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Épisode 23 – Zanskar Vallée; sortir des sentiers battus

Du 8 au 28 aout 2013

Voici le récit de mon épopée dans la vallée de Zanskar, l’un des endroits les plus reculé de l’Inde, et par le fait même de la planète. Pendant 3 semaines, j’ai parcouru à la marche cet endroit surprenant de Lamayuru à Darcha en passant par Padum.

Tandis que la majorité des randonneurs font ce trek avec un guide, des porteurs et dans un luxe quasi indécent, une carte, mon instinct et mes pieds me servaient de Guide, tandis que mon dos agissait comme porteur.

ATTENTION
Ces 3 semaines ont été parmi les plus difficiles de ma vie, tellement que par quelque fois, j’ai même cru que mon heure était venue. Sur le moment même, j’ai écrit beaucoup de choses très crus et sombres qui peuvent s’apparenter à une sorte de délire. J’ai pris la décision de conserver ces sections afin de vous faire partager au mieux l’expérience que j’ai vécue.

Aussi, la qualité des photos est affreuses puisque j’ai éprouvé un problème avec ma caméra dès le départ… toutes les photos ont donc été pris avec mon IPhone. Cela ne rend donc pas justice à la vallée de Zanskar. Comble de malheur, je savais pertinemment que je n’avais plus beaucoup d’espace sur ma seconde et très petite carte mémoire d’appareil photo (ma grosse étant pleine de mon trip de vélo), j’ai donc réservé l’espace aux meilleurs endroits du trek, qui ont sans aucun doute été les jours 4, 5 et 6… mais j’ai perdu cette carte une fois rendu à Karsha (jour 10). Un merci tout spécial à Clémentine (je sais pas ton nom de famille) pour avoir partagé avec moi quelques bonnes photos des jours 17-18 et 19.

TABLE DES MATIÈRES

– LA VALLÉE DE ZANSKAR

– Jour J – DIRECTION LAMAYURU

PREMIÈRE MOITIÉ (Jour 1 à 10)

– Jour 1 – RIEN NE SERT DE COURIR, IL FAUT PARTIR À POINT…

– Jour 2 – LA VALLÉE ARC-EN-CIEL

– Jour 3 – DE SI JOLIE CHEVAUX

– Jour 4 – LE JOUR DE LA MARMOTTE

– Jour 5 – A WILD NIGHT INTO THE WILD

– Jour 6 – LE FOND DU BARIL

– Jour 7 – QUAND DAME NATURE S’EN MÈLE

– Jour 8 – REBORN

– Jour 9 – VOYAGE DANS LE TEMPS

– Jour 10 – SUR LA ROUTE

– Jour 11 – STOP

– Jour 12 – PADUM TERRE PROMISE

DEUXIÈME MOITIÉ

– Jour 13 – PAS D’EXCUSE

– Jour 14 – PURNE COUTE QUE COUTE

– Jour 15 – PREMIER CONTACT

– Jour 16 – CATCH ME IF YOU CAN

– Jour 17 – QUAND LES TORRENTS SE DÉCHAINENT

– Jour 18 – LE VENT DU NORD

– Jour 19 – À DOS DE… CAMION

– MINUIT MOINS UNE POUR MANALI

– FIN DU CHEMIN DE CROIX

– EXPÉRIENCE CULINAIRE ZANSKARIENNE

LA VALLÉE DE ZANSKAR

Ancien royaume prospère du Nord-Ouest Indien, Zanskar est aujourd’hui la plus isolée des vallées Himalayennes. Jusqu’au début des années 80, il n’y avait aucune route reliant la vallée au reste du Ladack. Complètement entourée de hautes montagnes, les fortes accumulations de neige bloquent les cols (passages), de sorte que tous les accès routiers et les sentiers pédestres sont impraticables… il est donc impossible d’y entrer ou d’en sortir plus de 8 mois par année.

Zanskar compte aujourd’hui un peu plus de 14000 habitants répartis dans une vallée formant un Y; la branche Ouest (Padum à Kargil), la branche Nord (Padum à Lamayuru) et la branche Sud (Padum à Darcha). Les 3 vallées se rejoindre en un centre où se situe Padum. Avec ses quelques 1400 habitants, Padum est la capitale et le centre commercial de cette région faisant partie du Ladack. L’ensemble de la population de la vallée est bouddhiste, exception faite de 40% des habitants de capitale qui sont musulmans.

Anecdote pas très drôle, même si les 2 religions cohabitent quand même bien, il est strictement interdit à un homme/femme musulman et un homme/femme bouddhiste de se fréquenter. Il y a quelques semaines, il y a eu un bran le bas de combat au village entre musulman et bouddhiste quand un musulman s’est enfuit de la région avec une bouddhiste pour aller vivre leur amour loin de toute cette tension. S’en est suivit un véritable bain de sang entre les 2 familles.

La situation géographique unique de la vallée, qui les isolent plus de la moitié de l’année, a fait en sorte que les habitants du Zanskar ont développé une identité très forte qui n’a rien à voir avec les autres habitants du Ladack; c’est un peuple bien distinct. De plus, ils ont démontrés beaucoup de ténacité et vivent en parfaite harmonie avec la nature, ce qui leur permet de survivre dans un endroit extrêmement hostile.

Pour les aventuriers, à noter qu’il est possible de faire un trek dans le Zanskar en plein hiver au mois de février. Le trek emprunte la seule route possible… soit directement sur la rivière Zanskar… alors gelée. Pour plus d’informations, cherchez « Chadar Trek ».

Jour J – DIRECTION LAMAYURU

C’est très nerveux que j’entreprends ma 3ème aventure un peu folle depuis le début de mon voyage. Après un trek de 1 mois au Népal et un trip de vélo d’une dizaine de jour entre Manali et Leh, je trouve encore le moyen de hausser le niveau de difficulté avec ce trek de 3 semaines en solitaire et en autonomie semi-complète; j’apporte avec moi tente, mon sac de couchage et une certaine quantité de nourriture.

Ma dernière journée à Leh avant le départ a été looooongue. Je me suis levé comme à l’habitude avant 7h et j’ai tué le temps jusqu’au moment d’aller prendre mon bus à 1h30.

Bien que j’avais pris la peine de me déplacer en personne à la station d’autobus (marche de 40min allé) hier afin de m’enquérir sur quel bus prendre, l’heure, etc., les informations qu’on m’a données étaient incomplètes et erronées. D’une part, le bus ne partait pas à 1h30, mais bien à 2h30… j’ai donc poiroté comme un con plus de 2h… d’une autre, il fallait faire une réservation et le gars au comptoir ne m’a jamais mentionné cette info. Sans réservation, les seules places disponibles pour un touriste stupide comme moi étaient à l’avant sur le moteur à coté du conducteur. Ça commençait bien mon nouveau périple.

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J’étais donc dans la cabine du bus à somnoler quand j’ai vu une touriste sortir d’un taxi avec une tonne de bagages. Elle se dirigeait vers mon bus avec le chauffeur de taxi qui peinait sous le poids. Je me suis alors dit « yen as-tu des gens qui ne savent pas voyager », puis je me suis refermé les yeux.

Quelques minutes plus tard, j’entendais un « excuse me »… c’était la même fille qui me demandait pour s’assoir dans la même cabine…

Elle – « Hi… where are you from? (salut… de où tu viens?) »

Moi – « Canada… (d’un air désintéressé) »

Elle – « Me too… I’m from Quebec and you? (moi aussi… je suis du Québec et toi?) »

Moi – (je m’éveille tout d’un coup) « ahhh ouais… moi aussi »

Quelle ne fut pas ma surprise de voir arriver une québécoise (Catherine – 23ans – beauceronne et étudiante en enseignement) et son chum Thibault (français – ayant étudié au Québec, plus précisément à Chicoutimi). Elle était arrivé avec une tonne de bagage puisqu’ils reviennent d’avoir travaillé 6 mois en Nouvelle-Zélande et voyagé 2 mois au Ladack.

J’ai donc passé le reste de la journée à parler québécois pour la 1ère fois depuis mon séjour à Mumbai avec mes amis Franko et Pascale. J’ai souvent parlé français avec des français de France, mais québécois sans m’efforcer pour bien parler afin de me faire comprendre… Wow…

S’en est suivit un trajet de 4h jusqu’à Lamayuru, lieu de départ du trek.

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18h00 – Moi et mes nouveaux copains avions désormais quitté notre luxueuse cabine d’autobus…

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Une fois l’hébergement trouvé, nous avons profité des derniers rayons du soleil pour visiter un peu le village et nous rendre à la Gompa tout en haut. Lamayuru possède un beau petit monastère comprenant plusieurs bâtiments éparpillés sur une colline.

Au moment de l’année où nous y sommes allé, il n’y a qu’un seul moine au monastère (en temps normal ils sont plusieurs). La rumeur veut que les moines aient tirés à la courte paille et celui qui a perdu devait rester au monastère durant la saison touristique (l’un des monastères les plus connus du Ladack) avec la tonne de touristes qui se pointent et qui veulent prendre des photos. Bon, c’est moi qui ai parti la rumeur, mais c’est une rumeur quand même…

Nous sommes alors tombé sur une gang de morveux… euh… littles bouddhas… ou si vous voulez de jeunes moines bouddhistes en herbe.

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Pas moyen de les empêcher de bouger et de se chamailler 2 secondes. Puis, Catherine a sorti sa tablette numérique pour prendre des photos et ils ont alors concentré leur regard dessus, ne sachant probablement pas qu’est-ce que c’était…

Jour 1 – RIEN NE SERT DE COURIR, IL FAUT PARTIR À POINT…

Info;
– Lamayuru (3510m)
– PringLa Pass (3730m)
– Shila
– Wanla (3160m)

Nombre de kilomètres; 6km

Description;
Bon… allez, je me lance…

Réveil pénard à 6h pour ensuite aller à l’ouverture du monastère entendre les chants avec Catherine et Thibault.

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Quand le plus vieux des moines entonnait ses mantras, on aurait dit le bruit d’un Digeridou… instrument de musique des aborigènes en Australie. Le son de sa voix imitait le son de l’instrument à merveille… ce qui n’a pas manqué de me faire sourire.

8h30 – Après avoir fait mes adieux à Cath et Thibault (c’est fou comme on s’attache rapidement en voyage), qui prennent l’autobus pour Srinigar, je m’élance officiellement pour mon trek.

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Ce sera donc moi, ma barbe de pas propre, mon bandana rouge et mon sac à dos bleu pour un trek de 3 semaines au beau milieu du désert Himalayen.

Après avoir suivit la route et m’être engagé dans une espèce de tranché tout sauf accueillante, je traversait un ruisseau pour officiellement m’engager sur le sentier.

Tout de suite, la première épreuve pointait à l’horizon; franchir la PringLa Pass, pointant à 3730m, soit 500m plus haut que Lamayuru…

L’ascension, qui se fessait dans de petites crevasses assez étroites, s’est faite les doigts dans le… ahhh non, on m’informe que j’ai souffert durant cette ascension…

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9h45 – Le sommet était atteint et j’entamais la descente très abrupte à l’intérieur d’un ravin étroit qui menait directement à la rivière… et au village de Wanla.

Pas de vent, soleil de plomb, zéro végétation, aucun bruit… pas de doute, l’ennemi no.1 ne sera pas l’altitude ici, mais bien la chaleur.

10h40 – Je commence à apercevoir de la végétation sur les parois, puis j’aperçois au loin un drapeau, puis une maison en-dessous du drapeau. Nul doute, la gorge aride que je descend depuis plus d’une heure est terminée au petit village de Shila tout juste avant Wanla.

Je quitte alors le sentier sinueux pour me retrouver sur une route de terre.

11h30 – Après quelques kilomètres à marcher sur la route longeant la rivière. je pose finalement les pieds à Wanla. Village en construction… ou en destruction… Wanla est construit sur un flanc de montagne avec quoi comme cerise sur le Sunday?!? Un monastère sur le dessus de la montagne… Ouiiiiiiiii

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Ne pouvant empêcher le progrès, une route a été construite pour relier les villages de Shilla, Wanla et quelques autres sur mon chemin à la route Leh/Srinigar. C’est donc dire que si j’avais fait ce trip 2 ans plus tôt, tout ces petits villages n’auraient eu que des sentiers pédestres comme chemin principal.

Bien qu’il soit simplement midi, j’ai pris la décision de rester ici pour la nuit. Plusieurs raisons ont motivés ma décisions.

1er – Le poids de mon sac avec les nouveaux arrivants pèse lourd et mon dos n’a pas vraiment aimé ce matin. J’ai donc besoin de m’y habituer en douceur,
2ème – Je suis parti très tard ce matin (8h30) et bien que j’ai marché seulement 3h, la chaleur est accablante et ne pardonne pas,
3ème – Le village que j’avais en tête est à au moins à 4h (sinon plus de marche),
4ème – Mon genou droit n’a pas aussi bien récupéré de mon trip de vélo que je l’aurais cru,
5ème – Mon trek s’apparente plus à un marathon qu’à un sprint et je ne me suis pas beaucoup reposé (seulement 1 journée à Leh) entre le début de cette aventure et la fin de mon trip de vélo. Je ne veux pas me bruler dès le départ et trainer une fatigue/mal durant 3 semaines,
6ème – Dernier argument et non le moindre; IL N’Y A PAS LE FEU, J’AI TOUT MON TEMPS

Bref, pour toutes ces raisons, j’ai pris la décision de me reposer dans ce village pour le reste de la journée. Si vous n’êtes pas content, vous pouvez bien aller au Di@bl€… c’est ma vie après tout héhé.

En me promenant un peu et en demandant aux gens, j’ai trouvé une très belle homestay (rester chez les gens) dans le village; la maison du maitre de l’école d’ébénisterie. Pas besoin de vous dire que ma chambre est très somptueuse et ornée de magnifiques boiseries.

Je repousse donc à demain mon camping héhé…

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Après seulement quelques heures à arpenter le sentier, il m’apparait clair que contrairement à Annapurna (Népal), où même un aveugle aurait pu retrouver son chemin tellement c’était facile et les indications étaient claires, au Zanskar c’est tout le contraire; on ne prend pas le trekkeur par la main et une bonne carte est essentielle. En fait, je crois qu’il me sera très difficile de terminer ce trek sans m’être perdu au moins une fois. L’avenir nous le dira…

Autre constat, la communication sera très difficile avec les locaux. La très grande majorité d’entre-eux ne parlent/comprennent pas l’anglais et les autres baragouinnent quelques mots par-ci par-là.

Jour 2 – LA VALLÉE ARC-EN-CIEL

Info;
– Wanla (3160m)
– Phanjila (3270m)
– Hanupatta (3760m)

Nombre de kilomètres; 17km
Total; 22km

Description;
Chassez le naturel, il revient au galop…

Après une journée assez pénard passée principalement dans une superbe chambre de Wanli, le réveil a sonne à 4h30 du matin, me ramenant brutalement sur Terre.

Hier, je me suis offert de petite vacance, mais aujourd’hui il est temps de se mettre à l’ouvrage le plus tôt possible afin de me trouver un abri et éviter la chaleur accablante de l’après-midi.

La promenade d’aujourd’hui a principalement consisté à marcher durant plusieurs heures sur une route longeant un cours d’eau dans le fond d’une vallée.

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7h30 – J’atteint le beau petit village de Phanjila, qui se trouve à la croisé de 2 rivières. De là, on peu faire un autre trek jusqu’à Alchi/Chilling et connecter acec la Markha Valley.

Puis, un manchot n’aurait pas fait pire… j’ai échappé ma gourde par terre et il ne me restait presque plus d’eau pour la suite du chemin.

Plus j’avançais vers Hanupatta et plus la vallée devenait étroite. Les montagnes se sont ainsi rapprochés l’une de l’autre, on aurait dit qu’elles avaient été tranchées au couteau, et le torrent s’est déchainé plus bas dans la rivière. Ajoutez à cela le soleil qui, en frappant les montagnes, faisait apparaitre une multitude de couleurs; mauve, gris, orange, vert.

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Les 2 dernières heures ont été TRÈS pénible. C’est complètement agonisant (vous savez comme les zombies qui se trainent les pieds) que je suis finalement arrivé à Hanupatta à 11h20. Pour dire vrai, les yeux m’ont tournés une coupe de fois, mais j’ai réussi à me concentrer pour éviter de m’évanouir.

Je n’avais alors qu’une idée en tête; trouver de l’eau… beaucoup d’eau.

1er bâtiment en entrant en ville; le magasin général (un garage de fond de cour avec 2 portes de grange, mais contenant de la nourriture… et de l’eau.

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J’ai ensuite demandé si il y avait un homestay en ville et on m’a répondu que pour 800rs ça pourrait s’arranger. Je n’ai pas dit 1 mot, je me suis levé et je suis parti.

Moins de 1h de marche plus loin, j’ai trouvé un camping… avec une tente restaurant très très très rustique… où il était possible de souper et d’y établir mon campement pour la nuit.

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L’endroit est tenu par un ancien guide dans la Zanskar valley originaire de Lamayuru. Il passe ses étés ici avec ses 5 garçons. Vous aimeriez passé 3-4mois au milieu de nul part à coucher dans une tente plus petite que mon cul avec votre père et vos 4 autres frères?!?

J’ai tout d’abord repris mes esprits… un peu… et j’ai ensuite entrepris de monter ma tente… vous savez, celle que j’ai acheté il y a 4 jours et qu’en gars hyper intelligent, j’ai jugé bon de ne pas essayer de la monter avant de partir.

Disons simplement que d’être à bout de force et manquer s’évanouir à toutes les 2 minutes n’est pas le meilleur moment pour comprendre comment ça marche. Résultat; ça m’a pris 1h30 pour la monter.

Pour ce qui est du camping, le site est à un endroit très avantageux dans la vallée, étant perché dans les hauteurs, offrant à la fois une vue sur Hanupatta en contrebas, sur les montagnes tout autour et étant en bord de falaise avec la rivière en contrebas. J’aurais donc le bruit du torrent pour me tenir compagnie…

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Vers 17h, tout le beau monde est finalement parti, me laissant tout fin seul avec ma petite tente à 4000m d’altitude. Le village de Hanupatta étant à quelques kilomètres, cela veut dire que pour la première fois, je serais la seule âme qui vive à des kilomètres à la ronde. La sensation de liberté est difficile à égaler; seul entouré de gigantesques et magnifiques montagnes. Quand on y pense, c’est quand même ironique puisque l’Inde est l’un des pays les plus peuplés de la Terre. Je dois me pincer pour véritablement y croire…

Entretemps, on aurait dit que le paysage s’était mit sur pause, seul le son de la rivière en contrebas trahissait un quelconque mouvement; la pluie avait cessée, le vent aussi, mais le froid, cet ennemi invisible, s’installait tranquillement dans tous les pores de ma peau.

Je suis donc resté dehors à contempler le jour qui s’en allait peu à peu, laissant tranquillement toute la place aux étoiles. Une journée pénible qui se termine de manière très douce.

Puis, je me suis finalement résigné à rentrer me coucher. J’étreins pour la première fois ce qui sera ma maison pour les prochaines semaines; une petite tente très solide et un sleeping très chaud… disposé directement sur le plancher des vaches (intentionnellement, je n’ai pas acheté de matelas de sol)… avec un sac de compression remplis de trucs en guise d’oreiller.

Ayez une pensée pour moi quand vous soulèverez votre couverte en allant au lit ce soir… et pensez-y à 2 fois la prochaine fois que vous me direz « tu es dont ben chanceux de voyager ». En voyage, il faut bien souvent faire des sacrifices…

Jour 3 – DE SI JOLIE CHEVAUX

Info;
– Hanupatta (3760m)
– SisirLa Pass (4805m)
– Photoksar (4120m)

Nombre de kilomètres; 15km
Total; 37km

Description;
6h du matin; bouge tes fesses le grand, il est temps de défaire le campement et de se mettre en route… sous un couvert nuageux qui n’annonce rien de bon.

Comme première nuit dans ma tente, on aurait difficilement pu trouver un meilleur test; il a fait un froid d’enfer, il ventait comme le criss et ce dernier n’a pas cessé de brasser mon abri de tout bord, tout coté. Résultat; mon amanchure a tenu le coup et mon sleeping m’a tenu bien au chaud. Par contre, chaque partie de mon corps est en état de choc après cette première nuit passé à dormir directement sur le sol.

Aujourd’hui, le chemin m’amène à franchir la SirSirLa Pass, qui pointe à plus de 4800m. Selon toute logique, je devrais ensuite m’arrêter un peu plus loin près du village de Photoksar.

Bonne nouvelle, mon corps et mon esprit sont sur le même diapason pour une 1ère fois depuis le départ. C’est peut-être en raison de mon matelas… inexistant… qu’ils se sont dit « hey les gars, si on coopère, il va pouvoir aller plus vite et on aura moins de nuit à passer comme ça ».

