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Épisode 103 – Buenos Aires; Paris de l’Amérique du Sud

29 Janvier 2017
10.00 – Le bus dans lequel je prenais place depuis maintenant 25 heures faisait son entrée dans Buenos Aires.
Cette arrivé dans la Capitale de l’Argentine mettait un terme à 3 jours de voyage intense… 3 jours où j’avais traversé la moitié de l’Argentine, traversé les Andes et visité Santiago de Chili en vitesse.

MENDOZA… EN COUP DE VENT
J’avais quitté Bariloche 3 jours plus tot en direction de Mendoza; la Capitale du vin en Argentine (si vous buvez un vin d’Argentine, il y a fort à parier qu’il vient de Mendoza où de ses environs… regardez sur la bouteille).
Situé au pied de la Cordillère des Andes, Mendoza, de son nom complet (prenez une grande respiration) « Ciudad de Mendoza del Nuevo Valle de la Rioja », est la 4ème plus grande ville d’Argentine. C’est de là que prit forme le mouvement d’Indépendance… du Chili… avec à sa tête le Général San Martin… qui traversa les Andes pour éventuellement marcher sur Santiago de Chile.


Mendoza… jolie ville, mais sans véritable trucs à voir/faire… mis à part faire la farniente et récolter de l’information pour la suite de mon voyage. Parce que oui, (si tout allait comme prévu) Mendoza me servirait de point de départ pour gravir la plus haute montagne des Amériques dans quelques mois.

À TRAVERS LES ANDES
Mendoza derrière moi, direction Santiago de Chile… pour une dernière nuit de folie au Chili (pas vraiment). Je me serais bien passé de ce détour, mais nous avions laissé des trucs là il y a 2 mois dans le but de nous alléger en Patagonie. Il fallait maintenant les récupérer.
Santiago de Chile se trouvait à seulement 200km à vol d’oiseau de Mendoza, mais il fallait compter 7 (pénibles) heures de bus pour franchir la Cordillère des Andes.
La route se frayait une chemin au travers des montagnes en zigzaguant dans de profondes vallées. À cet endroit, les Andes sont relativement arides, exception faite des hauts sommets 5000m+) enneigés.
En route, je passais à seulement quelques km de la chaine de montagne « Cordon del Plata » (culminant à 5900m) et de l’Aconcagua (6960m – plus haute montagne sur Terre en dehors de la chaine des Himalayas… Everest, K2, etc. font tous parti de l’Himalaya). Si tout va bien, vous allez entendre parlez de ces bêtes dans quelques mois.


Je passais aussi dans la Vallée de Uspallata. Ce nom ne vous dit assurément rien, mais c’est là que fut tourné le film « 7ans au Tibet ». Ce film a marqué mon enfance… j’irais même jusqu’à dire que je ne serais peut-être pas un adepte de montagne aujourd’hui si je n’avais jamais vu ce film.
À peine passé la frontière que le ciel se couvrait de fumée. Le centre du Chili est actuellement en proie à de terribles feux de forêt (les pires feux de l’histoire du Chili).
Mon retour à Santiago de Chile bouclait la boucle de mon départ de Santiago il y a 2 mois presque jours pour jour jour. Du 1 décembre 2016 au 27 janvier 2017, j’avais mis les pieds dans pratiquement tous les parcs nationaux de Patagonie au Chili et en Argentine; Altos de Lircay (Épisode 93), la Vallée de Cochamo (Épisode 94), le Parque Pumalin (Épisode 95), Chiloé (Épisode 96), Torres del Paine (Épisode 98), Dientes de Navarino (Épisode 99), Fotz Roy (Épisode 100), Los Glaciares NP (Épisode 101) et Nahuel Huapi (Épisode 102).

Durant cette période, j’avais dormi 26 fois dans ma tente… un record qui allait durer encore au moins 1 an jusqu’à mon périple sur la Pacific Crest Trail (on a le temps d’en reparler ;-).
Dès le lendemain matin, je repassais les Andes. Direction la cote est de l’Amérique du Sud 1200km (à vol d’oiseau) plus loin.

