
Épisode 109 – Au 7ème Jour, Dieu Créa Rio de Janeiro
« Dieu a crée le monde en 6 jours. Au 7ème jour, il créa Rio de Janeiro » – C’est du moins ce que les habitants de Rio prétendent… et il est difficile de ne pas leur donner raison; Rio c’est le Paradis et l’Enfer en même temps.
Qui n’a jamais entendu parler de Rio, de ses 2 plages iconiques Copacabana & Ipanema, de sa majestueuse baie parsemée de pics rocheux, et de la statue du Christ surplombant la ville? Qui n’a jamais entendu parler du Carnaval de Rio, le plus célèbre Carnaval de la planète?
Rio est peut-être la plus belle ville de tous les Amériques… mais c’est aussi l’une des plus dangereuses. Les 2 dernières semaines de voyage au Brésil avaient aidé à diminuer notre niveau d’inquiétude par rapport au danger que nous courrions, mais nous sortions de la station de bus un peu nerveux.
Dans le taxi nous transportant jusqu’à notre auberge, nous aurions été dans les rues de Mogadiscio (Somalie), Kaboul (Afghanistan) ou en Syrie, que Tanzi aurait eu la même réaction; la peur s’inscrivait sur son visage.
Notre auberge se trouvait loin des quartiers branchés de Copacabana & Ipanema, au sommet du quartier Santa Helena; un vieux quartier, sur une petite colline labyrinthique, à proximité de la vieille ville (Centro), qui n’a plus grand chose de vieux…
Nous pouvions donc souffler un peu en regardant la superbe vue qui s’offrait à nous de notre superbe terrasse 😉
Dès demain, nous allions nous réveiller dans un Rio à l’heure du Carnaval.
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RIO DE JANEIRO POUR LES NULS
Pour ceux qui vivraient sur une autre planète et ne connaissent pas Rio, voici quelques infos utiles.
Rio de Janeiro, « Rivière de Janvier » en français, fut fondée en 1565 sous le nom de « Sao Sebastiao do Rio de Janeiro ».
Siège de la monarchie (au 19ème siècle) et ancienne capitale du pays (avant que Brasilia ne soit crée en 1960), ses 12 millions d’habitants la classe 2ème plus grande ville du Brésil.
Tout n’est pas rose dans la (peut-être) plus belle ville du monde, avec plus de 1000 favelas (bidonvilles) réparties un peu partout dans la ville.
Au lieu d’investir dans les services sociaux et la lutte contre la pauvreté, le gouvernement brésilien a décidé d’investir dans le divertissement. L’organisation du Mondial 2014 (football/soccer) et les Olympiques d’été 2016 (1ère ville sud américaine à avoir les Jeux) ont été décriés par une bonne partie de la population.
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CHRISTO REDENTOR
(Christ le Rédempteur)
Perché au sommet du Morro (mont) Corcovado, à plus de 650n au-dessus de Rio, la statue du Christ Rédempteur est probablement l’une des 2 plus célèbres statues dans le monde avec la Statue de la Liberté.
Inauguré en 1931, après 9 ans de travaux, le Christ était à l’origine sensé être agenouillé, portant une croix sur ses épaules.
À la dernière minute, il fut décidé de construire un Christ debout, les mains grande ouverte, un Christ accueillant.
Sage décision puisque la statue a été désignée l’une des 7 nouvelles merveilles du monde.
Il y a 3 façons de visiter la statue du Christ Rédempteur; prendre le vieux tramway, y aller avec un groupe organisé via la route qui serpente jusqu’au sommet… ou marcher.
En ce 24 février 2017, des milliers de personnes qui sont montées au sommet du Corcovado pour admirer la statue de plus près… et avoir une vue époustouflante de Rio, moi et Tanzi furent 2 des quelques 20 personnes qui osèrent monter à pied.
Oui il faisait une chaleur écrasante, oui le sentier est un peu abrupte, mais le problème était ailleurs.
À notre arrivé au départ de la « Trilha (sentier) Corcovado » dans le Parque Lage au pied de la montagne, il devait y avoir une quarantaine de randonneurs entassés au poste de garde (il faut s’enregistrer pour faire la randonnée).
La gardienne du parc disait à tout le monde de NE PAS FAIRE L’ASCENSION À PIED. Puisque la police de Rio était en grève depuis 2 semaines, le parc était sans surveillance, et plus de 200 randonneurs s’étaient fait dérober depuis ce temps, notamment un groupe de 13 la veille. La gardienne nous exhortait d’aller prendre le tramway de l’autre coté de la montagne.
