Épisode 9 – Le jour qui ne voulait pas finir…
Le 17 avril 2013 restera à jamais gravé dans ma mémoire. À présentement 28 ans, 4 mois et quelques jours, c’est de loin le pire jour de ma vie. Jusqu’à ce que je réussisse finalement à fermer les yeux dans une chambre beaucoup trop chaude et hyper humide du centre-ville de Colombo – Sri Lanka, tout ce que j’avais fait ou qui m’était arrivé ce jour là, sauf deux choses, avaient tournés à la catastrophe.
Remontons donc à 5 heures du matin le jour même à mon arrivé à Chennai via un train de nuit en provenance de Madurai où j’avais laissé mon buddy Roark continuer son chemin vers le Nord de l’Inde.
Mon plan de journée était très simple; j’allais tout d’abord aller déposer mes sacs dans un locker à la station, j’allais ensuite aller faire un check-up de mes blessures à l’hôpital, j’allais revenir près de la station pour prendre un déjeuner et ensuite faire du wi-fi jusqu’à 3 heures de l’après-midi, heure à laquelle je prendrais un train pour aller jusqu’à l’aéroport. J’allais finalement prendre un vol d’une durée de 1 heure afin de me retrouver au Sri Lanka, ma destination des 3 prochaines semaines.
Ça c’était en théorie. Comme très souvent depuis 2 mois, le destin voulait faire autre chose avec moi.
En pratique, je suis sorti du train direction le stockage des sacs. Arrivé là, je me suis fait dire par le créti% d’indien qui y travaillait que je ne pouvais pas stocker mes bagages dans un locker si je ne prenais pas un train quittant la ville dans la journée (il fallait que je lui montre le billet)… et le train pour l’aéroport ne comptait pas puisque c’était un train de ville. Comme réveil, je n’aurais pas pu demander mieux.
Pour une fois, le Lonely Planet n’était pas tendre avec un endroit, en l’occurrence Chennai. Il était écrit que ce n’était pas une belle ville, MAIS que la gentillesse des gens valait le détour. Bon… si je sortais de prison après 15 ans en cellule d’isolement, peut-être, je dis bien peut-être, j’aurais pu trouver les gens aimable… mais encore. C’était aussi écris que malgré tous ses défauts, Chennai avait un hôpital à la fine pointe de la technologie et qu’en plus, elle était habitué de traiter des touristes… ça restait à voir.
C’est donc accompagné de toute mon artillerie lourde que j’ai pris la direction de l’hôpital, mais pas avant d’avoir eu l’une de mes bonnes disputes avec des chauffeurs de tuk-tuk. Je ne m’étais pas fait arnaqué comme cela depuis mon premier jour à Delhi, à la différence que cette fois, j’étais conscient de l’arnaque et eux aussi. Ils n’arrêtaient pas de dire »je sais que c’est beaucoup trop cher en roupie, mais c’est rien en dollar américain ». Ce n’est pas compliqué, je leur aurais tous cassé la gueule avec un coup de poing américain si j’en avais eu un. Si je pensais comme ces supers crétins, je pourrais déclarer une faillite personnelle dans 3mois. Malheureusement pour moi, ma blessure saignait et comme mes sacs pesaient lourd sur une seule épaule, je ne me voyais pas aller négocier ailleurs pour sauver 2-3$ Can. J’ai donc accepté son insulte.
C’est donc échaudé 2 fois plutôt qu’une que je suis entré dans l’hôpital en m’attendant au pire. Résultat? Pour une fois, le livre disait vrai…
J’ai dû passer pas loin de 1h30 dans une superbe urgence, traité hyper rapidement et aux petits oignons et cela ne m’a rien couté (je ne comprends toujours pas). En quittant, le docteur m’a dit de faire une chose et une seule; »keep your arm dry (garde ton bras au sec) ». Du tac au tac, je lui ai demandé »How am I suppose to do that in India (comment je suis sensé faire cela en Inde moi là… comprendre que le temps est tout sauf sec… c’est même le plus contraire de sec que j’avais vu de ma vie à ce moment… c’est tout juste si les gouttes d’eau n’étaient pas en suspension dans l’air et attendent que les gens leur rentre dedans)? ». Il m’a regardé en souriant et a quitté la salle.
Après quelques jours à essayer la technique ‘’à l’air libre’’ sans succès, c’était le retour des bandages, le look momie et l’éternelle question des indiens; ‘’what happen to your arm (qu’est-ce qui est arrivé)?’’. En ce qui concerne le dernier point, j’étais maintenant plus outillé que la première fois pour y répondre. Dorénavant, j’allais alterner entre ces 3 réponses;
– silence et continuer mon chemin – la réponse que j’utilise le plus souvent,
– I woke up some day and it was there (je me suis réveillé et c’était comme cela) – la réponse pour une indien sympatique,
– I already told it to your twin brother earlier, go ask him (je l’ai dit à ton frère jumeau tout à l’heure, tu n’as qu’à aller lui demander). La plupart d’entre eux me regardent avec un regard confus et certains vont même jusqu’à me dire qu’ils n’ont pas de frère jumeau. À ce moment, je répond; yes yes, your twin brother… the one with dark hair, dark skin and who look as stupid as you… et je tourne les talons. Désolé, je ne traduirais pas cette section, c’est un peu méchant. Cette réponse est réservée aux indiens qui me font royalement chier, donc la majorité. En bout de ligne, c’est impossible d’avoir le dessus sur eux, mais au moins ça, ça me fait un petit velours héhé…
À ce sujet, il me faut vraiment un changement d’air puisque je n’ai plus AUCUNE patience envers ces espèces de crét.. euh… ces espèces de gentils bons hommes. J’ai eu la discussion avec plusieurs voyageurs et une majorité pensent que la question n’est pas de savoir SI on va un jour avoir son voyage des indiens, mais QUAND. Tout le monde a une limite et la mienne aura durée 45jours.
