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Épisode 55 – A  »Fallout » day

21 janvier 2014

8.00pm – Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?!? C’est la question qui me hantait l’esprit alors que nous étions assis à bord du bus de nuit qui roulait en direction du Nord du Myanmar.

BACK IN TIME

7.00pm – Centre-ville de Yangon
Billets de bus achetés la veille, nous étions à quitter notre auberge pour nous rendre à la gare d’autobus…

« Taxi » (en levant la main au taxi qui s’apprêtait à passer devant nous)

Moi – « to the Highway bus station please » en lui montrant le nom de la station sur nos billets…

Chauffeur – « at what time is your bus (à quel heure est votre bus?) »

Moi – 7.45pm

Chauffeur – « Ohhh… It’s going to be short (ohhh… ça va être juste) »… dit-il dans un anglais boiteux en écrasant l’accélérateur… faisant ainsi vrombir les 2 gros chevaux vapeurs de son vieux bolide.

Notre séjour à Yangon allait donc se terminer comme il l’avait commencé; dans un vieux taxi jaune roulant à vive allure.

… 45min plus tard et après 2 feux de circulation brulés par notre chauffeur, nous étions toujours dans ce même taxi, dont la vitesse n’avait pas ralenti.

Nous avions alors quitté la ville depuis un bon 20min, nous roulions maintenant sur des routes de campagnes et il n’y avait toujours aucun signe de vie de la dite gare d’autobus. On commençait alors à se poser de sérieuses questions.

7.50pm
Chauffeur – « Sir, Highway bus station » en pointant un petit village…

Moi/Roark – WTF?!?

J’ai vite compris pourquoi le chauffeur avait fait des « nonono » en hochant de la tête (en signe de désapprobation) pour ensuite insister pour aller nous déposer directement à notre autobus quand je lui avait demandé de simplement nous déposer devant la gare et qu’on se chargerait du reste comme des grands garçons.

La gare est en fait un village composé d’une multitude de rues. C’est pas compliqué, l’endroit devait être aussi grand que St-Félicien… avec des bus PARTOUT… et tous les noms de compagnie étaient écrits en birman (incompréhensible – ils ont leur propre alphabet). Quand même un chauffeur de taxi birman a de la difficulté à trouver votre bus, c’est que vous n’auriez eu aucune chance de le trouver par vous même.

Heureusement pour nous, « transport en commun » et « Asie » = retard

7.56pm – nous trouvions finalement le dit bus,

7.57pm – de gentils bonhommes garochaient nos sacs dans le compartiment à bagage,

7.58pm – on prenait place à bord,

7.59pm – le moteur du bus se faisait entendre… pas vraiment plus puissant que celui du taxi, mais oh combien plus bruyant,

8.00pm – Fin du calvaire… enfin… pas tout à fait… au moins on était en route…

Ce qu’il faut savoir avec les bus au Myanmar c’est que même si vous dites au chauffeur à quel endroit vous allez, il s’en c@l!ss et va plus souvent qu’autrement oublier. Quand vous vous rendez au bout du trajet, ce n’est pas un problème et vous pouvez dormir (ou à tout le moins essayer) sur vos 2 oreilles… mais quand votre arrêt en est un parmi tant d’autres au milieu de la nuit, que vous ne savez pas trop où vous allez et que le bus n’arrête pas si personne ne lui signale qu’il veut descendre… votre nuit de sommeil devient une partie d’échec.

Heureusement pour nous, Roark avait son application gratuite pour Iphone ‘’maps with me’’. Celle-ci vous localise peu importe où vous vous trouvez dans le monde sans même avoir besoin de WiFi. Chanceux comme nous le sommes, la route de terre sur laquelle nous étions et la ville où nous allions étaient indiqués sur la carte de l’application. Nous pouvions ainsi voir notre position sur la route à tout moment. Ne restait plus qu’à prier pour que les batteries du téléphone tiennent.

3.45am – 15min avant l’heure prévu, nous étions sur nos 2 pieds à Pyay.

Sans la moindre réservation, nous étions à chercher un banc, etc. pour y somnoler en attendant le lever du soleil quand 2 jeunes birmans nous ont proposé de nous conduire à un auberge… soit disant ouverte à cette heure.

Tel un air de déjà vu, moi et Roark étions sur une moto à rouler à toute allure dans les rues désertes jusqu’à une auberge mentionnée dans le Lonely Planet.

