Épisode 128 – Viva Cuba; La Havana
29 Juin 2017
Quelques heures après avoir quitté l’Amérique du Sud pour de bon, notre avion se posait sur le tarmac de l’aéroport de la capitale de la plus grande ile des Caraïbes.
Une fois passé au travers de l’INTERMINABLE queue pour l’immigration, nous étions officiellement à Cuba.
Bienvenue à La Havana!

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CUBA POUR LES NULS
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’ile de Cuba a une histoire qui sort de l’ordinaire.
Ce serait faite une grave erreur que de résumer cette histoire à la Révolution Castriste, au régime « communiste (socialiste) » qui s’en suivit, et à l’embargo américain qui prévaut depuis.
1492
Christophe Colomb foule le sol de Cuba (à Baracoa) lors de son 1er voyage dans le Nouveau Monde… croyant que c’était l’Asie. Il fait alors connaissance avec le peuple indigène Taino, qui occupait la partie sud de l’ile.
1511
Baracoa devient la 1ère installation permanente espagnole sur l’ile.
1515
Avant 1515, les espagnols créeront 5 autres colonies sur l’ile, dont Santiago de Cuba, Trinidad et San Cristobal de la Habana.
1550
Les Taino furent presque complètement exterminés en moins de 40 ans d’occupation espagnole.
Malgré tout, ils laissèrent leur marque dans l’histoire. C’est sur l’ile de Cuba que les européens ont été introduit au tabac (tobacco) pour la 1ère fois.
Les mots « Cuba », « Habana », « Canoe » « Tobacco », « Tornado » et plusieurs autres sont d’ailleurs des mots Taino qui ont été adoptés par les langues latines.
1898
Sucre, café et tabac étaient (et sont encore) les principales cultures sur l’ile. Comme presque toutes les autres colonies du Nouveau Monde, l’ile fut fortement marquée par l’esclavage.
Vers la fin du 18ème siècle, l’ile fut momentanément capturée par les britanniques, qui la retournèrent aux espagnols en échange de la Floride (alors colonie espagnole).
Cuba demeura une colonie espagnole jusqu’en 1898, alors que les États-Unis « chassèrent » les espagnols de l’ile… simplement pour installer un Protectorat Militaire avec à sa la tête une série de Dictateurs à la solde des USA.
1952
Du début du 20ème siècle, jusqu’à la fin des années 50, Cuba, principalement La Havane, était LA destination par excellence pour les américains.
À l’époque, plus de 80% des entreprises & hôtels de l’ile étaient contrôlés par des propriétaires américains. À elle seule, la Mafia New-Yorkaise contrôlait tous les casinos de l’ile (comme on peut le voir brièvement dans le film « Le Parrain II »).
Fulgencio Batista, le Dictateur de l’époque, n’était qu’un pantin à la solde des intérêts américains. La classe dirigeante s’enrichissait au détriment du peuple qui mourait de faim.
C’est dans ce contexte que Fidel Castro, alors à la tête du mouvement étudiant de la Universidad de La Habana, commença à pourfendre publiquement la dictature, demandant qu’on rende Cuba aux cubains.
1953
Le 26 Juillet 1953, le groupe étudiant allait laisser tomber les manifestations pacifiques, se radicaliser et perpétrer leur 1ère action armée; l’attaque du Baraquement Militaire Cuartel Moncada, situé en plein coeur de Santiago de Cuba (2ème ville du pays).
La « Lucha Revolucionara » était née…
L’attaque fut un échec sur toute la ligne, la plupart des rebelles furent tués, et les quelques survivants (notamment Fidel & Raul Castro) furent condamnés à 15ans de prison.
1955
Après 2 ans de prison, les rebelles reçurent un Pardon et furent envoyés en Exil au Mexique.
C’est au Mexique que le Movimiento 26 de Julio (mouvement de libération de Cuba… avec à sa tête Fidel) allait véritablement prendre forme.
1956 – 1er Janvier 1959
Le 2 décembre 1956, Fidel et 81 guérilleros quittaient le Mexique à bord du bateau « Granma ».
Les troupes du Régime Batista avaient eu vent de leur arrivé. Le débarquement fut une véritable boucherie; seul une dizaine de guérilleros survécurent, dont les frères Castro et un dénommé Ernesto « Ché » Guevara… alors un pur inconnu.
Les survivants se réfugièrent dans la Sierra Maestra, la jungle montagneuse au sud de l’ile, pour reprendre des forces et rallier de nouveaux membres à leur cause.
S’en suivirent de violents combats en 1957 & 1958, les troupes de Castro prenant petit à petit l’ile… jusqu’à la capitulation officielle du régime Batista le 1er janvier 1959.
Fidel Castro était désormais le seul maitre à bord!
1959
La Révolution Cubaine fit en sorte de faire basculer Cuba dans un régime socialiste (communiste), de se rapprocher de l’Union Soviétique et de s’aliéner les États-Unis.
Au beau milieu de la Guerre Froide, les États-Unis ne supportaient pas que Cuba, située à moins de 100km nautique de la cote américaine, se rapproche de leur ennemie jurée. Cela représentait une menace directe à la sécurité du pays de l’Oncle Sam.
Avril 1961 – La Batalla de Giron
La fameuse bataille de la « Baie des Cochons » (un baie situé sur la cote est de Cuba). La CIA, avec l’aide d’opposants au Régime Communiste sur l’ile, avait planifié l’invasion de Cuba avec pour but de destituer le gouvernement Castro (leur mettre une balle dans la tête), et d’installer un nouveau Dictateur à la tête du pays… un Dictateur favorable aux intérêts américaines.
L’Invasion fut un échec sur toute la ligne et renforça la méfiance de Castro envers les américains.
À partir de ce moment, Castro se mit à éliminer ses opposants politiques et toutes personnes s’opposant au Régime.
Février 1962 – Embargo
Après l’échec du Coup d’État et que le gouvernement Castro ait nationalisé la totalité des entreprises américaines en sol cubain, il apparaissait maintenant clair que Cuba n’avait pas les intérêts américains à coeur.
Le 3 Février 1962, les États-Unis apposèrent un Embargo Économique sur l’ile de Cuba.
L’Embargo interdisait à toutes entreprises américaines de faire affaire avec Cuba, et interdisait aux américains de voyager sur l’ile.
L’Embargo concernait uniquement Cuba & les USA, si bien que les autres pays continuèrent à faire affaire avec Cuba.
Les États-Unis ont travaillés fort en coulisse pour menacer (de représailles ou de tout simplement cesser de faire affaire avec eux) chaque pays ayant des liens avec Cuba… si bien que Cuba se retrouva rapidement isolée sur la scène internationale.
L’Embargo fut assoupli par l’administration Obama, mais demeure toujours en vigueur de nos jours.
1962 – Crisis de Octubre
La Crise d’octobre, plus connu sous le nom de « La Crise des Missiles Cubains ».
Les États-Unis ayant installé une panoplie de missiles nucléaires dans les pays bordant l’URSS, l’Union Soviétique avait bien l’intention de faire de même.
Les États-Unis avaient cependant eu vent de cargos russes m faisant route vers Cuba… avec tout sauf de l’aide humanitaire à leur bord.
Ils donnèrent alors un Ultimatum à la Russie; les cargos devaient rebrousser chemin, avant de franchir une frontière imaginaire fixée par les américains, sinon…
Fidel, et surtout Ché Guevara (alors ministre important sous le gouvernement Castro), insistaient pour que la Russie n’acquiesce pas aux demandes américains.
À Minuit Moins Une sur l’Horloge de la Fin du Monde, la Russie et les États-Unis en venaient à un accord; la Russie allait retirer tous ses missiles déjà en sol cubain. En échange, les États-Unis n’envahiraient pas Cuba.
Octobre 1962 passa à un cheveux d’être le Jour J du début de la 3ème Guerre Mondiale. Le monde comme on le connait aujourd’hui ne serait pas le même si les astres n’avaient pas été alignés ce jour là.
Si vous voulez voir la version américaine de cette Crise, je recommande l’excellent film JFK mettant en vedette Kevin Costner.
1990
Jusqu’aux années 90, Cuba fut plongée dans un Système Isolationnisme (refermée sur elle-même).
L’effondrement de l’Union Soviétique fit en sorte que Cuba perdit son plus grand allié… et le support financier qui venait avec.
Cuba dû alors s’ouvrir sur le monde pour trouver de nouvelles sources de financement.
C’est ainsi que l’ile commença à offrit ses plus belles plages (Varadero, Cayo Coco et GuardaLaVaca) au tourisme international (principalement les européens et canadiens).
« Hasta Siempre Comandante Fidel »
De nos jours, Fidel Castro est mort et enterré (depuis peu), Raul Castro a prit sa succession depuis une dizaine d’années, Cuba est toujours considéré comme un pays du Tier Monde (pauvre), mais ils ont l’un des meilleurs système de santé & d’éducation au monde.
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LA HABANA


