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Épisode 123 – Huayhuash; LA Randonnée Ultime en Amérique du Sud
21 May 2017
05.35 – Dans le nuit encore noire, nous quittions Huaraz à bord d’un vieux bus remplis à craquer de péruvien.
Direction Chiquian, village situé aux portes de la Cordillera Huayhuash, l’une des chaines de montagne les plus reculées des Andes; une forteresse de glace à plus de 6000m.
La Cordillera Huayhuash serait le théâtre de notre dernière grande randonnée en Amérique du Sud… et non la moindre.
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HUAYHUASH POUR LES NULS
Réputé comme l’un des treks les plus spectaculaire de la planète, souvent cité comme la meilleure randonnée alpine sur Terre, le Circuit Huayhuash est pourtant relativement inconnu du commun des mortels. Avec Torres del Paine (Patagonie/Chili), Huayhuash offre sans aucun doute les plus beaux paysages de montagne en Amérique du Sud.
D’une longueur d’environ 120km, avec 8 Cols à plus de 4600m, dont 2 supérieurs à 5000m, le Circuit Huayhuash est classé « Difficile » dans le monde de la randonnée.
On recommande fortement de faire le Circuit avec guide/porteurs/mules, mais c’est tout à fait possible de le faire en autonomie complète (c’est ce que nous avons fait).
Le Circuit Huayhuash propose plusieurs itinéraires. Il est important de faire un peu de recherche au préalable afin d’évitez les mauvaises surprises;
– Le « Circuit Alpino »; très technique (besoin de corde, harnais, baudrier, etc.), peu fréquenté & complété pour la 1ère fois en 2004,
– Le « Circuit Clasico », dit le Circuit dans la Vallée; essentiellement de la marche à haute altitude,
– Le « Circuit Hybride »; soutirant le meilleurs des 2 Circuits précédant, en évitant les sections trop techniques et celles trop faciles.
Peu importe l’itinéraire, hautes montagnes, glaciers, villages reculés et lacs aux eaux azurs seront au rendez-vous.
Après avoir passé presque une nuit entière debout à lire et regarder les cartes de Huayhuash, j’en étais venu à la conclusion que nous pouvions terminer le Circuit Hybride en 8 jours.
La randonnée devait prendre entre 10 et 12 jours, nous avions planifié 8 jours (donc 9 jours de nourriture)… et l’avons finalement bouclée en 6.
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Jour 1 – 2 POIDS LOURDS
Départ Pocpa (@3440m)
Arrivé Cuartelwain (@4000m)
Distance 11km
Dénivelé Positif +560m
Dénivelé Négatif 0
Une fois à Chiquian, nous sautions dans un autre bus qui nous conduisait jusqu’à un minuscule village, fait de bâtiments en terre cuite, situé au plus profond d’un immense canyon.
Terminus Pocpa (@3440m)
Pocpa serait le 1er de PLUSIEURS villages à charger un frais de passage aux randonneurs.
Voyez-vous, la Cordillera Huayhuash n’est pas un Parque Nacional, et c’est là tout le problème. Si Huayhuash était un parc national, on pourrait acheter un billet unique au départ et ça finirait là.
Or, chaque village situé sur le Circuit charge des frais qui varient grandement. Il n’y a pas de poste de contrôle, donc aucun moyen de savoir où se procurer les billets. Généralement, tu marches sur le sentier et un cavalier vient à ta rencontre.
En tout et pour tout, faire le Circuit Huayhuash coute environ 80$us (oui oui 80$us) par personne en frais de passage.
Bref, non sans rouspéter, nous acquittions les frais et nous mettions en marche. Dès lors et pour la prochaine semaine, notre seul moyen de transport serait… nos bonnes vieilles jambes.
Direction le campement Cuartel Huain.
La randonnée du jour consistait à monter en suivant une route de terre dans le fond du canyon. Une montée toute en douceur, non sans peine en raison du poids insensé de nos sacs. J’avais l’impression de porter une tonne de briques, le RPM de mon coeur était en permanence en sur-régime et les muscles de mes molets semblaient vouloir déchirer à tout moment.
