
Épisode 45 – Luang PraBANG; sit back and relax
Sabaidi (bonjour)
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Je suis…
– un site de l’UNESCO,
– j’ai une montagne qui répond au nom de Phu Si (se prononce « pussy »),
– une grande quantité de moines bouddhistes rasés partout partout se promène dans mes rues,
– j’ai une tonne de restos/pâtisseries vendant croissants et baguettes françaises… de la mayonnaise,
– je suis très très paisible de jour et je peux m’animer le soir venu,
– je me trouve au croisement du Mekong et d’une autre rivière,
– je ne suis pas la capitale du pays, m’en j’en suis le coeur…
Qu’est-ce que je suis?!?
Je vous le donne en 1000; la magnifique ville de Luang PraBANG… que j’ai gentiment rebaptisé LP.
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Une fois sur la terre ferme, pris un tuk tuk du fucking harbour à 10km à l’extérieur (alors qu’il y a un harbour en plein centre-ville… juste pour nous soutirer de l’argent), installé dans une auberge un peu glauque… mais pleine de charme, la 1ère chose que j’ai fait fut de me diriger vers un guichet pour retirer de l’argent…
Une fois au guichet, je me suis tourné vers Eelco (Hollandais) pour lui demander quelle était la limite maximale… et lui de me répondre « one million (1 million) »
Woooo
Je me suis ensuite tourné vers le guichet… pour me retourner encore une fois vers Eelco et lui lancer « how many zero in a million (combien de zéro dans 1 million) »… et on est tous les 2 parti à rire…
« I wanna be a millionnaire… so freaking bad… » BANG, me voici millionnaire… au Laos
Une fois chacun avec un million en poche, nous avons pris des photos de nous avec notre million dans les mains… alors qu’une femme laotienne nous regardait l’air désespéré en voulant dire « f%ck!ng tourists ».
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Avec ses nombreux bâtiments datant de l’époque coloniale française… ne cherchez pas les édifices étagés, il n’y a rien qui fait plus de 3 étages… et ses nombreux temples bouddhistes, il est difficile de ne pas tomber sous le charme de Luang Prabang. L’essentiel des choses à voir se trouvent dans le « Old Quarter (vieux quartier) », situé sur la péninsule (morceau de terre) qui s’avance à la rencontre du Mekong et de l’autre rivière.
De plus, bien que les français ont cédé le pouvoir depuis plus de 60ans, ils ont laissé une empreinte indélébile sur le pays. Outre l’architecture, la plupart des panneaux/signes/indications sont à la fois en lao et en français, et il est impossible de compter le nombre de restos/pâtisseries vendant des baguettes, croisants, quiche, etc. En fait, alors que dans les autres pays d’Asie, on retrouve des vendeurs de nouilles, brochettes, etc. ici les stands de baguettes sont légions. Par contre, à la 1ère pâtisserie où nous sommes allé, voyant que le menu était en lao et en français, j’ai décidé de commander en français… vous auriez du voir la tête du serveur… il semblait vouloir être partout sauf devant moi à cet instant.
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CRAZY NIGHT IN LP
Voici donc en 3 étapes faciles comment passer une soirée tout aussi inoubliable que sorti de l’ordinaire à Luang Prabang.
ÉTAPE 1
Moi et mes compagnons; Eelco, Tracey (Australie), Daniel (Norvège) et Nicola (Italie), se sommes dirigés vers une petite rue un peu crasseuse et très achalandée dans un but très précis; se bourrer la face dans l’un des désormais célèbres buffets « ALL you can eat ».
Seule règle du jeu; on ne paie pas à la quantité, mais bien au plat… en d’autres mots, tu peux mettre la quantité de nourriture que tu veux dans l’assiette, ça va couter le même prix… complètement dérisoire de 10000Kip (environ 1$). J’ai donc entrepris d’utiliser mes talents d’architecte afin de construire un « monument » qui tiendrait en équilibre… précaire… mais en équilibre quand même… que j’ai baptisé « Ceci n’est pas un temple bouddhiste ».
ÉTAPE 2
Alors que les restos ferment à 9.00pm, tout le monde se dirige vers Utopia, LE bar en ville… magnifiquement situé sur le bord de la rivière…
ÉTAPE 3
Règlementation municipale oblige, l’Utopia met tout le monde dehors et ferme ses portes à 11.30pm.
