Aller au contenu principal

Épisode 89 – Là où personne ne va

Bye Bye Arequipa et Pérou…
img_2371
… Bienvenue nord du Chili, endroit où très peu de voyageurs se donnent la peine de visiter puisque en dehors de la « Gringo Trail ».
 img_2373img_2501
Le Chili semblait si loin sur mon itinéraire de voyage. J’ai peine à croire, mais j’y suis déjà.
Ville en bordure de l’océan pacifique, située au beau milieu du désert et ceinturée par une gigantesque dune de sable, la ville de Arica représentait notre premier stop.
img_2405
Officiellement fondé en 1570 sous le nom de « La Muy Illustre y Real Ciudad San Marcos de Arica » (short & sweet comme on dit), Arica (de son surnom) était vite devenue un port très important en Amérique du Sud. C’est de là qu’était exporté l’argent et les autres minéraux de Bolivie.
Arica d’aujourd’hui était toujours un port très important, mais comportait quelques éléments attrayants pour les voyageurs, dont ses nombreuses plages avec de grosses vagues faisant la joie des surfeurs. Peu importe où vous vous trouvez en ville, il y a de forte chance que vous ayez une odeur de poissons dans le nez.
img_2417
La ville était surplombée par un gigantesque monticule de roche surnommé El Morro, l’endroit parfait pour admirer toute la région et les couchers de soleils.
img_2420img_2497img_2516img_2517
Quelques 10km plus au sud de la ville, se trouvait le parc Cuevas de Anzota et son paysage accidenté de bord de mer.
 img_2438img_2456img_2470img_2474
Au moment de notre passage, il y avait le « Carnaval Infantil 2016 » de Arica. Des groupes de jeunes d’un peu partout dans les environs défilaient dans les rues du centre-ville dans le cadre d’un concours de Samba.
 img_2409img_2485
CHILI POUR LES NULS
Les chiliens vous diront que quand Dieu a crée le Monde, il lui restait un peu de tout; des morceaux de déserts, des rivières & lacs bleu azur, des glaciers, des forêts, etc.
Il ne savait pas trop quoi en faire, alors il créa cette étroite et longue bande de terre coincée entre la cordillère des Andes à l’est et l’océan pacifique à l’ouest. C’est ça le Chili; un espèce de Touski fait des meilleurs restants.
Long de plus de 4300km, large de moins de 350km à son point le plus large, le pays le plus au sud de la Terre est assurément le pays le plus longiligne au monde… un espèce de top modèle anorexique version pays.
Depuis le désert le plus sec du monde au nord, au glaciers de la Patagonie au sud, en passant par les volcans et plaines verdoyantes du centre, le Chili sera mon terrain de jeu jusqu’à Noel et j’ai bien l’intention de vous faire découvrir une tonne d’endroit plus magnifique les uns que les autres. Pour l’instant, voici un petit bourrage de crâne.
Nom officiel; Republica de Chile,
Capitale; Santiago (de Chili)
Langue; Espagnol,
Nombre d’habitants; environ 18 millions, dont 6 millions vivant à Santiago et ses environs,
Monnaie; Peso Chilien,
Groupe Ethnique; 53% blancs, 40% métis, 7% indigènes.
Il y a plusieurs théories sur l’origine du nom Chili;
– Chili en Inca désigne la vallée de l’Aconcagua (en Argentine juste à coté de Santiago)
– Chili veut dire « où se termine la Terre » en Mapuche,
– Chili veut dire « l’endroit le plus reculé sur Terre » en Quechua,
– Et quelques autres théories.
Bref, on ne sait pas vraiment de où le nom vient, mais ce ne sont pas les théories qui manquent et presque toutes signifient que c’est le bout du monde.
Ferdinand de Magellan fut le premier européen à mettre les pied sur le territoire actuel du Chili, et du même coup franchir le dangereux passage maritime au sud des Amériques (aujourd’hui appelé Détroit de Magellan).
Par la suite, il fallu attendre 30ans jusqu’en 1535 pour que les conquistadors, assoiffés d’or, gagnent le territoire par le nord (Pérou). Le territoire était alors occupé au nord par les Incas et au centre & sud par les Mapuches (aussi appelé Araucanians par les espagnols) qui avaient résisté aux Incas. Les conquistadors, ayant entendu les Incas utiliser le mot « Chili » pour décrire ce territoire, se surnommèrent « les hommes du Chili ».
La conquête du Chili par les conquistadors commença officiellement dans les années 1540. Pas pour l’or ou l’argent, mais pour les terres fertiles du centre du Chili. Ils conquirent sans grande difficulté les Incas, mais ne réussirent pas à déloger les Mapuches.
Le Chili déclara son indépendance de l’Espagne en 1818… et les Mapuches furent finalement défait en 1880.
Le Nord du Chili faisait à l’origine partie de la Bolivie et du Pérou. S’en suivit la « Guerre du Pacifique », aussi connu sous le nom de « Saltpetre War (la guerre du sel) » ou « The Ten Cents War (la guerre des 10cents », de 1879 à 1883. Celle-ci opposait le Chili à l’alliance Pérou/Bolivie… tout cela parce que la Bolivie voulait imposer une nouvelle taxe minière (de 10cents) au Chili.
Le Chili fut le grand gagnant de cette guerre, occupant temporairement Lima en 1881, et signant un traité de paix avec la Bolivie (1883) et le Pérou (1884)… traités qui faisait en sorte que la portion de terre allant de Arica (autrefois Pérou) jusqu’à Antofagasta (autrefois Bolivie), soit plus de 800km de cote, passait entre les mains du Chili. Cela faisait en sorte de couper définitivement l’accès direct de la Bolivie à l’océan Pacifique, faisant du pays l’un des 2 seuls (avec le Paraguay) à ne pas avoir accès à l’océan en Amérique du Sud.
Pour le Chili, le 20ème siècle fut une succession de gouvernement élu démocratiquement, suivit de coup d’état, et ainsi de suite.
En 1973, un dernier grand coup d’état fut perpétré par le général Augusto Pinochet avec l’aide d’agents de la CIA. Le gouvernement chilien élu démocratiquement avait des penchant communistes et les États-Unis voulaient empêcher le communisme de se répandre en Amérique du Sud. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il font de l’ingérence dans les autres pays… et ils ne sont même pas capable de se gérer eux-même.
Pinochet s’autoproclama Chef Suprême de la Nation Chilienne et Commandant en Chef des Forces Armées Chilienne, et resta au pouvoir jusqu’en 1988 alors qu’il fut remplacé par un gouvernement élu démocratiquement.
Son règne est décrit par les historiens comme une dictature militaire. Sous Pinochet, le pays s’est ouvert sur le monde et s’est émancipé économiquement. Son régime a par contre été marqué par de MULTIPLES violations des droits de l’homme. Il a d’ailleurs été arrêté en 1998 pour « génocide, terrorisme et tortures », mais il est mort en 2006 avant que les procédures débutent.

Le Chili du 21ème siècle est aujourd’hui la nation sud-américaine la plus prospère et stable, en plus d’être le pays le plus sécuritaire du continent.

Tout cela a par contre un prix; tout est beaucoup plus cher au Chili… sauf le vin. Une bonne bouteille de vin chilien sera à 3-4$ au supermarché 😉

ALTIPLATO CHILIEN

Chassez le naturel, il revient au galop.

Après quelques jours à se la couler douce à Arica, nous mettions le cap 160km à l’est.

Plus nous roulions & montions en altitude, et plus les dunes de sables laissaient la place à un paysage accidenté où la végétation se faisait de plus en plus présente. La route atteignait même 4400m avant de redescendre vers les 4000m.

Puis, un cône couvert de neige apparaissait au loin… et un 2ème.

Le bus s’arrêtait au milieu de nul part; « Parinacota para aqua » nous lançais le chauffeur du bus en pointant vers une petite route de terre. Le bus nous déposait et continuait son périple, nous laissant fin seul dans cette contrée inconnue.

Pas de doute, nous y étions; l’Altiplano Chilien, plateau à plus de 4000m d’altitude à la frontière avec la Bolivie, endroit comptant quelques-unes des plus hautes montagnes du continent, dont les volcans jumeaux Parinacota (6348m) & Pomerape (6282m), directement sur la frontière Chili/Bolivie.

Nous marchions plus de 4km sur une route déserte entouré d’animaux bizarres pour rallier le minuscule village de Parinacota. Situé à 4400m et datant de l’époque pré-inca, le village était composé de seulement 3 familles.

img_2551img_2656img_2555img_2557img_2561

En fin d’après-midi, nous entreprenions de marcher jusqu’au laguna de Cotacotani, situé au pied des volcans Parinacota et Pomerape. Nous parcourions 10km dans l’altiplano pour se rendre jusqu’au lac, le tout sans suivre de sentier. Nous utilisions le volcan Parinacota comme boussole. L’altiplano était absolument sublime avec ses sommets enneigés, ses lacs, sa végétation et ses multiples couleurs allant du vert au brun/rosé en passant par le blanc.

img_2573

Arrivé depuis moins de 3h que l’altiplano se hissait parmi mes endroits favoris du continent.

On rencontrait plein de sous-espèces de lamas:

– des Guanacos (brun/blanc) qui ressemblent un peu (un peu) à des antilopes,

– des Lamas Glamas (les lamas typiques blancs) et des Alpacas (brun foncé).

Peu importe, ils avaient tous un point en commun; quand tu les regardes, c’est difficile de ne pas sourire tellement ils ont un drôle de visage.

Il y avait aussi des lapins bizarres appelés Vizcacha… et des flamands roses.

Bref, nous nous trouvions dans un écosystème extraordinaire où il n’y avait que très peu de traces humaines.

Rendu au lac, celui-ci était presque complètement asséché en raison de la diminution des glaciers sur les volcans. Cela n’empêchait pas le spectacle d’être éblouissant.

img_2587img_2589img_2595img_2645img_4709img_2664img_2667

Il y a de ces moments magiques dans la vie. Assis sur le bord de ce lac à contempler les 2 grosses boules de glace en était un que j’allais chérir longtemps. J’étais aussi émerveillé par Parinacota que je l’avais été par Cotopaxi en Équateur.

Il fallait maintenant rentrer. Le soleil n’était pas encore couché qu’il faisait un froid de canard. Ça allait être glacial cette nuit.

BOLIVIE NOUS VOILA!

Nous marchions les 4km qui separaient le village de Parinacota de la « Rutadel Desierto », la grande route qui relie Arica (Chili) à La Paz (Bolivie) pour attraper un bus se rendant jusqu’à la frontière 40km plus loin.

S’en était déjà fini de notre trip au Chili… nooooon. On faisait simplement un petit détour d’environ 1 semaine en Bolivie pour revenir en force au Chili…

PARQUE NACIONAL SAJAMA

img_2670
À peine passé la frontière que le bus nous déposait à une jonction de route au milieu de nul part (encore). De là, il nous fallait marcher 11km pour atteindre le village de Sajama, situé dans le Parc National de Sajama, au pied du volcan Sajama (6542m), plus haute montagne de Bolivie. Le parc de Sajama possède aussi la plus haute forêt du monde à plus de 5000m… bon… on a vu que des buissons.
 img_2688
Le parc de Sajama se trouvait en fait de l’autre coté des volcans Parinacota et Pomerape. Du coté bolivien, les 2 jumeaux n’avaient pas de neige… probablement puisque ce coté est orienté plein est et reçoit beaucoup d’ensoleillement.
Alors que l’Altiplano chilien était composé de collines, l’altiplano bolivien était presque entièrement plane et ceinturé par de hauts sommets sur 3 cotés.
Après 11km de souffrance, sans jamais avoir croisé la route d’un gentil samaritain, nous arrivions à Sajama (4230m) complètement crevé… mais trouvions rapidement un Alojamiento (maison d’hôtes). Petit village sans histoire (et sans intérêt), Sajama serait notre point de départ d’une randonnée qui (espérons-le) allait nous mener sur un des hauts sommets des environs.
DCIM101GOPROGOPR6571.img_2697img_2700
LE VOLCAN PARINACOTA
08.30 – 10 Novembre 2016
C’est sans guide et sans avoir eu quelconque info à propos du parc (ce n’est pas faute d’avoir essayé… il n’y avait personne pour répondre à nos questions) que nous quittions Sajama avec nos 2 sacs remplis à pleine capacité de nourriture, d’équipement de camping et de vêtements d’hiver. Comme seul guide, une carte très sommaire photographiée à l’entrée du parc.
Destination; le volcan Parinacota… avec la ferme intention d’atteindre son sommet à 6348m.
L’idée était simple;
Étape 1 – Marcher jusqu’à la base du volcan (sans trop savoir quel chemin prendre).
Étape 2 – Trouver un endroit où camper (il devait bien y avoir un refuge/spot de camping.
Étape 3 – Trouver le sentier qui montait jusqu’au sommet… et monter jusqu’au sommet 😉
Plan simple (trop simple?!?), mais efficace.
Comme bien souvent avant, je commençais mon aventure avec peu ou pas d’information en espérant colmater les trous en chemin. Différence majeure de tous les autres fois; je n’étais pas seul et devait veiller à la sécurité de ma compagne… en d’autres mots; je pouvais faire des trucs stupides, mais pas trop.
ÉTAPE 1 – AU MILIEU DE NUL PART
À peine quitté Sajama qui nous nous retrouvions dans une plaine parsemée d’arbustes, de lamas et de sables volcaniques noir. Il fallait s’y faire; ce grand espace à l’état presque vierge serait notre terrain de jeu pour plus de 15km. Surnommé les « Andes Occidentales », l’endroit était tellement vaste et sans aucun point de repère familier qu’il était difficile d’évaluer les distances et hauteurs. Le volcan Parinacota me semblait être à moins de 5km et être une minuscule monticule de sable, alors qu’il était à plus de 20km et s’élevait à plus de 2000m au dessus de ma tête.
img_2708img_2713
Il n’y avait pas de sentier à proprement parler. Plus souvent qu’autrement, notre chemin consistait à se faufiler entre les buissons et marcher en droite ligne vers le volcan.
Nous étions encore à des km du volcan à marcher sur le plat et l’approche était déjà laborieuse en raison du sable volcanique qui ralentissait considérablement nos pas. Je n’osais imaginer quand le sentier deviendrait vertical.
On croisait quelques hameaux (trop petit pour être appelé village) composés d’une demi-douzaine de maison faite de terre cuite. L’électricité était arrivé au village de Sajama il y a quelques mois, mais le reste du parc n’est pas encore connecté. On pouvait voir les poteaux installés un peu partout, mais sans fils électriques.
img_2726
Nous étions encore une fois seul au monde dans une contrée magnifique. Avec tous ces animaux en liberté dans ce grand espace, j’avais l’impression d’être en train de faire un safari version sud américaine.
img_2737img_2762img_2784
14.00 – Après 5h20 de marche, étions à 4700m avec les 2 volcans prenant désormais tout l’horizon devant nous. Presque plus rien ne poussait. Nous étions dans un véritable « no man’s land ».
img_2800img_2810img_2822
Je ne ressentais aucunement les effets de l’altitude, tout le contraire pour Tanzi. Chaque pas qu’elle faisait était désormais l’endroit le plus haut où elle était allé dans sa vie et son souffle devenait difficile. Contre sa volonté, je décidais alors de porter son sac…
 img_2833
17.20 – Maintenant entre les volcans Parinacota et Pomerape à 5150m, nous trouvions un refuge… le Campo Alto Parinacota… désert et fermé à clé… grrrr…
img_2850
Peu importe, nous allions installer notre campement juste à coté. À 5150m, ce serait le plus haut camping de ma vie (j’avais dormi en refuge plus haut, mais jamais dans une tente).
img_2844
UNE NUIT D’ENFER
img_2842
Dans l’altiplano, les journées sont relativement chaude, mais les nuits sont glaciales et extrêmement venteuses. C’est ce que j’avais appris à la (très) dure la nuit passée.
Il avait venté SANS BON SANG TOUTE LA FOUTU NUIT. Ma bonne vieille tente s’était fait bardasser comme jamais. Nous avions même du mettre de grosses roches sur chaque coin pour qu’elle reste en place… et encore. Ajoutez à cela que la température avait été G L A C I A L E. Au fil de la nuit, j’avais peu à peu perdu toute ma chaleur corporelle… et ce même si je portais tous mes vêtements d’hiver dans un sleeping -25.
Ce que j’essai de dire c’est que je n’avais pas fermé l’oeil de la nuit et que j’étais mort de fatigue quand le soleil se levait finalement à 06.00.
Je peux sans aucun doute dire que c’est l’une des pires nuits de ma vie. Je dirais la pire, mais ce serait mentir. La plupart des nuit de mon trek de 3 semaines en solo dans la vallée du Zanskar en Inde avaient été bien pire.
Il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée. Je voulais vraiment atteindre le sommet, mais je me sentais beaucoup trop faible. Je trouvais dangereux de tenter l’ascension dans mon état… surtout qu’il fallait ensuite défaite notre chemin jusqu’à Sajama 20km plus loin. En écrivant cet article quelques jours plus tard, je n’ai absolument aucun regret de ne pas m’être rendu au sommet.
Sans atteindre le sommet, je voulais quand même voir de l’autre coté du coté du Chili. Pour cela, je marchais entre les 2 volcans jusqu’à culminer à 5400m
 img_2859img_2864img_2866img_2865
Il était ensuite temps de retourner à Sajama.
img_2891img_2898img_2909img_2918img_2928img_2929img_2930img_2935img_2938img_2943img_2944img_2945
05.00 – Après une nuit bien chaude, nous sautions dans le premier (et seul) minibus quittant Sajama pour le centre de la Bolivie.
Direction Potosi et Sucre dans le sud du pays avant de faire un retour au Chili via le Salar de Uyuni.
À suivre…
P.S. – Le Chili et la Bolivie n’auraient pas pu faire une meilleure première impression. Contrairement à leur voisin le Pérou, ici les conducteurs ne sont pas de purs imbéciles; ils ne klaxonnent pas constamment comme des idiots, sont respectueux des piétons et font leur stop. Ajouter à cela que les gens sont super gentils. Sans exagérer, j’avais l’impression d’être dans un autre monde, d’avoir quitté le tier monde et d’être de retour à la civilisation.