En plus d’y aller en autonomie complète, nous avions décidé d’ajouter un peu de luxe (2 bouteilles de vin, etc.). J’en payais donc le prix.
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Jour 2 – SOUVENIR D’ÉCOSSE*
Départ Cuartelwain(@4000m)
Arrivé Lago Carhuacocha (@4150m)
Distance 21km
Dénivelé Positif +1300m
Dénivelé Négatif -1200m
Ascensions
– Paso Qaqanan @4700m
– Paso Carhuac @4650m
Une longue journée de marche était au menu avec l’ascension de 2 Cols.
Dès le départ, le sentier ne donnait pas de répit. Nous quittions le fond de la vallée pour atteindre le sommet de Paso Qaqanan via un sentier rocheux & très abrupte.
Les paysages étaient magnifiques… identiques à mes souvenirs d’Écosse. Bon… je ne suis jamais allé en Écosse, mais j’ai l’impression que si j’y était allé, mes souvenirs seraient similaires 😉
Paso Qaqanan (@4700m), offrait une vue d’ensemble des environs; la vallée que nous quittions était rocheuse et étroite, tandis que celle dans laquelle nous basculions était toute verte et ouverte. À l’horizon, une mer de sommets se dressaient devant nous.
Il ne restait plus qu’à suivre la ligne de boue qui traçait dans la vallée. Il fallait sortir nos talents de patineur artistique sur boue.
Après une pause bien méritée dans les pâturage bordant le Lago Mitucocha (où les randonneurs s’arrêtent normalement pour la nuit), il était temps de s’attaquer au 2ème Col de la journée; Paso Carhuac.
Une fois Paso Carhuac derrière nous (l’endroit est sans grand intérêt), le sentier descendait dans une vallée sinueuse jusqu’au Lago Carhuacocha.
Le campement de ce soir était tout simplement grandiose; en bordure du Lago, avec d’impressionnantes montagnes & glaciers droit devant. Du nombre se trouvait le Nevado Yurupaja, 2ème plus haut sommet du Pérou à 6635m.
Le camping était cependant chargé; 4 groupes organisés (environ 6 randonneurs par groupe) et un couple de français faisant le Circuit en solo. Peu importe, nous les avions rattrapé aujourd’hui… et allions les distancer dès demain.
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Jour 3 – LA PROMMENADE DES GLACIERS
Départ Carhuacocha (@4250m)
Arrivé Laguna Barrosocoha (@4600m)
Distance 18km
Dénivelé Positif +1050m
Dénivelé Négatif – 500m
Ascension
– Paso Siula @4800m
Après une nuit ponctuée d’averses violentes, et de chien errants jappant bruyamment, le soleil et le calme étaient au rendez-vous en matinée.
Après avoir longé le lac jusqu’au pied des glaciers, nous quittions le Circuito Clasico pour nous aventurer sur une portion du Circuito Alpino; l’ascension de la Paso Siula. Le sentier bifurquait dans une vallée longeant de hauts sommets et des lacs aux eaux clairs. Les paysages étaient tout simplement I N C R O Y A B L E S.
Paso Siula (@4800m) était aussi dramatique qu’inhospitalier; le panorama était à couper le souffle, mais l’endroit était balayé par de forts vents d’hiver.
Nous basculions dans une vallée toute verte et avec un sentier hyper facile… mais glissant (boue).
Nous passions au travers du Camp Huayhuash en vitesse (pour éviter de payer les frais). Sensé être le campement pour la nuit, nous filions plutôt en ligne droite à travers les collines, en faisant fit des murets de pierre, pour rejoindre le Laguna Barrosocoha (@4600m), devant en théorie être quelques km plus loin, et éventuellement franchir la Paso Trapecio (demain).
Situé sur le Circuito Alpino (donc à l’abri de la meute de randonneurs) le sentier était inexistant. Ajoutez à cela que ni le sentier, ni la Paso, pas plus que le lac n’étaient représentés sur la carte officielle du Circuit. Heureusement, le sentier était sur Maps.Me.
