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Épisode 84 – Chimborazo; Voyage à l’Extrême Opposé du Centre de la Terre
26 septembre 2016
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Après avoir passé plus de 2 semaines à faire copain copain avec les volcans autour de Quito sur l’Avenue des Volcans, je quittais définitivement la capitale pour une seconde et dernière fois. Quito, une ville dont je n’avais AUCUNE attente et qui (franchement) me faisait un peu peur, avait confondu le sceptique en moi. J’allais m’ennuyer.
Direction le sud. Terminus Riobamba.
Malgré un nom qui incite à la fête, Riobamba n’avait rien de très festif. C’était une ville sans intérêt que la très grande majorité des voyageurs évitent.
Ce n’est tellement pas touristique que l’hébergement que je trouvais était un hôtel 3 étoiles… à 18$ la nuit (il serait au moins à 100$ en Europe/Amérique du Nord). Exception faite de mon séjour au Canada, je ne me rappelais pas la dernière fois où j’avais eu ma propre chambre (je dors toujours en dortoir/auberge jeunesse) et ma propre salle de bain. À voyager autant que je le fais, on fini par oublier certains petits plaisirs de la vie… comme de prendre une douche ayant une forte pression d’eau et dans laquelle on peu régler la température (parce que plus souvent qu’autrement on subit la température de la douche dans un auberge jeunesse… soit hyper chaud ou glacial).
Mais pourquoi donc aller à Riobamba si la plupart des touristes l’évite. Eh bien, d’une part je ne suis pas « la plupart des touristes » et de l’autre, la ville surnommée « le Sultan des Andes » est entourée de 3 géants; le El Altar (5319m – volcan éteint), le Carihuairazo (5018m – volcan dormant) et le Chimborazo (volcan dormant).
Toute ces randonnées et ascensions de volcans des dernières semaines avaient un but bien précis; me préparer au mieux à réaliser l’ascension de Chimborazo.
Venant des mots Quechua « Chimba » & « Razu » qui signifient « la neige de l’autre versant » ou « glace de l’autre coté », Chimborazo est le géant des géants du pays, du haut de ses 6310m. Surnommé « Taita Chimborazo », c’est à dire Papa Chimborazo, Chimborazo est considéré comme étant le « père » de tous les autres volcans d’Équateur… la « mère » étant Mama Tungurahua (épisode précédent).
Plus que cela, le sommet de Chimborazo est réputé comme étant le point le plus éloigné du Centre de la Terre sur la surface de la planète. Eh oui, si vous voulez être le plus près des étoiles avec les 2 pieds sur Terre, il ne faut pas aller au sommet de l’Everest, mais bien sur le Chimborazo. La Terre n’étant pas parfaitement ronde… le diamètre est plus grand à l’Équateur. Pour être exact, le sommet de l’Everest est à exactement 6382.467km du centre de la Terre alors que Chimborazo est à 6384.687km. Pour les nuls en math, Chimborazo est plus de 2km plus près des étoiles.

En fin de journée, je me réveillais tout juste à temps pour aller admirer le coucher du soleil du « Parque 21 de Avril », meilleur point de vue en ville. Je fixais Chimborazo pendant de longue minutes. Je peinais à croire que le sommet était à plus de 3450m d’altitude de l’endroit où je me trouvais tellement la montagne avait l’air « petite ».

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LA VIE NOUS RÉSERVE PARFOIS DE BIEN DRÔLE DE SURPRISE
Dans la vie, tout ne va pas toujours comme nous l’avons prévu. Toutefois, cela ne veut pas dire que les choses ne vont pas tel qu’elles sont supposées aller.
J’avais décidé de faire une dernière randonnée d’entrainement en haute altitude avant Chimborazo. Direction le volcan El Altar.
Ancien méga volcan, El Altar fut autrefois la plus haute montagne d’Équateur… jusqu’à il y a 500ans alors que sa dernière éruption fit exploser la montagne et créa une multitude de sommets (coiffés par des glaciers) entourant le Laguna Amarillo, un lac situé dans l’ancienne caldeira.

Je me réveillais à la première heure pour me diriger à la station d’autobus… pour apprendre que le premier bus en direction de La Candelaria (village au pied de El Altar) partait seulement à 11.00am. Durant 4 heures, je me gelais le cul dans ce dépotoir qu’ils osaient appeler station d’autobus… alors que j’aurais pu être confortablement dans mon lit.
11.00 – Le bus ne venait jamais. On me disait que le bus partirait finalement à 14.00…
Fuck El Altar… je n’allais pas passer ma journée à attendre un bus qui ne viendrait probablement jamais. Je me dirigeais d’un pas déterminé à l’agence de voyage; j’allais monter Chimborazo dès demain (il est interdit de grimper au sommet de Chimborazo sans guide).
À peine arrivé à l’agence qu’on m’indiquait que quelqu’un d’autre était intéressé à faire l’ascension de Chimborazo. Hip Hip Hip, les frais (astronomiques) d’ascension allaient être divisés par 2.
Je demandais à rencontrer l’autre gars pour être sur qu’on soit sur la même longueur d’onde.
Moi – « Where are you from? (de où viens-tu?) »
L’Autre – Canada
Moi – « Seriously… I’m Canadian too… Where about? (Sérieux… Moi aussi… Tu viens de où?) »
L’Autre – Québec
… j’étais sans mot…
Il fallait bien un autre québécois pour faire un truc de fou comme ça.
J’allais donc faire équipe avec Alex (24ans / Montréal / en voyage 2 semaines en Équateur) et un guide pour tenter l’ascension de Chimbo.
Ne restait plus qu’à retourner à ma chambre pour m’imbiber d’eau et me reposer afin d’être fin près pour le lendemain.
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LE REFUGE CARREL
28 septembre 2016
11.00 – Moi, Alex et notre guide partions de l’agence en route vers la montagne. Objectif du jour; dormir au refuge Carrel situé au pied du volcan à 4800m.
Passé 4000m d’altitude, plus rien ne poussait sur les flancs du volcan. Il n’y avait que du sable et de la roche volcanique. Nous étions dans un paysage lunaire avec des collines désertiques… et une grosse boule de crème glacée au milieu.