TOUS, sans exception, rebroussaient chemin. À ma plus grande surprise, c’est alors que Tanzi se tournait vers moi et me lançait; « Let’s Do It (On le fait) ».
Comprenez-moi bien, j’étais All In pour faire la randonnée malgré les risques de se faire attaquer, mais je n’aurais jamais risqué de mettre Tanzi dans le trouble contre son gré. Si elle avait dit non… nous serions allé sagement prendre le tramway.
Or, la même fille qui était terrifié à l’idée d’être à Rio pas plus tard que la veille, voulait maintenant « risquer sa vie » sur ce sentier.
Malgré une dernière mise en garde de la gardienne, qui nous suppliait de reconsidérer, nous étions en route (marche) vers le sommet.
Nous prenions quelques précautions en dispersant l’argent un peu partout dans nos vêtements, et en cachant le cellulaire (dans ma craque de fesse). Vous ne vouliez pas savoir ça… trop tard.
Quelques crises de panique (Tanzi) plus tard plus tard et nous réalisions sans embûche l’ascension jusqu’au Christ Rédempteur. Réaliser l’ascension jusqu’au Christ n’est pas bien compliqué. Il faut; 80% de confiance aveugle (stupidité) que rien ne peu vous arriver, 10% d’huile de genou et 10% de sueur.
Nous pouvions donc admirer le Christ et Rio… parmi la horde de touristes… avant de redescendre par le même sentier.
De retour à Santa Helena, complètement crevé, nous tombions sur une foule de 10000 personnes qui faisait la fête et bloquait la seule rue donnant accès à notre auberge. Durant le Carnaval, chaque quartier de la ville tient ce que l’on appelle des « Blocos », une fête de quartier matin, midi et soir… et il se trouve que Santa Helena était réputée pour tenir les plus gros blocos.
(Les 2 Frères)
Voulant réaliser l’ascension d’un 2ème sommet dans les environs de Rio, nous hésitions entre;
– Pao de Acucar (Le Pain de Sucre); montagne emblématique de Rio, culminant à 392m, en plein coeur de la ville sur le bord de l’océan, accessible via un téléphérique, couteux et très touristique,
– Pedra de Gavea; culminant à 844m, un peu à l’extérieur de la ville sur la cote, et assez technique,
– Dios Irmaos (Les 2 Frères); montagne iconique à 2 sommets directement au sud de la plage de Ipanema, culminant à 540m, en dehors des circuits touristiques et relativement facile.
Notre choix s’arrêtait sur Dios Irmaos.
Vu de Ipanema, Dios Irmaos ressemble à un rocher inaccessible à moins d’avoir un équipement d’escalade (un versant rocheux à la verticale). Or, le dos de la montagne est rond et poilu (forêt).
Pour rejoindre le début du sentier, il fallait monter au travers de la favela Vidigal. Il faut monter les rues sinueuses de la favela sans se faire frapper par l’une des voitures ou des motos taxis qui montent/descendent comme des fous furieux.
Une fois au sommet de la favela, vous avez fait la parti la plus difficile. Il ne reste qu’à marcher 3-4km jusqu’au sommet via un sentier très bien balisé et pas du tout technique. L’endroit est totalement sécuritaire, étant surveillé toute la journée par des hommes de la favela. Il faut comprendre que ce sentier jusqu’au sommet de Dios Irmaos est le seul moyen d’attirer des touristes dans la favela, donc ils en prennent soin.
Tous ces efforts sont récompensés par une formidable vue à 360 degrés, avec Rio directement (littéralement) à vos pieds.
Une chambre à Rio durant le Carnaval; $$$…
Marcher dans une favela, en chess, en buvant une bière; ça n’a pas de prix.
(Le meilleur party au monde)
Le Carnaval de Rio est le plus grand Carnaval du monde.
Le 1er Carnaval remonte en 1840. À cette époque, c’était une fête essentiellement religieuse. Les costumes et la samba ont peu à peu pris le dessus, si bien que l’aspect religieux a disparu.
Durant la semaine que dure le Carnaval, vous voyez des gens costumés, buvant et faisant la fête dans les rues un peu partout (même dans le métro) du matin au soir. Vous n’avez pas à chercher bien loin pour trouver le party, il vient généralement à vous.