Épisode 88 – El Misti; Le Volcan des Sacrifices

L’autobus roulait depuis maintenant plus de 18 heures quand le soleil se levait à l’horizon. Lima n’était plus qu’un lointain souvenir alors que nous étions au beau milieu d’une contrée totalement désertique. De très hauts sommets faisaient leur apparition au loin. Le bus se dirigeait droit sur l’un d’eux… un cône presque parfait; le volcan El Misti.
img_1594-0img_1684-0img_1694-0img_1609-0
Pointant à plus de 5800m, ancien nevado (neige « éternelle » au sommet) n’étant plus qu’un immense monticule de roches et de terre, El Misti domine la 2ème plus grande ville du Pérou; Arequipa.
Situé à 2335m d’altitude et comptant 900000 habitants, « La Ciudad Blanca (la ville blanche) » est considérée comme un joyau de l’époque coloniale. Son surnom vient du fait que la plupart de ses bâtiments coloniaux ont été construits avec de la pierre volcanique (blanche) provenant des volcans environnants (surtout du El Misti).
Il y avait un monde de différence entre les 2 plus grandes villes du Pérou; alors que Lima était moderne et ouverte sur le monde, Arequipa me donnait l’impression d’être une ville rurale.
La ville était très belle autour de la Plaza del Armas et le Mirador de Carmen Alto valait les 5km de marche en dehors de la ville pour la superbe vue qu’il offrait de la ville et des volcans environnants.
img_1650-0img_1632-0
COTOHUASI CANYON
Alors que la très grande majorité des voyageurs décident d’aller visiter le Colca Canyon, endroit très beau, mais HYPER touristique, nous décidions de prendre la route pour le Cotohuasi Canyon, plus reculé, complètement ignoré par les touristes (puisque plus loin de Arequipa), authentique et réputé comme étant le canyon le plus profond au monde, et avec des sommets dépassant les 5000m, et même 6000m, d’altitude.
But de l’exercice; y faire de la randonnée (bien sur) et pour donner la chance à Tanzi de s’acclimater en douceur à l’altitude avant de s’attaquer à des clients plus sérieux.
Se trouvant seulement à 180km à vol d’oiseau de Arequipa, il nous fallait pourtant 11h de bus pour s’y rendre… dans un « infâme » bus de nuit.
Alors que les phares transperçait la noirceur et que le chauffeur négociait les routes sinueuses sans trop de considération pour notre sécurité, je me serais cru de retour dans un bus de nuit colombien (je m’ennuyais de beaucoup de choses de la Colombie, mais pas des bus); aucun confort et les quelques passagers se faisaient brasser à souhait dans un froid sibérien au son de musique jouant toute la nuit. Quelqu’un peut me dire c’est quoi l’idée de mettre de la musique à tue-tête dans un bus de nuit?!?
En plus, ils chantent tous comme la chienne à jacques. Aucun de ces soi-disant chanteurs ne passeraient l’étape initiale d’un concours de chant nord-américain (La Voie, Star Épidémie, etc.)
03.00 – En avance sur l’horaire (comprendre qu’il était beaucoup trop tôt), nous étions rendu à destination; Cotohuasi… la ville, située au coeur du Canyon Cotahuasi.
LOWER COTOHUASI CANYON
03.15 – Quelques 2 heures AVANT le lever du soleil, nous décidions de commencer notre randonnée.
Direction Quechualla, 35km plus loin… et 1.1km plus bas, réputé comme étant le plus beau village des environs, complètement reculé au plus profond du canyon.
Nous marchions dans la nuit noire armé de nos lampes frontales, avec le son de nos pas comme seul bruit brisant le silence.
Le soleil se levait un peu après 05.00 et nous permettait enfin d’admirer ce qui nous entourait. Le canyon était grandiose avec ses multiples couleurs allant du blanc au rosé. Généralement aride, il était parsemé de quelques oasis (végétation) en bordure de la rivière qui coulait tout au fond.
img_1742
Outre le sable et la roche, on retrouvait principalement 2 choses; beaucoup de cactus et des vignes… parce que oui, le canyon était reconnu pour son vin rouge (artisanal)… et ses fromages.
Plus les heures avançaient… plus on s’enfonçait dans le canyon… plus les parois du canyon étaient hautes… plus les paysages devenaient impressionnant… et plus la chaleur devenait insupportable.
img_1853img_1762img_1799img_1803img_1807
12.15 – Après exactement 9 heures de marche, nous étions devant l’étrange et très vieille (laide) église de Quechualla.
Datant d’avant les incas et étant supposément le plus vieux village du canyon, Quechualla était perché sur les hauteurs d’un petit contrefort en retrait de la rivière. Un récit de voyage que j’avais lu décrivait l’endroit comme un « fairytale oasis in the désert (un oasis de conte de fée au milieu d’un désert) ».
img_1836
Bon… celui qui avait écrit que ce village était tout droit sorti d’un compte de fée devait avoir eu une enfance de misère…
Sans être sorti d’un conte de fée, il fallait admettre que l’endroit avait du charme; des perroquets en liberté, de très vieilles maisons faites en terre cuite, des ruelles bordées de vieux murets en pierre et surplombées par des vignes, des animaux de toutes sorte en liberté dans les rues (chiens, ânes, chevaux, moutons, cochons, canards), et des champs de vignes, des avocatiers et des manguiers (l’arbre qui produit la mangue) tout autour.
Le village comptait 9 familles, venait d’avoir l’électricité il y a moins de 1an et une route (de terre), reliant le village au reste du canyon, avait été terminée il y a seulement 15 jours. Avant cela, les gens devaient emprunter des sentiers longeant les falaises avec leurs ânes pour aller s’approvisionner en ville.
Brianna, 2ans, l’enfant de la femme chez laquelle nous séjournions, était la seule enfant du village.
Nous ne manquions pas de gouter au vin local. Le vin était servi dans une superbe bouteille en bois… avec des verres à shooter?!? Ayant le choix entre un vin seco (sec) ou dulce (fruité/sucré), notre choix s’arrêtait sur le seco… qui s’avérait extrêmement fruité. Très fort en alcool, la couleur/texture et le gout me rappelait un vieux Porto.
img_1855img_1857
CONDUCTEUR SAOUL + ROUTE DANGEREUSE = ?
L’arrivé du bus le matin est un happening pour le village: la plupart des habitants descendent à la route, certains dansent, d’autres jouent de la musique, ou encore boivent de la bière/alcool maison… à 08.30 du matin.
img_1858
08.30 – Le bus était sensé partir pour Cotahuasi (ville)… afin d’aller visiter un autre endroit du canyon.
08.40 – Le conducteur prenait son 1er shooter…
08.50 – Le conducteur prenait une verre de vin…
09.20 – Le conducteur était en train de dancer avec une grosse dame…
09.30 – Le conducteur calait son 2ème shooter…
Pendant ce temps, nous admirions les talents de tortureuse de chien de la petite Brianna sur son hyper gentil petit chien Chiquitin…
img_1863
09.45 – Le conducteur calait un dernier verre de vin et entendait finalement raison. Il donnait un coup de klaxon signalant le départ du bus, quelques joyeux lurons (complètement saoul) s’empressait de monter à bord du bus… une femme renversait du vin partout sur le plancher… ça allait sentir la robine tout le trajet.
Nous disions Au Revoir à Brianna & au pauvre Chiquitin, et prenions finalement la route avec l’espoir de survivre à cette épreuve sur une route tout sauf sécuritaire.
UPPER COTOHUASI CANYON
Ayant passé la nuit à Alca, petite ville sans intérêt, mais qui se veut un stop difficile à manquer sur la route vers le Upper Cotahuasi Canyon, j’y avais fait la connaissance de Rick/Ricardo, un vieil américain vivant dans le canyon depuis 7ans avec son âne. Lorsque sa femme avait demandé le divorce 28 ans plus tôt, il avait devidé de vivre dans une pauvreté volontaire « plus jamais personne ne me volerait mes biens… (Sa femme était partie avec tout) » me disait-il.
04.40 – Réveillé un peu avant le soleil, nous sautions dans le bus de 05.00am pour Puyca (le seul bus s’y rendant de toute la journée). J’imaginais que ce bus allait être à moitié vide… ERREUR… nous avions l’impression que tout le village était dans le bus tellement c’était bondé… nous passions la prochaine heure et demi (pour franchir 23km) de notre vie debout dans l’allée squeezé entre une grosse dame et une femme transportant un chat dans un sac plastique bien fermé avec un noeud. Je peux vous dire que le chat faisait savoir son mécontentement une bonne partie du trajet.
img_1880
06.25 – Puyca était en vue. Perché à 3560m dans un recoin du canyon, le village était charmant avec ses champs en terrace sur les flancs de montagne. Ces champs en terrace remontaient à l’époque inca.
But de notre visite; voir le site archéologique Mauk’Allacta dominant la vallée un peu plus haut. Village pré-inca ayant été la capitale du Canyon avant/au temps des incas, avec plus de 50 bâtiments en pierre, le site n’es plus qu’un tas de pierre dans un pâturage pour les vaches. L’endroit est cependant magnifique et les photos ne lui rende pas justice.
img_1909img_1917img_1942img_1947
08.15 – De retour à Puyca, nous avalions un déjeuner en vitesse, pour ensuite entreprendre de marcher le chemin du retour jusqu’à Alca 23km plus loin. Nous alternions alors entre la route de terre en lacet et le sentier qui la coupait.
img_1978
11.45 – Après 16km de marche et complètement exténué par la chaleur insupportable, un camion s’arrêtait et nous faisait signe de monter dans la boite à l’arrière.
12.15 – de retour à Alca, nous sautions dans un bus pour la ville de Cotahuasi… Et un autre pour le village de Pampamarca se situant dans un autre secteur du canyon.
FUCK PAMPAMARCA
Nous fermions la boucle du Canyon Cotahuasi en nous rendant à Pampamarca. Situé à 3397m dans la parti nord du Canyon, il nous fallait 2h de bus pour franchir les 29km séparant le village de Cotahuasi. Les environs du village devait être l’endroit le plus vert de tout le canyon et offrait une superbe vue sur le volcan Solimana à 6093m bien visible tout au loin et dernier Nevado des environs, qui dans quelques année perdra assurément son titre tellement ses glaciers fondent à vue d’oeil.
La village était très charmant, mais les habitants l’étaient beaucoup moins. Déjà que les péruviens ne sont PAS DU TOUT acceuillant et rude comparativement aux équatoriens et surtout au colombiens, cet endroit était le summum. Tout le monde au village nous ignorait comme si nous étions invisible. Quand nous finissions par trouver la dame qui nous avait été chaleureusement recommandée pour être hébergé… elle peinait à prononcer 2 mots d’affilés tellement elle était saoule.
img_2006img_2009
BOSQUE DE ROCAS
Ayant fini par trouver un endroit où dormir, nous étions debout à nouveau avant 05.00 pour monter au mirador
« Bosque de Rocas Wito », une espèce de forêt de roches en forme conique pointant vers le ciel et situé au-dessus du village à plus de 4000m.
L’endroit était à couper le souffle. Ajouter à cela la présence de 2 condors volant au-dessus de nos têtes pendant un bon moment… probablement pour évaluer si nous étions une menace, un snack potentiel, ou simplement des idiots. Pour ceux qui ne connaissent pas ces oiseaux, ils ressemblent à d’immenses dindes volantes… immenses… les ailes déployés, ils peuvent mesurer de 2 à 3 mètres.
img_2045img_2101img_2136img_2153
Une fois redescendu au village, nous entamions de marcher les 20km jusqu’à Cotahuasi. Les paysages étaient arides, mais sublimes.
img_2172img_2196img_2201
Après 4jours, 3 nuits et plus de 85km de marche et quelques bus crasseux, nous avions faits le tour du Canyon. Il était temps de retourner à Arequipa. Durant tout ce temps, nous avions été les seuls étrangers (exception fait de l’américain bizarre rencontré à Alca)… un pur bonheur. J’avais rarement été aussi couvert de poussière qu’au moment de quitter le Canyon.
img_2204
On nous avait raconté qu’il y avait des pumas (aussi surnommés panthère ou lion des neiges) dans le Canyon. Disons que nous n’étions pas trop déçu de ne pas en avoir croisé…
Un bus de nuit plus tard et nous étions de retour à Arequipa… à 03.10 du matin… FUCK…
Il n’y avait rien d’ouvert avant 06.00, et c’était trop dangereux de sortir du terminal avant le lever du soleil à 05.00. Il fallait donc attendre « patiemment » (pas vraiment) dans à essayer de dormir dans le brouhaha et sur des chaises totalement inconfortables.
EL MISTI
Vous ne pensiez pas réellement que je quitterais les environs de Arequipa sans avoir tenté l’ascension d’au moins un de ses hauts volcans?
Pointant à 5825m, El Misti, anciennement appelé Putina ou Wawa Putina, est un volcan actif dont la dernière éruption remonte à 1985. Le terme El Misti viendrait d’une déformation du mot « Mestizo » qui signifie Métis (fouillez-moi pourquoi). 16ème plus haut volcan au monde et 2ème plus haut actif (après le Cotopaxi), El Misti possède 3 cratères… l’un d’eux laissant échapper des fumeroles (fumée).
Près du cratère principal, 6 momies incas ont été retrouvées dans le glacier en 1998. Les archéologiques pensent que ces momies sont des gens ayant été offert en offrande au volcan pour calmer les Dieux. Historiquement, El Misti possède la réputation d’être le volcan/montagne où il y a eu le plus de sacrifice humain au monde. Ces sacrifices se sont produits principalement durant l’époque inca.
La plupart des « offrandes » étaient de jeunes filles vierges âgées entre 10 et 16 ans et provenant de familles issues de la bourgeoisie. Pour être apte à se faire sacrifier, il fallait une personne en parfaite condition physique et sans égratignure/cicatrice. C’était un honneur pour beaucoup de familles de faire sacrifier l’un des leurs (What The Fuck). C’est ainsi que plusieurs familles offraient l’un de leur enfants pour être « l’élu ». D’autres familles, au contraire s’organisaient pour blesser leurs enfants en bas âges pour leur éviter le supplice.
Avant le sacrifice, les élues étaient traités en roi avec de la nourriture, boisson, etc. à volonté, le tout afin qu’ils traversent heureux dans l’autre monde.
Les sacrifiés étaient généralement étranglés avec une corde, ou bien ont leur tranchait la gorge, ou on leur coupait tout simplement la tête. Pour les plus chanceux, ont leur arrachait le coeur tandis qu’il battait encore dans leur poitrine. Dans tous les cas, leur sang était versé sur un hôtel en l’honneur du Dieu en question… le bon vieux temps comme certains diraient… gulp…
03 Novembre 2016
C’est chargé comme des mules que nous quittions Arequipa via un bus roulant en direction d’une petite ville voisine. Après 30minutes, le bus nous déposait au milieu de nul part à la jonction d’une route de terre; le chemin d’accès au volcan.
09.50 – À 2750m, nous commencions à marcher dans la plaine aride en direction de la base du volcan. Le cône devenait de plus en plus grand pour prendre toute l’horizon devant nous.
thumb_gopr6391_1024img_2263img_2267
12.00 – Nous étions à la base du volcan à 3450m, là où le chemin d’accès se termine et où le sentier commence. Alors que le plan initiale était de monter au camp pyramide situé à 4500m, Tanzi éprouvait de la difficulté à s’acclimater à l’altitude ce qui nous forçait à changer les plans.
Ne voulant pas la laisser retourner à Arequipa seule, voulant atteindre le sommet et étant convaincu qu’elle allait filler mieux quelques heures plus tard, je décidais de monter le campement juste un peu plus haut à environ 3500m. J’allais me taper toute l’ascension d’une seule shot de bas, en haut, en bas.
img_2282img_2297img_2305img_2308img_2315
Plus de 8km de distance, 2.2km de dénivelé positif… en pleine nuit… seul… sans connaitre la montagne/sentier… cela n’allait pas être de la tarte, mais j’étais motivé par le défi.
10.30AM
11.30pm – Je me réveillais en sursaut. Regardant mon téléphone, j’étais stupéfait de voir qu’il affichait 11.30pm. J’avais pourtant mis mon alarme à 10.50pm. Un second regard à mon alarme pour me rendre compte que j’avais mis l’alarme à 10.50AM et non PM. Je pouvais probablement dire adieu au lever du soleil du sommet… Je l’aurais sur le flanc du volcan.
Fâché envers moi-même et sur l’adrénaline, je quittais la tente sans déjeuner, sans même lacer mes bottes et en short (j’allais le regretter plus haut).

J’avais le couteau entre les dents et montait à un rythme infernal. La nuit était très nuire, sans vent et curieusement assez chaude. J’avais comme seuls compagnons ma respiration très lourde, ma lampe frontale et la ville d’Arequipa toute illuminée au loin sur ma gauche. Je ne pouvais pas apercevoir le volcan, mais je savais que j’allais dans la bonne direction puisque le sentier je cessait de monter.

Le sentier comportait beaucoup de bifurcation. Il m’arrivait très souvent de le perdre complètement, mais cela ne durait jamais longtemps.nJe m’en remettais totalement à mon fidèle compagnon maps.me qui me montrait un sentier jusqu’au sommet. Si tous les chemins d’Europe menaient à Rome, j’avais confiance que tous les sentiers sur cette montagne menaient au sommet.

00.20 – Je me trouvais à 3850m… ce qui signifiait qu’il me restait moins de 2km d’ascension verticale.

00.45 – 4100m d’altitude

01.40 – J’arrivais au camp à 4500m dans un temps record. Il m’avait fallu seulement 2heures alors qu’on m’avait dit qu’il m’en faudrait 4 ou 5. Il y avait 3 tentes et les gens semblaient encore dormir puisqu’il n’y avait pas d’action et aucune lumière plus haut sur la montagne.

Une courte pause chocolat et je repartais de plus belle. Dès lors et jusqu’au sommet, le sentier zigzaguait dans une zone d’éboulement au travers de grosses roches. Il m’était très difficile de suivre le sentier puisque tout me semblait être un sentier. Je m’en remettais à mon instinct et continuait à monter.

03.15 – J’atteignais les 5000m d’altitude. Il ne me restait « plus que » 825m d’ascension.

Un arrêt à 5100m me sciait les jambes. Les 725 derniers mètres allaient se faire à la vitesse très petit v et dans la douleur.

04.10 – 5250m – Un fort vent venant du sommet se mettait de la parti et la température chutait dramatiquement. Je commençais à me les geler solide. Il me fallait maintenant prendre appui sur les roches avec mes mains pour ne pas perdre pied et tituber dans le vide.

04.20 – 5350m – L’aube commençait à se lever.

thumb_gopr6408_1024img_2351

05.05 – 5500m – Le soleil faisait son apparition et commençait à réchauffer le pop-cycle que j’étais devenu. Avec 325m à faire, j’y était presque. Mon rythme avait considérablement ralenti. Mon moral était par contre en béton et j’étais déterminé à me rendre jusqu’au sommet.

img_2340thumb_gopr6442_1024

05.55 – J’y étais… le sommet. Il y avait une très forte odeur de souffre.

J’ai perdu le compte du nombre de sommet/volcan que j’avais atteint depuis mon arrivé en Amérique du Sud… mais bon… un de plus… et au suivant 🙂

img_2362img_2365Il me fallait maintenant tout redescendre et retourner au campement où Tanzi m’attendait.

Comment descendre 2200m de dénivelé le plus rapidement possible?

A. Descendre le même sentier que vous avez monté en zig zag?

B. Trouver un couloir d’éboulement fait de sable volcanique & à plus de 45 degrés d’inclinaison, et commencer à courir?

C. Enfourcher son parachute?

D. Prendre le téléphérique?

Tic Tac Tic Tac

Ceux ayant répondu B auront visé juste. Je descendait la montagne en faisant un jogging matinal vertical. Quelle sensation… et quelle vue… de dévaler la montagne à toute allure. Il m’avait fallu environ 6 heures pour monter… il m’en prenait un peu plus de 1 heure pour tout redescendre.

thumb_gopr6455_1024

De retour au campement à la base du volcan, il ne nous restait plus qu’à marcher les 6km nous séparant de la route, pour ensuite attraper un bus et retourner à Arequipa.

CHACHANI
Pour les adeptes de hautes montagnes, il est aussi possible de monter Chachani, le volcan voisin du El Misti. Pointant à 6075m, la montagne est réputée comme étant le 6000m le plus facile du monde. Un 6000 reste un 6000, il faut donc faire attention à l’altitude.
En quittant Lima, j’avais pris une décision majeure qui allait influencer la suite de notre voyage; j’avais COMPLÈTEMENT chambardé l’itinéraire des prochains mois.
Initialement, j’avais prévu faire une multitude de treks au Pérou, passer par la Bolivie, et gagner le Chili/Argentine… mais on va finalement se diriger directement au Chili.
Le reste du Pérou et la majeure partie de la Bolivie seront pour dans quelques mois. La température n’est pas optimale présentement, tandis que c’est actuellement le meilleur moment de l’année pour faire le tour du Chili/Argentine.
Le nouvel itinéraire ressemble maintenant à cela;
– Chili/Argentine de novembre à début février… avec un court séjour dans le sud de la Bolivie. On s’est donné comme objectif d’être à Ushuaia (la ville la plus au sud sur Terre) pour le jour de l’an. Quand on regarde la carte de l’Amérique du Sud, de Arica, il y a 2700km à vol d’oiseau jusqu’à la ville la plus au nord où je suis allé (Medellin) et 4200km jusqu’à Ushuaia au sud.
– Paraguay/Uruguay/Chute Iguazú en route pour le carnaval de Rio fin février,
– Nord du Brésil + Guyane, Surimane et Guyane française en mars,
– Retour au Brésil dans l’Amazone + Bolivie en avril,
– Retour au Pérou en mai,
– Retour en Équateur/Colombie en juin,
– Début du périple en Amérique Centrale vers juillet.
C’est drôle de penser que bien que j’ai passé 1 mois au Pérou, je n’ai rien fait de ce que je voulais vraiment faire. Ce n’est que parti remise dans quelques mois.
Saying that I’m sad to leave Peru would be lying. Peruvians are the most rude/unfriendly  people I met since I travel the world.
Direction le Chili…
P.S. 1 – Les cloches des églises du Canyon Cotahuasi étaient… disons… spéciales (dans le mauvais sens du terme). Disons que c’est à l’image de la musique péruvienne.