13.00 – Arrivé au refuge Carrel, nous nous retrouvions dans une mer de nuages. Impossible de voir le volcan… mais les 2-3 gros bus de touristes étaient bien visibles. Alors que tous portaient des vêtements d’hiver, je sortais du véhicule en short et en flip flop. Pas besoin de vous dire (je vous le dis quand même) qu’une tonne de paires d’yeux se pointaient sur moi.
Peu m’importait, ma concentration était ailleurs. Ne restait plus qu’à me reposer et m’acclimater à l’altitude.
Au refuge nous tombions sur Florence, jeune québécoise voyageant en solo et tentant aussi l’ascension le lendemain. C’est donc dire que sur les 8 personnes qui allaient tenter l’ascension, 3 seraient québecois, 3 espagnols (très expérimenté en montagne… je les avais croisé sur Ilinizas) et un couple australien (je ne leur donnait pas grand change d’atteindre le sommet).
Les québécois ont probablement cette dose de folie qui les poussent à faire des trucs stupides.
18.30 – Dodo… à 4800m… ma nuit la plus haute en altitude à vie… seulement 1 semaine après avoir amélioré mon record à Ilinizas.
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HARDCORE TREK – CHIMBORAZO
29 septembre 2016
23.00 – 28 septembre – À l’heure où beaucoup d’entre-vous écoutez vos séries TV et songez à aller au lit, moi et mon équipe étions debout.
La vérité me sautait aux yeux; Chimborazo. J’étais pris d’un mélange de panique & d’excitation et comme à la veille de toutes mes aventures rocambolesques, mon cerveau tentait (en vain) de me faire changer d’idée.
On raconte que 60% des gens qui tente l’ascension du Chimborazo atteignent le sommet… j’allais savoir dans quelques heures de quel coté du % j’allais me trouver.
00.00 – 29 septembre 2016 – Le déjeuner bien installé dans l’estomac, les bottes rigides de montagne au pieds, le casque sur la tête, le piolet à la main, les crampons dans le sac et bien encordé à mes 2 compagnons, je quittais le refuge dans la nuit noire sous un ciel étoilé exempt de nuages.
Nous commencions une marche qui allait nous mener 1400m plus haut à temps (espérons-le) pour le lever du soleil… beaucoup plus facile à dire qu’à faire.
Après avoir passé le 2ème refuge, le refuge Whymper (en l’honneur du 1er à avoir atteint le sommet de Chimborazo) à 5000m, le choses devenaient tout de suite sérieuses en négociant une section de sentier dans une zone de glissement de terrain. Nous ne le savions pas encore, mais c’était la section de sentier la « plus facile » de l’ascension… plus facile ne veut pas dire facile.
À 2 reprises, nous devions nous abriter sous des rochers pour éviter d’être frappé de plein fouet par une pluie de roches venant du sommet. Essayez d’évitez des roches qui vous foncent dessus pleine nuit; dans la nuit silencieuse, vous entendez le bruit des roches qui descendent à vivent allure, vous avez les yeux grand ouvert… et vous entendez un bruit de mort quand votre guide se fait frapper sur le genou par l’une de ces roches. Après s’être tordu de douleur durant quelques minutes, il était prêt à repartir.
Une fois à 5200m au sommet de la zone d’avalanche, et après avoir négocié quelques section d’escalade pur et dur, nous atteignions la neige, qui se transformait lentement en glacier pour recouvrir tout autour de nous.
C’est à ce moment que le « fun » commençait véritablement. De 01.30 à 06.30 du matin, nous allions négocier un sentier à plus de 60/70 degrés d’inclinaison… sans aucun relâchement du début à la fin… pas de section plane ou moins inclinée… JAMAIS… une ascension sans interruption et brutale. C’est sans aucun doute le sentier le plus abrupte que j’ai eu le « plaisir » de marcher dans ma vie.
L’ascension pouvait se résumer ainsi; marche durant 2-3 minutes… suivit de moi et/ou Alex qui s’effondrait par terre à bout de souffle… suivit d’un repos de 2-3 minutes pour reprendre le contrôle de notre rythme cardiaque… et ainsi de suite. Des fois on pouvait se reposer 5 minutes, recommencer à marcher, et s’effondrer par terre après 30 secondes. À chaque arrêt, nous devions creuser un siège dans le glacier avec notre piolet pour éviter de glisser tellement la pente était abrupte.
Et dire que je me considérais dans la forme de ma vie après Ilinizas il y a quelques jours (épisode précédent). J’avais passé les 2 dernières semaines à grimper tous les volcans que j’avais pu faire afin de m’acclimater au mieux à l’altitude, et j’avais quand même l’impression d’être dans une forme physique minable en montant la paroi enneigée de Chimborazo. Mon coeur battait à tout rompre & donnait l’impression qu’il voulait sortir de ma cage thoracique, et je sentais le battement de mon coeur sur ma tempe… j’avais l’impression que la veine allait éclater.
À ma décharge, il faut dire que j’étais diminué par une grosse grippe depuis 3 jours. Un homme sensé aurait repoussé l’ascension de quelques jours… mais je ne suis pas réputé pour mes choix sensés.
Passé 6000m cela faisait plus de 5 heures que j’avais le RPM du coeur dans le tapis et que je faisais un effort physique intense. J’étais à bout de souffle (le mot n’est pas assez fort), je n’étais plus qu’une loque humaine incapable d’avoir un raisonnement logique et je titubais sur le sentier.