En plus de nous faire passer au coeur de la Cordillera, la Paso Trapecio se voulait un raccourci qui nous ferait sauver 2 jours de marche sur le Circuito Classico (un portion de sentier ennuyeuse et loin de la haute montagne).
N’empêche, je pouvais voir le regard perplexe de Tanzi. Sans trop savoir où j’allais et où se trouvait le lac, je continuais à marcher d’un pas assuré à travers les collines (même si j’étais moi-même en proie à quelques doutes) en espérant tomber sur un sentier et/ou le lac à un certain moment.
Ma patience était récompensée; nous tombions sur le sentier… quelques centaines de mètres avant d’apercevoir le lac 🙂
Cette nuit, nous serions seul au monde dans une plaine au pied d’une montagne gigantesque.
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Day 4 – L’IMPENSABLE
Départ Laguna Barrosocoha (@4600m)
Arrivé Paso San Antonio (@4600)
Distance 27km
Dénivelé Positif +1500m
Dénivelé Négatif -1600m
Ascensions
– Paso Trapecio @5110m
– Paso San Antonio @4990m
Cette journée pourrait être à la fois ma plus belle & pire journée de randonnée à vie. Si quelqu’un pouvait voir dans le futur et avait pu me raconter comment cette journée allait se passer, je l’aurais traité de fou.
Le soleil peinait à faire son chemin au travers de l’épaisse nappe de brouillard, si bien qu’il faisait un froid de canard.
C’est complètement à l’aveuglette que nous commencions l’ascension de la Paso Trapecio au travers d’une plaine marécageuse & diagonale (vers le ciel), puis un versant hyper incliné.
J’avais fait du repérage la vieille, et il y avait de rare totems, mais disons que la donne était différente dans le brouillard total.
Un peu avant d’atteindre le sommet, la végétation disparaissait complètement et le sentier devenait hyper clair. Entouré de neige, avec un très fort vent d’hiver et avec le soleil qui ne réusissait toujours pas à se débarrasser du brouillard, mes « corones » rétrécicaient à vue d’oeil.
Alors que tout était bouché sur le versant que nous montions, nous atteignions Paso Trapecio pour trouver une vallée dégagée et ensoleillée de l’autre coté.
Le décor était complètement différent de ce que nous avions vu sur le Circuit jusqu’à maintenant; une espèce de vallée lunaire parsemée de glaciers et de lacs azur.
De 5100m où nous étions au sommet de la Paso, il fallait désormais descendre jusqu’au fond de la vallée à Huynaypatay (@4500m).
Une fois atteint la vallée, nous marchions à peine 5 minutes sur le Circuito Classico avant de retourner sur le Circuito Alpino. Nous entreprenions alors notre 2ème ascension du jour; Paso San Antonio (@4900m).
Le sentier était désormais clair comme de l’eau de roche… mais montait avec une inclinaison casse gueulle à plus de 60 degrés.
Quelques heures plus tard, nous foulions Paso San Antonio. L’endroit était réputé pour offrir la plus belle vue de tout le Circuit; une vue globale de la Cordillera Huayhuash.
W O We
Après avoir admiré pendant de longues minutes ce qui pourrait bien être le plus beau panorama que j’ai pu voir de ma vie, il fallait se résigner à quitter le sommet de Paso San Antonio.
Aussi impressionnante était la vue, nous étions à plus de 4900m, le soleil se couchait à l’horizon et l’endroit était tout sauf idéal pour installer notre campement.
Nous entreprenions la descente dans une section d’éboulement à plus de 75 degrés d’inclinaison, avec le fond de la vallée à plus de 1000m sous nos pieds. Le moindre faux mouvement résulterait (au mieux) à une chute de plusieurs centaines de mètres.
« Il faudrait être complètement fou pour monter ce versant de la Paso San Antonio » que je lançais à Tanzi. Déjà que l’ascension sur l’autre versant avait été tout sauf une sinécure, l’ascension de ce versant relevait de la folie.
Après plus d’une heure et plusieurs centaines de mètres de descente, le sentier disparaissait. Devant nous se dressait un mur plongeant directement vers le fond de la vallée quelques centaines de mètres plus bas.
