédales de rues labyrinthiques de la vieille ville fortifiée & inscrite au Patrimoine de l’UNESCO est un régal pour les yeux et un retour dans le temps.
L’un des principaux port où transitait les richesses du continent sud americain en route pour l’Espagne, Cartagena de Indias fut attaquée à de multiples reprises par les pirates.
En 1586, Sir Francis Drake, célèbre pirate britannique, alla même jusqu’à capturer la ville. Il la libéra en échange d’une imposante rançon.
Par les suite, les espagnols commencèrent à construire les fortifications qui sont aujourd’hui l’un des éléments phare de la ville; 11km de remparts ceinturant la ville et une multitude de forteresses un peu partout autour sur la terre et au large.
Au 17ème siècle, Cartagena de Indias était la « capitale » de l’esclavage dans les Caraïbes.
Bastion Santo Domingo
Seul véritable endroit qui vaille le coup sur le mur qui ceinture la vieille ville. L’endroit offre une superbe vue sur l’océan, la vieille ville, et « Little Miami » (étroite bande de terre bordant l’océan, où se trouve une multitude de hauts édifices à condo).
Castillo San Felipe de Barajas
Sans aucun doute le plus imposant & impressionnant « chateaux » construits autour de Cartagena de Indias.
Se dressant un peu en dehors de la ville fortifié, telle une espèce d’immense pyramide incomplète ou, comme Tanzi l’a suggéré, « une grosse crotte de chien »… c’est selon.
Peu importe, difficile d’avoir une meilleure vue de Cartagena que depuis le Castillo.
MOMPOS
Après avoir attendu en vain notre transport durant toute l’avant-midi, nous passions au Plan B… en catastrophe… en sautant dans un taxi roulant en direction du Terminal de Cartagena, pour sauter dans un collectivo pour Magangue, puis un petit traversier pour La Bodega, pour arriver In Extremis de l’autre coté et sauter dans le dernier collectivo de la journée en partance pour Mompos.
Bienvenue à Mompos, officiellement Santa Cruz de Mompox, ville coloniale extrêmement bien préservée, inscrite au Patrimoine de l’UNESCO, qui semble sorti du passé.
Située au coeur de la zone marécageuse du Rio Magdalena, Mompos était autrefois une halte impossible à manquer lors du transfert des richesses du continent vers Cartagena.
« À Caracas je dois ma vie, mais à Mompos je dois ma gloire »… telles sont les paroles prononcées par Simon Bolivar, le « Libérateur » de l’Amérique du Sud espagnole, lui qui a passé beaucoup de temps à Mompos avant de commencer la Révolution.
C’est en parti ce qui explique que Mompos fut la 1ère ville colombienne à déclarer son indépendance de la couronne espagnole.
En marchant dans Mompos, le temps donne l’impression de s’être arrêté il y a de cela quelques centaines d’années; 6 petites églises, autant de places publiques, des rues bordées de bâtiments tout blanc collés les uns aux autres, et une superbe promenade le long de la rivière.
Il existe une sérénité et une authenticité comme on en retrouve rarement dans une ville dite touristique en Amérique du Sud. De fait, mis à part le tourisme local (colombiens), on peu compter sur les 2 doigts de la main les touristes étrangers.
On fait le tout en moins d’une heure (en prenant bien son temps et en marchant à reculons), mais Mompos a une ambiance unique qui fait du bien à l’âme.
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Même si il n’y a pas grand chose à faire d’autre que regarder le temps passer, il a fallu se résigner à quitter Mompos tellement on y était bien.
Épisode 123 – Huayhuash; LA Randonnée Ultime en Amérique du Sud
21 May 2017
05.35 – Dans le nuit encore noire, nous quittions Huaraz à bord d’un vieux bus remplis à craquer de péruvien.
Direction Chiquian, village situé aux portes de la Cordillera Huayhuash, l’une des chaines de montagne les plus reculées des Andes; une forteresse de glace à plus de 6000m.
La Cordillera Huayhuash serait le théâtre de notre dernière grande randonnée en Amérique du Sud… et non la moindre.
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HUAYHUASH POUR LES NULS
Réputé comme l’un des treks les plus spectaculaire de la planète, souvent cité comme la meilleure randonnée alpine sur Terre, le Circuit Huayhuash est pourtant relativement inconnu du commun des mortels. Avec Torres del Paine (Patagonie/Chili), Huayhuash offre sans aucun doute les plus beaux paysages de montagne en Amérique du Sud.
D’une longueur d’environ 120km, avec 8 Cols à plus de 4600m, dont 2 supérieurs à 5000m, le Circuit Huayhuash est classé « Difficile » dans le monde de la randonnée.
On recommande fortement de faire le Circuit avec guide/porteurs/mules, mais c’est tout à fait possible de le faire en autonomie complète (c’est ce que nous avons fait).
Le Circuit Huayhuash propose plusieurs itinéraires. Il est important de faire un peu de recherche au préalable afin d’évitez les mauvaises surprises;
– Le « Circuit Alpino »; très technique (besoin de corde, harnais, baudrier, etc.), peu fréquenté & complété pour la 1ère fois en 2004,
– Le « Circuit Clasico », dit le Circuit dans la Vallée; essentiellement de la marche à haute altitude,
– Le « Circuit Hybride »; soutirant le meilleurs des 2 Circuits précédant, en évitant les sections trop techniques et celles trop faciles.
Peu importe l’itinéraire, hautes montagnes, glaciers, villages reculés et lacs aux eaux azurs seront au rendez-vous.
Après avoir passé presque une nuit entière debout à lire et regarder les cartes de Huayhuash, j’en étais venu à la conclusion que nous pouvions terminer le Circuit Hybride en 8 jours.
La randonnée devait prendre entre 10 et 12 jours, nous avions planifié 8 jours (donc 9 jours de nourriture)… et l’avons finalement bouclée en 6.
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Jour 1 – 2 POIDS LOURDS
Départ Pocpa (@3440m)
Arrivé Cuartelwain (@4000m)
Distance 11km
Dénivelé Positif +560m
Dénivelé Négatif 0
Une fois à Chiquian, nous sautions dans un autre bus qui nous conduisait jusqu’à un minuscule village, fait de bâtiments en terre cuite, situé au plus profond d’un immense canyon.
Terminus Pocpa (@3440m)
Pocpa serait le 1er de PLUSIEURS villages à charger un frais de passage aux randonneurs.
Voyez-vous, la Cordillera Huayhuash n’est pas un Parque Nacional, et c’est là tout le problème. Si Huayhuash était un parc national, on pourrait acheter un billet unique au départ et ça finirait là.
Or, chaque village situé sur le Circuit charge des frais qui varient grandement. Il n’y a pas de poste de contrôle, donc aucun moyen de savoir où se procurer les billets. Généralement, tu marches sur le sentier et un cavalier vient à ta rencontre.
En tout et pour tout, faire le Circuit Huayhuash coute environ 80$us (oui oui 80$us) par personne en frais de passage.
Bref, non sans rouspéter, nous acquittions les frais et nous mettions en marche. Dès lors et pour la prochaine semaine, notre seul moyen de transport serait… nos bonnes vieilles jambes.
Direction le campement Cuartel Huain.
La randonnée du jour consistait à monter en suivant une route de terre dans le fond du canyon. Une montée toute en douceur, non sans peine en raison du poids insensé de nos sacs. J’avais l’impression de porter une tonne de briques, le RPM de mon coeur était en permanence en sur-régime et les muscles de mes molets semblaient vouloir déchirer à tout moment.
En plus d’y aller en autonomie complète, nous avions décidé d’ajouter un peu de luxe (2 bouteilles de vin, etc.). J’en payais donc le prix.
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Jour 2 – SOUVENIR D’ÉCOSSE*
Départ Cuartelwain(@4000m)
Arrivé Lago Carhuacocha (@4150m)
Distance 21km
Dénivelé Positif +1300m
Dénivelé Négatif -1200m
Ascensions
– Paso Qaqanan @4700m
– Paso Carhuac @4650m
Une longue journée de marche était au menu avec l’ascension de 2 Cols.
Dès le départ, le sentier ne donnait pas de répit. Nous quittions le fond de la vallée pour atteindre le sommet de Paso Qaqanan via un sentier rocheux & très abrupte.
Les paysages étaient magnifiques… identiques à mes souvenirs d’Écosse. Bon… je ne suis jamais allé en Écosse, mais j’ai l’impression que si j’y était allé, mes souvenirs seraient similaires 😉
Paso Qaqanan (@4700m), offrait une vue d’ensemble des environs; la vallée que nous quittions était rocheuse et étroite, tandis que celle dans laquelle nous basculions était toute verte et ouverte. À l’horizon, une mer de sommets se dressaient devant nous.
Il ne restait plus qu’à suivre la ligne de boue qui traçait dans la vallée. Il fallait sortir nos talents de patineur artistique sur boue.
Après une pause bien méritée dans les pâturage bordant le Lago Mitucocha (où les randonneurs s’arrêtent normalement pour la nuit), il était temps de s’attaquer au 2ème Col de la journée; Paso Carhuac.
Une fois Paso Carhuac derrière nous (l’endroit est sans grand intérêt), le sentier descendait dans une vallée sinueuse jusqu’au Lago Carhuacocha.
Le campement de ce soir était tout simplement grandiose; en bordure du Lago, avec d’impressionnantes montagnes & glaciers droit devant. Du nombre se trouvait le Nevado Yurupaja, 2ème plus haut sommet du Pérou à 6635m.
Le camping était cependant chargé; 4 groupes organisés (environ 6 randonneurs par groupe) et un couple de français faisant le Circuit en solo. Peu importe, nous les avions rattrapé aujourd’hui… et allions les distancer dès demain.
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Jour 3 – LA PROMMENADE DES GLACIERS
Départ Carhuacocha (@4250m)
Arrivé Laguna Barrosocoha (@4600m)
Distance 18km
Dénivelé Positif +1050m
Dénivelé Négatif – 500m
Ascension
– Paso Siula @4800m
Après une nuit ponctuée d’averses violentes, et de chien errants jappant bruyamment, le soleil et le calme étaient au rendez-vous en matinée.
Après avoir longé le lac jusqu’au pied des glaciers, nous quittions le Circuito Clasico pour nous aventurer sur une portion du Circuito Alpino; l’ascension de la Paso Siula. Le sentier bifurquait dans une vallée longeant de hauts sommets et des lacs aux eaux clairs. Les paysages étaient tout simplement I N C R O Y A B L E S.
Paso Siula (@4800m) était aussi dramatique qu’inhospitalier; le panorama était à couper le souffle, mais l’endroit était balayé par de forts vents d’hiver.
Nous basculions dans une vallée toute verte et avec un sentier hyper facile… mais glissant (boue).
Nous passions au travers du Camp Huayhuash en vitesse (pour éviter de payer les frais). Sensé être le campement pour la nuit, nous filions plutôt en ligne droite à travers les collines, en faisant fit des murets de pierre, pour rejoindre le Laguna Barrosocoha (@4600m), devant en théorie être quelques km plus loin, et éventuellement franchir la Paso Trapecio (demain).