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11h10 – Non sans peine, j’atteint le sommet de la SisirLa Pass quelques 1000m plus haut que mon point de départ ce matin.

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Durant l’ascension, j’ai dépassé un groupe organisé d’environ 10 allemands d’âge mur qui me regardaient comme si j’étais un extraterrestre.

Ma journée de travail se résume donc maintenant à descendre jusqu’au village de Photoksar quelques 2h plus bas.

C’était cependant plus facile à dire qu’à faire puisque pour descendre la SirSirLa Pass, il a fallu que j’emprunte une section de sentier des plus dangereuse, comprenant des zigzag très serrés, tout en étant très inclinée. Une perte d’équilibre se serait résultée en une chute d’une bonne centaine de mètres… mais j’aurais probablement survécu.

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Tout de suite après que je me sois élancé dans cette section, un groupe de chevaux a fait de même. Sur le coup, je me suis dit « tiens c’est amusant, des chevaux qui descendent la montagne ». J’ai cependant déchanté très vite quand j’ai commencé à avoir des roches par la tête.

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La nouvelle vallée dans laquelle je viens de basculer est beaucoup plus belle que la précédente; il y a de la végétation en contrebas, mais pour le reste, c’est complètement désertique. C’est dur à expliquer, mais les couleurs et les formes sont très attrayantes pour l’oeil.

Tout en suivant le sentier qui me menait au fin fond de la vallée, à un endroit où il m’était impossible d’apercevoir jusqu’à la dernière minute, il n’y avait aucun son… même pas le bruit habituel du vent, ni de la rivière… RIEN. C’était quelque chose d’assez troublant. Je me surprenais à penser que si Guillaume Fafard avait été à plusieurs kilomètres de moi, je l’aurais clairement entendu.

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Les caravanes de chevaux/ânes sont nombreuses sur la route aujourd’hui et il y a beaucoup de bergers avec leur troupeau le long de la route. Même si il y a la route à proximité, je n’ai pas vu de voiture depuis mon départ de Wanla. Je peux me tromper, mais j’ai l’impression que tout se fait encore par convoi.

Puis, Photoksar s’est finalement pointé à l’horizon. Un peu à l’écart du sentier principal, qui passe sur l’autre rive, le village vaut le détour. Bien installé sur le bord d’une falaise très abrupte (quand je dis bord c’est BORD), qui ne demande qu’un petit tremblement de terre pour faire table rase, et adossé à une très haute montagne, qui ne demande qu’un signe pour lancer quelques pierres, le village est très impressionnant. Ayant été relié au reste de l’Inde par une route carrossable il y a moins de 1 an, le village n’a encore rien perdu de son authenticité et s’y promener équivaut à un voyage au Moyen-Age. Ne cherchez pas de magasin général ou même un endroit ayant de l’électricité… c’est peine perdu. Par contre, ayez à porté de main votre appareil photo, affichez votre plus beau sourire, faites un signe de la main et dites « Juley » lorsque vous croisez l’un des habitants. Avis aux intéressés, j’ai tout de même distingué 2 homestays.

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12h40 – Mon campement pour la nuit un peu en marge du village dans un espèce de camping broche à foin, comportant une teahouse tout ce qu’il y a de plus basic (un cabanon en pierre dans lequel il y a une « cuisine »). Fait intéressant, il y a un pâturage à 2 pas de ma tente et des centaines de chevaux y ont élus domiciles… c’est assurément le genre d’endroit que ma soeur détesterait héhé.

J’ai monté ma tente en moins de 10min… mon nouveau record… pas de niaisage… pour ensuite aller me promener dans le village…

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Autant hier soir j’étais tout fin seul dans mon petit monde, autant ce soir je me sens seul… mais pour une raison différente. Je suis le seul blanc avec une vingtaine de locaux dans le campement. Au moment même où j’écris ces mots, 2 d’entre-eux ne quittent pas des yeux mon crayon et le papier tout chiffonné sur lequel j’écris. Ils n’arrêtent pas de crier aux autres « english » en faisant des signes de la main vers mes hiéroglyphes.

Ouin… bon… ceux qui me connaissent un peu savent à quel point je peux écrire en pattes de mouches (je ne comprend toujours pas comment j’ai fait pour passer le cours de « convention graphique » en 1ère année d’architecture… où on était sensé apprendre à écrire comme de vrais architectes…). Ils leur est donc IMPOSSIBLE de distinguer quoique ce soit.

De toute façon, mes nouveaux « amis », en plus d’être très crasseux (je suis mal placé pour parler) et habillés avec les moyens du bord (il y en a un qui porte des lunettes de ski), ne parlent/comprennent aucun mot d’anglais. D’un autre coté, je suis en minorité et ce serait plutôt à moi de faire un effort pour parler leur langue…. mais je ne comprend absolument rien de ce qu’ils peuvent se raconter. En fait, les seuls langages universels sont la monnaie et les signes. Quand je dis « how much? (combien?) » en pointant quelque chose, ils comprennent très bien. Pour le reste, je me contente de sourire, de faire ma petite affaire et d’amuser les enfants.

Ce problème (qui n’en est pas vraiment un) de communication me fait réaliser à quel point je peux être loin de mon bon vieux petit Québec présentement. J’essai de penser à un film pour vous faire imaginer l’environnement où je suis présentement, mais le seul exemple qui me vient en tête… et c’est un très mauvais exemple… c’est le film « Ironman I », lorsque Tony Stark est retenu prisonnier dans une caverne dans le désert au début du film. Oubliez la caverne… et les armes, mais l’endroit et le peuple (pacifique) sont identiques.

Jour 4 – LE JOUR DE LA MARMOTTE

Info;
– Photoksar (4120m)
– BurmitseLa Pass (4400m)
– SenngeLa Base Camp (4480m)

Nombre de kilomètres; 20km
Total; 57km

Description;
Autant dormir devrait logiquement représenter l’étape relaxante de ma journée, autant ce n’est qu’un autre défi douloureux auquel je dois faire face. Ma décision de ne pas apporter de matelas de sol fait en sorte que peu importe la position que j’adopte, une partie de mon corps souffre en raison d’un caillou mal placé, etc. Malgré tout, cette tente représente un véritable cocon pour moi. Peu importe où je l’installe, j’ai l’impression que plus rien ne peut m’arriver une fois à l’intérieur. C’est mon havre de paix, mon « vaisseau spécial ».

Parfois, que dire, plusieurs fois par jour, je me demande qu’est-ce qui a bien pu me passer par la tête pour entreprendre ce trip complètement fou. Je me dis que je serais tellement mieux en Thaïlande, en Indonésie ou sur une quelconque plage perdue de l’Asie. Mon seul problème serait alors de savoir si je vais prendre un Mijoto ou un Rum’n Coke. Après toutes les choses folles que j’ai faites depuis 2 mois, mon corps commence à demander un peu de repos. Mais bon, je me réveille, je sors de ma tente et j’ai la raison pourquoi je suis ici; de magnifiques paysages. Rien ne peut venir troubler ces moments… Ahhh si… un manque de batterie dans ma caméra.

6h40 – C’est un départ. Dès les premiers instants, j’éprouve de la difficulté à trouver le sentier. Heureusement, j’avais prévu le coup hier en observant durant plusieurs minutes le groupe d’allemands avec leur guide négocier cette portion.

Dès le départ, je fais face à mon premier défi; l’ascension de la BurmikseLa Pass, 300m plus haut que Photoksar et lui faisant directement face. Durant l’ascendion, 3 choses pouvaient être aperçus. D’une part, il y a des marmottes, d’un orange Halloween et noir, PARTOUT. La majorité du temps, tout ce que je voyais d’eux c’était un gros derrière et 2 pattes qui prenaient la poudre d’escampette. Sinon, en se tournant vers la gauche, on aperçoit le formidable village de Photoksar avec ses maisons toutes cordées sur le bord de la falaise comme si c’était la plage. Finalement, en se tournant complètement pointe le mur désertique qu’est la SisirLa Pass, le sommet que j’ai arpenté hier.

En moins de 2h, j’avais atteint le sommet de cette passe. L’instant de dire Au Revoir à Photoksar et Sisir, je basculais dans une nouvelle vallée toute verte où rien ne pousse plus haut que de vulgaires touffes d’herbe, complètement exempte de traces humaines (exception faite du sentier) et emprisonnée de tout bord tout coté par les montagnes.

À partir de là, 2 moyens s’offraient à moi pour en sortir; faire demi-tour et redescendre vers Photoksar, ou me diriger droit devant à l’endroit le plus éloigné de moi, vers une montagne ressemblant à une grosse tache noir. C’est en effet au milieu de cette tache noire que se trouvait la SenngeLa Pass, pointant à plus de 5000m, selon ma carte.

J’étais cependant encore loin du compte puisqu’il me fallait tout d’abord traverser une vallée extrêmement vallonnée et qui semblait se prolonger jusqu’à l’infini.

Allez… lève-toi de la roche sur laquelle tu es en train d’écrire… il faut se mettre en route si on veut arriver un jour.

Tout au long de la promenade dans la plaine parsemée de roches orange et noire… et de marmottes de la même couleur (peut-être un camouflage héhé), se trouve une chaine de montagne continu, abrupte… bref infranchissable… d’une couleur rouge/orangé sur ma gauche et des montagnes toutes vertes, mignonnes et où broutent plusieurs animaux sauvages sur ma droite. Ajoutez un ciel bleu tacheté de quelques moutons blancs et on aurait pu dire que je fessais parti d’une espèce de peinture à numéro sur laquelle l’auteur aurait décidé d’utiliser une panoplie de couleurs qui tranchent l’une part rapport à l’autre.

Encore merci à l’effet de profondeur trompeur dans cet espace démesuré où il est difficile de trouver un repère afin d’établir la grandeur et les distances à parcourir… je croyais bien franchir cette plaine en moins d’une heure, mais j’étais encore bien loin du compte après 3h de marche.

Puis, après avoir traversé un torrent avec mes bottes sous le regard médusé du groupe d’allemands, que j’avais redépassé quelques instants plus tôt, je me suis ensuite amusé à les regarder essayer par tous les moyens de ne pas se mouiller le petit orteil, pour finalement se rendre à l’évidence qu’il n’y avait qu’une option possible; l’assaut frontal sans dentelle… comme je l’avais fait. J’ai donc pris plaisir à assister à cette scène pendant plusieurs minutes en compagnie d’un des allemands qui, tout comme moi, avait vite compris comment faire.

Il m’a alors expliqué que son groupe comprenait une femme de 78ans et un homme de 77 et que mis à part un adolescent qui accompagnait son grand-père, il était le benjamin à 57ans. Je n’ai pas manqué de lui dire que je trouvais cela super, que je les admirais au plus haut point et que j’espérais être dans une aussi bonne forme qu’eux plus tard.

Bon, cessons le bavardage… s’en était maintenant fini des beaux petits vallons à monter/descendre, la montagne se pointait désormais directement devant moi.

Un peu avant que ça commence à véritablement se corser, moi et mon estomac, qui rêvait depuis un bon moment de casser la croute, sommes tombés sur une teahouse au milieu de nul part. Tout comme à Photoksar, je n’étais pas capable de communiquer avec les 4 habitants (un vieillard, 2 hommes et un enfant), mais le langage de la nourriture est universel comme celui de l’argent; tu n’as qu’à mettre tes mains près de ta bouche et le message est entendu.

Sur un coup de tête, j’ai alors décidé d’établir mon camp pour la nuit à proximité de la teahouse.

Alors que je montais ma tente, le vieillard s’est approché de moi et m’a tendu une pelle en me faisant un signe de demi-cercle autour de moi et en me pointant le ciel rempli de nuages peu commodes. Installé sur un terrain boueux, le message n’est pas rentré dans l’oreille d’un sourd. Tout de suite après avoir fini l’installation, j’ai entrepris de creuser une tranchée sur le pourtour. Après tout, il valait mieux creuser une tranchée pour rien que de se retrouver avec une tente pleine de boue.

Coup de bole, quelques temps après mon installation, un très violent orage s’est abattu sur l’ensemble de la vallée. J’avais donc pris la bonne décision de m’arrêter sinon j’aurais été trempé jusqu’aux os.

Environ 1h après avoir finalisé mon installation et avoir mangé une soupe typiquement zanskarienne (thukpa), d’horribles crampes d’estomac, suivit de problèmes majeurs de plomberie m’ont littéralement cloués au « lit » (donc sur le sol).

J’étais dans mon « vaisseau spécial » à gémir et me tordre de douleurs avec une douleur abdominale à la limite du supportable. J’avais l’impression qu’un Alien allait me sortir du ventre…

Malgré tout, je trouvais le moyen de rire devant l’ironie de la chose; depuis 6 mois que je parcourais l’Inde et ses environs à manger tout ce que je voulais sans jamais me soucier de mon estomac parce qu’il m’avait prouvé qu’il pouvait digérer n’importe quoi, j’étais à des milles de toute civilisation au beau milieu de nul part et c’était maintenant que ça m’arrivait.

Quelques heures, qui ont paru comme une éternité, ont finalement passé sans que ma situation ne s’améliore. Puis, j’ai entendu 2 personnes parler un langage familier… enfin… pas vraiment familier, voire aucunement, mais 2 individus qui parlaient en crachant ne pouvaient être autre chose que des israéliens (beaucoup de mots en hébreu demandent de faire un son s’apparentant à un crachat). Dans les circonstances, je ne pouvais pas demander mieux… j’allais pouvoir communiquer…

Jour 5 – A WILD NIGHT INTO THE WILD

Info;
– SenngeLa Base Camp (4480m)
– SenngeLa Pass (5060m)
– Stayang

Nombre de kilomètres; +/-13km
Total; 71km

Description;
À mon réveil ce matin, j’étais tout sauf en grande forme. Ayant vu la majeure parti de la nuit défiler devant mes yeux en étant tordu de douleur, je me sentais très faible, mais au moins le pire était passé (c’est ce que je pensais).

J’ai donc pris la décision insensée de poursuite mon chemin et franchir le monstre que représente la SenngeLa Pass (3ème plus hait col du trek). Encore plus insensé quand j’y repense, j’ai décidé de faire tout cela ajun (sans avoir déjeuner), préférant ne rien mettre dans mon estomac puisque je savais pertinemment que le tout allait ressortir assez vite. J’ai donc callé une tonne d’eau dans la rivière, regarni ma provision de biscuit en dévalisant (façon de parler… j’ai payé… vous me prenez pour qui) et en moins de temps qu’il faut pour lire « 20000 lieux sous les mers » (autre manière de dire que ça m’a prit une éternité) j’étais en route.

J’ai donc décidé de continuer, mais en prenant cela easy; je vais prendre le temps qu’il faut pour franchir la Passe et je vais gagner le spot de camping que j’avais originalement prévu pour hier tout juste après.

Pourquoi bouger? Parce que je n’avais aucune intention de passer la journée dans cet endroit perdu près d’une teahouse louche qui était probablement à l’origine de mes maux. J’aimais mieux l’idée de rouler les dés et peut-être gagner un meilleur endroit.

À peine commencé l’ascension que j’étais déjà à l’article de la mort; la motivation était au plus bas, sinon complètement absente, j’avais faim… mais le gout de vomir simplement à l’idée de manger, mes jambes ne voulaient pas avancer, mon dos ne pouvait pas supporter une seule seconde la charge qui semblait aujourd’hui si atroce. Bref, j’étais Top Shape et dans les conditions idéales pour m’attaquer à la 3ème difficulté du parcours…

Durant cette ascension, je ne pouvais m’empêcher de penser à mon buddy Roark qui se la coulait douce au même moment en Indonésie.

Pourquoi je ne l’avais pas suivi là-bas au lieu de venir dans le Nord-Ouest de l’Inde tout seul?!?

Pourquoi je dois vouloir relever des défis qui sont toujours plus difficiles?!?

Pourquoi les mots « Danger/Hardcore » veulent dire pour moi « on y va »?!?

Comme Roark le disait si bien « You like to learn the hard way (tu aimes apprendre de la manière difficile) ». La voila la réponse à toute ces questions. Ça risque de finir par me couter cher…

J’ai écris ces dernières lignes assis sur une roche, au 3/4 de l’ascension, en contemplant l’extraordinaire vu autour de moi. Pourtant solitaire de nature, je ne me suis jamais senti aussi seul et sans ressource de toute ma vie que depuis quelques jours. À ce moment, un silence de mort régnait autour de moi. On aurait dit que Dame Nature me donnait toutes les bonnes cartes et retenait son souffle en se disant « y va tu finir par la franchir cette foutu Passe?!? ».

Bon… allez… debout… avancer à pas de tortue vaut toujours mieux que rester assis sur mon derrière.

Il restait alors moins de 200m à monter pour atteindre le sommet. À chaque 10m, je m’arrêtais plié en 2. La vue que j’avais en me retournant était magnifique; j’apercevais la SisirLa Pass, très loin derrière, et les 2 vallées que j’avais arpentées depuis. Tout petit en dessous de moi, je pouvais distinguer un petit point blanc qui correspondait à la teahouse que j’avais quitté ce matin. Cette vue m’a insufflé un brin de motivation. Après tout, même à avancer à la vitesse que j’avançais, j’avais réussi à parcourir/monter tout ce chemin… WOW.

Allez fainéant… En route…

J’étais rendu si près du but, mon équilibre précaire sur le sentier hyper étroit manquait me faire tomber à chaque 2 pas. Mon sleeping (fixé par le haut sur le coté de mon sac), qui balançait de tout bord tout coté, n’aidait en rien pour arranger les choses. À ce stade, basculer aurait résulté à faire une chute de plus de 200m, sans risque réel pour ma vie… mais bon, il n’était pas question de tenter l’expérience.

J’ai alors aperçu un monticule de pierres ornés de drapeaux de prières. Je suis au sommet… vraiment?!?

Sans hésiter, j’ai jeté un dernier regard en direction de la vallée que je m’apprêtais à quitter, pour ensuite me retourner et ne plus jamais regarder en arrière.

Devant moi se dressait une nouvelle vallée toute aussi désertique, mais beaucoup plus étroite et très très accidentée.

Les prochains 2h de ma vie allait me voir descendre un véritable pan de mur. Alors que de l’autre coté l’ascension se serait faite les 2 pouces dans le nez si j’avais été en forme, ce versant était un véritable monstre dont l’ampleur dépassait tout ce que j’avais pu monter comme montagne dans ma vie. Je plain ceux qui ont du s’y attaquer.

Durant la descente, je sentais mes forces revenir. Je me suis plutôt rendu compte une fois rendu sur le plat que tout était dans l’élan et que ce n’était qu’une illusion. Je me trainait littéralement les pieds jusqu’au village de Stayang, ma destination du jour, et chaque roche, aussi vulgaire pouvait-elle être, me faisait dévier de ma trajectoire.

Sensé être au détour de la colline devant moi, je me promettais de payer le prix qu’il faudrait pour avoir un lit et un repas décent afin de bien récupérer.

J’ai donc marché, marché et remarché et le village de Stayang n’était toujours pas en vue. Pourtant, selon ma carte, qui avait pourtant prouvée son extrême précision depuis mon départ de Lamayuru, j’avais dépassé son emplacement depuis très longtemps. Pourtant, tout ce que j’avais vu depuis mon départ du sommet était un misérable campement sur le bord de la route… un campement où devait à peu près se trouver Stayang… Ahh ta peu toi (je cherche dans mon livre)… fuck… Stayang n’est pas un village, mais bien cette dompe qu’ils osent appeler un camping. Il était hors de question de retourner sur mes pas et d’aller coucher là-bas…

Il y avait bien un village un peu plus loin… à environ 2h de marche… mais j’étais à bout de force et anéantit par ma récente découverte. La nuit dans une chambre avec un bon lit allait donc attendre encore un peu. J’allais plutôt m’improviser un camping là, sur le bord du sentier.
J’ai donc installé ma tente sur un petit plateau adossé à de petites montagnes. Tout de suite en avant de moi se trouvait une vallée qui plongeait de quelques centaines de mètres et il y avait une très impressionnante chaine de montagnes droit devant en background. Je n’étais donc pas en reste coté vu…

Jusqu’à maintenant, tous les endroits où j’ai installé mon vaisseau spécial étaient à proximité de Teahouse où dans des campings « officiels ». Il faut savoir que les zanskariens se sont appropriés tous les endroits populaires où les randonneurs s’installaient pour camper le long du parcours. Puisque la très grande majorité des trekkeurs qui viennent ici ont tout leur matériel et qu’ils ne dépensent pas un sous dans la région, ce « cover charge » est pour rééquilibrer la situation. Cette fois-ci, j’étais au beau milieu de nul part…

Bon, il faut que j’arrête d’écrire, il y a un orage qui s’en vient et ma tente n’est pas encore montée…

À peine le temps de planter mes 4 piquets principaux que l’orage s’abattait sur moi… et pas n’importe quel orage; de la grêle.