Bon, retournons à la programmation principale. J’en étais donc à ma sorti de l’hôpital. Contrairement à mon trajet précédent, j’étais un peu plus équipé pour veiller tard et le chauffeur de tuk tuk a trouvé la négociation longue. À sa décharge, il n’a pas tout compris les mots que je prononçais puisque beaucoup étaient en français (je ne peux pas écrire ce que j’ai dit parce que je risque d’offenser quelqu’un…).
Je suis donc retourné près de la station de train en quête de café internet pour y passer la journée. Je pensais que ce serait la partie facile de mon plan puisque le Lonely Planet avait identifié plein de @ (signe pour un café internet, wifi, etc.) à proximité, en plus de mentionner qu’il en pleuvait à Chennai. 1 heure plus tard, mon constat était ‘’légèrement’’ différent. Après avoir marché chacun des hôtels/hostels/agences de voyage/name it… Yen avait pas un cal&@s qui voulait me louer leur wi-fi/internet sans avoir au préalable booké une chambre/ un billet de bus/train, etc.
C’était donc retour à la case départ devant la gare de train avec mes sacs à dos… à 10h du matin. N’ayant AUCUNEMENT l’intention de visiter la ville, j’ai alors décidé de filer directement à l’aéroport même si mon vol était seulement à 18h30.
J’ai donc passé un gros 6 heures devant le comptoir d’enregistrement avant de finalement voir le nom de mon vol s’afficher. On aurait dit Tom Hanks dans le film ‘’Terminal’’ à la différence que mon pays n’était pas en insurrection, que j’avais de l’argent (plus pour longtemps, mais bon… je ne veux pas gâcher le punch), que ça n’a duré que l’instants de quelques heures, que je n’étais pas dans le terminal. Ah pis bon, je pense que vous avez compris.
La partie la plus ‘’sympathique’’ de ma journée fut de me »laver ». J’arrivais d’un train de nuit, j’étais un peu pas mal poqué, j’ai donc voulu aller me laver un peu et changer de vêtement. Après avoir fait un tour d’horizon, la toilette pour handicapé se voulait l’endroit tout désigné. Tranquillité assurée, mais salubrité inexistante. En entrant dedans, cela ne semblait plus un aussi bon plan; la toilette était bouchée de papier, il y avait des couches souillées par terre dans un coin de la pièce, l’odeur était à réveiller un mort et il y avait un »filet » d’eau par terre.
Autant vous dire qu’il était hors de question que mes pieds touchent par terre et je devais poser mes sacs… mais où? Bref, je ne crois pas que vous voulez plus de détails, à moins que vous vouliez la vérité à la ‘’Pan’s Labyrinth’’ et non la version édulcorée à la sauce Disney?
J’ai aussi profité de cette journée à l’aéroport pour me foutre de la gueule de mes bubbleheads indiens. Mais qu’est-ce qu’un bubblehead indien? Eh bien ce sont les indiens en général. Quand ils parlent, ils font généralement plein de mouvement de la tête I DEN TI QUE au mouvement des petites figurines bubblehead qu’on retrouve souvent dans les boutiques de souvenirs sportifs. C’est littéralement devenue une drogue de regarder une discussion entre 2 indiens.
Qu’est-ce que ce mouvement de la tête veut dire? Les avis à ce sujet sont divers et aucun ne sais vraiment comme l’interpréter puisque ça varie d’un indien à l’autre. Pour l’un, cela peut vouloir dire « oui », pour l’autre « non » et pour l’autre « je sais pas/peut-être ». Bref, la signification demeure un mystère, mais il n’est absolument pas requis de comprendre pour »l’apprécier ».
Mon copain Roark s’est assis l’autre fois avec l’un d’entre-eux qui faisait ce mouvement et qui parlait bien anglais. Il lui a demandé pourquoi il faisait ce geste et qu’est-ce que cela signifiait. Eh ben, la seule réponse que nous avons eu c’est »de quel geste de tête parlez-vous » pendant qu’il faisait un geste de tête. Il est donc clair pour moi qu’ils ne font pas cela consciemment…
Pour clore cette belle journée du côté indien, lorsque j’avais booké mon billet d’avion, j’avais choisis un siège dans l’allée de la porte. J’ai donc été très enchanté d’apprendre qu’on m’avait changé de siège… pour aller en première classe. Je n’en croyais pas mes yeux, ma journée de cul allait prendre fin avec un vol en première classe.
Bon, le vol n’a durée que 1h30, mais j’ai quand même passé au travers d’une bouteille de vin européenne et eu un repas 5 services tout eu étant assis dans un fauteuil hyper moelleux. On aurait pu aller virer en Australie tellement j’étais bien.
À ma sorti de l’aéroport, je flottais donc sur un nuage. Ce que je ne savais pas, c’est que tout cela était seulement un mirage et que ma journée de cul allait continuer de plus belle. Même que le pire était à venir…