Situé sur le Circuito Alpino (donc à l’abri de la meute de randonneurs) le sentier était inexistant. Ajoutez à cela que ni le sentier, ni la Paso, pas plus que le lac n’étaient représentés sur la carte officielle du Circuit. Heureusement, le sentier était sur Maps.Me.
En plus de nous faire passer au coeur de la Cordillera, la Paso Trapecio se voulait un raccourci qui nous ferait sauver 2 jours de marche sur le Circuito Classico (un portion de sentier ennuyeuse et loin de la haute montagne).
N’empêche, je pouvais voir le regard perplexe de Tanzi. Sans trop savoir où j’allais et où se trouvait le lac, je continuais à marcher d’un pas assuré à travers les collines (même si j’étais moi-même en proie à quelques doutes) en espérant tomber sur un sentier et/ou le lac à un certain moment.
Ma patience était récompensée; nous tombions sur le sentier… quelques centaines de mètres avant d’apercevoir le lac 🙂
Cette nuit, nous serions seul au monde dans une plaine au pied d’une montagne gigantesque.
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Day 4 – L’IMPENSABLE
Départ Laguna Barrosocoha (@4600m)
Arrivé Paso San Antonio (@4600)
Distance 27km
Dénivelé Positif +1500m
Dénivelé Négatif -1600m
Ascensions
– Paso Trapecio @5110m
– Paso San Antonio @4990m
Cette journée pourrait être à la fois ma plus belle & pire journée de randonnée à vie. Si quelqu’un pouvait voir dans le futur et avait pu me raconter comment cette journée allait se passer, je l’aurais traité de fou.
Le soleil peinait à faire son chemin au travers de l’épaisse nappe de brouillard, si bien qu’il faisait un froid de canard.
C’est complètement à l’aveuglette que nous commencions l’ascension de la Paso Trapecio au travers d’une plaine marécageuse & diagonale (vers le ciel), puis un versant hyper incliné.
J’avais fait du repérage la vieille, et il y avait de rare totems, mais disons que la donne était différente dans le brouillard total.
Un peu avant d’atteindre le sommet, la végétation disparaissait complètement et le sentier devenait hyper clair. Entouré de neige, avec un très fort vent d’hiver et avec le soleil qui ne réusissait toujours pas à se débarrasser du brouillard, mes « corones » rétrécicaient à vue d’oeil.
Alors que tout était bouché sur le versant que nous montions, nous atteignions Paso Trapecio pour trouver une vallée dégagée et ensoleillée de l’autre coté.
Le décor était complètement différent de ce que nous avions vu sur le Circuit jusqu’à maintenant; une espèce de vallée lunaire parsemée de glaciers et de lacs azur.
De 5100m où nous étions au sommet de la Paso, il fallait désormais descendre jusqu’au fond de la vallée à Huynaypatay (@4500m).
Une fois atteint la vallée, nous marchions à peine 5 minutes sur le Circuito Classico avant de retourner sur le Circuito Alpino. Nous entreprenions alors notre 2ème ascension du jour; Paso San Antonio (@4900m).
Le sentier était désormais clair comme de l’eau de roche… mais montait avec une inclinaison casse gueulle à plus de 60 degrés.
Quelques heures plus tard, nous foulions Paso San Antonio. L’endroit était réputé pour offrir la plus belle vue de tout le Circuit; une vue globale de la Cordillera Huayhuash.
W O We
Après avoir admiré pendant de longues minutes ce qui pourrait bien être le plus beau panorama que j’ai pu voir de ma vie, il fallait se résigner à quitter le sommet de Paso San Antonio.
Aussi impressionnante était la vue, nous étions à plus de 4900m, le soleil se couchait à l’horizon et l’endroit était tout sauf idéal pour installer notre campement.
Nous entreprenions la descente dans une section d’éboulement à plus de 75 degrés d’inclinaison, avec le fond de la vallée à plus de 1000m sous nos pieds. Le moindre faux mouvement résulterait (au mieux) à une chute de plusieurs centaines de mètres.
« Il faudrait être complètement fou pour monter ce versant de la Paso San Antonio » que je lançais à Tanzi. Déjà que l’ascension sur l’autre versant avait été tout sauf une sinécure, l’ascension de ce versant relevait de la folie.
Après plus d’une heure et plusieurs centaines de mètres de descente, le sentier disparaissait. Devant nous se dressait un mur plongeant directement vers le fond de la vallée quelques centaines de mètres plus bas.
Sans corde, ni casque, ni piolet, il était impensable de descendre ce mur avec des sacs de 20kg sur le dos. Nous allions devoir rebrousser chemin!!!
Pour ceux qui ont lu attentivement les derniers paragraphes, rebrousser chemin signifiait remonter au sommet de Paso San Antonio… via un sentier extrêmement incliné dans une zone d’éboulement.
C’est généralement dans ce genre de situation que je me demande « pourquoi j’aime les montagnes et non les plages? ».
De retour au sommet, une dizaine de touristes (monté au sommet sans sac pour voir le coucher du soleil) nous applaudissaient à tout rompre. Ils n’en revenaient pas que nous ayons fait l’ascension de ce versant avec des sacs aussi gros.
Nul besoin de dire qu’après tout ce que nous avions déjà fait depuis le début de la journée, nous avions passé depuis un bon moment l’étape « Brulé Raide ». Tanzi s’effondrait au sol en pleur, tandis que je peinais à rester debout et à contenir mes émotions (il n’était pas question que je pleure devant un groupe d’idiots).
Il fallait maintenant redescendre de l’autre coté et trouver un site pour camper…
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Jour 5 – ON TOUCHE LE FOND
Départ Paso San Antonio (@4600m)
Arrivé Susococha Camp (@4500m)
Distance 24km
Dénivelé Positif +1450m
Dénivelé Négatif -1550m
Ascension
– Paso Tapush @4800m
Une bonne nuit de sommet et nous étions remis de nos émotions fortes de la veille et prenions la route aux premières lueurs du soleil.
C’est avec mes bas d’hiver sur les mains (pour les dégeler) que nous entamions la descente.
Le Circuito Alpino étant trop technique à cet endroit, nous n’avions d’autre choix que de prendre le très long et très bas détour via le Circuito Classico. La journée d’aujourd’hui consistait à engranger le plus de km possible en descendant dans une espèce de vallée couloir aux paysages plus qu’ordinaires, pour remonter de l’autre coté et rallier un autre versant de la Cordillère Huayhuash.
Une fois atteint Huayllapa, le point le plus bas du Circuit à 3500m d’altitude, il fallait maintenant remonter jusqu’à Paso Tapush à plus de 4800m.
Nous passions le camp Hurtiac en vitesse (où tous les groupes s’arrêtent pour la nuit) pour aller directement à la Paso.
Le sommet de la Paso Tapush est un espèce d’immense plateau inhospitalier où il est difficile de savoir où se trouve le point le plus haut. Par 2 ou 3 fois nous pensions être arrivé au sommet… mais nous débouchions simplement sur une portion plus haute du plateau.
Le temps de descendre -300m de denivelé de l’autre coté que la temperature passait d’une journée froide d’hiver à une chaude journée d’été, et que les paysages devenaient du bonbon pour les yeux.
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Jour 6 – THE LONG WAY HOME
Départ Susococha Camp (@4500m)
Arrivé Llamac (@3300m)
Distance 21km
Dénivelé Positif +800m
Dénivelé Négatif -2100m
Ascension
– Paso Yaucha @4750m
– Paso Llamac @4300m
Et un autre réveil dans une plaine gelée à l’intérieur d’une tente toute givrée.
Au menu ce matin, l’ascension de la Paso Yaucha @4750m, nécessitant seulement ++300m d’ascension (partez les rires en canne).
À partir de là, il ne restait qu’à descendre une couple de centaines de mètres, marcher sur le plat dans le fond d’une vallée, monter un dernier Col (Paso Llamac @4300m… à ne pas sous estimer quand vous êtes exténué) et descendre -1100m de dénivelé négatif.
Un dernier coup d’oeil à Huayhuash & ses Nevados chargés de neige, et nous basculions en direction de Llamac, la fin du Circuit.
Une douche bien chaude & une bière bien froide… c’est tout ce que je demandais (j’avais plus de chance d’avoir une douche bien froide et une bière chaude).
…
Huayhuash EN BREF
+ Randonnée difficile, mais un sentier bien balisé et très fréquenté,
+ Multiple itinéraires possibles,
+ Campement sur les sites désignés,
+ Source d’eau abondante tout au long du Circuit,
+ Beaucoup de groupes de randonneurs avec guide et porteurs (à organiser depuis Huaraz), peu de randonneurs en autonomie complète,
+ Même en autonomie complète, le Circuit coute une petite fortune. Comptez environ 90$us par personne (site de camping + passage dans chaque village).
…
P.S. Je dédis cette Épisode à ma copine Tanzi. Tu m’as suivit sans broncher sur une tonne de sentiers pas commode tout autour de l’Amérique du Sud.
Jamais au grand JAMAIS tu ne t’es plain (tu as bien faillis t’évanouir quelques fois… mais ne s’est jamais plain ;-).
Pour une fille qui n’avait pas vraiment d’expérience de randonnée et qui avait une peur bleue des effets de l’altitude, tu as t’es même permis de me botter le cul à quelques reprises lors d’ascension (bon… mon sac était plus lourd 🙂
Épisode 119 – Illampu; Là où le Temps s’est Arrêté…
24 avril 2017
Quelque part 100km au nord ouest de La Paz (Bolivie)
Le vieux minibus bondé avalait les km de la route cahoteuse.
Le Lago Titikaka se trouvait sur notre droite, mais notre regard était fixé droit devant sur le massif de l’Illampu, l’un des joyaux de la Cordillera Real, la plus importante chaine de montagnes de Bolivie.
Du haut de ses 6388m, Illampu donnait l’impression d’être un monstre à plusieurs têtes (quinze sommets entre 5500m et 6400m pour être plus exact) fait de roches, de neige et de glace.
Le bus quittait l’altiplano pour plonger dans une immense vallée sortie de nul part.
Au final d’un route sinueuse, le chauffeur s’écriait « Sorata »!
Surnommé le « Jardin d’Éden » par les conquistadors, Sorata se situe à mi-chemin entre l’Amazone et les Andes. De la place publique au centre du village, il n’y a qu’à lever les yeux les « neiges éternelles » ou regarder vers le bas pour voir de la jungle à perte de vue.
Cette soirée là, nous serions les 2 seuls touristes en ville. Incompréhensible puisque Sorata était assurément la plus belle ville que nous avions vu en Bolivie. Pour nous, Sorata était surtout le point de départ du Circuit de l’Illampu.
JOUR 1 – EN MARCHE VERS LE CIEL
Départ Sorata (@2700m)
Arrivé Abra de Illampu (@4600m)
Distance 24km
Dénivelé Positif +2300m
Dénivelé Négatif -300m
Ascension
– Paso Abra de Illampu @4741m
06.00 – Le réveil sonne… ahhh… vlan… snooze.
Pour les 9 prochaines minutes, j’allais tenter de mémoriser la sensation d’être couché dans un lit…
À peine quitté la Plaza del Armas, au centre de Sorata, que le circuit montrait ses couleurs. Dès les premières minutes de la 1ère journée le sentier montait en flèche vers le sommet de la vallée. Avant de dormir ce soir, il faudrait monter +2000m de dénivelé positif jusqu’à Abra de Illampu (4741m), le 1er col du Circuit.
