
Épisode 77 – Medellin; la rédemption… par l’architecture
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Comment complètement changer l’image d’une ville? Demandez à Medellin… pas à Clotaire Rapaille!
En moins de 10ans, la ville est passée de la Capitale Mondiale de la drogue à une Mecque de l’architecture.
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LE CARTEL DE MEDELLIN
Revenons dans les années 90. Depuis plus de 20ans, Medellin était alors la Capitale de l’or blanc (cocaine) et le Cartel de Medellin y régnait en roi et maitre. À la tête du cartel; le tristement célèbre Pablo Escobar; le plus célèbre baron de la drogue que la Terre ait porté.
Si vous êtes adulte et que vous ne connaissez pas Pablo Escobar, je vous suggère de sortir de votre grotte et de lire un peu… ou d’écouter les excellents films « Escobar » et « Blow ».
Durant les années 80 et 90, de tous les endroits peu recommandables que la Terre pouvait proposer, Medellin était le moins recommandable. La ville était alors considérée comme LA ville la plus dangereuse au monde année après année.
Enlèvements et meurtres étaient monnaie courante. On parlait d’environ 6000 meurtres par année… 6000… ça revient à plus d’une quinzaine par jour.
Vous aurez compris que les autorités étaient totalement impuissantes devant le règne sanguinaire des narco trafiquants. Vous aurez aussi compris (j’espère) que Medellin était TOUT SAUF une destination touristique. Il fallait être suicidaire ou trafiquant de drogue pour s’y rendre.
La mort de Pablo Escobar en 1993 sonnait la fin de « l’âge d’or » des trafiquants de drogue. À partir de ce moment, les choses commençaient à changer (ça allait toujours très mal… pour encore très longtemps… mais c’était mieux).
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LA RÉDEMPTION
Quand on dit que les villes ont le pouvoir de faire changer les choses, Medellin en est le meilleur exemple.
2 mesures implantées par les autorités municipales ont eu un impact majeur sur la ville.
Une 1ère mesure, implantée dans les années 80, voulait que tout bâtiment public consacre au moins 5% de son budget total à des oeuvres d’art et/ou à améliorer l’environnement urbain. Résultat; il y a une multitude de parcs un peu partout en ville, la ville est (quand même) verte et est aujourd’hui reconnue comme « la ville aux sculptures ».
La 2ème mesure, implantée quelque part à la fin des années 90, consistait à construire des bâtiments éducatifs emblématiques; écoles, bibliothèques et musée… non pas dans le centre-ville, mais dans les quartiers les plus pauvres & dangereux. Pour les autorités, ces bâtiments icônes allaient agir comme catalyseur et aider à revitaliser & sécuriser les quartiers… un peu à l’image du Parc St-Roch par le maire L’Allier.
Pour ce faire, la ville allait faire confiance à ses architectes locaux… pas de syndrome du petit peuple qui considère que pour avoir un bâtiment d’envergure international il faut un architecte de réputation international… MNBAQ… 😉
Cette dernière mesure allait avoir une influence majeure sur la ville d’aujourd’hui.
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LA VILLE AU PRINTEMPS ÉTERNEL
Vous connaissez mon amour pour les grandes villes… je déteste les grandes villes… Medellin était cependant un incontournable. Je m’étais donné 48h pour arpenter ses rues.
Medellin 2016 est une ville entre fiction et réalité; une ville qui allie un passé trouble à un avenir de plus en plus radieux.
Je dois avouer que j’avais beaucoup d’appréhension. Avec tout ce que j’avais lu sur son histoire, mon imagination fertile avait fait le reste et transformé cette ville en un véritable Enfer sur Terre… avant même d’y mettre les pieds.
Je m’imaginais un endroit où les criminels frappaient en pleine journée dans les rues bondées…
La réalité fut tout autre; j’ai marché pendant 2 jours toute la ville en limitant au minimum la prise de transport en commun… bref j’ai marché Medellin de long en large… j’ai été voir beaucoup de ces bâtiments icônes… ce qui veut dire que j’ai marché dans les quartiers peu recommandables.
Jamais au grand jamais je ne me suis senti menacé d’une quelconque façon. Le fait d’être un gars qui mesure 6.2 y est peut-être pour quelque chose, mais je doute que ce soit la seule raison. Par contre, tout le monde était unanime pour le soir; ne pas sortir dehors seul… ou ne pas sortir dehors POINT dans certains quartiers. Je n’avais pas vraiment envi de tester si c’était vrai.
Bref, revenons à nos moutons… l’exploration de Medellin.
Blotti dans une immense vallée formant une immense cuvette, Medellin et ses 2 millions d’habitants s’étendent dans le fond et les parois de cette « cuvette ». « The City of Eternal Spring (la ville au printemps éternel) » avec ses 24 degrés celcius à l’année longue, est la 2ème ville en importance en Colombie (après Bogota) et est la seule à avoir un métro (aérien… Dubai Style) au pays.
En fait, les transports en commun pullulent; métro traversant la ville dans le fond de la vallée, tramway & bus pour relier les périphéries, et remontés mécaniques quand les pentes sont trop raides. Tous ces services étant reliés l’un à l’autre.
Comme si ce n’était pas assez, de multiples pont piétons extravagants évitent aux piétons de se faire tuer par le traffic qui abonde.


