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Épisode 109 – Au 7ème Jour, Dieu Créa Rio de Janeiro

« Dieu a crée le monde en 6 jours. Au 7ème jour, il créa Rio de Janeiro » – C’est du moins ce que les habitants de Rio prétendent… et il est difficile de ne pas leur donner raison; Rio c’est le Paradis et l’Enfer en même temps.
Qui n’a jamais entendu parler de Rio, de ses 2 plages iconiques Copacabana & Ipanema, de sa majestueuse baie parsemée de pics rocheux, et de la statue du Christ surplombant la ville? Qui n’a jamais entendu parler du Carnaval de Rio, le plus célèbre Carnaval de la planète?
Rio est peut-être la plus belle ville de tous les Amériques… mais c’est aussi l’une des plus dangereuses. Les 2 dernières semaines de voyage au Brésil avaient aidé à diminuer notre niveau d’inquiétude par rapport au danger que nous courrions, mais nous sortions de la station de bus un peu nerveux.
Dans le taxi nous transportant jusqu’à notre auberge, nous aurions été dans les rues de Mogadiscio (Somalie), Kaboul (Afghanistan) ou en Syrie, que Tanzi aurait eu la même réaction; la peur s’inscrivait sur son visage.
Notre auberge se trouvait loin des quartiers branchés de Copacabana & Ipanema, au sommet du quartier Santa Helena; un vieux quartier, sur une petite colline labyrinthique, à proximité de la vieille ville (Centro), qui n’a plus grand chose de vieux…


Nous pouvions donc souffler un peu en regardant la superbe vue qui s’offrait à nous de notre superbe terrasse 😉


Dès demain, nous allions nous réveiller dans un Rio à l’heure du Carnaval.


RIO DE JANEIRO POUR LES NULS
Pour ceux qui vivraient sur une autre planète et ne connaissent pas Rio, voici quelques infos utiles.
Rio de Janeiro, « Rivière de Janvier » en français, fut fondée en 1565 sous le nom de « Sao Sebastiao do Rio de Janeiro ».
Siège de la monarchie (au 19ème siècle) et ancienne capitale du pays (avant que Brasilia ne soit crée en 1960), ses 12 millions d’habitants la classe 2ème plus grande ville du Brésil.
Tout n’est pas rose dans la (peut-être) plus belle ville du monde, avec plus de 1000 favelas (bidonvilles) réparties un peu partout dans la ville.
Au lieu d’investir dans les services sociaux et la lutte contre la pauvreté, le gouvernement brésilien a décidé d’investir dans le divertissement. L’organisation du Mondial 2014 (football/soccer) et les Olympiques d’été 2016 (1ère ville sud américaine à avoir les Jeux) ont été décriés par une bonne partie de la population.

CHRISTO REDENTOR

(Christ le Rédempteur)
Perché au sommet du Morro (mont) Corcovado, à plus de 650n au-dessus de Rio, la statue du Christ Rédempteur est probablement l’une des 2 plus célèbres statues dans le monde avec la Statue de la Liberté.
Inauguré en 1931, après 9 ans de travaux, le Christ était à l’origine sensé être agenouillé, portant une croix sur ses épaules.
À la dernière minute, il fut décidé de construire un Christ debout, les mains grande ouverte, un Christ accueillant.
Sage décision puisque la statue a été désignée l’une des 7 nouvelles merveilles du monde.


Il y a 3 façons de visiter la statue du Christ Rédempteur; prendre le vieux tramway, y aller avec un groupe organisé via la route qui serpente jusqu’au sommet… ou marcher.
En ce 24 février 2017, des milliers de personnes qui sont montées au sommet du Corcovado pour admirer la statue de plus près… et avoir une vue époustouflante de Rio, moi et Tanzi furent 2 des quelques 20 personnes qui osèrent monter à pied.
Oui il faisait une chaleur écrasante, oui le sentier est un peu abrupte, mais le problème était ailleurs.
À notre arrivé au départ de la « Trilha (sentier) Corcovado » dans le Parque Lage au pied de la montagne, il devait y avoir une quarantaine de randonneurs entassés au poste de garde (il faut s’enregistrer pour faire la randonnée).


La gardienne du parc disait à tout le monde de NE PAS FAIRE L’ASCENSION À PIED. Puisque la police de Rio était en grève depuis 2 semaines, le parc était sans surveillance, et plus de 200 randonneurs s’étaient fait dérober depuis ce temps, notamment un groupe de 13 la veille. La gardienne nous exhortait d’aller prendre le tramway de l’autre coté de la montagne.
TOUS, sans exception, rebroussaient chemin. À ma plus grande surprise, c’est alors que Tanzi se tournait vers moi et me lançait; « Let’s Do It (On le fait) ».
Comprenez-moi bien, j’étais All In pour faire la randonnée malgré les risques de se faire attaquer, mais je n’aurais jamais risqué de mettre Tanzi dans le trouble contre son gré. Si elle avait dit non… nous serions allé sagement prendre le tramway.
Or, la même fille qui était terrifié à l’idée d’être à Rio pas plus tard que la veille, voulait maintenant « risquer sa vie » sur ce sentier.
Malgré une dernière mise en garde de la gardienne, qui nous suppliait de reconsidérer, nous étions en route (marche) vers le sommet.
Nous prenions quelques précautions en dispersant l’argent un peu partout dans nos vêtements, et en cachant le cellulaire (dans ma craque de fesse). Vous ne vouliez pas savoir ça… trop tard.
Quelques crises de panique (Tanzi) plus tard plus tard et nous réalisions sans embûche l’ascension jusqu’au Christ Rédempteur. Réaliser l’ascension jusqu’au Christ n’est pas bien compliqué. Il faut; 80% de confiance aveugle (stupidité) que rien ne peu vous arriver, 10% d’huile de genou et 10% de sueur.
Nous pouvions donc admirer le Christ et Rio… parmi la horde de touristes… avant de redescendre par le même sentier.


De retour à Santa Helena, complètement crevé, nous tombions sur une foule de 10000 personnes qui faisait la fête et bloquait la seule rue donnant accès à notre auberge. Durant le Carnaval, chaque quartier de la ville tient ce que l’on appelle des « Blocos », une fête de quartier matin, midi et soir… et il se trouve que Santa Helena était réputée pour tenir les plus gros blocos.



DIOS IRMAOS

(Les 2 Frères)
Voulant réaliser l’ascension d’un 2ème sommet dans les environs de Rio, nous hésitions entre;

– Pao de Acucar (Le Pain de Sucre); montagne emblématique de Rio, culminant à 392m, en plein coeur de la ville sur le bord de l’océan, accessible via un téléphérique, couteux et très touristique,

– Pedra de Gavea; culminant à 844m, un peu à l’extérieur de la ville sur la cote, et assez technique,

– Dios Irmaos (Les 2 Frères); montagne iconique à 2 sommets directement au sud de la plage de Ipanema, culminant à 540m, en dehors des circuits touristiques et relativement facile.
Notre choix s’arrêtait sur Dios Irmaos.
Vu de Ipanema, Dios Irmaos ressemble à un rocher inaccessible à moins d’avoir un équipement d’escalade (un versant rocheux à la verticale). Or, le dos de la montagne est rond et poilu (forêt).


Pour rejoindre le début du sentier, il fallait monter au travers de la favela Vidigal. Il faut monter les rues sinueuses de la favela sans se faire frapper par l’une des voitures ou des motos taxis qui montent/descendent comme des fous furieux.


Une fois au sommet de la favela, vous avez fait la parti la plus difficile. Il ne reste qu’à marcher 3-4km jusqu’au sommet via un sentier très bien balisé et pas du tout technique. L’endroit est totalement sécuritaire, étant surveillé toute la journée par des hommes de la favela. Il faut comprendre que ce sentier jusqu’au sommet de Dios Irmaos est le seul moyen d’attirer des touristes dans la favela, donc ils en prennent soin.
Tous ces efforts sont récompensés par une formidable vue à 360 degrés, avec Rio directement (littéralement) à vos pieds.
 
Une chambre à Rio durant le Carnaval; $$$…

Marcher dans une favela, en chess, en buvant une bière; ça n’a pas de prix.



A MAIOR FESTA DO MUNDO

(Le meilleur party au monde)
Le Carnaval de Rio est le plus grand Carnaval du monde.
Le 1er Carnaval remonte en 1840. À cette époque, c’était une fête essentiellement religieuse. Les costumes et la samba ont peu à peu pris le dessus, si bien que l’aspect religieux a disparu.
Durant la semaine que dure le Carnaval, vous voyez des gens costumés, buvant et faisant la fête dans les rues un peu partout (même dans le métro) du matin au soir. Vous n’avez pas à chercher bien loin pour trouver le party, il vient généralement à vous.
Le Carnaval semble être l’excuse parfaite pour voler des vêtements dans le garde-robe de sa soeur, puisque le costume le plus fréquent semble être des hommes se déguisant en femme.

UNE NUIT AU SAMBODROMO
En plus de toutes les festivités un peu partout en ville, le clou du spectacle du Carnaval de Rio se veut la compétition entre les écoles de Samba dans le Sambodromo.
Assister à une nuit de parade au Sambodromo était LA raison principale pour laquelle nous étions au Brésil. Pour ce faire, il avait fallu réserver notre auberge il y a 5mois. On raconte les derniers hébergements avaient été réservés 3 mois avant le début du Carnaval. En d’autres mots, on n’improvise pas à la dernière minute un voyage à Rio durant le Carnaval… sauf si vous planifiez ne pas dormir… ou dormir sur la plage.
Jusqu’en 1984, les parades se produisaient directement dans les rues de Rio. C’est lors que fut construit le Sambodromo (Stade de la Samba), un immense stade linéaire avec une avenue passant au milieu.
Chaque nuit du Carnaval, 6 écoles défilent sur l’avenue longue de 700m… devant plus de 75000 spectateurs en délire.
On raconte que le Sambodromo de Rio est l’endroit le plus sécuritaire en Amérique du Sud durant les nuits du Carnaval. Et pour cause, la compétitions attire des célébrités, politiciens et gens riches de partout sur la planète.
Les nuits du vendredi et samedi mettent en scène les écoles de samba de calibre inférier, tandis que les meilleures écoles performent le dimanche et le lundi. Le mardi, c’est la nuit des champions, alors que les gagnants des années antèrieures performent. Tant qu’à y aller, nous avions décidé d’y aller pour le dimanche lors de l’une des 2 nuits principales ($$$).
Quand je dit « nuit », c’est nuit. Chaque soir, les compétitions commencent vers 21.00, chacune des écoles défile durant environ 1 heure, et le tout se fini vers 05.00/06.00 le lendemain matin.
C’était complètement fou.
CHAQUE ÉCOLE a des centaines de costumes différents, portés par des MILLIERS de danseurs.
Durant 1 heures, des milliers de danseurs et de chars allégoriques défilaient devant nos yeux. Nous ne savions pas où regarder tellement il y avait de chose à voir en même temps… une véritable D É M E S U R E.


15 minutes de pause et nous repartions de plus belle avec une autre école…
05.30 – Alors que nous étions entré dans le Sambodromo 11 heures plus tôt, alors que le soleil n’était pas encore couché, nous quittions le stade avec le soleil qui se levait à l’horizon. Il restait encore 1 école à performer, mais nous dormions debout.
Passer une nuit blanche à regarder une parade du Carnaval de Rio; Check

LA MURALE OLYMPIQUE
Tel que mentionné un peu plus haut, la vieille ville de Rio n’a rien de bien intéressant… et elle se transforme en véritable poubelle à ciel ouvert durant le Carnaval.
Au fil des dernières décennies, les édifices historiques ont presque tous fait place à de (pour la plupart) très laides grandes tours.
Un endroit récemment revitalisé vaut cependant le détour, un endroit comprenant le Museu do Amanha (le Musée de Demain), concu par le célèbre Santiago Calatrava, et la murale olympique.


La murale se veut la représentation de 5 visages autochtones de partout sur la planète;

– une femme africaine,


– une femme girafe (à long cou avec des colliers) de Birmanie / Asie,


– Une femme d’une tribu pré colombienne (vraisemblablement Inca) d’Amérique du Sud,


– Un homme (qui pourrait être un inuit) d’Amérique du Nord,


– Un aborigène d’Australie.
La murale a été conçu de A à Z durant les 2 semaines que duraient les Jeux Olympique l’été passé. Elle a pour but de véhiculer un message d’acceptation et de respect des autres, malgré nos différences.

NOUS SOMMES ENCORE EN VIE
Qui l’eu cru, après 1 semaine complètement folle, nous quittons Rio sur nos 2 jambes, en pleine forme et sans s’être fait volé.
Rio, tu as une réputation de voyou, qui n’est pas sans fondement, mais oh combien exagérée.


Nous passons donc de l’ancienne à la nouvelle capitale du Brésil… 1000km à l’intérieur des terres.

Épisode 108 – Ciudades Historicas + Costa Verde

06.30 – Le soleil se levait à peine à l’horizon, mais le bus, dans lequel nous prenions place depuis la veille, nous bardassait depuis déjà quelques heures sur une route sinueuse au travers de montagnes recouvertes d’une forêt tropicale.

07.45 – Notre calvaire était fini; Terminus Ouro Preto… au coeur de l’ancienne Ruée vers l’Or Brésilienne.