La Havane, La Havana, Habana (nom original)… du pareil au même…
Bienvenue dans la plus grande ville des Caraïbes (12 millions d’habitants). Ce fut un coup de foudre au 1er coup d’oeil entre moi et Habana.
Un peu vieux, pas mal délabré, mais la magie opère; de vieilles voitures américaines et russes dans les rues (que les cubains se lèguent de père en fils), des bâtiments de toutes les couleurs (surtout pastel), des rues dignes de cartes postales… Habana ressemble à un musée à ciel ouvert…

Fondé en 1515 sous le nom de San Cristobal de la Habana, un mélange de nom catholique (San Cristobal) et indigène (Habana), La Habana fut la 6ème ville fondée sur l’ile par les espagnols.
N’ayant aucune véritable richesse (or, argent, etc.), Cuba, et particulièrement La Havane, était d’une grande importance dû à leur position en chemin entre le Nouveau Monde et l’Espagne.
Vers la fin du 16ème siècle, les espagnols commençaient à en avoir ras le bol des attaques de pirates anglais, français et hollandais sur leurs galions chargés de richesse lorsqu’ils faisaient route vers l’Espagne.
La couronne espagnole ordonna donc à tous bateaux devant franchir l’Atlantique de se regrouper dans la baie de La Havane, un endroit naturellement protégée et seulement accessible de l’océan par un étroit canal protégé par 2 grosses forteresses, notamment la « Fortaleza de San Carlos de la Cabana », aujourd’hui reconnue comme la plus grande forteresse de toutes les Amériques.
La flotte de bateaux voguerait ensuite vers l’Espagne escortée par l’Armada Espagnole (navires de guerre).
Dès lors, La Habana allait devenir un lieu de transit impossible à manquer.
Au milieu du 18ème siècle, La Habana comptait plus de 70000 habitants, faisant d’elle la 3ème plus grande ville des Amériques (derrière Lima et Mexico City, et devant Boston et New York).
Au début du 20ème siècle, et jusqu’à la Révolution de 1959, La Havane était LA Capitale du jeu, devançant de très loin Las Vegas.
Tout cela est un passé désormais révolu… mais il n’est pas loin le temps où La Havane regagnera ses lettres de noblesses.
Pour l’heure, Habana ressemble à une ville de l’ancienne Union Soviétique. Les gens ont accès à l’eau potable seulement quelques heures par jour et les magasins sont toujours en rupture de stock. Il vaut mieux se lever tôt et être patient pour se procurer des trucs élémentaires (dentifrices, etc.); il faut attendre une bonne heure à la file indienne pour se faire servir dans les magasins… et il faut prier pour que notre truc soit encore là à notre tour.
La Malecon est le coeur et l’âme de Habana.
Du lever au coucher du soleil, tout ce que vous risquez de trouver sur l’avenue de plus de 8km bordant l’océan sont des pêcheurs.
L’ambiance change du tout au tout au coucher du soleil alors que les cubains transforment la promenade en un party à ciel ouvert. Les samedi soir, tout Habana descend faire la fiesta sur la Malecon. Des fêtes de quartiers, avec des BBQ et des concert, sont présents un peu partout sur le boulevard.
En plus d’être un boulevard/promenade, la Malecon a aussi une fonction pratico pratique; c’est une digue de 6 mètres de haut protégeant La Havana contre les sévices de la mer.
Fondée au 18ème siècle, l’université est l’Alma Mater des frères Castro et de plusieurs autres activistes cubains.
Au fait, l’école (de la maternelle à l’université) est entièrement gratuite pour tous les cubains.



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P.S. I – À presque tous les coins de rue, il est possible de trouver à bon prix de la bière, du rum et même du bon vin chilien ou français… mais bonne chance pour trouver de l’eau.
P.S. II – Cuba possède 2 monnaies officielles;
– CUP, communément appelée la Moneda Nacional. C’est la monnaie utilisée par les cubains,
– CUC, communément appelée le Peso Convertible. Les touristes voyageant à Cuba sont seulement autorisé à utiliser le CUC. Il faut 24CUP pour faire 1CUC.
En clair, le CUC fut crée pour faire plus d’argent sur le dos des touristes.
Ce système de monnaie à 2 vitesse fait en sorte de créer un système de richesse où les chauffeurs de taxi, restaurateurs et hôteliers (bref tout le monde qui font affaire avec les touristes) sont BEAUCOUP MIEUX PAYÉS que tout le monde. Cela crée une société où il vaut mieux être chauffeur de taxi que docteur pour bien gagner sa vie (sérieux).
Épisode 127 – Hasta la Vista America del Sur
29 Juin 2017
Aéroport El Dorado
Bogota
Le hasard fait bien les choses!
Le 10 aout 2016, je posais les pieds, pour la 1ère fois de ma vie, en sol sud américain à l’aéroport El Dorado de Bogota.
Au jour 456 de mon 2ème voyage autour du monde, et après avoir fait le (quasi) tour du continent lors des 324 derniers jours, je quitte un continent, qui m’a coupé le souffle à plusieurs reprises (1er et 2ème degrés), depuis ce même aéroport.

324 jours où j’ai exploré 11 pays (Colombie, Équateur, Pérou, Bolivie, Chili, Argentine, Uruguay, Brésil, Suriname, Guyana, Vénézuela) et un territoire français outre mer (Guyane Française). Seule ombre au table; je n’ai pas visité le Paraguay. J’aurais bien voulu, mais le visa de 150$us requis pour les canadiens m’a fait changer d’idée.