Bref, ce ne sont pas les options qui manquent pour se rendre à bon port. Heureusement puisque (comme je le mentionnais plus tôt) les bâtiments à voir sont dispersés un peu partout dans le chaos urbain qu’est Medellin.
En voici quelques-uns;
PARQUE DE LAS LUCES
En plein centre-ville, ce parc tout bétonné est des plus intrigant avec sa forêt de sabres lasers pointant vers le ciel.





PARQUE BARRIO
Aussi au centre-ville, ce parc est un incontournable avec ses multiples sculptures d’humains et d’animaux « obèses » (la définition officielle est « satirique »… dans mon livre à moi ils sont « obèses ») gracieuseté de l’artiste Santiago Botero, natif de Medellin, et rendu célèbre pour sa Mona Lisa… obèse…



MUSEO CASA DE LA MEMORIA
Rendant hommage aux victimes des conflits qui ont déchiré la ville et le pays.


PARQUE BIBLIOTECA LÉON DE GREIFF
Probablement celui que j’aime le plus; une bibliothèque + parc… qui garde les geeks (intérieur) et les bums (dehors) au même endroit… tout en ayant une superbe vue sur la ville.



PARQUE BIBLIOTECA ESPAÑA
Un peu en périphérie de la ville, le musée en formé de 2 gros blocs noirs est accessible via une remontée mécanique et offre une vue imprenable sur l’ensemble de la ville. En total rénovation lorsque je suis passé, cela vaut tout de même le détour pour y admirer la vue de la ville.


C’est la 1ère fois que je prenais une remonté mécanique sans bottes de ski à mes pieds.
JARDIN BOTANICO
Même si vous n’êtes pas un adepte de plante (genre moi), sa superbe structure semi-transparente utilisée pour accueillir des expositions temporaires vaut le détour… et c’est gratuit.




CERRO NUTIBARA
Situé en plein coeur de la ville, cette petite colline toute verte offre un magnifique (presque) 360 degrés de Medellin.

ETC.

CUVETTE ORANGÉE
La cerise sur le sunday, une mer de bâtiments orangés entassées l’un par dessus l’autre sur les flancs de la vallée. Le bâtiment suivant étant toujours un peu plus haut que celui le précédant, cela fait en sorte qu’à peu près tout le monde en ville à une vue de la vallée de leur maison.

Le soir venu, les bâtiments disparaissent dans la noirceur, mais les montagnes scintillent de lumières tels des tapis d’étoiles.
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Bien joué Medellin pour ce revirement de situation pour le moins spectaculaire.
Si l’ancienne ville la plus dangereuse au monde peut le faire, rien n’est à l’épreuve d’une ville motivée.
Bon, ce n’est pas tout, j’ai un bus à prendre. Direction la Zona Cafeteria… enfin un peu de marche en montagne… et peut-être mon 1er 5000m en Amérique du Sud.
À suivre…