Sans corde, ni casque, ni piolet, il était impensable de descendre ce mur avec des sacs de 20kg sur le dos. Nous allions devoir rebrousser chemin!!!
Pour ceux qui ont lu attentivement les derniers paragraphes, rebrousser chemin signifiait remonter au sommet de Paso San Antonio… via un sentier extrêmement incliné dans une zone d’éboulement.
C’est généralement dans ce genre de situation que je me demande « pourquoi j’aime les montagnes et non les plages? ».
De retour au sommet, une dizaine de touristes (monté au sommet sans sac pour voir le coucher du soleil) nous applaudissaient à tout rompre. Ils n’en revenaient pas que nous ayons fait l’ascension de ce versant avec des sacs aussi gros.
Nul besoin de dire qu’après tout ce que nous avions déjà fait depuis le début de la journée, nous avions passé depuis un bon moment l’étape « Brulé Raide ». Tanzi s’effondrait au sol en pleur, tandis que je peinais à rester debout et à contenir mes émotions (il n’était pas question que je pleure devant un groupe d’idiots).
Il fallait maintenant redescendre de l’autre coté et trouver un site pour camper…
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Jour 5 – ON TOUCHE LE FOND
Départ Paso San Antonio (@4600m)
Arrivé Susococha Camp (@4500m)
Distance 24km
Dénivelé Positif +1450m
Dénivelé Négatif -1550m
Ascension
– Paso Tapush @4800m
Une bonne nuit de sommet et nous étions remis de nos émotions fortes de la veille et prenions la route aux premières lueurs du soleil.
C’est avec mes bas d’hiver sur les mains (pour les dégeler) que nous entamions la descente.
Le Circuito Alpino étant trop technique à cet endroit, nous n’avions d’autre choix que de prendre le très long et très bas détour via le Circuito Classico. La journée d’aujourd’hui consistait à engranger le plus de km possible en descendant dans une espèce de vallée couloir aux paysages plus qu’ordinaires, pour remonter de l’autre coté et rallier un autre versant de la Cordillère Huayhuash.
Une fois atteint Huayllapa, le point le plus bas du Circuit à 3500m d’altitude, il fallait maintenant remonter jusqu’à Paso Tapush à plus de 4800m.
Nous passions le camp Hurtiac en vitesse (où tous les groupes s’arrêtent pour la nuit) pour aller directement à la Paso.
Le sommet de la Paso Tapush est un espèce d’immense plateau inhospitalier où il est difficile de savoir où se trouve le point le plus haut. Par 2 ou 3 fois nous pensions être arrivé au sommet… mais nous débouchions simplement sur une portion plus haute du plateau.
Le temps de descendre -300m de denivelé de l’autre coté que la temperature passait d’une journée froide d’hiver à une chaude journée d’été, et que les paysages devenaient du bonbon pour les yeux.
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Jour 6 – THE LONG WAY HOME
Départ Susococha Camp (@4500m)
Arrivé Llamac (@3300m)
Distance 21km
Dénivelé Positif +800m
Dénivelé Négatif -2100m
Ascension
– Paso Yaucha @4750m
– Paso Llamac @4300m
Et un autre réveil dans une plaine gelée à l’intérieur d’une tente toute givrée.
Au menu ce matin, l’ascension de la Paso Yaucha @4750m, nécessitant seulement ++300m d’ascension (partez les rires en canne).
À partir de là, il ne restait qu’à descendre une couple de centaines de mètres, marcher sur le plat dans le fond d’une vallée, monter un dernier Col (Paso Llamac @4300m… à ne pas sous estimer quand vous êtes exténué) et descendre -1100m de dénivelé négatif.
Un dernier coup d’oeil à Huayhuash & ses Nevados chargés de neige, et nous basculions en direction de Llamac, la fin du Circuit.
Une douche bien chaude & une bière bien froide… c’est tout ce que je demandais (j’avais plus de chance d’avoir une douche bien froide et une bière chaude).