J’ai pris tout mon stock, je l’ai foutu en-dessous de la toile qui était étendu par terre (le toit de la tente) et je suis resté dos à l’averse avec mes 2 pieds bien installé sur la dite toile pour l’empêcher de partir au vent qui soufflait alors comme un déchainé. Ça a duré au moins 15-20min. Tout au long, si vous aviez passé par là au même moment, vous auriez pu entendre un québécois sacrer à tue-tête en se demandant qu’est-ce qu’il avait bien pu faire pour mériter tout cela.

L’orage une fois passé, rien n’était mouillé exception faite de la toile et de ma petite personne. J’ai monté le tout pour ensuite me réfugier dans mon vaisseau spécial bien à l’abri de cet environnement devenu très hostile en l’espace de 24h.

Aujourd’hui fut une journée où je n’ai pas croisé grand monde mis à part un couple de français avec un guide indien. Quand vous dites 2 personnes sans aucune personnalité, je crois qu’ils ne savaient même pas qu’ils étaient en Inde… même que c’est probablement leur guide qui les a forcé à faire ce trek tellement ils avaient l’air d’être aussi enthousiaste que Pierre Gauthier lorsqu’il était DG des Canadiens. À chaque fois que je leur demandais quelque chose, la réponse était toujours la même « mmm… je sais pas… demande à notre guide ».

De ce fait, je n’ai marché que 5h aujourd’hui, alors qu’au Népal je pouvais en marcher 7 ou 8. Je me trouve donc un peu paresseux, mais quand j’y pense un peu plus, ce n’est pas le cas. En effet, au Québec, si vous allez faire la randonnée des Loups au Parc de la Jacques Cartier en banlieue de Québec (magnifique randonnée en passant), en 3-4h ce sera bouclé. Si en revanche vous tentez le sentier principal au Parc des Hautes-Gorges dans Charlevoix, vous serez revenu au parking en 5-6h.

Jour 6 – LE FOND DU BARIL

Info;
– Stayang (4450m)
– KiupaLa Pass (4430m)
– Gongma
– Skyumpata
– MargunLa Pass (4380m)
– Lindshed (4100m)

Nombre de kilomètres; +/-16km
Total; 87km

Description;
Après avoir passé la nuit sur le cul, et c’est le cas de le dire, j’ai eu toutes les misères du monde à ranger mes affaires et démonter ma tente afin de me mettre en route. Une partie de moi se demandait à quoi bon continuer, préférant rester étendu sur mon sleeping dans l’espérance que quelqu’un vienne me porter secours. J’ai rarement été aussi faible de toute ma vie.

Je me suis finalement mis en route, mais la cadence n’était pas fameuse. En fait, je ne sais pas avec quelle force, mais je suis arrivé au sommet de la KiupaLa Pass, une petite montagne de rien du tout. C’est cependant tout ce qu’il me fallait pour me donner un peu le motivation puisque de là, je pouvais admirer une nouvelle série de sommets et surtout, 2 beaux petits villages entourés de pâturages en contrebas.

Si je comprenais mal pourquoi cette montagne était considérée comme une Passe du coté où je suis arrivé, n’étant qu’une vulgaire colline, j’ai vite compris en descendant l’autre versant; c’est un véritable pan de mur d’au moins 400-500m et le sentier ne fait pas de quartier. Pour se rendre en bas, c’est un série de zigzag sans fin, très étroit et abrupte.

En descendant, j’ai rencontré ce qui semblait être un père et son fil. L’homme ne cessait pas de répéter le mot « jeep » en pointant le sommet de la montagne, tout en me montrant le bras en écharde de son fils. J’ai catché assez rapidement qu’il me demandait si j’étais arrivé avec un jeep et si celui-ci attendait toujours en haut. Il voulait surement conduire son fils à l’hôpital/médecin le plus proche… qui ne devait pas être proche pentoute. J’ai malheureusement répondu par la négative à sa requête…

Il faut savoir que la route s’arrête présentement au sommet de la montagne où j’étais précédemment, c’est donc dire juste avant cette vallée. Le petit sentier de montagne que j’emprunterais alors était donc le seul moyen de circulation de toute la région.

Une fois la descente terminée, je suis enfin tombé sur une source d’eau… les rivières/villages/teahouses se faisaient très rares depuis mon départ de Photoksar, si bien que cela faisait un bon 24h que ma gourde était vide. Dans ma situation, ce n’était pas vraiment recommandable (de ne pas boire d’eau) puisque je me déshydratais par les 2 bouts… sans commentaire. Comble de malheur, l’une de mes 2 petites bouteilles d’iode, employées pour purifier l’eau que je bois, était mal fermée et s’est vidée dans mon sac durant la nuit, si bien que je dois désormais boire l’eau prise directement dans les rivières à partir de maintenant. Ce point ne m’inquiète pas trop puisqu’à cette altitude, l’eau provient la plupart du temps des glaciers environnants. Je ne suis quand même pas con au point de boire de l’eau prise dans une rivière en contrebas d’un village… où les femmes lavent le linge, etc. Il faudra que la rivière tombe directement d’une montagne et que je vois le fond de ma bouteille une fois pleine d’eau.

Les 2 villages que j’avais aperçu du haut de la montagne ce matin étaient désormais derrière moi et j’entamais la plus grosse difficulté de la journée; l’ascension de la MargumLa Pass, dernier obstacle entre moi et le village (cette fois c’est un vrai village… et un gros en plus) de Lindshed, mon stop pour la nuit.

Margum s’est avérée être un adversaire très coriace. Avançant à ma vitesse maximale, c’est donc dire à pas de tortue qui boite, j’allais de déception en déception. En effet, chaque fois que j’identifiais ce que je pensais être le sommet, une autre colline se pointait le bout du nez. La montagne a joué à ce petit jeu avec moi à plusieurs reprises…

Alors que j’étais complètement résigné à monter jusqu’à l’éternité, en conséquence de toutes les fautes que j’ai commises dans ma vie… donc environ 2 ou 3… j’ai entrevu mes bons amis les drapeaux tibétains. HOURA… Le sommet… une 5ème Passe de plus de 4000m dans la poche.

Mon ventre n’entendait alors pas à rire… Depuis Photoksar, aucune nourriture que j’avais ingérée n’était resté plus d’une heure dans mon estomac… remontant ou descendant subitement selon l’esprit du moment. Je marche donc depuis 2 jours sans la moindre miette dans mon estomac. Pas besoin de vous dire (je vous le dis quand même) qu’il me fait sentir son mécontentement. En plus, il fait maintenant la baboune quand j’ose penser à des plats indiens. Même si j’adore la cuisine végétarienne indienne, la seule idée de penser à un Dal Rice, un Thali, une Thukpa, des Chapatis, du Chowmein, un Masala Dosa (pourtant l’un de mes plats préférés dans le mooonde entier) me donne le gout de vomir.

NON… J’ai plutôt la tête à un bon repas préparé par mes parents, bien arrosé de (beaucoup de) vin… du bon vin, ça fait trop longtemps. Je m’imagine donc déguster une entrée de salade César, suivit d’une assiette de bons fromages et de salamis du Québec, avec comme plat de résistance de bonnes cotes levées (ça fait bientôt 6 mois que je mange uniquement végétarien, un Nord Américain s’écoeure).

Le lendemain, je veux être dans un restaurant de sushi de Qc en bonnE compagniE à siroter un bon chardonnay blanc Kim Crawford et à jouer à « mmmm… j’aime mieux celui-la ».

Deux jours plus tard, j’irais manger une bonne Poutine format régulière de Chez Ashton à Québec. MIAM MIAM… (que personne ne me parle de riz quand je rentrerais au Qc).

Le 4ème jour, j’irais au St-Hubert prendre mon classique 4 filets de poulet avec salade crémeuse, petit pain et sauce à volonté.

Puis, le 5ème jour, j’irais m’acheter un bonne pizza Deliscio, celle avec le plus de viandes dessus, et j’agrémenterais le tout de frites Cavendish.

Bon… allez… cesse de penser à toutes ces choses que tu ne mangeras pas avant un très long moment encore… ce n’est pas comme à vélo; la montagne ne se descendra pas toute seule… un dernier « sprint » jusqu’à Lindshed.

Puis, au détour du sentier, Lindshed s’est laissé admirer pour la 1ère fois. Du sentier, je surplombait le village. J’avais alors tout le loisir d’admirer ses nombreux et très beaux champs, aménagés sur des plateaux à différents niveaux dans la montagne. Autrement, les montagnes étaient exemptes de toutes forme de vie.

Ma seule inquiétude; le village est blotti dans les bras de gigantesques montagnes sur 3 cotés, formant un espèce de cul de sac… et le sentier pour continuer jusqu’à Padum est sensé passer par là. J’ai beau me plisser les yeux, je ne vois pas de section moins difficile où le sentier pourrait se faufiler. Nul doute, il faudra passer par-dessus… des heures et des heures de plaisir en perspective… mais bon, ce n’est pas pour aujourd’hui.

Une fois arrivé au village, on m’avait recommandé de séjourner à l’hôtel du village (je pèse le mot TRÈS FORT).

L’hotel se trouvait à l’entrée du village près d’un bâtiment contemporain devant lequel se trouvait une espèce d’aire de cérémonie avec des drapeaux tout autour. J’ai appris plus tard que ce bâtiment était une « nunnery »… comme seulement les hommes peuvent devenir moine, dans certains villages, certaines femmes ont décider de se regrouper et de faire ce qu’une tonne de femmes regroupées ensemble peuvent faire de mieux durant toute une journée; parler…

Bon, je vous rassure, elle font d’autres choses… euh… probablement… la preuve, quand je suis arrivé là-bas une vingtaine d’entre-elles s’affairaient à balayer le sol de leur aire de cérémonie avec des queues de yaks. Je regardais le tout d’un air amusé puisque je ne voyais pas la fin de leur tâche, le sol de l’aire de cérémonie étant en terre…

Bref, je me suis pointé à cet endroit complètement à bout de force, mais délivré puisque j’étais arrivé à destination. Tout cela pour apprendre que le manager de l’hôtel ne s’était pas présenté au travail aujourd’hui et donc, que l’hôtel était fermé.

Je me suis alors empressé de dire très fort « homestay possible » dans l’espoir que l’un d’entre-eux viennent à mes devants et me dise « oui oui… Tu peux venir chez moi ».

En guise de réponse, l’une des nonnes s’est arrêtée de balayer, a levé la tête et a balayé tout le village qui se trouvait légèrement en contrebas avec un signe de la main en me disant dans un anglais impeccable « go look (va voir) ».

À ce moment exact, mes 2 jambes sont devenus hyper molles. Dans un village normal, je n’aurais aucun problème à faire ce que la femme venait de me dire, mais Lindshed était tout sauf un village normal; les maisons étaient séparées d’au moins 50-100m l’une de l’autre, tout en étant éparpillées sur 2 flancs de montagnes séparés au milieu par une rivière. Je n’avais donc aucunement l’intention de faire ce que la femme venait de me dire dans l’état où je me trouvais.

Voilà plutôt ce que j’aurais voulu faire. J’aurais voulu aller chez le dentiste avec cette vieille dame ayant perdu la majorité de ses dents, j’aurais ainsi pu lui payer un beau dentier tout neuf. Une fois de retour au village, elle aurait pu exhiber fièrement sa nouvelle bouche à tous ses amis. Après coup, et c’est le cas de le dire, je me serais présenté devant elle et sans crier gare, je lui aurais pété chacune de ses nouvelles dents avec mon poing pour ensuite lui faire avaler le tout. On appelle cela de l’argent bien investi… mais bon, ce sera pour une autre fois.

J’ai donc quitté les environs de la nunnery et de l’hôtel complètement abattu alors que toutes les femmes riaient derrière moi. Je ne sais pas si elles riaient de moi ou quel genre de coutume douteuse et qui m’était inconnue cela pouvait être, mais cela ne faisait qu’augmenter ma colère.

Malgré tout ce que j’ai pu écrire dans les derniers paragraphes, en aucun moment je n’ai perdu mon sang froid (probablement parce que je n’avais plus d’énergie) et j’ai été courtois en tout temps.

J’ai donc arpenté les sentiers labyrinthiques du village, en demandant « homestay » à chaque personne que je rencontrais… en vain. J’étais alors rendu au plus bas du village à proximité de la rivière. Au moment où j’allais la traverser pour ne plus jamais poser les pieds sur cette berge, je me suis arrêté sec en me disant « ça ne se passera pas comme ça… tu vas retourner à l’hôtel et attendre que ce foutu manager se pointe… si il ne se pointe pas, tu n’auras qu’à tenter ta tente en plein milieu de l’aire de cérémonie une fois la nuit tombé pour faire chier les connes… euh… nonnes ».

J’ai donc remonté la montagne jusqu’à l’hôtel/nunnery. Quelle ne fut pas alors ma surprise d’y trouver le manager qui venait d’arriver. N’ayant plus assez d’énergie pour entretenir ma colère, j’ai alors tenté d’oublier les incidents et je me suis empressé de me reposer un peu.

Autrement, Lindshed possède l’un des plus gros monastère bouddhiste du Zanskar. Il y a donc plein de littles bouddhas partout en ville.

Autre fait inutile, l’hotel où je réside est aussi le magasin du village. Si j’avais à décrire le bâtiment, je dirais qu’une cabane de coureur des bois, à l’époque de la colonisation de l’Amérique, devait ressembler à cela. C’est surprenant tout ce qu’on peut trouver dans cet endroit. Bon, il y bien sur les désormais classiques (une tonne de biscuits, des bonbons, des noodles), mais aussi des choses inattendus comme de la teinture pour les cheveux (quand on pense que TOUT LE MONDE a les cheveux noir depuis la nuit des temps), des lunettes ayant des prescriptions, des graines pour planter dans le jardin, des stylos et des post-it…

Après ce qui fut probablement le pire souper qu’une personne a pu me préparer en Asie (du riz pas cuit avec de la salade pas fraiche, le tout sans aucune saveur) et que je me sois forcé à tout manger pour ne pas aller au lit le ventre vide pour une 3ème nuit d’affilée, j’ai gagné ma chambre.

Comme vous décrire cette pièce?!? Disons simplement que ma chambre pourrait s’apparenter à un bunker qu’on aurait bombardé la veille de mon arrivé; il y a des trous dans les murs de béton, je vois les étoiles dans le plafond… et elle ne sont pas peinturé… et on dirait qu’il y a une convention d’insecte près de la porte. N’empêche, ma chambre possède la seule chose qui occupe mes rêves depuis quelques jours; un matelas très confortable à même le sol… il est hors de question que je le soulève pour voir qu’est-ce qu’il y a en dessous… les ignorants sont bénis…

Jour 7 – QUAND DAME NATURE S’EN MÈLE

Info;
– Lindshed (4100m)
– SabkangLa Pass (4340m)
– HanumaLa Base Camp
– HanamuLa Pass (4720m)
– Snertse (3360m)

Nombre de kilomètres; +/-17km
Total: 104km

Description :
C’est sous les bèèèè que j’ai quitté Lindshed ce matin. En effet, à peine traversé la rivière que je me retrouvais submergé par une horde de gentils moutons. Je me suis alors amusé comme un fou puisqu’à la minute où je m’approchais de l’un d’entre-eux, la panique s’installait dans leur rang et ils prennaient la poudre d’escampette… au grand dam des éleveurs qui devaient les rattraper (je m’amuse avec ce que j’ai sous la main héhé). Je vous rassure, aucun mouton n’a été maltraité dans l’exercice et je ne me suis mis aucun éleveur à dos… en fait ils riaient tous de bon coeur avec moi.

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La forme dans tout ça; la plomberie tient le coup et j’ai mangé un peu ce matin… assez pour me mettre en route.

10h15 – Après 3h d’ascension, je pointe finalement au sommet de la SabkangLa Pass, montagne secondaire qui sépare Lindshed de la HanumaLa Pass, véritable bête. Tout au long plein de sentiers secondaires m’ont induits en erreur… j’ai même marché pendant une heure dans la mauvaise direction et grimpé une grosse montagne pour absolument rien… Heureusement, je me suis rendu compte de mon erreur.

3

Ajoutez à tout cela, qu’une fois rendu au sommet de la montagne, Dame Nature, qui ne collaborait déja pas depuis quelques jours (je suis sensé être au beau milieu d’un été aride et tout ce que je vois depuis le départ c’est un couvert nuageux opaque et de la pluie) était d’une humeur massacrante. Juste avant de redescendre de l’autre coté pour atteindre le camp à la base de Hanuma, je me suis fait acceuillir par la pluie batante…

Rendu à la teahouse située au pied de la HanumaLa, mes batteries étaient complètement épuisée et TOUT restait à faire. Le monstre que représentait HamunaLa se dressait désormais directement devant moi tel un mur et je pouvais apercevoir le sentier zigzaguant dangereusement jusqu’à son sommet. En me plissant les yeux, je pouvais même apercevoir un convoi de chevaux/ânes en plein milieu… Wow

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J’avais alors le choix de m’arrêter à la teahouse et y installer mon campement, ou avaler la pilule et monter la foutu montagne comme un grand. L’idée de rester une nuit dans cet endroit sans charme ne me disait rien qui vaille.

En rentrant dans la teahouse en quête d’un bon thé bien chaud, quelle ne fut pas ma surprise d’y trouver une slovène… virée complètement maboule. Elle séjournait dans cette teahouse perdue au milieu de nul part depuis bientôt 2 semaines. J’ai essayé d’avoir une conversation avec elle, mais elle n’arrêtait pas de dire « I need to finish my painting (je dois finir ma peinture) »… Oui oui… elle avait entrepris de peinturer chaque maudite pierre autour de la teahouse. Il fait avoir l’esprit attaché avec de la broche si on ne veut pas virer complètement fou après avoir passé trop de temps en Inde. Pauvre fille…

J’ai donc débuté l’ascension…

La première section était une prairie très abrupte, mais sans grande difficulté. Je me suis donné un rythme qui me permettait de bien respirer et j’ai monté le tout sans trop de problème.

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En revanche, la deuxième section était très technique et assez dangereuse, à contourner et marcher au travers de massifs rocheux très accidentés. Un faux mouvement à ce moment aurait pu résulter en moi qui se ramasse tout en bas de la montagne en quelques secondes. Entretemps, en plus de la pluie, la brume s’était aussi pointée, mais bon, tant que le vent ne se joignait pas à la partie, moi et mon équilibre précaire n’étions pas menacés.

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Puis, je suis arrivé sur un plateau. À partir de là, j’entamais la 3ème section, une plaine très inclinée où une chute ne serait pas mortelle.

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J’ai alors vu une espèce d’ouverture avec beaucoup de lumière un peu plus haut. Je me disais que comme hier ce serait un faux sommet, alors je ne m’emballais pas trop. Puis, j’y ai vu un monument avec des drapeaux de prière. Ça y était… j’étais véritablement rendu au sommet.

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J’ai ensuite entrepris ma descente dans une très petites vallées en forme d’entonnoir. La pluie avait alors cessé depuis quelques minutes, mais le mal était fait; j’étais gelé comme jamais. Il régnait un silence de mort que seul mes pas incertains et mon souffle lourd brisaient.

Durant au moins 3h, j’ai descendu cet entonnoir. Plus j’avançais, plus le gentil petit ruisseau se transformait tranquillement mais surement en torrent, tandis que les montagnes se rapprochaient et gagnaient en amplitude… si bien qu’au bout d’un moment, le sentier était devenu très abrupte et changeait constamment de coté de rivière… avec pour seuls ponts des roches glissantes et à demi/complètement submergés. En temps normal, j’aurais adoré cette section, mais nous n’étions pas en temps normal; j’étais malade, j’avais faim et j’étais gelé.

Puis, ne voyant pas le campement de Snertse arriver et surtout ne voyant pas la fin de cette vallée interminable, j’ai commencé à chercher un terrain de camping de fortune; trop en pente, de grosses roches, dans le lit de la rivière, parfait… mais juste en dessous d’une montagne qui me semble instable (donc très à risque de recevoir des pierres)… aucun site ne me semblait convenable.

Le campement n’était toujours pas en vue… puis, j’ai trouvé un site vraiment pas idéal, mais proposant un juste compromis; dans le lit de la rivière… mais en hauteur, terrain fait de semi-grosse roche (bonjour les courbatures demain) et montagne qui n’avait pas l’air hyper menaçante au-dessus. Bref, ce n’était pas le Hilton, mais je pouvais faire avec…

J’étais alors convaincu que le campement, et son teahouse/restaurant, se trouvait tout près (on verra bien demain), mais mes jambes tremblaient, ma concentration était très déficiente et je commençais à avoir de petites pertes de conscience… pas les choses les plus pratiques quand tu arpentes une section de sentier de plus en plus difficile.