BUENOS AIRES; « PARIS DE L’AMÉRIQUE DU SUD »
29 Janvier 2017
10.00 – Le bus dans lequel je prenais place depuis maintenant 25 heures faisait son entrée dans Buenos Aires. La ville semblait s’étendre jusqu’à l’infini.
Des arbres et des bâtiments d’une dizaine d’étages, c’est tout ce que je pouvais voir durant la vingtaine de km sur l’autoroute surélevée passant au travers de Buenos Aires jusqu’au centre-ville.
Buenos Aires, qui signifie « Bons Airs » en francais, a pour nom officiel « Santisima Trinidad y Puerto de Nuestra Senora del Buen Ayre » (ouch), fut fondé par les espagnols en 1536 afin de doter l’Empire Espagnol d’un accès à l’océan Atlantique pour les mines de Bolivie. La ville étaient cependant de peu d’importance pour les espagnols puisque ceux-ci privilégiaient les ports de la cote ouest, principalement celui de Lima, qui était alors la capitale de l’Empire Espagnol en Amérique.
Buenos Aires était donc une ville de second ordre jusqu’à l’Indépendance de l’Argentine au début du 19ème siècle… tout un contraste avec la situation actuelle…
Avec plus de 14 millions d’habitants, soit plus de 25% de la population totale du pays, Buenos Aires est la Capitale et Coeur de l’Argentine.
Plus que cela… Buenos Aires est souvent considérée « Paris de l’Amérique du Sud » et la ville la plus européenne du continent.


La comparaison tient la route quand on flâne dans les rues. Peu importe le quartier; Recoleta, Palermo, La Boca, Centro, Retiro et San Telmo, petites et grandes artères sont bordées par de beaux bâtiments de 5-8 étages.


PUERTO MADERO
En plein coeur de la ville, l’ancien port fut d’abord laissé à l’abandon, au point de devenir une friche industrielle, pour finalement être reconverti en centre-ville branché il y a environ 10ans…

Son architecture de type industriel et ses vieilles pierres, mixé avec des bâtiments contemporains, est organisé autour des anciennes écluses. Longues de plusieurs km, celles-ci agissent comme la colonne vertébrale du nouveau quartier et sépare très distinctement Puerto Madero du reste de Buenos Aires.


CEMENTERIO DE LA RECOLETA
Je n’ai jamais vu autant de monde dans un cimetière…
Le Cimetière Recoleta, situé dans le quartier éponyme, sert de repos éternel aux membres de la haute société de Buenos Aires. Les mausolées y sont des plus extravagantes, faisant du cimetière l’un des endroits à ne pas manquer lors d’un passage à Buenos Aires.
Il y avait tellement de bruit que ça aurait pu réveiller les morts de leur sommeil éternel.
La « résidente » la plus célèbre du cimetière est sans aucun doute Eva Peron. Sa tombe est vénérée comme l’est celle du chanteur Jim Morrison au Cimetière du Père Lachaise à Paris.



EVA « EVITA » PERON
En 1952, Eva Peron n’avait que 33ans lorsqu’elle fut emportée par un cancer de l’utérus. Elle avait encore toute la vie devant elle, mais avait déjà tant fait.
Né Maria Eva Duerte… morte Maria Eva Duerte de Peron… connue de tous les argentins sous le nom de « Evita », on raconte qu’à sa mort, les fleuristes du pays tout entier furent en rupture de fleurs.
Né en 1919 et fille illégitime d’un riche aristocrate de Buenos Aires, Evita grandissait avec sa mère et ses 4 frères et soeurs, en campagne, dans la pauvreté la plus totale. Vers 15 ou 16ans, elle décidait de plier bagages pour tenter sa chance à Buenos Aires.
Après avoir joué quelques rôles mineurs au cinéma, elle se dégote un rôle dans une émission de radio. Elle ne quitterait plus jamais ce micro, celui-ci lui donnant une tribune pour dénoncer les injustices grandissantes en Argentines.
– Elle rencontre Juan Peron en 1944…

– Celui-ci est alors marié et Colonel dans l’Armée…

– Evita et lui se marient en 1945…

– Juan est élu démocratiquement président de l’Argentine en 1946…

– Grand socialiste voulant réformer le système pour créer une Argentine plus égalitaire, Juan fait d’Evita l’une de ses ministres. La notoriété d’Evita ne fait que grandir… tout comme sa tribune pour dénoncer les injustices…

– Alors qu’elle songeait à se présenter elle-même au présidentielle d’Argentine, elle est emporté en 1952 par un cancer de l’utérus…

– On lui fait des funérailles d’état et plus de 3 millions d’argentins défilent devant sa chapelle ardente…

– Evita n’avait cependant pas que des amis. Très engagée auprès des pauvres et pour la cause des femmes, la haute société de Buenos Aires l’avait en horreur. Au lendemain de sa mort, on retrouvait des graffitis « Viva el Cancer (Vive le Cancer) » un peu partout en ville.