Épisode 87 –  « Surfin’ U.S… » oups… Peru 

16 octobre 2016

Pas besoin d’aller en Égypte pour visiter des pyramides. Il suffit de se rendre sur la cote pacifique du nord du Pérou.
Un bus de nuit plus tard et j’en avais fini des canyons de Chachapoyas. Le paysage devant mes yeux avait changé du tout au tout, un paysage totalement désertique.
Je me trouvais désormais à Huanchaco. Petit village de pêcheurs il y a 20 ans à peine, depuis devenu le repère des surfeurs, l’endroit étant même classé « World Surfing Reserve (Réserve Mondiale de Surf) » en 2013. Les vagues y sont grosses… un peu trop pour mes talents (extrêmement limités) de surfeur. De toute façon, l’eau était glaciale… il fallait vraiment être un maniaque de surf pour s’y mouiller.
img_6162
Il était cependant intéressant de regarder les locaux pêcher sur leur embarcation remontant à l’époque pré-colombienne. Surnommé « Caballito de Tortora », ces bateaux faits entièrement de paille pouvait supporter au plus 2 personnes.
img_6414img_6411img_6409
Du haut de l’église dominant le village, j’avais l’impression d’être de retour au Moyen-Orient; océan + architecture de merde + paysage désertique. L’ajout d’un minaret et l’illusion aurait été parfaite.
img_6179img_6192img_6307img_6312
À l’horizon, le paysage côtier était pour le moins surprenant avec d’immense dunes de sables et de grosses montagnes semblant surgir de nul part. Le désert se poursuivait ainsi sur plus de 1000km sur la cote jusqu’à la frontière avec l’Équateur au nord.
Huanchaco était situé à moins de 30min de Trujillo, la 3ème plus grande ville du Pérou. Fondé par le conquistador Francisco Pizarro en 1528, l’endroit était rapidement devenu le port le plus important pour le transit (vol) des richesses sud américains par l’Espagne.
La Trujillo d’aujourd’hui est une ville sans grand intérêt pour le voyager moyen. Ce qui m’a impressionné le plus était le nombre de casinos dans la vieille ville.
img_6209-1
CHAN CHAN
Plus qu’un tas de ruines dans une plaine désertique bordant l’océan, les pans de murs de terre sortant du désert ici et là ressemblent plus à un décor post apocalyptique digne de Mad Max qu’à la plus grands cité pré-colombienne du continent. Et pourtant…
img_6371
img_6325
Ces grands pans de mur appartiennent à Chan Chan, jadis la capitale de l’ancien Empire Chimor, dont le territoire s’étendait sur la cote pacifique jusqu’à l’emplacement actuel de Lima du 6ème au 15ème siècles. Contrairement aux Incas, qui vénéraient le Soleil, les Chimu adoraient la Lune.
Vers l’an 1470, les Chimus capitulaient devant les Incas, si bien qu’à l’arrivé des conquistadors 50ans plus tard, Chan Chan, était un port majeur pour les incas.
Les espagnols fondait délibérément Trujillo à moins de 10km. Après avoir essuyé quelques rebellions incas, ceux-ci prenaient totalement le contrôle des environs, signant ainsi la fin pour Chan Chan.
Pour les archéologues en herbe, il y a 2 sites à ne pas manquer;
Le Temple Nik An
Tel un labyrinthe, on se promène dans les dédales de corridors des ruines de l’ancien palais.
img_6340img_6349img_6351
Huaca Arco Iris
Quelques km plus loin, la pyramide cérémonielle surnommée le « Temple Arc-en-ciel »  serait sympathique s’il ne se trouvait pas au beau milieu de la banlieue de Trujillo. Mais quelle idée les Chimus avaient-ils eu de construite un temple au beau milieu d’une banlieue…
img_6379img_6384
L’EMPIRE MOCHE
Une journée plus tard, j’allais visiter l’ancienne cité moche… pas moche… Moche, ayant prospéré sur la cote pacifique du Pérou de l’an 100 à 700.
Huaca del Sol
Surnommé le « Temple du Soleil », cette pyramide est réputée comme étant la plus grande de la multitude de pyramides se trouvant sur la cote pacifique péruvienne.
img_6275img_6276img_6282img_6287img_6273-1Huaca de la Luna
Juste à coté, le « Temple de la Lune » est plus petit, mais tout autant intéressant. Par temple, on veut plutôt dire « lieu de sacrifice » avec une arène et des espèces de gladiateurs version sud américaine. Contrairement à Rome, ce n’était pas pour divertir les foules, mais bien pour satisfaire le Dieu Lune… parce que tout le monde sait que la Lune est assoiffée de sang.
img_6263img_6255img_6236Bref, une tonne de guerriers s’entassaient dans un arène pour faire un espèce de Royal Rumble mortel. Le but n’était alors pas de tuer les autres combattants, mais de les capturer. Une fois que vous aviez capturé un autre guerrier, vous pouviez aller le faire sacrifier devant le prêtre… et vous pouviez vivre un autre jour (jusqu’à ce que vous soyez vous-même capturé).
img_6237
Après 3 jours à Huanchaco, il était temps de bouger. Je n’étais plus capable d’endurer la douce mélodie jouée par les fortes vagues durant la nuit 😉
Direction Lima.
LA VILLE DES ROIS
Fondé par Francisco Pizarro (encore lui) en 1535, Lima est rapidement devenue le centre du royaume espagnol en Amérique.
Lima ne m’inspirait rien de bon. En fait, si j’avais pu, je l’aurais évité complètement… mais je ne pouvais pas. Le 23 octobre en fin d’après-midi, je devais me trouver à l’aéroport international de Lima afin d’y « ramasser » un « colis ».
Tant qu’à devoir être dans le coin, j’allais lui donner une chance.
Dans la vie, tout est une question d’attente. J’imaginais cette cité de 8.5millions d’habitants chaotique et sale. Je trouvais plutôt une Lima moderne et cosmopolite. Définitivement la plus nord américaine de toutes les grandes villes que j’avais visité en Amérique du sud jusqu’à maintenant. Il y avait aussi une différence extrêmement marquée entre Lima et le reste du Pérou. Ouverte sur le monde, beaucoup d’étrangers semblaient y vivre.
La ville manquait cependant un peu de charme. Rien à voir avec Quito. Tout était un peu (beaucoup) banal et rien ne sortait vraiment de l’ordinaire.
À bien y penser, certains éléments sortaient de l’ordinaire; toutes les grandes chaines de restauration, voitures, banques et hôtels s’y trouvaient. Loin d’être un grand fan en temps normal, j’étais tout excité de voir les McDonalds, Burger King, Subway, Pizza Hut et Starbuck de ce monde… première fois depuis Medellin 2 mois plus tôt.
Vous auriez du voir ma figure quand je suis rentré dans un supermarché; il y avait du choix… une première depuis trop longtemps. J’en bavais tellement j’étais heureux.
3 quartiers valent le détour pour un visiteur;
CENTRAL LIMA
Quartier historique quelques 8km à l’intérieur des terres et classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, je n’ai vraiment pas été impressionné par l’endroit; grand et fade…
MIRAFLORES
Quartier moderne sur le bord de l’océan pacifique, il n’y a pas grand chose à voir (rien à voir), mais c’est l’endroit où se retrouve la plupart des bars et auberges/hôtels.
img_6437-1img_6508img_6514
BARRANCO
Voisin de Miraflores et bordant aussi l’océan, c’est le quartier authentique et un peu hippie de la ville.
img_6470img_6485img_6489
Bien que moderne et ouverte sur le monde, tout n’est pas parfait à Lima. Il y a beaucoup de pauvreté et de bidonvilles sur les extrémités. Beaucoup de gens ont migré de la campagne vers la grande ville dans l’espoir d’y trouver du travail ou suite à la purge orchestré par la mouvement terroriste « le sentier lumineux » dans les années 80 et 90.
Lima est aussi l’une des plus grandes villes du monde à ne pas avoir de système de métro. Les bouchons de circulations y sont monstres.
APRÈS-MIDI DU 23 OCTOBRE 2016
Je me rendais à l’aéroport pour collecter mon colis… un colis qui prenait la forme d’une grande russe dans la fin vingtaine.
Après maintenant 7 mois de voyage, mon aventure prenait un tournant. À partir de ce 23 octobre, je ne voyagerait plus en solo… j’allais avoir une « aspirante backpacker » à mes cotés pour quelques mois.
Elle allait (espérons-le) ajouter (un peu mais pas trop) de jugement à ma folie (sérieux?!?).
Bon… fini la grande ville… il est temps de retourner à la montagne.

Épisode 86 – Hike & HitchHike

On n’entend jamais parler de celui qui termine 2ème ou 3ème. Tous n’en ont que pour le 1er. Eh bien c’est la même chose pour les sites archéologiques. Pouvez-vous me nommer le principal site archéologique en Amérique du Sud?

Tic Tac
Je parierais que la plupart d’entre-vous avez pensé à Macchu Picchu… avec raison.
Maintenant, pouvez-vous me nommer les 2ème et 3ème plus importants sites archéologiques d’Amérique du Sud?
Tic Tac
C’est un peu plus difficile n’est-ce pas? Je paris que la très grande majorité d’entre-vous n’avez AUCUNE ESPÈCE D’IDÉE.
Je vous le donne en mille; nahhhh… j’ai changé d’avis. Il vous faudra plutôt parcourir cet épisode pour le découvrir… un épisode qui parle du nord du Pérou… endroit où peu de voyageurs se donnent la peine de visiter… trop pressés de gagner le centre du pays depuis l’Équateur (ou vice versa).
DE L’ÉQUATEUR AU PÉROU EN 12 ÉTAPES « FACILES »
Le 7 octobre 2016 restera dans les annales de ma vie pour avoir été ma plus longue et pénible journée de voyage. On m’avait mentionné que je prenais tout sauf l’option facile en tentant de franchir par la jungle la frontière entre l’Équateur et le Pérou, mais je ne me serais jamais imaginé peiner autant. À vaincre sans difficulté, on triomphe sans gloire…
ACTE 1 – ZUMBA
Réveil à Zumba/Équateur au son des coqs à 05.00… 2 heures avant l’heure prévue… Grrrrr
ACTE 2 – RANCHERA
Je sautais dans un « Ranchera » (étrange mélange entre un bus et un tracteur) pour me rendre jusqu’à La Balsa, la frontière avec le Pérou, 1.5h plus loin. Sans aucune suspension, je me faisais brasser à souhait sur les routes défoncées en terre. En étant submergé par la jungle, j’avais alors beaucoup plus l’impression de faire une visite guidée dans un parc national que de me rendre à un poste frontalier.
 img_5660img_5661
ACTE 3 – LA FRONTIÈRE
Passer la frontière s’avérait plus compliqué que prévu. Tout d’abord, je ne trouvais pas le poste frontalier de l’Équateur (sans joke). Je décidais de passer le pont en me disant que peut-être les 2 pays avaient combiné leur fonction.
img_5667
Erreur… en arrivant au poste frontalier du Pérou, l’homme cherchait le tampon de départ de l’Équateur dans mon passeport… sans succès. Il me renvoyait de ce pas en Équateur de l’autre coté du pont.
De retour en Équateur, je trouvais finalement une cabane sans aucune identification avec un policier (beaucoup trop relax).
ACTE 4 – MARCHE ou CRÈVE
Ayant mon tampon d’arrivé au Pérou fraichement apposé dans mon passeport, je me mettais à la recherche d’un transport… sans succès.
On m’expliquait que tous les Collectivos (espèce de taxi transport en commun) avaient quittés quelques minutes plus tôt et qu’il y en aurait surement de nouveaux dans 30 à 40 minutes. On m’expliquait aussi que le village le plus proche était à plus de 6km.
Toute personne sensée aurait attendu un transport à la frontière… pas moi. J’entreprenais de marcher les 6km sur la route pavée traçant à travers la jungle… avec mes 2 sacs sur le dos. Pas exactement ce que j’imaginais comme arrivé au Pérou.
Heureusement que pour une fois j’avais mangé un déjeuner et que j’avais de l’eau sur moi parce que la chaleur suffocante jumelée à une humidité très intense auraient surement eu raison de moi.
Je me répétais que ce qui ne me tuait pas me rendait plus fort et que j’avais vu bien pire. Après tout, je n’avais pas eu d’accident de moto (sud de l’Inde), j’avais toujours mon passport et mon porte feuille (Sri Lanka) et je marchais sur une route pavé en direction d’un village… je n’étais pas au Cachemire seul perdu au milieu de nul part à 1 ou 2 journées du village le plus proche.
ACTE 5 – HERNANDO
Après 1h et 4km de marche, j’entendais des pneus grincer sur la chaussée; une voiture s’était brusquement arrêtée derrière moi. Je n’étais pourtant pas sur son chemin…
Un homme sortait du véhicule; « amigo… de donde va? (l’ami… où tu vas comme ça?) »
Moi – « San Ignacio » (la plus grosse ville des environs quelques 50km plus loin).

10.20 – L’homme me lançait un « vamonos (allons-y) » en me faisant un signe de monter dans la voiture. Difficile de dire non…

