
Épisode 92 – Valparaiso, Santiago et le Rio Celestial
20 novembre 2016
05.00 – Le soleil était encore loin de se lever que le bus dans lequel nous étions s’arrêtait sur le bord d’une route anonyme.
Le chauffeur venait alors taper sur mon épaule; « Caldera aqui ».
Fuck… notre stop.
Bienvenue à Caldera. C’est quand même drôle qu’une ville de bord de mer sans aucun volcan à proximité ait pour nom Caldera, qui signifie la chambre intérieure du volcan où est entreposé la lave.
Bref, nous passions les 3heures suivantes à se les geler sur un banc du parc… avant de trouver un auberge ouvert et décent.
À peine arrivé que nous étions près à repartir… l’endroit était d’un ennui mortel. Mention honorable aux lions de mer qui nous ont donné un bon spectacle dans les eaux du port… et aux crabes et poissons frais que nous avons mangé pour pas cher au marché du port.
Nous passions le jour suivant à explorer la cote à proximité de Bahia Iglesia. Cette plage de sable blanc en croissant de lune et aux eaux turquoises est l’une des principales destinations soleil du Chili. C’est à cet endroit que j’aurais fait ma première saucette dans l’océan pacifique depuis mon arrivé en Amérique du Sud (il était temps… l’eau était G L A C I A L).
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LA SERENA
Nous nous téléportions (pas vraiment) jusqu’à La Serena, un peu plus au sud.
En chemin, nous passions par la ville de Copiapo. L’endroit était devenu tristement célèbre il y a 5 ou 6 ans quand une trentaine de mineurs avaient été piégé dans une mine pendant plus de 1 mois. La nouvelle avait fait le tour de la planète. Pour ceux qui ne savent pas de quoi je parle, jetez un coup d’oeil au film « The 33 ».
Fondé par les espagnols sous le nom de « Villanueva de la Serena », La Serena est à mi-chemin entre Santiago et Lima afin d’avoir un port de transit entre les 2 grandes villes. La ville est aujourd’hui surnommée « La Ville aux Églises »… je vous laisse deviner pourquoi. C’est aussi LA plus importante destination soleil du Chili.
Le village de Coquimbo, à quelques km en bordure de mer, vaut le détour. C’est à cet endroit que j’apercevais pour la 1ère fois une mosquée en Amérique du Sud. On raconte qu’une forte communauté de libanais demeure dans les environs (allez savoir pourquoi). Pour célébrer l’arrivé du 3ème millénaire (l’an 2000), le roi du Maroc a même offert une immense (et horrible) croix qui a été installée au sommet de la plus haute colline. Quand même drôle qu’un roi musulman offre une croix… à une ville anonyme du Chili… quand on pense que la croix est un signe bani dans les pays musulmans… enfin…
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RUTA DE LAS ESTRELLAS
(la route des étoiles)
La raison principale pour arrêter à La Serena était pour explorer la vallée de Elqui à une cinquantaine de km plus loin dans les terres.
Petite vallée peu profonde, le fond est tapissé de plantation de vignes, le tout entourée de montagnes désertiques et de cactus. C’est dans cette vallée qu’est fabriqué le Pisco, alcool national du Chili (bien que la paternité soit disputée avec le Pérou) qui pourrait s’apparenter à de la vodka fruité, et fait à partir de vigne de muscat.
Le petit village de Pisco Elqui, blotti tout au fond de la vallée, vaut le détour. Quoique très touristique, il possède l’une des plus belles places centrales que j’ai pu voir en Amérique du Sud avec une superbe église en bois.
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EL RIO CELESTIAL
La véritable raison de faire un détour par la vallée de Elqui est pour y admirer les étoiles. En effet, la vallée est reconnue comme l’un des meilleurs endroits sur Terre pour admirer les astres avec une moyenne de 360 nuits sans nuage par année. On retrouve pas moins de 6 observatoires scientifiques et 5 observatoires amateurs dans un rayon de 10km. J’y ai d’ailleurs vu les plus intenses/brillantes étoiles filantes que j’ai pu voir de ma vie.