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Huayhuash EN BREF
+ Randonnée difficile, mais un sentier bien balisé et très fréquenté,
+ Multiple itinéraires possibles,
+ Campement sur les sites désignés,
+ Source d’eau abondante tout au long du Circuit,
+ Beaucoup de groupes de randonneurs avec guide et porteurs (à organiser depuis Huaraz), peu de randonneurs en autonomie complète,
+ Même en autonomie complète, le Circuit coute une petite fortune. Comptez environ 90$us par personne (site de camping + passage dans chaque village).
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P.S. Je dédis cette Épisode à ma copine Tanzi. Tu m’as suivit sans broncher sur une tonne de sentiers pas commode tout autour de l’Amérique du Sud.
Jamais au grand JAMAIS tu ne t’es plain (tu as bien faillis t’évanouir quelques fois… mais ne s’est jamais plain ;-).
Pour une fille qui n’avait pas vraiment d’expérience de randonnée et qui avait une peur bleue des effets de l’altitude, tu as t’es même permis de me botter le cul à quelques reprises lors d’ascension (bon… mon sac était plus lourd 🙂
Épisode 122 – Cordillera Blanca; Santa Cruz & Cie.
Plus de 31h dans un bus, répartis sur 2 nuits consécutives, et nous avions quitté Cusco et l’Empire Inca, pour nous retrouver à la base de la Cordillera Blanca, un endroit surnommé « la Suisse du Sud » (pas pour sa richesse), la capitale du plein air au Pérou…
Bienvenue à Huaraz!
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LA CORDILLERA BLANCA POUR LES NULS
La Cordillère Blanche est un endroit difficile à manquer pour tout amateur de plein air voyageant en Amérique du Sud.
L’endroit est littéralement la plus grande concentration de hauts sommets de l’Hémisphère Ouest; 33 sommets de plus de 5500m, dont 16 dépassant les 6000m, dont Huascaran, la plus haute montagne du Pérou & 4ème plus haute montagne d’Amérique du Sud, et de toutes les Amériques, du haut de ses 6768m. La montagne a d’ailleurs donnée son nom au Parque Nacional Huascaran, parc qui englobe l’ensemble de la Cordillera Blanca et qui est inscrit au Patrimoine de l’UNESCO.
Comme vous le devinez, cette contrée blanche, au multiples sommets coiffés de glaciers, est un paradis de la randonnée et de l’escalade.
Difficile de choisir parmi la tonne de randonnées et d’ascensions possibles (pour tous les niveaux d’expérience).
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LAGUNA CHURUP
Besoin d’une randonnée d’un jour pas trop difficile, mais assez haute en altitude, pour faire une répétition générale avant d’entreprendre une randonnée de plusieurs jours? Ajoutez en prime de splendides panoramas?
La randonnée jusqu’au Laguna Churup est toute désignée (comme si nous avions besoin d’une randonnée de pratique).
Situé à 4450m, au pied du Nevado Churup (5495m), il faut tout d’abord prendre un bus depuis Huaraz, se faire brasser sur une route durant 18km jusqu’au village de Pisac, et faire une courte (mais intense) ascension (3km +650m allé).
Le sentier est bien balisé mais abrupte, avec quelques sections semi-techniques (escalade avec corde).
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REFUGIO PERU
Départ Cobollapampa (@3910m)
Arrivé Refugio Peru (@4675m)
Distance 15km
Dénivelé Positif +850m
Dénivelé Négatif 0
Aujourd’hui, les choses devenaient un peu plus sérieuses.
Un minibus de Huaraz à Yungay, via une route suivant le fond de la vallée, et nous sautions dans un autre bus. Celui-ci quittait le fond de la vallée en zigzaguant sur une route sinueuse et mal entretenu. En d’autres mots; ça brassait.
Nous avions alors une vue imprenable sur le double sommet de Nevado Huascaran (plus haute montagne du Pérou), 2 monstrueuses boules de crème glacée surplombant la vallée.
Environ à mi-chemin, la route quittait la vallée pour entrer dans un canyon profond et étroit. Les lacets de la route devenaient de plus en plus serrés, nouant de plus en plus nos estomacs. Ça brassait maintenant en tab…
Terminus Cebollapampa, point de départ de la randonnée permettant de rejoindre le lac le plus connu de la Cordillera Blanca; le Laguna 69.