Je puisais au plus profond de mes ressources comme rarement je ne l’avais fait auparavant. Mon corps commençait à faillir; je crachais abondamment de sang par la bouche et ma narine gauche était rouge.
À quoi bon faire tout cela si ça n’apporte que souffrance psychologique et physique? « Ain’t no mountain high enough »… la phrase qui décrit le mieux ma vie; au sens propre comme au figuré, il n’y a pas de montagne assez haute… je ne recule pas devant un obstacle un point c’est tout.
Je vous mentirais si je vous disais que je n’avais pas pensé abandonner durant l’ascension. J’avais bien failli rebrousser chemin une bonne vingtaine de fois. Mon moral avait abdiqué et j’étais prêt à tout à redescendre. À chaque fois je continuais, puisque je ne voulais pas laisser tomber Alex. Si j’abandonnais, cela voulait dire que nous abandonnions puisque le guide n’aurait pas voulu nous séparer.
Heureusement pour moi, nous avons persévéré. Abandonner aurait été un soulagement sur le moment présent, mais une amère déception pour le reste de ma vie.
06.30 – Le sommet…
Je lâchais un L I B E R T É bien senti (à la Mel Gibson dans « Coeur Vaillant ».
Le soleil à peine levé, il n’y avait aucun son, aucun vent et les nuages tout juste au-dessus de nos têtes semblaient former un toit. La vue était à couper le souffle (au sens propre comme au figuré); on pouvait voir au loin Tungurahua, Ilinizas, Cotopaxi et compagnie. Je quittais le sentier balisé pour prendre des photos et calais jusqu’à la taille dans la neige du glacier.


J’avais les 2 pieds à l’endroit le plus éloigné du centre de la Terre sur la surface de la planète et mon nouveau record d’altitude du même coup. Ma première fois au-dessus de 6000m. Mon record allait surement durer jusqu’en janvier/février et ma tentative d’ascension de l’Aconcagua.
Le sommet m’avait revigoré alors que je retrouvais alors tous mes sens… tout le contraire pour Alex dont la condition était devenue inquiétante. Il était complètement intoxiqué par l’altitude. Tout le temps que nous avions passé au sommet, il s’était recroquevillé sur lui même en boule par terre sans bouger.
La descente se transformait en un espèce de secours en haute montagne. Alex pouvait à peine se tenir sur ses jambes et n’avait plus toute sa tête. Premier de cordée en avant, je redoublais de prudence et devais m’assurer de descendre à un rythme assez lent pour ne pas tendre la corde et lui faire perdre pied. Je devais aussi me battre avec notre guide (un véritable emmerdeur) qui faisait fit de l’état d’Alex et me demandait d’aller plus vite.
J’étais toujours près à planter mon piolet dans la neige au cas où il perde pied. Nous étions tous les 3 encordés; si il tombait, nous tombions…
4 heures de descente dans ces conditions. Heureusement, le paysage était incroyable.






C’est alors que je réalisais à quel point le sentier était incliné. Cela n’avait aucun bon sang. Je n’avais plus aucune difficulté à comprendre pourquoi nous étions plié en 2 à toutes les 2 minutes lors de l’ascension.
11.00 – De retour au refuge Carrel après 11 heures de marche, nous étions complètement vidé. C’était drôle de penser qu’on était levé depuis maintenant 12 heures alors que pour beaucoup la journée venait de commencer.

Je me retournais pour regarder la montagne et me rappelais alors avoir trouvé Chimborazo petit en le regardant de Riobamba la veille. PLUS JAMAIS je n’allais utiliser les mots « petit » et « chimborazo » dans la même phrase, autre que pour dire « je me sens petit en montant Chimborazo ».
Même si c’est la plus haute montagne d’Équateur, Chimborazo n’obtient pas tout le respect qu’elle devrait avoir puisque tout le monde n’a de yeux et ne parle que de Cotopaxi (je l’avoue, j’étais de ces personnes).
Chimborazo est un monstre… un géant de glace qui a gagné toute mon admiration.