Nous arrêtions notre choix sur l’observatoire Mamalluca. En plus d’un leçon d’histoire sur la plupart des constellations, nous apprenions que;
- Notre système solaire (La Voie Lactée) est composé de plus de 200 milliards d’étoiles et que 99% des étoiles possèdent des planètes en orbites,
- Que dans les Andes, La Voie Lactée est baptisée « Mayu », qui signifie « El Rio Celestial / La rivière du ciel »,
- Que notre étoile, le Soleil, est considéré comme étant une très petite étoile, et que la plus grosse étoile connue est environ 1300 plus grosse que notre Soleil,
- Regarder les étoiles c’est regarder le passer puisque la lumière de certaines étoiles prend plusieurs siècles à nous parvenir,
- Il y a environ 7000 satellites en orbite autour de la Terre. De ce nombre, 80% ne sont plus en utilisation et dérivent autour de la planète. On les surnomme « Space Junk (déchets de l’espace) »,
- En terme d’année lumière, la distance entre la Terre et la Lune est de 1seconde,
- L’homme est actuellement capable d’aller à une vitesse d’environ 500 millions de km par heure dans l’espace… ce qui est considéré comme lent.
Malgré tout, je crois que ce qui m’a le plus épaté de cette visite fut de voir des gens prendre des photos du ciel (la nuit) avec un flash… sans commentaire…
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VALPARAISO – LA PERLE DU PACIFIQUE
Ville du Patrimoine de l’UNESCO, de 300000 habitants et située sur la côte pacifique à proximité de Santiago de Chili (Capitale), Valparaiso est une ville verticale toute en couleur.
Vous n’aimez pas monter des marches? Oubliez tout de suite Valparaiso…
Fondé en 1536, Valparaiso était un simple hameau durant l’Empire Espagnol. Après l’indépendance du Chili (1818), Valparaiso devint le port principal de la nouvelle flotte chilienne, transformant l’endroit en un arrêt à ne pas manquer pour tout bateau franchissant le Détroit de Magellan. Surnommé le « Joyau du Pacifique », Valparaiso était probablement le port le plus important de toute la cote pacifique du continent sud américain, sinon du continent américain tout entier.
De ce fait, l’endroit reçu son lot d’immigrants de toute sorte; principalement anglais, allemand, français, italien et suisse… l’architecture et la culture de la ville étant grandement influencé par ce melting pot de communautés.
L’ouverture du Canal de Panama au début du 20ème siècle signait le déclin du port… le siècle étant une interminable agonie pour Valparaiso.
Depuis quelques décennies, Valparaiso a regagné ses lettres de noblesses avec les bateaux cargo tanker, trop gros pour passer dans le Canal de Panama, et qui n’ont pas le choix de contourner le continent par le sud.
Valparaiso version 21ème siècle est reconnu pour sa culture bohème, ses maisons de couleurs entassés sur les multiples collines qui forment la ville et offrent de magnifiques points de vue sur l’océan. De nombreux funiculaires/trains (appelés « asensores ») ont été construits ici et là pour faciliter ls circulation verticale en ville. Plus souvent qu’autrement, vous emprunterez l’un des multiples « pasajes »… un mot plus doux pour décrire les interminables escaliers qui transforment les collines en véritable labyrinthe.
Valparaiso est aussi reconnue comme étant la Capitale des Graffitis en Amérique du Sud. Dans le centre-ville, il est littéralement impossible de marcher 30 secondes sans tomber sur un graffiti. Si vous ne voyez pas de graffiti, c’est que vous n’êtes pas à Valparaiso. Marcher à Valparaiso c’est marcher dans un musée à ciel ouvert. Certains quartier de la ville sont d’ailleurs littéralement appelés ainsi « Museo al Cielo Abierto ».
