
Épisode 94 – Cochamo; le Yosemite du Sud
5 décembre 2016
Nous voici donc à Puerto Varas dans le centre sud sud du Chili.
Fondé en 1853 par plus de 200 familles allemandes ayant immigrées d’Europe dans le cadre d’un programme de colonisation du Lago Llanquihue (lac autour duquel se trouve Puerto Varas) au sud du territoire Mapuche… alors que la guerre perdurait avec eux pour encore 30ans… on peu sentir l’influence allemande partout dans la « Ville des Roses »; que ce soit dans le nom des rues/magasins, sur l’architecture, ou simplement sur le visage des chiliens de l’endroit.
Quoique extrêmement touristique, Puerto Varas avait beaucoup de charme, en grande parti du au lac et aux volcans Osorno et Calburo qui transperçaient le ciel tout au loin.
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FRUTILLAR
À une trentaine de km de Puerto Varas, Frutillar ressemblait à un véritable musée de l’architecture allemande à ciel ouvert. Beaucoup plus authentique et moins touristique que sa voisine, la proximité avec le lac et la vue sur les volcans était splendide.
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YOSEMITE DU SUD
6 décembre 2016
Par une matinée pluvieuse, nous étions sagement (à nous les geler solide) sur le bord d’une rue de Puerto Varas à attendre le minibus qui allait nous conduire à Cochamo. Nous attendions… et attendions… et attendions encore… pour que finalement un bus bondé se pointe le bout du nez.
En route…
Nous passions les 2 heures suivantes debout dans l’allée.
Le bus nous laissait en bord de route à l’embouchure d’une rivière juste après le village de Cochamo.
Direction la Vallée du Rio Cochamo.
Comme son nom l’indique, la vallée suit le rio Cochamo et remonte jusqu’à La Junta, l’endroit le plus large de la vallée, notre destination.
Il est possible de continuer plus loin jusqu’en Argentine (un peu au sud de Bariloche) à environ 2-3jours de marche. Surnommé la « Gaucho Trail », « gaucho » signifiant « cowboy » en espagnol, ce sentier était utilisé il y a plus de 100ans par les éleveurs de bétail argentin en route vers les mines du nord du Chili pour y vendre leurs viandes.
La vallée de Cochamo est surnommé le « Yosemite du Sud ». Avec ses formations rocheuses de plus de 1000m d’altitude, l’endroit s’est attiré les comparaisons avec le célèbre parc américain. Pour avoir déjà été à Yosemite, et du fait que le parc soit l’un de mes endroits préférés dans le monde, j’avais bien hâte de jeter un coup d’oeil à la vallée de Cochamo pour voir si les comparaisons tenaient la route. On raconte qu’avec la forêt de l’ile de Vancouver et le parc national Séquoia aux États-Unis, la vallée de Cochamo a l’une des 3 plus anciennes forêts du continent.
Après 8km de marche sur la route de terre s’enfonçant dans la vallée, nous gagnions enfin le début officiel du sentier.
Avec toute la pluie des derniers jours, je renouais avec mon vieil ami la boue. Certaines zones ressemblaient à des tranchées de la 1ère Guerre Mondiale tellement elles avaient l’air de des zones de guerre.
Tel un puzzle, il fallait bien souvent se casser la tete pour trouver la sortie en passant par des sentiers alternatifs puisque le sentier principal était complètement défoncé. C’était comme jouer à Serpents et Échelles grandeur nature et version boueuse; ponts suspendus, passerelles, escaliers, et j’en passe…
Plus nous avancions et plus le ciel s’éclaircissait au point où la pluie cessait et les nuages s’éclaircissaient.
Un massif rocheux apparaissait alors au travers de la végétation au-dessus de nos têtes…WOW
13km de boue plus tard que nous arrivions au Camping La Junta. Situé au beau milieu de Cochamo, l’endroit offrait un époustouflant panorama à 360 degrés. À ce moment, personne n’aurait pu me décrocher le sourire du visage; je vivais un moment d’extase et me promenais avec les yeux rivés vers le ciel, ne pouvant décrocher mon regard de ces géants de granite.
Paradis de l’escalade, c’était peut-être le Paradis point… le genre d’endroit que tu ne veux pas quitter. C’est exactement ce qui est arrivé avec le couple argentino/americain qui avait découvert l’endroit (oui oui decouvert) dans les années 90; ils ont créé un camping et un refuge et sont toujours ici.
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Au réveil, j’étais toujours en extase devant la beauté des lieux. Ciel bleu et absence de vent signifiaient que nous allions pouvoir explorer un peu notre nouvel environnement; nous allions monter au sommet de l’un de ces géants de granite.
Le sommet Arco Iris était tout désigné. Atteint après avoir négocié un sentier brutal de 3km de long et 900m de dénivelé positif, et après avoir négocié plusieurs sections très techniques (du genre se hisser à l’aide de cordes sur des parois de pierre mouillée à plus de 70 degrés d’inclinaison… avec le fond de la vallée en-dessous… perdre pied équivalait à une mort presque certaine… au point ou Tanzi et quelques autres randonneurs rebroussaient chemin…)
Il n’était pas question que je n’aille pas jusqu’en haut. Peu importe la hauteur de la montagne, on à l’impression d’être le Roi du Monde lorsqu’on atteint un sommet. C’est la seule drogue à laquelle je suis accro.
La récompense pour avoir atteint le sommet en valait la chandelle; une superbe vue sur toute la vallée et les montagnes environnantes.
WOWe
Pas de doute, l’endroit méritait définitivement son surnom de « Yosemite du Sud ».
Il fallait maintenant survivre aux 3km de descente… plus facile à dire qu’à faire.
Ce trek, que je croyais pouvoir boucler en 3-4h, nous prenait finalement 7h, me prenait tout mon petit change d’énergie, et avait comporté certaines des sections les plus techniques que j’avais eu à négocier sur un sentier pédestre.
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Une deuxième nuit au camping…
…et nous retournions ensuite sur nos pas jusqu’au village de Cochamo. Situé dans le petit estuaire de Reloncavi, avec ses eaux bleu clair et dominé par un volcan tout blanc juste devant, le petit village avait tout d’un décor de carte postale.
Toute bonne chose ayant une fin (pour qu’une nouvelle « bonne chose » commence), nous mettions le cap sur Puerto Varas…
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10 Décembre 2016
Direction Puerto Montt… amicalement rebaptisé Puerto Shitt… à 30km de Puerto Varas… une ville laide sans AUCUN charme… mais lieu de transit inévitable.
Nous y prenons un traversier de nuit (oui oui traversier de nuit… c’est une première) en direction du village de Chaiten au coeur du Parc Pumalin.
À Suivre…