La soirée n’est cependant pas terminée. À ce moment, tout le monde saute dans un tuk tuk pour se diriger à l’extérieur de la ville dans… un bowling… un vrai de vrai bowling comme par chez nous. Celui-ci n’est pas sous la juridiction de la ville et ferme aux petites heures du matin. Je vous laisse deviner qu’est-ce qu’on a fait…
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À mon réveil le lendemain… après-midi, j’avais l’impression qu’il y avait un party dans ma tête et que j’étais le seul à ne pas avoir été invité.
Je croyais toujours rêver… ou plutôt faire un cauchemar… c’était surréel. En me couchant, nous étions 6 dans le dortoir (moi, mes 4 compagnons et China, un petit chinois sympathique qui a tout mon respect puisqu’il voyage backpack et non en tour organisé… en plus, il n’a même pas une caméra démesurée (vous ne m’entendrez pas dire cela souvent d’un chinois…)).
Bref, nous étions 6 quand je me suis fermé les yeux… pour être 8 quelques heures plus tard en m’ouvrant les yeux… et nos nouveaux compagnons étaient pour le moins très spécial… 2 clowns meurtriers… entk, c’est ce que j’ai pensé en m’ouvrant les yeux et en les voyant debout dans la chambre. « fuck, je suis en train de badtripper ou quoi… hic ». Même le truc de se couvrir les yeux avec sa couverte n’a pas réussit à les faire disparaitre… ils étaient donc bien vivant…
Il y avait devant moi un couple de clowns tatoués habillés en sans-abri; le gars avait des cheveux en rasta et d’un vert pétant, en plus d’avoir un serpent qui lui descendait dans le visage (tatou). Ce n’était guerre mieux pour la fille, ayant les cheveux rasés sur le pourtour de la tête et de long cheveux roses bonbons sur le top.
Par réflexe, j’ai tout de suite regardé si mon portefeuille, ma caméra et mes affaires étaient toujours là…
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Une fois remis de mes émotions, il était temps de faire quelque chose de cette journée. J’ai donc entrepris de visiter la ville… tout en essayant de retrouver mon équilibre… hic…
La promenade a été des plus reposante; de beaux édifices, 2 belles rivières, des moines partout, des petits oiseaux qui font cui cui, etc.
C’était tellement paisible, que ça ferait passer Pai pour un endroit chaotique… mon cerveau avait beaucoup de difficulté à croire que c’était dans ce même endroit que je venais de passer l’une des nuits les plus rocambolesques de tout mon voyage.
Fait intéressant… alors que l’eau du Mekong est orangée et a un débit très rapide, celle de l’autre rivière est d’un teint vert-merde à débit lent… si bien qu’une ligne formant une démarcation très franche se forme à la rencontre des 2 rivières.
La fin de journée s’est ensuite passé au sommet du Mont Phu Si. Se trouvant au beau milieu de la ville, c’est l’endroit par excellence pour avoir un 360 de LP et admirer le coucher de soleil… disons que nous n’étions pas les seuls à avoir eu cette idée… autant on se sentait tout seul de touriste en ville durant toute la journée, autant on aurait dit qu’il y avait une convention de blancs au sommet de la montagne.
Ce que j’ai particulièrement apprécié de cette montagne, c’est sa tranquillité; il n’y avait pas un chat…
La soirée fut identique en tout point à celle de la veille… à se bourrer la face dans les buffets à 1$ le plat et à boire l’alcool très pas cher au Utopia… mais sans le bowling…
Same Same but Different…
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KUANG SI WATERFALL
Ce matin, aucune trace de clowns meurtriers, mais même mal de tête que la veille…
Le plan d’aujourd’hui était d’aller faire un tour à la chute Kuang Si à quelques 32km de la ville.
En plein milieu de nul part au milieu d’une forêt de feuillus, le site ressemble à un Oasis en plein désert.
Alors que tous les points d’eau (rivières, lacs, etc.) environnant sont d’un brun merde, l’eau de la chute/rivière est d’un bleu transparent.
À ne pas manquer sur ce site;
Un sanctuaire de « Sun Bear (Ours Soleil) »… qui ont été sauvés des braconniers…
Une très belle promenade de part et d’autre de la rivière, offrant de magnifiques points de vue sur de beaux rapides et petites chutes…
Un chute des plus impressionnante…
Un trek jusqu’au sommet de la chute… on peu alors marcher dans la chute… la roche est très rugueuse et donc très adhérente… jusqu’à moins de 1 mètre du point de chute…
Et le clou du spectacle; un secteur de la rivière où il est possible de sauter dans l’eau… glaciale… en s’accrochant à une corde tel Tarzan.