Une fois installé dans la voiture avec la sueur qui perlait de partout sur mon chandail, Hernando et son pote se tournaient vers moi et me lançaient un « Bienvenidos en Perou » avec une poignée de main bien senti.
Hernando avait un seul problème; il se prenait pour un chauffeur de Formule 1 et aimait (beaucoup) prendre les virages trop rapidement en faisant grincer ses pneus… et comme il n’y avait que cela des virages sur cette route, j’avais une petite crainte.
ACTE 6 – SAN IGNACIO
11.20 – Arrivé sain et sauf à San Ignacio, je m’empressais de gagner la station d’autobus en marchant la ville au complet.
ACTE 7 – CEINTURE NON COMPRISE
11.50 – J’étais confortablement assis dans un collectivo roulant à vive allure sur les routes goudronnées du nord du Pérou. Ici, il n’y avait pas de bus, le collectivo était Roi.
J’étais au Pérou depuis moins de 3h et je n’en pouvais déjà plus de leur musique.
ACTE 8 – JAEN
13.30 – Arrivé à Jaen, une grande ville agricole, je traversais à nouveau la ville de long en large pour me rendre à la station d’autobus. Parce que oui, comme en Inde, les péruviens vous déposent à l’entrée de la ville pour vous forcer à prendre un taxi…
ACTE 9 – MINIBUS
14.00 – Direction Bagua Grande, 1h plus loin, dans un minibus bondé. La dame devant moi n’arrêtait pas de refermer la fenêtre de sorte que je frôlais l’évanouissement avec la chaleur intense qu’il faisait à l’intérieur. Vous savez, quand l’air est tellement chaud que c’est pénible de respirer? J’aurais facilement pu faire cuire un oeuf sur mon front.
img_5680
ACTE 10 – BAGUA GRANDE
Alors que je marchais sur la route juste après la frontière (acte 4), quelqu’un m’aurait dit; « tu vas être à Bagua Grande à 15.00 » et je serais parti à rire. Eh bien c’était pourtant vrai.
Comme pour les autres villes au préalable, le bus me déposait à l’entrée de la ville (gang d’enf@ir$) et je marchais plus de 3km jusqu’à la station de bus. J’étais crevé (tellement fatigué que les yeux voulaient me sortir de la tête), les poumons plein de poussière et le chandail imbibé de plusieurs couches de sueurs.
ACTE 11 – DESTINATION FINALE
16.30 – Ça y était… j’étais dans un bus en direction de ma destination finale; Chachapoyas… quelques 130km plus loin… à écouter des films de Jackie Chan en espagnol.
ACTE 12 – CHACHAPOYAS
18.45 – Quelques 11 heures après avoir quitté Zumba, j’arrivais à Chachapoyas.
Pour conclure une journée qui ne finissait pas de ne pas finir, il commençait à pleuvoir quelques minutes avant mon arrivé et mon auberge était mal localisé sur ma carte (du genre à l’extrême opposé de la station de bus). Je marchais et cherchais sous la pluie en flip flop sur les dalles de pierre hyper glissantes… je marchais comme un handicapé au plus grand plaisir des locaux qui se foutaient de ma gueulle. Vaut mieux faire rire de soit que de se planter/briser quelque chose.
Comme première journée au Pérou, s’en avait été toute une. C’était aussi ma 1ère journée en Amérique du Sud où je n’avais pas dit 1 mot d’anglais; toutes mes interactions s’étaient passées en espagnol.
PÉROU POUR LES NULS
Capitale; Lima
Population; : 30 millions d’habitants
Monnaie; Nuevo Sol
Langues Officielles; Espagnol et Quechua (la langue des incas)
Le territoire actuel du Pérou fut le siège du pouvoir de l’ancien Empire Inca (la capitale était Cuzco)… qui fut défait par les conquistadors. Je reparlerais plus en détails des Incas lors de mon passage à Cuzco.
LA CITÉ DE BOUE
Étais-je au Pérou ou de retour en Inde? Je me posais sérieusement la question en marchant dans les rues boueuses/poussiéreuses de Chachapoyas.
Situé dans une contrée de canyons très profonds, Chachapoyas avait très peu à offrir, mais l’endroit servait de camp de base pour explorer les environs qui regorgeaient de merveilles géologiques et de sites archéologiques pré-Inca.
Un manque flagrant de transport en commun, les grandes distances entre les divers sites et la piètre qualité des routes allaient cependant mettre mon moral à rude épreuve. Je ne le savais pas encore, mais j’allais passer de longues heures à « patienter’ (perdre mon temps) au Terminus de Chachapoyas. Dès lors, je me rendais compte que je l’avais eu très facile en Colombie et Équateur.
img_5737-1img_5739-3
CATARATA DE GOCTA
Du haut de ses 771m, la Catarata de Gocta est supposément la 5ème plus haute chute au monde.
On y accède via un sentier long de plus de 5km depuis les villages de Cocachimba ou San Pablo.
Je n’avais pas le choix, pour voir la chute je devais avoir un guide. Du coup, je me ramassais à faire la randonnée avec une famille dans un groupe organisé. Le père de famille, en flip flop et portant un maillot de bain, avait l’air désespéré d’apprendre qu’il faudrait marcher 5km dans la jungle pour voir la chute. F U C K…
Le guide, un local, habillé d’un polo et d’un jeans, était aussi cohérent qu’un ivrogne. On m’aurait dit qu’il sortait à peine de bar et je n’aurais pas eu de difficulté à y croire.
Devant tout cet amateurisme, je décidais de m’éclipser et d’y aller solo. Rapidement, je larguais le guide & les touristes, et me retrouvais fin seul.
Une fois seul, la randonnée devenait agréable. À peine quitté San Pablo que le sentier pénétrait sous le couvert végétal de la jungle, tout en offrant de belles percés sur la vallée en forme de cuvette. La chaleur accablante se transformait alors en agréable fraicheur. Quand les architectes et urbanistes vous disent de favoriser la végétation à l’asphalte & au béton en milieu urbain, vous devriez les écouter. Pas besoin de plan d’eau et la canicule d’été serait beaucoup plus agréable.
Gocta se pointait finalement le nez au fin fond de la cuvette. La chute était séparée en 2 parties distinctes; la partie inférieure faisant plus de 500m de haut et la partie supérieure pointant à environ 250m… avec des sentiers menant à chaque endroit.
img_5691-1img_5708img_5697thumb_gopr6019_1024thumb_gopr6023_1024
Une belle randonnée, mais on ne me reprendrait pas à faire un tour organisé de sitôt. Même si cela compliquait ma visite des environs, j’allais dorénavant y aller en solo.
CATARATA DE YUMBALLA
895m… c’est 3 fois la Tour Eiffel ou plus haut que le Burj Khalifa de Dubai (édifice le plus haut au monde si l’on exclue les crétins d’Arabie Saoudite).
895m c’est aussi la hauteur de la Catarata de Yumballa, considérée comme étant la 3ème plus haute chute au monde. Fait intéressant, Yumballa fut découverte en 2007.
Comment est-ce possible de ne pas avoir découvert une aussi haute chute avant 2007? Cette question rejoint beaucoup d’autres mystère comme « comment Donald Trump a-t’il pu se ramasser candidat républicain aux élections américaines? » ou « comment diable mettre le caramel dans la caramilk? ».
Dans les dernières années, une organisation internationale de volontaires a « construit » un sentier pour atteindre la chute au milieu de la jungle. Tous les profits reliés sont remis à la communauté de Cuispes, un village très pauvre à proximité. La randonnée se targue aussi d’être l’une des randonnée les plus éco-responsables au monde.
Un collectivo de 2h pour Pedro Ruiz et un mototaxi de 40min plus tard que je me trouvais sur la place centrale de Cuispes, perché haut dans les montagnes au milieu de nul part.
De là, il ne me restait plus qu’à m’enregistrer et marcher les 5km de route de terre me séparant… du début du sentier.
Une fois la route derrière moi, je m’enfonçais dans la jungle, la jungle très dense d’un vert radioactif. L’endroit était sublime. Une mince couche de brouillard rendait l’endroit totalement magique, et ce même si il me pleuvait sur la tête.
img_5766
Je passais une jolie chute…
thumb_gopr6215_1024
Suivit d’une 2ème…
J’arrivais ensuite à un embranchement. J’avais le choix d’aller à la base ou au milieu de la chute.
Je décidais de visiter la base en premier.
La descente s’avérait infernale au moyen de cordes sur une section de sentier presque vertical. La pluie avait rendu le tout hyper boueux et glissant. J’avais une peur réelle de perdre pied. J’étais même pris de panique quand je regardais en bas. À certains endroits, une chute aurait pu sérieusement me blesser sinon pire… et j’étais seul dans la jungle. Bravo Champion!
Par 2 fois je perdais pied et m’accrochais In Extremis à des branches de buissons.
Plus de peur que de mal, j’arrivais à la base de la chute. Magnifique.
thumb_gopr6099_1024thumb_gopr6118_1024thumb_gopr6160_1024
Il fallait maintenant remonter… ce qui se faisait surprenamment assez facilement.
thumb_gopr6148_1024thumb_gopr6179_1024
De retour à Cuispes, mon plan initial était de dormir dans le village… mais le prix exorbitant de la seule auberge du village me faisait changer d’avis.
Après avoir marché 20km (5km chemin + 5km sentier allé/retour), je décidais de descendre à Pedro Ruiz… à la marche (7km tout en descente).
Une fois à Pedro Ruiz, je ne tardais pas à me dénicher un transport pour retourner à Chachapoyas. Les gens autour de moi dans le collectivo devaient maudir le ciel (je devais sentir TRÈS mauvais).
Il m’avait plu sur la tête presque toute la journée, j’étais couvert de boue et plein d’égratignures, mais j’avais la tête pleine d’images après une superbe randonnée seul au monde dans la jungle.
PUEBLO DE LOS MUERTOS
Un autre jour qui commençait au Terminal de Chachapoyas. Cette fois, direction le village de LAMUD (fouillez-moi pourquoi toutes les lettres sont en majuscules).
Le village était accessible via une route de gravelle étroite à flanc de montagne… sans garde fou. J’avais des flashbacks de ma virée en Georgie… sauf que cette fois je ne tenais pas le volant.
Arrivé au village sain et sauf, j’entreprenais de marcher 10km jusqu’au Pueblo de los Muertos (Le Village des Morts).
Sans véritablement avoir la confirmation que je me dirigeais au bon endroit… c’était beaucoup trop difficile de demander mon chemin au village… j’avais une confiance aveugle en mon application maps.me.
J’étais donc tout fin seul à marcher dans les plaines et valons sur une route de terre.
Les indications que j’avais recueillis au préalable m’indiquait que c’était une marche de 45min tout en descente de LAMUD. Or, je montais sans arrêt durant les 7 premiers km.
Plein de doutes m’envahissaient; est-ce que l’endroit valait la peine de marcher 10km allé et retour? Est-ce que c’était le bon chemin?
J’arrivais finalement à la fin de la route… avec un gros signe « Pueblo de los Muertos ». Il ne restait plus qu’à descendre un sentier en lacet dans le canyon. J’avais alors une vue imprenable de toute la vallée et de la chute Gocta en face de l’autre coté. C’est dans ces moments là que j’aimerais avoir une bonne caméra.
Le sentier descendait et descendait… toujours rien à l’horizon. J’avais l’impression d’être plus près du fond du canyon que du sommet.
img_5820img_5860
Et puis au tournant du sentier, sur la partie la plus escarpé de la falaise, apparaissait le Pueblo.
Creusé à même le rock de la falaise, au beau milieu de la paroi verticale, se trouvait le Pueblo de los Muertos, une ancienne ville et lieu de sépulture.
img_5839img_5842img_5857img_5846
Ceux qui avait décidé de se construire à cet endroit voulaient définitivement avoir la grosse paix et/ou une chambre avec une vue imprenable pour l’éternité. Toute cette marche en valait définitivement la peine. Je marchais au travers de ce qui restait du Pueblo en prenant bien soin de mettre mes pieds au bon endroit. Le Pueblo était sur une très étroite corniche et un ravin d’une bonne centaine de mètres m’attendait si je faisais un faux pas.
À peine arrivé qu’il fallait déjà se dire adieu. Je devais remonter les 1.5km du sentier jusqu’en haut de la falaise et retourner à LAMUD. Cela ne se ferait pas tout seul…
Je sautais ensuite dans un collectivo afin de me rendre dans le village de Cohechan un peu plus loin… village où j’allais passer la nuit.
La salle de bain du seul « auberge » du village étaient tellement sale que je décidais de pisser dans l’évier (je suis toujours éligible pour une place au Paradis?!?). Je mettais du même coup une croix sur une douche bien méritée. C’est sans parler du lit qui était à peine plus mou que le plancher de béton.
KARAJIA
06.05 – À peine réveillé que je prenais mes clics et mes clacs et marchais en direction de CruzPata, autre village quelques 9km plus haut.
Je marchais dans la journée naissante aux sons des oiseaux dans une contrée de collines vertes encore endormi sous une nappe de brouillard.
But de l’exercice; voir le site archéologique de Karajia, réputé pour ses sarcophages construits à même une paroi rocheuse.
Bon… Karajia… une fois arrivé là, le seul truc à voir était minuscule et perché haut dans les airs; 6 petits monuments en l’honneur d’anciens chefs et chamans de la tribu, avec 2 crânes humains déposés sur 2 d’entre-eux pour montrer leur puissance.
img_5889
Je m’empressais de sauter dans un collectivo en direction de de Luya, pour ensuite sauter dans un autre pour Chachapoyas… des collectivos qui ressemblaient à de la conduite de rallye sur des routes rendues boueuses en raison de la pluie durant la nuit.
Un peu de repos (et une douche) à Chachapoyas ne ferait pas de tort.
LA FORTERESSE DU CIEL
J’avais gardé la Cerise sur le Sunday pour la fin de mon séjour à Chachapoyas; Kuélap… l’un des plus importants sites pré-inca sur le continent, construit dans les environs du 6ème siècle de notre ère. Dans l’ombre de Macchu Picchu, si Kuelap se trouvait dans n’importe quel autre pays d’Amérique du Sud, il serait une attraction majeure.
Pourquoi? Si je vous dit « forteresse de pierre perchée à plus de 3000m dans les nuages »… ça vous donne le gout de visiter? Moi oui…
Il est possible de s’y rendre directement en bus, et un téléphérique est actuellement en construction pour relier Kuelap au fond de la vallée :-(, mais j’avais entendu parler d’un sentier partant du village de Tingo, au plus profond du canyon, 9km et 1200m plus bas.
Après avoir perdu 3h de ma vie au Terminus de Chachapoyas, je prenais finalement la route pour Tingo, village situé dans une portion désertique du canyon. Je n’y croisais personne… tous les magasins étaient fermés… pas moyen de me faire des provisions avant de débuter l’ascension.
Je me retrouvais encore une fois tout fin seul. « Seul au Monde » version montagne… sans ballon… mais avec une boule de quille sur le dos.
Parti de Tingo à 1800m d’altitude sur les coups de midi, je remontais la rivière dans le fond de la vallée sur les 2 premiers km. Pour seuls compagnons; une tonne de cactus.
Le bruit de la rivière finissait par s’éloigner et le fun commençait. Kuelap dominait la vallée du haut de la plus haute montagne. Cela voulait dire que ce que je voyais au-dessus de moi devait être sous mes pieds avant de pouvoir admirer la forteresse.
img_5968img_5971
Après une ascension sans trop d’histoire, je quittais le canyon au km 7 pour pénétrer sur un haut plateau à plus de 2700m. Alors que le canyon était aride, le plateau était tout vert et remplis de champs et pâturages.
Au sortir d’un village, je distinguais désormais une grosse masse jaunâtre au sommet de la montagne à proximité. Un oeil peu averti aurait pu croire que c’était une paroi rocheuse, mais mon petit doigts me disait que c’était une construction humaine; Kuelap.
14.20 – 2h20 après mon départ de Tingo, je me trouvais devant la porte principale de Kuelap.
Je peinais à trouver l’hospedaje (pension) qu’on m’avait recommandée. Je demandais à un guide où se trouvait l’hospedaje « Chez Theodula » et quelques-uns de ses touristes partaient à rire. L’un d’eux lançait même; « il n’y a aucun hébergement à 2h à la ronde »… et quelques autres riaient. Le guide l’interrompait et me lançait « l’auberge est juste 100m plus bas par là »… ce qui avait pour effet de faire taire tous les touristes. J’en entendais même murmurer « si j’avais su qu’il y avait un auberge dans les environs… ». Rira bien qui rira le dernier hehe…
Je m’attendais au pire en ce qui concerne l’hébergement. Les coups de foudre sont bien souvent inexplicables. Eh bien, j’en avais eu un instantanément pour cet endroit.
Tenu par une très gentille dame et son mari, je dois admettre que c’est dans cet endroit perdu que j’ai eu la plus belle chambre de mon court séjour au Pérou. Le bâtiment avait fière allure, en plus d’offrir une vue imprenable sur l’ensemble de la vallée. Le souper était un plat de riz blanc avec des patates frites sur le dessus… mais bon, personne n’est parfait.
La visite allait attendre à demain… j’avais tout mon temps.
06.00 – Le réveil se faisait naturellement au bruit des coqs. Le ciel était bas et la vallée enveloppée de brouillard.
Le déjeuner n’était pas vraiment mieux que le souper de la veille; des biscuits soda avec 1 oeuf… même moi je pouvais faire mieux. Le Pérou n’est pas réputé pour sa cuisine, mais il y avait des limites.
08.00 – À l’heure où les visites guidés partent de Chachapoyas pour visiter Kuelap, j’étais seul sur le site. Les 3h qu’ils leur faudrait pour atteindre la forteresse étaient amplement suffisant pour moi afin de visiter tranquillement l’endroit.
 img_5988img_5995img_5978img_6005
De l’extérieur, Kuelap était submergé par le brouillard. Son imposant mur de fortification semblait sortir tout droit d’un passé lointain. Faisant plus de 12m de haut, 600m de long, par 100m de large, des scientifiques estimaient qu’il avait fallu plus de pierres pour construire Kuelap que pour construire la Grande Pyramide de Gizeh.
img_6128
Pour entrer dans la cité, suffisait de passer par l’une des 2 ouvertures entonnoirs; entre 2 murs de 20m de haut, l’ouverture était de 3 personnes de large à l’extérieur, mais ne devenait pas plus large qu’une seule personne au bout d’un long corridor.
 img_6144
À l’intérieur de la cité, la nature avait repris le dessus. Il ne restait que des ruines de la cité qui jadis comptait plus de 400 bâtiments, des constructions de forme cylindrique avec toit conique en paille.
img_6036img_6039img_6049img_6056
L’endroit était tout simplement immense avec ses multiples niveaux. Dorénavant habité par un troupeau de lamas, la cité avait plus de 3000 habitants à son apogée.
Les historiens et archéologues en savent peu sur Kuelap si ce n’est que la forteresse ne ressemble à aucune autre construction datant de l’époque pré-inca sur le continent.
La cité aurait été le siège du pouvoir régional et aurait été pillée/incendiée par « je-ne-sais-qui » un peu avant l’arrivé des conquistadors au milieu du 16ème siècle. Des ossements de centaines de personnes furent trouvés entassés près d’une falaise. Ces ossements, principalement de femmes et d’enfants, laissent à penser que Kuelap fut saccagé et que ses derniers habitants furent tous exterminés. La cité sombra dans l’oubli jusqu’au milieu du 19ème siècle alors qu’une première véritable fouille archéologique fut conduite seulement en 1997.
J’avais été subjugé par la grandeur des lieux, qui surprenamment n’est pas un site de l’UNESCO. On raconte qu’en terme de site archéologique, seul Macchu Picchu pouvait rivaliser en Amérique du Sud. C’est ce qu’on allait voir dans quelques semaines.
Kuelap était le genre d’endroit qui me faisait rêver à l’existence d’une machine à voyager dans le temps pour retourner voir au temps où les gens y vivaient. Quoiqu’à bien y penser, ils m’auraient très probablement exécuté m’exécuté à la minute où j’aurais posé les pieds… à moins qu’il n’existe une sorte de machine touristique à voyager dans le temps où les voyageurs seraient invisibles… je peux toujours rêver.
J’avais eu l’un des sites archéologiques majeures du continent pour moi tout seul durant 2h30, difficile de me plaindre. Je devais maintenant me résigner à défaire ma route jusqu’à Tingo.
img_6142img_6104
La pluie qui débutait ne tardait pas à transformer la sentier en une véritable patinoire de boue. Heureusement pour moi, j’avais les meilleurs patins sur boue possible et beaucoup d’entrainement.
LE PÉROU AUTREMENT
Après maintenant 8 jours à explorer les environs de Chachapoyas, j’avais finalement fait le tour. Il restait BEAUCOUP de trucs à voir, mais j’avais vu les principaux… et j’étais un peu tanné de l’endroit.
Direction la cote pacifique pour y admirer l’océan pour la 1ère fois depuis mon arrivé en Amérique du Sud, et y prendre un repos des montagnes afin de repartir en force pour la suite des choses.
P.S. I – Après seulement quelques jours passés au Pérou, il est clair que la qualité des services a baissé de beaucoup par rapport à la Colombie et l’Équateur. Alors que la Colombie était extrêmement abordable et que tout était super, que l’Équateur était sensas, le Pérou est simplement très abordable.

Épisode 85 – La vallée de la longévité

30 septembre 2016

MISE EN GARDE
Cet épisode NE contient PAS de randonnée en haute altitude, pas de volcan, pas de personne qui s’évanouisse et je n’y dis pas de mensonge à des gardiens de parc.
C’est toujours en Équateur?!?
Oui!!!
UN PUBLIC AVERTI EN VAUT 2
C’est avec Chimborazo dans les nuages, mais avec le sommet dégagé, que je disais Au Revoir à Riobamba et à l’Avenue des Volcans. À partir d’ici et jusqu’à la frontière avec le Pérou au sud du pays, les hauts volcans aux sommets enneigés feraient maintenant place à des montagnes de moyenne altitude.
Au Revoir Pichincha, Pasachoa, Ilinizas, Quilotoa, Tungurahua et Chimborazo (soupir)… il fallait maintenant passer à un autre appel.
L’intérieur des terre du sud de l’Équateur n’était que collines/montagnes. À perte de vue, tout ou presque est couvert de prés aux diverses teintes de jaune et vert. Rare était les forêts ou endroits non aménagés par l’homme, même sur les flancs les plus escarpés. Le bus montait et descendait sur les routes sinueuses de montagne comme si nous étions sur une montagne russe.
Terminus Cuenca, 3ème ville en importance du pays.
EL DORADO
Réputé pour son architecture coloniale, qui lui a valu une place au patrimoine de l’UNESCO, Cuenca, de son nom complet « Santa Ana de los cuatro rios de Cuenca », se situe à la confluence de 4 rivières et possède une histoire trouble.
Les vestiges de civilisations remontent à il y a plus de 8000 ans. Plus près de nous, la ville de Guapondeleg fut fondée en l’an 500 de notre ère par le peuple Cañari. Signifiant « la terre aussi grande que le Paradis », Guapondeleg allait passer aux mains des Incas au début du 16ème siècle.
Une fois sous l’influence Inca, la ville allait être renommée « Tomebamba » et gagner en importance, jusqu’à être considérée comme la seconde Cuzco (capitale de l’Empire Inca).
Les chroniques de Conquistadors racontent que des (amér)indiens avaient vanté la grandeur de Tomebamba… avec ses nombreux temples d’or. Or, les Conquistadors trouvèrent la cité Inca en cendre.
2 hypothèses persistent à ce sujet. D’une part, la ville aurait été détruite par une guerre interne chez les Incas quelque temps avant l’arrivé des espagnols.
L’autre hypothèse veut que les Incas aient détruit Tomebamba en sachant l’arrivé imminente des Conquistadors… pour que ceux-ci ne puissent pas « profiter » de cette cité (d’or?!?).
Il faut savoir qu’à leur arrivé sur le continent, les Conquistadors avaient eu vent d’une cité Inca faite de temples d’or… qu’ils avaient surnommé « El Dorado ». El Dorado ne fut jamais découverte…
1 + 1 = 2… certains historiens croient que Tomebamba pourrait avoir été cette fameuse El Dorado. Le mystère persiste toujours et on ne saura probablement jamais la vérité.
Dans tous les cas, l’actuelle ville de Cuenca fut fondée en 1557 par les espagnols sur les cendres de Tomebamba.
Cuenca version 21ème siècle est une ville qui respecte son passé, tout en étant définitivement tournée vers l’avenir.
Tout commence dans le Parque Calderon, centre de la ville, avec 2 églises qui se font face; la vieille et la nouvelle (moins vieille). Ville très croyante, on dénombre pas moins de 50 églises pour environ 300000 habitants.
img_5380img_5391
Autres faits d’arme, Cuenca est réputée pour être la grande ville la plus sécuritaire d’Équateur, c’est la seule ville d’Équateur où l’on peut boire l’eau l’eau du robinet, un tramway sera mis en service sous peu & desservira l’ensemble de la ville, et plus de 70km de pistes cyclables urbaines seront aménagés dans la prochaine décennie.
img_5402
C’est sans mentionner qu’il fait bon de vagabonder dans les rues de la vieille ville avec de l’histoire à tous les coins de rue… une marche urbaine… sans boue et avec aucune difficulté à respirer… pour faire changement.
Je me laissais entrainer dans une visite du « Museo del Sombrero » pour y voir comment on fabrique les fameux « Panama Hat ».
img_5408
Chapeaux fabriqués en Équateur, ils doivent leur nom au Président américain Roosevelt. En visite à Panama pour y voir la construction du Canal… de Panama il y a environ 1 siècle, celui-ci remarquait que les travailleurs portaient de jolies chapeaux… qu’il surnommait « Panama Hat »… avant d’en commander une tonne. L’histoire est une succession d’erreurs. N’a-on pas « découvert » l’Amérique en cherchant une nouvelle route pour les Indes.
Bref, hyper intéressant (je ne suis pas sarcastique) et beaucoup plus compliqué qu’il n’en paraît de fabriquer des chapeaux en « paille ».
img_5411img_5417
CAJAS NACIONAL PARK
Moins de 3 jours après Chimborazo, et même si je m’étais promis de me reposer une bonne semaine, je remettais mes bottes de montagne. Que voulez-vous, c’est comme une drogue, mes pieds ne peuvent se passer de l’odeur de mes bottes.
Direction le Parque Nacional Cajas dans les hauteurs de Cuenca à moins de 30km.
Avec plus de 250 lacs, Cajas est l’endroit le plus riche en lacs de toutes les Andes (et les Andes font tout le continent sud américain). Entre 3400 et 4500m d’altitude, on y a aménagé 8 super sentiers allant d’une marche de 2 heures à une randonnée de 2 jours. Bref, pour tous les gouts… à condition d’aimer la nature et les paysages jaune délavés.
Pour ma part, j’entamais le sentier numéro 2 jusqu’au sommet du Cerro (mont) San Luiz culminant à 4300m. Parti à 3850m, je réalisais assez vite que mes jambes n’avaient aucune envi de marcher. Cerise sur le Sunday, le sentier était vraiment glissant et remplis de boue.
img_5452img_5481img_5486img_5488img_5495
LOJA… OU COMMENT ALLER DANS UN ENDROIT OÙ JE NE VOULAIS PAS VRAIMENT ALLER
J’en avais fini avec Cuenca, et il n’y avait pas de place à l’endroit où je voulais aller.
On fait quoi dans ce temps là? On reste une journée de plus dans une superbe ville comme Cuenca… ou on prend une chance d’aller voir ailleurs.
Je sautais donc dans un bus encore un peu plus en direction du sud.
Terminus Loja…
Ville réputée pour son architecture coloniale, il m’aura fallu 5 minutes à marcher dans les rues pour comprendre que je n’aurais jamais du venir ici… que Loja n’était qu’une grande ville bruyante et sans charme. Tout ce que mon guide me disait de visiter était laid. Qu’on se le tienne pour dit; mis la part la nourriture (le restaurant El Tamal Lojano est à ne pas manquer si vous faites la gaffe d’arrêter à Loja), RIEN (architecture et/ou culture) ne justifie d’arrêter à Loja. J’irais même jusqu’à dire que Loja donnait à Riobamba (épisode précédent) des airs de ville touristique.
J’allais donc faire ce que je fais de mieux quand je m’emmerde; trouver un supermarché, m’acheter une bouteille de vin et boire seul comme un grand.
Vous savez les vieux motel crado sur le bord d’autoroute. Eh bien ma chambre ressemblait à cela… mon lit avait même un sommier en forme de coeur (sans commentaire).
LA VALLÉE DE LA LONGÉVITÉ
À peine réveillé que je sautais dans un nouveau bus. Bye Bye Loja… direction le sud… encore.
Situé à seulement 30km de Loja, on prend tout de même plus de 1h30 à négocier la route en lacet qui mène jusqu’à Vilcabamba. Ces 30km sont assez pour faire changer le décor du tout au tout. D’un paysage verdoyant et à plus de 2500m d’altitude autour de Loja, je me retrouvais maintenant sous la barre des 1500m dans un environnement semi-aride jaune.
On ne vient pas à Vilcabamba pour le village (sans grand intérêt), mais pour l’esprit des lieux (l’intangible). La vallée est d’ailleurs appelée « la vallée de la longévité ». Bon… comme pour l’oeuf et la poule, je ne sais pas qu’est-ce qui est arrivé en 1er; la vallée fait vivre les gens plus longtemps… ou une tonne de vieux sont venu habiter ici et on nomma la vallée ainsi parce qu’on croit que les gens vivent plus vieux parce qu’ils sont tous vieux? Posez la question c’est y répondre…
Bref, je ne sais pas si la vallée allonge la durée de vie, mais ce que je sais c’est que l’endroit pullule de vieux hippies à la barbe blanche et aux chemises hawaïennes. J’avais l’impression qu’il y avait plus de blancs que de locaux dans le village.
J’atterrissais à l’auberge Izhcayluma. Dominant la vallée et signifiant « entre 2 collines » en quechua, ça allait me couter 9.5$ pour un super dortoir, un bar avec tables de ping pong et de billard, une piscine, de la nourriture allemande et des séances de yoga gratuites. Qui dit mieux?
img_5608
FORGOTTEN ROAD TRAIL
J’entreprenais de faire l’un des sentiers pédestres balisés des environs. Je choisissais (bien sur) le plus long (boucle de 8 heures) et le plus difficile (5 étoiles sur 5 en terme de difficulté). J’entreprenais de faire le graaaaasnd tour de la vallée afin de faire partir la rouille (alcool) de la dernière semaine.
Je m’en remettais entièrement aux petits points rouge (aménagé par les gens de mon auberge) délimitant le sentier à travers cette contrée labyrinthique.
img_5564img_5579
Quelques collines à monter plus tard que je me retrouvais dans le village extrêmement pauvre de Tumanuma. Il fallait vraiment aimer l’endroit pour rester dans cette contrée ou rien ne semble vraiment pousser outre des cailloux et de la mauvaise herbe.
img_5585img_5586
À partir de là, le sentier passait par une ancienne route de terre abandonnée par les voitures en raison de glissements de terrain répétés (LA Forgotten Road). Ne me restait plus qu’à zigzaguer dans le fond de la vallée entre les montagnes. J’y croisais un fermier habillé en businessman avec ses 2 chiens et son troupeau de vaches.
img_5594-2img_5598-1
Parti à 08.00, je revenais à mon auberge sur les coups de 14.00. 6 heures pour marcher plus de 25km sous une chaleur accablante.
AVENIDA AMAZONAS
Une fois fini avec Vilcabamba, il ne me restait plus qu’une chose à faire; direction Pérou.
Il est possible de passer de l’Équateur au Pérou par la voie terrestre, ou vice-versa, via 3 postes frontaliers; l’un sur la cote pacifique (où 95% des voyageurs passent), l’autre un peu plus dans les terres, mais quand même desservi par une grande route (où 4.99% des voyageurs passent) et celui que j’avais décidé de franchir… en plein coeur de la jungle.
Pourquoi faire comme tout le monde et prendre le chemin facile quand on peu prendre celui difficile? C’était décidé; j’allais passer par la jungle. Je ne le savais pas encore, mais j’allais en baver.
J’entamais donc mon (beaucoup plus long que je ne l’aurais imaginé) périple avec un bus en direction de Zumba via une route sinueuse (vous l’avez déjà entendu souvent cette expression… mon petit doigt me dit de vous dire de vous habituer à l’entendre parce que je n’ai pas de synonyme et que 60% des routes que je prends son des « route sinueuse de montagne ») au travers des montagnes.
En bon québécois, on peux dire que le bus « rushait » un bon coup avec les cotes. Le conducteur avait soit les 2 pieds sur les freins, soit la pédale d’accélérateur bien enfoncée dans le plancher. À regarder le plan de la route sur ma carte, on aurait cru regarder un rythme cardiaque sur un électrocardiogramme; monter une vallée, basculer dans une nouvelle, la descendre, la remonter de l’autre coté, basculer dans une nouvelle… et ainsi de suite.
Environ 1h après mon départ de Vilcabamba, les paysages semi-arides avaient complètement disparus pour faire place à de la jungle… de la jungle très dense avec presque aucune trace humaine sauf pour la route et quelques très rares villages. Nous étions loin des grands centre d’Équateur. Ici les gens vivaient dans des cabanes en bois sans vitre en bord de route à flanc de montagne.
On pouvait voir plein d’anciens glissements de terrain partant du haut des montagne et qui avaient dû emporter la route dans les dernières années… ou des rivières qui étaient parti avec des ponts. Bref, Le nom de la route était très révélateur « Avenida Amazonas ».
img_5617
À un certain moment, la route cessait d’être pavé et se faisait de plus en plus étroite, mais les ravins eux restaient tout aussi profond.nPar moment, j’avais l’impression de faire une randonnée en montagne… en autobus. Je bouclais les 128km séparant Zumba de Vilcabamba en 6h de bus… ça dit tout.
Ma derbière nuit en Équateur allait donc être dans un trou… oups… à Zumba… dans la jungle à la frontière du Pérou. Rendons à César ce qui lui revient, je dois admettre que je m’attendais à tomber sur un minuscule village perdu au milieu de nul part. Je tombais plutôt sur une petite ville en plein essor économique avec la construction de beaucoup de bâtiments un peu partout… assurément du à l’ouverture d’une mine à proximité.
Le registre de mon hôtel montrait que le dernier étranger à avoir séjourné ici remontait à il y a 5 jours…
img_5643
Après exactement 30 jours passés en Équateur, il est maintenant temps d’aller voir ailleurs si j’y suis.
J’ai aimé la Colombie, mais adoré l’Équateur. Je quitte la tête pleine de paysages magnifiques, le corps endolori et avec une excitation réelle d’y revenir très bientôt… ce que je ferais assurément avant de quitter le continent sud américain dans quelques mois. En effet, il y a 2 grands absents de ma tournée actuelle de l’Équateur (je ne vous dit pas lesquels) et j’ai bien l’intention de remédier à la situation.
Pérou me voilà!
P.S. I – Après maintenant 2 mois en Amérique du Sud, je dois admettre que mon espanol a fait un bon de géant. Je suis encore nul, mais je peux maintenant avoir de courtes conversations et comprendre presque à tout coup ce qu’on me dit/demande. J’ai même pu suivre l’histoire d’un film dans le bus l’autre jour.
Mon truc; ne pas avoir peur d’avoir l’air fou. En fait, je sais que j’ai l’air fou donc ça facilite les choses.
P.S. II – Tel que mentionné dans un blog précédent, il en coute un peu plus cher de voyager en Équateur qu’en Colombie. En excluant mon ascension guidée du Chimborazo, j’ai dépensé en moyenne 40$ canadien par jour. Comptez;
– 2 à 5$ pour le déjeuner (quelquefois compris avec l’auberge)
– 2-5$ pour le lunch
– 5-12$ pour le souper
– 8-15$ pour un lit en dortoir
Le $ canadien qui est aussi bas par rapport au $ américain plombe mon budget.