Dès lors, et pour les 110km et des poussières que compte le Circuit, l’expression « seul au milieu de nul part » allait rarement être aussi vraie. Même si la randonnée se trouve dans tous les guides de voyage, et même si nous étions en plein coeur de la saison touristique, nous n’allions pas croiser d’autres randonneurs, et simplement une poignée de locaux, durant les 5 prochains jours.
Bientôt Sorata n’était plus qu’un lointain souvenir. Seul le bruit des oiseaux rivalisait avec l’air qui donnait lourdement dans nos poumons.
Les heures défilaient, mais nous étions toujours à monter cet espèce de mur végétal; la route de terre montait en lacets au travers des champs de mais et des petites fermes.
Vers le haut de la vallée, les champs et troupeaux de moutons étaient remplacés terres laissées à l’état naturel où vagabondaient des llamas.
Au tournant d’un virage, nous dominions maintenant la totalité de la vallée, avec Illampu tout en haut sur notre gauche.
Passé Estancia, un petit village perché plus de 4000m, nous disions au revoir à la route de terre, pour dire bonjour à un sentier rocheux et difficile à suivre.
Après s’être perdu une bonne heure en suivant un mauvais sentier, nous entreprenions l’étape finale pour gagner le Col de Abra de Illampu. Nous n’avions plus qu’une seule vitesse; hyper super lent… une tortue sur le plat nous aurait dépassée.
La dernière centaine de mètres d’ascension se faisait en zig zag dans un couloir d’éboulement.
Abra de Illampu était dorénavant à porté.
Du sommet, nous avions l’impression d’être les Rois du monde. Tout (sauf Illampu) était en dessous de nous.
Nous basculions dans une nouvelle vallée étroite. À peine commencé la descente que nous localisions une petite plaine pleine de merde de llamas, avec un petit ruisseau glacé à proximité.
À ce sujet, il n’y a aucun campement désigné sur le Circuit Illampu; vous campez où vous voulez sans avoir à payer le moindre frais.
L’endroit serait parfait pour la nuit.
Le soleil ne tardait pas à laisser toute la place au ténèbres… et à un froid glacial. Nul doute, même si nous étions en plein milieu de l’été austral, la température descendrait bien en deca de zéro.
Nous étions les seuls être vivants à des milles à la ronde… même pas la moindre trace de végétation… que de la roche noire à perte de vue.
Toute la nuit, il allait régner un silence de mort; pas un son, pas même une goutte de vent.
…
Joue 2 – LE BRUIT DU SILENCE
Départ Abra de Illampu (@4600m)
Arrivé Cocoya (@3500m)
Distance 21km
Dénivelé Positif +700m
Dénivelé Négatif -1800m
Ascension
– Paso Korahuasi @4480m
Le réveil se passait dans une contrée complètement givrée. Un bain de soleil avec les 1ers rayons et nous étions en route.
Ce matin ne serait pas le cardio, mais bien les genoux qui seraient mis à l’épreuve; -700m de descente tout au fond de la vallée via un non sentier fait de roches et de marécages.
Tout au fond, à la jonction de plusieurs vallées, le sentier rejoignait une route de terre. Le fond de la vallée était peuplé de fermes extrêmement rudimentaires (faites avec les moyens du bord… donc de la pierre). La qualité de vie dans ce coin de pays semblait (au mieux)!extrêmement difficile.
Une fois passé Estancia Utjana Pampa, un village désormais en ruine, il était désormais temps d’entreprendre l’ascension du Paso Korahuasi, le 2ème de 6 Cols sur le Circuit… une ascension sans véritable sentier, au travers d’un jardin de buissons jaunes et de roches.
Depuis le sommet de Korahuasi (@4480m), le sentier empruntait une vallée ressemblant à un espèce de corridor descendant en droite ligne sur Cocoyo, le plus grand (et seul) village sur le Circuit.
La descente se terminait à marcher dans une plaine inondable sur quelques km… plaine traversée par des rafales de brouillard venant comme des murs blancs.
Un peu avant d’arriver au village, la pluie nous tombait férocement dessus et ne semblait pas vouloir arrêter de sitôt.
Durant la dernière heure, nous n’avions pas arrêté de se dire « encore un peu plus loin » à chaque fois que nous trouvions un site de camping convenable.
Il était maintenant trop tard. Le jour avait presque fait place à la nuit et il nous tombait des cordes dessus.
Nous décidions alors de chercher un alojamiento (hébergement chez les locaux)… sans succès.
Nous étions sur le parvis de l’église à chercher une solution, quant Tanzi eut l’idée d’aller voir au « Centro de Salud (Centre du Salut) » que nous avions aperçu à l’entrée du village.
À peine entré dans les « bureaux » que l’homme et la femme y travaillant comprenaient nos intentions… et nous menait vers une pièce inoccupée.
Ce ne serait pas le grand luxe, mais au moins nous avions un toit pour nous protéger de la pluie.
…
Jour 3 – HOLA! BUENOS DIAS!
Départ Cocoya (@3500m)
Arrivé Plaine Marécageuse (@4100m)
Distance 14km
Dénivelé Positif +1100m
Dénivelé Négatif -450m
Ascension
– Paso Sarani @4600m
Au matin, les nuages étaient bien présent, mais la pluie avait disparu; hip hip hip…
Nos hôtes ne voulaient rien savoir de recevoir un quelconque paiement de notre part. Tout ce qu’ils voulaient était une photo avec nous devant le Centro de Salud… difficile de refuser.
Pour rejoindre le sentier, nous devions monter tout en haut du village en passant par la rue principale… à l’heure où les enfants partaient pour l’école.
Notre passage dans le village prenait des allures de spectacles alors que tous les enfants voulaient nous dire « Hola, Buenos Dias ». Que de bonheur de voir les visages s’illuminer en entendant notre réponse.
Le village ayant récemment été désenclavé (une route a été construite pour relier le village au reste du monde), les gens n’avaient plus à utiliser le sentier que nous empruntons. N’empêche, les enfants de Cocoyo n’avaient pas vu beaucoup de blancs dans leur vie.
Le route sortant du village se dirigeait vers une vallée menant à Paso Sarani +1000m plus haut. Le brouillard ne tardait pas à nous envahir, nous réduisant à marcher à l’aveuglette.
Un petit & vieux monsieur pas de dent sortait de nul part et nous demandait des pilules pour le mal de tête (c’est en tout cas ce que nous avions compris)… puis 3 petits cochons venaient à notre rencontre, semblant demander de la nourriture… puis des troupeaux d’alpacas & llamas (toujours aussi amusant de regarder leur petite tête toute drôle)…
La vallée devenait peu à peu une véritable mer de roches. Aussi invivable l’endroit donnait l’impression d’être, nous croisions de petites fermes extrêmement rudimentaires jusqu’au sommet de la Paso.
Paso Sarani (@4600m) est le genre d’endroit où on ne s’éternise pas. Nous étions accueilli au sommet par un mélange de grêle et de brouillard très dense.
La vallée dans laquelle nous débouchions n’était guère plus accueillante; un désert de roches comprenant toutes les teintes de blanc (brouillard).
Plus nous descendions et moins le brouillard était dense, laissant peu à peu apparaitre une vallée verdoyante ceinturée de hautes montagnes, avec de petites fermes, des troupeaux de llamas et une rivière serpentant au milieu. Notre patience avait été récompensée…
Cette vallée était de loin l’endroit le plus propice à la vie de tous les lieux que nous avions croisés depuis notre départ de Sorata.
Désormais au plus profond de la vallée, nous passions au travers d’une immense plaine marécageuse peuplée de centaines de moutons, llamas et alpacas… l’endroit parfait pour installer notre campement.
Au final de notre 3ème journée de randonnée, nous avions désormais marché plus de la moitié du Circuit, monté 3 des 6 cols et nous étions en avance d’une bonne demi-journée sur notre itinéraire pour faire la randonnée en 7 jours.
JOUR 4 – LE BLIZZARD ÉLECTRIQUE
Départ Plaine Marécageuse (@4100m)
Arrivé Laguna San Francisco (@4700m)
Distance 24km
Dénivelé Positif +1400m
Dénivelé Négatif -800m
Ascensions
– Paso Abra de Calzada @5045m
– Paso San Francisco @4900m
Meilleure… Pire… Qui n’en fini pas… À glacer le sang… Trop chaud… Glaciale… À couper le souffle… tous ces qualificatifs y passent pour décrire le Jour 4 de notre randonnée sur le Circuit Illampu.
Cette journée est maintenant un bon souvenir, mais jamais je ne veux revivre une journée comme cela, tellement elle a failli tourner au drame à quelques reprises.
Toute bonne histoire commence… par un commencement (sauf dans le film Inception).
Nous admirions la plaine marécageuse et les nombreux animaux y jouant durant un bon moment avant de se résigner à plier bagage et commencer la journée.
Au menu d’aujourd’hui, l’ascension de la Paso Abra de la Calzada, le point le plus haut de la randonnée (@5045m), située 11km et +950m plus loin.
Le sentier prenait abruptement fin quand nous tombions sur une pelle mécanique…
Au lieu d’un sentier rocheux, nous en étions quitte pour faire l’ascension via une route de terre. C’était malheureusement le sort que la plupart des sentiers de grande randonnée étaient destines (je pense ici au circuit de l’Annapurna au Népal :-(. Triste, mais qui sommes nous pour empêcher un pays de se moderniser.
Une fois atteint Paso Abra de Calzada, se trouvant entre les sommets Calzada (5600m) & Kasiri (5875m) et leur glacier respectif, le ciel bleu exempt de nuage que nous avions jusqu’alors, se couvrait d’un épais brouillard. Les glaciers tout autour de nous ne faisaient alors plus qu’un avec le ciel.
Le brouillard se transformait rapidement en un blizzard qui recouvrait le sol de quelques cm de neige… assez pour faire disparaitre toute trace du sentier.
Les gros flocons de neige nous tombaient dessus avec furi. Comme si cela n’était pas suffisant, des éclairs traversaient le ciel.
Un blizzard électrique… pfff… ton histoire est sans queue ni tête? Je vous répondrais que l’histoire est trop insensé pour que je l’ai inventé.
Je disais donc… les éclairs traversaient le ciel. Sachant qu’un immense glacier se trouvaient directement au-dessus de nos têtes, nous avions une peur bleu qu’un éclair frappe la glace et déclenche une avalanche. Après tout, le lac plus bleu que bleu en contrebas et le champ de grosses roches, que nous traversions depuis bientôt 1h, n’étaient pas arrivés là par magie.
Il était donc hors de question d’attendre la fin de la tempête pour localiser le sentier. Non! Nous allions y aller à l’aveuglette.
Le son de chaque éclair nous résonnait dans le corps et nous glaçait le sang. J’essayais de rassurer Tanzi, mais peinais moi même à garder mon sang froid.
Une heure plus tard, le temps s’était complètement dégagé et nous terminions la journée à marcher dans des dunes de sable jusqu’au Lago San Francisco.
Nous avions alors une vue imprenable sur Kasiri et Ancohuma, 2 des hauts sommets du massif de Illampu.