Au final, 6 des 8 personnes ayant tenté l’ascension avaient atteint le sommet. Seul le couple d’australien avait abandonné…
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Je ne suis pas docteur, mais je me donne un billet de médecin spécial; pas de marche en haute montagne pour au moins quelques jours histoire de récupérer un peu.
Direction Cuenca encore plus au sud… ça sent de plus en plus le Pérou.
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P.S. I – Pour les adeptes de randonnées en haute montagne et/ou d’escalades, voici un Top5 des montagnes les plus techniques d’Équateur;
1. Altar
2. Ilinizas Sur
3. Antisabe
4. Cayambe
5. Chimborazo
Concernant Chimborazo, l’ascension n’est pas vraiment technique… si un sentier très incliné était considéré comme technique, Chimborazo serait assurément premier de cette liste.n’est pas vraiment technique.
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Épisode 74 – Au sommet de l’Europe*
28 juin 2016
Fraichement arrivé sur le bord du lac Léman en provenance de Corse, je ne m’attardais pas plus longtemps qu’une soirée à Genève avant de sauter dans un bus en direction de Chamonix.
Non pas que je n’aimais pas Genève, bien au contraire, J’ADORE Genève, mais bien parce que je n’avais qu’une seule chose en tête… une très grosse chose en tête… et non je ne parlais pas de mon truc entre les jambes… NON… je parlais plutôt de la grosse crème glacé dominant les alpes à la frontière de la France, l’Italie et la Suisse… la plus haute montagne d’Europe… j’ai nommé le Mont Blanc.
Je mentirais si je disais que l’ascension du Mont Blanc était un vieux rêve. Cela remontait à mon séjour en Asie et à ma lecture du livre « Annapurna; le premier 8000 », ascension historique du 1er sommet de plus de 8000m, 3 ans avant l’ascension du sommet de l’Everest par Edmund Hillary et Tenzig Norway, par une équipe française composée d’alpinistes de la Compagnie des Guides de Chamonix.
Le mandat que je m’étais donné était très clair; j’allais faire tout en mon possible pour atteindre le sommet du Mont Blanc. Plus que jamais, mon objectif dépendait du bon vouloir de Dame Nature; il me fallait une température parfaite sinon je rentrerais bredouille.
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LA COMPAGNIE DES GUIDES DE CHAMONIX
L’ascension du Mont Blanc est possible sans guide, et je l’aurais probablement fait ainsi en temps normal, mais je m’étais laissé tenter par la Compagnie des Guides de Chamonix.

Fondée en 1821, la compagnie est la plus vieille organisation de guides de montagne au monde. D’une durée de 5 jours, leur « Stage Mont Blanc » proposait 3 jours de formation sur glacier en haute altitude pour se familiariser avec les techniques de crampon/piolet/corde, tout en s’acclimatant à l’altitude, suivit de 2 jours de monté/descente du Mont Blanc.
Du haut de ses 4809m, le Mont Blanc était loin d’être mon plus haut sommet. Or, c’était justement l’erreur à éviter avec cette montagne; il ne fallait pas se contenter de regarder les chiffres… cette montagne pouvait être sournoise. En condition hivernale à longueur d’année, on raconte qu’un peu moins de 50% des randonneurs qui tentent l’ascension du Mont Blanc parviennent jusqu’au sommet. Du 50% qui échouent, certains renoncent pour cause de blessure, mal des montagne/altitude, ou en raison du mauvais temps. Ajoutez à cela que la montagne fait entre 5 et 10 victimes par année. Bon nombre de randonneurs/alpinistes plus chevronnés que moi y avait perdu la vie. Tout cela pour dire que c’était le plus grand défi de ma jeune carrière de randonneur en haute montagne.
J’avais beau avoir plusieurs 5000m+, presque 6000m avec le Kilimanjaro, à mon actif, je n’avais jamais eu à négocier des sentiers de haute montagne sur neige/glacier. Comme j’avais l’intention de répéter l’expérience plusieurs fois en Amérique du Sud, je voyais cette formation comme un investissement dans ma santé & sécurité.
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SOUS HYPNOSE
Vous êtes-vous déjà senti à la maison instantanément à un endroit où vous n’avez jamais habité. C’est le feeling que j’ai éprouvé à mon retour à Chamonix.
Bien que je déteste tout le fla fla entourant les villes dégoulinants de touristes, peu importe l’endroit où je me trouvais en ville, je n’avais qu’à lever les yeux vers le ciel pour trouver la paix et me rappeler pourquoi j’étais là.
Situé au plus profond de la vallée à 1035m d’altitude, Chamonix est à l’ombre de géants. Collé l’un sur l’autre, le Mont Blanc et ses 2 éternels acolytes, l’Aiguille du Midi et le Glacier des Bossons, m’hypnotisaient. Même quand je marchais en sens opposé, je me surprenais à me détourner pour les fixer.
Du haut de ses 3842m, l’Aiguille du Midi était une formidable montagne pointant vers le ciel. On peut accéder au sommet via un téléphérique et le panorama y est grandiose, ce qui en fait l’attraction touristique no.1 de la vallée.
Faisant figure de négligé, le Glacier des Bossons était celui qui m’impressionnait le plus. Le meilleur moyen de le décrire est d’imaginer une cascade d’eau descendant du sommet du Mont Blanc, cascade qui aurait brusquement mis les freins à mi-hauteur de la montagne… et gelé sur place. En résultait donc une mer de glace… avec une gentille forêt sur la partie basse de la montagne. Ces arbres n’avaient aucune idée que leur paisible existence prendrait brusquement fin si (quand) le monstre juste au-dessus se réveillait.
Le contraste était total; je me trouvais à la chaleur à Chamonix et passait ma 1ère soirée dans le jacuzzi extérieur de mon auberge à contempler le montagnes, alors que dans quelques jours je serais tout en haut à me les geler en conditions hivernales.
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Jour 1 – MONTENVERS – MER DE GLACE
30 juin 2016
Après 2 jours de repos à ne rien faire d’autres que fixer les montagnes… et boire de la bière locale, l’action reprenait enfin.
Direction Montenvers (1913m), via un petit train sur un chemin de fer très incliné. Nous descendions ensuite sur la « mer de glace » (glacier) pour faire une journée d’entrainement.
Au 19ème siècle, la gare de Montenvers avait été construite tout juste au-dessus du glacier, mais il fallait aujourd’hui descendre pendant plus de 30 minutes pour atteindre le glacier. Tout au long de la descente, on pouvait voir des panneaux indiquants la hauteurs du glacier à partir de 1820 jusqu’à aujourd’hui. Il devait y avoir une bonne cinquantaine de mètres entre le panneau « 2005 » et la hauteur actuelle.
Les 16 randonneurs inscrits au Stage Mont Blanc avec les Guides de Chamonix passaient la journée sur le glacier en compagnie de guides afin d’apprendre / parfaire les techniques de marche avec crampons, d’encordage et d’utilisation du piolet dans diverses situations; sur glace/neige/roche, sur pente abrupte/légère, en monté/descente, etc.