La soirée fut des plus tranquille et glaciale… pas de party ce soir, tout le monde était au lit très tôt pour se lever avant le soleil… à suivre… dans le prochain paragraphe…
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TAK BAT CEREMONY
Au Laos, entrer dans les moines bouddhistes, c’est du sérieux. Je vous mets au défi de voir un moine avec un Smartphone dans les mains, d’éclater de rire ou de faire des coups pendables comme les vauriens que j’ai vu en Inde. En effet, contrairement au moines bouddhistes du Nord-Ouest de l’Inde, qui sont les personnes les plus riches de leur ville/village, les moines du Laos vivent dans la pauvreté.
Chaque matin avant le lever du soleil, soit vers 5.00, se déroule une cérémonie durant laquelle les moines collectent de la nourriture offerte par les citoyens de la ville. Cette nourriture représente la nourriture qu’ils mangeront durant la journée… ni plus… ni moins…
À 4.30 de l’AVANT-midi… nous étions donc sur la rue principale… à se les geler dans la nuit glaciale… à attendre le début de la cérémonie.
Depuis notre arrivé en ville, on nous avait parlé de cette cérémonie. On nous avait répété mainte et mainte fois que nous voulions y assister, nous devions faire preuve de respect et rester à l’écart. Il était aussi possible de participer soi-même à la cérémonie, mais on nous avait dit de le faire simplement si c’était important et/ou que c’était en raison de croyances profondes… bref, il n’y avait aucune matière à rire… c’était sérieux.
C’est donc dans cette état d’esprit que moi et mes compagnons se sommes présenté sur les lieux. Le « spectacle » auquel nous avons assisté a cependant été tout autre.
Bien qu’une majorité de stands étaient occupés par la population locale, certains villageois sans scrupule ont vu la cérémonie comme une belle occasion de faire de l’argent. À chaque matin, ils installent donc des stands qu’il loueront ensuite au touristes… au risque de complètement dénaturer l’évènement. Moyennant 10000kip, nous (les touristes) pouvions donc avoir un « stand » et nourrir les moines…
En ce matin glacial, j’ai donc vu des convois de chinois débarquer de minibus, s’assoir à un stand. Ceux-ci montraient un manque flagrant de respect en parlant très fort, en rigolant et en se prenant l’un l’autre en photo. Ils ne voulaient qu’avoir une belle nouvelle photo les montrant en train de nourrir un moines bouddhistes… comme on nourriraient les animaux au Zoo. Je ne m’attendais pas à grand chose de plus de leur part quand on pense que la Chine persécute les bouddhistes tibétains depuis plus de 60ans. Certains poussaient même l’audace à prendre des photos d’une main et donner de la nourriture de l’autre.
Si j’étais l’un de ces moines, et je suis sur qu’il y en a qui le font, je passerais devant les stands de touristes sans même m’arrêter.
Cependant, ce serait mentir de dire que seul les chinois ont manqué se respect… des blancs, etc. ont aussi participé. J’ai eu le malheur de croiser 2 touristes que j’appréciais beaucoup et qui m’ont dit tout sourire « did you feed the monks?!?… we did (est-ce que tu as nourris les moines?!?… nous oui) », sur un air tout emballé.
À ce moment précis, je ressentais une grande honte d’être un touriste au Laos. En raison de notre présence, une cérémonie ancestrale a été dénaturée et transformée en Freak Show.
Ceci étant dit, je ne me considère pas meilleur que les autres puisque malgré mon profond malaise, j’ai moi aussi du m’approcher et participer au cirque.
Le pire dans tout cela est qu’il y a une « Force Spéciale » constituée d’habitant de la ville qui doit veiller à ce que la cérémonie se déroule dans le respect…
À un certain moment, un laotien est venu se placer directement à coté de moi… je me suis alors dit « bon… qu’est-ce qu’il veut me vendre celui-la »…
Homme – « Where are you from? (de quel endroit es-tu?) »
Moi – « Canada »… d’un ton sec sans même le regarder. J’avais vu clair dans son jeu, la bonne vieille méthode copain copain; je vais lui parler, il va m’apprécier et vouloir acheter mes cossins par la suite. Malheureusement pour lui, j’avais déjà vu neiger…
Homme – « ohhh… really far… How is the weather there? (ohhh… Ac’est très loin… comment est la température là- bas?) »… avec un très bon anglais…
Moi – « Cold as Ice (froid comme de la glace) »… avec une attitude tout aussi froide…
Voyant que je n’étais guère entrain à jaser avec lui, il s’est déplacé un peu plus loin. J’ai alors remarqué dans le dos de son veston « help us meantain a respectful ceremony (aidez-nous à ce que la cérémonie se fasse dans le respect) ». Je me suis alors senti mal… ce gars la n’était pas un vendeur de cossin, mais un honnête citoyen… et je l’avais tassé du revers de la main sans jamais lui donner la moindre chance. Je me suis donc réaproché de lui et placé à son coté comme il l’avait fait précédemment.