LA RUÉE VERS L’OR BRÉSILIENNE
À la toute fin du 17ème siècle, de l’or fut découvert à l’intérieur des terres, à quelques centaines de kilomètre à l’ouest de Rio de Janeiro.
Il n’en fallait pas plus pour déclencher un véritable raz-de-marrée humain; des gens de partout dans le royaume portugais convergeaient vers cette nouvelle région fraichement baptisée « Minas Gerais (La Mines… Minérales?!?) ».
Du jour au lendemain, des villes poussaient un peu partout dans cette contrée montagneuse jusqu’alors recouverte de forêt vierge; Diamantina, Tiradentes, Sao Joao del Rei, Mariana et Vila Rica, pour ne nommer que celles-la. Ces villes étaient créées à la va-vite n’importe comment.
L’or coulait à flot pendant presque 2 siècles, faisant de la région l’endroit le plus riche de toutes la colonie.
Ce qui devait arriver arriva; les sources d’or s’épuisaient vers la fin du 19ème siècle, emportant avec eux la plupart des habitants, qui partaient en quête de richesses ailleurs. L’Âge d’Or des Minas Gerais prenait fin.
Durant le 20ème siècle, les villes furent quasi abandonnées, au point d’être oubliées… jusqu’à il y a environ 30 ans, où elles furent « redécouvertes ». Baptisées « Ciudades Historicas (Villes Historiques) », elles devinrent alors des destinations touristiques prisées des brésiliens.
Depuis, le tourisme n’a cesser d’affluer pour admirer l’architecture coloniale extrêmement bien conservée de ces villes ayant « raté » le virage de l’ère industriel et toute la modernisation qui s’en ai suivit.

L’OR NOIR
Nous ne voulions pas (et n’avions pas le temps) visiter toutes les Ciudades Historicas. Il fallait donc faire un choix; 1 Ciudades, peut-être 2 that’s it.
Notre choix s’arrêtait sur « Ouro Preto ». Fondée en 1698 sous le nom de « Vila Rica », Ouro Preto est réputée comme étant la plus belle et plus importante (historiquement) de toutes les Ciudades Historicas.


Ouro Preto signifie « Or Noir ». L’expression ne fait pas référence au pétrole, mais bien aux esclaves africains qui travaillaient dans les mines d’or.
1er site brésilien à avoir été inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1980, Ouro Preto était la capitale des Minas Gerais au temps de la ruée vers l’or.
Au milieu du 18ème siècle, ses 110000 habitants faisaient de Vila Rica l’une des plus grandes villes de toutes les Amériques, étant devancé seulement par Potosi (Bolivie).

OURO PRETO VERSION 2017
Bien souvent, les villes dites coloniales se résument à une vieille ville noyée dans une ville grande moderne sans intérêt. Ouro Preto diffère de ces villes dans la mesure où la totalité de la ville semble tout droit sorti du passé. Marcher dans Ouro Preto est comme marcher dans un musée à aire ouverte; il y a quelque chose à voir à chaque détour.

Perché à plus de 800m d’altitude sur une multitude de petites collines, il faut avoir un bon cardio pour arpenter les vieilles route de pierre qui montent et descendent. Certaines sont tellement inclinées qu’il faut se tenir aux bâtiments ou monter en zig zag.
Peu importe à quel endroit tu te trouves en ville et dans quelle direction tu regardes, il y aura au moins 2 églises dans ton champ de vision. Il doit bien y en avoir plus d’une vingtaine dans un rayon de 1 ou 2km.


Comme Ouro Preto était la capitale des Minas Gerais, la région la plus riche de la colonie portugaise au temps de la ruée vers l’or, chacune des nombreuses congrégations religieuses présentes dans le Nouveau Monde s’est fait un devoir d’y avoir adresse sur rue.
Il y avait une grande rivalité entre les différentes communautés. Chacune voulait se démarquer des autres et construire la plus belle église en ville.


Le Brésil ne cesse de m’impressionner. Je n’aurais jamais cru qu’un tel endroit puisse exister dans ce pays. Ouro Preto est sans AUCUN DOUTE la plus belle ville coloniale que j’ai vu en Amérique du Sud… peut-être la plus belle que j’ai vu tout court. Les dignes finalistes sont Vigan (Philippines), Georgetown (Malaisie) et Barichara (Colombie)… mais ne peuvent être comparées à Ouro.



TIRADENTES
L’un des premiers héros de la jeune nation brésilienne se nomme Tiradentes. Voyant que tout l’or récolté dans les Minas Gerais était immédiatement entassé sur des bateaux à destination du Portugal sans véritablement bénéficier à la colonie, celui-ci fomenta la première révolte dans le but de mener à l’Indépendance du Brésil. Cette révolte eut lieu en 1789 et porte aujourd’hui le nom de « Inconfidencia Mineira ». Elle fut un échec sur toute la ligne; Tiradentes fut capturé, exécuté, puis démembré, chacune des partie de son corps étant exposé dans les plus grande ville de la colonie (sa tête étant exposée au milieu de la place centrale de Ouro Preto) à titre de mise en garde pour toute personne qui voudrait suivre son exemple,
N’empêche, Tiradentes avait fait germer un rêve dans la tête des brésiliens.

ESTRADA REAL
Estrada Real signifie « Le Chemin de l’Or ». C’est le chemin qu’empruntait les cargaisons d’or pour être transférées des différentes mines du Minas Gerais, jusqu’à la cote atlantique, pour être ensuite « shippées » par bateau au Portugal.
Dans un premier temps, l’or était acheminé à Rio de Janeiro. Les pirates anglais, français et hollandais furent rapidement mis au courant de ces précieuses cargaison en partance de Rio et attaquaient fréquemment les navires portugais.
Les cargaisons d’or furent donc transférées à Paraty, petite ville côtière à l’abri des regards indiscrets.
C’est par un hasard des plus total que notre prochaine destination se voulait être Paraty, sur la Costa Verde.



LA COSTA VERDE
La Costa Verde est un bande de terre montagneuses qui s’étend sur plus de 100km sur la cote atlantique à environ 2 heure au sud de Rio.
Comme son nom l’indique, « La Cote Verte » est recouverte d’une forêt tropicale dense… et toute verte.
100km de paysages côtier éblouissant, que j’aurais souhaité pouvoir parcourir à mon rythme en voiture, au lieu de passer en vitesse dans un bus. L’endroit est parsemé d’iles de toutes tailles et de baies avec des plages paradisiaques, le tout baigné dans une eau turquoise. Les amateurs de montagnes ne sont pas en reste puisque certains pics rocheux déchire la forêt et frôlent les 2000m.
La Costa Verde est parsemé de villes et villages accessible par la route, mais comprend aussi des km et des km de cote seulement accessible via des sentiers pédestres ou par bateau. De quoi occuper quelques semaines…

Paraty dans tout cela? C’est le joyau colonial de la région.

PARATY
Fondée en 1667, l’heure de gloire de Paraty eut lieu au 18ème siècle alors que la ville agissait comme principal port pour exporter les richesses de la colonie vers le Portugal. Tout comme les villes des Minas Gerais, la fin de la Ruée vers l’Or eut pour résultat que la ville fit peu à peu délaissée, pour devenir une destination touristique vers la fin du 20ème siècle.
Sa vieille ville, faisant parti du Patrimoine Mondial de l’UNESCO, semble sorti tout droit du 18ème siècle avec ses petits bâtiments peinturé à la chaux et ses rues en pierre.


Bien que charmante, Paraty n’arrive pas à la cheville de Ouro Preto. Cependant, son cadre (extrêmement) enchanteur compense amplement.

23 février 2017
Cela fait maintenant 13 jours que nous sommes au Brésil… 13 jours durant lesquels nous avons parcouru plus de 4500km en bus (à titre d’exemple, Québec est séparé de Montréal par 250km)… la plupart de ces km via 5 éprouvant bus de nuit.
Un petit bus (de jour) additionnel et nous atteindrons notre objectif principal au Brésil et en Amérique du Sud; Rio et son Carnaval…


P.S. ALCOOL BRÉSILIEN

Sans grande surprise, le vin brésilien est quasi inexistant. Ce n’est pas que je n’ai pas essayé d’en trouver… les seules bouteilles sur lesquelles je suis tombées avaient l’air très suspectes. À défaut de vin, le Brésil compte sur une bonne quantité de bières de micro brasseries. Ce n’est heureusement pas uniquement le pays de la Brahma et de la Skol, bière légère du type Corona…

Épisode 107 – Sao Paulo

Après 16h de « pur bonheur »… dans un bus vieillot… qui sentait la robine… c’est plutôt moi qui sentais la robine… peu importe… je m’égare…

Je disais donc… Après 16 heures de « pur bonheur » à bord d’un bus, nous arrivions enfin à Sao Paulo, Sampa pour les intimes, non seulement la plus grande ville du Brésil, mais aussi la plus grande ville de l’hémisphère sud de la Terre.
Les origines modestes de Saint-Paul (Sao Paulo en portugais) n’auraient pourtant pas pu laisser présager un futur aussi grand.



SAO PAULO POUR LES NULS
Fondé en 1560 par les Jésuites, sous le nom de « Sao Paulo dos Campos de Piratininga », l’endroit était à l’origine un simple monastère (« Pateo do Collegio »… qui se trouve encore aujourd’hui au centre de la ville) ayant pour mission d’éduquer les amérindiens.


Les 200 premières années d’existences de Sao Paulo furent marquées par l’isolement et la pauvreté. Située loin de la cote à plus de 800m d’altitude (Sao Paulo fut longtemps la seule ville de la colonie portugaise à ne pas se trouver sur le bord de l’Atlantique), les portugais se foutaient éperdument de Sao Paulo en raison de l’absence totale de richesses à exploiter. Sampa était alors l’endroit le plus pauvre de toute la colonie.
Au 18 et 19ème siècles, la ville gagna peu à peu ses lettres de noblesses en devenant un lieu de transit incontournable pour les aventuriers partant explorer l’intérieur du continent afin de poursuivre le processus d’expansion de la colonie.
Disons que les temps ont bien changés depuis…
Presque 460ans après sa fondation, Sao Paulo est aujourd’hui la 12ème ville la plus populeuse au monde (21 millions d’habitants), la capitale financière du Brésil, et l’une des 10 villes les plus dispendieuses où vivre sur Terre.
Fait surprenant, c’est aussi la ville comptant le plus d’habitants à descendance italienne (battant toutes les villes d’Italie) sur la planète (il y eu une forte immigration italienne après l’indépendance du pays).
Tout n’est cependant pas rose. On raconte que près de 10% des habitants de la mégapole vivent dans des favelas (bidonvilles) en périphérie de la ville.

SAO PAULO VERSION 2017
Comme Tanzi l’a si bien imagé; « Sao Paulo est comme un yogourt nature… on cherche la saveur ».
Malgré tout, quelques endroits valent le détour;
PARQUE IBIRAPUERA

Immense parc au milieu de la ville, avec des bâtiments de Oscar Niemeyer (pour les architectes) et de jolie lacs avec des signes noirs, l’endroit est un incontournable.


AVENIDA PAULISTA

C’est l’artère la plus connue de Sao Paulo, supposément la séparation entre la vieille et nouvelle ville (je n’ai vu aucune différence… du béton à l’extrême des 2 cotés).


2 éléments ont retenus mon attention;

– Murale de Oscar Niemeyer,


– Museu de Arte de Sao Paulo (le Musée des Arts de Sao Paulo) et son impressionnante architecture sans colonne sur plus de 70m.


PLAÇA DA SÉ

Place principale au coeur de la (très laide) vieille ville, avec une belle cathédrale bordée par une allée de palmiers.




Contrairement aux autres méga villes du continent sud américain (Buenos Aires, Santiago, Lima, Quito et Medellin), Sao Paulo manque de cet intangible (pouvant s’apparenter à une âme) qui fait la différence entre un endroit ordinaire et un endroit à ne pas manquer.
En d’autres mots; sauf si vous êtes un architecte, vous pouvez passer votre chemin.

Épisode 106 – Cataratas do Iguaçu

14 Février 2017

Iguazu, Iguassu, Iguaçu… tous ces mots veulent dire la même chose dans 3 langages différentes (espagnol, portugais et guarani), la langue officielle de chacun des pays qui forme la triple frontière d’Iguazu (Argentine, Brésil et Paraguay). 
Iguazu (ma version préférée)!!!
Je suis sur que la plupart d’entre-vous n’aviez jamais entendu parlé de ce mot avant de le voir écrit dans ce blog?
Iguazu vient du language Guarani (peuple du Paraguay) signifiant « Grande Eau ». On peu dire qu’ils ne s’étaient pas trompés. 
Iguazu n’est pas la plus haute, mais avec plus de 280 chutes variant entre 40 et 80m de haut dans un rayon d’environ 1km, Iguazu est sans aucun doute la chute la plus impressionnante sur Terre. 
Seul les Chutes Victoria en Afrique, à la frontière entre la Zambia et le Zimbabwe, peuvent tenir les comparaison avec Iguazu. Je vais devoir attendre de visiter les Chutes Victoria avant de porter un jugement. 
On raconte que lorsque Eleanor Roosevelt (la femme du Président américain Roosevelt) visita Iguazu dans la 1ère parti du 20ème siècle, elle se serait exclamée « Poor Niagara (Pauvre Niagara) ». Le 

Niagara (que je n’ai pas vu) ressemblerait à un filament d’eau en comparaison à Iguazu. 

FOZ DE IGUAZU
Bien qu’à la frontière avec le Brésil, l’Argentine et le Paraguay, seuls les 2 premiers pays ont une accès direct aux Cataratas do Iguazu, la frontière entre les 2 pays passant en plein centre de la chute. 
Vous pouvez donc visiter la chute depuis « Puerto Iguazu (Port Iguazu) » en Argentine ou depuis « Foz de Iguazu (Embouchure de la Rivière Iguazu) » au Brésil. 
Le coté argentin est réputé pour offrir des points de vue extrêmement rapprochés de la chute, tandis que le coté brésilien offre des vues d’ensemble. Chacun des coté est un parc national et site de l’UNESCO. 
Pas de grand fan des chutes, mais ne pouvant pas passer en Amérique du Sud sans visiter Iguazu, nous choisissions de visiter le coté brésilien. 


Le clou du spectacle fut sans aucun doute la « Garganta del Diablo (La Gorge du Diable) », l’endroit le plus spectaculaire de la chute.