Une fois sur place, tout était fermé à double tour… L’un des pilotes s’est alors mis à frapper sur la porte (vouloir enfoncer la porte serait un terme plus exact) et à crier… au point de réveiller quelques voisins, un bébé… et finalement le propriétaire de l’auberge… et assurément tous les touristes qui y dormaient.

4.15am – Moins de 30min après notre arrivé en ville, nous étions dans une chambre en train de dormir.

SE LEVER DU BON PYAY

8.00am – Après une courte, mais reposante nuit de sommeil, nous étions devant l’auberge à prendre notre déjeuner.

Alors que l’établissement se trouve sur une belle petite rue résidentielle, l’intérieur est pour le moins… « spécial »; décor années 60 avec un vieux tapis d’un rouge pale plein de taches, des plafond en planches de bois bruns foncés, les murs couverts d’une tapisserie beige-brun défraichi et déchirée, de vieux meubles/cadres très laids et des fenêtres qui laissent passer une très faible quantité de lumière jaunâtre tellement elles étaient recouvertes de saleté désormais incrusté dans le verre. L’ambiance était très réussit pour tourner un film d’horreur du style « Massacre à la tronçonneuse ».

Pour tout dire, j’avais l’impression de me retrouver dans le jeu « Fallout 3 ». Pour ceux qui ont déjà joué à ce jeu, dites-vous que l’intérieur de la maison était IDENTIQUE à l’intérieur des maisons dans le jeu.

Ajoutez à cela que le gérant n’aidait pas du tout à enlever cette image de ma tête… bien au contraire. Un peu beaucoup bedonnant, portant une moustache longue et fine et poussant des cri/raclements de gorge infâmes à tout moment, on aurait dit monsieur Myagi (le maitre de karate dans Karate Kid) qui aurait poussé un peu trop sur l’alcool au fil du temps et qui avait été mordu par un zombie.

Bref, l’ambiance était à couper au couteau 😉

Peu importe, pour l’heure nous étions toujours en vie à manger des toasts brulés dans la rue à faire des gestes de la mains/sourires/dire minglaba aux passants qui nous apercevaient avec l’air médusé; un nombre restreint de blanc était passé par ici avant nous c’est sur.

SRI KSETRA

Alors que nous avions encore les yeux dans le même trou, que nous n’avions aucune espèce d’idée de quoi faire de notre peau à Pyay et qu’on songeait sérieusement à retourner nous coucher, nous avons fait la connaissance d’un couple de jeunes suisses en voyage de noce. Ceux-ci s’apprêtait à aller visiter une ancienne cité pleine de temples à quelques kilomètres à l’extérieur de la ville. Il n’en fallu pas plus pour nous convaincre de les accompagner.

Jadis une cité très prospère, l’ancienne cité impériale de Sri Ksetra est considéré comme la plus ancienne capitale du territoire aujourd’hui connu sous le nom de Myanmar. On raconte que les 1er temples construits au Myanmar ont été construit ici. Il n’en reste plus aujourd’hui que des ruines et quelques temples dispersés sur plusieurs kilomètres dans la plaine.

C’est donc tous les 4 cordés sur des sacs de riz et un pneu à l’arrière d’un petit camion tuk tuk conduit par l’infâme monsieur Miagy… avec les pieds qui pendaient au-dessus de la route, que nous avons fait le tour de cette ancienne cité.

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Le petit camion roulaient trèèèès lentement (j’aurais pu courir à coté) au point de se faire klaxonner par toutes les voitures. Pour ajouter à l’ambiance, Miagy faisait jouer de la vieille musique country digne du fin fond des États-Unis… rappellant étrangement la trame sonore de Fallout.

Nous sommes donc allé de temple…

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… en temple…

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… en temple…

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Alors que la plupart ressemblaient à de gigantesques gâteaux renversés et faits de briques rouges… same same but different…

La cerise sur le Sunday fut assurément la Stupa BawBaw.

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Non pas de forme conique comme les autres, celle-ci était plutôt cylindrique… ce qui a du poser sont lots de contraintes techniques à l’époque puisque n’étant pas de forme pyramidale.

En plus de sa forme, elle avait une porte et une fenêtre à environ 10m du sol. On raconte que l’intérieur de la Stupa n’est pas plein et qu’elle comprendrait une quantité importante de reliques bouddhistes.