Épisode 84 – Chimborazo; Voyage à l’Extrême Opposé du Centre de la Terre 

26 septembre 2016

Après avoir passé plus de 2 semaines à faire copain copain avec les volcans autour de Quito sur l’Avenue des Volcans, je quittais définitivement la capitale pour une seconde et dernière fois. Quito, une ville dont je n’avais AUCUNE attente et qui (franchement) me faisait un peu peur, avait confondu le sceptique en moi. J’allais m’ennuyer.
Direction le sud. Terminus Riobamba.
Malgré un nom qui incite à la fête, Riobamba n’avait rien de très festif. C’était une ville sans intérêt que la très grande majorité des voyageurs évitent.
Ce n’est tellement pas touristique que l’hébergement que je trouvais était un hôtel 3 étoiles… à 18$ la nuit (il serait au moins à 100$ en Europe/Amérique du Nord). Exception faite de mon séjour au Canada, je ne me rappelais pas la dernière fois où j’avais eu ma propre chambre (je dors toujours en dortoir/auberge jeunesse) et ma propre salle de bain. À voyager autant que je le fais, on fini par oublier certains petits plaisirs de la vie… comme de prendre une douche ayant une forte pression d’eau et dans laquelle on peu régler la température (parce que plus souvent qu’autrement on subit la température de la douche dans un auberge jeunesse… soit hyper chaud ou glacial).
Mais pourquoi donc aller à Riobamba si la plupart des touristes l’évite. Eh bien, d’une part je ne suis pas « la plupart des touristes » et de l’autre, la ville surnommée « le Sultan des Andes » est entourée de 3 géants; le El Altar (5319m – volcan éteint), le Carihuairazo (5018m – volcan dormant) et le Chimborazo (volcan dormant).
Toute ces randonnées et ascensions de volcans des dernières semaines avaient un but bien précis; me préparer au mieux à réaliser l’ascension de Chimborazo.
Venant des mots Quechua « Chimba » & « Razu » qui signifient « la neige de l’autre versant » ou « glace de l’autre coté », Chimborazo est le géant des géants du pays, du haut de ses 6310m. Surnommé « Taita Chimborazo », c’est à dire Papa Chimborazo, Chimborazo est considéré comme étant le « père » de tous les autres volcans d’Équateur… la « mère » étant Mama Tungurahua (épisode précédent).
Plus que cela, le sommet de Chimborazo est réputé comme étant le point le plus éloigné du Centre de la Terre sur la surface de la planète. Eh oui, si vous voulez être le plus près des étoiles avec les 2 pieds sur Terre, il ne faut pas aller au sommet de l’Everest, mais bien sur le Chimborazo. La Terre n’étant pas parfaitement ronde… le diamètre est plus grand à l’Équateur. Pour être exact, le sommet de l’Everest est à exactement 6382.467km du centre de la Terre alors que Chimborazo est à 6384.687km. Pour les nuls en math, Chimborazo est plus de 2km plus près des étoiles.
img_5276
En fin de journée, je me réveillais tout juste à temps pour aller admirer le coucher du soleil du « Parque 21 de Avril », meilleur point de vue en ville. Je fixais Chimborazo pendant de longue minutes. Je peinais à croire que le sommet était à plus de 3450m d’altitude de l’endroit où je me trouvais tellement la montagne avait l’air « petite ».
img_5224
LA VIE NOUS RÉSERVE PARFOIS DE BIEN DRÔLE DE SURPRISE
Dans la vie, tout ne va pas toujours comme nous l’avons prévu. Toutefois, cela ne veut pas dire que les choses ne vont pas tel qu’elles sont supposées aller.
J’avais décidé de faire une dernière randonnée d’entrainement en haute altitude avant Chimborazo. Direction le volcan El Altar.
Ancien méga volcan, El Altar fut autrefois la plus haute montagne d’Équateur… jusqu’à il y a 500ans alors que sa dernière éruption fit exploser la montagne et créa une multitude de sommets (coiffés par des glaciers) entourant le Laguna Amarillo, un lac situé dans l’ancienne caldeira.
img_5218-1
Je me réveillais à la première heure pour me diriger à la station d’autobus… pour apprendre que le premier bus en direction de La Candelaria (village au pied de El Altar) partait seulement à 11.00am. Durant 4 heures, je me gelais le cul dans ce dépotoir qu’ils osaient appeler station d’autobus… alors que j’aurais pu être confortablement dans mon lit.
11.00 – Le bus ne venait jamais. On me disait que le bus partirait finalement à 14.00…
Fuck El Altar… je n’allais pas passer ma journée à attendre un bus qui ne viendrait probablement jamais. Je me dirigeais d’un pas déterminé à l’agence de voyage; j’allais monter Chimborazo dès demain (il est interdit de grimper au sommet de Chimborazo sans guide).
À peine arrivé à l’agence qu’on m’indiquait que quelqu’un d’autre était intéressé à faire l’ascension de Chimborazo. Hip Hip Hip, les frais (astronomiques) d’ascension allaient être divisés par 2.
Je demandais à rencontrer l’autre gars pour être sur qu’on soit sur la même longueur d’onde.
Moi – « Where are you from? (de où viens-tu?) »
L’Autre – Canada
Moi – « Seriously… I’m Canadian too… Where about? (Sérieux… Moi aussi… Tu viens de où?) »
L’Autre – Québec
… j’étais sans mot…
Il fallait bien un autre québécois pour faire un truc de fou comme ça.
J’allais donc faire équipe avec Alex (24ans / Montréal / en voyage 2 semaines en Équateur) et un guide pour tenter l’ascension de Chimbo.
Ne restait plus qu’à retourner à ma chambre pour m’imbiber d’eau et me reposer afin d’être fin près pour le lendemain.
LE REFUGE CARREL
28 septembre 2016
11.00 – Moi, Alex et notre guide partions de l’agence en route vers la montagne. Objectif du jour; dormir au refuge Carrel situé au pied du volcan à 4800m.
Passé 4000m d’altitude, plus rien ne poussait sur les flancs du volcan. Il n’y avait que du sable et de la roche volcanique. Nous étions dans un paysage lunaire avec des collines désertiques… et une grosse boule de crème glacée au milieu.
img_5275
13.00 – Arrivé au refuge Carrel, nous nous retrouvions dans une mer de nuages. Impossible de voir le volcan… mais les 2-3 gros bus de touristes étaient bien visibles. Alors que tous portaient des vêtements d’hiver, je sortais du véhicule en short et en flip flop. Pas besoin de vous dire (je vous le dis quand même) qu’une tonne de paires d’yeux se pointaient sur moi.
Peu m’importait, ma concentration était ailleurs. Ne restait plus qu’à me reposer et m’acclimater à l’altitude.
Au refuge nous tombions sur Florence, jeune québécoise voyageant en solo et tentant aussi l’ascension le lendemain. C’est donc dire que sur les 8 personnes qui allaient tenter l’ascension, 3 seraient québecois, 3 espagnols (très expérimenté en montagne… je les avais croisé sur Ilinizas) et un couple australien (je ne leur donnait pas grand change d’atteindre le sommet).
Les québécois ont probablement cette dose de folie qui les poussent à faire des trucs stupides.
18.30 – Dodo… à 4800m… ma nuit la plus haute en altitude à vie… seulement 1 semaine après avoir amélioré mon record à Ilinizas.
HARDCORE TREK – CHIMBORAZO
29 septembre 2016
23.00 – 28 septembre – À l’heure où beaucoup d’entre-vous écoutez vos séries TV et songez à aller au lit, moi et mon équipe étions debout.
La vérité me sautait aux yeux; Chimborazo. J’étais pris d’un mélange de panique & d’excitation et comme à la veille de toutes mes aventures rocambolesques, mon cerveau tentait (en vain) de me faire changer d’idée.
On raconte que 60% des gens qui tente l’ascension du Chimborazo atteignent le sommet… j’allais savoir dans quelques heures de quel coté du % j’allais me trouver.
00.00 – 29 septembre 2016 – Le déjeuner bien installé dans l’estomac, les bottes rigides de montagne au pieds, le casque sur la tête, le piolet à la main, les crampons dans le sac et bien encordé à mes 2 compagnons, je quittais le refuge dans la nuit noire sous un ciel étoilé exempt de nuages.
Nous commencions une marche qui allait nous mener 1400m plus haut à temps (espérons-le) pour le lever du soleil… beaucoup plus facile à dire qu’à faire.
Après avoir passé le 2ème refuge, le refuge Whymper (en l’honneur du 1er à avoir atteint le sommet de Chimborazo) à 5000m, le choses devenaient tout de suite sérieuses en négociant une section de sentier dans une zone de glissement de terrain. Nous ne le savions pas encore, mais c’était la section de sentier la « plus facile » de l’ascension… plus facile ne veut pas dire facile.
À 2 reprises, nous devions nous abriter sous des rochers pour éviter d’être frappé de plein fouet par une pluie de roches venant du sommet. Essayez d’évitez des roches qui vous foncent dessus pleine nuit; dans la nuit silencieuse, vous entendez le bruit des roches qui descendent à vivent allure, vous avez les yeux grand ouvert… et vous entendez un bruit de mort quand votre guide se fait frapper sur le genou par l’une de ces roches. Après s’être tordu de douleur durant quelques minutes, il était prêt à repartir.
Une fois à 5200m au sommet de la zone d’avalanche, et après avoir négocié quelques section d’escalade pur et dur, nous atteignions la neige, qui se transformait lentement en glacier pour recouvrir tout autour de nous.
C’est à ce moment que le « fun » commençait véritablement. De 01.30 à 06.30 du matin, nous allions négocier un sentier à plus de 60/70 degrés d’inclinaison… sans aucun relâchement du début à la fin… pas de section plane ou moins inclinée… JAMAIS… une ascension sans interruption et brutale. C’est sans aucun doute le sentier le plus abrupte que j’ai eu le « plaisir » de marcher dans ma vie.
L’ascension pouvait se résumer ainsi; marche durant 2-3 minutes… suivit de moi et/ou Alex qui s’effondrait par terre à bout de souffle…  suivit d’un repos de 2-3 minutes pour reprendre le contrôle de notre rythme cardiaque… et ainsi de suite. Des fois on pouvait se reposer 5 minutes, recommencer à marcher, et s’effondrer par terre après 30 secondes. À chaque arrêt, nous devions creuser un siège dans le glacier avec notre piolet pour éviter de glisser tellement la pente était abrupte.
Et dire que je me considérais dans la forme de ma vie après Ilinizas il y a quelques jours (épisode précédent). J’avais passé les 2 dernières semaines à grimper tous les volcans que j’avais pu faire afin de m’acclimater au mieux à l’altitude, et j’avais quand même l’impression d’être dans une forme physique minable en montant la paroi enneigée de Chimborazo. Mon coeur battait à tout rompre & donnait l’impression qu’il voulait sortir de ma cage thoracique, et je sentais le battement de mon coeur sur ma tempe… j’avais l’impression que la veine allait éclater.
À ma décharge, il faut dire que j’étais diminué par une grosse grippe depuis 3 jours. Un homme sensé aurait repoussé l’ascension de quelques jours… mais je ne suis pas réputé pour mes choix sensés.
Passé 6000m cela faisait plus de 5 heures que j’avais le RPM du coeur dans le tapis et que je faisais un effort physique intense. J’étais à bout de souffle (le mot n’est pas assez fort), je n’étais plus qu’une loque humaine incapable d’avoir un raisonnement logique et je titubais sur le sentier.
img_5288img_5287thumb_gopr5931_1024
Je puisais au plus profond de mes ressources comme rarement je ne l’avais fait auparavant. Mon corps commençait à faillir; je crachais abondamment de sang par la bouche et ma narine gauche était rouge.
À quoi bon faire tout cela si ça n’apporte que souffrance psychologique et physique? « Ain’t no mountain high enough »… la phrase qui décrit le mieux ma vie; au sens propre comme au figuré, il n’y a pas de montagne assez haute… je ne recule pas devant un obstacle un point c’est tout.
Je vous mentirais si je vous disais que je n’avais pas pensé abandonner durant l’ascension. J’avais bien failli rebrousser chemin une bonne vingtaine de fois. Mon moral avait abdiqué et j’étais prêt à tout à redescendre. À chaque fois je continuais, puisque je ne voulais pas laisser tomber Alex. Si j’abandonnais, cela voulait dire que nous abandonnions puisque le guide n’aurait pas voulu nous séparer.
Heureusement pour moi, nous avons persévéré. Abandonner aurait été un soulagement sur le moment présent, mais une amère déception pour le reste de ma vie.
06.30 – Le sommet…
Je lâchais un L I B E R T É bien senti (à la Mel Gibson dans « Coeur Vaillant ».
Le soleil à peine levé, il n’y avait aucun son, aucun vent et les nuages tout juste au-dessus de nos têtes semblaient former un toit. La vue était à couper le souffle (au sens propre comme au figuré); on pouvait voir au loin Tungurahua, Ilinizas, Cotopaxi et compagnie. Je quittais le sentier balisé pour prendre des photos et calais jusqu’à la taille dans la neige du glacier.
img_5292img_5295
J’avais les 2 pieds à l’endroit le plus éloigné du centre de la Terre sur la surface de la planète et mon nouveau record d’altitude du même coup. Ma première fois au-dessus de 6000m. Mon record allait surement durer jusqu’en janvier/février et ma tentative d’ascension de l’Aconcagua.
Le sommet m’avait revigoré alors que je retrouvais alors tous mes sens… tout le contraire pour Alex dont la condition était devenue inquiétante. Il était complètement intoxiqué par l’altitude. Tout le temps que nous avions passé au sommet, il s’était recroquevillé sur lui même en boule par terre sans bouger.
La descente se transformait en un espèce de secours en haute montagne. Alex pouvait à peine se tenir sur ses jambes et n’avait plus toute sa tête. Premier de cordée en avant, je redoublais de prudence et devais m’assurer de descendre à un rythme assez lent pour ne pas tendre la corde et lui faire perdre pied. Je devais aussi me battre avec notre guide (un véritable emmerdeur) qui faisait fit de l’état d’Alex et me demandait d’aller plus vite.
J’étais toujours près à planter mon piolet dans la neige au cas où il perde pied. Nous étions tous les 3 encordés; si il tombait, nous tombions…
4 heures de descente dans ces conditions. Heureusement, le paysage était incroyable.
thumb_gopr5956_1024thumb_gopr5960_1024thumb_gopr5966_1024img_5302img_5304img_5306img_5310-2img_5308-1img_5311
C’est alors que je réalisais à quel point le sentier était incliné. Cela n’avait aucun bon sang. Je n’avais plus aucune difficulté à comprendre pourquoi nous étions plié en 2 à toutes les 2 minutes lors de l’ascension.
thumb_gopr5949_1024
11.00 – De retour au refuge Carrel après 11 heures de marche, nous étions complètement vidé. C’était drôle de penser qu’on était levé depuis maintenant 12 heures alors que pour beaucoup la journée venait de commencer.
img_5315
Je me retournais pour regarder la montagne et me rappelais alors avoir trouvé Chimborazo petit en le regardant de Riobamba la veille. PLUS JAMAIS je n’allais utiliser les mots « petit » et « chimborazo » dans la même phrase, autre que pour dire « je me sens petit en montant Chimborazo ».
Même si c’est la plus haute montagne d’Équateur, Chimborazo n’obtient pas tout le respect qu’elle devrait avoir puisque tout le monde n’a de yeux et ne parle que de Cotopaxi (je l’avoue, j’étais de ces personnes).
Chimborazo est un monstre… un géant de glace qui a gagné toute mon admiration.
img_5319
Au final, 6 des 8 personnes ayant tenté l’ascension avaient atteint le sommet. Seul le couple d’australien avait abandonné…
Je ne suis pas docteur, mais je me donne un billet de médecin spécial; pas de marche en haute montagne pour au moins quelques jours histoire de récupérer un peu.
Direction Cuenca encore plus au sud… ça sent de plus en plus le Pérou.
P.S. I – Pour les adeptes de randonnées en haute montagne et/ou d’escalades, voici un Top5 des montagnes les plus techniques d’Équateur;
1. Altar
2. Ilinizas Sur
3. Antisabe
4. Cayambe
5. Chimborazo
Concernant Chimborazo, l’ascension n’est pas vraiment technique… si un sentier très incliné était considéré comme technique, Chimborazo serait assurément premier de cette liste.n’est pas vraiment technique.