PARQUE DAS AVES
Tout sauf un adepte des zoo, nous nous laissions tenter par une visite dans le Parque das Aves. Comprenant des crocodiles, lézards & tortues, le parc est surtout célèbre pour ses oiseaux exotiques… oiseaux ayant pour la plupart été rescapés alors qu’ils étaient blessés. 
Perroquets de toutes sortes, toucans, flamand roses, des oiseaux de toutes les couleurs, name it… ils sont tous là.


« Tocar o coracao para ensinar a mente (Toucher les coeurs pour enseigner les esprits) » est la devise de ce parc fondé par un couple d’allemand en 1994. 



Au final, Iguazu n’est pas un endroit où on s’éternise. 
Après 2 jours, il était plus que temps de lever les feutres…
Direction Saint-Paul…

Épisode 105 – Viva Brasil

11 février 2017
06.00 – Presque exactement 1000km de route, 22heures, 3 bus, 2 des plus grandes villes du Brésil (Rio Grande et Porto Alegre), 1 frontière & 0 heure de sommeil plus tard que nous atterrissions à Florianapolis, une ville/ile paradisiaque parsemée de montagnes et recouverte de forêt tropicale, considérée comme le secret le mieux gardé du Brésil (pour le tourisme international).
À peine arrivé que nous sautions dans un bus de ville (encore), suivit d’un autre (encore encore), pour finalement arriver à Barra da Lagoa, un village sur la cote est de l’ile.


Premier constat; il m’est impossible de comprendre le portugais. Même quand j’étais un gros Zéro en espagnol, je pouvais toujours comprendre quelques mots par-ci, par-là.
Avec le portugais, j’ai beau me concentrer hyper fort, je ne comprend rien de rien de ce que les gens disent. Pourtant, le portugais est sensé avoir des racines latines, communes avec le français, l’espagnol et l’italien. La pomme est tombée loin de l’arbre comme on pourrait dire.
Pour moi, le portugais parlé ressemble comme 2 goutes d’eau à du russe… ce qui vexe Tanzi (ma copine est russe pour ceux qui ne le savent pas).

BRÉSIL POUR LES NULS
Tout le monde a déjà entendu parler du Brésil, mais que savez-vous vraiment à propos de ce pays?
De son nom officiel « Republica Federativa do Brasil », le Brésil est le 5ème plus grand pays sur Terre après la Russie, le Canada, la Chine et les États-Unis. Sa population de 206 millions le place au 5ème rang des pays les plus populeux sur Terre, après la Chine (1.375 milliard d’habitants), l’Inde (1.285 milliard d’habitants), les États-Unis (323 millions d’habitants) et l’Indonésie (259 millions d’habitants).
– Capitale; Brasilia,

– Plus Grande Ville: Sao Paulo (plus grande ville de l’hémisphère sud sur Terre),

– Langue Officielle; Portugais,

– Monnaie; le Réal,

– Le Brésil est frontalier avec tous les autres pays d’Amérique du Sud sauf l’Équateur et le Chili.
Avant l’arrivé des portugais, l’endroit se faisait appeller « Pindorama (la terre des palmiers) ».
En 1500, l’explorateur Pedro Alvarez Cabral a revendiqué les terres au nom de la couronne portugaise. Au premier temps de la colonie portugaise, l’endroit portait le nom de « Terra da Santa Cruz (La Terre de la Sainte Croix) ». Les marchants et navigateurs l’appelaient cependant « Terra do Brasil (la Terre de Brasil) », faisant référence à l’arbre Brasil… d’où l’origine du nom actuel.
Au milieu du 16e siècle, la plus grosse exportation de la colonie du Brésil était la Canne à Sucre, tandis que sa plus grosse importation était… les esclaves noirs venant d’Afrique. C’est en grande parti pourquoi plus de 40% de la population actuelle du pays est noir.
Avec la France napoléonienne ayant envahi l’Espagne au début du 19ème siècle, la courone portugaise (le roi et sa cours) fut transférée au Brésil en 1807, faisant de Rio la capitale du royaume.
Le roi du Portugal allait finalement retourner au Portugal en 1821… laissant le trône du Brésil à son fils Dom Pedro I… qui en profitait pour déclarer l’Indépendance du Brésil l’année suivante (1822). Le Brésil demeurait une monarchie (la seule ayant jamais existé en Amérique après la colonisation européenne) jusqu’en 1889, année où le pays devenait une démocratie.
Autres faits importants;

– Le Brésil est le plus grand producteur de café sur Terre (ils préfèrent la quantité à la qualité… le café brésilien n’est pas aussi réputé que celui de Colombie ou du Panama),

– Le Brésil comprend la majorité de l’Amazonie (jungle) et la presque totalité de la rivière Amazone.
Pour finir, si l’Argentine est le royaume du Tango, le Brésil est le royaume de la Samba. On en reparlera plus en détail lors de mon passage au Carnaval de Rio.

ILHA SANTA CATARINA
Florianapolis est en théorie une ville à cheval sur le continent et sur l’ile de Santa Catarina. En pratique, toute l’ile est appelé Florianapolis, ou plutôt « Floripa », un clin s’oeil à « Florida (Floride) », la ville étant pour sa part rebaptisée « Centro (le Centre) ».
Alors qu’il n’y a absolument rien à se mettre sous la dent dans le Centro, l’ile comporte plusieurs attraits; capitale du surf au Brésil, c’est un lieu de vacance très prisé des brésiliens puisque l’endroit est sécuritaire. Le sud de l’ile, resté presque à l’état sauvage, offre plusieurs opportunités de randonnée d’un jour dans la forêt tropicale jusqu’à des plages reculées.
L’un des premiers commentaire de Tanzi à propos de l’endroit fut « On dirait Hong Kong… avec des édifices un peu moins haut ».
Nous établissions notre quartier général dans un jolie et tranquille auberge en bord de mer dans la localité de Barra Do Lagua, au centre de l’ile sur la cote est. En plus d’être directement sur l’océan atlantique, le village était traversé par une petite rivière provenant de l’immense lac situé au milieu de l’ile.


PLAGE DE SAUCISSES
Direction la Praia da Galheta, surnommée (par moi) « Penis Beach »; LA plage nudiste sur l’ile (on ne le savait pas)… qu’on peu atteindre via un super sentier côtier de 3km, traversant la forêt tropicale et quelques petits sommets.



LAGOINHA DO LESTE
La système de transport public de l’ile est pour le moins compliqué. L’ile fait moins de 50km de long, est parsemée de plein de petits villages, et il faut pas moins de 3 bus différents pour passer du centre au sud de l’ile.
Ajoutez à cela que si vous prenez le mauvais bus… et que vous allez par erreur au centre-ville, cela vous prendra 6 bus et plus de 4 heures pour franchir les maigres 30km de route séparant Barra do Lagoa (centre) de Pantano do Sul (sud).
Bref, nous avions quitté Barra à 10.00, pour arriver à Pantano à 14.00… point de départ de notre 2ème randonnée tropicale.


Direction Lagoinha do Leste, l’endroit le plus reculé (et le plus beau) de l’ile, accessible seulement via un sentier mélangeant boue, roche et bambou.
Le clou du spectacle de Lagoinha de Leste est le Mirador « Ponta Sul Lagoinha do Leste », qui domine l’endroit quelques 200m plus haut.
Les plus courageux marcheront sur une roche en équilibre précaire dans le vide, telle une planche de surf accrochée dans le ciel au-dessus de la plage.
Au final, plus de 10.5km de marche 35 plus de 500m d’ascension positive et négative… tout cela en flip flop.



Difficile à croire, mais Floripa sera notre seul véritable destination soleil (plage) de tout notre séjour au Brésil (en théorie… si notre plan actuel ne change pas… en ne comptant pas Rio comme une destination soleil).

Toute bonne chose a une fin…
Direction LA chute d’entre toutes les chutes.

MEA CULPA BRASIL
Notre première impression du Brésil aurait difficilement pu être meilleure… et complètement à l’opposée de nos attentes.
À force de me faire dire « Fais attention au Brésil », et de lire partout que le Brésil est un endroit dangereux, j’avais fini par faire du Brésil une chimère plus vraie que vraie.
Oui le Brésil est l’un des pays les plus dangereux du continent sud américain, mais cela ne veut pas dire que l’endroit est en guerre civile et qu’on risque notre vie à chaque fois qu’on sors de l’auberge.
Force est d’admettre qu’il fait bon y vivre, les gens sont hyper sympathique, tout est assez abordable (exception faite des bus longue distance $$$) et la nourriture est superbe.
Rio de Janeiro sera probablement une autre paire de manche, mais bon… on traversera le pont lorsqu’on sera rendu au Rio (rivière).

Épisode 104 – Uruguay… en Coup de Vent

04 Février 2016
50 minutes sur un ferry grande vitesse… c’est tout ce qu’il nous fallait pour quitter Buenos Aires et l’Argentine, traverser le Rio del Plata, et se retrouver à Colonia de Sacramento en Uruguay.

URUGUAY POUR LES NULS
Bienvenue en Uruguay, le 2ème plus petit pays d’Amérique du Sud après le Suriname.
– Nom Officiel; Republica Oriental del Uruguay,

– Capitale; Montevideo,

– Langue Officielle; espagnol,

– Population; 3.5millions d’habitants, dont plus de 50% habitent la capitale,

– Monnaie; Peso Uruguayen.
À l’époque coloniale, le territoire offrait peu ou pas d’intérêt pour les Empires Espagnol et Portugais puisqu’il n’y avait pas vraiment de richesses. Bien que les 2 nations revendiquaient le territoire, l’endroit agissait beaucoup plus comme tampon/frontière entre les 2 puissances.
L’Uruguay gagnait son Indépendance en 1828, après avoir du se battre contre les 2 puissances coloniales de l’Espagne et du Portugal. Lors de son indépendance, il n’y avait que 75000 habitants sur le territoire de l’Uruguay.
L’Argentine et le Brésil ont par la suite tenté de s’emparer du territoire de l’Uruguay, faisant même une invasion conjointe, et conquérant tout le territoire de l’Uruguay sauf Montevideo… assiégeant la Capitale durant plus de 7ans. La commutée international intervint alors et ordonna au Brésil et à l’Argentine de quitter l’Uruguay.
Dès lors, le petit pays se plaçait sous le protectorat de la Grande Bretagne, ce qui lui garantissait la paix avec ses voisins. Une petite nation qui a du lutter fort pour rester elle-même.
L’Uruguay d’aujourd’hui est souvent mentionné comme « La Suisse de l’Amérique du Sud », se classant au 1er rang dans presque toute les catégories; pays le plus sur, gens les plus riches, le moins de corruption. L’avortement, le mariage gay et le canabis y sont légal.
Le pays est considéré comme l’une des 25 démocraties qui fonctionnent vraiment sur Terre.
Leur avant dernier Président, Joseph Mujica, fut l’un des présidents les plus inusités a avoir gouverné un pays sur Terre. Ancien militant emprisonné durant plus de 15ans, il donna la totalité de son salaire de président à des organismes de charité, n’a jamais porté un complet de sa vie, et refusa d’emménager dans la maison officielle du président uruguayen à Montevideo, préférant plutôt rester dans sa petite ferme en banlieue. L’un de ses passe-temps favoris est de tondre sa pelouse sur son tracteur. Il a reçu la plupart des chefs d’états du monde dans sa ferme.
Dernier fait (non) intéressant; alors que le Canada a comme dicton « D’un océan à l’autre », le modo de l’Uruguay est « Libertad o Muerte (La Liberté ou La Mort) ».

COLONIA DE SACRAMENTO
Colonia de Sacramento, ou simplement Colonia, est la plus vieille ville de l’Uruguay. Elle a la particularité d’avoir été fondée par les portugais (toutes les autres villes sont d’origine espagnole).
Situé à proximité de Buenos Aires, de l’autre coté du Rio del Plata, Colonia avait pour but d’être un avant poste portugais pour surveiller les actions espagnoles.
Colonia version 2017, principalement le Barrio Historico (quartier historique inscrit au Patrimoine de l’UNESCO), est une charmante petite ville faite de vieux bâtiments et de vieilles rues en pierre.


L’endroit est tout aussi charmant que minuscule si bien qu’on fait le tour en moins de 2heures… même en marchant à reculons.



MONTEVIDEO
Grand amateur de cinéma, j’avais lu que la plupart des films américains nécessitant des séquences à La Havane, avaient été filmées dans la Ciudad Viejo (vieille ville) de la capitale de l’Uruguay. Les américains étant Persona Non Grata à Cuba depuis plus de 60ans, Montevideo agissait comme doublure pour La Havane.
Tout ce qu’on peu dire c’est que j’espère que La Havane n’est pas comme la Ciudad Viejo de Montevideo, c’est à dire froide et sans (absolument) aucun charme. Je peine à comprendre pourquoi Montevideo sert de doublure puisque c’est laid sans bon sang.


Le meilleur conseil que je puisse donner à propos de Montevideo c’est; passez votre chemin.



PUNTA DEL DIABLO
Après 5h de trajet au travers de paysages monotones, alternant entre plaines et forêts, le bus s’arrêtait au milieu de nul part; Terminus Punta Del Diablo, notre 3ème et dernier stop en Uruguay.
Punta del Diablo est une petite ville de 1500 habitants, qui se transforme en l’une des plus populaire station balnéaire de la cote est de lAmérique du Sud durant l’été austral de la mi-décembre à l fin février.
La plupart des écoles des pays du continent font relâche pour l’été à la mi-décembre à la mi/fin février. C’est alors que la population de Punta del Diablo gonfle à plus de 30000 habitants.
Depuis des décennies, les argentins et (surtout) les brésiliens ont prit l’habitude de passer leur vacances d’été sur les plages de l’ouest de l’Uruguay afin d’y être en sécurité. Quoique l’Argentine est désormais relativement sécuritaire, et que la cote sud du Brésil est sur la bonne voie, ces vieilles habitudes perdurent.
Vous aurez donc compris par la bande que Punta del Diablo se trouve sur le bord de l’océan Atlantique… une 1ère pour moi en Amérique du Sud.
Cette ville de bohème, avec une seule rue pavée, offrait des plages pour tous les gouts;

– Playa Rivero et Playa Pescaderos pour la baignade et une initiation au surf,


– Playa Viuda pour ses grosses vagues,

– Playa Grande pour pratiquer le wind surf, d’immenses vagues, ou tout simplement prendre une longue marche sur ce croissant de lune de 4km.
D’ailleurs, une promenade sur la Playa Grande au coucher du soleil s’impose… du sable doux pour reposer mes pieds meurtris…


10 Février 2017
Il nous aura fallu moins d’une semaine pour passer au travers de l’Uruguay, et encore là, ça nous a paru très long et plus souvent qu’autrement ennuyeux.