Contrairement à 99% des touristes qui visitaient le Laguna 69 (en 1 journée allé-retour), nous allions faire la boucle qui passe par le Refugio Peru, y passer la nuit, et rejoindre Laguna 69 en matinée le lendemain.
Encore un peu étourdi de la run de bus et sous un ciel chargé (qui n’allait pas tarder à nous tomber dessus), nous commencions l’ascension de +850m pour rejoindre les hauteurs de la Cordillera Blanca.
Après avoir joué au chat et à la souris avec le brouillard et la pluie tout au long de l’ascension, nous arrivions sur un plateau complètement dégagé. Devant nos yeux se trouvait un champ de roche (avant plan) et 2 hauts sommets et leur glacier respectif (Nevado Huandoy @6000m & Nevado Pisco @5752m).
Le Refugio Peru se trouvait à la limite entre les glaciers et la moraine (les roches).
W O W
Un refuge digne des Alpes francaises. Pas simplement pour l’emplacement, mais aussi pour la qualité du bâtiment lui-même. Il y a quelques années, le Parque Huascaran avait lancé un programme de parrainage avec certains pays européens.
Les villages de la Cordillera Blanca étant très pauvres et reculés, des refuges de montagne ont été construits un peu partout dans la Cordillera. Financés par les européens, ces refuges sont gérés par les communautés, et tous les profits vont à la construction d’infrastructures dans les villages.
Tout cela pour dire que le refuge était digne d’un refuge alpin, plus beau que probablement 99% des bâtiments au Pérou… et 100 fois mieux que n’importe quel refuge sur le GR20 en Corse.
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LE TOIT DU MONDE
Départ Refugio Peru (@4675m)
Arrivé Cebollapampa (@3910m)
Distance 12km
Dénivelé Positif +400m
Dénivelé Négatif -1150m
Le réveil se faisait dans une mer de brouillard. Mis à part le Refugio, nous ne pouvions rien voir à plus de 10m à la ronde.
Direction Laguna69!
Pour ce faire, il fallait traverser un champ d’éboulement en marchant sur de grosses roches instables. Un faux pas et c’était la fracture.
Toutes ces roches n’étaient pas arrivées la par magie; nous étions dans la zone d’avalanche des Nevados nous surplombant.
Quoique technique, le sentier était facile à suivre en raison des multiples hauts (et beaux) totems.
Les Nevados sortaient du brouillard les uns après les autres, jusqu’au point ou il ne restait plus un seul nuage à l’horizon.
Nous avions l’impression d’être sur le toit du monde tellement la vue était spectaculaire; 8 des plus hauts sommets du Pérou… donc 8 des plus hauts sommets des Amériques… donc 8 des plus hauts sommets sur Terre… se trouvaient autour de nous.
Le Laguna 69 dans tout cela? Wow!!!
D’un bleu comme seulement j’en avais vu dans les Rocheuses Canadiennes (Lacs Peyto & Moraines) et avec un immense glacier accroché juste au-dessus, il mérite sa réputation de plus beau lac de la Cordillera.
De retour sur la grand route, il nous fallait maintenant gagner Vaqueria, le départ de la randonnée Santa Cruz.
Situé seulement 30km plus loin, il était impensable de penser marcher jusque là en raison du mur (montagne) qui se dressait sur le chemin… la route montait de plus de +1500m avant de redescendre de l’autre coté.
Bref, nous allions lever nos pouces en l’air et espérer pour le mieux.
Moins de 5 minutes plus tard, un 4×4 conduit par des locaux se pointait… et avait 2 places de dispo.
Sur une route déserte comme celle là, route où il ne doit pas passer plus d’une voiture par heure, nous étions béni des Dieux.
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SANTA CRUZ TREK
Santa Cruz est la randonnée vedette de la Cordillera Blanca.
Santa Cruz est aussi la 3ème randonnée la plus touristique en Amérique du Sud, après Torres del Paine (Chili) et la Inca Trail menant à Machu Picchu (Pérou).