Un peu avant d’arriver au Lago San Francisco, nous décidions d’installer notre campement dans une magnifique plaine. Nous allions partager l’endroit avec un groupe de chevaux sauvages (affreux je sais…)
JOUR 5 – LA BRUME
Départ Laguna San Francisco (@4700m)
Arrivé Sorata (@2700m)
Distance 36km
Dénivelé Positif +700m
Dénivelé Négatif -2550m
Ascension
– Paso Altiplano @4890m
Au matin, de fort vents balayaient notre site. Le genre de matin ou tu veux t’emmitoufler dans tes couvertes et mettre le chauffage dans le tapis…
Nous devions nous résigner à démonter et partir sans avoir eu notre bain de soleil matinal.
Nous rejoignions le Laguna San Francisco (@4450m) en vitesse, traversions une plaine marécageuse, qui ne demandait qu’à nous engloutir au moindre faux pas, et commencions l’ascension du dernier Col du Circuit (col sans nom que j’ai baptisé Paso Altiplano) via un sentier en zig zag.
Du sommet de Paso Altiplano (@4890m) nous pouvions en théorie voir le Lago Titikaka tout en bas. En pratique, tout était bouché par un brouillard épais.
Nous étions de retour dans l’Altiplano bolivien (plaine en haute altitude). Dès lors, il fallait « simplement » rallier Sorata -2150m plus bas.
Il y avait une route de terre, mais nous décidions d’y aller en ligne droite dans la plaine… ce qui s’avérait être une erreur puisque nous nous butions constamment à des collines sortant de nul part dans le brouillard.
Nous descendions dans un No Man’s Land / désert de cailloux. On ne voyais pas à plus de 10 mètres à la ronde. Des troupeaux de llamas sortaient du brouillard… et y retournaient aussitôt.
Le brouillard disparaissait complètement quelques km avant le village de Milipaya. Le tout se faisait extrêmement soudainement alors que nous étions à marcher dans des champs où travaillaient des boliviens. Vous auriez du voir leur visage! Leur regard semblait dire « mais d’où sortent ces 2 touristes?!? ».
Il ne restait « plus qu’à » suivre la route jusqu’à Sorata. (+/-20km et -1200m).
…
Sans trop se tromper, le Circuit Illampu fut notre randonnée la plus ambitieuse en Amérique du Sud.
Sans rien enlever au Circuit Huemul, à Dientes de Navarino, à Torres del Paine et au Circuit Huayhuash, ce fut 5 jours en autonomie complète sur un sentier TRÈS peu fréquenté, à une altitude moyenne de 4000m, avec des cols dépassant les 5000m, des températures froides le jour et glaciales dès que le soleil disparaissait.
…
Illampu!
Là où le temps et l’horloge de la modernité se sont arrêtés il y a quelques siècles.
Là où les habitants semble encore vivre à l’époque du Moyen-Age (exception faite des cellulaires).
Marcher le Circuit Illampu c’est être seul dans une contrée surprenante et reculée!
Marcher le Circuit Illampu c’est être prêt à faire face à l’imprévisible!
Vous rêvez d’avoir un sentier de Grande Randonnée à vous tout seul? Ne cherchez pas plus loin!
…
Illampu EN BREF
+ La randonnée très difficile en raison de l’isolement,
+ Un sentier pas toujours facile à suivre & souvent inexistant,
+ Source d’eau abondante tout au long du Circuit,
+ Aucune possibilité d’hébergement autre qu’en camping,
+ Aucun site de camping, vous campez où vous voulez,
+ Aucun frais de passage et/ou de camping (gratuit),
+ Possibilité d’organiser guide et/ou porteurs depuis Sorata.
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P.S. I – Essayez de gonfler des matelas de sol à 5000m d’altitude sans vous évanouir.
Épisode 118 – La Paz & El Choro
Paz – Nom Féminin signifiant « Paix » en espagnol.
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Le minibus roulait au travers de l’altiplano bolivien, laissant derrière le Lago Titikaka.
La Cordillera Real (Cordillère Royale), et ses hauts sommets enneigés, faisait son apparition.
Le bus pénétrait dans une grande ville; El Alto.
Soudainement, la ville disparaissait, laissant toute la place à… une nouvelle ville située dans un immense & profond canyon. Une sentinelle de glace se dressait droit devant, le Cerro Illimani à 6460m.
Difficile de ne pas être lâcher un WOW!!!
Bienvenue à La Paz, capitale de la Bolivie, plus haute capitale du monde (@3640m) et l’une des « 7 Wonder Cities (7 Villes Merveilleuses) » du monde!
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LA BOLIVIE POUR LES NULS
Re-bienvenue au pays des « Chucutas »… surnom des boliviens… qui signifie « Monsieur Patate »… les boliviens sont généralement petits, trapus et avec une grosse tête…
J’ai déjà parlé abondamment de la Bolivie il y a quelques mois lors de notre premier séjour.
Cette section Pour les Nuls se concentrera donc sur Evo Morales, l’actuel président de la Bolivie.
– En 2005, Evo Morales fut élu président de la Bolivie… le 1er dirigeant bolivien aux origines indigènes.
– Avant lui, tous les présidents de la Bolivie étaient à la solde des intérêts étrangers, vendaient (donnaient) les richesses du pays et se foutaient royalement du peuple.
– Depuis 2005, Evo s’efforce de redonner la Bolivie aux boliviens; il a nationalisé de nombreuses entreprises, construit de nombreuses routes pour relier des coin de pays jusqu’alors inaccessible, réformé le système d’éducation, etc.
– Tout n’est pas rose en Bolivie… le pays est toujours l’un des plus pauvres sur Terre… mais au moins les boliviens ont leur sort entre leurs mains et s’en vont dans la bonne direction.
– De nos jours, Evo est considéré comme une espèce de semi-Dieu par la population.
…
LA PAZ
Aucune raison ne justifiait la création d’une ville dans un canyon aride, profond de plus de 400m et situé à presque 4000m d’altitude. Il n’y avait aucun cours d’eau important à proximité, l’endroit était difficile à défendre et beaucoup trop haut en altitude pour faire pousser quelconque culture. Aucune raison… ne serait-ce que la petite rivière qui passait au milieu du canyon était à l’époque remplis d’or… la seule chose qui importait pour les conquistadors.
En 1548, « Nuestra Senora de la Paz (Notre Dame de la Paix) », dit La Paz, était fondée.
Mirador Kili Kili
Situé au nord du canyon et facile d’accès après une courte (mais intense) ascension depuis le centre-ville, le Mirador Kili Kili est l’endroit parfait pour commencer la journée et avoir une vue d’ensemble sur la capitale.
Il n’y a pas de plat à La Paz; soit vous montez ou descendez. Mis à part le centre-ville, situé dans le fond du canyon et comportant des tours résidentielles et commerciales, le reste du canyon est un ramassi de petits bâtiments en briques rouge.
Dans la catégorie; « j’aurais souhaité ne jamais y aller », nous avons assisté à un spectacle de Cholitas; un espèce de Lucha Libre Mexicaine (lutte où tout est chorégraphié) mettant en scène des femmes habillées en costumes traditionnels (robe + chapeau haut de forme + tresse + talon haut).
J’avais un certain malaise à regarder ces petites dames se taper dessus et se briser des planches de bois sur le dos.
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RANDONNÉE « EL CHORO »
L’idée est simple; marcher plus de 50km sur un ancien chemin Inca reliant le Col « La Cumbre », situé sur les hauteurs de La Paz (@4900m), jusqu’à Coroico, ville à la lisière de l’Amazone (@1700m).
Jusqu’en 1930, ce sentier était la seule route reliant La Paz au nord-est de la Bolivie.
Une randonnée facile de 3 jours… ou assez intense de 2 jours.
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Jour 1 – TOUT EN DESCENTE
Départ La Cumbre (45min de bus depuis La Paz)
Arrivé Vila Loba (camping)
Distance 24km
Dénivelé Positif +300m
Dénivelé Négatif -2800m
Une fois descendu du bus et monté les derniers +300m séparant la grande route du sommet de La Cumbre, un endroit où rien ne pousse, mais offrant un formidable panorama à 360 sur les montagnes environnantes, le sentier plongeait dans une vallée sinueuse.
Dès lors, la randonnée se résumait en une « chute libre » de presque -3000m de dénivelé négatif, passant au travers d’une contrée reculée, où les llamas étaient nombreux, mais les habitants rares.
Tanzi étant malade depuis quelques jours, elle avait décidé d’aller se reposer et m’attendre à la fin du parcours.
Même si la randonnée est sans aucune véritable difficulté, et que le départ est a moins d’une heure de La Paz, le sentier était désert; j’allais croiser une demi-douzaine de randonneurs tout au plus. Du nombre, Nicolas (québécois), Maeva et Charlotte (françaises), avec qui j’allais partager le chemin lors de la 1ère journée.
Qui dit « ancien chemin Inca », dit « route de pierre en mauvais état ». Le chemin était en réalité une ligne de pierre zigzaguant dans le fond de la vallée au travers de la plaine.
La vallée montagneuse et sans végétation du début laissait peu à peu la place à une forêt tropicale de plus en plus dense. Du même coup, la température fraiche du début était désormais chargée d’une humidité suffocante.
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Jour 2 – SOUS UNE PLUIE DILUVIENNE
Départ Vila Loba (camping)
Arrivé Pacallo + taxi jusqu’à Cocoiro
Distance 32km
Dénivelé Positif +850m
Dénivelé Négatif -1850m
Nouveau jour, même rengaine; descente dans une vallée tropicale via un sentier rocheux.
La pluie se mettait rapidement de la parti, se transformant éventuellement en un véritable déluge qui allait perdurer toute la journée, transformant du même coup les roches (sur lesquelles je marchais) en un jeu dangereux.
J’arrivais à Villa Esperanza, la fin du sentier, au bout de 7 longues heures.
Ayant distancé mes compagnons de marche en début de matinée, j’étais seul et le seul transport pour gagner Coroico (20km plus loin) était un taxi à 60$.
Sans dire un mot, je souriais au chauffeur, reprenais mon sac et commencais à marcher sur la route.
5km plus loin, j’atteignais le village de Pacallo. Un homme s’écriait « taxi ». Je lui demandais « cuanto (combien) » sur un air désabusé (en pensant qu’il allait me demander une fortune lui aussi)… il me répondait « 10bob (2$) ». Hehe
2 jours, 50km de marche et plusieurs km de dénivelé négatif sur un sentier rocheux, que moi et mes genoux en compote étions désormais à quelques minutes de retrouver Tanzi à Coroico.
…
COROICO
Alors que La Paz se situe en plein coeur de la Cordillère des Andes, moins de 2 heures de route vers l’est et le paysage change radicalement.
Vous atteignez alors Coroico (1700m), charmant village situé au coeur de la province de Yungas, une région faite de collines toutes vertes à mi-chemin entre les Andes et l’Amazone.
Épisode 116 – L’Amazone À Vitesse Très Petit V
11.30am – 5 Avril 2017
C’est par une journée de mousson typique (saison des pluies) que le « Sagrado Coracao de Jesus », vieux bateau en bois, s’apprêtait à quitter le port de Manaus, la capitale de l’Amazone, 24 heures à peine après y être arrivé en provenance du Venezuela via Boa Vista.