Direction Chuy… aux portes du Brésil.

Épisode 103 – Buenos Aires; Paris de l’Amérique du Sud

29 Janvier 2017
10.00 – Le bus dans lequel je prenais place depuis maintenant 25 heures faisait son entrée dans Buenos Aires.
Cette arrivé dans la Capitale de l’Argentine mettait un terme à 3 jours de voyage intense… 3 jours où j’avais traversé la moitié de l’Argentine, traversé les Andes et visité Santiago de Chili en vitesse.

MENDOZA… EN COUP DE VENT
J’avais quitté Bariloche 3 jours plus tot en direction de Mendoza; la Capitale du vin en Argentine (si vous buvez un vin d’Argentine, il y a fort à parier qu’il vient de Mendoza où de ses environs… regardez sur la bouteille).
Situé au pied de la Cordillère des Andes, Mendoza, de son nom complet (prenez une grande respiration) « Ciudad de Mendoza del Nuevo Valle de la Rioja », est la 4ème plus grande ville d’Argentine. C’est de là que prit forme le mouvement d’Indépendance… du Chili… avec à sa tête le Général San Martin… qui traversa les Andes pour éventuellement marcher sur Santiago de Chile.


Mendoza… jolie ville, mais sans véritable trucs à voir/faire… mis à part faire la farniente et récolter de l’information pour la suite de mon voyage. Parce que oui, (si tout allait comme prévu) Mendoza me servirait de point de départ pour gravir la plus haute montagne des Amériques dans quelques mois.

À TRAVERS LES ANDES
Mendoza derrière moi, direction Santiago de Chile… pour une dernière nuit de folie au Chili (pas vraiment). Je me serais bien passé de ce détour, mais nous avions laissé des trucs là il y a 2 mois dans le but de nous alléger en Patagonie. Il fallait maintenant les récupérer.
Santiago de Chile se trouvait à seulement 200km à vol d’oiseau de Mendoza, mais il fallait compter 7 (pénibles) heures de bus pour franchir la Cordillère des Andes.
La route se frayait une chemin au travers des montagnes en zigzaguant dans de profondes vallées. À cet endroit, les Andes sont relativement arides, exception faite des hauts sommets 5000m+) enneigés.
En route, je passais à seulement quelques km de la chaine de montagne « Cordon del Plata » (culminant à 5900m) et de l’Aconcagua (6960m – plus haute montagne sur Terre en dehors de la chaine des Himalayas… Everest, K2, etc. font tous parti de l’Himalaya). Si tout va bien, vous allez entendre parlez de ces bêtes dans quelques mois.


Je passais aussi dans la Vallée de Uspallata. Ce nom ne vous dit assurément rien, mais c’est là que fut tourné le film « 7ans au Tibet ». Ce film a marqué mon enfance… j’irais même jusqu’à dire que je ne serais peut-être pas un adepte de montagne aujourd’hui si je n’avais jamais vu ce film.
À peine passé la frontière que le ciel se couvrait de fumée. Le centre du Chili est actuellement en proie à de terribles feux de forêt (les pires feux de l’histoire du Chili).
Mon retour à Santiago de Chile bouclait la boucle de mon départ de Santiago il y a 2 mois presque jours pour jour jour. Du 1 décembre 2016 au 27 janvier 2017, j’avais mis les pieds dans pratiquement tous les parcs nationaux de Patagonie au Chili et en Argentine; Altos de Lircay (Épisode 93), la Vallée de Cochamo (Épisode 94), le Parque Pumalin (Épisode 95), Chiloé (Épisode 96), Torres del Paine (Épisode 98), Dientes de Navarino (Épisode 99), Fotz Roy (Épisode 100), Los Glaciares NP (Épisode 101) et Nahuel Huapi (Épisode 102).

Durant cette période, j’avais dormi 26 fois dans ma tente… un record qui allait durer encore au moins 1 an jusqu’à mon périple sur la Pacific Crest Trail (on a le temps d’en reparler ;-).
Dès le lendemain matin, je repassais les Andes. Direction la cote est de l’Amérique du Sud 1200km (à vol d’oiseau) plus loin.

BUENOS AIRES; « PARIS DE L’AMÉRIQUE DU SUD »
29 Janvier 2017
10.00 – Le bus dans lequel je prenais place depuis maintenant 25 heures faisait son entrée dans Buenos Aires. La ville semblait s’étendre jusqu’à l’infini.
Des arbres et des bâtiments d’une dizaine d’étages, c’est tout ce que je pouvais voir durant la vingtaine de km sur l’autoroute surélevée passant au travers de Buenos Aires jusqu’au centre-ville.
Buenos Aires, qui signifie « Bons Airs » en francais, a pour nom officiel « Santisima Trinidad y Puerto de Nuestra Senora del Buen Ayre » (ouch), fut fondé par les espagnols en 1536 afin de doter l’Empire Espagnol d’un accès à l’océan Atlantique pour les mines de Bolivie. La ville étaient cependant de peu d’importance pour les espagnols puisque ceux-ci privilégiaient les ports de la cote ouest, principalement celui de Lima, qui était alors la capitale de l’Empire Espagnol en Amérique.
Buenos Aires était donc une ville de second ordre jusqu’à l’Indépendance de l’Argentine au début du 19ème siècle… tout un contraste avec la situation actuelle…
Avec plus de 14 millions d’habitants, soit plus de 25% de la population totale du pays, Buenos Aires est la Capitale et Coeur de l’Argentine.
Plus que cela… Buenos Aires est souvent considérée « Paris de l’Amérique du Sud » et la ville la plus européenne du continent.


La comparaison tient la route quand on flâne dans les rues. Peu importe le quartier; Recoleta, Palermo, La Boca, Centro, Retiro et San Telmo, petites et grandes artères sont bordées par de beaux bâtiments de 5-8 étages.


PUERTO MADERO
En plein coeur de la ville, l’ancien port fut d’abord laissé à l’abandon, au point de devenir une friche industrielle, pour finalement être reconverti en centre-ville branché il y a environ 10ans…

Son architecture de type industriel et ses vieilles pierres, mixé avec des bâtiments contemporains, est organisé autour des anciennes écluses. Longues de plusieurs km, celles-ci agissent comme la colonne vertébrale du nouveau quartier et sépare très distinctement Puerto Madero du reste de Buenos Aires.


CEMENTERIO DE LA RECOLETA
Je n’ai jamais vu autant de monde dans un cimetière…
Le Cimetière Recoleta, situé dans le quartier éponyme, sert de repos éternel aux membres de la haute société de Buenos Aires. Les mausolées y sont des plus extravagantes, faisant du cimetière l’un des endroits à ne pas manquer lors d’un passage à Buenos Aires.
Il y avait tellement de bruit que ça aurait pu réveiller les morts de leur sommeil éternel.
La « résidente » la plus célèbre du cimetière est sans aucun doute Eva Peron. Sa tombe est vénérée comme l’est celle du chanteur Jim Morrison au Cimetière du Père Lachaise à Paris.



EVA « EVITA » PERON
En 1952, Eva Peron n’avait que 33ans lorsqu’elle fut emportée par un cancer de l’utérus. Elle avait encore toute la vie devant elle, mais avait déjà tant fait.
Né Maria Eva Duerte… morte Maria Eva Duerte de Peron… connue de tous les argentins sous le nom de « Evita », on raconte qu’à sa mort, les fleuristes du pays tout entier furent en rupture de fleurs.
Né en 1919 et fille illégitime d’un riche aristocrate de Buenos Aires, Evita grandissait avec sa mère et ses 4 frères et soeurs, en campagne, dans la pauvreté la plus totale. Vers 15 ou 16ans, elle décidait de plier bagages pour tenter sa chance à Buenos Aires.
Après avoir joué quelques rôles mineurs au cinéma, elle se dégote un rôle dans une émission de radio. Elle ne quitterait plus jamais ce micro, celui-ci lui donnant une tribune pour dénoncer les injustices grandissantes en Argentines.
– Elle rencontre Juan Peron en 1944…

– Celui-ci est alors marié et Colonel dans l’Armée…

– Evita et lui se marient en 1945…

– Juan est élu démocratiquement président de l’Argentine en 1946…

– Grand socialiste voulant réformer le système pour créer une Argentine plus égalitaire, Juan fait d’Evita l’une de ses ministres. La notoriété d’Evita ne fait que grandir… tout comme sa tribune pour dénoncer les injustices…

– Alors qu’elle songeait à se présenter elle-même au présidentielle d’Argentine, elle est emporté en 1952 par un cancer de l’utérus…

– On lui fait des funérailles d’état et plus de 3 millions d’argentins défilent devant sa chapelle ardente…

– Evita n’avait cependant pas que des amis. Très engagée auprès des pauvres et pour la cause des femmes, la haute société de Buenos Aires l’avait en horreur. Au lendemain de sa mort, on retrouvait des graffitis « Viva el Cancer (Vive le Cancer) » un peu partout en ville.

– En 1955, Juan Peron est renversé par un Coup d’État militaire. La haute société, les militaire et la police aiment rarement les gouvernements qui viennent en aide aux plus démunis… au détriments des intérêts des riches.

– Le nouveau gouvernement militaire interdit alors aux argentins de prononcer les noms Juan Peron, Evita ou Eva Peron, sous peine de sanction…

– Forcé à l’Exil en Espagne, Juan Peron revient en Argentine en 1972, pour être à nouveau élu démocratiquement comme président d’Argentine.

– Il meurt en fonction en 1974… est remplacé par sa 3ème femme… qui est renversée par un nouveau Coup d’État militaire en 1976…
Pour ceux qui auraient vu le (très mauvais) film « Evita », sorti en 1996 et mettant en vedette Madonna et Antonio Banderas, sachez que le film est une fausseté du début à la fin. Entre autre, Ché Guevara n’a jamais rencontré Evita.

LA DICTATURE – 1976 à 1983
Le renversement du gouvernement Peron par les militaires en 1976, et la dictature qui s’en suivit, représente probablement la période la plus sombre de l’histoire de l’Argentine.
De son nom officiel « Proceso de Reorganizacion Nacional (Le Processus de Réorganisation Nationale) », la Dictature ne supportait aucune opposition. Le régime se lançaient dans une véritable chasse aux sorcières pour éliminer tous leurs opposants; partis d’oppositions, écrivains, universitaires, prêtre, etc.
Vous étiez revendicateur d’un quelconque droit ou pire encore communiste… la police vous arrêtait pour une interrogation (sans nécessiter de mandat)… on vous droguait… vous mettait dans un avion… et on vous jetait en plein vol dans le Rio del Plata.
Ces vols étaient appelés « Les Vols de la Mort », et l’action de vous jeter dans le Rio del Plata en plein vol était surnommé « le Flat de la Mort ».
Vous savez quand on saute dans un piscine de trop haut et qu’on touche l’eau avec le ventre… ça fait mal… imaginez être lancé depuis un avion… de cette hauteur l’eau se transforme en béton… et vous vous transformez en crêpe lorsque vous touchez l’eau.
Bref, je crois que vous avez compris l’idée…
Résultat, le régime a fait plus de 30000 disparus (Desaparecidos), 15000 fusillés, 9000 prisonniers politiques et plus de 1.5 millions d’exilés (sur les 30 millions d’habitants du pays à l’époque).
Ne voulant pas tuer de femmes enceintes, le régime les gardaient en captivités jusqu’à ce qu’elles donnent naissance, puis confisquaient le bébé et tuait la mère. Les bébés étaient donnés en adoption illégale à des familles de policiers ou militaires.
Il y a une dizaine d’année le gouvernement d’Argentine a lancé un programme de test ADN. Des femmes qui savaient leur fille enceinte lorsqu’elle a disparu, et qui étaient convaincu d’avoir un petit fils/fille vivant quelque part pouvaient donner de leur ADN. Le gouvernement invitait aussi les argentins aujourd’hui âgés entre 37 et 42ans à faire ce test si ils avaient des doutes sur leur origine. Le test compare l’ADN de l’enfant (adulte), avec les mères de filles disparues… et pouf… le programme a jusqu’à maintenant permis de « retrouver » 114 enfants.
Imaginez comment vous devez vous sentir en découvrant que vos parents ne sont pas vos véritables parents, et que votre véritable mère fut assassinée.

L’Argentine est finalement retournée à la Démocratie en 1983…
Depuis, le pays est en constante crise économique depuis ce temps, ayant des récessions et inflations monstres.
On raconte que de voyager/vivre en Argentine en 2017 est 45% plus cher que l’an dernier. Dans 2 mois, ça pourrait bien monter ou redescendre drastiquement. Pour l’heure, les prix sont similaires à l’Europe, mais les salaires argentiniens sont du genre Mexique. Plusieurs argentins ne peuvent même pas s’offrir des biens de base.

Pour terminer sur une note positive, c’est dans les quartiers pauvres de Buenos Aires qu’est né le Tango (danse) il y a un peu plus de 100ans. Pour être plus précis, le Tango est né dans les bordels (maisons de prostitution) de La Boca. À l’image du Blues, le Tango était un moyen d’extérioriser sa souffrance par la danse.