J’ai donc installé mon vaisseau spécial au plus vite et je m’y suis réfugié. Je n’en menais pas large… j’étais complètement détruit; je me suis mit en boule, j’ai serré mon sac de toutes mes forces et j’ai relâché la pression… pour la 1ère fois de ma vie, je pleurais comme un bébé… et ce n’était pas parce que j’avais mangé quelque chose de trop épicé.

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Comment j’avais fait pour en arriver là?!? Par excès de confiance? Probablement…

Parce que, comme beaucoup de jeunes, je me crois invincible? Très certainement.

Quelques facteurs peuvent expliquer où j’en suis présentent; j’ai commencé le trek fatigué après mon trip de vélo éprouvant, le parcours est beaucoup plus difficile que j’aurais pu l’imaginer, la mauvaise température n’aide en rien et l’indigestion alimentaire que j’ai subit il y a quelques jours a laissé de grosses séquelles.

Je suis exténué, je souffre d’atroces crampes au ventre, j’ai même cru pendant un moment à une crise de l’appendicite tellement la douleur était vive, mon genou droit, amoché en vélo, est pire que jamais et mes 2 mollets me font un mal de chien. Tout homme a une limite et la mienne avait été atteinte. Depuis quelques jours, mon corps me criait du mieux qu’il le pouvait qu’il n’était plus capable de suivre la parade et moi je m’entêtais à ne pas l’écouter.

Une partie de moi voulait continuer la bataille, mais une partie de plus en plus grande ne demandait qu’à rester allonger jusqu’à ce que quelqu’un vienne à mon secours.

Désormais, mon seul objectif était d’atteindre Padum… qui se trouve au milieu du parcours à encore 2 ou 3 jours de marche. J’avais perdu toute joie de vivre… j’étais tout simplement en mode survie.

Pour l’heure, je ne souhaitais qu’une chose; dormir. J’espère simplement me réveiller en grande forme demain… ça fait 4 jours que je souhaite la même chose..

Jour 8 – REBORN (La renaissance)

Info;
– Snertse (3360m)
– ParfiLa Pass (3950m)
– Hanumil (3380m)

Nombre de kilomètres; +/-16km
Total; 120km

Description;
6h00 – Levé du corps. Celui-ci est curieusement Top Shape… mais bon, ça ne veut rien dire puisque j’étais aussi en grande forme hier matin et vous avez bien vu ce que ça a donné.

C’est donc l’esprit bien en place, le ventre extrêmement vide et la plomberie cousi cousa que j’ai fait mon sac en un rien de temps et que j’ai repris la route.

Comme je l’avais prédit la veille, j’ai gagné le campement de Snertse en moins de 20min. J’y ai fait la connaissance d’un couple d’allemands et d’un couple de sud-africains qui font malheureusement le trek dans le sens contraire. Ce fut une véritable délivrance d’avoir un bon déjeuner, du thé bien chaud et de piquer la jasette avec des gens… exactement ce qu’il me fallait pour me remettre sur les rails. Quand je me suis remus en route, on aurait dit que les derniers jours n’avaient jamais existés… j’étais prêt à affronter vents et marées.

Depuis hier, j’avais un doute à savoir si j’étais sur le bon sentier (je ne vous en ai pas parlé pour ne pas vous faire paniquer pour rien). Ils m’ont ainsi rassuré et m’ont aussi dit que le sentier était maintenant très linéaire jusqu’à Padum. Aussi, mis a part une dernière montagne difficile aujourd’hui, il n’y avait plus de difficulté par la suite. En quittant, ils étaient tous les 4 très impressionnés par la petite taille de mon sac et le fait que je faisais le trek tout seul…

Après un peu plus de 30min de marche, le sentier a débouché tout en haut d’une gorge qui donnait l’impression d’avoir été tranché au couteau (L’endroit me rappelait King’s Canyon en Australie ou le Grand Canyon aux États-Unis… en plus petit).

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Au croisement de 3 rivières, cette gorge a débouchée sur un petite vallée. Il fallait donc que je descende la montagne sur laquelle j’étais pour ensuite traverser la rivière et remonter toute la montagne de l’autre coté (la ParfiLa Pass). On ne change pas une formule gagnante, mainte et mainte fois testé depuis le Népal.

Puis, on descendant vers la rivière, un convoi de chevaux complètement affolés est arrivé derrière moi. Ils ont commencé à dévaler l’étroit sentier comme des boules de quilles. Vous faites quoi quand votre seule expérience avec des chevaux se résume à un film indien et que vous ne pouvez pas vous tasser pour les laisser passer?!? Vous criez de toutes vos forces WOOOO et ils arrêtent par magie? OUIIIII… pas plus compliqué héhé… dit-il avec un rire nerveux et une jambe qui tremble.

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Une fois en bas et avoir traversé un autre de ces ponts très peu stable et sécuritaire, il étant temps de s’attaquer à ParfiLa. Malgré le fait quelle pointe « seulement » à 3900m et que j’affichais ma meilleure forme physique depuis le début du trek, cette montagne m’en a fait baver un bon coup avec une pente très inclinée en permanence.

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Le truc pour monter une montagne à cette altitude, avoir un rythme constant (trouver son rythme) et ne pas s’arrêter… parce qu’à la minute où tu repars, tu es aussi fatigué qu’avant de t’arrêter.

Pour être bien sur de gâcher ma victoire sur ParfiLa, Dame Nature a ouvert les gicleurs un peu avant le sommet. Eille ma c@l!ss€, pas moyen d’avoir la paix une seule journée?!? Je suis au beau milieu d’un désert au cas où tu ne l’aurais pas remarqué. Si tu m’envois encore de la pluie demain, je jure que quand je vais monter au Paradis (parce que ma vie est exemplaire… euh… mmmm), je te trouve, je baisse mes pantalons (c’est en supposant quand nous ayons toujours une forme humaine) et je te pisse dessus. Tu vas voir ce qu’on ressent…

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11h15 – Je pointe finalement au sommet. Voila, la dernière des 7 Passes de la 1ère moitié du trek est derrière moi… il serait plus juste de dire qu’elle se trouve en dessous de moi.

Un peu avant de m’élancer vers une nouvelle vallée, un convoi d’ânes est passé, au plus grand bonheur de ma caméra. Après avoir échangé le traditionnel « Juley (bonjour) » avec les guides tout souriant, j’étais reparti.

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Je me trouve désormais dans la vallée de la Zanskar river, la rivière la plus importante de toute la région. À partir de maintenant, il ne me reste plus qu’à suivre la rivière jusqu’à Padum, la capitale et le centre de la Zanskar valley.

La vallée est très large et plutôt verte, tout en étant difficilement cultivable vu la présence de pierres de toutes tailles un peu partout. Le rivière a creusé un énorme sillon qui serpente en plein milieu de la vallée. Sur la droite se trouve le sentier, tandis qu’on peu apercevoir une route fraichement asphaltée et complètement déserte sur la gauche en flanc de montagne. À la vitesse ou les indiens travaillent, j’imagine qu’ils ont entamé la construction de cette route avant les pyramides d’Égypte… ils sont pires que des syndiqués…

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Aussi, aucun arbre ne pousse dans les environs. En fait, la dernière fois que j’ai vu un arbre, cela devait être lors du jour 1 ou 2 du trek. Cela veut donc dire que tous les matériaux ont été acheminés à un moment où à un autre par convoi.

Lors de la descente, j’ai rencontré beaucoup de groupes organisés allant dans le sens inverse; une bonne vingtaine de personnes. Ils avaient tous l’air de souffrir et certains me regardaient en disant que j’étais chanceux de descendre… Bon… Regarde ce que j’ai eu a monter ce matin pendant 3h alors que tu dormais, ton cote de montagne c’est de la tarte.

J’ai même rencontré un gars qui avait commencé le zanskar trek en vélo de montagne pour très vite se rendre compte que c’était du suicide. Il a alors engagé en « horseman » (un homme avec son cheval) et continué le trek à pied alors que son vélo voyage bien tranquillement sur des chevaux.

Un bon lunch de biscuits au chocolat et je me sentais ensuite d’attaque pour franchir le dernier droit jusqu’à Hanumil. J’ai beau encore avoir des Maggi (noodle) et des amandes et abricots séchés, juste de penser à en manger me donne le gout de vomir. Je m’abstiens donc…

Dans les derniers km, le sentier a quitté la plaine tranquille pour s’enfoncer dans le sillon de la rivière.

À un certain moment, une rivière s’est mise en travers de mon chemin. Depuis 2-3minutes, que je me tortillais l’esprit à savoir comment passer cette foutu rivière; « bon… je vais mettre le pied sur cette roche… ahhh non, ça marche pas… Ok d’abord, je vais essayer par ici… ahhh, ça marche pas non plus ».

Aucune de mes solutions ne me permettait de m’en sortir avec les pieds bien au sec…

Puis, en me tournant la tête, j’ai eu une idée de génie; « pourquoi ne pas utiliser le pont piéton qui se trouve à moins de 10m sur ma gauche » (Vous savez quand vous êtes complètement absorbé par quelque chose et que vous finissez par en oublier ce qui vous entoure).

Malgré tout, j’aurais presque préféré tenter ma chance avec les pierres. En effet, le tablier du pont était en béton et l’armature sortait par le bas et par le haut… l’ingénieur qui a designé ce pont est un crétin… pour les non architectes, pour que l’armature serve à quelque chose, elle aurait du être à l’horizontale et perpendiculaire à la rivière… ou à tout le moins simplement à l’horizontale.

Une dizaine de difficulté plus tard… parce que rien ne peut être facile au Zanskar… je voyais finalement Hanumil pointer à l’horizon.

Dans le dernier canyon à monter/descendre, j’ai surpris 4 belles petites chèvres en train de jouer à touche pipi sur le sentier le long de la rivière. Étant très étroit et en flanc de montagne, elles n’avaient d’autres choix que de prendre la poudre d’escampette vers l’avant au fur et à mesure que j’avançais. C’était très drôle puisque 3 d’entre-elles se sauvaient vraiment de moi, tandis que la 4ème ne faisait que suivre les 3 autres et essayait de les « monter » quand elles s’arrêtaient.

Je suis finalement arrivé à Hanumil, qu’il est impossible de nommer village… c’est plutôt le résultat de la popularité grandissante du Zanskar. En effet, l’endroit est un amoncellement de 2-3 campings et d’autant de guesthouses au seul endroit propice, comprendre dans une plaine sans roche, au camping entre Snertse et Pishu (village à environ 4-6 heures d’ici en direction de Padum). Autrefois, des randonneurs devaient s’arrêter ici et les locaux ont vite compris qu’ils pouvaient faire un peu d’argent. Bref…

J’ai beau camper dans un endroit remplit de randonneurs, ils font tous parti de groupes organisés… je me retrouve donc encore une fois tout fin seul… cette solitude commence à peser lourd.

Probablement que si la météo avait été belle et que mon estomac et moi avions filé le parfait bonheur, cela ne serait pas aussi lourd à porter (je parle toujours de cette maudite solitude), mais bon… c’est un présent alternatif qui n’existera JAMAIS.

Sur une note complètement différente et tout aussi inutile pour vous, quand je mets mon sac à dos le matin, je me surprends toujours à quel point il peut être léger… on dirait une plume. Je me dis toujours; « ben voyons, c’est pas ce sac qui m’a fait vivre tant de misère la veille… j’ai surement oublié quelque chose… ». Puis, les minutes de marche se transforment en heure et la gravité fait son effet, au point où il devient complètement insupportable… c’est pour cela que j’appelle mon sac à dos ma « pierre tombale ».

Bon… allez… sur ces pensées un peu lugubre, je vous souhaite bonne nuit et je m’enferme dans mon vaisseau spécial.

Jour 9 – VOYAGE DANS LE TEMPS

Info;
– Hanumil (3380m)
– Pidmo (3420m)
– Pishu (3420m)

Nombre de kilomètres; +/-16km
Total; 136km

Description;
Après avoir passé une nuit affreuse… mes problèmes de plomberie ont faits un retour TRÈS en force au milieu de la nuit… je me suis réveillé cousi-cousa.

Une fois 2-3 bonnes tasses de thé shootées avec une tonne de sucre enfilées, j’allais déjà mieux.

J’ai ensuite défait ma tenté et rangé tout le matériel dans mon sac en moins de temps pour dire « Le Canadiens ne gagnera pas la Coupe Stanley cette année »… comme si j’avais fait tous ces gestes toutes ma vie. C’est alors qu’un randonneur, faisant parti de l’un des tours organisés qui avait séjourné sur le même que moi, est venu me voir et je voyais très bien qu’il avait la figure pleine de points d’interrogation et qu’il voulait me poser des questions. Avant même que j’ai pu lui renvoyer son « good morning (bon matin) », il enfilait avec son questionnaire;

Allemand – « You travel alone?!? (tu voyages tout seul?!?) »

Moi – « Yep »

Allemand – « You only have this bag?!? (tu n’as que ça comme bagage?!?… en pointant mon sac à dos) »

Moi – « yep… sourire en coin »

Allemand – « I would like to know that me and my group admire what you are doing… we don’t have to carry our stuff, built/unbuilt our tent and taking care of our food and the trek is already difficult, so… (je voulais te dire que moi et mon groupe admirons ce que tu fais… nous n’avons pas à transporter notre matériel, faire/défaire notre tente ou encore nous préoccuper de la nourriture et le trek est déjà difficile, donc..) »

Moi – Thank you very much (merci beaucoup… un peu beaucoup pris au dépourvu par ce qu’il venait de me dire)

Lors de mon départ de ce campement, j’avais une dizaine de paires d’yeux qui me fixaient.

Sans vouloir être méchant avec eux, puisqu’ils m’ont fait un beau compliment… bon, je vais être méchant quand même… j’en ai vu sortir de leur tente avec des sacs de voyage plus gros qu’une poche de hockey ce matin quand ils remballaient leurs affaires… mais ils s’en foutent éperdument, ils mettent tout cela sur des chevaux/ânes. Ce n’est pas un vrai trek pour moi. Trek n’est pas sensé rimer avec grand luxe. Au contraire, tu dois faire avec les moyens du bord et transporter ce que tu peux porter… après tout, faire un trek est en quelque sorte pour se rapprocher de la nature, alors je trouve complètement stupide les tours tout inclus… mais bon, il y a probablement une partie de moi qui est jalouse d’eux aussi…

Sans aucune difficulté digne de ce nom, ma randonné d’aujourd’hui se résume à une marche dans une partie de la vallée complètement à l’état sauvage avec une rivière déchainée en son centre. Ce paysage, d’une brutalité folle, me fait beaucoup penser à l’Annapurna entre Jomsom et Tukuche. Mis à part quelques plantes typiques du désert, j’ai l’impression d’être le seul être vivant dans un grand espace s’étendant jusqu’à l’infini.

Puis, mes bottes ont foulé la terre de Pidmo, un petit et très ancien village entouré d’une grande muraille… Bon, c’est juste un muret de pierre, mais avec mon genou droit qui est au plus mal, ça a été un effort titanesque.

Tandis que tout est désertique à l’extérieur du muret, celui-ci ceinture une vaste étendue de blé avec en son centre le village composé d’une vingtaine de bâtiments faits de pierre/brique.

Le village était complètement désert quand je suis arrivé au centre du village. Il faut savoir que c’est le temps des récoltes à ce moment de l’année dans tout le Zanskar et tous les adultes (je ne sais pas à partir de quel âge on sépare les enfants des adultes) sont dans les champs à récolter le blé à la main… il n’y a aucune machinerie. Ils arrachent donc le blé, une tâche titanesque à arracher les brin à la main, pour ensuite faire de gros tas de foin. Une fois le tas assez gros, ils le mettent sur leur dos afin de la transporter en ville et de l’entreposer sur le toit des bâtiments. Une fois sur le toit, le blé est laissé à sécher pendant un bon moment et ils font ensuite je ne sais pas quoi avec. Je sais seulement que le blé est la seule chose qui pousse dans la vallée…

Exception faite de quelques vieillards, le village était désert à mon arrivée. Cela n’a cependant pas duré très longtemps. À la minute où je me suis assis sur un muret au centre du village, un enfant a alerté tous les autres enfants du village. En moins d’une minute, j’avais une dizaine de petites bêtes toutes crasseuses et puantes autour de moi… qui criaient « bonbon ». Désolé les enfants, je n’en ai plus… mais impossible de leur faire comprendre.

Il faut savoir que le temps des récoltes correspond à la période de vacances pour les enfants… pas d’école pour 2 semaines… les professeurs n’échappent pas à la corvée de travail dans les champs.

Je me suis donc arrêté quelques minutes pour écrire ces quelques lignes et reprendre mon souffle. J’essayais tant bien que mal de communiquer avec les enfants en essayant de savoir leur nom (je me tapais sur ma poitrine en disant mon nom pour ensuite les pointer… sans succès).

Peu importe, ils n’avaient qu’une seule chose en tête… ils étaient complètement hypnotisé par mon crayon écrivant dans mon calepin…

J’aurais tellement voulu prendre des photos de ce moment. Ce village s’est figé dans le temps il y a de cela quelques siècles, mais bon… manque de bol… et de batteries, je devrais m’en passer.

Juste avant de quitter à tout jamais le village, j’ai regardé tout autour de moi pour essayer de garder une empreinte dans ma mémoie. Je m’en veux tellement d’avoir pris plein de photos stupides auparavant. L’électricité est une rareté et je n’ai pas su gérer mes batteries convenablement pour que ma caméra soit prête quand un moment comme celui-ci survient…

J’ai donc poursuivis mon chemin en direction de Pishu… non ce n’est pas le nom d’un caniche, mais bien d’un village… à environ 3h de marche plus loin. Je retrouve ainsi la bonne vieille terre aride et les crottes d’animaux, qui avaient préférées contourner le village plutôt que d’y entrer. Déjà, un village se dessine à l’horizon…

À mon départ de Pidmo, l’un des enfants, le plus jeune, m’a suivit un bon moment sur le sentier. J’essayais tant bien que mal de lui faire comprendre de retourner à son village, il m’a suivit comme un petit chien durant une bonne demi-heure.

S’en est suivit un loooong sentier me faisant me creuser les méninges à tout moment en raison des nombreuses routes s’offrant alors à moi; monter en haut de la montagne ou suivre la rivière, etc. Je me suis alors dit dès le départ qu’il était hors de question de monter… jusqu’à ce que je n’ai plus le choix, j’allais suivre la rivière le plus près possible.

Anyway, dans le doute on fait quoi? On suit le sentier qui a le plus de traces de merde. Par contre, il fallait faire gaffe puisque beaucoup de moutons/brebis étaient dans les parages. Il ne fallait donc pas suivre les petites merdes, qui ressemblaient à des « closets », mais bien celles toutes rondes qui ressemblaient à des truffes… mmm…

Malgré le doute qui m’a habité tout le long, j’ai finalement rejoint Pishu après une très longue… trop longue… marche. Comme toujours, tu aperçois le village au loin et tu te dis que dans 1h, 2 max, tu y seras… et après 4h tu n’es toujours pas à destination.

Arrivé à Pishu, il était donc hors de question d’aller plus loin; j’étais crevé et Karsha, le prochain endroit, était à 3h de marche. J’avais quand même marché 6h le ventre creux; je n’étais pas dans mon assiette ce matin, c’est donc simplement avec l’estomac rempli de 2 tasses de thé que j’ai franchit la distance. Du gras de ventre, ça doit bien servir à quelque chose de temps en temps non?!? La réserve commence cependant à se faire très mince… il faudra penser à renouveler le stock un de ces 4.

Je me suis donc arrêté dans un camping très enchanteur en bordure de rivière. Directement de l’autre coté, se trouve le village de Zangla avec son vieux château perché sur un montagne en périphérie. Depuis très longtemps en ruine, c’était jadis le siège du royaume de Zanskar… il y a déjà quelques siècles.

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En arrivant là-bas, j’ai semi perdu conscience et je me suis effrondré par terre. C’est alors qu’une vieille dame, faisant parti d’un tour organisé qui passait alors une journée de repos là-bas, est venue à mes devants. Elle m’a offert de l’eau, des biscuits et une oreille pour écouter la loque humaine que j’étais me vider le coeur. C’est l’une des rares personnes qui a été gentille avec moi tout le long du trek et je ne peu qu’être très reconnaissant envers le temps qu’elle m’a accordé.

Après un peu de repos et une fois mon esprit retrouvé, je suis allé me promener dans le village un peu plus haut… à la recherche de nourriture. Village d’assez grande dimension, Pishu est un véritable bijou. Si Pidmo m’avait impressionné, ce village me scie en 2. Je me croirais téléporté tout droit au Moyen Age. Ces gens là ne vivent pas du tout à la même époque que nous.