Épisode 83 – Ilinizas… ou la fois où j’ai battu 2 cavaliers de vitesse sur 1000m de dénivelé positif

20 septembre 2016

Ayant quitté Baños un peu plus tôt et fait un transit à Machachi, moi et mon pote Martin étions dans un bus en direction de El Chaupi… ville minuscule située en dehors des sentiers (touristiques) battus et en plein coeur de l’Avenue des Volcans; Pasachoa, Ruminahui, Cotopaxi, Corazon et Ilinizas… plus particulièrement les 2 derniers… étaient tous à moins de 20km à vol d’oiseau.
ME CORAZON
À peine arrivé et nos sacs déposés à l’auberge que nous étions en quête de notre 1er sommet; le Corazon, pointant à 4790m. Parti à 3350m (El Chaupi), notre périple prenait abruptement fin à 3800m, 6.5km plus loin à l’entrée officielle de la montagne où 3 chiens vraiment mal élevés en voulaient (férocement) à nos mollets. Nous n’avions d’autre choix que de rebrousser chemin 😦
 img_4888-1img_4906-1img_4902
Disons simplement que ce Corazon (coeur en espanol) n’était pas à prendre…
AS-TU MANGÉ DES ÉPINARDS?!?
08.00 – Après une nuit glaciale passée à l’auberge de El Chaupi, moi et Martin prenions la route. Direction le refuge Nuevo Horizontes situé à 4770m au milieu des jumeaux pas pareils Ilinizas Norte (Pas de neige, orangé et pointant à 5126m) et Ilinizas Sur (Enneigé et pointant à 5248m). Comme pour beaucoup de trucs en Équateur, le terme Iliniza provenait du langage Quechua et signifiait « les yeux » (cherchez pourquoi…).
img_5173

Photo D’archive

La journée s’annonçait parfaite avec une absence presque totale de nuage. On pouvait alors admirer Cotopaxi et les jumeaux Ilinizas.
Il fallait dans un premier temps marcher sur une route de gravelle zigzaguant dans les plaines et sur le dos de collines. Je ne pouvais m’empêcher de fixer Cotopaxi sur ma gauche. Cette montagne me fascinait… depuis des années que je voulais atteindre son sommet et quand enfin j’étais à coté d’elle… elle venait d’avoir une première mini éruption en plus de 150ans, était considérée trop à risque et aucune ascension du sommet n’était permise 😦

img_4919-1img_4942-1

img_20160921_092949613_hdr

Credit: Martin Schmid

10.00 – Nous arrivions au parking « La Virgen », entrée officielle de la « Reserva Ecologica Los Ilinizas » à 3950m… fin de la route et début du sentier… avec déjà plus de 12km dans les jambes.
Il n’y avait aucune personne pour surveiller l’accès au parc ou nous demander qu’est-ce que nous venions faire. Tant mieux… je n’aurais pas à mentir 😉
Le sentier était extrêmement bien balisé jusqu’au refuge. L’ennemi était encore une fois l’altitude… mais mon corps semblait parfaitement acclimatés à 5000m et moins.
img_4966img_4968
À peine commencé le sentier que je larguais Martin, qui ne pouvait pas suivre mon rythme, et rattrapais 2 cavaliers, qui s’avéraient être les gardiens du parc. L’un de ceux-ci me lançait « tu muy fuerte (tu es fort) ».
Quand le sentier devenait plus abrupte, l’un des 2 rangers se retournait et semblait hyper surpris de me trouver encore directement derrière les chevaux. Il me lançait « tu es encore là » et me demandait si j’avais mangé des épinards au petit déjeuner. Le sentier était alors fait de sable volcanique et avait une inclinaison de plus de 45 degrés.
thumb_gopr5778_1024
Je décidais alors de mettre toute la gomme… et laissais les 2 chevaux en plan derrière moi 🙂
11.30 – Arrivé au refuge (4770m) juste avant que les jumeaux Ilinizas se couvrent de brouillard, les gardiens du parc arrivaient juste après moi et me disaient que c’était la première fois qu’un « gringo » les battaient sur la monté jusqu’au refuge.
img_4978
Quand 2 gardiens de montagne, qui font le sentier jour après jour, te disent qu’ils sont impressionnés par ta forme physique, tu prends le compliment. J’avais alors bouclé 17km et +1420m en 3h40… ce qui faisait une moyenne de 4.6km/h en monté… du jamais vu pour moi auparavant.
Pour confirmer le tout, Martin (un ex-militaire en très bonne forme physique) arrivait au refuge 1h20 après moi. Tout comme les gardiens, il se montrait très étonné de mon ascension; « tu as gardé la même vitesse en ascension que lorsque nous étions sur le plat ».
Pour couronner le tout, les gardiens du parc oubliaient de me demander si j’avais quelconque carte de membre de club de montagne… parce que le propriétaire de l’auberge où nous avions séjourné à El Chaupi nous avait mentionné que tout le monde devait avoir un guide dans le parc… sauf si on détenait une carte de membre d’un club de montagne… carte que je n’avais évidemment pas. J’avais du faire trop bonne figure.
Il était maintenant 14.00 et nous décidions de tenter l’ascension de Ilinizas Norte. La température n’annonçait rien qui vaille avec un brouillard très épais et des intenses rafales de vents. Or, j’avais bon espoir que le ciel s’éclaircisse complètement après 15.00.
img_4911-1

Photo Prise à LLovinas Hostel

img_5174

Tel que mentionné dans mon épisode sur Quilotoa, Ilinizas Sur et Norte étaient autrefois un seul et même volcan. Une dernière grosse explosion avait fait s’effondrer le méga volcan pour créer les 2 montagnes qui me faisaient face aujourd’hui.
En ce qui concerne Ilinizas Sur, il n’était pas question de tenter l’ascension. D’une part, cela avait l’air suicidaire et d’une autre, depuis 2012 il était obligatoire d’avoir un guide en Équateur pour grimper quelconque sommet enneigé ($$$).
Après le refuge, le sentier devenait de l’escalade dans un zone de glissement de terrain avec de grosses roches un peu partout. Un casque était de rigueur pour monter cette section de la montagne (casque que nous avions loué à notre auberge de El Chaupi).
 img_4993img_4996img_4998
Je peinais à trouver le sentier/traces de pas dans la mini-tempête, mais gardais tout de même le cap; direction le sommet et rien d’autre.
La température changeait extrêmement rapidement; pendant 10 minutes j’étais dans la tempête et ne voyais rien à 10 mètres autour de moi, l’autre instant j’avais une vue imprenable sur la vallée en contrebas et les montagnes environnantes, 5 minutes plus tard j’étais de nouveau enveloppé dans un mur blanc.

img_5004img_5005img_5017img_5006

img_20160921_151129183_hdr

Credit: Martin Schmid

15.30 – J’atteignais le sommet à 5126m. J’attendais là une vingtaine de minutes dans l’espoir d’avoir une vue dégagée… qui ne venait pas. Les éléments se déchainaient autour de moi; il faisait un froid à vous glacer le sang, le brouillard était dense et le vent était à déraciner des arbres.
Je me sentais dans mon élément dans toute cette pagaille. J’irais même jusqu’à dire que j’appréciais le moment au plus haut point. Après tout, la très grande majorité des gens auraient rebroussé chemin bien avant le sommet.
Oui j’avais peur (comme je l’ai dit souvent dans le passé, la peur est cette petite switch dans votre cerveau qui vous empêche de faire des trucs (trop) stupides), mais j’utilisais cette énergie positivement. La peur et l’adrénaline, qui coulait à fond dans mes veines, me permettaient de rester focus en permanence.

 

img_20160921_153553188

Credit: Martin Schmid

Je décidais finalement de descendre lorsque je ne sentais plus l’extrémité de mes doigts.
Je retrouvais Martin à 4950m. En étant à sa première ascension aussi haut, il s’était plain de douleur au thorax. Je lui avais alors conseillé de ne pas monter plus haut et de m’attendre pour redescendre (je lui avais tout d’abord proposé de redescendre tout de suite avec lui, mais il ne voulait pas « gâcher » mon ascension et m’avait poussé à continuer seul jusqu’au sommet).
Nous restions sur la montagne à cette altitude encore 1 heure à essuyer les vagues de tempête et les périodes d’accalmies offrant des vus spectaculaires sur les environs… pour finalement descendre jusqu’au refuge sans encombre avant le coucher du soleil.
img_5026img_5018img_5028
Contrairement au refuge de Tungaruhua (épisode précédent), le refuge Nuevo Horizontes méritait d’être appellé Refuge; une cuisine avec un four fonctionnel, une source d’eau, pas de fenêtre brisée et de véritables matelas. Le confort était cependant incertain, mais la nuit glaciale était garantie.
 img_4985
Cette nuit à 4770m allait être la plus haute de ma vie (je crois avoir dormi à environ 4700m au High Camp du circuit Annapurna au Népal).
Sommaire du jour;
– 21km de marche
+1780m de dénivelé positif
-1360m de dénivelé négatif
– Ascension de mon 2ème volcan de plus de 5000m en moins de 4 jours.
Ilinizas était peut-être beaucoup moins dangereux que le très actif Tungurahua (Ilinizas est un volcan éteint), mais le sentier jusqu’au sommet était beaucoup plus difficile.
Tout comme Tungurahua, je m’étais pointé à El Chaupi avec une absence totale d’information et sans savoir si il m’était possible de monter la montagne… et comme pour Tungurahua j’avais réussi l’ascension.
TOUT CE QUI MONTE, DOIT REDESCENDRE… EN VITESSE
Malgré un marteau piqueur qui m’avait transpercé le crâne toute la nuit (altitude), j’avais relativement bien dormi (oui oui) dans mon sleeping -25, avec mon manteau d’hiver, ma tuque et des bas thermiques… en ayant seulement un peu froid.
05.45 – Je quittais le refuge et laissais mon pote Martin derrière. Je devais être à El Chaupi pour 09.00, alors qu’il désirait rester un peu plus longtemps sur la montagne.
En l’espace de 25 minutes, soit de 05.45 à 06.10, le ciel passait du noir total, au bleu avec le soleil levé. On m’avait expliqué qu’il n’y avait pas (ou très très peu) d’aube (cette période entre la nuit et le lever du soleil) à l’équateur… qu’on passait de la nuit au jour extrêmement rapidement. De le voir de mes yeux était impressionnant.

img_5038img_5045img_5044

img_20160922_060626488_hdr

Credit: Martin Schmid

img_20160922_061357167_hdr

Credit: Martin Schmid

Le soleil se levait, mais la température restait glaciale. Malgré le froid intense, il faisait bon descendre la montagne en raison de la vue imprenable sur Cotopaxi (avec la tête au-dessus des nuages) et le soleil qui se levait tranquillement directement devant moi.
Je jetais un dernier coup d’œil aux jumeaux Ilinizas avant qu’ils s’enveloppent totalement dans le brouillard et gagnais El Chaupi en vitesse.
À 08.35, j’étais de retour au village avec 18km et -1400m dans les jambes… juste à temps pour récupérer mon sac à l’auberge, sauter dans le bus jusqu’à Machachi et attraper de justesse un bus privé qui allait me mener au Secret Garden Cotopaxi.
SECRET GARDEN COTOPAXI
Perché à 3500m sur les flancs du volcan Pasachoa en banlieue de Machachi et à quelques km seulement de l’entrée du Parc National Cotopaxi, on pourrait décrire le Secret Garden Cotopaxi comme un resort (auberge) de montagne pour backpackers.
L’endroit était tout simplement sublime; tout autour de moi, il n’y avait presque pas de présence humaine… de la nature à l’état pur. En premier plan se trouvait une plaine où les vaches et chevaux vagabondaient comme ils le voulaient. En second plan se trouve le clou du spectacle; Cotopaxi tout près droit devant, et les très photogéniques volcans monolithiques Sincholahua (à gauche – 4887m) et Ruminahui (à droite – 4721m). Tout au loin à l’extrême droite, je pouvais aussi voir les jumeaux Ilinizas. Bref, vous avez compris que la vue était merdique.
img_5089
À la minute où j’arrivais, on partait pour une marche de 2h jusqu’à une chute. De la marche… encore (j’étais crevé)… une randonnée à la queue leu leu comme je les aimais :-(. Je me demandais vraiment ce que je faisais là… entouré de tous ces touristes qui étaient à bout de souffle après une promenade de 2h.
Je passais la fin de journée dehors assis sur une buche à contempler les volcans qui me faisaient face… avec la musique du groupe Audioslave (n’en déplaise à Guillaume Fafard) à mes oreilles… des mélodies qui parlent de liberté avec un grand L et qui résonnaient partout dans mon corps en regardant le paysage fantastique qui était devant mes yeux; Shadow of the sun, I am the Highway, Show me how to Live, Like a Stone.
Pour faire changement, j’allais passer la nuit en montagne… mais au chaud.
img_5143
PASACHOA; LE VOLCAN MAISON
Je me laissais tenter par la visite guidée gratuite jusqu’au sommet du volcan Pasachoa. Pointant à 4200m, le dénivelé positif était de seulement 700m, autant dire que ce serait une journée de repos.
Mené par 2 chiens; un petit chien saucisse et un dalmatien, j’atteignais le sommet sans trop souffler… tout le contraire des touristes qui m’accompagnaient 🙂
La vue du sommet était fascinante avec la crête du volcan qui agissait comme un espèce de mur invisible bloquant le brouillard. D’un coté tout était blanc et de l’autre la vue était dégagée.
img_5118
Volcan facile, mais tout de même un volcan… mon 4ème en Équateur.
Pour une 2ème fin de journée d’affilée, je contemplais Cotopaxi pendant de longue minutes.
img_5139
img_5134img_5099
MES AVENTURES ATTIRENT LE RESPECT
Même si la plupart des gens que je croises ont beaucoup d’expérience de voyage (la plupart ont voyagé plusieurs mois), à la minute où je commence à parler de mes voyages, que j’ai vécu à Dubai et (surtout) que j’ai atteint le sommet des volcans Ilinizas et Tungurahua par moi-même, tout le monde est bouche-bée et m’écoute religieusement. À mon 2ème soir au Secret Garden Cotopaxi, il y avait ce gars (Stuart) travaillant à l’auberge avec beaucoup d’expérience en montagne;
Moi – « Est-ce possible de grimper le volcan Ruminahui par moi-même? » (le volcan de 4700m juste à coté du Cotopaxi et juste en face de l’auberge… que je planifiais monter le lendemain)
Stuart – « Non, tu vas assurément te perdre! »
Moi – « On m’a dit NON 2 fois déjà cette semaine à propos de la possibilité d’atteindre le sommet de volcans en Équateur par moi-même et les 2 fois j’ai atteint le sommet. »
Stuart – « Lesquels?!? » (dit-il sur un ton de challenge… en s’attendant que je mentionne des volcans minables)
Moi – « Ilinizas Norte et Tungurahua »
Stuart – « Tu as atteint le sommet de Ilinizas Norte et Tungurahua par toi-même?!? » (dit-il sur un ton surpris et extrêmement sceptique)
Moi – « Oui… seul »
Stuart – « Je ne te crois pas… tu as des preuves?!? »
Moi – (je lui montrais les photos et videos prises avec mon IPhone)
Stuart – « WOOOOO… tu es un vrai montagnard… je m’excuse, je t’avais pris pour un autre de ces touristes… tu devrais réussir à atteindre le sommet de Ruminahui relativement facilement » (en me serrant la main chaleureusement et en me demandant comment faire pour monter ces 2 volcans en solo).
Malheureusement pour moi, la température était merdique le lendemain et je décidais de ne pas tenter ma chance sur le Ruminahui. Une journée de repos n’allait surement pas faire de tort après la semaine complètement folle que je venais de vivre.
Je me rabattais donc sur l’espèce de trampoline (pas trampoline) qui servait d’espèce de hamacs et espérer que Cotopaxi sorte de la brume… toute l’après-midi… ma vie était un enfer 😉
img_5145
« SKY IS THE LIMIT » EN ÉQUATEUR
Je retournais sur Quito l’instant de quelques jours pour souffler un peu et repartir en force.
J’avais maintenant la conviction que j’étais dans la forme de ma vie en terme de « shape de montagne »; j’avais des jambes et un cardio incroyable, j’étais parfaitement acclimaté à 5000m et j’avais perdu tout le gras de bébé que j’avais gagné au Canada.
J’allais donc hausser la barre un peu plus dans les prochaines semaines en essayant de frôler/dépasser les 6000m et potentiellement battre mon actuel record d’altitude (5980m sur le Kilimanjaro).

Épisode 82 –  Une demi-bouteille d’eau, un sac de peanut presque vide et un gars vraiment stupide