4 Février 2016
S’en est fini de Buenos Aires et de l’Argentine.
Contrairement au chili, où j’étais triste et nostalgique de quitter, je ne peux contenir ma joie de partir sous d’autres cieux…
Direction l’Uruguay… avec Tanzi de retour à mes cotés.

Épisode 102 – Nahuel Huapi… la fois où je pensais faire un trek facile… ouch

 Les lumières du bus fendaient la noirceur de la nuit sur la Ruta 40 au travers de la plaine infinie qu’est la Patagonie argentinienne… que des buissons à perte de vue sur 360 degrés.

Après avoir roulé toute la nuit, changé de bus en matinée, et roulé toute la journée, j’arrivais finalement à destination 25heures après mon départ de El Chalten;
B A R I L O C H E
Ce nom avait été sur beaucoup de lèvres depuis mon arrivé en Amérique du Sud… comme dans « Tu dois à tous prix passer par B… ».
Eh bien, j’y étais… déjà… que le temps passe vite… je suis « déjà » à remonter vers le Canada 😉
Il y a de tout pour tout le monde à Bariloche; destination no.1 pour skier dans les Andes en hiver (avril à septembre… mais surtout juin à aout) et Mecque de la randonnée et du plein air en été… ou farniente (avec une bouteille de vin) sur le bord d’un lac avec une vue de fou à l’année longue. Bariloche a tout d’un Chamonix Argentin… peut-être du Chamonix sud américain point à la ligne. Il n’y a probablement que Pucon et Puerto Varas (au Chili) qui peuvent se rapprocher de Bariloche, mais en moins connus, et qui sont toutes les 2 à seulement quelques centaines de km.
À Bariloche je ne suis plus en Patagonie (même si le slogan de la ville est « La Porte d’Entrée en Patagonie » (on joue avec les mots). Je suis désormais dans la province des Los Lagos (Les Lacs).
Bariloche, mot Mapuche (les natif qui vivaient là avant d’être chassés au milieu du 19ème siècle), signifie « le peuple derrière la montagne. Fondée par des immigrants allemands au 19ème siècle, une légende locale veut que Adolf Hitler et sa compagne Eva Braun se soient réfugiés à Bariloche après la 2ème Guerre Mondiale. Ils y auraient vécu jusqu’aux années 60. Les corps de Adolf Hitler et sa compagne Eva Braun n’ayant jamais été retrouvé, L’Histoire veut que les 2 soient morts lors des derniers jours de la guerre, mais leur corps n’ont jamais été retrouvés. Des livres et 1 film ont d’ailleurs été faits à ce sujet. Pour clore le sujet, un ancien SS a été retrouvé à Bariloche en 1995. Il avait changé d’identité et était le directeur de l’école.
J’arrivais à Bariloche avec l’intention de faire une randonnée de plusieurs jours (quelle surprise) dans le Parque Nahuel Huapi… le plus vieux Parque Nacional d’Argentine.

NAHUEL HUAPI
Parque Nacional le plus visité d’Argentine, Nahuel Huapi offre un mélange de forêt, de montagnes frôlants les 2000-3000m, et de jolies lacs. Le Parque est super bien aménagé avec une multitude de refuges et une des tonnes de sentiers pour l’explorer du nord au sud, de haut en bas.
En suivants les conseils d’un couple de brésiliens rencontré quelques semaines plus tôt à Puerto Williams, je décidais de m’attaquer à la randonnée des « Los Cinco Lagos (Les 5 Lacs) », les 5 lagos étant le Negra, le CAB, le Creton, le Azul et le Ilon; « Avez cette randonnée, tu vas éviter la horde de touristes, avoir un bon défit devant toi et voir de supers panoramas ».
On m’avait conseillé de le faire en 4-5jours… je planifiais le faire en 2.5jours, tout en et y ajoutant (en extra) l’ascension du volcan Tronador jusqu’au Refugio Otto Meiling… pour un total de 4jours/3nuits.
Sur de moi, j’avais même réservé mon billet de bus pour quitter Bariloche vers d’autres cieux au 5ème jour.
En m’enregistrant à l’office du parc de Bariloche (je pouvais faire cette randonnée seul et il n’y avait aucun frais ou matériel requis… donc pourquoi ne pas m’assurer les arrières en cas de pépin), j’expliquais mon itinéraire au Ranger (un guide comptant plus d’une 20ème d’années d’expérience dans le parc), et celui-ci me répondait;
« En seulement 4 jours!!! Tout en se grattant la tête… puis en m’offrant une poignée de main… et en me lâchant un « Bonne Chance » sur un ton sarcastique.
Je voyais bien qu’il pensait que je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait. Je ne le savais pas encore, mais il avait bien raison.

Je quittais Bariloche à la 1ère heure dans un bus de ville en direction de Colonia Suisa.
08.59 – Au final d’une route de terre perdue au beau milieu des bois, le bus s’arrêtait, le chauffeur se tournait vers moi (j’étais le seul à bord) et s’exclaffait « gringo… rio lopez aqui »…
Plus de doute, j’avais décidément choisi un trek en dehors des circuits touristiques… yessss…
Je commençais alors ma marche en forêt. Ici, pas de vent violent, pas de pluie à l’horizontale, pas de tempête de neige… seulement de la grosse chaleur… et des moustiques. Cela ne voulait toutefois pas dire que ce serait facile.
Je me retrouvais dans des paysages canadiens typiques. J’aurais pu être dans le parc des Hautes-Gorges que l’illusion aurait été parfaite.
Au travers du feuillage, j’apercevais une haute montagne de granite devant moi… forcément ma 1ère destination; le Cerro Lopez.  
Pour l’ascension du Cerro, le sentier préférait les lignes droites au zig zag… de sorte que le sentier était très incliné…
J’arrivais au Refugio Roca Negra, peut-être le plus beau refuge de montagne que j’ai vu dans ma vie (si on exclu le galactique Refuge du Gouter sur le Mont Blanc). De l’architecture rustique dans toute sa splendeur.

J’atteignais par la suite le Refugio Lopez, dit « La (très laide) Petite Maison Rose dans la Montagne », se donnant des airs de nid d’aigle surplombant la vallée.

De là, il ne restait plus que 450m de dénivelé positif pour atteindre le sommet. La randonnée n’était désormais plus pour les randonneurs du dimanche; il fallait franchir une paroi rocheuse en condition semi-escalade.


Après 3h, 4.2km de marche et +1230m de dénivelé positif, j’atteignais finalement le sommet du Cerro Lopez. Culminant à 2076m, le Cerro offrait une impressionnante vue à 360, avec Bariloche tout au loin d’un coté, et le Volcan Tronador de l’autre, le seul géant des neiges du parque du haut de ses 3500m.



C’est au sommet du Cerro Lopez que je réalisais l’ampleur de la tâche que je m’étais confiée. J’avais prévu dormir sur les flancs du volcan dans 2 jours, mais j’avais un instant de panique en voyant le nombre de montagnes qui se dressaient entre ma position actuelle et le Tronador… ouch.
Il valait mieux se remettre l’ouvrage puisque la journée était loin d’être terminée. Pour atteindre mon objectif du jour, il me restait encore à franchir 10km de marche, plus de -1270m de descente, et +870m d’ascension.
Sans plus tarder, je disais Au Revoir à Bariloche et basculais dans la nature la plus totale.
1er obstacle; une descente casse-cou dans un champ de roche… que dis-je, une paroi complètement instable à plus de 70 degrés d’inclinaison et faite de roches de toutes tailles.


Chaque pas devait être soigneusement placé… je manquais mon coup quelques fois, dont l’une ou je chutais d’une bonne cinquantaine de mètres sans rien pouvoir contrôler. Je protégeais alors ma tête avec mes mains et espérais pour le mieux.
Une fois dans le fond de la vallée, j’entreprenais presque aussitôt l’ascension d’un 2ème sommet; le Cerro Bailey Willis, pour ensuite franchir un champ de grosse roche à la diagonale. Je suivais alors les taches de peinture rouge disposées à tous les 100m. L’idée était bien simple; tu rejoins une tache, tu t’arrête, localise la prochaine tache, ajuste ta trajectoire… et baisse la tête pour marcher sur les roches. Avoir la tête en l’air et admirer le paysage en marchant pourrait être fatal dans ce genre d’endroit.


Dès lors, mon objectif du jour, le Laguna Cab, était droit devant moi… de l’autre coté d’un canyon étroit… mais profond.
Une fois descendu les -800m jusqu’au fond du canyon, je me retrouvais à la jonction de 3 rivières. Je perdais complètement la trace du sentier pendant une bonne demi-heure. À partir de là, et jusqu’à mon arrivé à Pampa Linda 2 jours plus tard, ma carte maps.me allait s’avérer complètement inutile. Je devais donc m’en remettre à la bonne vieille technique; mes yeux et mon instinct.
En tournant en rond et en montant et descendant les rivières, je finissais par trouver un super spot de camping… avec le sentier juste à coté.
17.00 – Je décidais que j’en avais assez et y installais mon campement pour la nuit. La journée avait été extrêmement taxante, sur le corps et le mental, mais très amusante.
Distance du jour; 13km


Dénivelé Positif; +1600m

Dénivelé Négatif; -1270m
Pensez-y une seconde. Sans même parler de la distance marché, j’ai monté/descendu presque 3km à la verticale. C’est l’équivalent de monter 4 fois l’édifice le plus haut au monde à la marche.
Je croyais alors que cette journée serait la plus difficile de la randonnée. C’est que je n’avais aucune idée de ce qui allait suivre.

Jour 2 – 17KM EN 11 HEURES
07.38 – C’est un départ… alors que le soleil… et les mouches n’avaient pas encore atteints ma position.
J’étais un peu nerveux en pensant que j’avais fait 13km en 8h la veille, et que mon programme du jour comportait 4 ascensions d’au moins 400m chacune et 17km de marche. Peu importe, tout ce que je pouvais faire était de mettre un pied devant l’autre…
Dès le départ, je me tapais une ascension de +550m jusqu’au Lago CAB… l’endroit où j’avais prévu dormir la veille.
08.43 – Je me trouvais sur les berges du Lago CAB avec ma 1ère ascension de la journée dans la poche. Le lac se situait dans une espèce de cuvette formée par des montagnes de granite sur tous les côtés, sauf celui de où j’arrivais.
Il me fallait maintenant contourner le lac afin de gagner le sentier montant jusqu’au Cerro CAB, le sommet de la cuvette.
Plus facile à dire qu’à faire…
J’avais beau avoir cherché partout et suivi la moindre petite trace, je ne trouvais pas le sentier.
Du coup je décidais de contourner le lac en traçant en ligne droite dans la forêt.
L’heure qui allait suivre serait l’une des pires de ma vie. Plus j’avançais, plus la forêt était dense, et plus je perdais espoir. À certains moment, je devais me battre avec les branches pour avancer. À certains moment, il m’aurait fallu une grosse Machete comme dans les films (je ne rigole pas). Faute de Machete, j’ajoutais à ma collection BEAUCOUP d’égratignures aux bras et aux jambes.
La petite voie dans mon fort intérieur me disait de rebrousser chemin… mais je la mettais en sourdine…
Complètement désespéré, je finissais par changer de stratégie. Je gagnais le bord du lac… pour marcher directement dans le lac.
À voir le nombre de trace de pieds qu’il y avait, je n’avais pas été le seul à me perdre ici et avoir eu cette idée.


Une fois de l’autre coté du Lago, je tombais sur le sentier, comme par magie, et entreprenais ma 2ème ascension du jour.


11.10 – J’étais au sommet du Cerro CAB.
Lors de la descente de l’autre coté, je me perdais encore solide. Il n’y avait tout simplement pas de sentier… pas de traces de peinture… pas de totems… rien… et tout se ressemblait autour de moi.


Je me guidais en me dirigeant vers l’emplacement du prochain lac à atteindre; le Lago Creton.
Je me ramassais à descendre un pan de mur rocheux. Il m’aurait fallu un harnais et une corde pour cette section tellement c’était abrupte et qu’il n’y avait pas de prise pour les pieds et les mains. Mon dieu que j’avais la chienne…
Je manquais céder à la panique à plusieurs reprises. Après tout, j’étais seul perdu seul au milieu de nul part dans un parc en Argentine. Aujourd’hui c’est comme si on m’avait donné un point de départ et un point d’arrivé et qu’on m’avait dit; « arrange toi ».
Je repérais à nouveau le sentier tout juste avant d’entreprendre ma 3ème ascension du jour; le Cerro Los Cristales.
Celle-ci se faisait sans embuche et sans jamais perdre de trace le sentier (les totems). Ça ne veut pas dire que ce fut facile…
14.20 – J’atteignais le sommet du Cerro Los Cristales. La vue était sublime.


Une fois descendu au Lago Creton, je songeais fortement à y arrêter pour la nuit, mais décidais de continuer jusqu’à mon objectif du jour.
15.20 – Je quittais Laguna Creton en destination du Lagune Ilon, 7.5km plus loin. Pour vous donner une idée, j’en avais marché 10km en presque 8 heures depuis le début de la journée. J’avais cependant confiance que je n’allais plus perdre le sentier (une confiance basée… rien).
J’entreprenais donc ma 4ème et dernière ascension du jour pour rejoindre le sommet du Cerro Capitan… sous une chaleur accablante et sans vent. Décidément, quelqu’un en haut avait décidé de me tester.
Cette ascension s’avérait mon moment préféré de la journée; une ascension sur le rock, sans roches instables, ni forêt/buissons, et sans avoir besoin de fixer ses pieds en permanence. Bref, tout sauf ce que j’avais vécu depuis le début de la journée.