Il y a principalement 4 endroits que j’aurais aimé visiter, mais que j’ai du éviter (pour multiples raisons); l’Ile de Pâques & le sud de la Carretera Austral au Chili, Aconcagua en Argentine et le Parque El Cocuy en Colombie. Pour le reste, on peu dire mission accomplis.
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Pour ce dernier Épisode en Amérique du Sud, j’ai décidé de dresser un Palmarès de mes endroits coup de coeur.
Si vous êtes tout comme moi adepte de plein air et d’architecture (villes coloniales, etc.), vous devriez trouver votre compte.
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TOP 30 – ENDROITS À NE PAS MANQUER
Grand Champion… et de loin
– Trek Roraima (Venezuela)
Top 5
– Trek Circuit (O) de Torres del Paine (Chile)
– Trek Parinacota + Sajama (Chile/Bolivia)
– Isla Navarino + Puerto Williams + Trek Dientes de Navarino (Chile)
– Trek Vallée de Cochamo + Puerto Varas (Chile)
Top 10
– El Chalten; Trek Circuit Huemul + Trek Fitz Roy & Glacier Perito Moreno (Argentina)
– Ascensions des Volcans Ilinizas + Chimborazo (Ecuador)
– Trek Chapada Diamantina (Brasil)
– Ouro Preto (Brasil)
– Zona Cafetera; Salento + Trek Los Nevados (Colombia)
Top 20
– Mompos + Cartagena de Indias (Colombia)
– Medellin + Guatape (Colombia)
– Riohacha + Guajira Peninsula (Colombia)
– Arequipa + Trek Canyon Cotahuasi + Ascension El Misti (Peru)
– Iquitos / Isla de los Monos (Peru)
– Trek Circuit Huaywash + Huaraz (Peru)
– Quito + Ascension Volcan Pichincha (Ecuador)
– Iles Galapagos (Ecuador)
– Salar de Uyuni – San Pedro de Atacama 4×4 Trip (Bolivia/Chile)
– Trek Circuit Illampu + Sorata (Bolivia)
Top 30
– Trek Nahua Huapi + Volcan Tronador + Bariloche (Argentina)
– Buenos Aires (Argentina)
– Isla Chiloé (Chile)
– Rio de Janeiro + Carnaval (Brasil)
– Florianapolis (Brasil)
– Lago Titikaka + Copacabana + Isla del Sol (Bolivia)
– Punta del Diablo (Uruguay)
– San Gil + Barichara (Colombia)
– Cordillera Blanca; Trek Santa Cruz + Trek Laguna 69 + Refugio Peru (Peru)
– Machu Picchu (Peru)
Mentions Honorables
– Trek Altos de Lircay (Chile)
– Iles du Salut (Guyane Francaise)
– Cayenne & Saint Laurent du Maroni (Guyane Francaise)
– Santiago de Chile (Chile)
– Trek Parque Pumalin (Chile)
– La Paz (Bolivia)
– Sucre (Bolivia)
– Trek Ausangate + Rainbow Mountain (Peru)
– Chachapoya + Kuelap (Peru)
– Annai / Savane Runupuni (Guyana)
– Les Chutes Iguazu (Brasil)
– Cuenca (Ecuador)
– Paramaribo (Suriname)
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PAYS EN 1 AFFIRMATION
Colombie
Meilleure nourriture et les gens les plus chaleureux du continent!
Équateur
Des hauts volcans partout!
Pérou
La meilleure bière (Cusquena) et la pire nourriture du continent.
Bolivie
Des randonnées en haute altitude à faire rêver (Sajama et Illampu)!
Chili
Pays qui fait mal au budget, mais je vais m’ennuyer de tout (mon pays préféré), surtout des bonnes bouteilles de vin à 2-3$!
Argentina
Des paysages de fou en Patagonie, mais des trajets de bus interminables (et extrêmement $$$)!
Uruguay
Pas grand chose à dire… évitez Montevideo!
Brésil
Des fruits, Floripa, le bijou colonial de Ouro Preto, les couleurs de Salvador, camper dans la Chapada Diamantina… j’avais peur du Brésil avant d’y poser les pieds, mais le Brésil ne mérite pas sa mauvaise réputation et fut ma plus grande surprise/découverte!
Guyane Française
De la charcuterie et du vin français… une bénédiction en Amérique du Sud!
Suriname
Une capitale hors de l’ordinaire et de la superbe nourriture indienne!
Guyana
Mini India… en espérant ne jamais y reposer les pieds!
Vénézuela
Pas aussi dangereux que tout le monde le dit (tout le monde en sait quoi au juste?). Mon plus beau souvenir en Amérique du Sud (Roraima)!
Paraguay
Ce sera pour une autre fois!
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Je tourne donc la dernière page du chapitre « Une Année en Amérique du Sud » dans le livre de ma vie. Assurément le plus beau chapitre jusqu’à maintenant.
Une chose se termine… Une autre débute…
Cuba Nous Voila!!!
Épisode 126 – Guajira Peninsula; À l’Extrême Nord de l’Amérique du Sud
Plusieurs « barrage » improvisés, faits avec des cordes à linge et quelques morceaux de vêtement, barraient la « route » ici et là.
Des enfants gardaient ces barrages. À la minute où le 4×4 s’arrêtait, notre chauffeur ouvrait sa portière, tendait la main, et les enfants s’empressaient de collecter ce qu’il tenait. Le manège se répétait une bonne vingtaine de fois.
Du jamais vu!
Les habitants de la région demandaient des biscuits/bonbons ou une bouteille d’eau en échange du droit de passage.
Antichitia (Bienvenue) dans la Guajira Peninsula; une bande désertique s’avançant dans l’océan à l’extrême nord de l’Amérique du Sud.
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Une contrée demeurée relativement inchangée depuis l’époque pré colombienne et habitée depuis toujours par le peuple semi-nomade Wayuu… qui ont leur language propre…
Une contrée où la vie est au mieux extrêmement rudimentaire… où la plupart des gens vivent dans des huttes de terre cuite, quand ce n’est pas tout simplement un simple toit en paille avec des hamacs en-dessous…
Une contrée où rien ne pousse… autre que du sable, des cactus et des chèvres…
Une contrée balayée en quasi permanence par de fortes rafales de vent chargées de sable…
Une contrée où l’eau (potable) est une denrée rare et précieuse ($$$)…
Une contrée labyrinthique faite de sentier (qu’ils appellent « routes ») partant dans toutes les directions…
Une contrée où il fait tellement chaud & humide qu’on a l’impression d’être un oeuf qui rôti sur la poêle (même à l’ombre)…
Une contrée dévastée où il règne une ambiance de « Fin du Monde »… parfaite pour filmer le prochain Mad Max…
Une contrée surprenante et d’une beauté singulière…
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JOUR 1 – FAIT CHAUD EN TITI
20 Juin 2017
Tout voyage en Guajira commence à Riohacha, 180km à l’est de l’exubérante et très touristique Santa Marta.


08.00 – Départ de Riohacha dans un jeep bondé (6 touristes + 1 conducteur/guide) faisant parti d’un convois de 2 4×4. Vous ne rêvez pas, nous (anti voyage organisé) sommes embarqué dans un tour tout inclus de 3 jours 2 nuits.
Encore à l’écart du tourisme de masse, et peu peuplée, c’est la seule façon de visiter l’ensemble de la péninsule.
Manaure
Premier stop dans une ville où on « cultive » le sel; de vaste champs sont inondés d’eau de mer, on laisse ensuite évaporer l’eau, pour récolter le sel et le vendre. Un processus similaire au Salar de Uyuni en Bolivie.
Uribia
Autoproclamé « Capitale Indigena de Colombia », Uribia est la porte d’entrée officielle de la Péninsule Guajira.
À partir de là, il n’y avait plus de route pavée… que des sentiers au mieux en mauvais état.
Plus on roulait et moins la végétation était dense, jusqu’au point où il n’y avait plus rien d’autre que des cactus, des troncs d’arbustes séchés et beaucoup beaucoup de sable à 360.
Cabo de la Vela
Jusqu’à il n’y a pas si longtemps un simple village de pêcheurs anonyme baignant dans une baie aux eaux turquoise, l’endroit s’est transformé en quelques années en une véritable Mecque mondiale du Kitesurf (beaucoup de vent).


Résultat; l’endroit regorge de petits hostels et restaurants éparpillés le long de la plage.
Pas besoin de faire parti d’un tour pour se rendre à Cabo de la Vela. Il est possible de s’y rendre avec un minubus de Riohacha à Uribia, suivit d’une camionnette de Uribia à Cabo.
Petite randonnée jusqu’au sommet du « Pilon de Azucar », une petite montagne bordant l’océan.
L’endroit offre un superbe panorama aux couleurs contrastée; le sable orange, des traces de lacs asséchés tout blanc (sel), un océan bleu azur et le ciel.
Cueva del Diablo
Faro (phare)



Cette journée bien remplis se terminait en assistant au coucher de soleil du haut du phare surplombant Cabo de la Vela.
De retour à Cabo, nous en étions quitte pour une nuit en hamacs à la (presque) belle étoile (pas de mur, juste un toit en paille).

À 2 pas du Vénézuela, il est plus facile (et moins cher) pour les habitants de s’approvisionner dans le pays voisin. Du coup, la seule bière disponible sur la péninsule est la Polar du Venezuela.
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JOUR 2 – LE NORD DU SUD
21 Juin 2017
Le programme du jour était simple; s’enfoncer encore plus loin dans la péninsule.
Passé Cabo de la Vela, nous entrions dans la parti peu fréquentée de la péninsule; le Alto Guajira, où seuls les locaux et des 4×4 chargés de touristes pouvaient (et voulaient) s’y rendre. Un No Man’s Land fait de zones désertiques, ponctués de plages à faire rêver.
Plage dans une baie de couleur azur.


Dunas de Taroa
En s’enfonçant encore plus loin, la végétation disparaissait complètement. Il n’y avait que du sable à perte de vue dans toutes les directions.
Puis les dunes bordant l’océan du mini désert de Taroa apparaissaient devant nous.
Un peu avant le coucher du soleil, nous atteignons Punta Gallinas.
« Quel endroit formidable » – Pour sur, personne ne dira jamais cela à propos de Punta Gallinas tellement l’endroit est sans aucun intérêt… et laid.
Sans aucun intérêt… ne serait-ce que c’est le Nord du Sud. Alors que nous avions atteint l’extrême sud du continent sud américain (Puerto Williams en Terre de Feu) pour le jour de l’an presque 6 mois plus tôt, nous étions cette fois à l’extrême nord de ce même continent pour le solstice d’été (21 juin).