Dictionnaire du Petit Paré

BAÑOS – Nom Commun en espagnol qui signifie « salle de bain ».
15 septembre 2016
Un prêtre qui baptise des moteurs de voiture, des camions de collecte d’ordures qui font de la musique de marchand de crème glacé et une tonne de salons de massage; Bienvenue à Baños.
L’endroit n’a pas été baptisé Baños en raison de sa mauvaise odeur. De son nom complet « Baños de Agua Santa », l’endroit a plutôt été nommé en l’honneur de ses sources thermales.
Village sans histoire jusqu’à il y a quelques années, la ville est rapidement devenue la capitale du plein air en Équateur; rafting, escalade, vélo de montagne, randonnée, tyrolienne, parapente, name it… on peut pratiquer toutes ces activités ici.
Situé à 1840m d’altitude dans une vallée toute verte, large et profonde, l’endroit me faisait beaucoup penser à Chamonix en été… version Sud Américaine. C’est comme si on remplaçait le Mont Blanc par un volcan à peine plus grand; le volcan Tungurahua.
img_5170
Directement à coté de la ville et pointant à 5016m, le très actif géant à la tête blanche est une menace permanente pour la région. En 1999, le volcan a couvert la ville de cendre et plus de 17000 personnes ont dû être évacuées par mesure préventive. D’autres éruptions majeures se sont produites en 2006, 2008, 2009, 2010. Celle de 2010 a projeté des nuages de cendre jusqu’à Guayaquil, quelques 200km plus loin sur la cote pacifique. Son nom veut d’ailleurs dire « gorge de feu »… je vous laisse deviner pourquoi.
img_5168img_5167
Malgré tous les désavantages reliées à la présence de Tungurahua, Baños doit sa renommé au volcan qui lui fournit l’eau chaude pour ses sources thermales… un mal nécessaire.
RUTA DEL CASCADAS
Vous aimez faire du vélo, mais n’aimez pas trop forcer… eh bien j’ai une solution pour vous; la Ruta del Cascadas. Vous faites du vélo toute la journée sans même pédaler… il n’y a qu’à se laisser descendre et tourner le guidon.
Longue de 61km, la route qui relie Baños, en plein coeur des Andes équatorienne, à Puyo, au porte de l’Amazonie, est réputée comme l’une des plus belles routes du pays. Il y a plus de 1000m de dénivelé entre les 2 villes, et plusieurs chutes et tunnels. À noter qu’il y a autant de ziplines (tyroliennes) le long de la Ruta del Cascadas (dont l’une de plus de 1300m) qu’il y a de salons de massage à Banos.
img_4323
MANTO DE LA NOVIA… alias le « voile de la marié »… je vous laisse figurer pourquoi.
thumb_gopr5638_1024
PAILON DEL DIABLO… alias « le chaudron du Diable »
img_4401img_4418img_4425thumb_gopr5705_1024
Parmi les finalistes de la plus impressionnante chute que j’ai vu de ma vie… et assurément la plus amusante. L’endroit est rendu magique par tous les sentiers, ponts et tunnels creusés dans le rock et qui permettent d’admirer la chute sous toutes ses coutures et de très très près.
Je me trouvais littéralement à moins de 1 mètre d’une chute déversant à chaque seconde un véritable torrent d’eau… le son était grandiose.
Je m’arrêtais après un peu plus de 20 des 61km. Il y avait beaucoup d’autres chutes à visiter, mais après avoir vu Pailon del Diablo, je m’imaginais mal m’émerveiller à nouveau devant l’une d’elle.
Ne me restait plus qu’à monter à l’arrière d’un truck avec mon vélo pour remonter jusqu’à Baños.
thumb_gopr5717_1024
LA MAISON DANS L’ARBRE
Aujourd’hui, je décidais de me perdre dans les collines entourant Baños.
Je m’attaquais à la paroi végétale, que dis-je… au mur séparant Banos du volcan Tungurahua. Pour ce faire, il existait 2 sentiers; l’un abrupte et l’autre très abrupte.
Je prenais le sentier abrupte (avec l’intention de conserver mon déjeuner dans mon estomac) mais me rendait vite compte qu’on ne niaisait pas avec la puck ici; c’était hyper à pic… je n’osais imaginer comment était le sentier abrupte.
img_4470img_4488
Une fois au sommet, je me retrouvais dans le village de Runtun, garde-mangée de la région avec ses multiples serres.
img_4498
J’aboutissais finalement un peu plus haut à la « Casa del Arbol ».
Il y a quelques années, un jeune entrepreneur local avait construit une balançoire extrême (on se balance dans le vide) à flanc de montagne, à 2660m d’altitude dans un paysage enchanteur. L’endroit était vite devenu un lieu à ne pas manquer pour tout voyageur parcourant l’Équateur. L’endroit s’avérait malheureusement (pour moi) TRÈS touristique.
Je me balançais et ne tardais pas à « sacrer mon camp ».
img_4510img_4513img_4509
La descente par la voie très abrupte, en passant par une statue de la Vierge Marie, s’avérait brutale pour les genoux (je me félicitais de ne pas avoir monté par là).
TUNGURAHUA – LA « GORGE DE FEU »
Tel que mentionné en début d’épisode, Baños a un voisin un petit peu dérangeant… un voisin explosif qui peut lui en faire voir de toutes les couleurs (surtout rouge et gris)… le très actif volcan Tungurahua, pointant à un peu plus de 5000m et faisant parti du Sangay National Park, un site UNESCO.
Dès mon arrivé à Baños, j’ai tout fait pour savoir si on pouvait accéder au sommet. La seule info que j’avais pu soutirer venait du bureau d’information touristique. Ils avaient été catégorique;
« Il est strictement interdit d’accéder au sommet du volcan Tungurahua et déconseillé d’aller dormir au refuge du parc. »… conseil que j’avais instantanément décidé d’ignorer.
Ayant localisé le refuge de montagne sur ma carte, je décidais de tenter ma chance.
Je quittais Baños à la première heure, sous un ciel couvert, avec Boule de Quille chargée comme une mule (ma tente, mon sleeping et de la nourriture pour 2 jours).
Objectif du 1er jour; atteindre le refuge.
Objectif du 2ème jour; monter jusqu’au sommet.
Jamais auparavant je n’avais commencé une randonnée avec autant d’incertitude et de questionnement;
– Allaient-ils me laisser entrer seul/sans guide dans le parc?
– Était-il possible de dormir dans le refuge?
– Serais-je capable d’atteindre le sommet seul?
Une chose était sur; j’avais 100% de chance de ne pas atteindre le sommet si je n’essayais pas.
La seule variable connu était que je me dirigeait à l’entrée du parc qui se situait juste après le village de Pondoa quelque 12km et 1000m plus haut.
J’avais localisé un sentier menant à Pondoa sur un dessin à main levé trouvé à mon auberge. Contre toute attente, le sentier se trouvait exactement à l’endroit indiqué sur le dessin. Un écriteau au-dessus du départ du sentier indiquait en grosse lettre « Probido el ascendo al volcan Tungurahua »… mmm… mais qu’est-ce que cela pouvait bien dire 😉
img_4610
10.00 – Pondoa
Tous mes doutes s’effaçaient lorsque je rencontrais Ricardo, un vieil homme vivant à Pondoa et responsable du refuge. Il me disait que le refuge était ouvert, que je pouvais y séjourner et que l’ascension jusqu’au sommet du volcan était relativement facile… mais interdite sans guide.
HIP HIP HIP
Plus rien, sauf une température de merde, ne pourrait m’arrêter.
Passé Pondoa, je montais à un rythme infernal sur la route de terre zigzaguant à travers les champs à flanc de montagne… pour arriver à l’entrée officielle du parc.
img_4629-2img_4634img_4644img_4640
J’y rencontrais Hernando, très sympathique gardien de parc, qui me donnait une tonne d’info utile sur Tungurahua et les autres montagnes du pays. Il me faisait promettre de ne pas tenter l’ascension du volcan jusqu’au sommet… ce que je lui garantissais 😉
Dans les circonstance avec laquelle j’avais quitté Banos ce matin, tout cela était plus qu’inespéré.
11.00 – J’entrais officiellement dans le parc via un petit sentier bien aménagé. Je traversais d’étranges tunnels faits de racines qui me donnaient l’impression d’être dans « L’Empire Contre Attaque » à m’entrainer à devenir un Jedi avec Luke et Yoda.
img_4655
Je pénétrais ensuite dans une forêt humide avec une tonne d’oiseau-mouches. La brume ne tardait pas à tout envelopper autour de moi.
Juste avant mon arrivé au refuge, les nuages se dissipaient l’instant d’une seconde pour me permettre d’entrevoir le sommet du volcan… comme si il voulait me narguer en me disant « pas game de venir en haut ».
img_4691
13.10 – J’atteignais le refuge… un peu plus d’une heure avant l’heure que je m’étais fixée. Situé à 3830m, j’avais marché 16km et monté 2000m (sans jamais descendre 1 seconde) depuis Baños.
Le mot rustique prenait alors tout son sens; une vieille cabane de bois non isolée et mal entretenue, avec un table et un comptoir au rez-de-chaussée (et des vitres brisées) et un espace pour dormir dans les combes à l’étage. L’endroit ressemblait à s’y méprendre à une maison abandonnée. Peu m’importait en autant que j’ai un toit sous lequel dormir…
 img_4694
Seul véritable hic, je n’avais croisé aucune source d’eau… et mes 2 bouteilles étaient sur le point d’être à sec. Pour ceux intéressé par cette randonnée, prenez bonne note; après Pondoa il n’y a aucun moyen de s’approvisionner en eau (pas de rivière et/ou de lac).
Ayant beaucoup de temps à tuer, je décidais de monter un peu plus haut en espérant que le brouillard se dissipe et que je puisse admirer le panorama.
Je laissais tous mes trucs au refuge sauf… une demi bouteille d’eau et un sac de peanut presque vide.
Passé 4000m, tout autour de moi n’était que végétation. Le reste était noyé dans une marée blanche. Je décidais de monter plus haut dans l’espoir d’y voir quelque chose.
4100m
J’étais désormais au-dessus des nuages. Le sommet était par contre caché par une mince nappe de brouillard. Il n’y avait plus de végétation/arbre… que de la roche volcanique. Je décidais de monter un peu plus haut.
4200m
4300m
Ma vision était provisoire; 1 seconde j’étais frappé par de grands vents et noyé dans le brouillard, l’autre seconde j’avais une vue imprenable sur l’ensemble de la vallée et sur le sommet. Je décidais de monter encore un peu plus haut.
img_4715img_4772img_4774img_4781img_4833
Le sentier montait en ligne droite sans zigzag avec un pourcentage d’inclinaison d’au moins 60%. Si j’avais le malheur de perdre pied, j’en serais quitte pour toute une glissade qui (au mieux) me pèterait quelques cotes. C’est quand on fait des trucs extrêmement stupides qu’on se sent le plus vivant… eh bien je me sentais extrêmement vivant en grimpant cette paroi volcanique. J’essayais surtout de ne pas penser à oh combien casse gueulle serait la descente.
4400m
4500m
Je me trouvais désormais au-dessus des nuages. Les roches volcaniques avaient fait place à du sable volcanique… ce qui rendait l’ascension plus difficile. J’avais tellement mal au mollets que j’avais l’impression qu’ils étaient sur le point de déchirer.
Le sommet semblait si près et si loin en même temps. On pouvait clairement voir différentes teintes rougeâtres et des spots de neige.
Je décidais de monter encore plus haut. Je me donnais 16.30 comme point de non retour. Cela voudrait dire que j’avais quitté le refuge 2h30 plus tôt… et que j’aurais 1h30 pour redescendre avant qu’il fasse noir. Le dernier endroit au monde où je voulais être était sur cette paroi, de nuit et sans lampe frontale (dans mon sac au refuge).
4600m
4700m
J’avais fait une erreur majeure en quittant le refuge; j’avais oublié d’apporter mon chargeur externe, si bien que mon téléphone se déchargeait hyper rapidement en raison du froid… au point ou il n’avait plus de batterie. Ma seconde erreur avait été de ne pas apporter ma GoPro.
Après tout, j’étais parti du refuge sans véritable intention d’atteindre le sommet. Je voulais simplement trouver un endroit où me poser avec un beau point de vue et faire un peu de repérage pour tenter l’ascension le lendemain matin. Je continuais donc ma « promenade » vers le sommet sans pouvoir prendre de photo.
15.30 – Le ciel commencait à se découvrir à vitesse Grand V.
16.00 – Il n’y avait presque plus un seul nuage, le ciel était bleu et je voyais parfaitement toute la vallée de Banos, le sommet et les montagnes environnantes.
4800m
4900m
5000m
5016m
Le cratère était juste à coté de moi. Il n’y avait plus rien à monter. Moi, gorge sec, était seul en tête tête avec « gorge de feu ».
16.30 – Ding Ding Ding. Il était temps de descendre.
Passé 17.00, le vent tombait complètement. Je décidais de m’assoir sur un rocher afin de profiter au maximum de cette fin de journée. Je ne pouvais qu’être en admiration devant toute cette beauté. J’étais assis sur le balcon des Dieux…
Peu importe où je regardais, tout me paraissait minuscule. Il n’y avait aucun son, outre le bruit de ma respiration. L’un des plus beaux moments de ma « carrière » de randonneur. Pendant mon heure passé sur cette roche, j’avais entre autre pu admirer Chimborazo, plus haute montagne du pays du haut de ses 6300m, sortir des nuages.
Avec le soleil qui s’apprêtait à se coucher, le brouillard faisait tranquillement son retour sur la montagne. Cela ne voulait dire qu’une chose; la récréation était terminée. Je devais me résigner à lever mon cul de la roche sur laquelle j’étais assis depuis trop longtemps et redescendre jusqu’au refuge.
Comble de malheur, je me rendais alors compte que j’avais oublié ma bouteille d’eau au sommet. J’avais gardé ma dernière demi-bouteille d’eau pour la descente. Il n’était pas question que je remonte là-haut.
La descente était quelque chose. J’avais arrêté de compter les fois où je perdais pied pour me retrouver sur le cul.
img_4825
18.30 – Je retrouvais le refuge comme je l’avais laissé; vide… et sans électricité.
Sommaire du jour;
– 22km de marche,
+ 3200m d’ascension positive,
– 1200m d’ascension négative.
Sur papier c’était l’une de mes journées de randonnée les plus brutales à vie, mais physiquement et mentalement je ne la ressentais pas du tout. Je me sentais de retour dans la forme de ma vie… celle que j’avais avant de la passer 1 mois au Canada cet été et de tout bousiller à coup de (trop de) nourriture et de (beaucoup trop) d’alcool.
J’allais donc passer la nuit seul dans une maison abandonnée au milieu des bois à presque 4000m. Ce n’était surtout pas le moment de penser à mon « Best Of » de films d’horreur.
Avec comme seul ustensile mon couteau suisse et éclairé à la lampe frontale, je me faisais un souper de cordon bleu; thon et sardines en canne… mais qu’est-ce qui avait bien pu me passer par la tête d’acheter seulement du poisson?!?
img_4827
J’avais tellement soif… sans eau ni breuvage, je décidais de boire l’huile des sardines… grave erreur puisque je restais avec le gout dans la bouche toute la nuit…
J’allais rêver à toutes les bouteilles d’eau que j’allais acheter au supermarché de Banos à mon retour.
06.00 – Le réveil sonne… je me lève en sursaut et me pête la tête sur le toit. Ah oui… le refuge de montagne.
La vue du refuge était splendide. Sur la gauche tout en haut se trouvait Tungurahua avec son tout nouveau manteau de givre blanc (il avait plu durant la nuit). Devant on pouvait admirer parfaitement Cotopaxi tout au loin et Chimborazo tout près. WOW
img_4833img_4834
Il y avait un silence de mort sur la montagne et l’ensemble de la vallée. On aurait dit que le temps était figé.
06.35 – Il fallait maintenant défaire mon chemin et descendre jusqu’à Baños.
 img_4863img_4858img_4862
Passé 07.30, le brouillard reprenait son dû et enveloppait rapidement tout sur son passage.
Passé 08.00, il commençait à pleuvoir  … de plus en plus fort… jusqu’à atteindre le niveau « pluie battante ». Il me restait alors un peu plus de 10km de marche et 1400m de descente.
En me levant ce matin, j’avais souhaité pouvoir prendre une douche. J’aurais du être plus spécifique dans ma demande; prendre une douche… chaude… à l’intérieur d’un bâtiment. Le plus drôle dans tout cela, c’est que j’étais trempé jusqu’aux os et que le seul endroit sec était ma bouche… j’étais mort de soif.
Je trouvais cette vieille photo aérienne de Tungurahua sur le mur de mon auberge. J’avais peine à croire que j’étais allé au sommet aussi facilement… la montagne avait l’air infranchissable vue d’en haut… mais pourtant, un pas à la fois peut vous mener loin.
img_4908-2
Je passais le reste de la journée à me reposer à Baños, retrouvais mon pote Martin et nous sautions dans un bus à la première heure le lendemain. La vallée était alors enveloppée dans une nappe de brouillard… impossible de dire Au Revoir à Tungurahua 😦
P.S. – Après avoir vécu comme un roi en Colombie avec 25/30$ canadien par jour, mon arrivé en Équateur fut un choc. Sans aucun artifices, je dépense au moins 40$ canadien par jour.

Épisode 81 – The Amazing Race; Quilotoa Loop Edition

11 sept 2016

AVENUE DES VOLCANS
Quito désormais derrière moi, je roulais en direction du sud sur l’Avenue des Volcans. Le nom officiel de la route est « Panaméricaine Sud », route qui descend jusqu’au sud de l’Argentine, mais est communément appelé « l’Avenue des Volcans » pour le troncons entre Quito et Riobamba. Pourquoi? C’est bien simple; il y a des volcans (éteints et dormants) PARTOUT de part et d’autres de la route; Cotopaxi, Corazon, Ilinizas, Pasochoa, Ruminahui, Carihuairazo et Chimborazo pour ne nommer que les plus importants. Tous ces géants avaient malheureusement la tête dans les nuages lors de mon passage.
Le système routier de l’Équateur est exemplaire… à des années lumière de celui de la Colombie. Il y a une dizaine d’année, le gouvernement a entrepris de moderniser les routes. Le résultats est sans équivoque; de l’un des plus dangereux endroits où rouler sur Terre, le pays était désormais réputé pour ses routes sécuritaires où on engrange les km rapidement.
Destination; Quilotoa… un volcan… un autre… vous êtes mieux de vous habituer… c’est loin d’être le dernier sur ma liste.
Terminus Latacunga, lieu de transit obligé afin de s’y rendre.
LATACUNGA
On a très vite fait le tour de cette grande ville. 2 parcs valent tout de même le détour avec leur beaux gros palmiers. Il faut aussi essayer la spécialité du coin; chugchucara… un plat présenté à la manière d’un Thali indien avec des morceaux de porcs, des patates rissolés, des bananes frites, des cacahuètes… du popcorn… et une salade de gousses d’ail et de mais éclatés. Moi et la nourriture… je me suis rendu compte que c’était des gousses d’ail à la moitié de la salade… poua… bienvenue la mauvaise haleine.
img_4019
QUILOTOA LOOP POUR LES NULS
Tel que mentionné ci-haut, je me dirige vers Quilotoa. Malheureusement pour moi, cet endroit est facilement dans les 3 activités/destinations les plus populaires d’Équateur. En effet, les eaux turquoises du Laguna (lac) Quilotoa, situé dans le cratère du volcan Quilotoa, attirent les foules. On reparlera du lac plus loin.
Contrairement au touriste moyen, qui visite le lac lors d’une activité d’un jour, je m’apprête à marcher la Quilotoa Loop (Boucle de Quilotoa). D’une durée de 3 à 5 jours, cette randonnée d’une quarantaine de km passe de village en village… et n’est pas une boucle (contrairement à ce que son nom indique)… c’est plutôt une ligne.
On peut faire la Quilotoa Loop dans les 2 sens; tout en montée de Sigchos à Quilotoa, ou tout en descente… de Quilotoa à Sigchos (surprise). Si vous voulez mon avis, commencer par Quilotoa est un peu nul puisque vous commencez par le plus beau… c’est comme si vous commenciez par manger le désert de votre souper en étant à peine réveillé le matin, mais bon… je crois que c’est ce qui va séparer les vrais randonneurs des simples touristes… une randonnée toute en descente n’est pas une randonnée…
À vaincre sans adversité, on triomphe sans gloire.
JOUR 1 – SÉPARER LES RANDONNEURS DES TOURISTES
Départ Sigchos
Altitude de départ 2850m
Arrivé Isinvili
Altitude d’arrivé 2950m
Dénivelé positif +500m
Dénivelé négatif -450m
Distance 14km
Total distance 14km
En quittant Latacunga, j’avais l’impression de m’être embarqué dans un gros attrape touriste; il y avait une file de sacs à dos Quechua sur 2 jambes se dirigeant vers le terminus d’autobus. Heureusement pour moi, la plupart prenaient un bus pour Quilotoa… touristes…
Pour moi c’était direction Sigchos… 2h plus loin au sortir d’une quarantaine de km négociés sur une route sinueuse dans le fond d’une jolie vallée.
En chemin, nous avions croisé la route de Ilinizas; un ancien volcan qui s’était effondré lors de sa dernière éruption, avec pour résultat la création de 2 montagnes jumelles (pas pareille); Ilinizas Norte & Sur… l’une enneigée, l’autre pas… toutes les 2 à plus de 5000m. J’avais été totalement hypnotisé par elles… vous allez peut-être en entendre parler plus en détail prochainement.
Bref, retour à nos moutons…
Sur les coups de midi, je me trouvais au départ du sentier à l’extérieur de Sigchos. Je m’étais assuré de distancer les touristes qui étaient sorti du bus avec moi. Le sentier (route poussiéreuse) était réputé comme étant mal/pas du tout identifié… il était très facile de se perdre. Il n’était pas question que les autres profitent de moi et me suivant.
Pour me retrouver, je suivais les infos marqués sur la feuille donnée par mon auberge. J’avais l’impression d’être dans l’émission « The Amazing Race » à constamment rechercher le prochain indice.
Je me retrouvais seul dans la campagne équatorienne… avec Boule de Quille. N’étant pas réputé comme un trek difficile, j’avais décidé de charger Boule au maximum afin de faire un mini boot camp… une autre de mes idées stupides…
img_4041img_4049img_4043img_4050img_4064img_4060
Le sentier était tantôt à suivre une route de terre déserte, pour ensuite bifurquer dans un étroit sentier, pour revenir sur la route et ainsi de suite jusqu’au fond de la vallée. Une fois bien au fond, il fallait maintenant remonter tout en haut de l’autre coté via un sentier pas commode zigzaguant sur le flanc de la montagne.
1h plus tard, j’étais au sommet. Ne me restait plus qu’à marcher 3km sur une route de gravelle sur la crête pour arriver à Isinvili, minuscule village perdu dans un paysage vallonné.
img_4081
Annoncé en 4-5h, j’avais bouclé le trajet en 2.5h. Les paysages d’aujourd’hui avaient été plus qu’ordinaires; pas de hautes montagnes, ni de sommets enneigés, juste une petite vallée verte irradiée par le soleil. La moindre parcelle de terre dans la vallée, même les versants les plus à pic, était cultivés.
Je tombais sur un veritable hâvre de paix; Llullu Llama… superbe construction en bois. J’y passais une très agréable soirée à jaser de tout et de rien avec les quelques randonneurs qui y séjournaient, notamment un couple de Salt Lake City dans la fin quarantaine. Ils n’en revenaient pas de mon parcours de vie… ça fait toujours du bien à entendre…
Résultat des courses; pour 25$, j’avais eu droit à un lit hyper confortable en dortoir, un souper & déjeuner copieux et 2 bières de micro-brasserie équatorienne.
Si vous avez besoin d’une seule raison pour faire la Quilotoa Loop, ne cherchez pas plus loin; pour séjourner à l’auberge Llullu Llama. Pour les fainéants, il est aussi possible de prendre un bus de Latacunga jusqu’à Isinvili (2 par jour).
JOUR 2 – 3 CHIENS ENRAGÉS
Départ Isinlivi
Altitude de départ 2950m
Arrivé Chugchilan
Altitude d’arrivé 3200m
Dénivelé positif +650m
Dénivelé négatif -400m
Distance 12km
Total distance 26km
08.45 – Le ventre bien rempli, je me lançais sur le sentier. En plus de Boule de Quille bien chargé, j’ajoutais délibérément une autre difficulté; pas d’eau (autre idée vraiment stupide).
Il fallait dans un premier temps gagner le fond de la vallée, pour ensuite longer la rivière en marchant dans les pâturages. Contrairement à la veille, le sentier était hyper bien identifié.
img_4134img_4133img_4138
J’avais le malheur de croiser le chemin de 3 chiens enragés. Le chemin était à flanc de montagne et je n’avais d’autre choix que de me frayer un chemin au travers de ces idiots sur 4 pattes. Depuis mon départ de Dubai, j’avais eu affaire à beaucoup de chiens enragés, mes ces 3 là étaient ceux qui avaient passé le plus près de me mordre; 2 d’entre-eux y allaient pour mes mollets. Me voyant en difficulté, une petite fille d’au plus 5ans s’était mise à courir en ma direction d’une maison tout au loin. Ni une, ni 2, elle sautait sur les 3 chiens en leur faisant un gros câlins, et une fois qu’elle les avaient tous les 3 dans les bras, me faisait un signe de la tête de passer en vitesse.
Merci petite fille…
Des touristes me passaient à toute vitesse. C’était leur grosse randonnée, alors que pour moi ce n’était qu’une balade du dimanche. Pourquoi se presser quand le sentier d’aujourd’hui prenait tout au plus 5h à boucler? Pour arriver à l’autre village avant midi et se pogner le moine le reste de la journée? Si le Camino de Santiago m’avait appris 1 chose, c’était de prendre mon temps. Le trajet fait le voyage, non pas simplement la destination.
Après avoir passé un minuscule village, le sentier décidait de quitter le fond de la vallée via un flanc de montagne escarpé. Toute l’ascension d’aujourd’hui (+/-600m) se concentrait dans ce segment. Je rattrapais les touristes qui m’avaient dépassé un peu plus tôt. Leur sourire avait fait place à de lourde respiration. À leur décharge, l’air hyper chaude et l’absence de vent rendait la monté pénible.
img_4142
Si « toute bonne chose à une fin », eh bien « toute mauvaise chose a aussi une fin », j’atteignais le mirador (observatoire) surplombant la vallée.
img_4145img_4149
De là, il ne restait plus qu’à marcher sur une route fraichement goudronnée (on ne peut pas arrêter le progrès)… mes bottes collaient à l’asphalte… jusqu’à Chugchilan.
Cette soirée j’aurais voulu la passer seul dans une chambre d’hôtel. Au contraire, je me retrouvais dans une salle à manger avec plus de 30 touristes. Je n’en pouvais plus d’entendre tous et chacun dire oh combien cette journée avait été difficile.
JOUR 3 – LAGUNA QUILOTOA VOLCANO
Départ Chugchilan
Altitude de départ 3200m
Arrivé Quilotoa
Altitude d’arrivé 3800m
Dénivelé positif +1000m
Dénivelé négatif –350m
Distance 11km
Total distance 37km
07.50 – 1er à prendre les voiles alors que tout le monde sirotait encore leur café… l’avenir appartient à ceux qui marchent tôt.
La première partie de journée pouvait se résumer à marcher le long des rivières, à travers flancs de montagne. champs et pâturages… à côtoyer vaches et chevaux… à monter et descendre
img_4164img_4174img_4166
Un mur se dressait devant moi de l’autre coté de la vallée; la paroi extérieur du volcan Quilotoa. J’allais devoir monter ce mur jusqu’en haut… mais tout d’abord, il fallait rejoindre La Moya en passant par le fond de la vallée (encore) via une route de terre traçant dans les valons au travers des petites fermes… puis en réalisant l’ascension de « Breakfast Hill » (mon appellation personnelle)… ceux qui auraient trop mangé le matin pourraient le regretter.
08.50 – Une fois le village indigène de La Moya (quelques cabanes sur un plateau) atteint, le sentier n’allait plus jamais descendre jusqu’au moment d’atteindre le sommet du volcan.
img_4205img_4210img_4231
Plus je me rapprochais du sommet et plus le temps se couvrait. La question n’était pas de savoir « si » il allait pleuvoir, mais « quand » il allait pleuvoir.
10.50 – Une dernière portion à marcher dans la roche fine et à avancer de 2 pas pour en reculer de 1 et j’y étais; je me retrouvais sur le périmètre du volcan avec le lac tout au fond du cratère devant moi. Derrière moi se trouvait toute la vallée que j’avais marché depuis mon départ de Sigchos il y a 2 jours.
img_4245img_4255img_4263img_4261img_4265img_4277
Formé il y a 800 ans quand le volcan Quilotoa s’est effondré suite à une dernière éruption massive, le lac Quilotoa prend forme dans l’ancienne caldeira (antichambre ou le magma était stocké) de 3.2km de diamètre et 250m de profondeur.
Un sentier fait le tour du cratère et prend environ 4 heures à compléter. Il est aussi possible de descendre jusqu’au lac.
Selon la légende locale, Quilotoa est « le lac du Dieu de la Dualité », le Dieu des éruptions qui prend tout sur son passage. Les indigènes disent que la couleur du lac change constamment; du bleu turquoise, au jaune, au vert. Pour ceux qui voudraient faire une trempette, le lac contient ÉNORMÉMENT de sulfure rendant la baignade impossible.
J’étais donc sur le pourtour du cratère à fixer le lac et 2 choix s’offraient à moi; marcher sur le périmètre par la gauche ou par la droite. L’un menait au village de Quilotoa en 1h, l’autre en 3h.
Je vous laisse deviner quelle direction j’ai prise.
Les 3h suivantes se passaient à marcher sur l’étroit sommet séparant le lac volcan de la vallée luxuriante… à monter et descendre le périmètre irrégulier du volcan… une véritable montagne russe avec une altitude variant entre 3518m (le plus bas) et 3930m (le point le plus haut du volcan… aussi surnommé Monte Juyende). J’avais le RPM du coeur constamment dans le rouge.
Passé 12.30, le volcan se couvrait complètement de brouillard, tel une marmite d’eau bouillante, et la pluie ne tardait pas. De la pluie à 4000m d’altitude c’est froid en criss…
13.30 – Quilotoa… le village. Situé sur le bord du cratère, l’endroit est essentiellement à des fins touristiques; tous les bâtiments sont des auberges/hôtels, des restaurants ou des boutiques artisanales.
Je rentrais dans le 1er auberge que je croisais. J’étais détrempé et tellement gelé que mes bras étaient engourdis.
Une heure après mon arrivé à l’auberge, j’avais encore des spasmes de froid qui me traversaient tout le corps et il m’était impossible de fermer les mains.
Après une nuit glaciale passée bien emmitouflé dans une tonne de couverture, je me levais à la 1ère heure pour admirer le lever de soleil (ordinaire) au-dessus de Quilotoa. Il y avait trop de nuages pour voir Cotopaxi au loin, mais les montagnes jumelles Ilinizas Sur & Norte étaient bien visible avec leur manteau blanc.
Overall, je dois avouer que cette randonnée n’avait pas répondu à toutes les attentes que j’avais placé en elle. C’est un truc HYPER touristique fait pour les randonneurs du dimanche qui en sont à leur première randonnée de plus d’une journée.
Peu importe; 4ème volcan en Amérique du Sud; check.
Je ne m’attardais pas plus longtemps à Quilotoa, sautais dans un bus pour Latacunga, récupérais mon gros sac, et sautais dans un autre bus.
Il m’aurait été possible de marcher une journée de plus entre Quilotoa et Tigua, mais j’en avais assez vu des environs.
Direction Baños…
P.S. I – Contrairement aux bus colombiens, les bus équatoriens partent presque toujours pile à l’heure.
P.S. II – Un bon moyen de reconnaitre les indiens; ils sont tout petit et portent de petits chapeaux style Elliot Ness.