L’ascension se faisait en ligne droite à relier les totems. Mes mollets avaient depuis longtemps dépassé le stade d’être en feu… ils voulaient arracher.
J’étais tellement épuisé que je ne ressentais plus la fatigue (c’est assez contradictoire, mais à un certain moment votre corps arrête de vous envoyer des signaux de fatigue).
La vue sur le Tronador du haut du Cerro Capitan était sublime. J’avais le Tronador droit devant moi, sans aucune montagne entre nous 2… quel soulagement.


Pour l’heure, il ne me restait plus qu’à descendre jusqu’au Lago Ilon.
18.45 – 11 heure et 7 minutes après avoir commencé à marcher, je déposais mon sac et enlevait mes bottes sur le bord du Laguna Ilon… ma destination du jour.
Résultat de tout mon hors piste du jour; j’avais les jambes et les bras recouvert de sang séché.
Il m’avait fallu 11 HEURES pour franchir 17km, avec +1700m de dénivelé positif et -1210m de dénivelé négatif… 11 HEURES de randonnée… un record personnel que je ne voulais jamais battre.


Si je ne dormais pas bien ce soir, il y aurait un problème…

Jour 3 – LE TRONADOR
Le camp remballé, que je prenais la direction de Pampa Linda, 8km et -650m plus loin.
Pampa Linda marquait la fin du sentier Los Cinco Lagos.
Avec une grosse bière dans le nez au restaurant du coin, je prenais la direction du Refugio Otto Meiling; 12km de marche,+1000m d’ascension de « Pur Bonheur ».
Sans vent, ni nuage, c’était la canicule… et les mouches s’en donnaient à coeur joie… à m’en rendre fou. Avec toutes les grosses mouches noires que j’avais tuées depuis mon départ de Pampa Linda, j’aurais pu me faire une soupe très consistante.
15.00 – J’étais désormais sur les hauteurs de la vallée. J’avais alors le glacier du Tronador juste devant moi. Sur la gauche, le glacier se transformait en une chute vertigineuse (Saltillo de las Nalcas), qui dégringolait plusieurs centaines de mètres sur une paroi rocheuse jusqu’au fond de la vallée.


Le Refugio Otto Meiling dominait la vallée. Du haut de ses 1885m, il se situait au pied du glacier du Volcan Tronador. Peu importe le coté où je regardais, je voyais des sommets à perte de vue.


Un endroit de merde… croyez-moi sur parole… et j’avais le « malheur » d’y passer la nuit 😉

Jour 4 – ON REDESCEND

23jan
Ayant trainé les pieds au Refuge Otto Meiling jusqu’à 11.00, je mettais finalement le cap sur Pampa Linda… un petit -1000m de descente réparti sur 12km de marche.
Dès le départ, je mettais mon costume de musulmane (malgré une chaleur écrasante je couvrais chaque bout de peau pour que les mouches me laissent tranquille), inondais mon cerveau de musique électronique (à tue tête… pour me pas entendre les mouches bourdonner autour de moi) et enclenchais le cruise control; mes pieds connaissaient le chemin, ils savaient ce qu’il y avait à faire… je donnais congé à mon cerveau.

  
Allez… on en fini…
Bariloche ce soir…

ÉPILOGUE NAHUEL HUAPI
Et moi qui pensait avoir affaire à une petite randonnée tranquille en forêt. C’est en fait ce qu’offre Nahuel Huapi… sauf pour la randonnée des « Los Cinco Lagos » de Colonia Suisa à Pampa Linda via le Cerro Lopez.
Je classe cette randonnée dans mon Top3 des randonnées les plus difficiles que j’ai faite en Argentine/Chile; le Circuit Huemul bon 1er, Dientes de Navarino en second (même si c’est en Terre de Feu) et celle-ci 3ème.
Pour tout dire, par moment sur le Los Cinco Lagos, je me serais cru sur le GR20 en Corse… en un peu plus technique.
Bon… il faut aussi relativiser… j’avais fait en 2.5jours une randonnée qui était supposée me prendre de 4 à 5jours…

LES VACANCES
Avec mon départ de Bariloche, j’entreprends officiellement la portion « vacance » de mon voyage. Les 2 prochains mois ne comporteront que peu ou pas de randonnées alors que nous visiterons l’Uruguay, le Paraguay (peut-être), le Brésil, la Guyane Française, le Suriname et Guyana.
Notre prochaine grande randonnée devrait être au Venezuela (oui… j’ai bien dit Venezuela… mais c’est un TRÈS GROS peut-être), sinon lors de notre retour en Bolivie ou au Pérou.

Il est maintenant temps de couper cette barbe…

Épisode 101 – Circuit Huemul; LE Trek Ultime en Patagonie

*IMPORTANT*

Ce trek est TOUT SAUF pour les randonneurs du dimanche. Il faut avoir beaucoup de « millage » dans ses souliers de montagne, de l’expérience sur glacier, du sang froid à revendre et un brin (ou 2) de stupidité, pour s’attaquer à ce trek. 

13 Janvier 2016 – El Chalten
J’avais donc réussi à louer un harnais (Voir Fin de l’Épisode 100)… 
Un stop au (tout sauf super)marché du coin et j’étais fin près à 4 jours d’autonomie complète (encore) sur le Circuit Huemul. 
Huemul est le nom d’un mammifère, qui ressemble à une antilope, et qui est très commun en Patagonie. C’est aussi le nom d’une montagne située à quelques 20km au sud-ouest de El Chalten; le Cerro Huemul, autour duquel le Circuit Huemul zigzague… un Circuit réputé comme une randonnée exigeante de 4 ou 5 jours, en dehors des sentiers battus, avec un sentier compliqué à suivre (parfois inexistant), avec quelques sections assez techniques (dangereuses), de la marche sur glacier (ça sonne amusant… pas vraiment), aucun service (oubliez la douche le soir… et les toilettes)… et beaucoup BEAUCOUP B E A U C O U P de vent. 
Bref, le genre de randonnée où on ne croise pas beaucoup de monde… mon genre de randonnée…

Jour 1 – QUAND LES ÉTOILES S’ALIGNENT
Départ; Info Touristique de El Chalten 

Arrivé; Camp Toro

Distance; 17km

Dénivelé; +660m, -400m
11.00 – Avec déjà 13km dans les jambes en matinée, je me trouvais au départ du Circuit à l’Information Touristique à l’entrée de El Chalten… un peu nerveux. 
Pour faire le Circuit Huemul, il fallait en théorie (et en pratique) s’enregistrer auprès des gardiens du parc, être au moins 2 personnes et avoir TOUT l’équipement obligatoire (j’avais presque tout sauf des crampons et une corde… trucs que j’avais jugé non essentiel).  

  
Voyant qu’il n’y avait pas vraiment de point de contrôle, je passais en coup de vent sans m’enregistrer (pas que je ne voulais pas m’enregistrer… mais si je m’étais enregistré, ils auraient vu que j’étais seul…) et je commençais mon périple. Une personne, rencontrée quelques jours après la fin de ma randonnée, me confiait qu’elle avait tenté de faire le Circuit Huemul et qu’un garde du parc lui avait refusé l’entrée à ce même endroit 🙂
Direction le 1er campement sur le bord du Laguna Toro… 17km plus loin.
Dès le départ, le sentier proposait une ascension de +600m, avec Fitz Roy qui brillait de tous ses feux sur la droite… et le soleil qui tapait solidement sur la tête.
À mi-chemin, je débouchais sur une clairière avec une vue époustouflante sur le Lago Viedma, l’un des plus gros lac d’Argentine. Si tout se passait bien, je serais sur ses berges dans 2 jours.

    
À partir du 8ème km, s’en était fini de Fitz Roy. Je descendais alors jusqu’au fond d’une vallée avec le Cerro Huemul impossible à manquer devant moi. Je pouvais alors voir une rivière bleu zigzaguer jusqu’au fond de la vallée et remonter jusqu’à un lac se trouvant au pied d’un glacier… le Laguna Toro… ma destination du jour. 

        
Si le Circuit Huemul comportait une journée facile, c’était DE LOIN celle-là, avec un sentier sans difficulté et bien balisé. 

En voyant le Camp Toro pour la 1ère fois, on pourrait penser qu’il s’agit d’un décor pour une reconstitution de bataille lors de la guerre de sécession aux États-Unis; dans une petite forêt juste à coté d’une clairière, avec des barricades de bois partout. Ces barricades mes amis sont ce qu’on appelle « se protéger du vent le mieux possible avec les moyens du bord ». Parce qu’il ventait fort quand je suis arrivé, mais il allait venter TRÈS (trop) FORT toute la nuit. 

   
    
Le vent venait par rafale (extrêmement puissante), repartait… revenait aussi fort… et ainsi de suite. Tu es couché dans ta tente, il ne vente pas du tout… et puis tu entends un bruit qui se rapproche de plus en plus… fouettant les arbres au passage… comme si une chute d’eau te fonçait dessus… le bruit gagne en intensité jusqu’à devenir assourdissant… et le vent frappe… et ça fesse… et tu te blottis dans ton sleeping en ayant les yeux bien ronds et en souhaitant que ta tente résiste et que tes piquets soient solidement plantés.
Puis… tout redevient tranquille… en attendant la vague suivante. 
Après quelques rafales, tu relaxes un peu en te disant que si ta tente a résisté à toutes les rafales précédentes, elle devrait faire de même avec les suivantes… et tu t’endors… zzzzz

Jour 2 – PASO DEL VIENTO
Départ; Camp Toro

Arrivé; Refugio Paso del Viento

Distance; 12km

Dénivelé; +850m, -650m
07.30 – Par un matin gris & venteux, et alors que tout le monde dormaient encore à poing fermé (il y avait 7 autres tentes la veille), je prenais mon petit déjeuner, rangeais le campement et puis scram gram.
Direction la « Paso del Viento (le Col du Vent) » quelques +800m plus haut. Avec un nom pareil, je n’osais imaginer comment il pourrait venter… puisqu’il ventait déjà à écorner des boeufs. Je ne voyais alors que des montagnes devant moi;
– Sur ma gauche… des nuages noirs et une dangereuse montagne,

– Sur ma droite… un glacier perdu dans les nuages.

– Tout droit devant… un mélange de nuages blancs et de ciel bleu et une toute gentille montagne,
L’une de ces destinations serait l’heureuse élue…
Une rivière à passer via une tyrolienne (simple corde d’acier) bien accroché avec son harnais et je quittais les berges du Laguna Toro pour marcher en périphérie du Glacier Rio Tunel (nom de merde). 

   

  

 C’était la fin de la promenade dans le parc et le début d’une solide journée de travail. 
J’empruntais un section hyper délicate à traverser en ligne droite un champs d’éboulement instable et sans véritable sentier. Je tentais bien que (plus) mal de suivre les rares totems. 
J’avais beau marcher sur de la roche en bordure du glacier, je savais fort bien que j’étais SUR le Glacier Rio Tunel… sur une portion recouverte de cailloux… certaines portions de glace noire étaient sans équivoque sur ce point. 

            
J’étais tour fin seul au milieu de nul part et remplis d’un mélange de peur et de joie. Aussi belle soit la nature qui m’entourait, le tout pouvait rapidement se transformer en catastrophe si je n’étais pas 100% attentif à où je posais les pieds. 
Une fois atteint le Laguna Tunel, s’en était fini de longer le glacier; je montais maintenant directement à la Paso del Viento par la paroi d’une des montagnes… +600m d’ascension sans relâche sur un « beau » sentier avec un petit glacier sur la droite. 

  
11.29 – J’atteignais la Paso del Viento après avoir marché 7.1km en 4 heures. Le vent ne faisait alors aucun compromis; c’était comme si un immense sèche-cheveux me soufflait dessus en permanence. Je devais attendre le bon moment pour mettre un pas en avant sinon je reculais et perdais du terrain. 
Je basculais ensuite dans une nouvelle vallée entièrement occupée par l’immense Glacier Viedma. La vue était I N C R O Y A B L E… à perte de vue une mer de glace figée dans le temps (les photos ne rendent aucunement justice à l’endroit puisqu’il n’y a pas de référence humaine pour juger de l’ampleur).

        
13.02 – J’atteignais le Refugio Paso del Viento après avoir emprunté un sentier tout en descente dans une toundra rocheuse adjacente au Glacier.
Ne vous emballez pas avec le mot Refugio; la vieille cabane avait été construite dans les années 50/60 par l’armée argentinienne afin de préparer leur troupe aux rigueurs de l’Antarctique… ça vous donne une idée des conditions qui peuvent prévaloir ici. L’endroit servait dorénavant de salle à manger avec quelques très vieilles chaises et tables.

      
Peu importe, c’était tout ce que j’avais besoin pour afficher mon plus beau sourire après une dure journée au bureau 🙂
Ce que je ne savais pas encore c’est que la pire partie de cette dure journée allait être la nuit… avec de terribles rafales de vent s’abattant sur le site (pire que la veille). Par 3 fois, je devais aller replanter les piquets et replacer les roches sur les coins de ma tente. 
Des 8 tentes qu’il y avait la veille au Camp Toro, il n’en restaient que 3 ce soir… tous les autres ayant rebroussés chemin à un moment ou à un autre durant la journée.

Jour 3 – LE VENT M’EMPORTERA
Départ; Refugio Paso del Viento

Arrivé; Bahia de Hornos (Lago Viedma)

Distance; 16km

Dénivelé; +400m, -800m
En regardant la carte et une section du sentier, j’aurais pu croire (et je l’ai cru) que cette journée serait facile. En effet, le sentier était assez plat dans la 1ère partie, pour ensuite descendre « tranquillement ». C’est avec cette mentalité (d’avoir une journée facile devant moi) que je quittais le Refugio Paso del Viento… 
Erreur… moi qui croyais avoir subi le pire vent de ma vie à Torres del Paine (Voir Épisode 98)… mon 3ème jour sur le Circuit Huemul allait me faire changer d’idée radicalement.
Je marchais sur un sentier en montagne russe, au travers d’un paysage sculpté depuis des millénaires par la glace et le vent, avec une montagne sur ma gauche et une vue I M P R E N A B L E sur le Glacier Viedma en contrebas sur ma droite. Le sentier était en théorie très facile à suivre, mais en pratique rendu extrêmement difficile en raison du vent.    