En ce lieu précis, nous étions à plus de 7500km à vol d’oiseau de Puerto Williams… et à « seulement » 3600km de Montréal.
Difficile de trouver un endroit plus symbolique pour finir notre Tour de l’Amérique du Sud. En effet, plus que 5 jours et nous quittions définitivement l’Amérique du Sud après respectivement 11mois pour moi et 8 pour Tanzi. À sa décharge, Tanzi avait visité les 12 pays et le territoire constituant le continent sud américain… il me manquait pour ma part le Paraguay…
Pour l’heure, nous passions la nuit dans le minuscule village de Punta Gallinas, avec une forte impression de bout du monde (métaphoriquement parlant) et une 2ème nuit en hamac (hyper confortable… pas des jokes).

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Toute bonne (et même mauvaise) chose ayant une fin, nous remballions nos trucs à la première heure le lendemain, pour traverser toute la péninsule d’un coup et retourner à Riohacha.


Nous avions débuté cette aventure avec l’unique intention d’atteindre l’extrême nord du continent. Ce serait cependant faire une grosse erreur de réduire la Guajira Peninsula à cela.
Visiter la Guajira Peninsula c’est visiter un endroit hors du commun, qui coupe le souffle au niveau des paysages et qui offre un mini choc culturel lorsqu’on se retrouve confronté à la qualité de vie du peuple Wayuu. Je crois qu’ils échangeraient sans hésiter ces panoramas pour des terres fertiles.
Oui la Guajira Peninsula fait parti de la Colombie, mais c’est un tout autre monde!

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Petit conseil avant de terminer. Peu importe ce que vous faites sur la Guajira Peninsula, ne pissez surtout pas contre le vent 😉
Épisode 125 – Colombia + Caraïbes =
Mon Premier est réputé comme LA plus belle ville de Colombie,
Mon Second est réputé comme LA plus belle ville des Caraïbes,
Mon Troisième est LA ville la plus touristique de Colombie,
Mon Tout est une seule et même ville.
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Cartagena de Indias… l’une des premières villes fondées par les espagnols (en 1533) sur le Nouveau Monde… alors qu’ils pensaient avoir atteint les Indes.
Décrit comme un parfait mélange des cultures africaine, espagnole et caribéenne, se perdre dans les dédales de rues labyrinthiques de la vieille ville fortifiée & inscrite au Patrimoine de l’UNESCO est un régal pour les yeux et un retour dans le temps.










L’un des principaux port où transitait les richesses du continent sud americain en route pour l’Espagne, Cartagena de Indias fut attaquée à de multiples reprises par les pirates.
En 1586, Sir Francis Drake, célèbre pirate britannique, alla même jusqu’à capturer la ville. Il la libéra en échange d’une imposante rançon.
Par les suite, les espagnols commencèrent à construire les fortifications qui sont aujourd’hui l’un des éléments phare de la ville; 11km de remparts ceinturant la ville et une multitude de forteresses un peu partout autour sur la terre et au large.
Au 17ème siècle, Cartagena de Indias était la « capitale » de l’esclavage dans les Caraïbes.
Bastion Santo Domingo
Seul véritable endroit qui vaille le coup sur le mur qui ceinture la vieille ville. L’endroit offre une superbe vue sur l’océan, la vieille ville, et « Little Miami » (étroite bande de terre bordant l’océan, où se trouve une multitude de hauts édifices à condo).
Castillo San Felipe de Barajas
Sans aucun doute le plus imposant & impressionnant « chateaux » construits autour de Cartagena de Indias.
Se dressant un peu en dehors de la ville fortifié, telle une espèce d’immense pyramide incomplète ou, comme Tanzi l’a suggéré, « une grosse crotte de chien »… c’est selon.


Peu importe, difficile d’avoir une meilleure vue de Cartagena que depuis le Castillo.
MOMPOS
Après avoir attendu en vain notre transport durant toute l’avant-midi, nous passions au Plan B… en catastrophe… en sautant dans un taxi roulant en direction du Terminal de Cartagena, pour sauter dans un collectivo pour Magangue, puis un petit traversier pour La Bodega, pour arriver In Extremis de l’autre coté et sauter dans le dernier collectivo de la journée en partance pour Mompos.
Bienvenue à Mompos, officiellement Santa Cruz de Mompox, ville coloniale extrêmement bien préservée, inscrite au Patrimoine de l’UNESCO, qui semble sorti du passé.

Située au coeur de la zone marécageuse du Rio Magdalena, Mompos était autrefois une halte impossible à manquer lors du transfert des richesses du continent vers Cartagena.
« À Caracas je dois ma vie, mais à Mompos je dois ma gloire »… telles sont les paroles prononcées par Simon Bolivar, le « Libérateur » de l’Amérique du Sud espagnole, lui qui a passé beaucoup de temps à Mompos avant de commencer la Révolution.

C’est en parti ce qui explique que Mompos fut la 1ère ville colombienne à déclarer son indépendance de la couronne espagnole.
En marchant dans Mompos, le temps donne l’impression de s’être arrêté il y a de cela quelques centaines d’années; 6 petites églises, autant de places publiques, des rues bordées de bâtiments tout blanc collés les uns aux autres, et une superbe promenade le long de la rivière.






Il existe une sérénité et une authenticité comme on en retrouve rarement dans une ville dite touristique en Amérique du Sud. De fait, mis à part le tourisme local (colombiens), on peu compter sur les 2 doigts de la main les touristes étrangers.
On fait le tout en moins d’une heure (en prenant bien son temps et en marchant à reculons), mais Mompos a une ambiance unique qui fait du bien à l’âme.



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Même si il n’y a pas grand chose à faire d’autre que regarder le temps passer, il a fallu se résigner à quitter Mompos tellement on y était bien.
Épisode 123 – Huayhuash; LA Randonnée Ultime en Amérique du Sud
21 May 2017
05.35 – Dans le nuit encore noire, nous quittions Huaraz à bord d’un vieux bus remplis à craquer de péruvien.
Direction Chiquian, village situé aux portes de la Cordillera Huayhuash, l’une des chaines de montagne les plus reculées des Andes; une forteresse de glace à plus de 6000m.
La Cordillera Huayhuash serait le théâtre de notre dernière grande randonnée en Amérique du Sud… et non la moindre.
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HUAYHUASH POUR LES NULS
Réputé comme l’un des treks les plus spectaculaire de la planète, souvent cité comme la meilleure randonnée alpine sur Terre, le Circuit Huayhuash est pourtant relativement inconnu du commun des mortels. Avec Torres del Paine (Patagonie/Chili), Huayhuash offre sans aucun doute les plus beaux paysages de montagne en Amérique du Sud.
D’une longueur d’environ 120km, avec 8 Cols à plus de 4600m, dont 2 supérieurs à 5000m, le Circuit Huayhuash est classé « Difficile » dans le monde de la randonnée.
On recommande fortement de faire le Circuit avec guide/porteurs/mules, mais c’est tout à fait possible de le faire en autonomie complète (c’est ce que nous avons fait).
Le Circuit Huayhuash propose plusieurs itinéraires. Il est important de faire un peu de recherche au préalable afin d’évitez les mauvaises surprises;
– Le « Circuit Alpino »; très technique (besoin de corde, harnais, baudrier, etc.), peu fréquenté & complété pour la 1ère fois en 2004,
– Le « Circuit Clasico », dit le Circuit dans la Vallée; essentiellement de la marche à haute altitude,
– Le « Circuit Hybride »; soutirant le meilleurs des 2 Circuits précédant, en évitant les sections trop techniques et celles trop faciles.


Peu importe l’itinéraire, hautes montagnes, glaciers, villages reculés et lacs aux eaux azurs seront au rendez-vous.
Après avoir passé presque une nuit entière debout à lire et regarder les cartes de Huayhuash, j’en étais venu à la conclusion que nous pouvions terminer le Circuit Hybride en 8 jours.
La randonnée devait prendre entre 10 et 12 jours, nous avions planifié 8 jours (donc 9 jours de nourriture)… et l’avons finalement bouclée en 6.
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Jour 1 – 2 POIDS LOURDS
Départ Pocpa (@3440m)
Arrivé Cuartelwain (@4000m)
Distance 11km
Dénivelé Positif +560m
Dénivelé Négatif 0
Une fois à Chiquian, nous sautions dans un autre bus qui nous conduisait jusqu’à un minuscule village, fait de bâtiments en terre cuite, situé au plus profond d’un immense canyon.
Terminus Pocpa (@3440m)
Pocpa serait le 1er de PLUSIEURS villages à charger un frais de passage aux randonneurs.
Voyez-vous, la Cordillera Huayhuash n’est pas un Parque Nacional, et c’est là tout le problème. Si Huayhuash était un parc national, on pourrait acheter un billet unique au départ et ça finirait là.
Or, chaque village situé sur le Circuit charge des frais qui varient grandement. Il n’y a pas de poste de contrôle, donc aucun moyen de savoir où se procurer les billets. Généralement, tu marches sur le sentier et un cavalier vient à ta rencontre.
En tout et pour tout, faire le Circuit Huayhuash coute environ 80$us (oui oui 80$us) par personne en frais de passage.
Bref, non sans rouspéter, nous acquittions les frais et nous mettions en marche. Dès lors et pour la prochaine semaine, notre seul moyen de transport serait… nos bonnes vieilles jambes.
Direction le campement Cuartel Huain.
La randonnée du jour consistait à monter en suivant une route de terre dans le fond du canyon. Une montée toute en douceur, non sans peine en raison du poids insensé de nos sacs. J’avais l’impression de porter une tonne de briques, le RPM de mon coeur était en permanence en sur-régime et les muscles de mes molets semblaient vouloir déchirer à tout moment.