On raconte que peu de voyageur ne sont pas inspiré par Valparaiso… eh bien… je suis malheureusement à inclure dans ces « peu de voyageurs ». On ne se le cachera pas; j’ai été très déçu par Valparaiso. Après tout ce que j’avais lu sur la ville, j’avais des attentes énormes envers Valparaiso. Je m’attendais à ce que Valparaiso soit ni plus ni moins la plus belle grande ville que j’avais vu jusqu’à maintenant en Amérique du Sud. Force est d’admettre que le titre revient toujours à Medellin (Colombie) et Quito (Équateur). Reste encore Buenos Aires, Rio, Sao Paulo, Cuzco, La Paz et Santiago de Chili pour ravir le titre (tant convoité). La chose dont je vais surement m’ennuyer le plus était notre superbe auberge…
Valparaiso a un potentiel fou, mais c’est plus du domaine du rêve que de la réalité pour l’instant, puisque outre certains quartiers, pas mal tout est à l’état d’abandon. Le meilleur exemple est le bord de mer; une grosse friche urbaine inaccessible au public, alors que cela pourrait devenir une superbe plage avec un quartier branché.
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SANTIAGO DE CHILE
Je n’avais pas encore posé les pieds à Santiago que j’adorais l’endroit. Dans le bus qui nous conduisait de Valparaiso à Santiago de Chile, j’avais posé les yeux pour la 1ère fois sur la cordillère des Andes avec ses sommets tous enneigés en arrière plan de la mégapole.
Fondé en 1541 sous le nom officiel de « Santiago del Nuevo Extremo », les 300 premières années d’existence de la future capitale du Chili furent pour le moins difficile. Quand ce n’était pas les tremblements de terre ou les inondations qui détruisaient la ville, Santiago était rasé ou encore capturé lors des multiples attaques du peuple Mapuche qui défendait férocement leur territoire devant l’envahisseur espagnol (nous reparlerons plus en détail de ce peuple dans le prochain épisode).
La ville est passé de moins de 300000 habitants au début du 20ème siecle, à plus de 7 millions au début du 21ème. De nos jours, plus du 1/3 des habitants du Chili habitent dans la capitale ou en périphérie.
Si vous avez un seul endroit à visiter en ville, il faut que ce soit le Cerro Santa Lucia. Petite colline située en plein coeur du centre-ville avec une ancienne tour de défense au sommet, c’est le lieu de fondation de la ville en plus d’offrir un super panorama à 360 degrés sur la ville, la vallée et les montagnes environnantes.
Au pied de montagnes enneigés à l’année, à une run de métro de certains des plus vieux vignobles d’Amérique, à moins de 200km de l’Argentine, ville à l’architecture moderne… tout cela serait parfait si la ville n’était pas tristement célèbre pour sa piètre qualité de l’air. D’intense nuages dd snog sont causés par la vallée en forme de cuvette où se trouve Santiago et qui retient les gaz à effet de serre.
Santiago est une ville cosmopolite avec un feeling nord américain comme j’ai seulement vu à Lima jusqu’à maintenant (mais en plus beau). Pour cela, et plus encore, je hisse Santiago de Chili dans le Top3 de mes grandes villes préférées en Amérique du Sud.
À la question « est-ce que je pourrais/aimerais vivre à Santiago de Chili un jour? » la réponse est OUI/Définitivement.
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« I CAN RIDE MY BIKE WITH NO HANDLEBAR »
30 novembre 2016
Pour une 4ème fois d’affilée, j’allais célébrer ma fête à l’extérieur du Canada. Après Bangkok il y a 3ans, Dubai il y a 2 ans et les abords du Mont Fuji au Japon l’an dernier, j’allais passer ma fête actuelle à visiter l’un des plus vieux vignobles du Chili… et donc d’Amérique; le vignoble Cousiño Macul à peine à l’extérieur de Santiago au pied des montagnes.
En sortant de la station de métro, rien ne pouvait indiquer que nous étions à proximité d’un vignoble; nous étions dans une banlieue moderne. 2km plus loin et le décor avait changé du tout au tout.
Une fois dans le vignoble, on oubliait vite la ville tellement l’endroit était calme et verdoyant.
Fondé en 1856 par la famille Cousiño, le vignoble possédait alors plus de 28% du territoire actuel de Santiago de Chile. La famille Cousiño a vendu presque toutes ces terres au fil des ans. Le vignoble d’aujourd’hui ne fait plus que 100 hectares.