Depuis les premières lueurs du jour, les gens installaient leur hamac sur l’un des 2 ponts ouverts de ce petit bateau ne faisant pas plus de 50m de long, par 20 mètres de large. Entassé comme des sardines et sans aucune intimité, c’était la manière de voyager dans ce coin du monde… mais pas pour nous.
Pour à peine 30$/jour par personne, nous avions opté pour un peu de confort; une cabine en bois (qui avait dû être très luxueuse il y a 100ans) avec lit double, salle de bain, a/c, frigo, TV, balcon privé, et 3 repas inclus. Une « croisière » beaucoup plus luxueuse que celle faite sur le bateau Navimag en Patagonie chilienne (pour une fraction du prix).
Cette cabine, que nous avions affectueusement baptisée « the cell (la cellule) » serait notre maison pour les 6 prochains jours, le temps de remonter près de la moitié du fleuve Amazone jusqu’à la triple frontière entre le Brésil, le Pérou et la Colombie.
Pour passer le temps, nous avions pris soin de remplir notre frigo à pleine capacité de bières et de vins… un moyen comme un autre de s’habituer au plancher incliné à plus de 15 degrés.
Départ; Manaus, au km 1000 de l’embouchure de l’Amazone sur l’Atlantique.
Arrivé; Tabatinga, au km 2700 de l’embouchure de l’Amazone sur l’Atlantique.
…
L’AMAZONE POUR LES NULS
L’Amazone (l’Amazonie), le « coeur de l’Amérique du Sud », « le poumon de la Terre », se meurt.
Avant d’élaborer plus en détail sur cette affirmation, il faut faire la distinction entre l’Amazone, le fleuve, et l’Amazone, la jungle. Le fleuve se porte bien, c’est la jungle qui se meurt.
À ce jour, plus de 20% de la superficie de l’Amazone a disparu en raison de l’homme (déforestation). Chaque année qui passe, environ 2% de l’Amazone disparait. Si le déboisement continu au rythme actuel, l’Amazone aura complètement disparu en 2050.
Ce que l’homme fait actuellement à l’Amazone cause un dommage irréparable/irréversible non seulement à la jungle, mais aussi aux habitants de la planète toute entière.
– L’Amazone c’est la 2ème plus grande forêt au monde (après la Taiga – Sibérie/Russie),
– L’Amazone c’est 50% de toutes les forêts tropicales sur Terre,
– L’Amazone abrite plus de 10% de toutes les espèces vivantes sur Terre. En d’autres mots, 1 espèces sur 10 de toutes les espèces de plantes et d’animaux habitant notre belle Planète Bleue se trouve dans l’Amazone,
– L’Amazone joue un role vital à la vie sur Terre en absorbant (transformant) une grande quantité du dioxide de carbone si néfaste à l’homme.
L’Amazone n’est pas l’affaire d’un seul
Pays. Partagé à 60% Brésil, 10% Pérou, 7% Colombie, 6% Bolivie, 6% Venezuela, et les miettes dans les Guyanas, c’est au Brésil que le plus de dommage (et le moins d’effort de conservation) y est fait.
L’Amazonie brésilienne version 2017 est un gigantesque chantier où les routes et villes poussent un peu partout. Il y a presque plus de brésiliens vivant dans l’Amazone, que de canadiens au Canada. À elles seule, les villes de Manaus, Boa Vista et Porto Velho font presque 10 millions d’habitants.
Ça c’était pour l’Amazone la jungle… parlons maintenant de l’Amazone le fleuve…
Plus important fleuve sur la planète en terme de débit, 2ème plus important fleuve en terme de longueur (seul le Nil est plus long), l’Amazone draine plus de 12% de toutes les réserves d’eau douce (non salée – potable) sur Terre.
L’Amazone prend sa source dans les Andes péruviennes, traverse tout le Brésil, avant de se jeter dans l’océan Atlantique. Le fleuve est navigable par bateau jusqu’à Iquitos, 3700km après l’embouche sur l’Atlantique.
Fait surprenant, AUCUN pont ni barrage ne traverse/bloque le fleuve. C’est donc dire que le seul moyen de traverser d’un coté à l’autre est par bateau… ce qui a pour conséquence de trancher le Brésil (que le fleuve traverse sur toute sa transversale) en 2 parties bien distinctes.
L’absence d’infrastructure sur le fleuve s’explique par sa largeur (son embouchure sur l’Atlantique fait plus de 300km de large… tandis que le fleuve se resserre à moins de 1km de large au km 600), sa profondeur, sa puissance et surtout par le fait que durant la saison des pluies (de décembre à juin), l’Amazone inonde des centaines de km de plaines et de forêts sur ses berges.
L’Amazone héberge quelques habitants célèbres;
– Le Boto, le dauphin rose de l’Amazone, plus grand dauphins d’eau douce au monde,
– Les Piranhas (pas besoin de présentation). Ces poissons carnivores sont présents en grand nombre et s’attaquent au bétail et aux humains. Le niveau de l’Amazone peut monter de 12-15m à la saison des pluies. Les piranhas se retrouvent donc dans les champs. Ils sont notamment responsable de la mort de 300 personnes lors d’un naufrage sur le fleuve en 1981. Si vous n’aviez pas encore compris, il n’était pas question de se baigner dans l’Amazone, même pas s’y tremper les pieds… quoique le sud africain Mike Horn a descendu à la nage en autonomie complète la totalité du fleuve en 1997.
– L’anaconda Géant, l’une des plus grande espèce de serpent au monde,
– Le piratuku, un poisson pouvant mesurer de 3 à 5 mètres et peser de 200 à 400 kg.
…
Pourquoi avoir nommé le fleuve et la jungle « Amazone »?
À l’époque pré-colombienne (avant les espagnols/portugais), le fleuve n’avait pas vraiment de nom. Au début du 16ème siècle, les 1ers conquistadors baptisèrent le fleuve « Mar Dulce (Mer D’Eau Douce) » et « Rio Grande (Grande Rivière) ».
En 1541, un conquistador espagnol, qui cherchait du trouble à une tribus où les femmes étaient des guerrières au même titre que les hommes, surnomma l’endroit Amazone en référence aux guerrière décrites dans la mythologie grecque.
Il n’en fallait pas plus pour que le nom marque l’imaginaire et persiste au fil des siècles.
…
L’AMAZONE À CONTRE-COURANT
Voguer sur l’Amazone c’est… c’est… plate rare!!!
Après 1 demi journée de navigation, nous étions à 25km (distance d’oiseau) de Manaus. La croisière allait être loooooongue. Un repos forcé, sans internet, qui allait faire du bien au corps et au mental avant d’entamer la dernière portion de notre voyage en Amérique du Sud qui s’annonçait pour le moins chargée.
À l’horizon, il n’y a aucun relief, tout était plat à perte de vue. Plus souvent qu’autrement, on ne voyait que de l’eau brune sur un fond de jungle et de nuages gris.
Peu importe comment large le fleuve était, le bateau voguait toujours à quelques mètres seulement de l’une des 2 berges, si bien que nous pouvions admirer de très près comment les gens vivent le long de l’Amazone. Parce que oui, des gens vivent ici.
Dupuis les 60 dernières années, le gouvernement du Brésil propose des initiatives pour inciter les pauvres de partout au pays à venir coloniser l’Amazone (triste mais vrai). C’est ainsi que l’on passe rarement 1km sans apercevoir une habitations. Ces habitations sont pour les plupart extrêmement rudimentaires; de minuscules carrés sur pilotis.
Autrement, il faut avoir beaucoup de lecture et/ou de trucs à écrire pour passer le temps.
Et parce que nous avions été sage, Dame Nature nous récompensait avec de splendides coucher de soleil (peut-être aussi des lever de soleil, mais nous étions trop occuper… à dormir).
…
Au 1 jour, tout était nouveau…
Au 2 jour, nous pouvions passer de longues heures à fixer le paysage qui défilait leeeeeentemeeeeent devant nous…
Au 3 jour, les batteries étaient complètement rechargées…
Au 4 jours, nous venions à bout de notre stock d’alcool…
Au 5 jours, ça commençait à être le temps qu’on arrive…
Au jour 6, nous étions enfermé dans notre cabine toute la journée puisqu’il tombait des cordes dehors… comme il peut en tomber en Amazone durant la mousson..
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En fin de soirée du jour 6, après 131 heures et 1700km, le bateau s’arrêtait définitivement à Tabatinga.
Bienvenue à la triple frontière!
…
LA TRIPLE FRONTIÈRE
« Dangereux la nuit! Ne sortez pas de votre hotel sous aucun prétexte » – C’est à peu près la seule chose que mon guide de voyage mentionnait à propos de Tabatinga… avec les mots « traffic » et « drogue » répétés très souvent.
Et pourtant… il était passé 22.00 et nous étions à marcher dans les rues désertes de Tabatinga pour nous trouver un auberge… sans se faire trucider.
Qui dit 3 frontières… dit 3 pays… dit 3 villes; Tabatinga (Brésil), Santa Rosa (Pérou) et Leticia (Colombie). Aucune des 3 villes n’est relié au reste du continent par la route, seulement par bateau et avion.
Alors que les villes de Tabatinga et Leticia ne font qu’une, sans véritable frontière (on peu passer librement de l’une à l’autre), Santa Rosa fait bande à part de l’autre coté du fleuve.
Avez vous déjà foulé le sol de 3 pays… en moins de 2 heures… sans avoir à passer un poste frontalier et montrer votre passeport? Je me réveillais à Tabatinga (Brésil), pour aller prendre mon déjeuner à Leticia (Colombie), sautait dans une vieille pirogue et hop, je me retrouvais de l’autre coté du fleuve sur Isla Santa Rosa, Pérou.
Alors que Leticia et Tabatinga sont directement sur le fleuve, le petit village linéaire de Santa Rosa se trouve sur une ile perdue au travers des mangroves. La plupart du temps, les voyageurs passent en coup de vent à Santa Rosa, pour collecter leur tampon d’entrée/sorti du Pérou au bureau d’immigration, et se diriger en vitesse vers Leticia. Très dommage puisque Santa Rosa offre un cadre unique et est sans aucun doute mon endroit préférée dans l’Amazone.
03.00 – C’est sous un déluge que nous sautions dans un petit bateau taxi pour rejoindre le bateau rapide (espèce de bus flottant) qui allait nous mener à Iquitos, plus en amont du fleuve amazone au coeur de l’Amazonie péruvienne. Toute une expérience que d’être dans un petit bateau, qui menace de chavirer à tout moment, sur le fleuve amazone sous une averse à ne rien y voir dans la nuit noire.
Multo Obrigado Brasil!
(Re)Bienvenido Pérou!
See you dans 2 mois Colombie!
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IQUITOS
12 heures et 1000km plus tard, Iquitos était en vue.
À première vue depuis l’Amazone, Iquitos ressemblait à un gros dépotoir de bateaux: sur des km ont pouvaient voir des bateaux sur les berges.
Situé au km 3700 de l’embouchure du fleuve amazone, Iquitos possède le titre inusité de « plus grande ville de la planète à ne pas connectée par la route ». En effet, plus de 50% de la superficie du Pérou est recouverte par l’Amazone, et Iquitos se trouve en plein coeur sans aucune route pour y accéder. Le seul moyen de gagner Iquitos est par les airs ou par bateau.