Se promener dans les rues… euh.. je devrais plutôt dire LA rue… au travers des bâtiments en briques peintes à la chaux est un moment qui me restera en mémoire longtemps. Le seul hôtel… et probablement le plus beau bâtiment du village, serait probablement trop infecte pour servir de ferme pour les animaux au Canada.

Fait cocasse, il y a des tonnes de galettes de merde partout. Vous savez pourquoi? Je crois vous avoir déjà dit qu’il n’y a pas d’arbres dans les environs… eh bien, c’est leur moyen de combustion… en d’autres mots; ils font des gallettes de merde durant l’été, les fonts sécher et une fois l’hiver et le froid arrivés, ils les foutent dans le feu et ça brule très bien.

Comment quelqu’un peut-il avoir quelconque crainte à mon endroit… je suis tout maigrichon, j’ai une barbe affreuse et je suis tout sale… j’ai l’air inoffensif… euh (lire le sarcasme… en fait je comprend très bien l’objection de ces gens).

Nous sommes présentement au milieu de l’après-midi et j’aimerais beaucoup pouvoir vous faire partager en photo la scène; je suis les 2 pieds sortis de ma tente, je mange plein de biscuits (mon lunch), 3 ânes broutent de l’herbe à moins de 2 mètres devant moi, des indiens s’amusent à jouer au criquet au travers des tentes (il y a beaucoup de gens ce soir au camp où je suis… tous des groupes organisés). Un peu plus devant, il y a la rivière et droit devant en arrière plan se trouve le vieux château. Ahhhhh… et ajoutez qu’ils y a des moutons un peu partout… sales bêtes qui bèèèèè constamment.

En fin de journée, la vieille dame, qui était venue à mes devants quand je suis arrivé au camping, est revenue me voir pour me dire qu’elle avait essayée de m’inviter à leur souper, mais que certains membres de son groupe s’était objectés…

Avant d’aller me coucher, je me suis forcé d’ingérer la moindre particule du souper infecte que m’a servi l’indien en charge du camping. Même si chaque bouchée me donnait des frissons de dégout, je voulais mettre quelque chose de solide dans mon estomac. Puis, il a eu le culot de me demander si j’aimais ca… tu penses que je vais te répondre quoi chose bine… que c’est infecte?!? J’ai répondu que c’était délicieux.

Fin de journée… donc il doit être 18 ou 19h… je rentre dans mon vaisseau spécial et tout l’univers s’efface autour de moi. Il ne reste plus que cet espace d’au plus 1,5m x 2,5m.

Même si je suis en train de faire un trek, quelque chose que j’adore faire, je ne me sens pas du tout dans mon élément présentement. Depuis le début, tout est orienté en fonction des groupes organisés. J’ai croisé quelques voyageurs en autonomie comme moi, mais trop peu et tous allant dans le sens contraire. Sinon, la très grande majorité des gens ont 50ans et + et sont dans des groupes organisés gros luxe. J’ai osé demander à 2 d’entre eux, faisant parti de 2 groupes différents, comment ça leur coutait; l’un d’eux m’a dit 4000rs/jour et l’autre 6000rs/jour. C’est donc environ 100$/jour pour un trip de 2 à 3 semaines… bouffe incluse, cuisinier, ânes pour transporter le matériel, guide, tente, etc. À titre comparatif, avec l’achat de ma tente et de mon sleeping, mes 3 semaines vont me couter environ 200$…

Pour terminer cette journée sur une bonne note, avez-vous déjà vu une femme toute menu courir comme une demeurée après un taureau qui ne voulait rien savoir? Moi oui…

Pauvre fille, je l’ai vu courir après son taureau un bon 20min sans jamais être proche de l’attraper. Je me demandais bien comment le tout allait finir quand ils ont tous les 2 disparus de mon champ de vision… mon interrogation n’est donc toujours pas répondue héhé.

Je vous laisse là-dessus pour aujourd’hui…

Jour 10 – SUR LA ROUTE

Info;
– Pishu (3470m)
– Rinam
– Karsha (3660m)

Nombre de kilomètres; +/-18km
Total; 154km

Description;
Réveil après une journée complète et une nuit entière sans problème de plomberie… HOURA. Bon, je meurs de faim, mais c’est maintenant devenu parti intégrante de mon quotidien alors il n’y a rien de spécial…

Aujourd’hui, le programme est très simple; je n’ai qu’à suivre les traces pour me rendre jusqu’à Padum via Karsha, mon arrêt probable pour la nuit. Cependant, ce ne sont plus des traces de merdes, mais bien des traces de pneus et le fil qui chante (fil électrique)… je me rapproche définitivement de la civilisation… quelle genre de civilisation, on verra bien.

Aussi, nul doute dans ma tête, il ne pleuvera pas… il fait un soleil d’enfer. J’aurais aimé avoir un cheval pour galoper au plus vite cette étendu vaste et aride. Il faut avoir la « couenne » dur et beaucoup de volonté pour vivre dans cette partie du monde.

Le long de la route, le village de Stongle et son magnifique monastère, encore une fois perché sur une montagne, défilaient devant mes yeux. Ça a l’air très beau… mais aussi très haut… et comme je l’ai déjà dit, une fois que tu as vu l’intérieur d’un monastère, tu les as tous vu.

Un peu plus loin, j’ai pu apercevoir Padum au plus bas et à l’extrémité Sud-Est de la vallée (j’arrive en provenance du Nord). Le centre économique, politique et géographique de la région se trouve à la rencontre des 3 vallées, et incidemment des 3 rivières, qui forment le Zanskar. Derriere Padum se trouve une chaine de montagnes avec de gigantesques glaciers à leur sommet… qui ne semblent attendre qu’une seule occasion pour dévaler jusqu’en bas.

Malgré tout, la route est encore longue jusque là. Plus j’avance et plus la vallée s’agrandi. Stongle, que je viens de dépasser, est à plus de 20km de Padum et je distingue parfaitement beaucoup plus loin de part et d’autre.

Puis, au détour d’un vallon, j’ai finalement distingué Karsha, ma destination du jour. Caché des regards jusqu’à la dernière minute, c’est l’un des endroits les plus connus du Zanskar et du Ladack, pas nécessairement par les touristes, mais par les locaux; le village possède l’un des monastère bouddhiste les plus gros et des plus impressionnants.

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Situé à plus de 9km et à l’opposé de Padum dans la vallée (à l’Ouest), le village se trouve sur une colline formant un espèce d’amphithéâtre et donnant une vue sur l’ensemble de la vallée. Pour sa part, le monastère est admirablement disposé en cascade directement sur la falaise tout juste derrière, lui donnant probablement le plus bel endroit de toute la vallée.

La vallée étant une plaine jonchée de cailloux et de roches de toutes dimensions, je n’imagine pas le travail incroyable que les premiers habitants ont du effectuer pour libérer les quelques acres de terres à peine cultivable et encore, ces terres ne sont pas propices à la culture étant essentiellement un mélange de cailloux.

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Karsha est de loin la plus grande agglomération que j’ai pu croiser depuis mon départ de Leh; il y a une route pavée, des magasins et plus important encore… une belle guesthouse avec la TV et de l’électricité à la journée longue. Je croyais bien ne plus jamais revoir cela de ma vie… depuis Manali que je n’en avait pas vu. Depuis 10 jours, pour moi le mot civilisation veut dire… avoir de l’électricité produite par une génératrice… C’est donc tout un choc.

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À mon arrivé, j’ai passé quelques heures à regarder des émissions du style Fear Factor indien (je m’en foutais, je regardais la TV et surtout je ne marchais pas) avec le jeune bouddha qui séjournais dans la maison… en ayant du thé et de grosses miches de pain à volonté… le PARADIS

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C’est aussi la 1ère fois que je me vois dans un miroir depuis mon départ de Leh. Ça fait peur… mon nez y a particulièrement gouté… heureusement que j’ai une barbe pour camoufler mes traits sinon je ressemblerais à un mort vivant. Bon, pour ce qui est du miroir, je m’en serais passé puisqu’il m’a permit de constater que je n’ai quasiment plus que la peau sur les os et qu’en plus je ressemble à un vieillard avec ma barbe touffu. En fait, si je me voyais dans la rue et que le moi barbu essayait d’aller parler au moi normal, JAMAIS dans 100ans, le moi normal ne voudrait adresser la parole au barbu. J’ai l’air d’un pomé qui a passé beaucoup trop de temps en Inde… en fait c’est exactement le cas. Autant j’ai bien souvent cette étincelle dans les yeux, autant maintenant mes yeux sont vides…

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Et puis, en rechargeant mes appareils électroniques, je me suis rendu compte que ma carte SD (mémoire de ma caméra) manquait. Pris de panique, j’ai fini par faire le lien avec moi ce matin qui ouvrait sans cesse ma caméra pour chauffer la batterie avec mes mains et ainsi gagner quelques photos supplémentaires. Sans m’en rendre compte, elle a du glisser tout juste avant mon arrivé à Karsha puisque mon appareil ne peut pas prendre de photo sans carte mémoire.

J’ai donc refait le chemin que javais emprunté ce matin jusqu’au muret du village quelques kilometres plus loin, afin de voir si une miracle ne pourrait pas se produire. Après tout, j’avais bien retrouvé mon iphone par 2 fois sur les plages de Goa après l’avoir perdu. Rien n’est impossible pour qui veut bien y croire (ou quelque chose comme cela).

De l’autre coté du mur, j’ai aperçu quelque chose de petit, carré et noir. Tout plein d’espoir, je me suis approché et… ahhh non… une simple roche. J’ai refait le même exercice sur le retour… toujours en vain.

Au mieux, quelqu’un la ramassera et dans 20-30ans, donc lorsque l’ordinateur arrivera ici, ses ancêtres verront ce qu’il y a à l’intérieur. Au pire, elle finira dans la bouche d’un animal ou écrasée sous une semelle.

C’est donc dire que j’ai perdu 3 jours de photo du trek (les jours 4, 5 et 6), soit les plus beaux paysages de cette première moitié du parcours. De toutes les photos que j’avais pu prendre et que j’ai perdues, 3 choses me manqueront; le vieux monsieur qui était à mon camp lors du jour 4 et qui m’a tendu une pelle pour que je creuse une tranchée autour de ma tente, le panorama de mon campement le jour 5 et tout le jour 6… probablement le plus beau jour du trek, avec la superbe vu depuis MargumLa, la découverte de Lindshed et l’impressionnante montagne que j’allais avoir à monter derrière. Mais bon… une fille rencontrée à Shimla s’était fait dérobée un sac comprenant toutes les photos de ses 6 premiers mois de voyage. Elle m’avait dit que les voyages ne devait pas simplement se resumer à prendre des photos… ce qui est très vrai… il y a aussi l’écriture héhé. Tandis que le paroles et les photos s’envolent, les écrits restent. Je me console aussi en me disant que les choses auraient pu être pire… je suis toujours en vie.

En fin de journée, je me suis décidé à retenter une dernière fois des recherches sur le sentier… sans aucun succès encore une fois. Cela m’a cependant permis de prendre de superbes photos de la vallée, notamment de Padum. Seul étranger dans tout le village, j’y était l’attraction. J’ai donc piqué une jasette avec quelques ainés, en plus de m’amuser avec les enfants. Plus tôt dans la journée, j’avais fait le plein de biscuits au magasin du coin et j’en distribuait allègrement à tous… en échange de photos.

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Il y a notamment ma petite madame qui a rapidement compris le truc et qui m’attends à la sorti de la maison où je suis hébergé… petite futée… mais bon, je lui pardonne, elle était tellement sympathique.

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Quand j’ai voulu leur montrer les photos que j’avais prises d’eux, je me suis agenouillé à leur niveau et ils m’ont littéralement submergé comme un ballon au milieu d’une partie de rugby. Puis, clou du spectacle, s’en est suivit une corrida de moutons/chèvres/brebis/peut-importe dans la rue.

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Cette heure passé à déambuler dans Karsha est à placer très haut dans mes plus beaux moments du voyage. De voir la joie sur le visage des enfants quand je leur donnais un biscuit… sans gout et qui ferait reculer de mépris un enfant occidental… WOW

Aussi, tout comme celles de l’Annapurna au Népal, je trouve les jeunes femmes de la vallée de Zanskar très attirantes. Cela va surement faire rire mon père, parce que j’ai toujours dit que je n’était pas intéressé par les asiatiques… ce qui est vrai… mais pour chaque règle, il y a une exception.

Bref, j’en marierais une sur le champ si elle acceptait de prendre une douche. Pour celles trop jeunes, j’en adopterais bien une demi-douzaine pour les ramener au pays et les sortir de leur pauvreté. Ce serait probablement un bon investissement, puisque comparativement aux enfants occidentaux, qui ont tout cuit dans le bec (et je m’inclus dans le lot), de simples biscuits font leur bonheur, elles ne se plaignent jamais, sont très travaillantes, disciplinées et surtout… elles savent faire la cuisine et la vaisselle héhé.

À mon retour à la guesthouse, la famille m’a invité à partager leur souper. J’étais donc bien assis dans la cuisine à me faire bourer de bon pains frais, de très bon « milk tea » et de vraiment pas bon « butter tea » (du thé salé… très populaire ici… on tournera pas autour du pot; c’est dégeulasse… mais quand tu es l’invité et qu’on t’en sers, tu le bois avec le sourire) pendant que toute la famille, c’est donc dire mama, little bouddha et une jeune adolescente, préparait le souper en jasant et chantant (dans les 2 cas je ne comprenait rien et je me contentais de sourire et de bouger de la tête).

Un peu plus tard, nous nous sommes tous déplacé dans la salle de séjour pour manger et regarder la télévision. À ce moment, un vieil homme, le mari qui travaillait au champ, s’est joint à nous. Peu importe le poste que la petite fille syntonisait, c’était complètement absurde. je l’ai déjà dit dans une chronique antérieure, mais il fait à tout prix que vous écoutiez une émission ou un film indien dans votre vie. Même si vous ne comprendrez absolument rien, vous allez rire un bon coup. C’est à faire passer « Les feux de l’amour », « Dynastie », « Top Modèle » et autre téléroman savon de fin d’après-midi pour des drames avec une trame narrative soutenue.

Puis, comme si ce n’était pas assez, avant que le soleil ne disparaisse, le ciel s’est teinté de rose et le sommet des montagnes, enveloppés de glacier, représentait le dernier endroit où les rayons jetaient leur emprise sur la vallée. C’était magnifique… Au fur et à mesure que le soleil disparaissait, la neige des glaciers commençait à fumer.

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De l’autre coté du ciel, la Lune, presque pleine, était déjà installé bien haute et n’attendait que le signal du grand metteur en scène pour tirer le rideau, tout scintillant d’étoiles, sur cette journée haute en couleurs.

J’aime tellement l’endroit que je songe à rester un jour de plus. Ça me fait du bien d’être entouré d’une famille comme la leur. En plus, ils me font sentir comme l’un des leurs. Après tous ces moments très pénibles des derniers jours, si cela a eu 1 seul point positif, c’est que cela m’a beaucoup fait réfléchir à ce qu’il y a de plus important dans ma vie, c’est à dire ma famille, mes amis, et ce que je veux faire du reste de ma vie..,

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Je ne suis pas en train de devenir cul cul, c’est simplement que sans aucunement dramatiser, j’ai bien cru que j’allais y rester. Dans quelques semaines, toute cette histoire sera chose du passé et je recommencerais surement à me penser invincible et à faire des choses insouciantes… mais pour l’instant je n’en suis pas là.

On a tous besoin, à un moment où à un autre dans notre vie… qu’on soit une grosse brute ou un joueur de flute à bec… que quelqu’un nous prenne dans ses bras et nous disent d’une voix rassurante « ne t’en fait pas, tout va bien aller » (même si ce n’est pas nécessairement vrai). Eh bien, j’en avait désespérément besoin cette semaine et cette famille est la chose la plus proche que j’ai trouvé d’un coleux.

Pourtant quelqu’un de très émotif (pas dans le sens de pleurer, plutôt dans le sens d’impulsif/colérique/etc.) je suis du genre de la vieille école quand vient le temps de montrer de l’affection. Je profite donc de la situation pour dire à mon père Dominique, à ma mère Jeanne-Mance, à mon frère Francis et à ma soeur Aimyly… la future prof de frensait; je vous AIMES… bien.

Nahhh, quoi de plus poche que quelqu’un qui te dit « je t’aime bien ». Sans farce, je vous AIME.

Aussi, Faf, Franko, Ben, Oli, toute la bande de Qc… je commence à avoir hâte de revoir vos faces de cul. Solitaire de nature, je ne me suis jamais senti aussi seul que dans mon vaisseau spécial perdu au milieu de nul part entre Lamayuru et Padum à des miles de toutes personnes qui parlait ma langue.

Bon, vous pouvez ranger les violons… Pour paraphraser Will Smith parlant à Martin Lawrence dans le film Bad Boy II après que ce dernier lui ait confiés ses problèmes de couple; « on va prendre toute cette histoire, on va mettre ça dans une petite boite, on va la cadenasser… et la lancer dans l’océan. Après cela, TU NE ME PARLES PLUS JAMAIS DE ÇA OK. Grand sentimental ce Will…

Je délaisse donc le plancher des vaches pour un bon lit douillet l’instant d’une nuit.

Jour 11 – STOP

Info;

Karsha (3660m)

Nombre de kilomètre; 0km

Total; 154km

Description;

À partir du moment où le soleil a commencé à se pointer le nez, le père de famille où je suis hébergé a commencé à chanter un mantra long de 2 phrases. Il l’a récité non stop dans la maison durant 2h. Peu importe, après quelques minutes, c’est devenu une espèce de mélodie, comme les oiseaux dehors… et je me suis rendormi.

J’ai encore ce matin le même dilemme que j’avais hier; je reste un autre jour ou pas?!? Je suis trop bien ici et une journée de plus me ferait le plus grand bien. En revanche, mon tempérament me commande de bouger…

Afin de faire mijoter le tout encore un peu, j’ai été piqué une jasette aux avec les vieilles pierres du monastère dominant le village. C’était plus facile à dire qu’à faire puisque la promenade a consisté à monter et monter et monter des marches. Cependant, comme peu d’autre monastère où je suis allé, ça en valait le coup. Ici, dans ce coin très reculé, ils prennent très au sérieux la religion et être consacré moine n’est pas un moyen pour échapper à la pauvreté, etc. comme cela pourrait l’être autour de Leh. De toute façon, tout le monde vit pas mal au même niveau, il n’y a pas vraiment de riche et pas vraiment de pauvre non plus… chacun travaille pour la subsistance de sa famille et ils s’autosuffisent pour la grande majorité des choses.

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Bref, revenons au monastère. Construit au 10ème siècle de notre ère, il y a donc plus de 1000ans, arpenter les ruelles se relève une véritable leçon d’histoire en 3 dimensions; portes hyper petites, ruelles sinueuses formant de véritables labyrinthes, bâtiments donnant l’impression de tomber de la falaise… mais qui sont probablement dans cet état depuis des siècles, etc. Puis, tout en haut se dresse le temple. De par sa position, il domine complètement la vallée et offre une vue imprenable. Attention par contre… peur du vertige s’abstenir. Les garde-corps ils ne connaissent pas.

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Preuve que la religion est prise très au sérieux, le temple ouvrait à 7h, je suis arrivé en haut à 7h20 et je n’ai croisé AUCUN moine. Pourtant, ils sont plus de 100 à résider ici. Dans les autres monastères où je suis allé, on pouvait en voir flâner pendant la cérémonie du matin.

J’étais donc TOUT FIN SEUL à arpenter les rues d’un endroit plusieurs fois centenaire. Cette heure là dans à me promener dans le monastère de Karsha m’appartenait… mon moment dans l’histoire.

9h – Après un bon déjeuner en compagnie de la charmante famille qui m’héberge, j’ai décidé de me reposer un jour de plus ici. J’adore l’endroit et j’ai besoin de repos.

10h – Bien déterminé à aller faire un tour à Padum pour voir le village, acheter des cossins et surtout essayer d’entrer en communication avec ma mère via internet (j’ai entendu dire qu’il y avait internet), j’ai lacé mes bottes, mis mon foulard sur la tête (je ressemble à un motard, mais au moins je parais plus propre) et j’ai attaché ma gourde à ma taille. Puis, je me suis élancé dans la ruelle. À peine 10m de franchit, je me suis arrêté sec et je me suis dit « de la marde Padum » et je suis retourné à la maison… au grand soulagement de mon genou droit qui criait littéralement victoire. Autant j’aimerais donner signe de vie à mes parents, autant j’ai beaucoup plus besoin d’une journée sans marcher. La raison l’emporte donc sur le coeur.

Même en voyage on a besoin de décrocher et de rien faire. Il fait super beau dehors (moi qui peste contre la pluie depuis le début du trek), mais je n’ai pas l’intention de lever le petit doigt et je sortirais de ma chambre simplement quand j’entendrais « lunch/tea/diner ready (le lunch/thé/souper est prêt) » et pour aller voir le coucher de soleil rosé vers 19h ce soir. De toute façon, je ne suis pas en reste dans ma chambre puisque j’y ai une superbe vu de la vallée.