En plus d’y aller en autonomie complète, nous avions décidé d’ajouter un peu de luxe (2 bouteilles de vin, etc.). J’en payais donc le prix.
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Jour 2 – SOUVENIR D’ÉCOSSE*
Départ Cuartelwain(@4000m)
Arrivé Lago Carhuacocha (@4150m)
Distance 21km
Dénivelé Positif +1300m
Dénivelé Négatif -1200m
Ascensions
– Paso Qaqanan @4700m
– Paso Carhuac @4650m
Une longue journée de marche était au menu avec l’ascension de 2 Cols.
Dès le départ, le sentier ne donnait pas de répit. Nous quittions le fond de la vallée pour atteindre le sommet de Paso Qaqanan via un sentier rocheux & très abrupte.



Les paysages étaient magnifiques… identiques à mes souvenirs d’Écosse. Bon… je ne suis jamais allé en Écosse, mais j’ai l’impression que si j’y était allé, mes souvenirs seraient similaires 😉
Paso Qaqanan (@4700m), offrait une vue d’ensemble des environs; la vallée que nous quittions était rocheuse et étroite, tandis que celle dans laquelle nous basculions était toute verte et ouverte. À l’horizon, une mer de sommets se dressaient devant nous.
Il ne restait plus qu’à suivre la ligne de boue qui traçait dans la vallée. Il fallait sortir nos talents de patineur artistique sur boue.
Après une pause bien méritée dans les pâturage bordant le Lago Mitucocha (où les randonneurs s’arrêtent normalement pour la nuit), il était temps de s’attaquer au 2ème Col de la journée; Paso Carhuac.
Une fois Paso Carhuac derrière nous (l’endroit est sans grand intérêt), le sentier descendait dans une vallée sinueuse jusqu’au Lago Carhuacocha.

Le campement de ce soir était tout simplement grandiose; en bordure du Lago, avec d’impressionnantes montagnes & glaciers droit devant. Du nombre se trouvait le Nevado Yurupaja, 2ème plus haut sommet du Pérou à 6635m.
Le camping était cependant chargé; 4 groupes organisés (environ 6 randonneurs par groupe) et un couple de français faisant le Circuit en solo. Peu importe, nous les avions rattrapé aujourd’hui… et allions les distancer dès demain.
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Jour 3 – LA PROMMENADE DES GLACIERS
Départ Carhuacocha (@4250m)
Arrivé Laguna Barrosocoha (@4600m)
Distance 18km
Dénivelé Positif +1050m
Dénivelé Négatif – 500m
Ascension
– Paso Siula @4800m
Après une nuit ponctuée d’averses violentes, et de chien errants jappant bruyamment, le soleil et le calme étaient au rendez-vous en matinée.
Après avoir longé le lac jusqu’au pied des glaciers, nous quittions le Circuito Clasico pour nous aventurer sur une portion du Circuito Alpino; l’ascension de la Paso Siula. Le sentier bifurquait dans une vallée longeant de hauts sommets et des lacs aux eaux clairs. Les paysages étaient tout simplement I N C R O Y A B L E S.






Paso Siula (@4800m) était aussi dramatique qu’inhospitalier; le panorama était à couper le souffle, mais l’endroit était balayé par de forts vents d’hiver.

Nous basculions dans une vallée toute verte et avec un sentier hyper facile… mais glissant (boue).

Nous passions au travers du Camp Huayhuash en vitesse (pour éviter de payer les frais). Sensé être le campement pour la nuit, nous filions plutôt en ligne droite à travers les collines, en faisant fit des murets de pierre, pour rejoindre le Laguna Barrosocoha (@4600m), devant en théorie être quelques km plus loin, et éventuellement franchir la Paso Trapecio (demain).
Situé sur le Circuito Alpino (donc à l’abri de la meute de randonneurs) le sentier était inexistant. Ajoutez à cela que ni le sentier, ni la Paso, pas plus que le lac n’étaient représentés sur la carte officielle du Circuit. Heureusement, le sentier était sur Maps.Me.
En plus de nous faire passer au coeur de la Cordillera, la Paso Trapecio se voulait un raccourci qui nous ferait sauver 2 jours de marche sur le Circuito Classico (un portion de sentier ennuyeuse et loin de la haute montagne).
N’empêche, je pouvais voir le regard perplexe de Tanzi. Sans trop savoir où j’allais et où se trouvait le lac, je continuais à marcher d’un pas assuré à travers les collines (même si j’étais moi-même en proie à quelques doutes) en espérant tomber sur un sentier et/ou le lac à un certain moment.
Ma patience était récompensée; nous tombions sur le sentier… quelques centaines de mètres avant d’apercevoir le lac 🙂
Cette nuit, nous serions seul au monde dans une plaine au pied d’une montagne gigantesque.

…
Day 4 – L’IMPENSABLE
Départ Laguna Barrosocoha (@4600m)
Arrivé Paso San Antonio (@4600)
Distance 27km
Dénivelé Positif +1500m
Dénivelé Négatif -1600m
Ascensions
– Paso Trapecio @5110m
– Paso San Antonio @4990m
Cette journée pourrait être à la fois ma plus belle & pire journée de randonnée à vie. Si quelqu’un pouvait voir dans le futur et avait pu me raconter comment cette journée allait se passer, je l’aurais traité de fou.
Le soleil peinait à faire son chemin au travers de l’épaisse nappe de brouillard, si bien qu’il faisait un froid de canard.
C’est complètement à l’aveuglette que nous commencions l’ascension de la Paso Trapecio au travers d’une plaine marécageuse & diagonale (vers le ciel), puis un versant hyper incliné.
J’avais fait du repérage la vieille, et il y avait de rare totems, mais disons que la donne était différente dans le brouillard total.
Un peu avant d’atteindre le sommet, la végétation disparaissait complètement et le sentier devenait hyper clair. Entouré de neige, avec un très fort vent d’hiver et avec le soleil qui ne réusissait toujours pas à se débarrasser du brouillard, mes « corones » rétrécicaient à vue d’oeil.
Alors que tout était bouché sur le versant que nous montions, nous atteignions Paso Trapecio pour trouver une vallée dégagée et ensoleillée de l’autre coté.
Le décor était complètement différent de ce que nous avions vu sur le Circuit jusqu’à maintenant; une espèce de vallée lunaire parsemée de glaciers et de lacs azur.



De 5100m où nous étions au sommet de la Paso, il fallait désormais descendre jusqu’au fond de la vallée à Huynaypatay (@4500m).
Une fois atteint la vallée, nous marchions à peine 5 minutes sur le Circuito Classico avant de retourner sur le Circuito Alpino. Nous entreprenions alors notre 2ème ascension du jour; Paso San Antonio (@4900m).
Le sentier était désormais clair comme de l’eau de roche… mais montait avec une inclinaison casse gueulle à plus de 60 degrés.


Quelques heures plus tard, nous foulions Paso San Antonio. L’endroit était réputé pour offrir la plus belle vue de tout le Circuit; une vue globale de la Cordillera Huayhuash.
W O We


Après avoir admiré pendant de longues minutes ce qui pourrait bien être le plus beau panorama que j’ai pu voir de ma vie, il fallait se résigner à quitter le sommet de Paso San Antonio.
Aussi impressionnante était la vue, nous étions à plus de 4900m, le soleil se couchait à l’horizon et l’endroit était tout sauf idéal pour installer notre campement.
Nous entreprenions la descente dans une section d’éboulement à plus de 75 degrés d’inclinaison, avec le fond de la vallée à plus de 1000m sous nos pieds. Le moindre faux mouvement résulterait (au mieux) à une chute de plusieurs centaines de mètres.