En d’autres mots, nous pouvions espérer croiser beaucoup de wanabe randonneurs.
En théorie, guide & porteurs sont obligatoires. En pratique, personne ne porte attention et le sentier est hyper facile à suivre.
Mis à part si vous ne voulez pas cuisiner et porter/monter votre tente (quel genre de randonneur êtes vous), un guide est inutile.
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Jour 1 – DE ROCHES ET DE BOUE
Départ Vaqueria (@3950m)
Arrivé Taullipampa (@4150m)
Distance 23km
Dénivelé Positif +1450m
Dénivelé Négatif -850m
Sans aucune journée de repos, nous étions de retour dans nos bottes à la première heure le lendemain.
Direction Punta Union, la seule passe et point le plus haut de la randonnée 18km et +1400m plus loin.
C’était la matinée « Hola Buenos Dias » à croiser une multitude d’enfants en route pour l’école.
Après avoir passé quelques villages, nous étions véritablement dans la nature.
Avec des vues assez (pas mal) ordinaires (vallée entourée de montagnes toutes vertes), nous tachions d’engranger le plus de km avant que les rayons du soleil nous frappent.
Après avoir passé le campement Paria, les choses devenaient sérieuses; le sentier montait sans relâche vers Punta Union (8km +1000m).
Après une dernière portion d’ascension pas piqué des vers (presque en ligne droite, avec une forte inclinaison, sur de la roche exposée) et avec le RPM dans le tapis depuis une bonne heure, nous avions vaincu Paso Punta Union. En guise de récompense, Pachamama jugeait bon de nous lancer une forte averse de grêle sur le dos.
Peu importe, la totalité de la randonnée Santa Cruz restante était désormais en descente… -1700m de dénivelé négatif.
Alors que le versant précédant était une très grande vallée en forme de serpent, la vallée dans laquelle nous basculions était étroite et linéaire. Un immense glacier se trouvait juste à coté de nous sur la droite.
Après avoir marché 2 jours en 1, nous arrivions au campement Taullipampa complètement exténué.
L’endroit avait une vue imprenable sur le Nevado Taulliraju. Tout au fond de la vallée, la montagne agissait telle la sentinelle de Santa Cruz, voyant et entendant tout.
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Jour 2 – I N T E R M I N A B L E
Départ Taullipampa (@4150m)
Arrivé Cashapampa (@3600m)
Distance 24km
Dénivelé Positif +50m
Dénivelé Négatif -600m
Le réveil se faisait dans une vallée glacée où les rayons du soleil ne réchaufferaient pas la terre avant encore plusieurs heures. La tente était complètement givrée.
Les mains bien glacées après avoir procédé à un dégivrage manuel que nous commencions la journée.
Direction Cashapampa, la fin du sentier, tout en bas au fond de la vallée 24km plus loin.
Nous disions Adieu à la Sentinelle… pour dire Bonjour au Nevado Alpamayo. Pointant à plus de 5900m, Alpamayo avait été nommée la plus belle montagne au monde (escalade parlant) par le magazine allemand Alpinismus. Nous étions malheureusement hors de la saison d’escalade (possible seulement en aout/septembre) sinon j’aurais tenté ma chance.
Tout de suite après avoir croisé Alpamayo, le sentier descendait dans le fond de la vallée. Nous en étions quitte pour marcher dans l’immense lit d’une rivière asséché.
Le lit de rivière se transformait en un canyon qui semblait ne pas avoir de fond. Le soleil nous avait depuis rattrapé, rendant la descente interminable…
J’adore la randonnée, mais il n’y a rien de mieux que d’arriver à la fin du parcours et de savoir qu’un lit, une douche chaude et une (des) bière(s) vous attendent.
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Santa Cruz est une belle randonnée, mais jamais dans les plus belles d’Amérique du Sud.
Un peu comme les randonnées pour se rendre à Machu Picchu, Santa Cruz se veut une parfaite introduction à la haute montagne pour quelqu’un sans expérience.
Il faut par contre faire tout en son possible pour dormir au Refugio Peru et se rendre au Laguna 69.