Rues pleines de tuk tuk et hyper bruyantes, où les conducteurs n’o t aucun respect pour les piétons. Pas de doute, nous étions de retour au Pérou.
Belen Market
Le très achalandé Marché Belen est un genre de Marché Atwater (Montréal), qui s’étendrait sur un bon kilomètre carré de patés de maisons et où vous pouvez trouver de tout (sauf ce que vous chercher vraiment). Toutes les communautés indigènes qui vivent dans l’Amazone péruvienne viennent ici pour vendre leur produit.
Une fois « entré » dans Belen, il est très difficile de trouver la sorti tant de cette ville dans la ville tellement l’endroit est labyrinthique et ne semble jamais prendre fin.
La Isla de los Monos
(L’ile des Singes)
Le highlight de notre voyage en Amazone fut la visite de Isla de los Monos, une ile réputée pour être un orphelinat de singes.
En premier lieu, il fallait survivre à la traversé de 45min depuis Iquitos jusqu’au village de Mazan, à bord d’un petit (et vieux) bateau surchargé, qui donnait l’impression de vouloir chavirer à tout moment. Nous étions quitte pour une bonne frayeur.
Nous sautions ensuite dans un bateau encore plus vieux pour une traversée vers l’Isla.
Une fois sur l’ile, nous étions « attaqué » par une vingtaine de petits singes d’une demi-douzaines d’espèces. Toutes ces petites bêtes ne voulaient qu’une chose; nous grimper dessus en s’agrippant avec leur 2 bras, 2 jambes et leur queue.
Sensation des plus uniques que de sentir les petites mains/pieds et leur queue s’enrouler autour de nos bras afin de s’agripper.
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15 Avril 2017
Bon… ce n’est pas tout. Il pleut des cordes depuis 2 jours et les prévisions ne sont guère meilleures pour la prochaines semaines. La mousson est bien installé, ce qui sonne la fin de notre séjour en Amazone.
Je ne veux plus entendre (ou voir) le mot bateau avant un très long moment!
À la première heure, nous nous envolons pour d’autres cieux… plus radieux.
Bolivie nous revoilà!!!
Épisode 115 – Roraima; Le Monde Perdu
RETOUR DANS LE TEMPS
2 Janvier 2017 – Puerto Williams – Isla Navarino
« N’allez pas au Venezuela! Je sais que Roraima est très tentante, mais promettez-moi de ne pas aller au Venezuela!! Le pays peut imploser et tomber en Guerre Civile à tout moment!!! »
Ces mots furent prononcés par un couple de brésiliens rencontré sur Isla Navarino. Docteurs, dans la quarantaine et adeptes de plein-air, ils avaient fait pas mal toutes les randonnées possibles sur le continent sud américain.
Quand je leur ai mentionné que nous envisagions nous rendre au Vénezuela pour faire Roraima, les traits de leur visage s’étaient durcis et ils nous avaient lancé cette mise en garde… comme si des parents donnaient un ordre à leurs enfants.
Depuis plus de 8 mois que je parcourais l’Amérique du Sud, ils n’avaient pas été les seuls à me déconseiller d’aller au Venezuela… et pourtant… en ce 27 mars 2017, nous étions en route pour le Vénézuela.
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VENEZUELA POUR LES NULS
« Nous n’avons pas besoin de touristes, nous avons du pétrole » – Hugo Chavez
Lieu de naissance de Simon Bolivar, figure emblématique de l’Indépendance des colonies espagnoles en Amérique du Sud, le Vénézuela a toujours été le mouton noir de l’Amérique du Sud, faisant les choses à sa manière.
Nom officiel; Republica Bolivarian do Venezuela
Population; 30 millions
Capitale; Caracas
Langue; espagnol
Comment le Vénézuela a t’il pu passé d’un des pays les plus riches du continent au pays le plus pauvre, sur le bord de la guerre civile.
Le Vénézuela est dans le top 5 des pays producteurs de pétrole au monde. Il y a quelques années, lorsque le prix du pétrole s’est effondré (pour ne plus jamais remonter au niveau d’antan), le pays n’avait pas vu venir le coup et a été secoué par un tremblement de terre de puissance maximale.
Du jour au lendemain, le pays qui tirait plus de 80% de ses revenus du pétrole, a vu ses profits fondre comme neige au soleil.
Le gouvernement, qui n’avait jamais utilisé l’argent du pétrole pour diversifier l’économie du pays (comme les UAE ont faits), a du procéder à des coupes drastiques. Les vénézuéliens, habitués a une qualité de vie aisé, sont tombés de leur nuage.
La monnaie, le Bolivar, a été dévalué a un point tel qu’elle ne vaut plus rien en dehors du pays. Les vénézuéliens étaient dès lors prisonniers de leur propre pays.
Du coup, la population est descendue dans les rues, surtout dans les grandes villes comme Caracas. Depuis ce temps, le pays est plongé dans le chaos le plus total. Le gouvernement peine à acheter de l’étranger des produits de base tel que de la nourriture et des médicaments. Il y a pénurie de tout, surtout dans les grandes villes et à la frontière avec la Colombie, où des milliers de vénézuéliens tentent de fuir illégalement en quête de jour meilleur.
Le Venezuela… un pays dangereux… c’est ce que tout le monde dit… mais tout le monde en sait quoi au juste? Tout le monde n’est jamais allé au Venezuela? Tout le monde voit ce que les médias veulent bien nous montrer; des images et des histoires qui font sensations.
La vie vaut la peine d’être vécu à fond et cela implique de prendre des chances de temps en temps.
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2 FRONTIÈRES EN 24h
Après avoir passé la frontière entre la Guyana (Lethem) et le Brésil (Bonfil) une douzaine d’heure plus tôt, dormi à Boa Vista (une ville qui porte très mal son nom), nous étions à bord d’un taxi collectif roulant à vive allure en direction de Pacaraima, à la frontière du Brésil avec le Vénézuela.
Plus nous approchions de la frontière et plus la tension montait. Nous avions beau avoir reçu toutes les assurances que l’endroit était sécuritaire, il n’en demeurait pas moins que nous étions nerveux… une nervosité mélangée avec beaucoup beaucoup d’excitation.
Nous passions le poste frontalier brésilien… pour nous diriger vers le poste frontalier vénézuélien… et en ressortir au Venezuela.
Nous sautions dans un taxi pour rejoindre Santa Elena, la ville la plus proche… simplement pour voir le chauffeur se diriger vers le Brésil… à notre plus grande surprise… et sous le regard médusé du militaire qui venait de nous faire passer la frontière.
Ce que le chauffeur ne nous avait pas dit, c’est qu’il devait aller chercher un truc du coté brésilien avant de se diriger à Santa Elena de Uairen…
Plus de peur que de mal!
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BIENVENUE AU VENEZUELA!
Santa Elena n’était pas en flamme, il n’y avait aucun mort dans les rues, aucun coup de feu, aucune personne qui tentait de nous arracher la tête et/ou de nous voler tout ce que nous avions. Bref, tout était business as usual; il faisait chaud et humide.
Santa Elena est une petite ville de 8000 habitants, coincé entre la frontière brésilienne et le « Parque Nacional Canaima », l’un des plus grand Parc National au monde, comprenant entre autre Angel’s Fall (la plus haute chute au monde), la Gran Sabana et Roraima. À plus de 10-12 heures de la grande ville vénézuélienne la plus proche, nous étions entré au Venezuela par la petite porte d’en arrière, très loin du chaos.
Nous ne tardions pas à trouver une chambre d’hotel très spacieuse, avec salle de bain, TV, frigo, A/C pour moins de 9$… du jamais vu.
Tanzi, qui désirait s’acheter une nouvelle casquette, payait l’article avec un simple billet de 50 reals (monnaie brésilienne – l’équivalent de 21$can). La caissière lui redonnait le change en Bolivar… 40000 Bolivar pour être plus exact… en billet de 100 Bolivar… la pièce de monnaie la plus élevé au Venezuela. Elle ressortait du magasin avec de grosses piles d’argent… ressemblant beaucoup plus à une voleuse de banque qu’à une personne qui venait de s’acheter une casquette.
En fin de journée, nous rencontrions notre guide et le reste du groupe. Impossible de faire autrement pour se rendre où nous voulions aller.
Dès demain, l’aventure allait commencer!
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JOUR 1 – LA GRAN SABANA
Info
Départ; Santa Elena (4×4)
Début Randonnée; Paraitepui
Fin de la Randonnée; Camp RioTek
Distance; 13km
Dénivelé Positif; +150m
Dénivelé Négatif; -300m
Après s’être fait brasser durant 2h à bord d’un 4×4 roulant sur des chemins de terre défoncés, nous arrivions au village de Paraitepui.
Loin devant nous pointait 2 massifs rocheux, Roraima et son petit (pas petit) frère Kukenan, 2 monolithes géants plantés au beau milieu de la savane tels des forteresses imprenables. Et pourtant, au terme de la randonnée de 6 jours que nous débutions, nous aurions sommité Roraima!
Roraima, de son véritable nom Roroma (les anglais trouvaient que Roraima sonnait mieux), et qui signifie « Grand Bleu Vert » est une montagne atteignant 2810m, qui ferait paraître Table Mountain à Cape comme une très petite table.
Situé à la triple frontière du Brésil, Venezuela et Guyana, il est seulement possible de réaliser l’ascension du coté vénézuélien. Cette randonnée est réputé comme l’une des plus belles au monde… même si elle est inconnue de monsieur-madame-tout-le-monde.
La création de Roraima n’est pas dû à un volcan ou aux glaces qui auraient modifié le paysage en se retirant lors de l’une des périodes de glaciations que la Terre a connu. Non! La création de Roraima remonte à l’époque où tous les continents ne formaient qu’un seul continent; Pangea.
L’endroit a inspiré de nombreux créateurs, notamment Sir Arthur Conan Doyle, le créateur de Sherlock Holmes, pour l’écriture d’un des romans de fiction les plus célèbres jamais écrit; « The Lost World (Le Monde Perdu) ».
Pour ma part, Roraima trône au sommet de ma liste des endroits à voir depuis que j’ai découvert son existence il y a quelques années grâce au film d’animation « Up » de Disney/Pixar (vous savez le vieil homme et sa maison qui vole avec des ballons).
La randonnée du jour, sans aucune difficulté, consistait à se rapprocher de Roraima en marchant au travers de la « Gran Sabana (la Grande Savane) », une vaste étendue d’herbe et de petites collines s’étendant jusqu’à perte de vue (sauf pour Roraima et Kukenan).
Nous étions en compagnie de notre guide Marisol (vénézuélienne parlant très bien anglais… une rareté), de 2 porteurs/cuisiniers, de Pedro et Marie (un couple portugais/allemand), de Mae (une japonaise)… et de notre toilette portative. J’avais vu des Parcs Nationaux avec des règlements bizarres, le premier en tête de liste étant Altos de Lircay (Chili), où il fallait avoir un bruleur et un poêlon pour entrer dans le parc… même si vous faisiez la démonstration que toute la nourriture que vous alliez manger ne nécessitait aucune cuisson… mais l’obligation d’avoir une toilette portative était une première.