« Il faudrait être complètement fou pour monter ce versant de la Paso San Antonio » que je lançais à Tanzi. Déjà que l’ascension sur l’autre versant avait été tout sauf une sinécure, l’ascension de ce versant relevait de la folie.
Après plus d’une heure et plusieurs centaines de mètres de descente, le sentier disparaissait. Devant nous se dressait un mur plongeant directement vers le fond de la vallée quelques centaines de mètres plus bas.
Sans corde, ni casque, ni piolet, il était impensable de descendre ce mur avec des sacs de 20kg sur le dos. Nous allions devoir rebrousser chemin!!!
Pour ceux qui ont lu attentivement les derniers paragraphes, rebrousser chemin signifiait remonter au sommet de Paso San Antonio… via un sentier extrêmement incliné dans une zone d’éboulement.
C’est généralement dans ce genre de situation que je me demande « pourquoi j’aime les montagnes et non les plages? ».
De retour au sommet, une dizaine de touristes (monté au sommet sans sac pour voir le coucher du soleil) nous applaudissaient à tout rompre. Ils n’en revenaient pas que nous ayons fait l’ascension de ce versant avec des sacs aussi gros.
Nul besoin de dire qu’après tout ce que nous avions déjà fait depuis le début de la journée, nous avions passé depuis un bon moment l’étape « Brulé Raide ». Tanzi s’effondrait au sol en pleur, tandis que je peinais à rester debout et à contenir mes émotions (il n’était pas question que je pleure devant un groupe d’idiots).
Il fallait maintenant redescendre de l’autre coté et trouver un site pour camper…
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Jour 5 – ON TOUCHE LE FOND
Départ Paso San Antonio (@4600m)
Arrivé Susococha Camp (@4500m)
Distance 24km
Dénivelé Positif +1450m
Dénivelé Négatif -1550m
Ascension
– Paso Tapush @4800m
Une bonne nuit de sommet et nous étions remis de nos émotions fortes de la veille et prenions la route aux premières lueurs du soleil.
C’est avec mes bas d’hiver sur les mains (pour les dégeler) que nous entamions la descente.
Le Circuito Alpino étant trop technique à cet endroit, nous n’avions d’autre choix que de prendre le très long et très bas détour via le Circuito Classico. La journée d’aujourd’hui consistait à engranger le plus de km possible en descendant dans une espèce de vallée couloir aux paysages plus qu’ordinaires, pour remonter de l’autre coté et rallier un autre versant de la Cordillère Huayhuash.
Une fois atteint Huayllapa, le point le plus bas du Circuit à 3500m d’altitude, il fallait maintenant remonter jusqu’à Paso Tapush à plus de 4800m.


Nous passions le camp Hurtiac en vitesse (où tous les groupes s’arrêtent pour la nuit) pour aller directement à la Paso.
Le sommet de la Paso Tapush est un espèce d’immense plateau inhospitalier où il est difficile de savoir où se trouve le point le plus haut. Par 2 ou 3 fois nous pensions être arrivé au sommet… mais nous débouchions simplement sur une portion plus haute du plateau.
Le temps de descendre -300m de denivelé de l’autre coté que la temperature passait d’une journée froide d’hiver à une chaude journée d’été, et que les paysages devenaient du bonbon pour les yeux.
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Jour 6 – THE LONG WAY HOME
Départ Susococha Camp (@4500m)
Arrivé Llamac (@3300m)
Distance 21km
Dénivelé Positif +800m
Dénivelé Négatif -2100m
Ascension
– Paso Yaucha @4750m
– Paso Llamac @4300m
Et un autre réveil dans une plaine gelée à l’intérieur d’une tente toute givrée.
Au menu ce matin, l’ascension de la Paso Yaucha @4750m, nécessitant seulement ++300m d’ascension (partez les rires en canne).
À partir de là, il ne restait qu’à descendre une couple de centaines de mètres, marcher sur le plat dans le fond d’une vallée, monter un dernier Col (Paso Llamac @4300m… à ne pas sous estimer quand vous êtes exténué) et descendre -1100m de dénivelé négatif.
Un dernier coup d’oeil à Huayhuash & ses Nevados chargés de neige, et nous basculions en direction de Llamac, la fin du Circuit.
Une douche bien chaude & une bière bien froide… c’est tout ce que je demandais (j’avais plus de chance d’avoir une douche bien froide et une bière chaude).
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Huayhuash EN BREF
+ Randonnée difficile, mais un sentier bien balisé et très fréquenté,
+ Multiple itinéraires possibles,
+ Campement sur les sites désignés,
+ Source d’eau abondante tout au long du Circuit,
+ Beaucoup de groupes de randonneurs avec guide et porteurs (à organiser depuis Huaraz), peu de randonneurs en autonomie complète,
+ Même en autonomie complète, le Circuit coute une petite fortune. Comptez environ 90$us par personne (site de camping + passage dans chaque village).
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P.S. Je dédis cette Épisode à ma copine Tanzi. Tu m’as suivit sans broncher sur une tonne de sentiers pas commode tout autour de l’Amérique du Sud.
Jamais au grand JAMAIS tu ne t’es plain (tu as bien faillis t’évanouir quelques fois… mais ne s’est jamais plain ;-).
Pour une fille qui n’avait pas vraiment d’expérience de randonnée et qui avait une peur bleue des effets de l’altitude, tu as t’es même permis de me botter le cul à quelques reprises lors d’ascension (bon… mon sac était plus lourd 🙂
Épisode 122 – Cordillera Blanca; Santa Cruz & Cie.
Plus de 31h dans un bus, répartis sur 2 nuits consécutives, et nous avions quitté Cusco et l’Empire Inca, pour nous retrouver à la base de la Cordillera Blanca, un endroit surnommé « la Suisse du Sud » (pas pour sa richesse), la capitale du plein air au Pérou…
Bienvenue à Huaraz!

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LA CORDILLERA BLANCA POUR LES NULS
La Cordillère Blanche est un endroit difficile à manquer pour tout amateur de plein air voyageant en Amérique du Sud.
L’endroit est littéralement la plus grande concentration de hauts sommets de l’Hémisphère Ouest; 33 sommets de plus de 5500m, dont 16 dépassant les 6000m, dont Huascaran, la plus haute montagne du Pérou & 4ème plus haute montagne d’Amérique du Sud, et de toutes les Amériques, du haut de ses 6768m. La montagne a d’ailleurs donnée son nom au Parque Nacional Huascaran, parc qui englobe l’ensemble de la Cordillera Blanca et qui est inscrit au Patrimoine de l’UNESCO.
Comme vous le devinez, cette contrée blanche, au multiples sommets coiffés de glaciers, est un paradis de la randonnée et de l’escalade.
Difficile de choisir parmi la tonne de randonnées et d’ascensions possibles (pour tous les niveaux d’expérience).
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LAGUNA CHURUP
Besoin d’une randonnée d’un jour pas trop difficile, mais assez haute en altitude, pour faire une répétition générale avant d’entreprendre une randonnée de plusieurs jours? Ajoutez en prime de splendides panoramas?
La randonnée jusqu’au Laguna Churup est toute désignée (comme si nous avions besoin d’une randonnée de pratique).
Situé à 4450m, au pied du Nevado Churup (5495m), il faut tout d’abord prendre un bus depuis Huaraz, se faire brasser sur une route durant 18km jusqu’au village de Pisac, et faire une courte (mais intense) ascension (3km +650m allé).
Le sentier est bien balisé mais abrupte, avec quelques sections semi-techniques (escalade avec corde).




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REFUGIO PERU
Départ Cobollapampa (@3910m)
Arrivé Refugio Peru (@4675m)
Distance 15km
Dénivelé Positif +850m
Dénivelé Négatif 0
Aujourd’hui, les choses devenaient un peu plus sérieuses.
Un minibus de Huaraz à Yungay, via une route suivant le fond de la vallée, et nous sautions dans un autre bus. Celui-ci quittait le fond de la vallée en zigzaguant sur une route sinueuse et mal entretenu. En d’autres mots; ça brassait.
Nous avions alors une vue imprenable sur le double sommet de Nevado Huascaran (plus haute montagne du Pérou), 2 monstrueuses boules de crème glacée surplombant la vallée.
Environ à mi-chemin, la route quittait la vallée pour entrer dans un canyon profond et étroit. Les lacets de la route devenaient de plus en plus serrés, nouant de plus en plus nos estomacs. Ça brassait maintenant en tab…
Terminus Cebollapampa, point de départ de la randonnée permettant de rejoindre le lac le plus connu de la Cordillera Blanca; le Laguna 69.
Contrairement à 99% des touristes qui visitaient le Laguna 69 (en 1 journée allé-retour), nous allions faire la boucle qui passe par le Refugio Peru, y passer la nuit, et rejoindre Laguna 69 en matinée le lendemain.
Encore un peu étourdi de la run de bus et sous un ciel chargé (qui n’allait pas tarder à nous tomber dessus), nous commencions l’ascension de +850m pour rejoindre les hauteurs de la Cordillera Blanca.