  

  

   

    
   
    
Voyez-vous, le vent changeait constamment de sens. Quand celui-ci poussait vers la montagne, dans mon dos ou de face, il n’y avait (relativement) aucun problème… mais plus souvent qu’autrement il venait latéralement en dévalant la montagne… et essayait de me pousser tout en bas de la montagne. Vu l’étroitesse du sentier, un pied placé au mauvais endroit aurait pu résulter à rendre une visite au Glacier quelques centaines de mètres plus bas. 
Quand j’entendais une rafale descendre de la montagne, j’arrêtais de marcher, m’encrais solidement les pieds et tentais de prendre appui avec une main sinon 2 (c’était aussi pire que cela). 
Si j’avais eu l’impression d’avoir un sèche-cheveux devant moi durant la journée d’hier, j’étais aujourd’hui dans une soufflerie industrielle. Je me faisais rabattre par terre par le vent une bonne demi-douzaine de fois comme si j’étais une vulgaire poupée de chiffon (et je suis très solide sur mes pieds)… heureusement du coté de la montagne. 
Je croyais cette section difficile… mais je n’avais encore rien vu…
Tranquillement, mais surement, je me dirigeais jusqu’au point le plus haut du Circuit Huemul à la Paso Huemul, après quoi le sentier descendrait jusqu’au niveau du Lago Viedma -750m plus bas. 
J’atteignais Paso Huemul au final d’une courte, mais pénible ascension. Le vent ne donnait aucun répit. Quand il se calmait, c’était simplement pour revenir plus fort. 
Paso Huemul est le genre d’endroit (qui pourrait être) magnifique, avec une superbe vue sur le Glacier ET le Lago Viedma… mais il est impossible d’en profiter puisque tu luttes pour ta vie.

  
Pour avoir une vue panoramique complètement dégagée du Lago et du Glacier, j’avais (la TRÈS MAUVAISE) idée de monter au sommet d’une colline surplombant la Paso. 
Soyons bien clair; j’ai eu ma photo, mais à quel prix. Je n’ai JAMAIS eu à lutter (et le mot est très bien choisi) contre un vent aussi fort. Je me faisais frapper par des vagues de vent. C’était comme si j’étais en apnée depuis un peu trop longtemps sous l’eau; j’avais de la misère à respirer tellement le vent m’essoufflait (ce qui est assez contradictoire en soit). 

    
Je me retrouvais coincé au sommet de la Paso. Le vent décidait où j’allais… et il était futile d’offrir quelconque opposition… sauf à partir du moment où il décidait de me pousser en bas d’une falaise. De toute ma vie, j’ai rarement eu aussi la chienne qu’à ce moment. 
Pendant un bon 4-5minutes (qui semblent avoir durée des heures), j’avais les 2 pieds bien ancrés dans le sol, et le vent réussissait quand même à me faire reculer… et me pousser tranquillement vers le précipice. Je criais (sacrais) de toute mes forces en pensant que c’était extrêmement stupide de ma part d’être venu ici seul et sans m’enregistrer. 
Puis, le vent me donnait une petite fenêtre de répit. Je m’empressais alors de descendre et regagner le (non) sentier. J’étais sauvé…
Si moi, qui ai des jambes de béton, a bien failli me faire emporter, je ne souhaite à personne d’avoir la mauvaise idée de monter au sommet sommet de la Paso Huemul. 
Remis de mes émotions, j’entamais la dernière section du jour; la descente vers le Lago Viedma, que j’avais maintenant droit devant moi.            


    
La journée était loin d’être terminée puisque la descente se faisait via un sentier plus vertical qu’horizontal, sur une paroi à plus de 70 degrés d’inclinaison… au travers d’une forêt d’arbustes piquants sur un sentier à peine débroussaillé. En faisant abstraction du vent, ce serait assurément la section la plus difficile du circuit. 
Cette section était un mur difficilement (voir impossible) à descendre par jour de pluie. Je comprenais maintenant pourquoi il était fortement déconseillé de faire le circuit dans le sens des aiguilles d’une montre; monter cette paroi aurait nécessité quelques (grosses) heures. 
Toute la fatigue, accumulée durant ma lutte contre le vent, me descendait désormais dans les jambes. Et moi qui avait osé penser que cette journée serait facile. 
14.35 – J’atteignais le bord du Lago Viedma et trouvais un site convenable pour installer mon camp pour la nuit. 
Il me restait alors 4 petits pains, 1 sachet de soupe et un sachet de riz. Il ventait beaucoup trop pour utiliser mon bruleur. Je prenais donc le pari que demain matin sera moins venteux et gardais le riz pour déjeuner. 
Ce soir, mon dinner serait 4 petits pain et une soupe froide. Comme on dit; c’est mieux que rien. Avez vous déjà eu un repas où le pain était le gout… moi oui. Sur le bord du lac à manger mon festin, je me perdais dans mes pensées à penser à Tom Hanks dans « Seul au Monde »… au moins moi j’avais de l’eau potable à profusion. 
J’avais le sourire fendu jusqu’aux oreilles en pensant que j’allais passer la nuit tout fin seul sur le bord du Lago Viedma (je ne sais pas ce qui était advenu des 3 autres tentes), perdu quelque part dans le Parque Nacional Los Glaciares, à moins de 17km à vol d’oiseau d’une des villes les plus touristiques d’Argentine (et de tout le continent sud américain). 

      
Surprise… ce n’était pas le vent, mais bien mon vieil ami la pluie, qui allait me « bercer » lors de cette 3ème et dernière nuit sur le Circuit Huemul. Je rêve au lendemain; douche chaude, lit douillet et bar open sur la nourriture et la bière.
NOTE

La description de cette journée de randonnée semble tirée par les cheveux et sensationnaliste. Well… si vous faites un jour le Circuit Huemul, vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenu. Il y a fort à parier que je suis tombé sur une de ces journées où le vent se déchaine, et que vous pourriez passer la Paso Huemul, sans trop d’opposition du vent, mais bon…

Jour 4 – LE SENTIER QUI VA NUL PART
Départ; Bahia de Hornos (Lago Viedma)

Arrivé; El Chalten

Distance; +/-25km (difficile à évaluer)

Dénivelé; (impossible à évaluer)
06.30 – Une forte pluie, jumelée à d’intenses rafales de vent me souhaitaient « Bon Matin ». Je décidais de dormir 1h de plus.
07.30 – Ma patience avait rapportée; la pluie avait cessé et j’avais un ciel bleu au-dessus de ma tête.

  
08.05 – J’avais bien l’intention d’en finir au plus vite avec le Circuit. Direction El Chalten par delà champs et collines. 

   
  
 Comme il fallait s’y attendre, cette journée ne s’avérait pas aussi facile que prévue; le sentier était impossible à suivre en raison de la présence de beaucoup de sentier alternatif créés par le bétail. 
Résultat; après avoir perdu beaucoup de temps à zigzaguer et me faire leurré par ces « faux » sentier, j’avais décidé de marcher en droite ligne en me fixant un point à l’horizon. 

  
Une 2ème (et dernière) tyrolienne sur le Circuit et j’arrivais à Bahia de Hornos, à la fin du Lago Viedma. 

  
De là, il ne me restait plus qu’à couper au travers des collines avec El Chalten à moins de 9km. 

La fin du Circuit se terminait en queue de poisson alors que toute les « sorties » du Circuit, indiquées sur ma carte, avaient des clotures avec de gros écriteaux « No Pasar (Interdit de Passer) ». Quelqu’un avait du clôturer ces « sorties » sans penser aux randonneurs, de sorte que ceux-ci se retrouvaient « prisonniers » du Circuit et devaient faire de gros détour, sans la moindre trace de sentier, pour rejoindre El Chalten. 

  
13.15 – Je posais les pieds à Chalten.
Chow Bye Patagonie…
Direction Bariloche dès demain…

TIC TAC
Autant je viens de passer les 2 derniers mois à ratisser chaque coin du Chili, autant à peine arrivé en Argentine que mon temps y est déjà compté. 
En effet, mon nouvel objectif est d’atteindre Rio (Brésil) pour le Carnaval à la fin février. Pour ce faire, je devrais être à Buenos Aires début février pour obtenir mon visa de touriste (pour le Brésil).
Comme quoi, même quand on a tout le temps du monde pour voyager, il faut quand même faire des choix déchirants (je sais… je sais… ça vous attriste au plus haut point). 

Épisode 98 – Torres del Paine; Entre Glaciers et Granites

Que faisiez vous le 25 décembre 2016?
Moi? 
Facile!!!
J’avais les couilles ratatinées comme des raisins secs à m’émerveiller devant l’une des plus belles vues que j’avais pu voir dans ma vie…
Retournons quelques jours en arrière. 

07.00 – 21 Décembre 2016
Par un matin frisquet (glacial), des dizaines, voir des centaines de randonneurs convergaient vers la station d’autobus de Puerto Natales avec un seul et même but; prendre l’un des 3 bus en partance pour le Parque Nacional Torres del Paine à 07.30. 

  

TORRES DEL PAINE POUR LES NULS
Le parc se situe dans la Cordillera del Paine et se concentre autour de massifs de granites pointant vers le ciel; les Torres (tours). En plus des massifs, les forêts majestueuses et les glaciers abondent. Tout cela mélangé ensemble fait de Torres del Paine un petit paradis sur Terre pour la randonnée. 
« Paine » signifie « Bleu » en language Patagon… et les lacs et rivières à l’eau plus bleu que bleu n’y manquent pas. 
Pour ceux qui rêve de la Patagonie, vous ne le savez peut-être pas, mais Torres del Paine est l’étoile d’entre toute les étoiles de la région… et pour cause… 
Élu 5ème plus bel endroit sur Terre par le National Geographic, Torres del Paine fut l’une des première réserve naturelle classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO (1978).
Avec Macchu Picchu, le Parque Nacional Torres del Paine est assurément le sentier d’Amérique du Sud le plus fréquenté. J’irais jusqu’à placer Torres del Paine dans le Top5 des trucs à ne pas manquer en Amérique du Sud… Top5 complété par les Iles Galapagos, Machu Picchu, les chutes d’Iguazu et le Salar de Uyuni (il m’en reste 3 à voir… j’y travaille… ne vous inquiétez pas ;-).
Le parc reçoit plus de 140000 visiteurs par année, principalement durant l’été Austral (octobre à mars). Durant l’hiver Austral (avril à septembre), le nombre d’heure d’ensoleillement est minimal… et donc pas très propice à la visite. 
Beaucoup viennent pour une randonnée d’un jour, la majorité pour faire la trek W (randonnée de 4-5jours), et quelques braves pour faire le Circuit O, soit le tour complet du parc (de 6 à 10jours).
Je vous laisse deviner quelle randonnée nous allions faire.

Jour 1 – 🎶 IT STARTS TO LOOK A LOT LIKE CHRISTMAS 🎶

21 Décembre 2016
Départ; Puerto Natales

Arrivé; Camp Torres Central

Distance; 28km de marche
Nous quittions Puerto Natales chargé comme des mules; tente, sleepings et 8jours d’autonomie complète en nourriture. La dernière fois que j’avais eu à faire un trek si long en autonomie complète remontait à ma randonnée de 21jours dans la vallée de Zanskar au Cachemire dans le Nord-Ouest de l’Inde. Espérons que celle-ci tournerait mieux…
Le bus roulait sur la « Ruta del Fin del Mundo (La route de la Fin du Monde) » au travers d’une contrée reculée habitée par des moutons, guanacos (parents éloignés des lamas) et autruches.
Un massif, enveloppé dans un manteau blanc, se pointait tranquillement le bout du nez, jusqu’à accaparer tout l’horizon devant nous. Pas de doute, c’était bien Torres del Paine. 
Le thermomètre affichait alors 16 degrés celsius. C’est probablement le plus chaud que nous allions avoir durant toute la semaine. Bienvenue dans l’été austral de la Patagonie; peu importe le moment de l’année, il faut se préparer à la possibilité de vivre les 4 saisons dans une même journée. Il était très improbable d’avoir 7jours de beau temps en ligne. Peu importe, nous étions prêt à tout…
09.30 – Laguna Amarga (Entrée du parc)
Un vent glacial nous acceuillait à la sorti du bus… une manière comme une autre pour Torres del Paine de nous souhaiter la bienvenue. 
Après avoir passé au travers d’une interminable file d’attente (2 minuscule guichets pour la centaine de randonneurs arrivant tous en même temps) pour entrer dans le parc, nous faisions un autre 20km en bus. J’étais rivé à la fenêtre tellement la vue du massif était grandiose… avant de nous faire déposer au poste de garde Pudeto.
De là, nous faisions une courte randonnée jusqu’à Mirador Cuernos, offrant une grandiose vue d’ensemble de tout le massif des Torres del Paine. 

      
Avez-vous déjà expérimenté de la pluie sans nuages? Le vent soufflait tellement fort par moment, que nous avions de la difficulté à avancer et le vent transformait l’eau des lacs en pluie qui nous tombait dessus à l’horizontale. 
Nous entreprenions de retourner jusqu’à l’entrée du parc afin de prendre l’embranchement en direction du Camping Torres Central, le plus gros (et le plus laid) des campings dans le parque, signifiant la fin d’une première journée (en dehors du Circuit) de plus de 28km de marche.