– En 1955, Juan Peron est renversé par un Coup d’État militaire. La haute société, les militaire et la police aiment rarement les gouvernements qui viennent en aide aux plus démunis… au détriments des intérêts des riches.

– Le nouveau gouvernement militaire interdit alors aux argentins de prononcer les noms Juan Peron, Evita ou Eva Peron, sous peine de sanction…

– Forcé à l’Exil en Espagne, Juan Peron revient en Argentine en 1972, pour être à nouveau élu démocratiquement comme président d’Argentine.

– Il meurt en fonction en 1974… est remplacé par sa 3ème femme… qui est renversée par un nouveau Coup d’État militaire en 1976…
Pour ceux qui auraient vu le (très mauvais) film « Evita », sorti en 1996 et mettant en vedette Madonna et Antonio Banderas, sachez que le film est une fausseté du début à la fin. Entre autre, Ché Guevara n’a jamais rencontré Evita.

LA DICTATURE – 1976 à 1983
Le renversement du gouvernement Peron par les militaires en 1976, et la dictature qui s’en suivit, représente probablement la période la plus sombre de l’histoire de l’Argentine.
De son nom officiel « Proceso de Reorganizacion Nacional (Le Processus de Réorganisation Nationale) », la Dictature ne supportait aucune opposition. Le régime se lançaient dans une véritable chasse aux sorcières pour éliminer tous leurs opposants; partis d’oppositions, écrivains, universitaires, prêtre, etc.
Vous étiez revendicateur d’un quelconque droit ou pire encore communiste… la police vous arrêtait pour une interrogation (sans nécessiter de mandat)… on vous droguait… vous mettait dans un avion… et on vous jetait en plein vol dans le Rio del Plata.
Ces vols étaient appelés « Les Vols de la Mort », et l’action de vous jeter dans le Rio del Plata en plein vol était surnommé « le Flat de la Mort ».
Vous savez quand on saute dans un piscine de trop haut et qu’on touche l’eau avec le ventre… ça fait mal… imaginez être lancé depuis un avion… de cette hauteur l’eau se transforme en béton… et vous vous transformez en crêpe lorsque vous touchez l’eau.
Bref, je crois que vous avez compris l’idée…
Résultat, le régime a fait plus de 30000 disparus (Desaparecidos), 15000 fusillés, 9000 prisonniers politiques et plus de 1.5 millions d’exilés (sur les 30 millions d’habitants du pays à l’époque).
Ne voulant pas tuer de femmes enceintes, le régime les gardaient en captivités jusqu’à ce qu’elles donnent naissance, puis confisquaient le bébé et tuait la mère. Les bébés étaient donnés en adoption illégale à des familles de policiers ou militaires.
Il y a une dizaine d’année le gouvernement d’Argentine a lancé un programme de test ADN. Des femmes qui savaient leur fille enceinte lorsqu’elle a disparu, et qui étaient convaincu d’avoir un petit fils/fille vivant quelque part pouvaient donner de leur ADN. Le gouvernement invitait aussi les argentins aujourd’hui âgés entre 37 et 42ans à faire ce test si ils avaient des doutes sur leur origine. Le test compare l’ADN de l’enfant (adulte), avec les mères de filles disparues… et pouf… le programme a jusqu’à maintenant permis de « retrouver » 114 enfants.
Imaginez comment vous devez vous sentir en découvrant que vos parents ne sont pas vos véritables parents, et que votre véritable mère fut assassinée.

L’Argentine est finalement retournée à la Démocratie en 1983…
Depuis, le pays est en constante crise économique depuis ce temps, ayant des récessions et inflations monstres.
On raconte que de voyager/vivre en Argentine en 2017 est 45% plus cher que l’an dernier. Dans 2 mois, ça pourrait bien monter ou redescendre drastiquement. Pour l’heure, les prix sont similaires à l’Europe, mais les salaires argentiniens sont du genre Mexique. Plusieurs argentins ne peuvent même pas s’offrir des biens de base.

Pour terminer sur une note positive, c’est dans les quartiers pauvres de Buenos Aires qu’est né le Tango (danse) il y a un peu plus de 100ans. Pour être plus précis, le Tango est né dans les bordels (maisons de prostitution) de La Boca. À l’image du Blues, le Tango était un moyen d’extérioriser sa souffrance par la danse.



4 Février 2016
S’en est fini de Buenos Aires et de l’Argentine.
Contrairement au chili, où j’étais triste et nostalgique de quitter, je ne peux contenir ma joie de partir sous d’autres cieux…
Direction l’Uruguay… avec Tanzi de retour à mes cotés.

Publié par Nicolas Pare le 6 février 2017

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