Après avoir joué au chat et à la souris avec le brouillard et la pluie tout au long de l’ascension, nous arrivions sur un plateau complètement dégagé. Devant nos yeux se trouvait un champ de roche (avant plan) et 2 hauts sommets et leur glacier respectif (Nevado Huandoy @6000m & Nevado Pisco @5752m).
Le Refugio Peru se trouvait à la limite entre les glaciers et la moraine (les roches).
W O W

Un refuge digne des Alpes francaises. Pas simplement pour l’emplacement, mais aussi pour la qualité du bâtiment lui-même. Il y a quelques années, le Parque Huascaran avait lancé un programme de parrainage avec certains pays européens.
Les villages de la Cordillera Blanca étant très pauvres et reculés, des refuges de montagne ont été construits un peu partout dans la Cordillera. Financés par les européens, ces refuges sont gérés par les communautés, et tous les profits vont à la construction d’infrastructures dans les villages.


Tout cela pour dire que le refuge était digne d’un refuge alpin, plus beau que probablement 99% des bâtiments au Pérou… et 100 fois mieux que n’importe quel refuge sur le GR20 en Corse.
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LE TOIT DU MONDE
Départ Refugio Peru (@4675m)
Arrivé Cebollapampa (@3910m)
Distance 12km
Dénivelé Positif +400m
Dénivelé Négatif -1150m
Le réveil se faisait dans une mer de brouillard. Mis à part le Refugio, nous ne pouvions rien voir à plus de 10m à la ronde.
Direction Laguna69!
Pour ce faire, il fallait traverser un champ d’éboulement en marchant sur de grosses roches instables. Un faux pas et c’était la fracture.
Toutes ces roches n’étaient pas arrivées la par magie; nous étions dans la zone d’avalanche des Nevados nous surplombant.
Quoique technique, le sentier était facile à suivre en raison des multiples hauts (et beaux) totems.

Les Nevados sortaient du brouillard les uns après les autres, jusqu’au point ou il ne restait plus un seul nuage à l’horizon.
Nous avions l’impression d’être sur le toit du monde tellement la vue était spectaculaire; 8 des plus hauts sommets du Pérou… donc 8 des plus hauts sommets des Amériques… donc 8 des plus hauts sommets sur Terre… se trouvaient autour de nous.
Le Laguna 69 dans tout cela? Wow!!!

D’un bleu comme seulement j’en avais vu dans les Rocheuses Canadiennes (Lacs Peyto & Moraines) et avec un immense glacier accroché juste au-dessus, il mérite sa réputation de plus beau lac de la Cordillera.


De retour sur la grand route, il nous fallait maintenant gagner Vaqueria, le départ de la randonnée Santa Cruz.
Situé seulement 30km plus loin, il était impensable de penser marcher jusque là en raison du mur (montagne) qui se dressait sur le chemin… la route montait de plus de +1500m avant de redescendre de l’autre coté.
Bref, nous allions lever nos pouces en l’air et espérer pour le mieux.
Moins de 5 minutes plus tard, un 4×4 conduit par des locaux se pointait… et avait 2 places de dispo.
Sur une route déserte comme celle là, route où il ne doit pas passer plus d’une voiture par heure, nous étions béni des Dieux.
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SANTA CRUZ TREK
Santa Cruz est la randonnée vedette de la Cordillera Blanca.
Santa Cruz est aussi la 3ème randonnée la plus touristique en Amérique du Sud, après Torres del Paine (Chili) et la Inca Trail menant à Machu Picchu (Pérou).
En d’autres mots, nous pouvions espérer croiser beaucoup de wanabe randonneurs.
En théorie, guide & porteurs sont obligatoires. En pratique, personne ne porte attention et le sentier est hyper facile à suivre.
Mis à part si vous ne voulez pas cuisiner et porter/monter votre tente (quel genre de randonneur êtes vous), un guide est inutile.
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Jour 1 – DE ROCHES ET DE BOUE
Départ Vaqueria (@3950m)
Arrivé Taullipampa (@4150m)
Distance 23km
Dénivelé Positif +1450m
Dénivelé Négatif -850m

Sans aucune journée de repos, nous étions de retour dans nos bottes à la première heure le lendemain.
Direction Punta Union, la seule passe et point le plus haut de la randonnée 18km et +1400m plus loin.
C’était la matinée « Hola Buenos Dias » à croiser une multitude d’enfants en route pour l’école.
Après avoir passé quelques villages, nous étions véritablement dans la nature.

Avec des vues assez (pas mal) ordinaires (vallée entourée de montagnes toutes vertes), nous tachions d’engranger le plus de km avant que les rayons du soleil nous frappent.


Après avoir passé le campement Paria, les choses devenaient sérieuses; le sentier montait sans relâche vers Punta Union (8km +1000m).


Après une dernière portion d’ascension pas piqué des vers (presque en ligne droite, avec une forte inclinaison, sur de la roche exposée) et avec le RPM dans le tapis depuis une bonne heure, nous avions vaincu Paso Punta Union. En guise de récompense, Pachamama jugeait bon de nous lancer une forte averse de grêle sur le dos.


Peu importe, la totalité de la randonnée Santa Cruz restante était désormais en descente… -1700m de dénivelé négatif.
Alors que le versant précédant était une très grande vallée en forme de serpent, la vallée dans laquelle nous basculions était étroite et linéaire. Un immense glacier se trouvait juste à coté de nous sur la droite.



Après avoir marché 2 jours en 1, nous arrivions au campement Taullipampa complètement exténué.
L’endroit avait une vue imprenable sur le Nevado Taulliraju. Tout au fond de la vallée, la montagne agissait telle la sentinelle de Santa Cruz, voyant et entendant tout.
…
Jour 2 – I N T E R M I N A B L E
Départ Taullipampa (@4150m)
Arrivé Cashapampa (@3600m)
Distance 24km
Dénivelé Positif +50m
Dénivelé Négatif -600m
Le réveil se faisait dans une vallée glacée où les rayons du soleil ne réchaufferaient pas la terre avant encore plusieurs heures. La tente était complètement givrée.
Les mains bien glacées après avoir procédé à un dégivrage manuel que nous commencions la journée.
Direction Cashapampa, la fin du sentier, tout en bas au fond de la vallée 24km plus loin.
Nous disions Adieu à la Sentinelle… pour dire Bonjour au Nevado Alpamayo. Pointant à plus de 5900m, Alpamayo avait été nommée la plus belle montagne au monde (escalade parlant) par le magazine allemand Alpinismus. Nous étions malheureusement hors de la saison d’escalade (possible seulement en aout/septembre) sinon j’aurais tenté ma chance.
Tout de suite après avoir croisé Alpamayo, le sentier descendait dans le fond de la vallée. Nous en étions quitte pour marcher dans l’immense lit d’une rivière asséché.