Encore aujourd’hui, la 7ème génération de Cousiño opère le vignoble, si qui fait du vignoble Cousiño Macul l’un des seuls encore opéré par une famille (et non une grosse corporation internationale) au Chili.
En d’autres mots, si votre nom de famille est Cousiño à Santiago, vous êtes une personne puissante/influente.
Le mot Macul est un mot Mapuche signifiant « main droite » (fouillez moi pourquoi).
Situé dans la vallée de Maipo, la vallée où se trouve Santiago de Chile, le climat de la vallée est parfait pour la culture des vignes; avec les andes tout près, il fait environ 30 degrés le jour à l’année longue et les nuits sont fraiches, le climat est sec (pas d’humidité) et le sol volcanique (il y a 3 volcans à moins de 5km) procure un som riche en minéraux… toutes des conditions parfaites pour la productions de vin rouge.
Nous faisions dans un premier temps une visite du vignoble à vélo (tout en dégustant du vin)…
… avant d’explorer l’ancienne usine et le cellier, tout 2 datant de 1870.
J’y apprenais entre-autre que;
- Dans un premier temps, le vin a été importé en Amérique afin de fournir en vin de messe les églises (qui a dit que la religion n’a jamais rien apporté de bon dans nos vies ;-). À l’époque de la colonie, il était très fréquent d’avoir un vignoble directement à coté des églises…
- À l’origine, seuls les jeunes filles vierges pouvaient sélectionner les grapes de raisins. On leur attribuait des pouvoirs surnaturels qui faisaient en sorte qu’elles pouvaient savoir quelles grapes feraient le meilleur vin. Mon petit doigt me dit que si le vin était mauvais… peut-être ls jeune fille n’était pas véritablement vierge.
- Quand le mot « Reserva » se retrouve sur une bouteille de vin (peu importe le vignoble), cela signifie que le vin a passé du temps dans un baril en chêne.
Pour les passionnés de vin, Santiago de Chili est un endroit à ajouter sur votre liste de voyage.
En plus de se trouver dans la vallée de Maipo, la plus vieille région productrice de vin au Chili, où l’on retrouve d’autres vignobles très connus tels le vignoble « Carmen », qui produit les vins éponymes, et le vignoble « Toro y Concha », plus grand producteur de vin au Chili, qui produit entre-autre le vin mondialement connu « Casillo del Diablo », la capitale se trouve à moins de 100km de la presque totalité des vignobles au pays;
- la vallée de Casablanca,
- la vallée de Colchagua,
- la vallée de l’Aconcagua… partagée avec l’Argentine… où l’on retrouve le célèbre vignoble qui produit l’Errazuriz.
- la vallée de San Antonio, qui se spécialise dans les vins expérimentales.
- en plus d’être à seulement 300km de Mendoza, la mecque du vin en Argentine.
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En cette matinée semi-glaciale du 1 décembre 2016, fini les grandes villes et le désert. En route vers le sud pour éventuellement gagner la Patagonie.
Distance jusqu’à Ushuaia = 2420km
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P.S. I – Nous avons appris qu’à l’indépendance du Chili, le nouveau pays a completement renié l’Espagne pour embrasser tout ce qui était français. L’ironie dans tout cela est que l’ensemble de l’empire espagnol en amérique a enclenché le processus d’indépendance lorsque la France de Napoléon a envahi l’Espagne, et que Napoléon a placé son frère comme roi d’Espagne. Les espagnols d’Amérique du Sud avait en horreur l’idée de se faire gouverner par les français…
P.S. II – À la station de bus juste avant notre départ de Santiago, nous avons été victime d’un voleur. J’attendais Tanzi assis sur un banc avec tous les sacs à coté de moi quand un gars m’a fait un tour de passe passe en ramassant des clés par terre et me demandant si c’était les miennes (alors qu’un de ses potes devait être assis de l’autre coté). Quelques minutes plus tard, au moment de l’embarquement, l’un de nos sacs était manquant; le petit sac de nourriture pour le camping. De tous les trucs qu’on aurait pu se faire dérober, le gars était parti avec le sac de bouffe. Je ne pouvais m’empêcher de rire en pensant à son étonnement lorsqu’il allait ouvrir le sac.