Je vais donc profiter de cette journée pour faire la chose que j’aime le plus faire quand je ne me fais pas souffrir à marcher des kilomètres… écrire. Puisque je devais restreindre l’utilisation de mon IPhone à la simple prise de photo afin d’économiser au mieux les batteries, j’ai écrit toutes mes notes de voyage un peu partout; dans mon guide, sur des bouts de papiers trouvés un peu partout et surtout, et ça va en faire grincer quelques-uns des dents, dans le livre que je li actuellement; « Annapurna; Premier 8000 », livre chaudement recommandé par mon ami Julien Fumard lors de notre trek au Népal, qui raconte l’histoire de l’équipe d’alpinistes français qui a conquit le premier sommet de plus de 8000m (il y en a 14 dans le monde), c’est-à-dire l’Annapurna en 1950, soit 3ans avant la conquête de l’Everest. Ce récit poignant est raconté par le l’expédition et montre combien les rêves les plus fou sont réalisables. En bout de ligne, il faut simplement y croire jusqu’au bout des doigts et mettre tout son coeur dans l’aventure…

Donc Julien, si tu lis ces lignes, saches que j’ai adoré la lecture (je l’ai même trouvé en français… en Inde héhé), mais que maintenant il est devenu difficile à lire (j’ai écrit partout où je pouvais; entre les lignes, sur les cotés de pages, etc.)

Puis, au milieu de l’après-midi, un orage d’une violence inouï s’est abattu sur la vallée. Bien que Karsha n’ai eu que les soubresauts, était un peu en périphérie, le vent était impressionnant. Qu’est-ce que ça fait un vent violent dans un environnement désertique? Une tempête de sable… BINGO.

J’étais donc hyper content de mon choix de rester ici un jour de plus. Si j’avais marché ou si j’étais allé à Padum, j’y aurais goutté.

Encore une fois aujourd’hui, je semble être le seul blanc dans les parages. Je ne sais pas pourquoi c’est ainsi… Probablement que les gens ont trop peur de s’aventurer en dehors des « sentiers battus » et de risquer. Pourtant, il n’y a ABSOLUMENT rien à craindre. La chose la plus dangereuse ici est moi et de loin. Peu importe, je ne me plaindrais pas d’être le seul blanc dans la place, au contraire, je chéri la situation. Quelle privilège d’avoir trouvé un endroit aussi extraordinaire et d’être à l’écart de la manne touristique et des tours organisées.

À mon 2ème soir à la maison, il y avait 2 moines pour souper avec nous. Eh bien dans les 7 autour de la table, j’étais le seul avec la mère à ne pas recevoir/envoyer des textos avec un cellulaire.

Aussi, vous devriez voir la face de mes hôtes quand, après avoir déjà pris 3 assiettes de Rice’n Dal (du riz avec une espèce de purée sur le dessus) je dis que je suis plein et que ce sera assez. Ils me font alors une de ces faces que ma mère me faisait lorsque je n’avais presque rien mangé dans mon assiette quand j’étais jeune… Eille chose, mon estomac est plein que veux-tu que j’y fasse.

Enfin, peu importe le moment où je suis sorti de la résidence aujourd’hui, il y a toujours cette très vieille femme sur son toit à corder du foin.

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Pour l’heure, c’est le moment du bilan de la 1ère moitié du trek;

10 jours de marches, 7 passes de plus de 4000m franchit et plus de 150km de marche.

La première moitié du trek est donc terminée et le plus dur est désormais derrière moi… en théorie. En effet, la grande majorité du trajet à faire est plat sauf une dernière ascension à la toute fin… réputée comme étant la plus difficile du parcours.

À bien des moments, j’ai cru ne jamais arriver jusqu’à Padum/Karsha. J’ai plutôt sincèrement cru y laisser ma peau.

Pour vous donner une idée, une journée typique était comme si vous disais « voici ce qu’on va faire aujourd’hui, on va aller au Massif de la Petite Rivière dans Charlevoix et puis on va monter 2 pentes à pied… pas de tricherie, je parle des pentes qui vont du chalet au fleuve et non celles qui s’arrêtent à mi-hauteur… Ahhh, et au lieu de commencer au niveau de la mer, le départ se fera à 3000-4000m… Ajoute dont un sac de 5-8kg sur ton dos tant qu’à y être… Enfin, je te donne 6 heures pour faire tout cela (pauses, lunch, etc. inclus).

Jour 12 – PADUM TERRE PROMISE

Info;
– Karsha (3660m)
– Padum (3570m)

Nombre de kilomètres; 10km
Total; 164km

Description;

5h00 tapant – Mon sac est prêt depuis la veille, j’enfile mes bottes et je quitte définitivement Karsha. Je commence la seconde moitié de mon trek right f$ck!ng now…

Burp… Tabarn… (bruit de gars qui coure à la toilette pour vomir)

Je n’ai pas enfilé mes bottes et mi mon sac à dos sur mon dos… NON. Le réveil a plutôt été très pénible, tout comme la nuit qui l’avait précédé. Disons que d’être cloué au lit à 7h du matin, ne faisait pas parti de mon plan de match. C’est alors que le père de famille s’est aperçu de mon état et a commencé à s’occuper de moi en m’apportant des tasses d’eau bien chaude et de la soupe.

Jusqu’à hier soir, je n’avais pas réussi à cerner qu’est-ce qui avait causé ces problèmes de plomberie qui me suivent depuis. J’avais certains doutes, mais rien de probant… mais je sais depuis maintenant quelques heures la cause exacte. En effet, tout de suite après avoir pris mon souper hier soir, je suis allé au lit. Quelques heures plus tard, donc en plein milieu de la nuit, mon estomac a encore une fois explosé… symptôme I D E N T I Q U E à la première fois. En vous épargnant les détails, disons que j’ai passé plus de temps dans la salle de bain (si on peut appeler une pièce non finie avec un trou dans le plancher une salle de bain) que dans mon lit. Bref, la galère…

Remontons quelques heures auparavant vers 21h à l’heure du souper de famille… le souper était de la thukpa, une espèce de soupe avec des pâtes très consistantes à l’intérieur (pour ceux qui ont déjà mangé de la thukpa au Népal ou dans le reste de l’Inde, ça n’a rien à voir avec le thukpa du Zanskar). Enfin bref, la seule autre fois où j’ai mangé ce repas, c’était il y a une semaine lors de mon campement près de la teahouse à la Base de la SenngeLa Pass… soit quelques heures avant que mon estomac explose pour la 1ère fois. Cela ne peut pas être le simple fruit du hasard…

Durant cette nuit « magique », j’imaginais ce que devait être la scène dans mon corps. Voici le genre de conversation que pourraient avoir le contremaitre Enzyme et son assistant à l’arrivé des morceaux de Thukpa dans mon estomac…

Assistant – Chef, on a un chargement bizarre en approche. Je ne crois pas que ce soit de la nourriture…

Chef – Zzzz
(se fait réveiller par son assistant)

Chef – Quoi… C’est déjà la nuit?!? Notre quart est terminé?!?

Assistant – Non chef, bien au contraire. Il y a un chargement très bizarre qui vient d’arriver. Je doute que ce soit de la nourriture…

Chef – Qu’est-ce que tu racontes… Nicolas devait avoir 7 ans la dernière fois qu’il a mangé quelque chose qui n’était pas de la nourriture…
(puis le chef s’ouvre les yeux)
NON D’UNE PIPE…

Assistant – Et il en rentre encore…

Chef… en panique (au cas où vous ne le sauriez pas, les Enzymes sont des organismes syndiqués… le chef n’a donc pas été désigné chef par compétence, mais bien en raison de son ancienneté…) – Euh… expédie ça aux intestins, ils vont savoir quoi faire j’en suis sur…

Assistant – Sans les « traiter » au préalable?!?

Chef – Fait ce que je dis… ouvre la trappe et ship moi ça en bas.

Pendant ce temps dans les intestins…

Enzyme anonyme – Grande quantité d’objets inconnus en approche…

Chef (à son affaire) – Ataboy… mais qu’est-ce que l’estomac nous envois… Allez les gars, liquéfiez-moi tout ça et que ça saute et contactez les gars au Colon pour leur dire de laisser le Péteux ouvert jusqu’à nouvel ordre…

[…]

Enzyme anonyme – Chef… l’estomac ne cesse de nous en envoyer… on ne peut pas fournir…

Chef – Sceller la trappe nous reliant à eux jusqu’à nouvel ordre… C’est €st! de syndiqués du dessus vont voir c’est quoi travailler pour une fois… Il n’est pas question qu’on fasse toute leur job…

Dans l’estomac…

Assistant – Chef, les intestins ont scellé la trappe et il en rentre encore…

Chef – QUOI?!?

Assistant – Je crois qu’on dev…
(interrompu par son chef)

Chef – Je ne vois qu’une solution; il faut renvoyer ça à la surface…

Assistant – J’ai peut-être une solution…

Chef – Trop tard pour les solutions… il faut agir (pèse sur le bouton éjection)

Et voila… ça devait ressembler à cela.

20 aout – 8h20 – Après quelques heures de galère, j’allais un peu mieux et j’ai décidé de continuer mon chemin. Même si je sais que mon estomac va me faire vivre des moments pénibles dans un proche avenir, je suis en train de virer fou à ne rien faire, j’ai besoin de bouger…

Je quitte donc Karsha le cœur lourd (cette famille va me manquer), l’esprit serein, les jambes fraiches et l’estomac qui prépare son prochain attentat. L’instant de 2 jours, j’ai eu l’impression de faire parti d’une famille et que des gens se souciaient de mon sort. Bon, ne partez pas en peur, je sais très bien que ma famille se soucie de mon sort, mais je veux plutôt dire d’avoir quelqu’un à proximité de moi qui fait de même. J’avais l’impression que le père de famille, de l’endroit où j’étais hébergé, se souciait de moi comme de l’un de ses fils. C’est assez drôle puisque si j’avais séjourné chez quelqu’un qui avait agit ainsi à tout autre moment de mon voyage, j’aurais pété ma coche, mais à ce moment précis, c’est exactement ce dont j’avais besoin après les jours très pénibles que j’ai vécus.

S’en est donc suivit une promenade de 2h dans une plaine aride et sous un soleil à nouveau de plomb pour gagner Padum.

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La route était une alternance entre des plaines rocheuses et de petits villages perdus, à me faire achaler encore et toujours par les foutus mouches… Celles-ci, plus que la fatigue, la maladie et la chaleur combinés, sont en train de me faire craquer. Je  les entends siller autour de moi et je les sens se poser sur ma peau, sur mes lèvres, dans ma barbe, au milieu des yeux (on appelle ça un nez… ahhh merci)… et ça me rend fou.

Finalement Padum, Terre Promise auquel j’ai tant rêvé durant mes moments difficiles de la dernière semaine, j’y étais finalement rendu.

Aussitôt arrivé que je voulais déjà lever les feutres…

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Cet endroit n’a aucun charme, je dirais même qu’il comprend à très petite échelle tout ce que je déteste de l’Inde; c’est bordélique, ya du monde qui veulent te vendre plein de cossins dans la rues et le bruit, notamment les klaxons, est constant. Je me félicitais donc d’avoir pris ma convalescence à Karsha plutôt qu’ici. Ne restait plus qu’à acheter quelques trucs pour la suite de mon trek et ensuite continuer mon chemin.

Padum est en fait une très longue rue bordée de commerces de toute sorte. Outre les touristes, pour qui c’est un passage obligé, étant une espèce de rond point où les sentiers/routes culminent, il y aurait 3 raisons pour venir à Padum si j’étais un habitant de la vallée; 1. Je veux acheter des choses, 2. Je veux vendre mes récoltes, etc., 3. J’habite ici et je suis un vendeur/acheteur travaillant dans l’une des shops. Autrement, il n’y a AUCUNE raison d’y mettre les pieds. Comme partout en Inde, le principal problème demeure que malgré la quantité industrielle de commerce, ils vendent tous la même maudite chose où à peu près. Ma ville de Padum idéale serait quelques hôtels, 1 magasin général, 1 magasin de textile et 1 café internet… That’s it.

À peine sorti de Padum que le cœur me levait et que d’horribles crampes d’estomac faisaient leur apparition… à nouveau. J’ai alors pris ma carte… j’ai regardé la distance qui me séparait du prochain village… j’ai lancé un regard de dégout vers Padum tout juste derrière moi… j’ai regardé ma carte de nouveau pour être sur qu’un phénomène magique ne s’était pas produit depuis 10 secondes et que le village suivant n’était pas hyper proche d’ici… j’ai remis ma charge sur mon dos… et je suis retourné la queue entre les jambes… ben oui toé… vers Padum à la recherche d’un hôtel.

Après seulement quelques minutes de recherche, je tombais sur quelque chose de complètement inespéré dans pareil endroit; un hôtel ayant l’électricité à la journée longue (même à Leh et Manali c’est du jamais vu), avec une chambre spacieuse, air climatisé et tenez-vous bien… 2 choses que je croyais avoir imaginés tellement ça fait longtemps que j’en ai vu; un bol de toilette et une douche (avec eau chaude en plus). WOW.

Quand on regarde froidement les choses, ce n’est pas une si mauvaise chose de rester à Padum.

Premio; je vais passer la journée à retranscrire/mettre au propre mes épisodes (il y en a pour 1 mois depuis que j’ai quitté Manali). J’aurais eu à la faire un jour ou l’autre avant de partir de l’Inde.

Deuzio; j’ai commencé ma journée à 8h30, ce qui est beaucoup trop tard puisque vers 10h, le soleil tape déjà. Une bonne nuit de repos (on l’espère) et je partirais a 5h.

Tercio; même si la ville me dégoute, j’aurais peut-être la chance de donner des nouvelles à ma mère en fin de journée via l’un des cafés internet… si ils fonctionnent, qui doit beaucoup s’inquiéter puisque son fils n’a pas donné signe de vie depuis bientôt 2 semaines (internet n’allait finalement pas fonctionner de la journée).

J’ai quand même marché 10km aujourd’hui… dans un désert et sous une chaleur de plomb. C’est quand même pas mal pour quelqu’un qui ne se sent vraiment pas bien. Et vous à la maison, qui peut me dire qu’il a marché 10km aujourd’hui?!?

Avis aux intéressés, pas besoin de faire un trek pour se rendre à Padum, Karsha et les environs. Depuis 20 ans, il existe une route ouverte entre la mi-juin et la mi-septembre, qui relie Leh et Srinigar au centre de la vallée via Kargil. Le cout du transport est cependant très cher.

Jour 13 – PAS D’EXCUSE

Info;
– Padum (3570m)

– Bardan

– Mune

– Reru (3790m)

Nombre de kilomètres; 24km
Total; 188km

Description;

Prise II – Bien reposé, gavé comme jamais depuis quelques semaines, l’esprit vif, les jambes cousi-cousa (mon genou droit broie encore du noir) et le sac à nouveau rempli de provision… qui ont du gout cette fois (meule de fromage, biscuit, sac de sucre, etc.). J’ajouterais même que mon linge est propre… euh… à tout le moins beaucoup plus propre qu’il ne l’était.

Aujourd’hui, aucune excuse ne tient… « ouais mais j’ai mal à mon bebon »… « y fait trop chaud »… « y pleut a siaux ».

Oh non… Ça commence à faire.

Je quitte donc la magnifique vallée comprenant Padum, Karsha, Stongle, etc. pour enfiler dans une gorge suivant une rivière et qui me conduire éventuellement à Darcha, dernier stop de mon trek.

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Allez les pieds, vous savez quoi faire, je ferme mon cerveau et je vous suit.

8h50 – J’ai déjà 13km dans le corps puisque la Bardan Gompa, petit monastère perché sur un étrange rocher coincé entre le bord de la rivière et la route, est désormais à coté de moi. Assez impressionnant. Au même moment, le soleil se pointe, même un aveugle aurait pu le remarquer tellement une tonne de mouches font leur apparition à la seconde où les rayons du soleil me frappent.

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J’aurais très bien pu prendre un jeep jusqu’à Reru, comme la plupart des randonneurs font, mais bon, je ne suis pas la plupart des randonneurs, j’en suis un entêté qui s’était dit qu’il allait marcher coute que coute tout le sentier… et c’est ce que je vais faire.

S’en est suivit une promenade d’un peu plus de 15km jusqu’à Reru, dernier endroit où la route se rend depuis Padum, en passant par le village de Mune, le long d’un sentier très monotone.

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1h15 –Il m’est impossible d’aller plus loin… je n’en peux plus. Je décide donc de m’arrêter pour la nuit à Reru.

Je suis à me promener dans les ruelles du village et je ne souhaite qu’une chose; je n’ai aucune envi de dormir dans ma tente ce soir, je veux tomber sur une gentille homestay… ce qui arriva quelques minutes plus tard… pas avant d’avoir eu mal à partir avec 3 kids vraiment intransigeants qui voulaient des bonbons coute que coute.

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J’éprouve un tel sentiment de libération à déposer mon sac. Je suis stoïque puisque mon esprit, mes jambes et mon estomac savent très bien qu’à partir du moment où il n’y a plus de sac sur mon dos, on ne va pas plus loin.

Vers 5h, après un après-midi complet de farniente, l’homme de la maison est venu m’apporter une gigantesque assiette de riz avec des légumes (quand même bon si il n’avait pas échappé la salière dedans) en me lançant « little lunch… diner at 7 (petit lunch… le souper est à 7h) »… euh ok, tu veux que j’ingère tout ce riz qui pourrait nourrir une famille et on remange dans 2h… oufff. Je testais donc mon estomac pour la 1ère fois depuis ma rechute (je n’avais pas pris de change depuis le début de la journée… seulement des biscuits) sans savoir où se trouvait les toilettes… Heureusement ça a passé. Je suis donc sur le chemin de la guérison… à nouveau. Pour l’heure, je ne suis qu’une vulgaire enveloppe corporelle qui n’a plus aucune âme à l’intérieur…

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Fait cocasse, l’homme n’arrête pas de m’apporter du « milk-tea (thé au lait) », mais je suis convaincu que c’est du chocolat chaud… ce n’est pas moi que va m’en plaindre… mmm du chocolat.

C’est fou comment depuis le début du trek je n’ai aucun appétit. J’ai peine à finir mes assiettes et je mange très lentement. Ce serait très dur à croire pour toutes les personnes avec qui j’ai voyagés puisque je me suis souvent fait passé la remarque que je mangeais trop vite et beaucoup trop… en prenant bien souvent une seconde assiette, et bien souvent une troisième… pour enfin finir l’assiette des autres. Mon manque d’appétit s’explique présentement par 2 facteurs; la maladie et le fait que la bouffe est TRÈS MAUVAISE.

19h – L’homme entre dans ma chambre avec un grand sourire et me présente le repas « this is a traditionnal food in Zanskar… a Thukpa (voici un plat traditionnel au Zanskar… une Thukpa) ».

Euh…

J’en suis resté bouche bée. Mon pire ennemi depuis le début du trek qui me faisait face. Juste de voir l’assiette me donnait le goût de vomir. Ne sachant pas trop quoi faire et ne voulant surtout pas offusquer mon hôte en ne mangeant pas son assiette… qui a du lui prendre du temps à préparer… j’ai pris mon plus bel air de gars tout excité et je l’ai remercié.

Heureusement pour moi, il n’est pas resté à coté de moi pour me regarder la manger. Une fois seul dans la chambre, je me suis empressé de trouver une solution. De 1, il était HORS DE QUESTION que je bouffe cette saloperie. De 2, il fallait que je m’en débarrasse pour faire semblant que je l’avais mangé. De 3, il m’était impossible de sortir dehors avec le plat parce que mon hôte m’aurait vu.

Pense vite, pense vite…

Les plantes dans le coin de la pièce! Nah, je ne peux pas leur faire ça. Ça peut vomir des plantes?!?

Je l’ai… je vais utiliser une de mes bouteilles d’eau en plastique… nahhh… ce serait un travail de moine de faire passer la soupe et les morceaux par le petit goulot.

Ça y est… ma tasse de café « I am Canadian », qui me sert à entreposer en sureté tous mes appareils électroniques durant mon voyage… Dans le temps de le dire, j’avais vidé ma tasse et je l’avais rempli de cette affreuse soupe… En sortant marcher tout à l’heure, j’irais vider la soupe dehors… Problème résolu en répondant à tous les objectifs…

Finalement, comme si ce n’était pas assez, j’ai été convié à partager le souper de famille vers 9h. Je n’avais encore une fois aucunement faim, mais j’étais cette fois devant toute la famille. J’ai donc essayé de faire honneur un temps soit peu à mon assiette. Il y avait par contre une chose très intéressante sur la table… un plat de yogourt (ou curd comme il appelle ça). On aurait dit qu’ils savaient pour mon estomac (pour ceux qui ne le savent pas, le yogourt est bon pour les problèmes d’estomac). Cette assiette là, elle a passé au cash et j’en ai même redemandé…

Une fois de retour dans ma chambre, j’ai commencé à me sentir mal quand j’ai compris que je couchais dans la chambre des 3 petites filles de la famille. Celles-ci allaient dormir sur le plancher de la cuisine cette nuit à cause de moi… mais bon, en revanche, je donnerais à la famille une centaine de roupies qui leur seront très utile.