En jasant, il m’a alors averti de rester à distance afin de ne pas manquer de respect aux moines. Tout juste devant nous au même moment, 2 chinois étaient en train de prendre des photos avec leur grosse caméra à 2 pouces du visage des moines en les aveuglant avec leur flash…
Je lui ai alors demandé si c’était respectueux… il a alors haussé les épaules, poussé un soupir et m’a lancé « they are chinises (ils sont chinois) »…
Malgré tout ce que j’ai pu écrire de négatif à propos de cette cérémonie, il ne faut pas oublier que cette cérémonie a toujours une raison d’être; donner de la nourriture aux moines, et que certaines personnes le font pour les bonnes raisons…
Je pense notamment à cette vieille dame en apparence toute douce et vulnérable… qui demeurait la tête baissé, assise et immobile jusqu’au passage des moines et qui récitait alors une prière, pour ensuite leur donner de la nourriture. Je l’ai regardé faire pendant un bon 10min… j’en avais un moton dans la gorge à la voir aller. Je n’avais qu’une seule envi; pouvoir parler lao afin d’aller lui dire combien j’avais apprécié de la voir aller et lui remettre un peu d’argent en signe de reconnaissance…
Ne parlant pas un traitre mot de lao, j’ai plutôt sorti ma caméra. J’ai alors ressenti un profond malaise… comme si je violais quelque chose… mais bon… CLICK
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Après 2 jours et des poussières à LP, je pli bagage… ce n’est cependant pas un « Adieu », mais bien un « Au Revoir », puisque j’y reviendrais dans quelques jours… après avoir terminé le trek de 3 jours 2 nuits (encore) que je m’apprête à faire dans une région montagneuse du Nord du Laos… mais bon, comme vous vous en doutez surement… c’est une autre histoire…
Kup-Jai (merci)
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P.S. I – Introduit par les français, le jeu de pétancle est probablement le « sport » le plus populaire au Laos.
P.S. II – Après maintenant plus d’une semaine à la déguster, je suis en mesure de dire que la BeerLao… la bière locale au pays… est ma bière préféré en Asie. Moins forte que la Red Horse (Philippines) et la Chang (Thaïlande)… plus savoureuse que la Kingfisher (Inde), la Leo (Thaïlande), la San Miguel (Philippines) et la Tiger (beurk…)… La BeerLao est tout simplement parfaite.
P.S. III – Si vous passez pas Luang Prabang un jour, aller faire un tour à la ‘’Big Brother Mouse (BBM)’’. Fondée en 2006 par ex-rédacteur américain, un ex-moine bouddhiste laotien et un jeune laotien, l’organisme à but non lucratif s’était donné pour mission de faire passer le pays de ‘’Lao people don’t read (les laotien ne peuvent pas lire’’ à ‘’a country that loves books (un pays qui aime les livres)’’. En effet, avant la création de cet organisme, peu ou pas de livre étaient écrits en laotien et ils étaient quasi inaccessible pour la population. En l’espace de 7ans, Big Brother Mouse a réussit à renverser la tendance en créant une série de livres créé POUR et PAR les jeunes laotien afin de leur donner le gout à la lecture. Ils ont aussi multiplié les visites dans les tribus un peu partout au Laos pour donner des livres, motiver les jeunes à prendre leur études au sérieux, donner des formations aux professeurs qui n’avaient pas l’habitude de travailler avec des livres, etc.
Depuis, ils ont élargi leur champ d’activité, ayant créé une série de livres destinés à l’éducation, offrant des cours d’anglais au laotiens, etc. Big Brother Mouse est un incontournable dans l’univers laotien.
Vous voulez contribuer… eh bien sachez qu’il y a plusieurs manière de le faire. La plus facile est d’aller faire un tour à leur bureau en fin de journée pour participer aux séances de discussion que BBM organise entre les jeunes laotien désirant parfaire leur anglais et les touristes désirant donner un coup de main. Autrement, un don de 200$ leur permet d’organiser un évènement dans un tribu reculé du pays et un don de 1000$ permet de financer complètement la conception/écriture/réalisation d’un livre destiné aux jeunes laotien.