En chemin, Marisol me lançait « Your bag is so small (ton sac est tellement petit) ». Je lui repondait qu’il y avait une tente, un sleeping et des vêtements chauds dedans. Elle me lançait alors un regard du genre « tu penses que je suis une idiote ».
Une fois au Camp Riotek, je sortais la tente et le sleeping de mon sac et Marisol s’écriait « it is true!!! (Tu disais vrai!!!) ».
C’était maintenant l’heure de contempler la vue… et de se faire manger par les Puri Puri, petits moustiques aux piqures extrêmement douloureuses.
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JOUR 2 – LA DÉMESURE
Info
Début Randonnée; Camp Rio Tek
Fin de la Randonnée; Camp de Base
Distance; 11km
Dénivelé Positif; +800m
Dénivelé Négatif; -50m
La journée débutait sous un ciel très bas et chargé… qui allait éventuellement nous tomber sur la tête… avec Roraima et kukenan complètement cachés dans les nuages.
Fini la Gran Sabana, nous entreprenions l’ascension du podium végétal sur lequel Roraima donnait l’impression d’être déposé.
J’avais rarement vu quelque chose d’aussi impressionnant; plus on s’approchait et plus les parois rocheuses semblaient insurmontables. La proportion de Roraima est tout simplement démesuré, son manteau de brouillard ajoutant à sa grandeur.
Le camp d’aujourd’hui se trouvait sur un plateau, au sommet du monticule de verdure, tout près du début de la paroi rocheuse. L’endroit offrait une vue imprenable sur la Gran Sabana en contrebas.
La température, extrêmement changeante, mais toujours nuageuse, faisait en sorte de constamment modifier le paysage; une minute nous pouvions admirer Roraima presque entièrement, l’autre minute tout était bouché, tandis que la plupart du temps Roraima ne se dévoilait que partiellement au travers de son grand manteau gris.
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JOUR 3 – LA BRÈCHE
Info
Début Randonnée; Camp de Base
Fin de la Randonnée; Hotel Indio
Distance; 8km
Dénivelé Positif; +500m
Dénivelé Négatif; -50m
Aujourd’hui, nous entreprenions de rejoindre le sommet de Roraima.
Le guide avait beau pointer en direction du sentier montant jusqu’au sommet, je ne voyais que des parois verticales. Il y avait pourtant bel et bien une brèche dans l’armure de Roraima… une seule sur tout le périmètre; « Paso de la Grimace ».
La première section se passait dans une jungle très dense et verdoyante. La guide nous mettait en garde contre la grande quantité de serpents venimeux dans les environs; nous aurions à utiliser nos mains et ces mêmes serpents vivaient dans les trous où nous devions prendre appui.
Nous pouvions désormais toucher à la paroi. Il fallait avoir la tête extrêmement arquée vers le haut pour apercevoir le ciel tellement Roraima prenait tout l’horizon de droite à gauche et de haut en bas. La montagne avait constamment la tête dans les nuages, si bien que nous avions l’impression de monter au ciel.
Sur les coups de midi, nous atteignions le sommet, un endroit tout sauf hospitalier, étant balayé par des rafales de brouillard. Il y régnait un silence de mort.
Nous installions notre campement pour les 2 prochains jours dans les cavités d’une petite montagne surnommée « Hotel Indio ». Ne vous laissez pas méprendre par le nom, l’endroit n’offrait aucun confort.
N’empêche, le super panorama compensait amplement pour les 2 nuits froide et humide qui nous attendaient; le genre de froid qui se fou de combien de couches de vêtement tu portes et qui se rend directement au os.
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JOUR 4 – LA FORTERESSE DU CIEL
Info
Début Randonnée; Hotel Indio
Fin de la Randonnée; Hotel Indio
Distance; +/-12km
Dénivelé Positif; –
Dénivelé Négatif; –
Roraima est réputée pour offrir une température complètement imprévisible à longueur d’année, avec de la pluie et du brouillard au menu plus souvent qu’autrement.
Il faut croire que Dame Nature nous apprécie puisqu’il n’y avait aucun nuage à l’horizon à notre réveil. Nous avions une vue impressionnante sur la Gran Sabana tout en bas depuis Hotel Indio.
À peine la première lueur du soleil pointée que nous entreprenions d’explorer le sommet. Devant nos yeux s’étendait une contrée tellement vaste qu’il était facile d’oublier que nous étions sur le sommet d’une montagne. On aurait pu marcher une dizaine de km sans tomber sur le périmètre de Roraima.
Le sommet de Roraima était un endroit totalement inhospitalier et labyrinthique, un paysage formé de roches noires et de marais, avec d’étranges & fascinantes formations rocheuses. Le genre d’endroit que ton cerveau peine à croire qu’il peut exister… et pourtant il se trouvait devant nos yeux.
L’endroit était le repère de nombreux scorpions et tarentules. Nous avons croisé 3 tarentules… dont une de très près; je faisais un somme sur une roche quand Tanzi m’a lâché un cris de mort… la grosse tarentule velue était à moins de 1m de moi.
The Abyss (L’Abysse)
De ce mirador sur le périmètre, il était possible de voir le territoire de la Guyana s’étendre à l’infini devant nos yeux en contrebas.
The Window (La Fenêtre)
Offrant de super points de vue sur Kukenan de l’autre coté de la vallée, l’endroit est aussi reconnu pour sa roche en porte-à-faux sur au moins 10 mètres au-dessus de la vallée… 700m plus bas.
Maverick
À 2810m, le point le plus haut de Roraima se veut un incontournable pour admirer le coucher de soleil sur la Gran Sabana.
Voir un coucher de soleil assis à moins de 1m du bord d’une paroi verticale plongeant à plus de 800m; check.
Juste avant que le soleil ne disparaisse derriere Kukunan, le brouillard enveloppait tout. Une manière pour Roraima de nous montrer qui était le boss.
Info
Début Randonnée; Hotel Indio
Fin de la Randonnée; Camp Rio Tek
Distance; 19km
Dénivelé Positif; +100m
Dénivelé Négatif; -1300m
Des vents violents et un brouillard dense, c’est ce qui régnait sur Roraima à notre réveil. Le soleil tentait de percer cette muraille blanche… sans succès.
Le genre de température où tu veux refermer le zipper de ta tente à peine après l’avoir ouvert, et t’emmitoufler dans ton sleeping. Comme vous le devinez, cela n’était pas une option; il nous fallait redescendre Roraima par Paso de la Grimace et faire à rebours les jours 2 et 3 jusqu’au Camp Riotek.
Plus nous descendions et moins le brouillard était dense, au point de disparaitre, laissant apparaitre la Gran Sabana devant nos yeux.
Une fois passé le Camp de Base (nuit du jour 2), nous en avions fini avec les sentiers casse-cou.
Dès lors, nous descendions tranquillement en direction du Camp Riotek (nuit du jour 1).
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Jour 6 – PROMENADE DANS LE PARC
Info
Début Randonnée; Camp Rio Tek
Fin de la Randonnée; Paraitepui
Distance; 13km
Dénivelé Positif; +300m
Dénivelé Négatif; -150m
Toute bonne chose à une fin!
Un dernier long regard à Roraima, pour tenter de mémoriser la montagne dans mon esprit, et nous étions dans le 4×4 en route pour Santa Elena.
Une dernière nuit au Venezuela et puis ce serait le Brésil… encore.
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ÉPILOGUE
J’ai visité beaucoup de pays, marché des randonnées mythique et gravit de hauts sommets, mais cette aventure est l’une de celle qui m’a le plus émerveillée.
Pourquoi?
Parce que Roraima est l’un de ces endroits plus vrai que nature. Mes attentes étaient extrêmement élevées envers Roraima et l’endroit m’a coupé le souffle.
Parce que dans un monde où tout va toujours de plus en plus vite et ou on peut avoir quasi n’importe quoi en clignant des yeux, j’avais fini par mettre une croix sur Roraima en raison de la situation au Venezuela… et les étoiles se sont alignées à la dernière minute.
Épisode 114 – Guyana; A feel of India
Un arrière gout d’Inde… Un arrière gout de chaos… À peine arrivé, que je ne voulais pas y rester une minute de plus…
Bienvenue en Guyana!!!
Ce n’est pas le bout de l’Amérique du Sud géographiquement parlant, mais ça l’est culturellement.
À peine sorti du traversier en provenance du Suriname que la réalité frappait fort; j’avais l’impression d’être de retour en Inde… un Inde qui aurait fusionné avec l’Afrique noire. C’était le BORDEL dans les rues; pollution, animaux en liberté (vaches, ânes, chevaux, chèvres, name it) & pollution sonore (klaxon).
On raconte que la population de Guyana se trouve sur la route longeant l’atlantique entre le Suriname et la capitale, et que le reste du pays est vide. Je l’espère de tout coeur puisque tout ce que nous pouvions voir durant le trajet de 200km entre la frontière et Georgetown était une interminable succession de bâtiments s’entassant les uns sur les autres sur le bord de la seule route du pays. Les villages se succédaient à un rythme infernal sans que l’on voit une véritable limite entre chacun… la bande de bâtiments ne s’arrêtait jamais.
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GUYANA POUR LES NULS
Colonie hollandaise de 1607 à 1814, puis colonie anglaise de 1814 jusqu’à son indépendance en 1966, la « République Co-operative de Guyana » est la plis populeuse des 3 Guyane. Ses 800000 habitants sont bien peu, mais assez pour être supérieure au total du Suriname et de la Guyane Française.
Faits particuliers;
– plus de 45% de la population est d’origine indienne, 30% noir, 15% créole, 10% amérindien et moins de 1% blanc,
– Bien que situé sur le continent sud américain, Guyana fait officiellement parti des Caraïbes.
– Guyana a une frontière terrestre commune avec le Venezuela, mais il n’y a aucun moyen de traverser d’un pays à l’autre.
– Guyana recoit moins de 10000 touristes par année. C’est moins de touristes que Machu Picchu en 1 mois. La Guyana n’est pas du tout faite pour les backpackers, étant totalement orienté sur le touriste de luxe. Il est rare de voyager dans le pays sans guide… rare mais pas impossible 😉
– Guyana a le plus haut taux de suicide de tous les pays sur Terre.
– La langue officielle du pays est l’anglais, mais la plupart des habitants parlent un créole à base d’anglais totalement incompréhensible.
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GEORGETOWN – IL FUT UN TEMPS…
Cela fait maintenant 50ans que la Guyana a obtenu son indépendance du Royaume-Unis. Cela fait très probablement 50ans que Georgetown, la capitale du pays, tombe en décrépitude.
Surnommée « The Green City (La Ville des Jardins) », on peu facilement imaginer que la ville a autrefois été très belle, avec des canaux (petites rivières) dans presque toute les rues et de vieilles constructions en bois, de grands espaces verts… mais toute cette beauté est enseveli sous une énorme couche de poussière et de pollution. Soyons honnête, Georgetown version 2017 est un trou à ras, la plus laide capitale d’un pays sud américain.
Seawall / La Digue
Pourquoi faire simple quand on peu faire compliquer?
Georgetown et presque toute la cote de Guyana se trouve quelques mètres en-dessous du niveau de la mer (typiquement hollandais).