En fin de journée, nous étions séparé en groupes de 2 randonneurs (basé sur nos aptitudes) pour être ensuite jumelé à un guide. Ces 2 autres personnes allaient être mon équipe pour les 4 prochains jours.

Je me retrouvais jumelé avec Arnaud, un jeune suisse hyperactif qui en était à sa 2ème tentative; l’an dernier, il avait dû rebrousser chemin à 4300m en raison du très mauvais temps.
Christophe, le chef guide qui nous avait donné la formation d’aujourd’hui, ne tardait pas à nous choisir. Il nous confiait qu’il voulait une équipe performante avec des gens qui se débrouillaient bien en montagne. C’était un peu compréhensible; il allait devoir s’encorder avec ces clients sur la montagne… et donc mettre sa vie entre leurs mains.
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Jour 2 – FUNAMBULE DES NEIGES
1 juillet 2016
Aujourd’hui j’allais réaliser un rêve (un peu con), un rêve vieux de seulement 2 ans, mais un rêve quand même.
Lors de mon passage à Chamonix avec mon pote Julien Fumard en Janvier 2015, nous étions monté à l’Aiguille du Midi. J’avais alors pu admirer de valeureux skieurs quitter le « confort » (il n’y a aucun confort… on se les gèles en été comme hiver) de la station de l’Aiguille du Midi pour s’aventurer sur la très étroite arrête de l’Aiguille du Midi avec leur ski sur le dos. Cette arrête toute enneigée n’était pas plus large que mon cul (en fait moins large que mon cul), avec une drop de plus de 1000m de part et d’autre. Cette arrête ne présentait aucune difficulté technique, mais personne n’était à l’abri de perdre pied, de s’enfarger dans ses crampons, ou d’un coup de vent aussi soudain que puissant. Pas besoin de vous dire (mais je vais vous le dire quand même) qu’il n’y avait pas de seconde chance en cas de chute… c’était GAME OVER. Cette arrête, comme la plupart des montagnes environnantes, avait fauché plusieurs vies.
Bref, j’avais été fasciné de regarder ces skieurs marcher tels des funambules… fascination résultant d’un mix de jalousie et de voyeurisme… voyeurisme dans la mesure où je voulais voir si ils allaient se péter la gueulle. Dès lors, je m’étais promis de marcher cette arrête un jour… eh bien… je vous le donne en mille; ce jour était venu.
Nous ne franchissions pas cette arrête simplement par plaisir. C’était le meilleur moyen d’accéder au Col du Midi, glacier situé entre l’Aiguille du Midi et le Mont Blanc, et lieu de notre 2ème journée de stage et première journée de randonnée en haute montagne.
Armé de mes crampons, de mon piolet et bien encordé à mon guide et à mon jeune ami, je quittais la plateforme de l’Aiguille du Midi premier de cordé sous le regard de plusieurs touristes incrédules.
Pour la durée de la traversée, mon destin était lié à celui de mes 2 compagnons; une erreur de l’un pouvait être fatale à tous les 3.
J’avais l’étrange feeling de marcher sur un fil (de neige) suspendu dans le vide. La dernière chose à faire était de tenter de franchir l’arrête en vitesse. Il fallait prendre tout son temps. Je profitais pleinement du moment et admirais la vue. Nous étions à plus de 3800m avec une vue imprenable sur Chamonix 2000m plus bas.
Le plus « drôle » dans tout cela; environ au milieu de l’arrête, je chantonnais la chanson « way down we go » de Kaleo. Pour les non anglais, « way down we go » se traduit littéralement par « directement en bas nous allons ». Réalisant la stupidité de la situation, je stoppais net sec de chanter et serrais un peu plus mon piolet.
Passé l’arrête sans encombre, on s’amusais sur le glacier quelques heures… avant de repasser l’arrête pour retourner à l’Aiguille.
Je vous laisse deviner comment s’est passé la trajet du retour sur l’arrête puisque je n’écris pas cet épisode post mortem…