Le Carnaval semble être l’excuse parfaite pour voler des vêtements dans le garde-robe de sa soeur, puisque le costume le plus fréquent semble être des hommes se déguisant en femme.
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UNE NUIT AU SAMBODROMO
En plus de toutes les festivités un peu partout en ville, le clou du spectacle du Carnaval de Rio se veut la compétition entre les écoles de Samba dans le Sambodromo.
Assister à une nuit de parade au Sambodromo était LA raison principale pour laquelle nous étions au Brésil. Pour ce faire, il avait fallu réserver notre auberge il y a 5mois. On raconte les derniers hébergements avaient été réservés 3 mois avant le début du Carnaval. En d’autres mots, on n’improvise pas à la dernière minute un voyage à Rio durant le Carnaval… sauf si vous planifiez ne pas dormir… ou dormir sur la plage.
Jusqu’en 1984, les parades se produisaient directement dans les rues de Rio. C’est lors que fut construit le Sambodromo (Stade de la Samba), un immense stade linéaire avec une avenue passant au milieu.
Chaque nuit du Carnaval, 6 écoles défilent sur l’avenue longue de 700m… devant plus de 75000 spectateurs en délire.
On raconte que le Sambodromo de Rio est l’endroit le plus sécuritaire en Amérique du Sud durant les nuits du Carnaval. Et pour cause, la compétitions attire des célébrités, politiciens et gens riches de partout sur la planète.
Les nuits du vendredi et samedi mettent en scène les écoles de samba de calibre inférier, tandis que les meilleures écoles performent le dimanche et le lundi. Le mardi, c’est la nuit des champions, alors que les gagnants des années antèrieures performent. Tant qu’à y aller, nous avions décidé d’y aller pour le dimanche lors de l’une des 2 nuits principales ($$$).
Quand je dit « nuit », c’est nuit. Chaque soir, les compétitions commencent vers 21.00, chacune des écoles défile durant environ 1 heure, et le tout se fini vers 05.00/06.00 le lendemain matin.
C’était complètement fou.
CHAQUE ÉCOLE a des centaines de costumes différents, portés par des MILLIERS de danseurs.
Durant 1 heures, des milliers de danseurs et de chars allégoriques défilaient devant nos yeux. Nous ne savions pas où regarder tellement il y avait de chose à voir en même temps… une véritable D É M E S U R E.
15 minutes de pause et nous repartions de plus belle avec une autre école…
05.30 – Alors que nous étions entré dans le Sambodromo 11 heures plus tôt, alors que le soleil n’était pas encore couché, nous quittions le stade avec le soleil qui se levait à l’horizon. Il restait encore 1 école à performer, mais nous dormions debout.
Passer une nuit blanche à regarder une parade du Carnaval de Rio; Check
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LA MURALE OLYMPIQUE
Tel que mentionné un peu plus haut, la vieille ville de Rio n’a rien de bien intéressant… et elle se transforme en véritable poubelle à ciel ouvert durant le Carnaval.
Au fil des dernières décennies, les édifices historiques ont presque tous fait place à de (pour la plupart) très laides grandes tours.
Un endroit récemment revitalisé vaut cependant le détour, un endroit comprenant le Museu do Amanha (le Musée de Demain), concu par le célèbre Santiago Calatrava, et la murale olympique.
La murale se veut la représentation de 5 visages autochtones de partout sur la planète;
– une femme africaine,
– une femme girafe (à long cou avec des colliers) de Birmanie / Asie,
– Une femme d’une tribu pré colombienne (vraisemblablement Inca) d’Amérique du Sud,
– Un homme (qui pourrait être un inuit) d’Amérique du Nord,
– Un aborigène d’Australie.
La murale a été conçu de A à Z durant les 2 semaines que duraient les Jeux Olympique l’été passé. Elle a pour but de véhiculer un message d’acceptation et de respect des autres, malgré nos différences.
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NOUS SOMMES ENCORE EN VIE
Qui l’eu cru, après 1 semaine complètement folle, nous quittons Rio sur nos 2 jambes, en pleine forme et sans s’être fait volé.
Rio, tu as une réputation de voyou, qui n’est pas sans fondement, mais oh combien exagérée.
Nous passons donc de l’ancienne à la nouvelle capitale du Brésil… 1000km à l’intérieur des terres.