À noter aussi que comme c’était le cas de la famille qui m’hébergeait à Karsha, ce n’est ni le père, ni la mère qui s’occupe des tâches ménagères et de la cuisine, c’est plutôt la plus vieille des filles qui doit avoir tout au plus 13-14ans. Les parents sont plutôt occupés à travailler dans les champs toute la journée.

Jour 14 – PURNE COUTE QUE COUTE

Info;
– Reru (3790m)

– Ichar (3810m)
– Pepula

– Tsetan

– Surle
– Kalbok

Nombre de kilomètres; 18km
Total; 206km

Description;
5h45 – Réveil… ce matin, je suis là de corps et d’esprit. Pour la 1ère fois depuis… je ne me rappelle pas quand… ça me tente de marcher.

En laissant Reru derrière moi ce matin, j’ai aussi laissé la route. C’est donc dire que la prochaine fois que je verrais une ligne noire tracée par l’homme, c’est que mon trek sera terminé et que je serais sur le chemin du retour (grand soupir… je suis encore loin de là).

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Quoique relativement plat, le sentier était très difficile à négocier et dans une zone propice aux éboulements. Je dois en plus faire gaffe à ne pas me transformer moi-même en éboulement et ainsi me ramasser dans la rivière puisque le sentier se trouvait souvent dans des sections assez inclinées et faites de pierres. Une chance que j’ai des bottes qui montent jusqu’en haut des chevilles sinon je me serais déjà foulé une demi-douzaine de fois la cheville droite (pourquoi la droite et pas la gauche… allez dont leur demander).

8h50 – Le très beau village de Ichar, perché sur la colline de l’autre coté de la rivière, est désormais tout juste derrière moi. À en croire ma carte… et je la crois… j’aurais fait le ¼ du chemin jusqu’à Purne… autre manière de dire que j’ai encore beaucoup de croute à manger…

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Mon avant-midi s’est résumée à suivre le sentier en montagne russe; une minute je me trouvais tout en haut de la montagne et la minute d’après je longeais la rivière en contrebas.

Chaque zone d’ombre était alors pour moi l’objet d’une immense joie, l’équivalent d’un oasis dans le désert. Je profitais aussi de chaque chute d’eau que je pouvais croiser pour caller ma bouteille d’eau, la remplir à nouveau et tremper ma tête dans l’eau fraiche… j’ai oublié de dire qu’il fessait encore aujourd’hui un soleil d’enfer.

Peu avant que 11h fasse son apparition, j’ai rejoint Pepula, l’endroit où j’avais prévu de luncher. Disons que l’endroit n’était pas du tout comme je le supposais; ce n’est pas un village, mais bien une simple cabane en pierre/terre cuite sur le bord de la rivière. Je déteste quand ma carte m’indique des teahouses comme si c’était des villages… ils n’auraient pas pu faire 2 signes différents? Pour couronner le tout… l’endroit était désert. J’ai tellement faim que ça me donne le gout de vomir. L’intérieur du bâtiment me faisait penser à une vieille prison mexicaine comme j’ai pu en voir souvent dans les films de mon enfance.

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À ce moment, j’étais un peu perplexe; malgré ma bonne forme physique, il m’avait fallu 4h30 pour parcourir la moitié du chemin. Autre chose qui me laissait perplexe, depuis mon départ de Padum, soit il y a bientôt 2 jours, je n’avais pas encore croisé un seul randonneur; ni groupe organisé, ni randonneurs en solo/duo, etc.

Une fois remis en route, le prochain objectif était Tsetan. J’ai tout de suite aperçu le village trèèèèès loin devant et ce qui a été un dur coup pour ma motivation.

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Puis, après l’ascension d’une très bonne cote, un village, que je n‘avais pas vu auparavant, s’est pointé le bout du nez… Tsetan. Quel bonheur, je m’étais trompé… Cependant, comme je l’ai souvent dit, voir c’est une chose, mais y être c’est autre chose.

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En effet, entre moi et Tsetan se trouvait un canyon très profond qui a vite fait de couper les ailes toutes neuves qui avaient poussées dans mon dos. Comme les ponts suspendus à haute altitude n’ont pas encore été inventés ici… je vous laisse deviner la suite.

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Après le village, le sentier était en pente descendant jusqu’à aussi loin que je pouvais le voir. Cependant, je me doutais bien que Zanskar devait s’être gardé quelques cartes en réserve afin de me mettre des bâtons dans les roues. En effet… quelques canyons par-ci, par-là ont tôt fait d’agrémenter la fin de ma journée.

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À ce moment, toutes les parties de mon corps avaient abandonnées, ne voulant que s’affaisser à l’endroit où je me trouvais. Toutes… sauf mes jambes qui répondaient encore présentes. Je me donnais donc des objectifs à court terme; va chercher le village/la grosse roche, etc.

3h30 – Je suis à Kalbog, dernier village avant Purne. J’ai rarement été aussi à bout de force. Pour rejoindre Purne, il me reste encore une bonne heure de marche, mais je ne m’en sens pas capable. Puis, je tombe sur un bâtiment sur lequel il est écrit « Hotel/Restaurant ». Au même moment, je vois un homme s’arrêter de travailler dans le champ tout près pour venir à ma rencontre. Il m’ouvre son magasin et sans une seconde d’hésitation, je m’empare de 4 bouteilles d’eau de 1L et je commence à les caller une après l’autre. Il faut savoir que je n’ai pas trouvé de source d’eau convenable cet après-midi et que je n’ai pas pris de chance avec l’eau qui était louche. Bref, j’avais la bouche et la gorge toutes sèches depuis longtemps déjà.

Au même moment, tout content de me voir, un petit bonhomme m’a tendu une corde à danser pour que je joue avec. Comment dire non à un enfant vivant seul avec ses parents au milieu de nulle part quand j’ai 4 nouveaux litres d’eau près à être utilisés dans le corps?

Le vieil homme m’a ensuite accompagné à ma chambre en me disant « take rest… diner later (prend un peu de repos… je reviens avec le souper plus tard) ». Ouin, j’aurais bien pris le souper tout de suite moi…

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Un peu plus tard, alors que je venais à peine d’oublier ma faim, ça a cogné à ma porte « diner ready (le diner est prèt) ». Mon premier repas de la journée était servi… on m’a souvent dit que c’était le plus important héhé…

Tout content, je me suis empressé de descendre, je me suis assis et on m’a servi une superbe assiette. En temps normal, elle n’aurait pas durée 2min parce que ça semblait appétissant. Malheureusement, nous n’étions pas en temps normal et même si je n’avais pas mangé de repas digne de ce nom de toute la journée, je n’avais aucun appétit et je prenais chaque bouchée avec dédain en mastiquant une éternité…

Après plusieurs minutes de travail, j’avais mangé une toute petite portion et s’en était assez. En fait, mon corps n’avait qu’une seule envi; régurgiter au plus vite tout ce que je venais d’avaler. Complètement désespéré, je me disais que si je n’étais même plus capable d’avoir de l’appétit pour quelque chose que je trouvais bon… c’était le début de la faim.

J’ai donc lancé un cri du cœur à mon cerveau et mon estomac. Les gars, on est sensé former une équipe. Si toi le cerveau tu me cris à tue-tête toute la journée que tu as faim et qu’une fois l’assiette servi, monsieur l’estomac ne veux pas manger, ça ne marche pas et ça ne peut surtout plus continuer comme cela…

Depuis quelques jours, toutes mes pensées vont à essayer de me rappeler ma vie d’avant le trek. Tout n’est qu’un très vague souvenir. J’ai l’impression de marcher, souffrir et crever de faim depuis le début de l’éternité. Je me rattache à la simple idée que chaque pas me rapproche de Manali et qu’arrivé là-bas, je serais sauvé et je pourrais manger comme un ogre et que je n’aurais plus à marcher.

Jour 15 – PREMIER CONTACT

Info;
– Kalbok

– Phugtal (3930m)
– Purne (3810m)

Nombre de kilomètres; 16km
Total; 222km

Description;
7h00 – Départ de Kalbog à l’aube d’une journée facile. Hé oui, si journée facile durant mon trek il y a, ce sera aujourd’hui; le plan est de longer la rivière à mi-hauteur d’une falaise très escarpée.

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Devant moi et de l’autre coté de la rivière se trouve un magnifique plateau tout vert. J’avais envi d’aller courir dans cette belle plaine, mais je ne pouvais pas me permettre de dépenser ma précieuse énergie à des activités frivoles.

Puis, Purne s’est finalement pointé à l’horizon… ENFIN

Arrivé à Purne, quelle ne fut pas ma surprise de rencontre 2 jeunes français (Thibaud et Clémentine) qui faisaient le trek sans guide ni porteur… dans le même sens que moi. Il vaut mieux tard que jamais…

Vous ne pouvez pas savoir quel bonheur j’ai pu ressentir simplement à discuter avec eux… je n’étais plus seul. Quelle délivrance de pouvoir partager mes souffrances avec des gens qui me comprennent parce qu’ils sont passés par là eux aussi.

2 bonnes omelettes plus tard, je laissais mon bourreau de sac à dos au camping de Purne et j’entreprenais de faire une petite excursion jusqu’à Phugtal, en dehors du sentier principal, l’un des monastères les plus connus de tout le Ladack.

Pendant ce temps, mes nouveaux copains, qui avaient déjà été voir le monastère la veille, ont continué leur chemin. Nous avons cependant convenu de nous rencontrer à Kargiak dès demain. Pour eux, ce sera 2 journées plutôt relax, alors que pour moi, après une journée assez tranquille en perspective aujourd’hui, je vais prendre les bouchées doubles et faire 2 journées en 1 demain.

Le sentier de Purne à Phugtal en était un des plus intéressants; très bien aménagé, rien à voir avec ce que j’avais pu parcourir jusqu’à maintenant, je me promenais au fond d’une vallée pleine de couleurs. Je me sentais alors léger comme un oiseau… En fait, c’est probablement la plus belle (dans tous les sens) section de parcours que j’ai eu à emprunter depuis le début du trek.

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Puis Phugtal… qui est tout aussi impressionnant que l’on me l’avait décrit. Le monastère a été construit en flanc de montagne…

« ouain pis, tu fais juste ça nous parler de monastère en flanc de montagne… »

Attendez un petit peu… laissez moi finir… Je disais donc; construit en flanc de montagne… et À MÊME la montagne (dans le roc). Tout en étant émerveillé par le complexe, mon regard était surtout attiré par l’arbre qui se trouvait au sommet de la montagne, tout juste au-dessus du monastère. Rien ne poussait à cette hauteur, sauf ce feuillus en pleine forme et tout vert. Cela ne devait pas être le fruit du hasard.

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Aussitôt vu, aussitôt reparti…

J’ai donc refait mes pas dans le sens inverse de Phugtal à Purne pour ensuite me la couler douce au camp tout le reste de la journée.

Pour une journée de congé, j’ai quand même fait 16km de marche.

Jour 16 – CATCH ME IF YOU CAN (Attrape-moi si tu le peux)

Info;
– Purne (3810m)

– Yal
– Testa (3960m)

– Tangtse (3980m)

– Thable
– Shi (Khee)

– Kargiak (4130m)

Nombre de kilomètres; 22km
Total; 244km

Description;

6h00 – Ma tente et tout mon matériel déjà bien rangés, je me prépare à commencer ma grosse journée de travail.

Bonne nouvelle, mon estomac, qui me faisait mal depuis que le monde est monde, ne me fait plus souffrir (que ce soit en raison de la maladie ou de la faim). Tellement que je n’ai plus aucune crainte de faire des prout prout… ca fait du bien de ne pas avoir à serrer les fesses parce que je ne sais pas si c’est un « ami » ou un « ennemi » qui s’en vient… je vous rassure, je n’irais pas plus dans les détails héhé…

Comme je vous l’ai expliqué un peu hier, aujourd’hui je suis en mission; je dois rattraper mes 2 copains français.

8h30 – Après un peu plus de 2h, je pointe mon nez dans les vertes prairies entourant Testa, le plus grand village à l’Est de Padum dans la vallée de Zanskar. Attention, « le plus gros » ne signifie pas « gros »… c’est simplement le plus gros des petits villages. Je fais cette section de trajet en 2h de moins que mon guide ne me l’indiquait.

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En arrivant à Testa, 2 enfants sont venus m’accueillir avec le désormais habituel « bonbon »…

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Puis, sans avoir rien demandé, une famille m’a invité à venir prendre le thé et partager leur déjeuner. Difficile de refuser… surtout quand tu n’as pas déjeuné le matin même héhé.

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Quelques minutes de repos et je reprenais ma corvée de marche. Je semblais alors marcher dans un champ qui s’étendait jusqu’à l’infini. Mon seul guide; les nombreuses stupas blanches… je sais qu’elles se trouvent sur le bord des routes alors je me dirige vers elles puisque le sentier est difficile à suivre.

Au fil des heures, le sentier m’a conduit dans des champs, de chaque côté de la rivière et dans 2 villages des plus intéressants; Tangste et Thable.

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Après Thable, le sentier empruntait désormais le lit de la rivière avec un immense glacier droit devant.

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Le prochain village était ma destination. Il était sensé se trouver au tournant de la montagne…

Ahhh non, pas celle la…

Donc comme je disais, il était sensé se trouver au tournant de la montagne…

Ahhh pas la non plus…

Il se trouvera ou il se trouvera maudite marde…

Trouvant le camping un peu trop dégelasse, j’ai décidé de continuer en ville afin de trouver un homestay. Après tout, c’était le dernier village avant la fin du trek, autant en profiter un peu.

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En ville, il n’y avait aucune trace de mes amis français. On m’a ensuite dit qu’ils étaient passés un peu plus tôt et qu’ils avaient continué leur chemin. Je ne leur en veux pas, moi aussi je veux finir au plus vite ce trek. Je vais vraisemblablement les rattraper demain ou un autre jour avant la fin.

Ma recherche d’une homestay n’a pas pris 2 secondes. À peine j’avais dit le mot homestay qu’un petit garçon (qui aurait été cute s’il n’avait pas eu un gros filet de morve qui lui sortait du nez) et une petite fille me prenaient par la main pour m’amener dans leur maison. Puis, le petit gars s’est mis en tête de me faire un lunch… 3h30pm, mon estomac criait NON, mais ma bouche lui disait « Just a little bit (juste un peu) ».

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Pendant qu’il cuisinait, j’étais complètement dégouté; il se mouchait avec ses mains à tout moment. Heureusement, après coup il mit le tout à cuire sur le four… Au moment de me servir, et juste avant que je puisse dire NON encore une fois, il a ajouté des pickles homemade (piments faits maison). Ça y était, je le sentais… j’allais à nouveau avoir des problèmes de plomberie…

Il s’est ensuite installé à 2 pouces de moi et m’observait attentivement. Comment ne pas manger ce qu’il venait de me servir… je me suis donc mi à l’ouvrage… mmmm… la catastrophe annoncé s’est finalement transformé en l’une de mes trop rare expérience culinaire au Zanskar. Qui l’eu cru, ce petit bonhomme venait de me servir le meilleur plat que j’ai pu manger depuis des semaines. Les homemade pickles étaient tout simplement succulent, le riz était parfaitement cuit et le Dal (espèce de purée) était délicieux.

Il ne restait plus qu’à attendre le verdict de mon estomac dans quelques heures. C’est au moins bon signe puisque j’ai eu de l’appétit pour la première fois depuis des lunes et j’ai fini l’assiette en un temps record, sans avoir à mâcher pendant des heures pour faire passer le tout…

Puis, le père et la mère sont revenus complètement exténués de leur travail dans les champs. Sans rien comprendre à la conversation, je savais que j’étais au cœur du débat; les enfants m’avaient invité à coucher chez eux sans avertir leurs parents. Je me contentais donc de sourire. Puis, les 2 parents ont fini par me regarder avec un grand sourire et me dire JULEY (salutation).

Sinon, cette expérience de coucher dans une maison avec une famille typique du Zanskar, comme je l’avais fait précédemment à Karsha et à Reru, est la chose que j’aime le plus faire depuis le début de ce trek. Ça coute le même prix ou presque que de dormir dans ma tente et en plus l’expérience est bonifié par le fait de pouvoir partager, l’instant d’une soirée, la vie de ces gens et de pouvoir en apprendre davantage sur eux.

En arrivant à la résidence, j’avais confiée mon IPhone à la petite fille afin de le recharger. Sans m’avertir, elle était allée le porter à son école (seul endroit où il y a de l’électricité dans le village). Au coucher du soleil, voulant faire une pierre 2 coups (récupérer mon téléphone et prendre des photos du village), j’ai décidé d’aller le chercher moi-même.

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Quelle ne fut pas ma surprise de tomber sur 2 femmes Tchèques à peine plus vieilles que moi. Elles étaient professeures à l’école du village depuis début juin et ce, jusqu’à la fin octobre. Elles m’ont ainsi expliqué que l’école avait été construite il y a quelques années par un organisme de la République Tchèque et qu’elle était depuis gérée par ce même organisme. En fait, la très grandes majorités des écoles de la vallée de Zanskar ont été construites et sont gérées par un pays occidental.

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Elles m’ont aussi expliqué que les enfants du Zanskar vont à l’école « obligatoire » (offert dans les écoles de la vallée) jusqu’à la 8ème année et qu’ensuite, si ils veulent continuer, ils doivent s’expatrier à Manali, Leh, etc.

De retour dans ma famille d’accueil, j’étais à moitié endormi sur mon matelas (mon lit est un matelas dans un coin de la cuisine) en regardant le petit gars faire à souper (il fait savoir que le souper au Zanskar n’est pas avant 9h). J’étais émerveillé par ce qu’il était capable de faire; durant près de 3h, il a manié tous les instruments de cuisine d’une main de maitre.

Puis, la frousse m’a pogné; « et si ce qu’il était en train de préparer était de la Thukpa ». Après tout, à chaque fois que je me suis retrouvé dans une famille et qu’ils ont voulu « m’impressionner » avec un plat typiquement zanskarien ce fut ça. Ahhh non… il s’est donné tant de mal durant toutes ces heures… il est hors de question que je mange une autre thukpa de ma vie. Dans mon cerveau, ce nom se situe au même niveau que celui d’Hitler; dans la catégorie génocide.

L’instant tant appréhendé était arrivé… il me servait une assiette… pleine de momos… WOW (l’un de mes plats favoris)

Jour 17 – QUAND LES TORRENTS SE DÉCHAINENT

Info;
– Kargiak (4130m)

– Lakang Sumdo
– Lower Lakang (4470m)

Nombre de kilomètres; 14km
Total; 258km

Description;
5h30 – Les parents, qui dormaient à coté de moi, se lèvent pour préparer le déjeuner afin d’aller travailler dans les champs au plus vite.

Aujourd’hui l’idée est de se rendre jusqu’à la base de la dernière difficulté du parcours. Cela ne devrait donc pas poser problème.

Moi qui voulais partir tôt pour éviter que le soleil me plombe sur la tête… c’est raté. Le garçon a tellement tardé à me faire a déjeuner que j’ai fini par perdre patience… à 7h, j’ai pris 2 chapatis (pain), je leur ai donné de l’argent et je suis parti.

Le sentier longeait toujours la rivière dans une vallée verdoyante, parsemée d’une tonne de roches venu à un moment où à un autre du sommet d’une des montagnes. Droit devant moi, au fin fond de la vallée, se dressait un super pic rocheux qui pointait vers le ciel. Dans quelques heures, celui-ci serait derrière moi comme tous les autres avant lui…

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Environ 2 heures après mon départ, je me suis arrêté pour finalement prendre mon déjeuner (biscuits et chapatis). Quelle ne fut pas ma surprise de voir surgir 2 randonneurs derrière moi qui étaient en réalité… mes 2 copains français. Ils étaient arrivés à Kargiak environ 1h plus tôt que moi la veille et avaient été dans un homestay différent du mien. Ça fait tellement du bien de faire parti d’un groupe composé de plus de 1 personne…

Nous avons donc continué notre chemin en remontant la rivière… puis en remontant la rivière… et finalement en remontant la rivière. Puis, toujours en remontant la rivière (vous me suivez toujours), la vallée a bifurquée vers la droite et le sentier se retrouvait désormais dans le lit de la rivière.