Toujours en vie, mais mort de fatigue.
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Jour 3 – JOUR DE PLUIE
2 juillet 2016
Le temps orageux et les grands vents ont coupé court à notre journée en montagne. Nous sommes plutôt allé dans un centre d’escalade intérieur.
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Jour 4 – LE BALCON DES DIEUX
3 juillet 2016
06.30 – Mon réveil sonne… j’ai les yeux ronds… je me lève d’un coup et me dirige à la fenêtre… bleu… le ciel est bleu sans aucun nuage… Hip Hip Hip…
La réalité me sautait aux yeux; j’allais réaliser l’ascension du Mont Blanc aujourd’hui. J’étais envahi par un mélange de nervosité (que ça commence), de peur (avec tous les accidents qui arrivent sur le Mont Blanc) et d’excitation.
09.30 – Après avoir pris le téléphérique des Houches, suivit d’un train qui donnerait mal au coeur même à ceux qui n’ont pas le vertiges, nous étions au Nid d’Aigle. À 2380m, c’était le terminus du train et le départ de la voie normale d’accès au sommet du Mont Blanc.



S’en suivait une monté de 800m d’altitude relativement facile, alternant entre cailloux, neige et glace.


11.15 – Nous franchissions le « Refuge de Tête Rousse » pour se rendre à la base du « Corridor du Gouter ».
Communément appelé « le couloir de la mort », cette paroi rocheuse, frôlant les 70/80 degrés d’inclinaison, était la section la plus difficile / dangereuse du sentier. L’idée consistait à monter en zigzag sur 600m de hauteur au travers d’une zone d’avalanche / glissement de terrain comportant des chutes de pierres en permanence.

Le Corridor du Gouter était l’endroit le plus meurtrier du Mont Blanc; la plupart des gens qui se tuaient sur la montagne se tuaient ici; soit à recevoir une pierre par la tête ou en raison d’une erreur. Être la personne la plus prudente au monde ne suffisait pas, il fallait avoir la chance de notre coté et être concentré du début à la fin… le moindre moment de relâchement pouvait être fatal.
Et moi dans tout cela? J’avais bien sur peur… ce qui est tout à fait normal; la peur est cette petite alarme dans la tête qui éveille vos sens et vous empêche de faire des trucs (trop) stupides. Si mon heure était arrivé, elle allait arriver, that’s it. Jusque là, je n’allais pas laisser la peur prendre le dessus et j’allais profiter du moment.
Ce passage obligé menait au Refuge du Gouter, notre objectif de la journée. S’était impressionnant à voir d’en bas; perché en porte-à-faux à 3863m (à moitié dans le vide) tout en haut du corridor du gouter, le refuge se donnait des airs de forteresse imprenable tellement il était juché sur une paroi rocheuse en apparence impossible à franchir.
Tout le long de la monté, je n’arrêtais pas de taquiner mon guide Christophe en disant « quand est-ce qu’on monte? Je ne savais pas que le Mont Blanc était aussi plat que cela… », alors que nous étions en train de monter un mur. Je lui signifiais indirectement que notre rythme était trop lent pour moi. Il me regardait en souriant… sans accélérer le pas… alors qu’Arnaud peinait à suivre le rythme.
À tout moment lors de la monté, on entendait des cris « Attention », « Pierre » venant d’un peu partout en haut ou en bas. S’était chaque fois la même chose; on s’arrêtait un instant pour voir d’où ça venait avec les yeux bien ronds et tous nos sens en alerte, les roches passaient, on poussait un soupir de soulagement, et on repartait.
Je demandais à Christophe de nous raconter des incidents qu’il avait vu sur le corridor. Il nous parlait d’une femme qui avait décroché presque tout en haut du mur et qu’il avait vu tomber jusqu’en bas, de ce guide qui avait reçu une roche par la tête, pensait être ok et découvrait en enlevant son casque que la roche lui avait percé le crâne, et ainsi de suite.
13.25 – Non sans quelques frayeurs, nous parvenions sain et sauf tout en haut du couloir de la mort. Le Refuge du Gouter n’était plus qu’à une centaine de mètres devant. Nous avions réalisé le trajet Nid d’Aigle / Refuge du Gouter en un peu moins de 4 heures, ce que notre guide jugeait excellent vu le temps normal de 5.5 heures.