Au milieu du 19ème siècle, un gigantesque mur de béton de 250 KILOMÈTRES de long fut construit pour séparer l’océan de la terre et éviter les inondations. Le mur débute à Georgetown et se rend jusqu’à la frontière avec le Suriname au sud.
N’empêche, les terres sur lesquelles sont construit Georgetown et la plupart des villages sont des terres inondables. Il a plu durant 2 heures à notre arrivé et les rues se sont transformées en piscines. Je n’imagine pas comment ça peut-être durant la mousson, alors qu’il pleut continuellement.
L’architecture des bâtiments de Guyana s’est d’ailleurs adapté à cette conditions; la plupart des bâtiments sont des constructions de 1 étage sur pilotis.
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LE VÉHICULE MAUDIT
Au Revoir océan Atlantique et cote est de l’Amérique du Sud. Nous quittions Georgetown et commencions notre périple vers le centre du continent sud américain, périple qui nous mènerait éventuellement à l’amazone (le fleuve et la jungle).
La route jusqu’à notre prochaine destination s’annonçait longue et pénible; 400km à travers jungle et savane… 400km à rouler sur une tranchée orange (ils appellent ça une route ici) complètement défoncée… 400km entassé comme des sardines dans un vieux minibus.
Oubliez les bus de nuit version Amérique du Sud avec a/c et siège inclinable, le transport en Guyana se compare plutôt avec celui au Madagascar.
Dans un premier temps, la « route » pénétrait dans la forêt Iwokrama, considéré comme l’une des plus vieille forêt et l’un des endroits offrant la plus grande biodiversité sur Terre.
00.30 – Après avoir fait un flat quelques heures plus tôt, c’était maintenant au tour de la batterie du véhicule de rendre l’âme. Résultat; nous allions passer le reste de la nuit entassé dans le minibus, au milieu de la jungle et sous une pluie diluvienne.
14.00 – Après avoir été remorqué jusqu’à un poste militaire quelques km plus loin, et avoir attendu toute l’avant-midi notre chauffeur aille chercher un mecano à moto, le véhicule était enfin réparé et nous pouvions reprendre la route.
18.00 – Nous arrivions juste à temps à la rivière Essequibo pour prendre le dernier traversier de la journée, admirer le coucher de soleil au passage, et continuer notre route.
21.30 – Quelques 27 heures et 400km après avoir quitté Georgetown, nous émergions de la jungle et l’horizon s’ouvrait devant nous. C’était la fin de ce qui avait été ma pire run de « bus » sur le continent.
Bienvenue à Annai, l’un des premiers villages du Rupununi, la savane guyanaise, communément appelé le Far West Guyanais!
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LE FAR WEST GUYANAIS
La Guyana offre un contraste des plus marqué entre la cote Atlantique, où 95% de la population du pays habite, et est à majorité noire et indienne, et l’intérieur des terres, composé de jungles et de grands espaces vide, et habité par des communautés amérindiennes depuis la nuit des temps.
Nous voici donc au coeur de la savane guyanaise, un endroit qui ne manque pas de me rappeler les grands espaces sauvages de la savane africaine (Tanzanie); terre rouge orangé sur fond de plaines toutes vertes.
Annai, est un minuscule village situé sur une toute aussi minuscule colline au milieu de la savane. Ses 450 habitants en font le village le plus important à des centaine de kilomètres à la ronde. Partout autour, nous pouvions apercevoir d’autres minuscules villages pousser dans la savane.
Le village en sois était sans aucun intérêt, tout le contraire du paysage environnant. D’un coté, il y avait la jungle qui se terminait tel un mur. De tous les autres cotés, il n’y avait que le tapis vert de la savane qui s’étendait jusqu’à perte de vue… et encore plus.
La vie dans le Runupuni est des plus simple; pas d’électricité le jour, générateur la nuit, les constructions sont principalement de simples constructions en paille, au mieux il y aura une petite construction en brique, construction qui servira de chambre pour toute la famille. Il ne semblait pas non plus y avoir de « pattern » pour où les gens construisaient leur maison dans la plaine. Cela donnait l’impression que la totalité de l’endroit appartenait à la communauté.
Nous pouvions difficilement étre dans un endroit plus reculé; une région reculé de Guyana, un pays que personne ne connait.
Je crois que ce qui m’a le plus marqué de l’endroit est l’absence totale de clôture. Nous aurions pu marcher dans n’importe quelle direction sans aucun obstacle. Encore plus surprenant, nous n’avons vu aucun champ de culture (pas même un petit jardin à coté des maisons). On raconte que le sol du plateau guyanais est trop pauvre pour qu’il pousse autre chose que de l’herbe. Cette herbe est cependant bonne pour nourrir le bétail. Les habitants du coin ont donc beaucoup de vaches.
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LETHEM
Annai désormais derrière nous, nous étions en route pour Lethem; capitale du Rupununi, endroit tout sauf mémorable et… ville frontière avec le Brésil.
Brésil nous (re)voila!
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P.S. I – Commentaire le plus drôle que j’ai entendu en Guyana; s’adressant à moi et tentant de m’impressionner « il peut faire vraiment froid la nuit… des fois le thermomètre descend à +23 degrés celsius »… eh ben… difficile à croire… 😉
Épisode 113 – Suriname; Retour Vers Le Futur
17 mars 2017
09.00 – Le chauffeur de taxi s’empressait de tourner les postes de radio… jusqu’à ce qu’il tombe sur du Bob Marley. Il nous regardait alors tout sourire en pensant nous faire plaisir (Tanzi déteste Bob).
Bienvenue au Suriname!
À peine passé la frontière avec la Guyane Française que nous étions en route vers le centre du pays. La route pouvait se résumer en 1 mot; jungle.
150km plus loin, nous franchissions la rivière suriname par le Wijdenboschbrug, un pont en béton qui montait tellement haut qu’on aurait dit une montagne russe. Au sommet du pont, Tanzi me demandait pourquoi j’étais nerveux; well, j’ai confiance aux ingénieurs européen/nord-américain, mais les ingénieurs surinamais?!?
Bienvenue à Paramaribo, la capitale (et seul véritable endroit à visiter) au pays!
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LE SURINAME POUR LES NULS
« Where is Suriname? (Où se trouve le Suriname?) » – C’est la recherche la plus fréquente associée au mot Suriname sur Google.
Situé au nord est de l’Amérique du Sud, coincé entre la Guyane Française et la Guyana, le Suriname, ou simplement Surinam, est l’ancienne colonie de Guyane Hollandaise. Depuis son indépendance des Pays-Bas en 1975, l’état a adopté le nom de la rivière la plus importante du pays.
Le pays est une vraie de vraie République de Bananes (tout croche/corrompu). En 1980, Desi Bouterse, alors sergeant dans l’armée de Suriname, fomenta un Coup d’État. Il régna en dictateur sur le pays durant tous les années 80, une décennie marquée par une sanglante Guerre Civile opposant Bouterse à ses opposants.
La démocratie fut rétablie en 1990, simplement pour voir Desi Bouterse se faire élire président en 2010. Il est toujours le président… alors qu’il est poursuivi par les tribunaux internationaux pour Crimes de Guerre durant sa dictature.
L’époque coloniale fut marquée par un jeu de chaise musicale entre les britanniques et hollandais qui « s’échangeaient » le territoire. Une seule constante; l’esclavage dans les plantations. Des britanniques, le Suriname en retire de conduire à gauche, tandis que les hollandais ont apportés l’architecture, la langue et des mots pas prononçables.
Tout comme les 2 Guyanes, le Surimane a une grande biodiversité, mais il ne fait aucun effort pour la préserver contrairement à ses voisins. Ainsi, le Suriname coupe sa jungle sans compter pour la remplacer par des plantations et des villes.
La monnaie est le $ surinamais. Ceux qui ont créé cette devise en avaient fumé du bon. On retrouve un pièce de 5cent carré, un 10cent minuscule, un 100cent (au lieu de 1$) et ma favorite, une pièce de 250cent (2.5$?!?).
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PARAMARIBO
Par’bo (surnom de la ville) semble sortir tout droit d’une autre époque!
Y mettre les pieds donne l’impression d’être sur le plateau de tournage d’un film prenant place à Philadelphie, avant l’Indépendance des 12 colonies anglaises… avec des acteurs indiens et indonésiens… qui parlent hollandais.
Onafhankelijkheidsplein
Un mot utile à retenir si vous aimez jouer au Scrabble. Autrement, c’est le nom du parc de l’indépendance au milieu de la ville.
Fort Zeelandia
Vieux fort sur le bord de la rivière. Saviez-vous qu’après avoir perdu (à nouveau) le territoire aux mains des anglais, les hollandais ont repris leur territoire de Guyane en donnant la Nouvelle-Zélande (alors l’une de leur colonie) aux anglais. Quelle gaffe!!!
Plus belle rue de la capitale avec la rivière et des restaurants en plein air d’un coté, et des bâtiments historiques de l’autre.
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LA GRANDE DIVERSITÉ CULTURELLES
Ce qui m’a le plus impressionné du Suriname est sa grande mixité culturelle; un espèce de touski de tous les peuples de la Terre. Le Suriname c’est l’Europe qui rencontrerait l’Afrique et l’Asie… en Amérique du Sud.
Ses 520000 habitants lui confère le 190ème rang (sur 195) des pays les plus peuplés sur Terre… aux antipodes de l’Inde et de la Chine.
Cela n’empêche pas les 5 plus importantes religions d’y vivent en paix sous un même toit; hindou, islam, catholique, juif et taoisme.
Le peuple du Suriname c’est 30% d’indiens, 20% de créole, 15% d’indonésiens, 15% de Maroons, 5% d’amérindiens, 2% de chinois et 1% de blancs européens.
– Les maroons sont les descendants des esclaves venus (de force) d’Afrique,
– Les indiens sont venu pour remplacer (à des salaires ridicules) les esclaves noirs dans les plantations après l’abolition de l’esclavage,
– Les indonésiens ont été « importés » d’Indonésie, alors une colonie hollandaise,
– Les créoles sont un mix se tout ce beau monde,
– Les chinois sont venu… travailler dans les dépanneurs…
L’un des plus petits pays sur Terre pourrait faire la morale au plus grand. En moins d’une heure de marche dans Paramaribo, vous tombez sur l’une des plus grande synagogue du continent, un immense temple hindou, la plus importante mosque du continent, et l’une des plus haute église en bois au monde. Nous avons aussi croisé un temple chinois (taoisme).
Arya Dewaker
L’un des plus grands temples hindou d’Amérique du Sud.
Sint-Petrus-en-Paulus Kathedraal
La cathédrale Saint-Pierre & Saint-Paul, haute de plus de 40 mètres, est l’une des plus hautes églises en bois au monde.
Mosque Keizerstraat
Plus grande mosquée des caraibes et l’une des plus grande d’Amérique du Sud.
Le plancher à l’intérieur de la synagogue est fait de sable pour rappeler les 40ans de marche dans le désert des juifs.
SURPRISE!!!
La mosquée et la synagogue sont l’une à coté de l’autre… unique sur Terre.
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19 Mars 2017
04.00am – Avec la lune perchée très haute dans le ciel, nous quittions Paramaribo pour gagner la frontière, 300km plus au nord, et sauter dans le traversier faisant la navette avec la Guyana.