Puis, sur le chemin du retour, ce qui devait arriver arriva… notre camion est tombé en panne au beau milieu de la route. Pendant que monsieur Miagy courait (marchait très lentement) pour aller chercher de l’essence, nous étions tous les 4 dans la boite du petit camion au milieu de la route. Vous auriez du voir la face pleine de points d’interrogation des locaux qui passaient à côté de nous. Dire qu’ils étaient complètement ébahi serait faible.

À notre retour à l’auberge, notre rue était remplie de jeunes moinEs (des jeunes filles), le crane rasé, portant de superbe robe rose et arborant leur plus beau sourire lorsque nous les croisions… il ne suffisait que de faire un signe de la main et/ou dire minglaba et/ou hocher de la tête pour qu’elles aient un petite rire timide du genre ‘’jeune fille au secondaire qui se fait dire salut par le gars qu’elle trouve beau’’… bref, ça fait plaisir à voir héhé

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LES PYAY DANS LE SABLE RADIOACTIF

Pyay se trouve le long de la rive d’une importante rivière. Quoi de mieux que de terminer la journée à la plage. Le moment aurait été parfait… si toute la berge n’avait pas été un véritable dépotoir… il y avait même d’énormes cochons qui mangeaient les ordures.

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À un certain moment, j’ai lancé à Roark de faire attention puisque mon « pipboy » (lui aussi fan de Fallout) indiquait un haut degré de radiation et qu’il vaudrait mieux prendre des RadX (joke de geek).

J’ai alors eu un flashback de l’infirmière que j’avais rencontré à plusieurs reprises pour mes nombreux vaccins avant mon départ du Canada. En marchant nu pied sur cette plage jonché de déchets, je me suis rappelé qu’elle m’avait dit de faire attention au plage qui semblait suspecte… de ne pas m’y aventurer…

Ce instant de raison est vite passé et j’ai continué à marcher pyay nus sur le sable chaud…

Il y avait tous ces beaux vieux bateaux en bois…

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… ces gens qui se lavaient dans la rivière et qui accrochaient leur plus beau sourire à notre vue… nous invitant même à venir nous tremper à notre tour… euh… ce n’est pas le Gange, mais bon… mon esprit aventurier a ses limites.

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… pour finalement arriver jusqu’à 2 bateaux littéralement échoués. La rivière étant alors à un niveau très bas, je n’aurais pas donné cher du sort de ces 2 carcasses de bois si le niveau de l’eau avait monté subitement… ils seraient restés bien « assis » dans le fond de l’eau.

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Les 2 bateaux étaient remplis de gravier et des locaux se démenaient à le sortir des bateaux. Il n’en fallu pas plus pour que Roark s’empare d’un siaux, monte sur le bateau et donne un coup de pouce, au grand plaisir des locaux qui semblaient tout aussi content qu’ébahi de voir un blanc leur donner un coup de main.

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S’en ait suivit une soirée bien arrosée. Jamais 3 sans 4 (?!?), Roark s’est mis à collectionner des cap de bouteille afin de participer à un concours pour gagner des chandails aux couleurs du Myanmar… les caps de bouteilles étant la monnaie dans le jeu Fallout.

Fait cocasse, une fois de retour à notre chambre, la femme de monsieur Miagy nous a apporté une télé (très vieil écran cathodique). Ayant gentiment refusé, elle m’a fait comprendre que puisque nous étions américains, nous devions avoir une télé dans notre chambre (WTF… quel raisonnement bizarre…)… mais bon, quand vous avez devant vous une vieille dame toute gentille qui tient une lourde télé à bout de bras, vous ne voulez pas la décevoir en lui disant « non merci »… j’ai donc pris un air emballé en la remerciant et en lui donnant un coup de main pour l’installer.

Roark étant arrivé sur l’entrefaites, son visage était rempli de points d’interrogation… du genre pourquoi j’avais demandé à nous installer une télé dans la chambre… je lui ai lancé d’avoir l’air emballé, que je lui expliquerait tout par la suite.

Une fois la télé installé, elle nous a mit la télé à un poste américain et poussé le son dans le tapis… nous avons alors feinté d’être aux anges… jusqu’à ce qu’elle quitte… pour immédiatement l’éteindre. Cela fait des mois que je n’ai pas regardé la télé et je ne m’en porte que mieux.