À partir de là nous n’avions plus de difficulté majeure pour rejoindre le sommet; ce n’était essentiellement qu’une marche sur la glace/neige avec un dénivelé positif de +1300m. L’ennemi no.1 était dorénavant l’altitude; il fallait prendre de grande respiration et boire beaucoup d’eau pour contrer les effets de la haute altitude.
Le Refuge du Gouter semblait tout droit sorti d’un film de science fiction; sa forme ronde, sa façade métallique et sa position donnant l’impression d’être dans un équilibre précaire sur le bord de la falaise, faisaient penser à un vaisseau spatial qui se serait écrasé dans une plaine enneigé et aurait arrêté sa course à la dernière minute pour éviter de plonger dans le précipice.

Le Refuge du Gouter était sans aucun doute le plus beau refuge de montagne que j’avais vu de ma vie… rien à voir avec les refuges de merde sur le GR20 en Corse. Le bâtiment était une réussite architecturale sur toute la ligne autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. La salle à manger et les dortoirs étaient comparables aux plus beaux auberges jeunesses où j’avais séjourné dans ma vie.
Cela ne s’arrêtait pas là, le balcon extérieur, que j’avais rebaptisé « Balcon des Dieux », valait à lui seul le détour; déjà que le refuge était à moitié dans le vide, le balcon ceinturait le bâtiment avec un plancher fait de grillage métallique. En clair, on voyait le vide sous nos pieds en marchant sur le balcon. Il ne fallait donc pas souffrir du vertige pour apprécier la vue imprenable sur les montagnes environnantes (impossible de voir le sommet du Mont Blanc d’ici), le couloir de la mort tout en bas et la vallée de Chamonix au loin. On voyait même le lac Léman et Genève à l’horizon.
Je passais le plus clair de mon temps sur le balcon à sourire en songeant à quel point ma vie était merdique 😉


…
Jour 5 – LE SOMMET DE L’EUROPE
01.30 – Oui Oui… 01.30… le refuge commençait à s’activer. C’était la course pour déjeuner et partir au plus vite.
Ayant réussi à fermer l’oeil quelques heures, je me sentais frais et dispo, malgré un bon mal de crâne et le coeur qui battait à tout rompre même au repos… problèmes dû à ma non acclimatation à la haute altitude. L’adrénaline qui coulait dans mes veines compensait à me faire oublier tout cela.
La journée s’annonçait très longue. Alors que nous avions marché « à peine » 4 heures la veille, le pronostic d’aujourd’hui était de 4 heures de monté jusqu’au sommet, 3 heures de descente pour revenir au refuge, et 3 heures de descente jusqu’au train.
02.30 – Nous étions lancé pour le sommet dans la nuit glaciale. La température était officiellement de -10 degrés Celsius, mais le vent faisait descendre la température ressenti à environ -20.
Nous passions la première 1h30 à monter le « mur des flatulences » en marchant sur le coté en faisant des pas croisés. Le « mur des flatulences » était bien sur mon appellation personnelle… parce que les pets étaient les seuls bruits transperçant le lourd silence de la nuit.
03.45 – Le Dôme du Gouter était atteint. Une grosse ombre en forme de dôme sortait alors de la pénombre devant nous. Pour la 1ère fois, nous avions une vue sur le sommet.
Nous passions ensuite le Refuge Valot à 4362m. Sans gardien, ni chauffage, cet abri rudimentaire était à utiliser en dernier recours lors de tempête ou pour récupérer un petit peu lors de la monté/descente.
2 jours plus tôt, un alpiniste y était mort. Jeune trentenaire (comme moi), et se croyant invincible (comme moi), il s’était tapé 19 heures de monté depuis le Refuge des Cosmiques par mauvais temps. Le Refuge des Cosmiques est situé tout près de l’Aiguille du Midi via un sentier alternatif pour atteindre le sommet. Arrivé au Refuge Valot, son corps avait lâché et il s’était tapé un oedème cérébral. Cela faisait de lui la 1ère victime du Mont Blanc cette saison.
Fin de la parenthèse… Gulp…
S’en suivait la monté du versant « coup de cul »… de son véritable nom… pas mon invention. Mon guide me racontait que c’était la portion la plus incliné du sentier et qu’il lui fallait souvent donner un bon « coup de pied au cul » à ses clients pour qu’ils continuent à avancer. Il n’aurait pas à faire cela avec nous… même si j’avais soudainement arrêté de dire que le Mont Blanc était plat pour me concentrer sur ma respiration.
05.40 – Le sommet était désormais a porté. À ce moment là, plus rien ne pouvait m’empêcher d’atteindre mon but… pas même un orage soudain.
05.56 – Un dernier pas et il n’y avait plus rien à monter, que de la descente de tous les cotés avec une vue à 360 degrés. L’Europe étaient sous mes pieds… Angleterre non inclus 😉