Le lit de rivière se transformait en un canyon qui semblait ne pas avoir de fond. Le soleil nous avait depuis rattrapé, rendant la descente interminable…


J’adore la randonnée, mais il n’y a rien de mieux que d’arriver à la fin du parcours et de savoir qu’un lit, une douche chaude et une (des) bière(s) vous attendent.
…
Santa Cruz est une belle randonnée, mais jamais dans les plus belles d’Amérique du Sud.
Un peu comme les randonnées pour se rendre à Machu Picchu, Santa Cruz se veut une parfaite introduction à la haute montagne pour quelqu’un sans expérience.
Il faut par contre faire tout en son possible pour dormir au Refugio Peru et se rendre au Laguna 69.
Épisode 121 – Au Coeur de l’Empire Inca; Qosqo & Machu Picchu
8 Mai 2017
15.00 – Depuis maintenant une dizaine de minutes, nous marchions sur des rails en jetant des regards inquiets derrière nous… afin de s’assurer qu’il n’y avait aucun train.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, nous étions en direction du site touristique le plus célèbre d’Amérique du Sud…

Au bout de 2 heures de marche, le chemin de fer nous avait guidé jusqu’à « Aguas Calientes », un ramassis d’hôtels et de restaurants se donnant des airs (ratés) de village suisse…

Depuis quelques années, Aguas Calientes avait été rebaptisé « Machu Picchu Pueblo »…

…
QOSQO… CUSCO… PAREIL PAS PAREIL
L’aventure avait commencée à Qosqo, ancienne capitale de l’Empire Inca, rebaptisée Cusco (Cuzco) lors de sa capture par les conquistadors en 1536.
On raconte que les conquistadors, mené par l’infâme Francisco Pizarro, furent émerveillés par la beauté de Qosqo à leur arrivé… ce qui ne les empêcha pas de tout détruire.
Les bâtiments espagnoles ont été construits sur les ruines Incas. Par exemple, Santo Domingo, plus importante église de Cusco, fut construite directement sur les ruines de Qoricancha, le plus important temple Inca.
C’est assez flagrant lorsqu’on regarde le mur sud de l’église; la parti inférieure est faite de gigantesques pierres taillées, toutes de la même dimension et déposées les unes sur les autres sans l’aide de mortier (tous les bâtiments Incas étaient construits de cette manière), alors que la parti supérieure est un ramassis de pierres de toutes tailles, disposés n’importe comment et soudées à l’aide de mortier.
Lors du dernier grand tremblement de terre qui frappa Cusco dans les années 80, plusieurs constructions espagnoles, n’ont pas tenus le coup, alors que les murs datant de l’époque Inca ne bronchèrent pas d’un poil.
Cusco version 21ème siècle est un endroit à l’histoire riche et complexe. Ville inscrite au Patrimoine Mondiale de l’UNESCO en raison de son architecture coloniale espagnole et ses nombreuses églises (16) plus belles les unes que les autres, la culture Quechua (descendants des Incas) est plus vivante que jamais; les locaux parlent le quechua (langue des Incas) et vénèrent Pachamama (Dame Nature) et sa Trilogie des Andes; le Puma représente la Terre (Monde Physique), le Condor représente le Ciel (Monde Spirituel) et le Serpent représente la Mort (Monde des Ténèbres).

Fait amusant, le drapeau de Cusco (l’ancien drapeau de l’Empire Inca), est un arc-en-ciel ressemblant à s’y méprendre au drapeau de la Fierté Gay. Seule difference (impossible à remarquer pour quelqu’un qui ne le sait pas), le drapeau de la Fierté Gay compte 6 couleurs, alors que celui de Cusco en compte 7. Les Incas croyaient que les arc-en-ciels reliaient les 3 Mondes (Physique, Spirituel et Ténèbres).
…
DESTINATION MACHU PICCHU
Il y a plusieurs moyens d’atteindre Machu Picchu; en train, en bus/voiture, ou en marchant.
Train
Un train luxueux ($$$) relis Cusco à Machu Picchu Pueblo 1 ou 2 fois par jours.
Collectivo (taxi collectif)
– 1er Collectivo de Cusco jusqu’à Santa Maria (5-6heures)
– 2ème Collectivo de Santa Maria jusqu’à Hydroelectrica (1-2heures)
– Marche sur les rails de Hydroelectrica à Machu Picchu Pueblo (2heures)
Randonnées
– Inca Trail – l’une des randonnées les plus célèbres du continent sud américain. Prend de 3 à 5 jours, hyper touristique, guide obligatoire ($$$) et besoin de réserver quelques mois à l’avance,
– Salkantay Trail – alternative la plus populaire pour ceux qui veulent marcher jusqu’à Machu Picchu, cette randonnée de 3 à 5 jours peu se faire avec ou sans guide… pas besoin de réserver à l’avance.
Dans cet épisode, il n’y aura pas de description de la randonnée Saltankay ou Inca Trail pour une raison bien simple; nous avons choisi d’aller à Machu Picchu en collectivo.
Quoi? Des adeptes de plein air, ayant marché la quasi totalité des randonnées que le continent sud américain a à offrir, ont décidé de lever le nez sur l’une des randonnées les plus réputées sur Terre?
La réponse est oui!
Je ne veux pas paraitre hautain, mais les randonnées Inca & Salkantay nous ont semblées très surévaluées;
– Les paysages autour de Machu Picchu sont intéressant, mais ils n’ont rien à voir avec les paysages de Patagonie, de la Cordillera Real (Circuit Illampu – Bolivie), la Cordillera Vilcanota (Circuit Ausangate – Pérou), la Cordillera Blanca (Santa Cruz Trek – Pérou) ou encore la Cordillera Huayhuash (Circuit Huayhuash – Pérou),
– Salkantay et Inca Trails sont saturées de randonneurs,
– Nous venions d’enchainer le Circuit Illampu (Épisode 119) et le Circuit Ausangate (Épisode 120), et nous étions sur le point de marcher coup sur coup la randonnée Santa Cruz (Épisode 122) et le Circuit Huayhuash (Épisode 123),
Bref, nous ne voulions pas gaspiller nos énergies sur une randonnée faite sur mesure pour les randonneurs du dimanche, mais décevante pour les randonneurs expérimentés comme nous…
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MACHU PICCHU PUEBLO
2 Collectivos et une marche de 12km sur des rails plus tard que nous entrions dans Machu Picchu Pueblo, blottis dans le fond d’une vallée. De là, Machu Picchu se trouve à 3km et +450m.
2 options s’offraient à nous;
– prendre un bus ($$$ avec une file interminable à partir de 04.30am… même si les bus commencent seulement à 06.00am),
– Marcher (environ 1-1.5h)
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MACHU PICCHU
07.00 – Peu après le lever du soleil, nous atteignions l’entrée du site alors que les nuages se dissipaient tranquillement dans la vallée.





Situé à moins de 80km de Qosqo (Cusco), Machu Picchu doit sa remarquable préservation (probablement la ville Inca la mieux préservée) à son emplacement; perchée sur un plateau situé au sommet d’une montagne… cette même montagne étant perdue au milieu de nul part à la jonction de plusieurs vallées.




Fait intéressant, Cusco se situe +1000m plus haut en altitude que Machu Picchu. Machu donne l’impression d’être plus haut puisque Cusco se trouve au fond d’une vallée.
Bref, tout cela pour dire que les conquistadors n’ont jamais découvert l’endroit… sinon ils auraient tout détruit… comme ils ont fait partout ailleurs.
Encore aujourd’hui, les historiens & archéologues en savent bien peu sur Machu Picchu.
– Construite dans les alentour de 1430…
– Abandonnée vers 1570 alors que les Incas étaient en pleine déconfiture face aux conquistador…
– Redécouverte par pur hasard en 1911 par un archéologue amateur…
Pouvant héberger tout au plus 750 personnes, les historiens pensent que l’endroit était un lieu de villégiature pour les gens de la haute société Inca.
À son apogée, l’Empire Inca, assurément la société pré-colombienne la plus célèbre d’Amérique du Sud, s’étendait du sud de la Colombie (nord), au nord du Chili (sud), jusqu’à l’Amazone (est).
Machu Picchu se trouvait dans la « Vallée Sacrée », une vallée comprenant les terres les plus fertiles du royaume, une vallée ne faisait pas parti de l’Empire Inca, mais étant la propriété privée de l’Inca (nom de l’Empereur Inca).
Pour ceux désirant avoir une vue à vol d’oiseau de Machu Picchu, il existe 2 options;
Huayna (Wayna) Picchu
Petite colline dominant le site. L’accès au sommet est limité à 400 personnes par jour ($$ – Billet à acheter quelques mois à l’avance).
Cerro Machu Picchu
Située à 3000m d’altitude, soit +600m au-dessus de Machu Picchu, le sommet domine non seulement Machu Picchu, mais tous les environs. Le sentier pour s’y rendre est une succession d’escaliers faites pour des géants, et s’apparente à un mur par moment.


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De nos jours, Machu Picchu est une grosse business; un maximum de 2000 touristes peuvent visiter le site à chaque jour.
Pour se faire, il faut se procurer un billet ($$) à Machu Picchu Pueblo, la veille ou le matin même (en basse saison), ou quelques jours/semaines à l’avance (en haute saison).
Ceci étant dit, un voyage en Amérique du Sud est incomplet sans une visite des ruines les plus connus dans le monde… l’une des 7 nouvelles Merveilles du Monde; Machu Picchu, « La Cité Perdue des Incas ».






































































































