J’ai ensuite enfin pu dormir une véritable nuit sur mes 2 oreilles dans un bon lit… en fait, n’importe quoi à l’horizontal aurait fait… tout sauf un siège d’autobus…

WEST MYANMAR SIDE STORY

À notre réveil ce matin là, moi et Roark étions très confu quand à la suite de notre voyage.

Nous étions venu à Pyay dans de collecter plus d’information à propos de l’Ouest du Myanmar (Pyay est l’une des 2 portes d’entrée) dans le but éventuel d’aller à Mrauk U (jadis capitale du Myanmar il y a de cela plusieurs siècles).

Nous n’avions malheureusement pas appris grand chose de plus que nous savions déjà; l’Ouest du Myanmar était sensé être magnifique, mais le voyage semblait tout sauf facile et surtout trèèèèès long. De plus, n’étant pas encore un endroit très touristique, l’information que nous avions recueillis était bien souvent contradictoire. En bref, il fallait prendre un bus de nuit jusqu’à une petite ville du nom de Tauggok, prendre ensuite un bateau durant toute une journée jusqu’à Sittwe, pour finalement prendre un autre bateau d’une journée jusqu’à Mrauk U. Ajoutez à cela que les bateaux n’étaient pas à tous les jours et qu’au retour il nous faudrait faire le même chemin pour revenir.

Est-ce que le prix en valait la chandelle… en d’autres mots; nous en étions au jour 9 de notre visa au Myanmar… est-ce que ce trip valait la chandelle d’y passer plus de 10 de nos 30 jours au Myanmar? Nous avions encore beaucoup de choses à voir au pays et si on se lancait dans l’aventure nous serions très serré pour la suite des choses…

Nous étions à laisser tomber et continuer notre chemin quand le hasard a voulu que 3 nouvelles personnes (un couple d’allemands et une slovène) se trouve à notre auberge à notre 2ème matin à Pyay. Arrivé durant la nuit en provenance de Bagan, ils étaient venu ici avec la même intention que nous; atteindre Mrauk U.

Qui aurait cru que cette décision prise sur le coin d’une table allait lier le sort de 5 personnes pour la prochaine semaine et que cela allait s’avérer l’une des plus belles aventure de tout mon voyage en Asie.

L’équipe se composait donc de;

Roark – mon éternel compagnon de voyage et l’américain de service – rebaptisé Elgis (egg en allemand) par les allemands

Mattias – Allemand – l’archecte timide

Stefan – Allemand – acteur

Enis – Slovène – dit la slovène enjoué – rebaptisée « Estrogen » (seule fille du groupe) par les allemands

Après une après-midi tué à se promener dans le marché…

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… il nous fallait prendre un bus de nuit (tient donc… encore) jusqu’à Tauggok… sur une route réputée comme étant l’une des plus difficiles qu’un touriste peut emprunter au Myanmar.

En route vers l’inconnu… rien de bien différent de mon quotidien depuis 1 an à bien y penser…

P.S. I – Pyay se prononce de la même manière que Pied… d’où mes jeux de mots poches…

P.S. II – Depuis mon arrivé au pays, la plupart des gens qui m’abordent me demandent ‘’where are you from (de où tu viens)’’. Au début, je répondais Canada… mais leur visage restait de marbre (ils n’avaient jamais entendu parlé du Canada). J’ai donc commencé à dire USA… et eux de me répondre… Obama.

P.S. III – Dans la catégorie des questions existentielles qui demeurent encore aujourd’hui sans réponse, je crois pouvoir régler l’une d’elle; « où sont passé les casques des militaires allemands après la seconde guerre mondiale ». La réponse est bien simple; ils ont été donné au Myanmar.

Je ne crois pas que ce soit le fruit du hasard si la plupart des chauffeurs de moto du pays portent des casques identiques aux casques allemands. Certains poussent même jusqu’à arborer la croix nazi ou le signe de la Gestapo. Difficile de leur en vouloir puisque j’imagine très mal qu’il puisse être au courant de la signification de ce qu’ils portent. Je peux donc maintenant me concentrer sur un autre des mystère de la vie; chapeau allemand; Check… toujours aucune idée comment mettre du caramel dans les Caramilk.

Vous voulez savoir qu’est-ce qui est plus bizarre qu’un birman portant un casque allemand avec la croix gammée?!? Un nain birman portant fièrement un chandail avec une croix gammé et la face de Hitler…

Catégories : Myanmar (Birmanie)
Publié par Nicolas Pare le 14 juillet 2014

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