Le ciel était alors complètement dégagé avec le soleil qui se réveillait à l’horizon. La température n’aurait pas pu être plus parfaite… une journée « Grand Beau » comme le disent les cousins français. J’avais encore une fois une chance incroyable.
Le sommet du Mont Blanc n’était pas un sommet comme les autres. N’ayant aucun panneau indiquant « Sommet du Mont Blanc – Toit de l’Europe – 3810m », un randonneur sans guide pourrait très bien passer tout droit. Bon… il faudrait que ce randonneur soit vraiment idiot, ou complètement intoxiqué par l’altitude, pour ne pas se rendre compte en regardant autour de lui qu’il n’y avait pas de montagne plus haute… improbable, mais possible.
Cela s’expliquait en raison du fait que le Mont Blanc était recouvert d’une couche de neige/glace épaisse d’environ 20 mètres et que cette couche variait selon les années. Mesuré à chaque année, le sommet du Mont Blanc avait très bien pu être à 3815m l’an dernier…
Le sommet n’était que la moitié du trajet… il fallait maintenant descendre.
En regardant vers l’ouest, on pouvait voir l’ombre que le Mont Blanc projetait sur la vallée; il y avait du soleil partout, sauf dans une gigantesque pyramide d’ombre.
Une fois de retour au Refuge du Gouter, et avec déjà plus de 6 heures de marche dans les jambes, le plus dur restait à faire; il nous fallait descendre le Corridor du Gouter. Déjà que ça avait été une montée éprouvante, j’anticipais la descente « rock’n roll »… en espérant que l’expression ne soit pas prise au 1er degré.
Contrairement à un chat monté trop haut dans un arbre, il n’y aurait pas de pompier pour nous faire descendre… seulement notre huile de genoux et un peu de jugeote.
J’étais encore une fois premier de cordé; je n’avais rien sauf le vide devant moi. Nous avions à descendre un mur… et par « mur » je voulais vraiment dire MUR. Ce pan de mur en descente est DE LOIN, la section de sentier la plus difficile que j’ai eu à négocier dans ma vie. On ne se le cachera pas; j’avais peur… peur de faire un mauvais mouvement et de me retrouver en bas plus vite que prévu. J’avais failli commettre l’irréparable quelques fois… en pouvant toujours récupérer à minuit moins une.
Pour détendre l’atmosphère, Christophe me lançait un « est-ce que tu trouves encore le sentier trop plat? »… et moi de répondre « oui… beaucoup trop plat… mais plat vertical ».
Arrivé au « Refuge de Tête Rousse » sain et sauf, je lançais à mes compagnons « qui l’eu cru… nous sommes toujours en vie » avec un rire rempli de soulagement. Je n’avais jamais douté que nous serions en bas de la montagne avant la fin de la journée… mais j’avais eu quelques craintes à savoir si nous serions en bas… vivant.


La pression tombait… à partir de là, il n’y avait plus « aucun » risque; ne restait plus qu’à se laisser glisser sur la neige (parfois littéralement) jusqu’au train 1h plus bas.
11.30 – La gare du Nid d’Aigle était à portée. Le trek était terminé.
Notre guide regardait sa montre avec étonnement. Il nous disait qu’il était normalement de retour à cette gare entre 14.00 et 17.00, et que nous étions probablement son groupe le plus rapide.
À moins que le train ne manque de frein, nous allions vivre un autre jour…
…
EPILOGUE
Un jacuzzi, quelques bières et une bonne nuit de sommeil plus tard, j’étais dans le train « Mont Blanc Express » à quitter la « Vallée Blanche ». Par la fenêtre, je fixais l’Aiguille du Midi et au Mont Blanc.
J’avais un immense sourire… un sourire ayant une signification différente des sourires précédents; à les regarder d’en bas, je devais me pincer pour croire que j’étais vraiment allé tout en haut.
Le Mont Blanc n’était pas mon sommet le plus haut (à ce jour c’est toujours le Kilimanjaro), mais assurément le plus difficile. Des 16 randonneurs inscrit au Stage Mont Blanc en même temps que moi, seul 7 s’étaient rendus au sommet.
Moi qui était blasé et qui n’avait qu’une seule idée en tête après avoir fini le GR20 (épisode précédent); rentrer au plus vite au Canada, j’avais finalement passé les 5 plus beaux jours de mon voyage sur le Mont Blanc et ses environs… 5 jours qui faisaient passer le reste de mon voyage pour une promenade dans le parc tellement le niveau de difficulté/dangerosité avait été grand.
Je quittais les Alpes Françaises avec une excitation sans borne pour mon voyage en Amérique du Sud, voyage où je planifiais collectionner les sommets enneigés de plus de 5000/6000m.
Allez… cap sur Toulouse dans le sud de la France avant de rentrer 1 mois au Canada.
On se reparle en direct de Bogota/Colombie début aout.
…
P.S. – Un gros MERCI à mon guide Christophe Bougon pour nous avoir mené au sommet et retourné sur le plancher des vaches sain et sauf… et pour avoir enduré toutes mes blagues stupides avec le sourire et la bonne humeur.
*Sommet de l’Europe si l’on exclus la Russie de l’Europe. Le Mont Elbrus dans la chaine des Caucase est plus haut). Certains pourraient dire que c’est la Russie qui s’exclut elle-même de l’Europe… mais bon, je ne parle pas de politique.