  

Jour 2 – O

22 Décembre 2016
Départ; Camp Torres Central

Arrivé; Camp Seron

Distance; 14km
Nous avions tout un dilemne devant nous; monter jusqu’au Mirador Torres, LA vue par excellence du parque au beau milieu du massif, ou passer notre chemin et y aller à la fin de notre randonnée dans 7 jours. 
Le hic c’est que l’ascension prenait 10km (allé) et que le temps s’éclaircissait tout autour… sauf dans cette direction. Rien ne nous indiquait que ce serait meilleur dans 7 jours, mais absoluement rien ne nous indiquait que le temps s’éclaircirait aujourd’hui non plus. Les histoires de randonneurs qui étaient monté au Mirador pour ne rien voir abondaient… et nous ne voulions pas y aller 2 fois. 
Après avoir longuement débattu, nous décidions d’attendre dans 7 jours.
09.40 – C’est donc sous une fine pluie et par un temps instable que nous entamions donc officiellement le Circuit O en direction du camping Seron… dans une jolie forêt boueuse à souhait. 
Le sentier débouchait ensuite dans une vallée toute verte entourée de montagnes enneigés, où serpentait une rivière à l’eau bleu clair. L’endroit me faisait beaucoup penser à l’ouest canadien.

      
14.00 – En ayant marché hyper lentement, nous atteignions Seron, situé dans une plaine exposée au vent mais dans un paysage enchanteur. Quelqu’un qui arrive au camping Seron sans boue sur les jambes/pantalons, n’a pas vraiment marché jusqu’à Seron. En effet, les 2 derniers km étaient un véritable massacre.
Contrairement au camping hyper loadé de Torres Central la veille, il ne devait pas y avoir plus de 12 tentes.

  

Jour 3 – 🎶 BLUE CHRISTMAS 🎶

23 Décembre 2016
Départ; Camp Seron

Arrivé; Camp Dickson

Distance; 19km
06.50 – Le réveil se faisait au son d’une fine pluie qui frappait notre tente.
Nous marchions dans la plaine avec la rivière et les montagnes comme décor. L’endroit respirait la tranquillité; aucun vent, ni bruit, mis à part les quelques oiseaux. Nous avions l’impression d’avoir l’endroit pour nous tout seul.

        
Après avoir franchit la difficulté du jour, une petite montagne, nous basculions dans une nouvelle portion de la vallée avec un grand lac entourée de sommets enneigés. Nous nous dirigions lentement, mais surement vers le fond de la vallée, où un mur de montagnes se dressait. Pas aujourd’hui, ni demain, mais dans 2 jours nous allions devoir nous attaquer à la bête.

    
La vue d’approche du Camp Dickson était sublime; entouré de montagnes chargés de neige, sur le bord du lago Dickson… avec le glacier Dickson tout au loin. 

    
La rivière était composé d’eau plus bleu que bleu qui faisait parti du glacier il n’y a pas si longtemps et qui était revenu à la vie après des millénaires d’hibernation. 

Juste à coté du campement se trouvait un cimetière de blocs de glace. Ceux-ci s’étaient décrochés du glacier il y a quelques jours/semaines et s’étaient échoués à un endroit de la rivière où il n’y a très peu d’eau. Ils allaient fondre petit peu à petit peu avant de complètement disparaitre. 

  

Jour 4 – UN RÉVEILLON SOUS LA FLOTTE

24 Décembre 2016
Départ; Camp Dickson

Arrivé; Camp Los Perros

Distance; 12km
09.15 – Sur papier cette journée s’annoncait la plus facile du circuit; direction le Camp Los Perros 12km et +350m plus loin. 
Nous marchions en forêt au son des rapides de la rivière, et remontions jusqu’au Lago Los Perros (Le lac des chiens), au pied du glacier Los Perros.

          
Le Camp se trouvait tout près du glacier au travers d’une forêt détrempé; tout sauf l’endroit rêvé pour passer le Réveillon du 24 décembre. Un peu à l’image du Christ, qui est née dans une étable le 25 décembre (je sais que la date est fausse, mais on va dire une seconde que c’est vrai), j’allais dormir dans une tente par un froid glacial. 
Mon repas de Noel de cette année serait une très grosse portion de pates inondée dans de la sauce tomate avec des biscuits aux pépites de chocolat fourré à la mayonnaise (on fait ce qu’on peu avec ce qu’on a 😉

Jour 5 – UN NOEL BLANC… ET BLEU

25 Décembre 2016
Départ; Camp Los Perros

Arrivé; Camp Grey

Distance; 17.5km

06.40 – Nous quittions le camp complètement gelé, alors que les premiers rayons du soleil ne nous avaient pas encore atteint.
L’ascension était brutale dès le départ. Après quelques minutes à marcher le sentier, je comprenais un peu mieux pourquoi on mentionnait 6h pour franchir cette section de 7.5km; on avancait à petit pas dans un champ de boue… en prenant bien soin de l’endroit où on posait chacun de nos pieds. fallait regarder où on mettait chacun de nos pieds, et avec les 2 yeux grands ouvert en permanence pour ne pas commettre l’irréparable.
Au sortir de la forêt, la boue était dorénavant remplacée par un champ d’avalanche.

  
Malgré le soleil et le ciel bleu, il faisait un froid glacial. Nous étions complètement exposé au vent glacial et violent. 
Nous croisions quelques sections de neige… ou ou… de la neige le jour de Noel… j’avais le sourire accroché d’une oreille à l’autre. 

      
09.00 – Nous atteignons le sommet de la « Paso John Gardner », le point le plus haut du Circuit à 1200m.
De là, nous avions une vue impressionnante sur le Glacier Grey, un mastodonte de glace préhistorique, faisant parti du « Campo de Hielo Sur (Champ de Glace du Sud de la Patagonie) », le 3ème plus gros champ de glace sur Terre après celui de l’Antarctique et du Groenland. Nous avions devant nos yeux une quantité incalculable de neige qui s’était compacté durant des millénaires au point de se transformer en glace… et qui se liquéfiait jour après jour. 

        
Les 10 prochains km se résumaient à descendre jusqu’au Lago Grey via le sentier panoramique qui longeait le glacier. Difficile de faire mieux en terme de vue, avec le glacier sur la droite, le massif de granite sur la gauche et le Lago Grey qui prenait de plus en plus de place à l’avant. 
Je me risquerais à dire que c’était une journée parfaite… peut-être ma plus belle journée en Amérique du Sud.

      
2 ponts suspendu, aussi long qu’étroit & à donner le vertige même à quelqu’un qui n’a pas le vertige (moi), et nous arrivions au Camp Grey. 

        
Avec notre arrivé au Camp Grey, le Circuit O fusionnait avec le trek W… il y avait maintenant beaucoup beaucoup de randonneurs.
Qu’est-ce qu’on fait une fois la journée de marche terminé? On marche un autre 3km jusqu’au Mirador faisant face au glacier et on regarde ce mastodonte préhistorique se liquéfier. 

      

Jour 6 – LE VENT SE DÉCHAINE

26 Décembre 2016
Départ; Camp Grey

Arrivé; Camp Paine Grande

Distance; 18km
09.15 – Après l’équivalent d’une grâce matinée en camping, il était temps de partir pour d’autres cieux. 
Au menu, un petit 11km, sans véritable obstacle, jusqu’au Camp Paine Grande.

  
À mi-chemin, nous disions « Au Revoir » au Lago & Glacier Grey… puis le Lago Pehoe se pointaient le bout du nez. Le lac avait l’air de sortir tout droit d’une peinture tellement sa couleur était d’un bleu surréel.

  
12.15 – Camp Paine Grande, sur le bord du lago, dit « le pire camping spot ever »; une plaine sans arbre, complètement exposée aux forts vents qui frappent l’endroit en permanence.
Paine Grande étant accessible delà route via un service de catamaran, le camp constitue le départ ou la fin de la randonnée W. J’ai vu des touristes sortir du catamaran avec des valises sur roues (on est en camping chose). C’était actuellement très amusant de voir tous ces gens, pour qui cela semblait être la 1ère expérience de camping, essayer de monter leur tente par grand vent. J’avais arrêté de compter le nombre de personnes qui s’étaient planté à cause du vent. J’ai aussi vu quelques tente s’envoler. 
Le clou du spectacle résidait dans la promenade que nous faisions jusqu’au Mirador Lago Pehoe, quelques 3.5km plus loin. Le sentier, dans une forêt calcinée parsemée de troncs d’arbre pétrifiés, et la vue sur le massif Torres del Paine, étaient à couper le souffle. 

      

Jour 7 – VALLE DEL FRANCÉS

27 Décembre 2016
Départ; Camp Paine Grande

Arrivé; Camp Francés

Distance; 22km
Frappé par d’intense rafale de vent toute la nuit, mais ma petite tente avait survécu.
08.20 – Notre destination, bien en vue devant nous, était tout sombre et ressemblait au Mordor. Nous espérions que les choses changeraient durant les 3-4h qu’il nous faudrait pour l’atteindre.

  
Une fois notre camp monté au Camp Francés, nous entreprenions de monter dans la Valle del Francés, l’une des 2 vallées donnant accès à l’intérieur du massif Torres del Paine; une vallée magnifiquement inhospitalière; un torrent infernal au milieu, entouré d’arbres torturés par le vent, de glaciers et de titans de granite insurmontable. 
Sur notre gauche se trouvait le Mordor (communément appelé « Paine Grande » du haut de ses 3050m), ses nuages perpétuels, et son impressionnant glacier accroché à la paroi intérieure du Mordor. On pouvait entendre des blocs de glace se décrocher du glacier à tous les 10-15min… le son résonnait dans toute la vallée. 
Sur notre droite des tours de granite et le soleil. 
Devant, une cuvette de granite. 
Derrière, une vue en contre plongé sur le Lago Nordenskjold et son eau plus bleu que bleu.

      
14.00 – Nous atteignions le Mirador Britanico, à 720m d’altitude, dans le fond de la cuvette… au coeur de la bête.
Ne restait plus qu’à défaire notre route jusqu’au Camp Francés et notre plus longue journée de travail serait terminée.

            

  

  
16.35 – Parce que Tanzi avait oublié nos ustensils à l’autre camp la veille, et parce que nous avions gardé les pates à sauce tomate pour la dernière soirée… en vue d’avoir l’estomac plein pour la dernière et plus longue journée de notre randonnée, j’avais fabriqué (gossé est un terme plus approprié) 4 bouts de bois pour faire des baguettes.

      
Plus qu’une nuit et ce serait le retour à la civilization.

Jour 8 – CONTRE LA MONTRE

28 Décembre 2016
Départ; Camp Francés

Arrivé; Puerto Natales

Distance; 36.5km
Tic Tac Tic Tac
03.30 – Le réveil sonne. Dernier jour et non le moindre. À peine levé que le temps est déjà compté.
Nous avons 10h pour franchir 36.5km, voir le Mirador Torres et sauter dans le bus de 14.30 pour retourner à Puerto Natales. 
J’avais passé plus d’une heure la veille à analyser le sentier avec la carte officielle du parc et mon application maps.me (les distances, dénivelé, etc.). Nos sacs étaient maintenant très léger (presque plus de nourriture) et l’aspect contre la montre ferait en sorte que notre adrénaline serait dans le tapis. J’avais établi des checkpoint un peu partout sur le sentier avec une heure limite pour y être sans quoi nous abandonnions et allions directement à l’entrée du parc.
Seul impondérable qui pourrait venir tout foutre en l’air; Dame Nature. Est-ce qu’il allait mouiller à notre réveil (ce serait pénible de tout remballer en pleine nuit sous la pluie) et est-ce qu’il y aurait du beau temps au Mirador Torres. Le Mirador Torres est l’image emblématique du parque; au coeur du massif, il y a un lac bleu clair avec 3 Torres juste derrière… Torre Central (2800m), Torre Sur (2850m), Torre Norte (2248m).
Retournons à nos moutons…
Tic Tac Tic Tac
04.04 – C’est un départ dans la noirceur la plus totale et sous la pluie.
Alors que l’aube se levait très (trop) tranquillement à l’horizon, nous marchions à la lampe frontale le long du Lago Nordenskjold. 
Nous prenions alors le mauvais embranchement… et marchions sur un semtier à peine débroussaillé. Les braches et herbes longues toutes mouillées ne tardaient pas de nous tremper jusqu’au os.
07.30 – Désormais seul puisque Tanzi avait décidé de prendre le sentier menant directement à l’entrée du parc, sans tambour ni trompette, j’avais déjà 12km dans les jambes en plus de 3h de marche et étais toujours en direction du Mirador Torres.

  
Mon prochain checkpoint était le Refuge Chileno, que je devais atteindre avant 08.45.
08.30 – J’atteignais le Refugio Chileno atteint avant l’heure limite. 
Allez… on continu… la pizza et la bière de ce soir à Puerto Natales seront bien meilleurs avec le sentiment d’avoir tout donné.
La dernière section, à monter au travers d’une zone d’avalanche à plus de 60 degrés d’inclinaison et se frayer un chemin parmi les pierres, n’était pas pour tout le monde. 
09.55 – Presque 6h de marche et 21 km plus tard, j’atteignais le Mirador Torres.

    
20 petites minutes à me les geler sur le bord du lac avaient suffi à me mettre le sourire au lèvre et recharger mes batteries. J’en aurais bien besoin puisque je devait maintenant me transformer en ultra marathonien pour marcher les 16.5km et descendre -850m jusqu’à l’entrée… avant 14.30.

13.50 – 9h45 et 37km de marche plus tard, c’est en marchant à peine et C O M P L E T E M E N T VIDÉ que j’arrivais à l’entrée du parque où Tanzi et le bus m’attendaient.

  

Direction Puerto Natales pour la nuit. Même si nous avions relativement bien dormi durant toute la randonnée, nous avions BEAUCOUP de fatigue accumulée… fatigue pouvant seulement être rattrapé avec un sommeil réparateur dans un bon lit.
Nous avons été hyper chanceux avec la température. Oui nous avons eu notre dose de pluie, mais nous avons toujours pu admirer les paysages grandioses qui nous entouraient.

  
Punta Arenas dès demain afin de prendre notre avion…
À suivre…