Épisode 80 – Équateur… le pays

Levez la main ceux qui savaient que l’Équateur n’était pas simplement une ligne imaginaire séparant l’hémisphère sud de l’hémisphère nord, mais aussi un pays?
I WALK THE LINE
05.30 – Arrivé à Ipiales (ville colombienne à la frontière de l’Équateur) en avance sur l’horaire (une première pour un bus en Amérique du Sud), je me retrouvais dehors en flip flop, t-shirt & short par un froid glacial.
Je décidais de faire un détour par la cathédrale Las Lajas, désignée parmi les 7 merveilles de Colombie, avant de franchir la ligne.
img_3587
Tout allait beaucoup trop bien ce matin; à 09.10 j’avais amassé mon tampon de départ de Colombie (pas de taxe canadienne spéciale au départ), mon stamp d’arrivé en Équateur et j’étais bien assis dans un bus qui allait me conduire dans la capitale équatorienne 5 heures plus au sud.
img_3596
Le répertoire de chanson de l’autobus n’avait qu’une seule chanson qui allait jouer en boucle TOUT LE TRAJET; « chanson d’innocence » de Gérard Lenorman… en espagnol. Je ne sais pas comment le chauffeur faisait pour rester éveillé avec ça… il devait être sourd.
Comme première impression, l’Équateur me bluffait; les paysages avaient changés du tout au tout depuis la Colombie. Alors que je m’attendais à des montagnes au sommets enneigés et des paysages de forêt, j’avais plutôt devant moi des paysages semi-désertiques ressemblant beaucoup au Kashmir (Nord Ouest de l’Inde). Il y avait des volcans… et des barrages routiers anti drogue… tout le long de la route.
15.30 – Le bus s’arrêtait pour de bon au Terminal Nord de Quito. Il ne me restait plus qu’à faire les 17km me séparant de la vieille ville (la ville est immense) dans un bus public… pour la modique somme de 0.25$.
ÉQUATEUR POUR LES NULS
Mon intérêt pour l’Équateur pourrait se résumer à 1 mot; Volcans… Cotopaxi, Chimborazo, Quilotoa, Cayambe, name it… il y a des volcans PARTOUT. L’icône du pays est d’ailleurs le volcan Cotopaxi, cône presque parfait au sommet enneigé et plus haut volcan actif du monde (5897m).
L’Équateur se situe à la jonction de 2 plaques tectoniques…d’où la présence de si nombreux volcans… ce qui a pour conséquence de transformer l’endroit en une marmite qui peut exploser à tout moment. Le pays est souvent touché par des tremblements de terre de puissance 3 & 4… et parfois plus. En avril dernier, un tremblement de terre de magnitude 7.8 a tué plus de 600 personnes, le plus puissant et meurtrier depuis 1979. Il est presque garanti que je vive un tremblement de terre durant mon séjour au pays.
Le petit pays de 16 millions d’habitants à la population généralement métissé (mix d’ancêtres européens et sud américains pré-hispaniques à 65%… le reste de la population étant noir – 3%, blanc – 7, indien – 25%) se résume cependant à plus que cela.
Par exemple, savez-vous que même si l’Équateur est l’un des plus petits pays d’Amérique du Sud, il est le 3ème producteur de pétrole du continent (après le Brésil et le Vénézuela)?
Savez-vous que l’Équateur est le plus grand exportateur de bananes et de roses au monde… et 6ème en importance pour sa production de coca (pour faire le chocolat).
Cerise sur le Sunday; savez-vous que l’Équateur a abandonné sa monnaie (le Sucre) pour épouser le $ américain en l’an 2000. Oui oui… tout se passe en $ américain ici.
Misant sur l’exportation du pétrole pour boucler ses budgets, le gouvernement a été pris de court avec la baisse du prix du pétrole vers la fin des années 90. Le gouvernement a alors décidé d’imprimer plus d’argent pour compenser… ce qui fit en sorte de faire chuter la valeur du Sucre… et de mettre les plus grandes banques du pays en faillites. Dans un geste de dernier recours, le gouvernement a décidé d’abandonné sa monnaie pour épouser une monnaie forte… le $ américain.
QUITO – BEAUTÉ DANGEREUSE
img_3647
Quito, 2ème plus haute capitale d’un pays à 2850m, est une ville de 2.5millions tout en contraste; la plus belle que j’ai vu depuis très longtemps… mais aussi l’une des plus dangereuse.
On raconte qu’elle se situe dans le Top 3 des villes les plus dangereuses d’Amérique du Sud (derrière Rio de Janeiro et La Paz (Bolivie)). C’est une ville où il ne fait pas trop bon de marcher dans la rue. À mon arrivé à l’auberge, la responsable me donnait un résumé des choses à faire en ville en les pointant de la terrasse. Pour chaque truc cool, elle ajoutait « … mais tu ne peux pas y aller en marchant… c’est trop dangereux ».
Officiellement fondée en 1534 par les conquistadors sous le nom de San Francisco de Quito, la ville existait bien avant et était considérée comme la 2ème plus importante (derrière Cuzco) de l’Empire Inca. On reviendra sur le peuple Inca plus en détails lorsque je serais au Pérou.
Quito vient de la fusion de 2 mots; « Quitsa » signifiant « milieu/centre » et « Todo » signifiant « monde ». Le nom Quito veut donc dire « le centre du monde ».
Quito est aussi célèbre pour être le lieu d’origine de la guerre d’indépendance des colonies espagnoles d’Amérique du Sud contre la monarchie espagnole.
Bon… Fini le bourrage de crâne.
Les endroits à visiter en ville ne manquent pas…
Plaza Grande (Place centrale)…
img_3627
Museo Ciudad Quito…
Super bâtiment alliant histoire et modernité et offrant une belle vue sur la ville.
img_3651img_3661
L’église de San Francisco…
img_3637img_3677img_3679
Le vieux quartier de « La Ronda »…
La Basilica del Sagrado Voto Nacional…
Il est possible de monter au sommet de ses 3 tours via des escaliers tout sauf Code du Bâtiment. Frisson et vertige garanti.
img_3702img_3685img_3694img_3691
La Virgen de El Panecillo…
Monument à la mémoire de la Vierge Marie situé au sommet d’une colline au milieu de la ville, l’endroit offrait un formidable panorama sur l’ensemble de la capitale. J’étais très tenté de vouloir monter la colline à pied, mais de tous les endroits non recommandables que les responsables de mon auberge m’avait mentionnés, celui-ci était le moins recommandable. Ils avaient été catégoriques; le sommet est sécuritaire, mais NE MONTE PAS CETTE COLLINE À PIED.
Pas complètement stupide, j’avais donc tout bonnement pris un taxi… pour arriver au sommet et tomber sur un gars de l’auberge.
Moi – Comment es-tu arrivé au sommet?
Lui – J’ai marché…
Moi – Tu sais que de tous les endroits dangereux en ville, cette montagne est l’endroit le plus à risque. L’auberge nous a dit de ne jamais au grand jamais marcher jusqu’au sommet de cette colline!!!
Lui – Non (Soudainement apeuré)
Arrivé durant la nuit, il n’avait pas eu les consignes… Le gars était plus petit que moi et transportait un immense appareil photo. Il ressemblait à un véritable buffet pour voleur.
img_3721img_3725img_3738
VOLCAN PICHINCHA
Les activités d’un jour autour de Quito ne manquent pas. L’une d’elle consiste à grimper jusqu’au sommet du volcan Pichincha, le « gentil » géant surplombant Quito. Son dernier « réveil » date de 1999 où il avait couvert toute la ville de cendre.
L’endroit revêt aussi une saveur historique puisque c’est sur ses flancs que les troupes indépendantistes, menées par Antonio Jose Sucre (aussi connu sous le nom de Mariscal Sucre) ont défait les troupes royalistes espagnoles pour éventuellement mener à l’indépendance du pays.
Pour ce faire, j’étais accompagné de mes 3 nouveaux gringos; Captain Kirk (Martin / Germany) et 2 néerlandais au nom imprononçable.
img_3763
Au terme d’un très leeeeeent téléphérique, nous atteignions l’altitude de 3947m. De là, il n’y avait plus qu’à marcher environ 3 heures pour atteindre le sommet « Cumbre Rucu Pichincha » à 4696m.
Mis à part les 200 derniers mètres, qui sont de l’escalade plus que de la marche, le sentier était très facile. L’ennemi du jour était beaucoup plus la température glaciale et les vents violents.
img_3791img_3800img_3809img_3823img_3828
Le sommet offrait une impressionnante vue 360 degrés des environs; 180 degrés étaient occupés par Quito (la ville est immense) alors que l’autre moitié était inondée de nuages.
img_3840img_3835img_3850img_3864img_3843img_3861img_3870img_3927
La descente donnait l’impression de plonger dans Quito… la ville prenant lentement tout l’horizon au fur et à mesure que nous nous approchions du téléphérique.
img_3875img_3887img_3892
Dans les nuages depuis le début, le géant Cotopaxi se découvrait à la dernière minute tout au loin.
img_3898img_3901
Sans aucun doute l’une des plus belles randonnées d’un jour que j’avais faites dans ma vie.
MITAD DEL MUNDO
Toujours accompagné de mes 3 gringos, je prenais le bus municipal à 0.25$ pour me rendre tout au bout de la ville 29km plus loin.
But du déplacement; visiter la « Mitad del Mundo (le milieu du monde) » un monument construit sur la ligne (imaginaire) de l’Équateur.
Alors que le monument officiel est un gros monument de béton positionné au mauvais endroit (construit il y a plus de 100ans sans GPS) et qui ne vaut pas les 4$ du prix d’entrée sur le site, il faut marcher 1km plus loin pour en avoir pour son argent. Celui-ci s’était fait complètement volé la vedette par le bâtiment avec le plus grand porte-à-faux que j’ai vu de ma vie (discussion d’architecture) situé tout juste à coté… WOW.
img_3934img_3938img_3935
MUSEO INTIÑAN
Dans la vie, il ne faut pas toujours se fier à sa première impression. Bien souvent, celle-ci s’avère fondée, mais quelque fois elle nous induit en erreur… comme se fut le cas avec le Museo Intiñan. Aux premiers abords, ce musée ressemblait à une véritable cour à scrapts.
img_3943
Parfaitement situé sur la l’Équateur à l’aide de GPS (ma boussole indiquait 0,0,0), la ligne rouge s’avère des plus impressionnante.
img_3952
On peut entre autre apprendre;
– Qu’une journée dure en réalité 23 heures, 56 minutes et 4 secondes… non pas 24 heures… d’où le besoin d’ajouter 1 journée à tous les 4 ans pour rectifier le tir.
– Que l’eau tourne dans le sens des aiguille d’une montre dans l’hémisphère sud, dans le sens anti horaire dans l’hémisphère nord… et ne rotationne pas du tout (tombe en ligne droite) sur la ligne de l’Équateur (la démonstration est impressionnante).
– Qu’il existe 2 forces magnétiques; l’une dans l’hémisphère sud et l’autre dans le nord. Les 2 forces s’annulent sur la ligne de l’Équateur ce qui fait en sorte qu’il est impossible d’avoir une tornade ou forte tempête tropicale à l’Équateur.
– La gravité est moindre à l’Équateur de sorte qu’on pèse 1kg de moins. Moins de gravité veut aussi dire moins de force et d’équilibre. Il est en effet très difficile de marcher en ligne droite les yeux fermés sur l’Équateur puisque les forces magnétiques du sud et du nord vous pousse de part et d’autre.
– Il est aussi possible de faire tenir un oeuf sur une épingle sans être un magicien si l’on se trouve sur l’Équateur…
img_3955
En plus de parler de l’Équateur, le musée traite aussi d’anciennes tribus qui peuplaient le territoire avant la venu des Incas et des Espagnols.
La plus intéressante d’entre-elle se nommait les Shuara. Cette tribu avait la particularité de transformer en pendentif la tête de ses ennemis. Une fois mort, ils leur coupaient la tête, retirait la peau du crâne, faisait bouillir la peau pour la faire rétrécir toute petite, la faisait sécher, et remplissait la peau de roches. Le résultat donnait un pendentif en forme de petite tête. Plus vous aviez de petites têtes et plus vous étiez puissant. Cette pratique a été interrompu il y a seulement 60ans. Maintenant ils font cela avec des têtes d’animaux.
img_3959
Mmm… si seulement cette tribu avait eu le jeu Pokémon Go elle aurait pu collectionner autre chose…
Quito, je dois avouer que je ne t’avais pas vu venir; j’ai eu le coup de foudre pour toi comme rarement j’en ai eu pour une grande ville. Tu as tout pour plaire: bâtiments superbement préservés datant de l’époque coloniale (ville de l’UNESCO), architecture moderne, paysage de fou et une bonne dose de risque avec tous les volcans actifs l’entourant.
Malheureusement, toute bonne chose a une fin.
Cet épisode était essentiellement du bourrage de crâne sans trop d’action… un mal pour un bien en arrivant dans un nouveau pays… l’action peut maintenant commencer.
P.S. I – Gastronomie Équatorienne…
De passage dans la capitale, il faut absolument faire un Food Tour pour gouter à la nourriture locale. Il faut cependant avoir l’estomac bien attaché. Les spécialités vont de l’intestin de vache, au placenta de foetus de vache, à l’Agua de Llente… une boisson alcoolisée faite à base de canne à sucre (du carburant pour avion).
img_3906img_3903
P.S. II – TOP 5 Musique
Vous voulez savoir ce qui joue dans mes oreilles et qui me réconforte jour après jour;
– « Way Down We Go » de Kaleo… je ne peux pas me passer de cette chanson… elle joue en boucle dans mes oreilles à chaque soir avant de m’endormir…
– « The Sun » de Parov Stelav… quoi de mieux pour se réveiller le matin « now I’m gonna tell my mama that I’m a traveler… I’m gonna follow the sun »
– « Ride » de Lana Del Rey… les paroles de cette chanson me résonnent partout dans le corps. J’ai souvent l’impression que cette chanson m’est directement adressée « I ear the birds on a summer breeze, I drive fast, I am alone in midnight (…) I just riiiiiide… »
– « One of these morning » de Moby avec Patty Labelle… cette chanson est tout simplement parfaite…
– « Why does my heart feels so bad » de Moby à nouveau… cette chanson me réconforte dans les moments difficiles… parce que oui il y en a beaucoup…