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Il y avait alors un sentier sur la rive gauche et un autre sur la rive droite. La carte de Thibaud indiquait de suivre la rive gauche et la mienne la rive droite. Comme nous étions sur la droite, nous avons décidé de continuer dans cette veine.

Comme un bon film dramatique, où on ne peut pas prévoir la fin avant… la fin… nous avons très vite compris que nous avions fait le mauvais choix et que le sentier principal était en vérité sur la rive gauche. Il était cependant hors de question de rebrousser chemin. Cela voulait donc dire qu’à un moment où à un autre, nous aurions à traverser la rivière, qui s’était depuis transformée en delta… composée de plusieurs petites rivières au courant très rapide… mais nous étions convaincu qu’il y aurait un pont.

Alors que la vallée tirait à sa fin, il a fallu se rendre à l’évidence qu’il n’y avait aucun pont pour rejoindre l’autre rive… il faudrait donc se mouiller… et pas à peu près… dans de l’eau descendant directement des glaciers et donc très froide.

S’en est suivit la recherche d’un endroit propice pour traverser… Il n’y en avait pas.

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Nous avons donc recherché l’endroit « le moins pire » pour traverser… Il n’y en avait pas non plus. Pas moyen d’échapper au très fort courant et à l’eau jusqu’au genou et plus.

Les quelques tests que moi et Thibaud avions tenté s’était tous sensiblement soldé par le même résultat; on réussissait à franchir quelques rivières, mais à un moment où à un autre, l’une d’entre elle avait un courant beaucoup trop rapide et à la minute où l’on posait le pied dedans, on manquait perdre pied. Nous avons donc mis tous nos appareils électroniques et objets de valeur dans mon sac étanche et nous avons décidé de traverser peu importe les conséquences.

Dire que la traversé a été laborieuse serait un euphémisme; le nombre de fois où moi et mes compagnons avons failli perdre pied et se retrouver au mieux trempé jusqu’aux os, au pire emporté par le courant, ne se compte pas sur les doigts des mains. Malgré tout, par une espèce de miracle, nous avons tous les 3 franchit toutes les rivières sans nous planter.

1h40 – Fin de la grande traversé. Nous avons installé notre campement à proximité de la dernière teahouse avant l’ascension, qui se situe au pied de magnifiques montagnes chargées de glaciers. L’indien qui gérait « l’établissement » (j’ai un sourire en coin en écrivant établissement pour décrire cet endroit… mais bon, je suis en manque de synonyme… on fait avec ce qu’on peu) nous avait regardé traverser le delta et était tout impressionné. Il tentait de nous expliquer que le sentier était sur la rive gauche de la rivière… « nooooon… t pas sérieux ».

Comme mes compagnons étaient tout aussi écœuré de mangé de la bouffe zanskarienne pas mangeable (je ne suis pas le seul à penser cela), nous avons décidé de prendre le contrôle de notre souper. La teahouse où nous étions avait de surprenantes choses à vendre. J’ai regardé les 2 autres et je leur ai dit que si on achetait un paquet de spaghetti, une canne de thon et 2 ou 3 sachet de petits pois salés, et qu’on réussissait à convaincre le gars d’utiliser sa cuisine et ses outils, on pourrait s’en tirer avec un très bon repas qui ne nous lèverais pas le cœur pour faire changement.

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Nous avons donc mi le plan a exécution. Le gars n’a pas été dur à convaincre et très vite, Clémentine prenait le contrôle de la cuisine. Résultat; WOW… on se serait cru de retour en Occident… avec une musique indienne horrible qui jouait à tue-tête dans la petite tente.

Avec un peu de recul, cette journée fut probablement la plus belle de tout mon trek; une journée dans la nature comme je les aime (beau paysage, un brin d’aventure, de nouveaux compagnons, aucun maux de ventre et aucun famine).

P.S. Pas besoin de me le marquer en commentaire, je sais que j’ai l’air d’un psychopathe sur les photos ci-haute héhé…

Jour 18 – LE VENT DU NORD

Info;
– Lower Lakang (4470m)

– Upper Lakang
– ShingoLa Pass (5095m)

– Chumik Nakpa (4650m)

– Ramjak (4290m)

Nombre de kilomètres; 15km
Total; 273km

Description;
Pourtant en grande forme, j’ai trouvé le moyen d’avoir ma pire nuit de sommeil du trek. Nervosité de peut-être en finir aujourd’hui, trop de repos les journées d’avant, n’empêche que les heures ont défilés comme des années. À un certain moment, un yak est venu brouter de l’herbe tout juste à l’extérieur de ma tente à 2 pouces de ma tête. Je pouvais sentir son souffle, passer au travers de la tente.

Ce matin, on s’attaque au dernier col du parcours, le ShingoLa Pass, qui pointe à environ 5100m. Pour une des rares fois, j’ai hâte que le soleil se pointe…Il fait un froid GLACIAL… ce vent glacial allait finalement nous suivre toute la journée…

En ce début de journée, le sentier est très technique (problème de genou s’abstenir); il y a beaucoup de roche sur le sentier et celui-ci longue une rivière partiellement recouverte d’un glacier.

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Plus on monte et plus ça devient difficile. Les derniers kilomètres de l’ascension se trouvent dans une véritable mer de roches de toutes formes et toutes grandeurs. Un paysage lunaire où on ne voit rien d’autre que des roches et de la neige.

Je suspectais alors que nous étions directement sur le glacier (impression qui sera validé un peu plus haut). Il fallait donc faire très attention à où on marchait puisqu’un glacier n’est pas la chose la plus stable qui existe. Ajoutez à cela que le sentier était très difficile à suivre puisqu’il n’était pas clairement identifié, étant un amas de roches comme tout ce qui était autour de nous.

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Nous sommes finalement parvenus au sommet… beaucoup plus rapidement que prévu. Tous les guides qui traitent de ce trek disent que cette Passe est la plus difficile d’entre toutes, mais bon… ce n’est pas l’impression que nous avions. Autant je n’ai vu personne de tout le trek, autant il devait y avoir plus de 30 personnes à cet endroit…  une véritable congestion.

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Juste à coté du sommet se trouve un tout petit lac bleu clair. Mes copains voulaient aller s’y baigner, mais comme j’ai déjà à mon actif un lac à plus de 4000m (Pangong Lake lors de mon trip de vélo un peu plus tôt) et un à plus de 5000m (Ice Lake dans l’Annapurna) et que je sais déjà à quel point c’est une idée stupide… et à quel point ils vont le regretter par après, je les ai laissé réaliser leur rêve… J’ai par contre passé un très bon moment à me foutre de leur gueule.

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S’en est suivit une descente de plusieurs kilomètres et 700m d’altitude jusqu’à vers Ramjak, notre campement pour la nuit.

La descente n’a vraiment pas été de tout repos; le sentier traversait beaucoup de cours d’eau… en début de journée, ces cours d’eau sont très faciles à franchir puisque l’eau provient des glaciers en hauteur et que la nuit ils gèlent… mais à l’heure où nous sommes passés (en début d’après-midi), c’était une autre histoire. Nous avons du passer 3 torrents, dont l’un d’entre-eux qui nous a donné beaucoup de fil à retordre et qui a représenté un bien plus gros défi que les rivières franchit la veille. En allant faire une traversée de reconnaissance sans sac pour voir si c’était faisable, j’ai été emporté par le courant à la minute où j’ai posé un pied dans l’eau. J’ai donc malgré moi pris mon premier bain en plus d’une semaine.

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Comme le faisait remarquer Clémentine « Ils pourraient faire des ponts au lieu de faire des cr!ss (un de ma part) de stupa (monument en forme de gâteau blanc) un peu partout ».

Alors que nous étions à commencer à installer notre site à l’endroit que nous pensions être Ramjak, un vieux monsieur pas de dent (une seule dent au centre qui ressemble étrangement a un ouvre-boite) nous a dit que c’était un peu plus loin. On l’a donc suivit… longtemps… jusqu’au point où on s’est demandé s’il ne nous avait pas induits en erreur.

En chemin, il n’arrêtait pas de réciter le mantra « Om mane padme om » (refrain bouddhiste). Moi et Thibaud avons donc eu l’idée de compter combien il était capable d’en dire par minute (on s’occupe comme on peu). Régulier comme une montre presque suisse, il est arrivé à 22, 23 et 23 lors de nos 3 tentatives. C’est donc environ 1 mantra/4.5sec.

Puis, alors que nous ne voyons aucune zone propice à planter une tente à des milles à la ronde… que des cailloux… une plaine en bord de rivière et adossée à une montagne est sortie de nulle part.

Ramjak…

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Jour 19 – À DOS DE… CAMION

Info;
– Ramjak (4290m)

– Zanskar Sumdo (3920m)
– Palamo (3670m)

– Darcha (3360m)

– Spinlek
– Keylong

Nombre de kilomètres; 17km (12km de Ramjak à Palamo + 5km de Spinlek à Keylong)
Total; 290km

Description;
Le réveil fut très frisquet… quoique cela n’avait rien à voir avec le froid intense d’hier.

S’en est suivit une marche jusqu’à Zanskar Sumdo, quelques kilomètres et plus de 1000m d’altitude plus bas… autant dire que ça descendait en titi. Pour 3 personnes qui n’avaient pas encore déjeuné et qui avaient encore les 2 yeux dans le même trou, cela représentait un bon défi.

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Arrivé à Zanskar Sumdo, nous étions officiellement sortis de la vallée de Zanskar. Par contre, cela ne voulait pas automatiquement dire que nous étions au bout de nos peines…

Après un petit déjeuner bien mérité, nous avons entrepris de rejoindre Darcha. Notre plan consistait à marcher sur la route dans l’espérance de nous faire ramasser par un jeep ou un camion qui nous croiserait.

Coté véhicule, ce fut le calme plat; nous avons donc marché et marché… et marché.

Puis, un peu avant Palameo, nous avons vu venir un gros camion (vous savez les camions Tonka). Nous avons donc délégué Clémentine pour séduire le conducteur. Elle s’est exécuté, le chauffeur a accepté et au moment où nous étions pour monter… le gars a mi les gaz… Criss de cave. Complètement médusé par ce qui venait de se passer, nous avons donc repris notre petit bonheur et recommencé la marche alors que nous regardions le camion s’éloigner.

Quelques 2 heures plus tard… nous étions toujours à marcher et nous avions déjà couvert la moitié du trajet jusqu’à Darcha. Pas vraiment l’idée que nous avions en tête ce matin en nous levant…

Puis, un autre camion s’est pointé à l’horizon.

Nous n’allions pas laisser filer celui-ci. Nous avons donc opté pour une formation en V afin de bien bloquer la route. En 2 temps, 3 mouvements, nous étions tous les 3 dans la benne du camion avec plein de vieilleries en métal qui menaçaient de nous broyer les jambes si le camion stoppait trop brusquement. La tête au vent, nous n’avions dorénavant plus notre destin entre nos mains. Il était plutôt entre celle du conducteur de ce mastodonte qui descendait la route zigzagante dans la montagne à toute allure. Nous étions tous les 3 bien accrochés et nous avions un sourire qui trahissait une espèce de crainte.

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Darcha était désormais à porté. J’étais déjà allé dans cet endroit (lors de mon trip de vélo) et je n’avais pas vraiment l’intention d’y passer la nuit (trou pourri). Heureusement pour nous, le camion se dirigait vers Manali jusqu’à environ 6km de Keylong (très belle ville où j’ai séjourné lors de mon trip de vélo). Nous avons donc sauté sur l’occasion.

S’en est suivit une marche de 6km jusqu’à Keylong… le dernier 6km que j’avais à marcher… WOW. J’ai beaucoup de difficulté à y croire. Je suis plutôt probablement en train de dormir dans ma tente en train de rêver que le trek est terminé…

First things first, on s’est fait un festin dans un resto avec plein de bonnes choses indiennes que nous n’avions pas mangé depuis looooongtemps.

Une bonne nuit de sommeil dans un lit confortable et s’en suivrait le retour officiel à Manali dès demain.

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Petite devinette; qu’est-ce que Clémentine et Thibaud font semblant de manger sur le mur?

MINUIT MOINS UNE POUR MANALI

Info;
– Pas de marche au programme aujourd’hui

Nombre de kilomètres; je vous ai dit qu’il n’y avait pas de marche au programme aujourd’hui bon…

Description;

Que de périphérie pour se rendre à Manali de Keylong.

Alors que la veille nous avions pris la peine d’aller nous informer pour les bus en partance pour Manali, nous avions finalement décidé de partager un jeep, à peine plus cher que le bus, avec un couple de voyageur. Trop beau pour être vrai… Effectivement.

Tel que prévu avec le conducteur, nous étions devant notre guesthouse à l’attendre à 7h du matin…

7h15

7h30

7h45 – Le jeep ne s’est jamais pointé. Nous avons donc décidé de nous rendre à la gare d’autobus en catastrophe afin de prendre le dernier bus quotidien en partance pour Manali à 8h30.

Je me retrouvais donc dans un bus bondé… une véritable laveuse-sécheuse, à nous faire brasser de tout bord tout coté…  sur l’une des routes les plus dangereuses du monde… et je savais très bien ce qui nous attendais puisque j’avais fait cette section de route en vélo 1 mois plus tôt… pour les quelques 6 prochaines heures.

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Il n’y avait plus qu’un obstacle à franchir… et non le moindre… la RohtangLa Pass, soit la Passe qui m’avait donné le plus de fil à retordre lors de mon trip en vélo. Cette fois-ci ce serait en autobus… je ne crois pas que ça allait arranger les choses. L’ascension a été longue et pénible. Nous avons été stoppé par 2 fois en raisons d’éboulements. À chaque fois, il fallait attendre que les indiens cassent les pierres avec des marteaux piqueur puisqu’elles étaient trop grosses pour être bougées. Disons simplement qu’on ne se sentait PAS DU TOUT en sécurité stoppé sur la route ainsi. Après tout, si des roches grosses comme une petite voiture étaient tombées juste à côté, elles pouvaient tomber à notre emplacement aussi.

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28 aout 2013, quelques 30jours et + après avoir quitté Manali en vélo en route vers Leh, j’étais de retour à la maison. Parce que oui, après le mois que j’ai vécu, revenir ici est similaire à un retour à la maison. Délivrance, fin du supplice, etc. sont des mots qui peuvent être employés sans les peser.

fin

Pour le reste, c’est une autre histoire… Enfin je peux tourner la page et commencer un nouveau chapitre… plus joyeux je l’espère…

FIN DU CHEMIN DE CROIX

Le compteur s’arrête donc à plus où moins 290km de marche, 8 montagnes situé à plus de 4000m et 19 jours.

Ce trek de 3 semaines représente assurément la plus grosse épreuve que j’ai eu à faire face de toute ma vie. À bien des moments, j’ai eu la chienne comme jamais je ne l’avais eu auparavant… la vrai chienne… la chienne d’y rester.

Au début du trek, mon subconscient a commit une faute impardonnable; il a pensé que ce serait facile. Après tout, j’avais marché pendant 1 mois au Népal et je revenais d’un trip de vélo de 10jours en haute altitude… qu’est-ce qui pouvait m’arriver?!?

Zanskar m’a poussé dans les câbles à bien des reprises; la faim et la souffrance physique et mentale étant mon pain et mon beurre au quotidien.

Cependant, je crois sortir grandi de cette épreuve. Je sais maintenant que j’ai un incroyable instinct de survie… mais aussi que j’ai un incroyable dont de me foutre dans des situations problématiques.

Mon corps est complètement vidé. J’ai grignoté la moindre petite provision qu’il avait pu accumuler. Je ne sais pas comment je pèse, mais je suis assurément plus maigre que je n’ai jamais été dans ma vie.

Annapurna est un trek école à comparé au Zanskar. Alors qu’on ne fait que monter OU descendre lors d’une journée typique et qu’il n’y a qu’une Passe à franchir durant tout le parcours dans l’Annapurne, les journées sont de véritables montagnes russes et il y a 8 Passes à franchir dans le Zanskar. Ajoutez à cela que le climat est beaucoup plus favorable à la marche dans l’Annapurna que dans le désert qu’est le Zanskar.

Il n’y a cependant pas que des éléments négatifs à tirer de ce trek. Mis à part quelques anachronismes, et en faisant exception de Padum, c’est un véritable voyage au Moyen-âge que j’ai fait; l’électricité est un bien de luxe et le moyen de transport principal est le cheval/âne.

Cela étant dit, je ne recommande en aucun temps de faire ce trek. Oui les paysages sont beaux, mais ils ne sont pas si différents de ce qu’on peut voir dans le reste du Ladack, notamment le long de la route Manali/Leh.

La véritable raison d’aller au Zanskar est pour découvrir ce magnifique peuple qui lutte littéralement pour sa survie depuis des siècles dans une contrée rude qui ne fait pas de cadeau. Cela m’a aussi permis de découvrir un des endroits les plus reculé de l’Inde et un magnifique peuple, extrêmement pauvre, hyper travaillant, mais extrêmement riche à bien des égards. Leur richesse ne peut pas se quantifier en chiffre et en argent.

Le Zanskar trek est peut-être fait pour vous si;
– vous avez un très bon sens de l’orientation,
– vous aimez les contrés très reculées,
– vous vous débrouillez bien avec une carte,
– vous êtes capable de déceler un sentier en suivant des traces de merde,
– vous êtes capable de monter une tente par grand vent ou à la pluie battante,
– vous êtes fou.

Si vous avez répondu par la négation à l’une de ces affirmations, je vous conseille de prendre un guide ou de faire l’un des nombreux autres treks possibles et moins difficile/long autour de Leh.

EXPÉRIENCE CULINAIRE ZANSKARIENNE

Je termine cet épisode un peu lourd sur un ton plus léger en vous invitant à faire un petit exercice culinaire avec moi. Tous à vos fourneaux… je vais vous montrer le genre de nourriture que j’ai pu manger durant 3 semaines.

Prenez donc une tonne de riz blanc… mettez le tout à bouillir sur le rond quelques minutes, (très important, ne pas chauffer le rond au préalable). Quand vous pensez qu’il n’est pas encore près, retirez le riz du four… il faut qu’il ne fonde pas dans la bouche.

À noter que rendu à cette étape, si vous avez réussi votre batch de riz, je vous conseille de recommencer… il faut un riz complètement raté.

Une fois dans les assiettes, prenez une sauce qui ne va pas du tout avec du riz… mmm… ahhh… prenez du Beauvril… aspergez bien le tout. Il ne faut plus voir de riz blanc…

Quand le cœur commence à vous lever, c’est un très bon signe que vous êtes tout près du but… ajoutez-en encore un peu… plus que ça.

Puis, coupez de la salade… que vous avez bien pris la peine de mettre au gros soleil en début de journée… et agrémentez vos assiettes avec.

Il ne vous reste plus qu’à servir le tout à vos invités affamés. Quelques minutes plus tard, alors que vous voyez qu’ils se regardent et hésitent à manger, n’oubliez surtout pas de leur demander si ils aiment cela…

Je vous laisse là-dessus… Bon Souper

Catégories : Inde
Publié par Nicolas Pare le 17 septembre 2013
3 Commentaires Poster un commentaire
  1. 09/24/2013
    Francis

    AIE AIE AIE AIE AIE !!! Ça t’en aura pris des aventures pour te rendre compte de certains trucs dans la vie héhé ! Méchantes histoires de fou, clairement ça devait pas être jojo. Ça vient de me prendre 6h à lire à temps perdu lol.

    Fait attention à toi jeune homme.

    Réponse
  2. 10/1/2013
    J.Mance

    Quel trek, quel parcours tu as fait. Tu es allé au delà de tes forces, mais tu as persisté, tu as continué, parce que tu n’es pas un lâcheux, mais il ne faut pas être peureux aussi pour faire ca. Dormir seul dans ta tente avec seulement la nature pour compagnon, il faut être fait fort. Tu m’impressionnes vraiment. Chapeau mon beau Nicolas. Mais un des points positifs est les belles rencontres, les belles familles qui t’ont accueillis chez-eux dans leur maison. C’est vraiment un peuple avec une grande âme. Vraiment des gens qu’il ne faut pas oublier. En lisant ton récit j’ai vraiment ressenti la peur de te perdre. Merci tu es là. Tu as réalisé que ta famille est la pour toi et importante pour toi. Je t’embrasse fort, bisouxxx

    Réponse
  3. 10/13/2013
    Claudette Girard

    Crois-le ou non Nicolas, ce dernier trek a eu l`air tellement pénible que je suis à la limite d`avoir mal au cœur et que je suis presque épuisée juste à le lire. Respecte bien tes limites et sache que, au Lac, il y a des gens qui pensent à toi souvent et que j`en fais partie. J`ai pris un peu de retard dans mes lectures de tes aventures mais voilà, je m`y remets dret là. À plus, Claudette XO

    Réponse

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